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Bakara Kamelot [Terminée]
Melrose D. Mingo
Melrose D. Mingo
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Feuille de personnage
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Lun 8 Mai - 22:33

Bakara Kamelot


  • Nom : Kamelot
  • Prénom : Bakara
  • Surnom : /
  • Âge : 23 (27/06/1494)
  • Sexe : Féminin
  • Race : Humaine
  • Lieu de naissance : Térèse – Nighty Town
  • Camp : Révolutionnaire
  • Métier : /
  • FDD : Gensou Gensou No Mi - Fruit de l'Illusion
  • Équipage : /
  • Buts / Rêves : Inconnu


Description Physique


Le visage peu commode.

C'est là la première chose que l'on pouvait remarquer en posant son regard sur Bakara.

La peau caramel posés sur un squelette de chair et de fins muscles. Des lèvres immobiles, comme scellées entre elles. Figées, tantôt en un sourire, tantôt en une façade.

Des sourcils fins et noirs, tout comme sa couronne de cheveux.

Enfin des yeux faussement sévères teintés de pupilles d'un brun pastel, sans éclat. Une fenêtre ouverte sur une âme difficilement saisissable, comme tiraillée par la vie, en quête d’elle-même, d’accomplissement.

Tous ces éléments composaient l’identité première de la jeune femme, rien de fulgurant au premier abord. Un physique presque commun pour un humain, la taille moyenne, aux environs du mètre soixante-dix, un moment tout sourire, l’autre aussi expressive que le désert alabastien.

Ce petit corps se voyait déguisé de vulgaires bouts de tissus, quelquefois pour composer la tenue légère d’un civil ; d'autrefois un sportif du dimanche ; exceptionnellement pour retrouver le sérieux et la classe que pouvait avoir un agent du Cipher Pol. Du point de vue de Bakara le survêtement est la plus agréable des tenues : la plus confortable, adaptée à toutes épreuves. Être confortable pour affronter la vie, c'était là son mot d'ordre. De fait elle porte très souvent un costume plus masculin que féminin, dans lequel on pouvait se sentir à sa place. Plus qu’une tenue de gala, une tenue commerciale : un intermédiaire entre deux partis, les autres et elle.

Description Mentale


Bakara Kamelot, 20 ans.

Un profil plutôt commun si l’on prend du recul. Son pragmatisme est un atout qui lui permettra d’aller très loin si elle s’en donne les moyens. Elle semble posséder les bases et avoir appris de la vie ses  principales leçons. Pour autant ses attentes semblent être en permanence en décalage avec la réalité. Ce constat causera indéniablement de la frustration, également de l’impatience avec laquelle il faudra qu’elle compose. Ce n’est pas forcément un mal, de vouloir tout au plus tôt, cependant il est important de se modérer et de faire savant usage de ce besoin d’accomplir de grandes choses.

Pour l’heure, Bakara semble osciller entre deux extrêmes, l’enthousiasme et la déception qui vient ensuite. Soit elle s’investit à cent-pour-cent, soit aucunement. Peut-être que le temps fera son affaire en lui apportant rondeur et maturité sur cet aspect.

Elle arrive bien à s’intégrer à de petits groupes de personnes, ce sans soucis. Bien qu’elle s’y attache uniquement pour ce que ces gens pourraient lui apporter plutôt que pour construire une véritable relation. J’ai tendance à dire qu’elle regarde ses prochains dans un miroir qui reflète son propre reflet avant celui de l’autre : Bakara se positionne ainsi, elle aime savoir comment les autres la perçoivent pour mieux en jouer plus tard, selon ces besoins. Parfois elle ne fera aucun effort, d’autrefois, si le gain est là, elle pourrait en jouer.

Le terme jouer n’est sûrement pas à utiliser avec des pincettes avec elle. C’est que sa non prise de recul sur les choses lui donnent ce caractère bougon lorsqu’elle échoue ou n’obtient pas ce qu’elle souhaite. Mine de rien, elle est encore très jeune et découvre un monde et un univers nouveau. Quand bien même elle assure être préparée, par on ne sait quel moyen, il y aura toujours un gouffre entre la théorie et la pratique : elle le remarque certainement, puisque ses attentes erronées causent sa permanente insatisfaction.

Le point inquiétant demeure sa santé mentale.

Peut-être faudrait-il un jour la sensibiliser à ce sujet, mettre lumière sur son vilain défaut : certains de ses collègues ont déjà reporté des inquiétudes à ce niveau. Elle ne parle que très peu, vivant terrée dans son apparemment sinon sur le terrain. Bakara souhaite renvoyer une image d’une personne forte et en contrôle, sans souhaiter aborder ses maux ou tracas. A refouler tout en soi et constamment intérioriser ce qui nous peine et nous ronge, elle risque de se pousser tôt ou tard à l’implosion. Généralement ce type de personnes se pensent être sauvées par leur intellect, froideur et pragmatisme, qui peuvent, dans les moments de crises, reprendre le dessus sur leurs émotions lorsqu’ils sont sur le point de vriller. Ce n’est là que déplacer le problème ailleurs, le retarder.

Pour ce point, je recommande qu’elle ait des points récurrents avec nos responsables sociaux, qu’elle puisse développer un lieu de libre dialogue. Peut-être n’est-elle pas à l’aise avec ses collègues ou moi du fait de nos liens professionnels.

Quoiqu’il en soit, cet élément semble être une recrue prometteuse. A surveiller avec précaution.

Corentin Carter, Agent d’élite du CP2
Le 08/03/1505, E



Histoire


Nighty Town – West Blue

Parmi les criminels de la ville sans lumière pouvaient se cacher des espions du gouvernement. Des individus dont l’existence n’était relatée que dans des fonds de tiroir. Ils n’existaient qu’en instruments, servaient à contrôler ce que la marine ne pouvait : leur rôle était d’agir depuis les ténèbres pour évaluer les menaces et les éliminer au besoin. Migas était un de ces profils aguerris et avait été envoyé sur Térèse pour garder l’œil sur les différents réseaux criminels qui s’y développaient. Malchance pour lui, une belle nuit il s’était retrouvé sans le comprendre dans la succursale d’un bar, attaché à une chaise et tout ecchymosé. Son souffle était court, sa gorge usée par ses râles et sa vision devenait floue. Il avait une bonne réputation et parlait que peu, jamais il n’eut fait esclandre. Aussi, l’infiltré se demandait ce qu’il avait fait de mal pour que le monde le bazarde dans cette situation bien étrange. Puis l’agent le comprit lorsqu’il se réveilla pour la première fois. Devant lui trois personnes, deux adultes et une gamine. Les deux hommes étaient très différents, presqu’opposés, l’un semblait froid et pragmatique, en accord avec sa peau pâle et sa chevelure sombre. De ce que Migas avait pu suivre, ce gars se nommait Vassili. L’autre lui était cependant familier, ce qui le dégoûtait. La peau de cuir et les cheveux rasés, il s’agissait bien de l’un de ses collègues. Ils avaient été formés ensemble : Douglas. Peut-être que ce gars l’avait reconnu puis avait décidé de lui tomber dessus. La question était, pourquoi ?  L’agent ne se creusa pas plus la tête : la réponse se trouvait certainement dans la gamine qui l’avait charclé jusqu’à son énième réveil, elle semblait être le rejeton du type.

-Encore une fois, Bakara. Fit Vassili. Ta voix sonne faux, ne force pas trop et soit naturelle. Reprends.
-Je suis ton amie, Mig’, je ne te souhaite aucun mal. Relança la petite en direction du criminel. Ses yeux candides le dégoutaient. Je vais te sortir de ce pétrin. Ecoute moi, tu dois juste m’écouter. La voix fluette de l’enfant s’aggrava soudainement. Crache le morceau : où est ton frère ?

Pour toute réponse un crachat sanguinolent en pleine face. Cela eut le don d’énerver Doug qui planta son doigt dans la gorge du prisonnier. Il se tourna vers son acolyte, Vassili, pour laisser son impatience s’exprimer.

-Comment elle pourrait apprendre plus rapidement ?
-Elle n’est pas vampire, le processus prendra plus de temps. Puis elle est au début de sa puberté, sa voix n’est pas encore facile à poser.
-On n’a pas de temps à perdre ! Le brun se posa à genoux, mains sur les épaules de son enfant. Bakara, tu vas réussir à force d’essai. D’accord ? Tu maîtrises déjà mes techniques clés, bientôt tu seras complète. Oncle Vassili va t’enseigner.
-Je vais y arriver papa, c’est promis. Répondit la fille, s'essuyant d'un revers de manche.

La scène perdit en opacité pour s’estomper complètement, ramenant les locaux usés par le temps à leur réalité. Ne figurait plus qu’une table à laquelle étaient assis un jeune vampire à la crinière d’ébène, face à lui ce qu’était devenu la gamine mise en scène juste avant.


Spoiler:


-Tu vois, nos pères étaient charmants. Ils t’ont aidé à devenir leur propre instrument. Je dirais que le mien était plus concerné par ton sort que le tien. Ce n’est pas étonnant, il avait l’air d’entreprendre ton éducation de façon bénévole et bienveillante. Peut-être avait-il de la pitié. Depuis que sa femme est morte, il s’est raccroché au peu de meubles qu’il avait à sa disposition.
-T’es jaloux ?
-D’avoir eu moins de conseils d’un père attendrissant ? Non. Et toi, t’es heureuse de l’avoir eu à tes côtés ?

Bakara ne savait comment répondre à cette question. Vassili Borgolomov avait été le dernier patriarche de sa famille. Des vampires originaires de North Blue dont l’activité principale avait été l’assassinat. Avec le temps et sûrement sentant son déclin, Vassili décida de changer son mode de vie pour adopter une vie plus routinière dans le monde des ombres. Avec l’aide de deux autres familles, ils avaient créé l’association des barmen et géraient un bon nombre d’établissements au travers des blues. Là où la débauche était, ils s’y trouvaient. D’accueillir et servir tout type de personnes pour les voir s’esquinter à la liqueur dans l’espoir thérapeutique les fascinait. Ça leur permettait également de recueillir des rumeurs et ragots, les altérer puis faire circuler. Bientôt, leur affaire permit la création d’un tissu informatif fin, mais structuré, et certains décidèrent de s’acoquiner avec des criminels pour faire plus de bénéfice. Développer des partenariats en permettant des rencontres, transmettant ou non certaines informations, leur permettre d’avoir des points de ventes de toute sorte de came : ils créèrent leur niche sans pour autant vouloir changer le monde. L’ambition était de faire des profits, tout en se délectant de la vie. Des bons-vivants, donc, aimant le commérage. Celui de toute faction et de toute personne, peu importait ses valeurs. Un client était un client.

-Disons que sans lui...
-Tu serais peut-être pas ici. Youri plongea son regard infernal dans celui de l'adolescente, tout en lui tendant un revolver. Prends-le. C’est le tien, non ?

Était-ce l’hypnose de Youri ou la volonté de la Kamelot ? Elle-même n’aurait su dire, ce jour-là Bakara sentait son esprit embué. Elle était perdue dans l’incompréhension, tiraillée entre l’empathie et la colère.

-Tu peux nous plonger dans une autre scène, si tu n’es pas convaincue. Combien de fois est-ce arrivé ? Le sang que ce misérable type t'a craché dessus, c’est juste celui avec lequel ce soi-disant père croit aiguiser sa lame rouillée.

Un constat réaliste, certes. Bakara n’avait été que l’instrument d’un père fou, obnubilé par l’envie de faire payer pour ce dont on lui avait privé : ses quarante premières années de vie. Il avait été un agent du Cipher Pol 9, un parfait outil forgé par le gouvernement au fil d’un entraînement éprouvant et une éducation sévère. Sa vie n’avait été que ça, des entraînements, des missions, des réussites et des échecs. Douglas n’avait certainement pas été le plus brillant des agents, n’ayant jamais atteint le rang d’élite, pour autant il avait été l’un des plus dévoués. Sa vie et ses convictions changèrent pourtant du tout au tout lorsqu’il rencontra sa femme, puis Vassili.

-Tu ne souhaites toujours pas accepter la vérité ?
-Je l’ai déjà acceptée.
-Alors tu choisis le pardon ?

Des râles étouffés résonnèrent dans la pièce. Les yeux de Bakara dégoulinèrent vers leurs sources : un corps mutilé, attaché par le sol et la tête vers le bas. Son visage était enflé de toute part, semblable à un ballon rempli d’eau.

-Retire lui son bâillon. Invectiva l’adolescente, sa main tremblante sur le cran d’arrêt du flingue.

Aussitôt cela fait, Douglas se mit à répéter la même phrase en boucle. Une litanie morbide. La teinte du regard de la Kamelot se nuança à l’écoute de son paternel, cette solide figure désormais réduite en une pittoresque image. Pourquoi en arriver à tel extrême ? Elle n’était pas sûre d’elle.

-Agis. Peu importe ce que tu décides de faire, fais-le. L’action vaudra toujours plus que la passivité.


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23 Juin 1502
Un Ouroboros satyrique.

C’est sûrement à ça que se résume ta vie. Tu es né dans le sombre atelier du gouvernement avec un bon nombre. On t’a façonné, entraîné et formaté pour que tu respectes un standard basique : n’être qu’une vulgaire marionnette. Tu te nommais Douglas, sûrement, ton existence n’est mentionnée que dans des fonds de tiroirs d’endroits que personne ne fréquente, autrement le monde ne saurait se souvenir de toi. Etais-tu Doug, ce fameux repenti qui a su voir la lumière dans l’hypnose d’un vampire, ou étais-tu un autre ? Jean, un assistant ingénieur naval ; Haru, secrétaire d’un maire douteux ; Oleg troisième d’un équipage pirate ; Eien, trafiquant de drogue à la botte du Big Jack : qu’importe les possibilités te concernant, à dire vrai, tu ne m’as jamais parlé de ton ancienne vie, sinon dans les grandes lignes. Et ça me va, j’en ai que faire de l’ennuyante vie d’un instrument voué à rouiller.

Je me fiche de ta vie, comme tu t’en es fichue de la mienne.

C’est intéressant, dans le fond, de voir que ce qui t’as révolté était ta privation de vie banale par le gouvernement. Le fait que jusqu’à tes quarante ans tu n’ais été qu’un misérable pion à l’identité indéfinie, un être à la consistance ténue. Aussi, lorsque tu m’as eu, tu as voulu agir différemment en me transmettant ton nouveau combat.

Alors quoi ?

Tu m’as formée comme l’on forme un assassin. Appris à épier des gens, les prendre en filature et me faire passer pour ce que je n’étais pas. M’apprendre à mener un interrogatoire, pour faire parler des possibles gouvernementaux ou criminels attentant aux civils, m'apprendre à soutirer des informations et les faire circuler. Parfois en usant de la force, d’autrefois en m’en remettant à des pouvoirs que tu m’as forcé à acquérir. Alors vient la haine envers ceux qui t'ont élevé, ce qu’ils représentent et peuvent faire. Bien sûr, tu n’as eu aucune honte à t’opposer pleinement à l’ensemble de tes convictions passées. Ce pour me convaincre que le gouvernement est du même acabit que certains criminels.

C’est donc ça, profiter de la libre vie que tu as obtenue ? Reproduire sur moi ce qui t’a réduit à ce merdique état. Me transformer en pion à mon tour.

Bien sûr, ce n’était pas volontaire. Non, je devrais te pardonner.

Tu n'es ni un père, ni un instructeur.

Simplement un bourreau.
Bakara

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27 Juin 1502
Bakara,

Je ne peux que comprendre ton ressenti, bien qu’il me peine. J’imagine la haine qui menace de consumer tes pensées lorsque mon visage t’apparaît. La colère qui risque de te faire exploser lorsque mon nom t’est rapporté.

Je t’avoue ne pas savoir quoi te dire.

Je suis le fautif ici et je ne devrais plus avoir à faire partie de ta vie.

Ma maladresse ne saurait t’apporter que du mal.

Sache cependant que, si je continue d’échanger avec toi, c’est bien parce qu’à la base mon intention était pure. J’ai voulu te protéger, car je souhaitais ton bien. Je t’ai armée contre les travers de ce monde, quels qu’ils soient, pour te permettre de vivre la meilleure des vies.

Une vie dans l’ignorance ne saurait permettre le plein épanouissement. Aurais-tu préféré de vivre dans la cécité ? Enfermée dans une cage de laquelle tu ne saurais même pas percevoir les barreaux ?

Tout ce que j’ai fait te concernant, je l’ai fait car tu m’importes.

Je t’aime et t’aimerai toujours.
Douglas



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St Johns – West Blue


Les rayons solaires filtrant les stores l’arrachèrent à son sommeil. S’il était déjà le matin, son rendez-vous était proche : la Kamelot devait être le plus en forme possible, hors de question de rater cette échéance après le travail qu’elle avait abattu ces derniers mois. Sa détermination leva son corps et l’anima jusqu’à la salle d’eau. Une douche sommaire et un quignon de pain plus tard, puis elle se posa à son bureau. Elle lisait diverses feuilles grimées d’encres, puis souffla comme pour se défaire de sa colère latente. La brune devait se focaliser. C’était son moment.

Aussi, elle se drapa à toute hâte d’une chemise blanche et d’un pantalon noir. De courts talons cirés et un long manteau sombre finirent sa préparation puis elle s’en irait, d’un claquement de porte, après avoir lancé un dernier coup d’œil au fauteuil élimé dans le coin de son studio. Après plusieurs minutes à arpenter les rues de l’immense ville, l’adolescente bifurqua dans une ruelle plus étroite. Elle arriva finalement devant un petit bar dont la façade était grimée de maintes entailles. Le panonceau, étonnamment intact, était tourné du côté sur lequel était inscrit «FERMÉ». Les portes battantes de l'établissement s'ouvrirent, laissant s’avancer la ténébreuse dans l'allée principale menant au comptoir. Elle ignora la main d'œuvre du tenancier, disposée de façon éparse autour de cette allée, qui semblait ne pas aimer être dérangée durant leurs travaux de restauration. Non, Bakara se fichait de ceux-là : son attention s'était fixée sur le barman basané aux larges épaules qui l'attendait bien gentiment de l'autre côté du bar, une tasse dans chaque main. Un certain Emilio Jimenez.


Spoiler:


Une fois à la bonne hauteur, les mains de la brune s'extirpèrent de son manteau, l'une vint arracher une chaise au bar, tandis que l'autre fondit sur le récipient en faïence que lui proposait son contact, déjà rempli par un liquide brun. C'était ça son remontant, du café bien serré.

-Je suis content que nos doléances aient été entendues ! Ces vampires savent faire la part des choses entre affaires et ego. Ça nous rassure, je t’avoue, ils deviennent de plus en plus louches. Tu connais Youri, pas besoin de te faire un dessin.
-Ça fait longtemps.
-C'est vrai, ça fait plusieurs années que je ne vous ai plus vu avec ton père. Toujours chez les Borgolomov, malgré la perte de Vassili ?
-C’est bien ça.

Emilio triturait ses bouclettes dorées en fixant son interlocutrice. Bakara n’était pas assez à ses aises face à lui pour s’aventurer sur de la causette. Ce jour-là, la ténébreuse avait un rôle à tenir, une mission à compléter. Une fois cette histoire terminée, elle aurait pu obtenir la pleine confiance de Youri en plus de se lier à la famille Jimenez. L’une des autres têtes de l’association des barmen, originaire de South Blue. Ce vaste réseau s’étendait sur la plupart des blues, certaines familles étaient soupçonnées d’être plus ou moins impliquées dans le monde de l’ombre, d’autres n’étaient que des tenants de pubs laissant à certains criminels le droit de faire circuler leur came dans leurs établissements. Pour ce qui était d'Emilio et les siens, ils étaient une fondation pour cette pseudo organisation. Leurs franchises constellaient timidement les mers de l'ouest, leurs fondations se trouvant au sud. Aussi, ce colosse à la peau cuivrée représentait une porte d’entrée de choix pour Bakara, peut-être qu’elle aurait ferré un gros poisson grâce à son rôle d’intermédiaire entre eux et la famille qu’elle représentait. Ça lui aurait permis de monter en grade rapidement et d’asseoir une certaine position au sein de ce réseau. Elle aurait ainsi accès à plus de ressources pour étudier les nouvelles transitant par cette association. Car c’était là la base de leur marché, le recèle d’informations.

-Avançons, donc. Tu t’occupes juste des dernières négos, mes gars iront te chercher dès que t’auras fini, que tu rentres pas seule à ces heures-là. Balança plus calmement le commerçant, en faisant glisser un bébé escargophone sur la table. On obtient ce petit business en point d’entrée pour vous, puis on pourra parler de l’état de notre marché sur North Blue. Donnant, donnant.

Un rictus des deux partis scella le deal.

[...]

Ses yeux s’ouvrirent en douceur. Bakara avait encore enterré la lumière du jour d’une sieste comateuse. Elle se redressa donc, se saisit de sa gourde pour finir de se réveiller de quelques lampées.

La Kamelot sortit de son lit à toute hâte, puis expédia sa routine : le pain, la douche, le bureau et les vêtements. Un regard dans le miroir, vers le fauteuil rapiécé, puis elle claqua la porte. L’adolescente s’avança déterminée jusqu’au pub ciblé. Elle avait rendez-vous avec le gérant, un  certain Jean Pinot.

L’endroit était décoré dans un style mêlant ébène à marbre. Le comptoir se trouvait en son plein centre, étendu en anneau autour d'un massif pilier blanc cassé, il servait de QG central à l'ensemble des serveurs.  Diverses étagères étaient fichées dans la colonne de marbre, elles étaient toutes en train de se faire garnir de bouteilles d'alcool et de vin. Un étage surplombait l'ensemble, ce niveau supérieur était accessible sur réservation uniquement. Le bureau du Pinot se situait à l’étage, dans la partie privatisée. A son arrivée dans l’établissement, un simple regard avec l’un des gardes postés à l’entrée la rassura dans le fait qu’elle était bel et bien attendue. Bakara se laissa happer à l’intérieur, fondant sans plus attendre vers l’un des escaliers.

Arrivée à l’étage, elle se fit conduire par un garde jusqu’au seuil du bureau pour ensuite se faire annoncer. Une fois le pas de porte franchit, la Kamelot put découvrir son hôte. Ses yeux s'illuminèrent quand ses yeux se posèrent sur le bureau marbré fixé au milieu de la salle. Jean était avachi dans un fauteuil rouge écarlate, un cigare entre l’index et le majeur, un verre de pinard dans la main droite. Il invita d’un geste son invité à s’installer.

Son moment.

-Bon, bon, bon, ma petite. On ne va pas y aller par quatre chemins tu sais. Disons-nous les termes dès maintenant et ce franchement.

La nuque du gérant se fléchit pour plonger ses yeux dans ceux de la femme en devenir. Quelques bourrelets s'amassèrent au niveau du pli, il avait beaucoup trop abusé sur la nourriture plus jeune. D'où son surnom de porcinet.

-Actuellement je prends trois cent mille la caisse, un million la palette. Si vous avez des grands crus spéciaux, ça sera à discuter après un premier essai. Pour cet essai j’aurais besoin d’un échantillon d’onze bouteilles, non facturé.
-Onze ? Cela lui parut très précis.
-Dix pour mes goûteurs et certains habitués privilégiés et une pour ma propre bedaine. Répondit-il tout sourire, comme s’il s’agissait d’une évidence.

Il fit une pause tandis que la belle fit mine d’acquiescer à ce qui venait d’être dit.

-Oh oh oh, j’aurais une petite condition supplémentaire et essentielle par ailleurs.
-Je suis tout ouïe.
-Je voudrais que tu restes mon intermédiaire pour l’ensemble de la relation commerciale. Je n’ai aucune envie de traiter avec ces tarés de Jimenez. Si notre affaire s’avère fructueuse et qu’ils m’offrent la possibilité de développer d’autres franchises ailleurs, pour sûr que je saurais me raviser. Faut juste que tu sois là pour superviser ça, Bakara, tu comprends ?
-Seulement si on a l’exclusivité. A ces mots, Jean laissa un « oh » de surprise s’échapper de sa gorge.
-Me séparer de mon actuel fournisseur ?
-Sur le moyen terme, oui. Vous y gagnerez beaucoup, la structure des Jimenez et de leur association est déjà rodée. Ils produisent eux-mêmes ce qu’ils proposent et ont donc plus de liberté sur le conditionnement, le transport et le prix des marchandises. Actuellement vous vous adressez à quel type de fournisseur ? Des petits merdeux de distributeurs qui vous font des prix au rabais parce que la moitié de ce qu’ils vous proposent a été volée. Ils sont peut-être experts dans ce domaine, mais ils ne sont pas fiables sur le long terme. Si vous souhaitez vous étendre, surtout sur les blues, et augmenter vos quantités il vous faut passer par une structure solide. Elle était comme fière d'elle, le discours qu'elle avait répété recraché à la perfection.
-Habile ce que tu racontes. T’en as vraiment là-dedans toi ! Un rictus en guise de virgule. Ça me paraît être un bon deal, on verra le court terme dans un premier temps. Si vous respectez mes attentes, alors pourquoi pas pour l’exclusivité. Un court silence, puis ses mains se claquèrent pour signer la fin de cette conversation. Bien, c’est chose faite. Assez parler de la relation commerciale, parlons relation tout court ! Tu viens de Nighty Town, on m’a dit ?
-On pourra parler du nous plus tard, lorsque tout sera en place.

Les yeux du Pinot disparurent tant ses pommettes montèrent dans un sourire, il tendit le dos de sa grosse patte vers sa nouvelle associée pour conclure cet accord. En réponse, Bakara serra fermement cette main avant de se lever dans un raclement de chaise.

-Demande à mon garde mon numéro !

Franche réussite, donc.

Quelque chose n'allait cependant pas. Le visage de la ténébreuse se froissa, elle n’était pas satisfaite. Elle s’était attendue à une chose plus ardue, qui aurait potentiellement nécessitée l’utilisation de ses talents. Mais rien n’avait été compliqué, ça avait été basique, facile et presque minable.

Quelle aurait été la prochaine étape ? Elle espérait que ce soit plus difficile.


_______________________



13 Juin 1504
Je vais rejoindre le Cipher Pol 2.

Tu sais que Youri déteste les agents gouvernementaux. Je n’ai pas besoin de te le rappeler. J’en ai ouvertement discuté avec lui. Pour moi ça serait la meilleure chose à faire. Il faut être réaliste : en l’état actuel, le tissu gouvernemental est bien plus épais et développé que celui de la révolution. A dire vrai, et en mon sens, ce dernier ne repose que sur les criminels et ce qu’ils veulent bien nous donner.

A-t-on vraiment envie de ne dépendre que de ça ? D’organisations qui sont aussi stables que mon humeur en période rouge ?  Je n’en ai pas envie.

L'association pourrait être utile, tu avais vu juste… Il s'agirait pourtant d'être réaliste, s'en remettre à eux revient à choisir le poison le moins pernicieux. Mais il y a mieux à faire, quitte à vivre empoisonnée.

En rejoignant le Cipher Pol, je pourrais avoir accès à un réseau déjà établi et conséquent. Mes collègues seraient de solides sources et un potentiel soutien si je dois m’affairer à faire le ménage chez certains hors-la-loi. Youri y voit aussi un intérêt et pourra toujours faire en sorte de me protéger de possibles lavages de cerveau. Comme Vassilli l'a fait avec toi. Ça me paraît être la meilleure des solutions.

Rejoindre les rangs de son propre ennemi est la meilleure des stratégies.

Ça avait été la tienne, par ailleurs.
Ta fille.

_______________________

15 Juin 1504
Ma fille,

Si tu penses que c’est la chose à suivre pour atteindre notre objectif, tu n’as pas besoin de m’en parler. Je… je ne suis pas en position de critiquer ta façon de gérer ta vie. Tu es maître de tes actions et je suis content que tu te démènes pour essayer de faire ce que tu estimes être bien.

Quoique tu entreprennes je suis certain que ça mènera à ton épanouissement.

J’ai confiance en toi et ai foi en ton jugement.
Ton père.



_______________________

Enies Lobby


Les matinées d’Enies Lobby étaient étranges. Une île sans aube ni crépuscule, les particularités météorologiques de Grand Line forçaient l’admiration. Pour sûr qu’il devait y avoir une explication. Plutôt qu’un Soleil, peut-être qu’un astre étincelant était fixé à la voute céleste de l’île ? Le gouvernement semblait avoir choisi cette terre pour ses étrangetés, son comportement la distinguant de toutes îles. Une anomalie dans un vaste océan. L’idée de vivre sur une île sans nuit plaisait Bakara, la ramenant en quelque sorte à la nostalgie de son jardin d’enfant : une ville à la nuit éternelle.

Également, ça lui aurait sans doute permis de comprendre un peu plus son parent. Marcher dans ses pas. Avec un objectif similaire : rendre le monde meilleur. Du moins, son monde à elle.

-Alors, tu vas partir sur West Blue ?
-C’est ça, mais je ne peux en parler qu’à la hiérarchie pour le moment.
-Très bien. Tu feras attention, West Blue c’est dangereux en ce moment.
-Je sais, je sais.

Pour se fondre dans le moule, la désormais agente s’était dit que développer des relations amicales était un bon point de départ. Bien qu’elle n’eût que de mauvais a priori sur les autres agents, la Kamelot s’efforça du mieux qu’elle put jusqu’à rencontrer un agent de la même division. Il s’appelait Neil et était plutôt naïf et attendrissant.

La Kamelot voulut se servir de lui pour mieux étudier les méthodes gouvernementales. Comprendre comment les agents étaient traités, lobotomisés et manipulés. Qu'elle ne fut pas sa déception lorsqu'elle se rendit compte de la morne réalité.

-Dis-moi, si tu pars bientôt, on pourrait se faire un déjeuner ou diner la veille ? Que je puisse te dire au revoir de la meilleure des façons.
-Pourquoi pas, oui.

Où étaient les terribles assassins que son père lui avait dépeints dans sa jeunesse ?

Cette vie routinière l'ennuyait au plus haut point.

Bakara n'était là pas à sa place. Où devait-elle être alors ?

Nul réponse autre que le néant.

_______________________


30 Juillet 1506
J’en ai marre de tout.

Faire la part des choses avec les règles qui me sont imposées. Tout ce qui m’impose les limites du bien et du mal. Tout ça rentre en opposition avec ce que je sens être. Les lois, les règles et la morale pèsent sur mon thorax, m’empêchent de respirer pleinement : de vivre.

J'ai l'impression d'être inutile. Que notre combat est vain en l'état, que ma façon d'agir est mauvaise.

Quand je regarde l’état de North Blue et de West Blue, je me demande dans quel monde je me suis retrouvée. Des figures révolutionnaires se sont érigées, lancées contre le gouvernement. Ils installent leur ordre, petit à petit, mais ne sont qu’à la tête de mouvements désolidarisés. North Blue écope d’une révolution commerciale, ce que pourrait devenir l'association, West Blue possède deux potentielles figures, l’une me plaisant plus que l’autre. Une figure qui agit frontalement sera toujours plus puissante qu’un être renvoyant une image pacifique. Certains diront que le malin se trouve dans les détails, les recoins sombres et l’invisible au non initié, moi je dis que les gros titres font la réputation. Et la réputation permet d’avoir de l’influence, de rallier le plus grand nombre à la cause. Les autres blues, elles, ne sont pas intéressantes.

Je ne sais pas quoi faire. Je t’assure que ça me rend folle.

Le monde que j’ai connu change et je ne suis que spectatrice. Je ne sais pas comment m’y intégrer.

Je me sens pareil à poisson sur le sable, mes branchies s’agitent dans le néant. Dans le bordel de ce semestre qui commence très mal, je cherche de l’air avec l’énergie du désespoir. Il me faut créer des ancrages, des microcosmes saturés de désordre, de tremblements illogiques, d’émotions, de sentiments. Ecraser le métronome, créer des contretemps. Briser tout ce qui est immobile, amorcer le mouvement et en perdre volontairement le contrôle.

J’ai envie d’exploser.

Mes journées sont figées, ma vie semble stagnante : ce constat misérable m’agresse de sa pesante inertie. Le décor évolue, se modifie dans un fondu subtil au fil des mois, mais il ne change que dans la forme. Le fond est rigoureusement le même depuis bien trop longtemps me concernant. Comment m’y sentir à ma place ? Je ne sais même pas comment je pourrais y trouver mon compte. Plutôt que de m'armer de savoir-faire, tu aurais dû me donner de véritables valeurs. Une raison d'être, au minima.

C’est pitoyable.

Je n’ai l’impression de n’être qu’un vulgaire outil dans une boîte débordante. N’avoir d’utilité que lorsqu’hasardeusement on me pioche. C’est pour ça que je m’agite. Chacun de mes gestes cherche à percer l’invariable, à faire exploser l’immuable, le permanent, l’établi. Je sais que c’est pathologique. J’ai conscience du problème. J’ai besoin de faire comprendre au monde que je refuse sa proposition. Que l’on ne peut me mettre dans une putain de case servant à cadrer le restant de mes jours.

Je le refuse et vais lui prouver que rien n’est figé.

Je souhaite retourner dans mon jardin d’enfant, Térèse. Mais même ça, on m’en a privé.

C’est injuste, profondément.

Je vais quitter le Cipher Pol 2, faire un abandon de poste.

Rien à faire des conséquences. Youri souhaite que je gère le développement de nouvelles franchises sur West Blue, avant que les Jimenez finisse de s'y ancrer.

Je dois en profiter, en profiter pour faire avancer les choses.

Devenir actrice d'un changement.

Avoir un quelque chose pour lequel je dois avancer. Toi, c'était le gouvernement, puis le mouvement s'y opposant.
Ton engeance.



_______________________

Powder Island - West Blue



-Agis. Peu importe ce que tu décides de faire, fais-le. L’action vaudra toujours plus que la passivité.

Le bruit d’un coup de feu la réveilla d’un sursaut.

Une douleur lourde fendait son crâne, pulsant à ses tempes en battements anarchiques. En regardant vers sa fenêtre, Bakara effectua une constatation affligeante, venant renforcer son malaise : la nuit se profilait. Elle se redressa pour saisir sa gourde à moitié remplie, soigneusement posée sur sa table de nuit. Les premières gorgées lui arrachèrent quelques grimaces, il lui fallut une vingtaine de minutes pour daigner se lever, courbée, et remplir sa gourde plusieurs fois afin de s’hydrater.

Elle lança un regard vers sa fenêtre, le jour avait été assommé d'un lourd sommeil. S’il était déjà le soir, son rendez-vous était proche : la Kamelot devait être le plus en forme possible, hors de question de rater cette échéance après le travail qu’elle avait abattu ces derniers mois. Youri lui avait fait confiance, la mettant sur un tuyau pour anticiper un mouvement stratégique de la part des Jimenez. Il était en ce jour question d'accueillir un nouveau contact, de renom, dans leur précieux réseau. Bakara s'activa et se posa une dernière fois sur son bureau avant de partir. Elle avait sous ses yeux la lettre qu'elle avait pensée récemment, à côté n'était apparue qu'une page blanche en réponse - vierge de mots.

Elle pesta, puis laissa se dissiper les deux feuilles illusoires pour se refocaliser sur sa mission.

Lorsque la boule de nerf sortit, l’encre de la nuit avait déjà recouvert le ciel. Les derniers quidams se terraient dans leurs râteliers, afin de ne pas risquer de voir ce qu’ils ne devraient pas, ne pas se faire happer par un monde qui voyait le jour seulement à cette heure. Les rues finissaient ainsi de se vider de la populace diurne, le chemin de la jeune femme se rythmait d’enseignes fermant une à une face à elle, comme si on lui refusait l’accès, l’excluant de ce monde et de cette vie lumineuse. Il lui fallut quelques minutes pour se rendre à l'adresse donnée par les hommes du Borgolomov, puis elle passa le seuil d'entrée pour découvrir un établissement dénué de vie.

Était-elle au bon endroit ? De toute façon, elle ne pouvait se rattacher qu'à ça désormais. Aussi, la jeune femme se planta derrière le comptoir et se servit un café bien serré, ponctué de quelques versées de crème de whisky. Sa malédiction hanta alors la salle vide, meublant celle-ci d'une vie chimérique - divers soulards attablés - à ses yeux et ceux de ceux qui seraient rentrés dans ce lieu. Elle attendit alors dans cette factice ambiance, de longues minutes qui s'écoulèrent en éternité, jusqu'à ce que le vent daigne enfreindre le battant des portes. Une silhouette encapuchonnée venait d'apparaître à l'entrée, l'instant d'après celle-ci se retrouva postée devant le comptoir, fixée devant son hôte.

-Qu'est-ce que t'es ? L'endroit était vide avant ton arrivée, et je ne t'ai pas vue accompagnée. Agressif, la tension enfla.

L’individu retira sa capuche, laissant la solitaire découvrir son faciès. Ça semblait bien être celui qu'elle attendait : des traits délicats et pourtant sévères, quelques mèches de souffre ornant son crâne, puis le plus captivant : un œil sombre et avare ; un orbite vide et glouton, presque malsain.

-Je suis Baka-
-Tu es maudite ? C'est intéressant ce que tu fais. Perfectible, cependant. Lança-t-il, examinant brièvement les soulards dénués de voix. Il parut fasciné.

Mal être et décontenance.

Une chape de plomb s'écoula lentement sur le sommet du crâne de Bakara, rampant jusqu'à ses épaules. La peur risquait de la tétaniser, ce type était bien celui avec lequel Youri souhaitait faire affaire. Un être qui avait fait parler de lui l'année passée sur West Blue. Sa dernière action avait été réalisée ici-même, sur Powder Island. On racontait qu'il avait récemment massacré tous les agents dans la base du Cipher Pol 5, en plus de mettre à mal le constantinisme local.

Il avait préparé le terrain, visiblement, bien mieux que la maudite.

-C'est avec toi que je devrais parler affaire ? Je m'attendais à voir un certain Emilio, Emilio Jimenez. Mon contact m'aurait menti ? Sache que je ne traite pas avec des intermédiaires.
-Non, il ne t'a pas menti. C'est moi, Emilio. Bégaya-t-elle en se reprenant du mieux possible.

Coup de bluff, elle ne pouvait avouer que Youri avait usé de ses taupes chez les Jimenez pour manipuler à sa guise la situation. Ce criminel lui faisant face était dangereux et avait lu en sa malédiction aisément, un gouffre les séparait et ce n'était pas l'apprentissage de son père qui pouvait l'aider. Aussi et par reflexe, elle se servit de sa malédiction pour altérer l'illusion dans laquelle les deux se trouvaient. Aux côtés du borgne la silhouette d'Emilio apparut ainsi : sa carrure large, sa peau cuivrée et ses bouclettes d'or.

-Un hologramme ?
-Qui sait. Une malédiction, sans doute.
-Tu fais mal de la révéler si facilement.
-Ai-je vraiment le choix ?

Son interlocuteur but d'une traite sa boisson, visiblement il faisait face à un profil qui lui était familier. Il eut presque un sourire : était-ce ironique ? Des frissons parcouraient la brune lui faisant face, si son visage se voulait faussement ferme et assuré, son corps trahissait son réel état.

De la simple inquiétude ou de la peur ?

-Les malédictions peuvent être sources de bien des maux. Plus tu la préserves, moins tu auras de problème.
-Et la vôtre a permis de vous faire un nom rapidement. La révolution est déjà en pourparlers avec vous, on m'a rapporté. Vous souhaitez œuvrer avec eux pour étendre votre influence ?

Question conne et déplacée. Elle s'en voulut.

-La révolution ? Une grimace froissa le visage du sans nom. Ce ne sont que des alliés comme d’autres. Mes ambitions sont égoïstes, les leurs sont faussement nobles. Ce qui les différencie de moi, c’est qu’ils donnent un sens collectif à leurs actions.

Ses yeux s'écarquillèrent face aux paroles du primé.

-Tu crois qu’Eken Sor n’a pas d’ego ? Il doit aimer ça, être reconnu comme un vaillant et servant chevalier. Prétendre avoir un code de l’honneur qui le freine plus qu’autre chose.

Deux et deux commencèrent à faire quatre.

-Bientôt, ce qu’il aura sur cette île sera obtenu seulement grâce à moi. Car j’ai agi, pour dégager la voie, là où sa morale le retient. C’est comme ça que fonctionne ce monde. Il faut arrêter de croire qu'on vit dans un bac à sable. Ici il n’y a que de l’horreur et ceux qui sont capables de s’y faire pour agir en conséquence iront loin. Les autres ne sont que des constantes dans un océan de millions. Je te reformule ma question, donc. Il fit une courte pause, revenant à ses projets. Où est ton boss ? Je ne parle pas à un pion, je pense te l'avoir déjà dit.

Silence sépulcral. Que pouvait-elle répondre ? Son jeu n’avait pas fonctionné.

-Je...
-Dommage. Tu feras savoir aux Jimenez que je traiterais avec les Borgolomov, sauf s'ils se jouent de moi également. Estime toi heureuse que je ne te facture pas mon temps.

Alors il disparut d'un claquement de doigt. La chute soudaine de pression fit tomber à la renverse Bakara. Elle avait perçu en lui ce qu’elle n’aurait jamais pu être. Quelqu'un ayant fait bouger le monde, selon elle. Un être incompris et solitaire, certainement, mais un homme qui avait le pouvoir d'imposer sa volonté par les actes.

Des mondes les séparaient.

[...]

Sa frustration avait été jusqu'alors contenue. Sur son trajet de retour, jusqu'à son appartement, Bakara ne fit que fulminer. Elle ressassa la scène, repensant à son minable stratagème, remettant en question son intérêt, et conclut qu'elle avait été misérable. La brune rentra dans sa chambre d'un claquement de porte, dépitée. Elle voulut la défoncer, lui balancer plusieurs poings, comme son père lui avait appris. Fracasser méthodiquement son bureau, le tailler en pièces comme s'il s'agissait d'un vulgaire prisonnier.

-Je… je veux te rejoindre.

C'était là la phrase qu'elle ne put finir et sa diction lui donna envie de gerber.

Pourquoi vouloir se soumettre à un autre ? Pourquoi se ranger en permanence sous l'autorité d'une personne étant capable de progresser vers son propre objectif ? Surtout, pourquoi cette nature à se mettre à disposition d'autrui. Qu'est-ce qu'elle était ? Ce n'était pas comme ça qu'elle avait été édu…

Le crachat sanguinolent lui revint en tête.

Son poing se ficha dans le bureau pour nier cette image, puis Bakara se rendit à la salle d'eau. Le robinet s'ouvrit. Les mains de la belle frottèrent frénétiquement son visage, comme si elle pouvait faire disparaître ces remises en question de sa tête. Après quelques minutes, elle se redressa péniblement, ses mains sur la faïence du lavabo.

En se redressant au-dessus de l’évier, la basanée se retrouva violemment face à elle-même.

L’atmosphère se contracta.

Des cernes violacées soulignèrent son épuisement, mettant en valeur son regard. Ses yeux rougis, son visage tiré de fatigue, une face cadavérique figée dans une expression vide. Un masque mortuaire duquel on aurait oublié de clore les paupières.

Elle s’observa un temps, puis un phénomène innommable lui parvint en une claque. Ce reflet qui lui était balancé par le miroir avait quelque-chose de particulier, la plongeant dans une bulle d’incompréhension.

Il lui sembla que ce reflet n’était pas le sien, comme si cette personne captive dans la glace était indépendante d’elle. La brune ne sut précisément l’expliquer, c’était là une sommation de détails : son souffle, le soulèvement de sa poitrine, la plissure de ses yeux, la contraction de ses muscles faciaux et avant-bras et tout un tas d’autres petits signes visibles lui parurent différent l’espace d’un instant. Certains mouvements étaient comme anticipés, d’autres retardés.

Ce constat la frappa avec violence.

L’écart se creusait tant les pulsations de Bakara montaient en flèche. C’était de pire en pire, ce reflet se dissociait dangereusement de son corps. Elle eut envie de prouver que ce phénomène n’était pas réel, impossible, sûrement là une conséquence de sa fatigue et de ses maux. Un contrecoup de ce qu’elle venait de vivre et tout ce qui avait précédé.

Son reflet lui lança un rictus comme pour la narguer et, bientôt, ses traits se changèrent pour devenir ceux de son père.

La tension enfla en son intérieur.

La main de celui qui la hantait s'éleva hors du miroir en direction de la maudite.

Angoisse.

-L'action vaudra toujours plus que la passivité.

La belle cherchait dans cette glace une issue de secours, une soupape. Des larmes se mirent à couler lentement sur son visage, silencieuses et dénuées de tristesses, baignant dans une énergie plus sombre.

Ses yeux se fermèrent, ses maxillaires se crispèrent, son esprit grinça..

L'index de Douglas traversa son front, les yeux de la femme redevenue enfant se fermèrent.

-Tu me manques, tu sais.

Il fallut un effort incommensurable à Bakara pour rouvrir ses paupières. Quand elle y parvint, son reflet l’imita. L’expression de folie grimant son visage lui procura un soulagement paradoxal.

Ce n'était que sa malédiction.


_______________________


19 Juillet 1507
A quoi sert la révolution ?

Cette question me hantait, sûrement car je ne souhaitais pas accepter un constat qui s’était établi en moi. Après tout il était question du sens de ta vie, par extension la mienne.

La révolution ne sert à rien.

Imaginons qu’elle parvienne à ses fins et renverse le gouvernement, un exercice de pensée complexe dans mon cas. Une fois arrivée au pouvoir, il me semble logique que d’autres s’insurgeront en portant à leur tour ce nom ou une variante. Rébellion, peut-être, néo-révolution, moins sûr.

Qui pourrait contester cet énoncé ? Il suffit de se renseigner sur l’histoire de certaines îles pour s’en rendre compte. Le majoritaire, celui qui incarne l’autorité du moment, sera toujours remis en question. Peu importe son passé, peu importe qu’auparavant il s’agissait d’un ordre révolutionnaire souhaitant bousculer un autre jugé mauvais. Quand bien même un grand nombre serait satisfait par le gouvernement actuel ou futur, il y aura toujours une minorité bruyante pour polluer l’atmosphère et attiser des réactions. Rappeler à chacun que toute autorité apporte autant de bien que de mal ; que chaque ordre a ses failles ; que toute règle a une tombe.

Une fois la fausse note repérée dans le morceau, on se focalise dessus et se lasse de ce qui autrefois nous berçait.

Le monde n’est qu’un éternel recommencement et on est voués à devenir ce que l’on combat. C’est ça, être humain. Les qualités que certains prônent avoir faneront bien assez vite à la lumière du grand nombre. Le temps nous fera oublier leurs intentions passées, leur historique héroïque, en faveur d’une figure cliché que l’on s’amusera à critiquer. Ils incarneront la prochaine entité à pointer du doigt, à décrier et à réformer.

Se battre pour changer un gouvernement mondial ne sert donc à rien.

Puis ceux qui n’en sont pas convaincus, aussi stupides sont-ils, se rendront bientôt compte que leurs amis d’aujourd’hui feront leurs ennemis de demain. Aussi la petite mélodie illusoire avec laquelle ils se bercent n’est qu’éphémère. Pour l’heure ils se liguent tous sous la même bannière, puisqu’appâtés par une proie commune, mais une fois celle-ci éliminée ils auront d’un coup du temps pour se quereller entre eux, identifier leurs différences et créer de nouveaux conflits.

Ma vision était erronée.

Une révolution ne peut perdurer. Ce qu’elle instaure non plus, d’ailleurs. La révolution n’est vouée qu’à l’éphémère. Elle n’est qu’une pulsion qui répond à une frustration. Dans le cas de beaucoup, il s'agit d'une question de valeurs et de justice. Dans d'autres, comme le tien, il s'agit d'un désir de s'opposer à ce qui nous a fait du mal pour que cela ne se reproduise plus.

Pourquoi, dis-moi ? Pourquoi j'en aurais quelque chose à foutre ? Je n'ai vécue que pour autrui, servant des intérêts qui m'étaient imposés. Nullifiant ma vie et son utilité. Il me faut quelque chose qui me soit propre. Alors, je me sentirais pleinement vivre en me battant pour. Acceptant facilement l'aspect éphémère de ce combat. Je vivrais pour moi et mourrais en laissant ou non une trace. Ce qui importe, c'est que de mon vivant je sois actrice.

Le gouvernement t'a pris la vie, c'est ta révolution qui a pris la mienne.

Je ne suivrais pas d'autres figures d'autorité. Je les descendrais toute.

La révolution me sera utile. Tu verras. Dans le tas, il doit y en avoir d'autres, des comme moi. Des gens qui recherchent simplement un moyen de se laisser aller. De s'exprimer pleinement.

De laisser leur frustration exploser.

Un exutoire.

Une thérapie.
/



Hors Roleplay


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    Spoiler:


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Sam 20 Mai - 15:11


Présentation et premier RP
A lire attentivement !

Indice de notation des présentations

La présentation sera toujours cotée sur 15 comme ceci:

La qualité du texte 12/12

L'originalité 3/3
La mise en page 3/3
La cohérence du récit 3/3
La narration 3/3

Le respect du français 10/10

Le vocabulaire 2/2
La grammaire 2/2
L'orthographe 2/2
La conjugaison 2/2
La ponctuation 2/2

La quantité du récit 6/6

7010 mots d'histoire et des descriptions.

Points bonus 6/6


Score final 34/34

34/34*15= 15

Je ne te dis pas bienvenue, tu sais que ce n'est pas le cas.

La présentation souffre de nombreux défauts : celui d'être trop clean, même si quelques imperfections viennent s'y intégrer pour faire croire que ce n'est pas l'œuvre d'une IA, un style toujours hypnotisant qui oblige à décortiquer chaque phrase, et l'idée même qu'un personnage puisse être à la fois original, attachant et agaçant. On fait difficilement mieux quand on cherche à donner de bonnes bases à un personnage qui n'aura certainement de teneur que dans ses interactions avec d'autres, suffisamment énigmatique pour être développé en toute cohérence et suffisamment véhément pour profiter des premières sources de critique à disposition.

Bref, tu l'auras compris, je ne t'offrirai pas de seconde notation.

Tu atteins le niveau 15, le minimum acceptable dira-t-on.

Tu peux à présent faire un choix parmi les suivants :
-> Corriger ta présentation et gagner quelques niveaux. (Ose choisir cette option et je baisse ta note)
-> Entrer directement dans le monde du RP au niveau 15 (mais sans le fruit du démon).
-> Passer directement au test RP pour gagner jusqu'à 5 niveaux supplémentaires. Le Test RP est nécessaire pour ton fruit.

Allez, je te donne ton test RP directement. Tu vas apprécier ne pas savoir quoi écrire.

Test RP a écrit:
Tu t'es vue confier une mission par un Agent d'Elite du Cipher Pol 2. L'intitulé est le suivant : "Nous avons remarqué des agissements étranges sur l'île de Dior, sur West Blue, près de Powder Island. Une intervention marine est envisagée du fait de l'état de la monarchie locale. En effet, on craint que le Roi Fou ou ses hommes n'y ait agi. Enquêtez et définissez la nécessité d'une opération ou non."

- L'utilisation du fruit du démon est obligatoire.
- Le RP est hors temporalité. Il peut s'agir d'un univers parallèle ou être intégré dans une certaine mesure à l'histoire de ton personnage.



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Lun 29 Mai - 11:48
Comme tu n'as pas d'idée pour le précédent test, je t'en envoie un second plus large :

Citation :
Raconte-moi ton mariage !

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