- ERWIN ! ERWIIIIIIN ! Putain, il est passé où le con ?
- Ne parle pas comme ça du chef ! Balança Amaz tout en grognant.

Leur petite traque dans les fourrés n’avait pas l’air de très bien se dérouler. Amaz et Pita étaient les deux hommes sélectionnés pour accompagner le rouquin, mais ils se sentaient légèrement inutiles. C’était dommage, à vrai dire ils n’avaient pas choisi d’être ici, mais sur insistance de Camille Zem, ils avaient été chargés de canaliser le rouquin. Enfin, « canaliser »… C’était un bien grand mot. Ils étaient surtout les seuls disponibles à ce moment-là.

- J’suis pas une nounou.
- Pauvre chou, rétorqua le rose avec un sourire amusé.

Pita faisait partie des Okamas, ces personnes qui se travestissaient par conviction. Il n’était pas aussi exubérant que d’autres, et surtout moins maquillé, mais sa tenue et son apparence androgyne laissaient assez peu d’hésitation quant à son courant. D’un geste ennuyé il bailla avant de s’étirer. Puis, soudain, dans les bosquets, un bruit les perturba : qu’est-ce qui allait en sortir ?

Boyn. Erwin y était déjà venu, mais c’était toujours une sublime découverte. Il détaillait la végétation, assis sur une branche à laquelle pendait un jeune homme contusionné. Il avait été une vraie plaie à trouver, mais au moins il s’agissait d’une belle trouvaille. Un traitre à la Révolution qui possédait des informations assez capitales sur son agencement interne et sur les relations entre les différents leaders révolutionnaires. Aujourd’hui, il finirait la journée en prison. Demain, Erwin essayerait de savoir pourquoi il avait fait ça.

- Oh, fit-il en sentant une voix qu’il ne connaissait pas, humaine.

C’était sûrement la voix d’une personne alerte puisqu’il la sentait se déplacer avec la peur au ventre de se faire dévorer par les bêtes qui la poursuivait. Le rouquin regarda sa cible qui ne bougerait de toutes les manières pas. Il décida donc de faire un acte altruiste envers cette personne qui s’était peut-être échouée ici – ou peut-être qu’il s’agissait d’un acolyte du traitre.

Usant de sa téléportation, le jeune homme arriva aisément devant les loups. Il sourit avec un air amusé quand les animaux s’arrêtèrent, instinctivement. Ils étaient portés par leur instinct, et donc par l’incapacité de se mettre dans un danger immédiatement mortel. Et c’était ce que le rouquin dégageait. Un danger immédiatement mortel.

- Je vous laisse trois secondes pour fuir. Trois…

Il commença le décompte, mais les animaux ne bougeaient pas. Lors de la chasse, ils pouvaient s’avérer stupides. Et l’un d’entre eux, moins porté par son instinct que les autres, s’élança de ses quatre pattes vers le jeune homme qui l’accueillit d’un simple coup du dos de la main. L’animal vola sur une dizaine de mètres pour aller s’enfoncer dans un arbre. Erwin sourit alors et se retourna vers l’inconnue qu’il ne décrivit pas immédiatement :

- Bonjour, Erwin Dog. A qui ais-je à faire ?

Il avait un sourire à la fois honnête et simplet. On n’aurait pas dit à un primé à 507.000.000 Berrys, mais soit. Lui-même n’était pas porté sur sa prime.