-Putain, c’est pas possible !

Le contre-amiral Boros, ancien candidat à l’intégration de l’Escouade Anti-Yonkou écarté par le choix de Taito Nowaki, chuta sur le pont de son bâtiment de guerre tandis que la massive embarcation venait de percuter l’un des fameux murs invisibles de la mer d’Akropolis. Absolument pas préparé à s’aventurer sur cette partie de l’océan, l’équipage n’avait pas préparé l’éventualité de se diriger vers Akropolis, néanmoins cela devenait une nécessité. Le cuirassé muni de roues à aubes prenait l’eau, une grande partie du doublage en granit marin éventré lors de la confrontation avec les vaisseaux du vieux Tenryon. Il était impératif de rejoindre l’île la plus proche pour effectué des réparations d’urgence et malheureusement aucune île gouvernementale ne se trouvait à proximité. Boris avait choisit de se rabattre sur Akropolis, espérant pouvoir jouir de la neutralité récemment perdu par la cité volante sybarite. C’était après tout sa meilleure option disponible pour éviter le naufrage. Tirant une bouffée de son cigare, il se redressa et observa la proue de son cuirassé retomber violemment dans les eaux. Les triple canons à l’avant étaient désormais écrasés par la multiplication de ces chocs avec les parois invisibles. Sachant que les triple canons de tribord avaient été pulvérisés par le capitaine pirate au service d’Hadès et que ceux de bâbord avaient explosé en tirant à bout portant sur la frégate qui était venu bord à bord, le cuirassé n’était plus que l’ombre de lui-même. Le ponton était fracturé et si d’autres murs étaient percutés avant d’atteindre le port d’Akropolis, l’Asphodèle qui se dessinait progressivement sous l’ombre de la gargantuesque ville semblant en lévitation, la nef de la Marine ressemblerait certainement à un accordéon. Comble du malheur, la moitié de son équipage était mort durant la course poursuite.

-Ce qui compte contre-amiral, c’est de survivre.

Mouette, ancien agent du Cipher Pol 2, s’était rapproché de son supérieur qu’il secondait depuis le sacrifice du colonel Verbog Stal, second historique de Boris Boros, ayant permis au cuirassé de s’échappé définitivement.

-Nous somme parvenu à mener notre mission à bien en récupérant cet Eternal Pose sur le navire du capitaine Arnam Stal, conclut Mouette qui était persuadé de pouvoir ressortir de cette série d’opération avec une promotion au grade de contre-amiral.

En effet, Verbog et Arnam Stal étaient deux frères ayant choisis une voie différente mais qui par la force des choses étaient restés en contact. Prenant une lourde décision, feu le colonel avait décidé de transmettre les informations de la dernière lettre de son frère à son capitaine, poussant le contre-amiral à tenter le tout pour le tout en interceptant la frégate d’Arnam Stal dans l’optique de récupérer le fameux Eternal Pose qu’avait enfin pu obtenir ce nébula, le tout grâce au talent de Mouette pour l’infiltration en terrain ennemi. Cela avait duré près de trois mois pour piéger convenablement la frégate et y infiltrer quelques soldats sous la direction de Mouette. En tout cas, aujourd’hui les deux frères étaient morts, le contre-amiral ayant défait Arnam avant qu’un second nébula ne débarque de nulle part pour venir en renfort de la frégate.

-Que devons-nous faire capitaine ? interrogea le lieutenant Steven Skreel en sortant des ponts inférieurs, un seau d’eau dans les mains pour écoper le flux marin dans les profondeurs de la coque.

-… Préparez-vous à abandonner le navire. Même en atteignant le port, il y a peu de chance pour que notre cher Albatros de Feu réchappe à cette aventure. Il est l’heure de lui faire nos adieux.

Les survivants de l’équipage entrèrent alors dans une minute de silence tout en continuant à manœuvrer la précieuse embarcation qui les suivaient dans leur aventure depuis longtemps, sauf Mouette qui avait rejoint l’équipage il y a seulement un an. L’Albatros de Feu était en effet un cadeau qui avait été offert par le vice-amiral Chaka Aksoum à Boris lors de sa promotion afin de féliciter son ancien subalterne d’avoir atteint la contre-amirauté. Cela faisait de nombreuses années maintenant, le Boros accumulant des faits d’armes sur le Nouveau Monde dans l’espoir de devenir vice-amiral un jour ou l’autre. Il en avait la carrure, beaucoup lui avait dit, mais contrairement à certains génies arrivant à l’apogée de leurs capacités de combat en moins d’une décennie, Boris était davantage de ceux dont la progression était lente, mais bien croissante. Encore un an ou deux et il pourrait enfin se considérer comme candidat potentiel à la vice-amirauté. Murmurant quelques prières constantinistes dans sa barbe, sans qu’il soit un fervent croyant pour autant, le contre-amiral fit ses adieux à son fier vaisseau qui l’avait porté jusqu’à chez Hadès. Son regard se leva vers l’Asphodèle qui approchait à mesure que la coque peint des deux nuances de bleu s’enfonçait sous la surface.

Sortant du Fort de l’Astral, les navires de défense permanente d’Akropolis fournis par la Ligue Egéenne de Milon déployèrent leurs canons et le plomb vint charcuter les dernières membrures du cuirassé. L’Olympe des Mers en personne donna le coup de grâce en tirant bordée après bordée avec ses quatre terrible lignes de pièces d’artilleries dévastatrices. Puis finalement, au milieu des éclisses de bois venant charcuter les chairs et les déflagrations venant brûler les épidermes, le choc survint. L’Albatros de Feu vint percuter la paroi de l’Asphodèle, stoppant sa course dans un mouvement brusque. La poupe du cuirassé s’éleva dans les airs avant de retomber lourdement dans la mer. Le triple canon de la proue se désolidarisa de l’ensemble pour s’enfoncer vers les profondeurs tandis que la carcasse flottante était désormais livrés aux flots, ses mats et voiles lacérés par les boulets chaînés, ses cloisons éparpillés en mille éclats sous le coup des déflagrations. Cinq soldats étaient morts durant ce chant du cygne du fier vaisseau de la Marine et leurs camarades furent contraint d’abandonner leurs corps à l’épave afin de se précipiter sur la terre ferme.

-Suivez Mouette et surtout faites tout ce que je vous dis, intima le contre-amiral. Nous allons nous faire oublier quelques jours et nous prendrons un navire aux pirates pour repartir.




-Ils n’ont pas encore été retrouvé ? s’enquit Phoenicia.

-Non. Au Dème des Vins, un misthios a été retrouvé battu par celui identifié comme contre-amiral par ses galons, mais il était inconscient après le combat donc il n’a pas pu fournir d’informations sur la direction vers laquelle il sont partis, expliqua le béotarque. Nous avons bouclé le Dème des Vins et effectuons des fouilles pour resserrer l’étau autour d’eux.

Phoenicia resta pensive de longues secondes.

-Vous ne trouverez rien.

-Comment ça ?

-Ils sont là depuis environ ce midi et nous sommes au diner. S’il s’agissait de banals intrus, ils auraient été aperçu et signalés à un moment donné. Le fait est que le seul indice que nous avons est un affrontement où l’officier le plus gradé s’est clairement laissé reconnaître en ne cachant même pas son manteau d’officier. En somme, cela m’a tout l’air d’être une diversion pour que nous concentrions notre attention sur ce Dème et ainsi perdre du temps de recherches, leur laissant assez de latitude pour s’organiser. Nous ignorons pourquoi ils sont là, alors il vaut mieux éviter de faire trainer la menace terroriste. En prenant en considération tout ces éléments, ils doivent avoir un stratège ou une personne suffisamment expérimenté dans le domaine de l’infiltration ou de l’exfiltration pour prendre de telles décisions dans une situation de stress intense étant donné que pour eux le risque est omniprésent.

Iphicrate opina du chef devant sa femme. L’argumentaire était cohérent, si limpide qu’on pouvait se demander pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt.

-Que devrions-nous faire à ton avis ? demanda-t-il.

-Dans un premier temps, il est impératif de leur couper toute voie de sortie. Même si Akropolis est immense et donc qu’ils peuvent se cacher n’importe où et pendant très longtemps, il n’en demeure pas moins que grâce à notre caractéristique de cité volante, le seul moyen d’atteindre la mer s’est de rejoindre l’Asphodèle. Il faut placer l’Asphodèle en état d’alerte pendant quelques jours et augmenter les contrôles concernant les personnes voulant quitter le port.

Les mesures semblaient raisonnables et il devait être possible de faire cela sans trop empiéter sur la vie des habitants et par conséquent de ne pas recevoir de plainte comme quoi l’enquête concernant cette intrusion de la Marine serait trop oppressive pour la population. Il ne fallait pas oublier que la moindre décision pouvait avoir des répercussion lors de la tenue de l’Ecclesia suivante. Le fait que le peuple puisse s’exprimer et votre à cette assemblée faisait que chaque décision des Archontes devaient être réfléchis autant pour aider la ville que pour ne pas se mettre les habitants à dos, faute de quoi la réélection ou l’ascension dans la hiérarchie des archontes se verrait complexifier.

-Rébéna ne va pas tarder à revenir afin de discuter avec Kars. Il n’y a pas besoin de l’ennuyer avec une telle affaire, cela reste gérable pour nous en l’état. Je vais demander à Penthésilée de prendre la tête d’un groupe d’Epibate pour patrouiller et continuer les fouilles, mais je pense surtout demander à Kosenjobi de venir avec du renfort. Nous avons beaucoup d’affaires à traiter en ce moment à l’Aréopage, je n’aurais pas le temps de chapoter les recherches. Je lui fais assez confiance pour me remplacer là-dessus et surtout pour être en mesure d’arrêter un contre-amiral de la Marine.

Sur ces mots, les deux amants reprirent le cours du diner tandis qu’une domestique rapportait les den den mushi afin de permettre de passer les appels une fois le repas terminé.





L’Ukabu Yōsai, le navire des Meiyo aru ha ayant la particularité de disposer de trois éperons à sa proue, s’approchait de l’Asphodèle en slalomant entre les murs invisibles dont les positions étaient répertoriés sur la carte dont disposait l’Hétaire. À force parcourir ces eaux, la Ligue Egéenne de Milon avait en effet cartographier les emplacements de ces parois mystérieuses résultant visiblement de pierres spécifiques se trouvant sous la mer à ces endroits-ci. En tout cas, le Minamoto sortit de sa cabine où il laissa sa femme afin de chercher Yashin Archer du regard. Le jeune homme faisait partie des triérarques qui étaient disponibles à Agnôstos au moment où il avait reçu l’appel. De plus, étant donné que le membre du même clan que l’amiral Kurohebi s’était montré impatient de passer à l’action, lui offrir une mission à réaliser ne serait pas de trop pour le faire patienter d’ici au lancement des hostilités, que ce soit avec Hadès ou dans le cas de l’opération d’aide à Kyo Kara. S’approchant du Soul Master, Kosenjobi jugerait sa réaction face à l’immense cité volante sybarite. Il semblait en effet à celui que l’on surnommait Nobunaga que c’était la première fois que le jeune homme venait à la capitale politique et économique de la Ligue Egéenne de Milon. Il pourrait découvrir l’énorme structure volante qui faisait les dimensions d’une véritable montagne que l’on aurait surélevé dans les airs avant de la tailler… Les montagnes de marbre blanc étaient rare cependant car l’éclat éburnéen d’Akropolis était célèbre. Néanmoins, vu son caractère, cela ne serait peut-être pas suffisant pour l’impressionner et détourner ses pensées de la mission qu’on lui avait confié.

-Tu te sens prêt ? On dirait que l’on va tout de suite entrer dans le grand bain, Penthésilée semble nous attendre, affirma le vieux samouraï en pointant du doigt la silhouette dressée sur l’Asphodèle. C’est la native d’Agnôstos la plus ancienne et expérimenté parmi les triérarques.

Il l’avait peut-être déjà vu se battre dans l’Amphithéatrion cependant. Maniant un Perce-Glace avec sa terrible lance à deux pointes et deux lames, Penthésilée était considérée par Phoenicia comme un atout important, surtout en considérant que la Commandante des Sentinelles était en mesure par conséquent de geler la surface de la mer et ainsi pouvoir influer sur le court des batailles navales par sa présence.

-Oh. On dirait que Médolie a des choses à faire. Elle aurait pu participer à la mission avec nous, mais le Tales Waker quitte le port visiblement. J’imagine qu’elle va voir Hollow pour traiter avec l’Alliance de Kyo Kara, réfléchissait-il à haute voix en observant la nef s’en aller.



Sautant sur le bastingage de son embarcation, la naine faisait des grands gestes en direction de ses confrères, le sourire aux lèvres.

-Amusez-vous bien durant cette chasse aux mouettes ! leur lança-t-elle tant qu’ils étaient à porté de voix. Je croise les doigts pour votre réussite !

Grimpant au hauban, la capitaine des Gale’s Pirates disparu bientôt dans les voiles rouges de son embarcation magnifique qui faisait parfois des jaloux. L’aventurière s’éloignait donc au large tandis que l’Ukabu Yōsai commençait à être amarré. Penthésilée grimpa alors sur le pont supérieur.

-Vous avez fait bon voyage ? s’enquit-elle.

-La bleusaille… Cela pourrait être une question à débattre : les Marines sont ils plus blancs ou plus bleus ? Bon la question n’a que peu d’importance, s’amusa tout seul le vieux samouraï.

Une fois arrivé à bon port, Penthésilée observa le jeune homme qui lui répondait ainsi que le monstre marin qui transportait ce qu’on pouvait déjà considéré comme étant l’équipage de l’Archer.

-Si vous avez des questions sur la ville n’hésitez surtout pas. Nous aurons l’occasion de faire un tour une fois notre mission rempli… Et je vous présenterais quelques misthioi, les mercenaires d’Akropolis qui forment une partie importante de l’armée régulière de la ville. Ils s’intègrent bien au système de la Ligue et organisent déjà quelques tournois dans leurs arènes. Nous pourrions également faire un tour à l’Olympique lorsque nous aurons le temps.

-Penthésilée, nous ne sommes pas là pour cela. On parlera détente une fois le boulot fait, rappela à l’ordre le vieux sage qui ne voulait que la troupe se détourne de la mission qui était assez importante. Fais nous un rapport sur la situation.

La Commandante des Sentinelles se mit symboliquement au garde à vous, un geste que seule elle faisait aussi régulièrement au sein de la Ligue en vérité. Cela poussa même le Minamoto à sourire en coin, mais il ne fit aucune remarque car il savait combien cela était important pour son interlocutrice d’exprimer ainsi son respect envers ses confrères triérarques.

-La dernière fois que nous avons aperçu le contre-amiral, c’était dans le Dème des Vins, mais Phoenicia vous a déjà fait connaître son point de vue sur la question : c’est un appât pour que nous nous focalisions sur cet endroit. En faisant des recherches avec d’autres soldats, j’ai finalement pu découvrir que des personnes étranges et certainement étrangères avaient hésités devant les stoas du Dème des Oliviers lors du marché ce matin, certainement car ils ne comprenaient pas le fonctionnement des déplacements dans ce marché spéciale.

-Ils se sont donc dévoilés par mégarde. C’est intéressant et cela veut dire bien entendu qu’ils ont réussis à se fondre dans la masse. A-t-on pu faire un portrait-robot ? questionna Kosenjobi.

-Rien de précis, mais quelques détails physiques. L’un d’eux à un bouc sans barbe et ses cheveux sont tenus sur sa tête par un élastique, il fume le cigare. Un autre a visiblement les tempes grisonnantes et une barbe sans moustaches pour sa part, ainsi qu’une boucle d’oreille.

-Phoenicia doit avoir raison. S’ils sont parvenus à rester discret si longtemps, l’un d’eux doit être expérimenté en infiltration, camouflage ou quelque chose de ce style. Il va falloir être vigilant, déclara l’Hétaire de Rébéna avant de se tourner vers Yashin. Tu as entendu aussi le descriptif des deux individus suspects identifiés ? Il va nous falloir les débusquer sachant qu’il s’agit du seul indice dont nous disposons pour l’instant. Je compte me rendre au Dème des Oliviers pour vérifier et essayer d’y trouver une piste. Veux-tu m’y accompagner où tenter de commencer des recherches ailleurs ? À moins que tu préfère te déplacer un peu partout en ville en utilisant ton pouvoir et attendre de voir si l’un de tes Homies repère quelque chose ?

C’était un premier briefing sur la répartition des tâches et c’était à l’Archer de décidait celle qu’il souhaitait réaliser pour l’instant pour contribuer aux recherches.

-Pour ma part, je vais pour l’instant fouiller la ville haute, affirma Penthésilée.

-Mon équipage va venir en renfort pour les contrôles au port et même fouillé l’Asphodèle au cas où nos intrus espionneraient les quais pour trouver une option pour s’en aller. Restons en communication escargophonique pour se tenir au courant en temps réel de ce qu’il se passe, ajouta Kosenjobi avant de se retourner vers Yashin pour connaître sa décision sur la mission dont il allait s’occuper en premier lieu.

-Allons-y alors.

Son meitou à la ceinture, le Minamoto prit la direction du Dème des Oliviers. Après l’ascension de la pente invisible conduisant à Akropolis effectuée, la ville reposant sur une sorte de montagne invisible généré par les pierres télékinétiques sous l’eau et donnant cette impression de cité en lévitation dans le ciel, Kosenjobi vérifia que toute la petite troupe avait bien suivis. Traversant plusieurs quartiers, ils arrivèrent finalement au Dème des Oliviers où le marché local se déroulait toujours actuellement.

-Faisons mine de rien, comme si nous étions simplement des gardes chargés de la surveillance du marché en prévention de troubles publics.

Avançant, il guetta tout indice sur la base faible des informations dont ils disposaient. Ce ne serait pas une partie de plaisir.

-Tu vois quelque chose ? demanda le vieux samouraï au triérarque qui l’accompagnait.

Restant sur ses gardes, Kosenjobi fit le tour des stoas mais ne trouva rien de concluant. Il pesta dans ses dents. Par où avaient-ils bien ou partir ? Faisant un geste pour dire de la suivre, il s’enfonça un peu plus dans la foule cherchant du regard des personnes pouvant correspondre aux deux descriptions qu’on lui avait transmise, mais visiblement ils avaient pris la poudre d’escampette.

-Les endroits discrets sont suspects car cela constituent des cachettes intéressantes, alors se cacher dans la foule est une bonne option mais peu conduire à être repéré au bout d’un moment par la population… Ils vont par conséquent peut-être avancer de lieux bondés en lieux bondés en se gardant des lieux discrets comme solution de repli ?

Son regard balayant les environs, le Minamoto réfléchissait puis finit par prendre une décision.

-Il me semble que dans ce dème il y a beaucoup de monde qui se dirige du marché vers la place de l’olive pour se promener. S’ils ont migrer vers un autre lieu bondé, ça pourrait être par là.

S’y dirigeant au pas de course, l’Hétaire leva la tête pour observer les hauteurs de la cité hellène, la Citadelle Elyséenne trônant dans ses sommets et dominant le monde marin telle un phare éclairant son littoral. Ils débarquèrent sur cette fameuse place et purent se mettre à nouveau au travail.


De son côté, Penthésilée grimpait aussi vite qu’elle le pouvait en direction des hauteurs d’Akropolis. Une stratégie envisageable était de se diriger vers un lieu bien gardé, imprenable, afin que l’on ne se doute pas qu’il s’y était caché. Les dèmes les plus riches et les plus élevés de la ville correspondaient à cette description. S’ils n’y faisaient pas de vagues, ils pourraient y demeurer un certain temps en profitant du fait que les aristocrates n’aimaient globalement pas être dérangés et fouillés. La Commandante des Sentinelles avait plus de trajet à faire que les autres pour atteindre sa zone de recherche, mais paradoxalement, cela la mis en meilleure position que Kosenjobi et Yashin vis-à-vis du premier endroit qui serait repérer comme suspect par les deux éléments aériens que l’Archer avait mis à contribution pour inspecter les environs. Si les deux ailés réagissaient à ce qu’ils allaient la voie, la triérarque pourrait faire volteface et arrivé deux ou trois minutes avant Kosenjobi et Yashin sur les cibles qui se dévoileraient alors.




-Nous allons survivre, tu verras. Steven nous a donné de quoi nous faire soigner chez un médecin, souriait Anastaria à son petit copain tout en essayant de compresser la blessure.

Resphodal avait reçu plusieurs éclisses dans les côtes durant la pluie de boulets de l’Olympe des Mers. Contrairement à d’autres, il avait survécu à cette lapidation de leur vaisseau de guerre, néanmoins la blessure semblait trop grave et le couple, aidé par Steven, s’étaient éclipsés, contrevenant aux ordres de Mouette. Anastaria ne voulait pas voir son héroïque Resphodal mourir ainsi. L’avenir devenait continué à se tracer devant lui. Le Nigor était en effet l’un des protégés du contre-amiral Boris Boros et ses exploits lui avait valu d’être déjà décoré de quelques médailles. Plusieurs marins lui devaient la vie pour ses décisions lors de l’escarmouche contre les navires d’Hadès. Il faisait partie de l’avenir de la Marine, un avenir qu’on ne pouvait dérobé. Alors il était primordiale que Resphodal survive pour apporter sa pierre à l’édifice. La sergente-cheffe croyait en lui bien plus qu’en elle-même et voulait le soutenir. Elle ne l’abandonnerait pas en territoire ennemi et ferait tout coûte que coûte pour qu’ils s’en sortent vivant. Néanmoins, ils ne pouvaient pas être parfaitement discret. La blessure tiraillait le lieutenant qui prenait appui avec son bras sur sa camarade qui était nécessaire à son avancé… Un détail qui ne manquerait pas d’échapper à la vision de Véronica et Draggy qui pourrait être intrigué et découvrir ces personnes suspectes.


-Désolé Anastaria, Resphodal… Nous n’avons pas d’autre choix que de vous sacrifier pour nous en sortir.

Encapuchonné, ayant caché sa tenue d’officier sous la cape, le jeune homme ayant constamment l’air impassible traversait la rue en marmonnant. Il était prêt à tout pour survivre, quitte à piétiner ses propres camarades, comme il l’avait fait jusqu’à aujourd’hui pour obtenir ses promotions à la sueur de son front. Pourtant, il n’était que dans le milieu de l’échelle. C’était le poste de colonel qui lui offrirait l’accès aux strates supérieurs et aux salaires plus conséquent qui en découlait. Il ferait tout son possible pour obtenir la promotion qui se trouvait au terme de cette mission, quitte à éliminer les obstacles à leur retour en terre gouvernementale. L’état des deux blessés était trop grave pour prendre le risque qu’ils ne fassent foirer le plan du colonel Mouette.

-Mamie, tu verras, j’aurais assez d’argent pour ton traitement.

Jusqu’ici, il avait dû emprunté à plusieurs reprises pour payer les soins hospitaliers de sa grand-mère qui était très mal en point. Ce salaire qu’il attendait tant et qui devait être plus important pourrait servir à payer les soins et rembourser les dettes que le Skreel avait accumulé pour aider sa mamie, la dernière membre de sa famille qui lui restait et qui l’avait élevé.

-Même si je dois être le seul à quitter cette île, je le ferai ! promit-il en se montrant ainsi prêt à trahir jusqu’au contre-amiral lui-même.

Cependant, il lui fallait désormais retrouvé le reste des survivants de l’équipage.

-Quoi ?

Kosenjobi, sortis de sa concentration, se retourna pour faire face à Yashin puis tourna la tête vers la harpie et le dragon, ces quelques instants lui étant suffisant pour comprendre le message et donc ne pas avoir besoin de réponse à la question qu’il avait posé d’instinct avant d’interpréter ce qui était dit. N’attendant pas davantage, il s’installa sur Succubi lorsque l’Archer l’invita à procéder ainsi et ils parvinrent à arriver au niveau des deux ailés assez rapidement, mais moins que la Commandante des Sentinelles qui avait eu la chance de se trouver au bon endroit par son trajet.

-Merci bien ! On se déploie. Penthésilée prend par la rue à droite, moi je prends le milieu et Yashin va à gauche. Couvrez-nos mouvements par les airs et indiquez aux autres la situation si l’un de nous rencontre un problème, expliqua l’Hétaire en répartissant les rôles de chacun pour cette courte traque qui se profilait.

Filant entre les bâtiments aussi blanc que le reste de la ville en marchant sur un sol qui était constitué du toit d’une bâtisse inférieure, puisque tout Akropolis était bâti ainsi, le Minamoto utilisait sa vitesse surhumaine pour rattraper le retard qu’ils avaient sur la fuite des deux militaires certainement gouvernementaux qui avaient décider de filer dans cette direction. Penthésilée l’imitait de son côté, sautant au-dessus d’un chariot à l’aide de sa fameuse lance. Néanmoins, c’était bien celui qui était surnommé d’après le nom du meitou d’Eko Taka qui arriva au niveau des « cibles » en premier grâce à cette vitesse. Ils arrivaient tout juste au croisement entre les trois rues que les triérarques avaient pris, faisant qu’ils pourraient tous se rejoindre là. Se plaçant sur la route du couple qui peinait à avancer, Kosenjobi dégaina son arme dans un geste fluide et avec l’instantanéité propre aux maîtres du iaido afin d’intimer l’ordre de s’arrêter.


-Qui êtes-vous ? interrogea le lieutenant Nigor, livide, peinant à respirer et se tenant les côtes avec l’aide de la femme à ses côtés. Steven avait pourtant dis qu’on ne risquait rien par ici, ajouta-t-il avant de cracher du sang.

-Je vous en prie ! Laissez-moi le sauver ! On se rendra après si vous voulez, mais sauvez le ! implora quant à elle directement Anastaria. Nous ne sommes pas des menaces vu notre état !

C’est après ce premier échange que Penthésilée et Yashin purent arriver à leur tour et écouter la conversation.

-Nous vous aiderons et nous vous soignerons si vous nous aidez à débusquer vos alliés, proposa alors l’Hétaire.

Les deux gouvernementaux s’échangèrent un regard. Ils n’avaient aucunes chances de ressortir vivant d’un affrontement contre ces trois individus, d’autant plus dans leur état. En plus, des deux, Resphodal était le meilleur combattant et c’était celui qui était dans un état critique. Mais pouvaient-ils trahir les leurs pour sauver leurs propres vies. Penthésilée réfléchit à ce que Phoenicia pourrait bien faire dans cette situation, la poussant à bluffer.

-Nous n’allons pas tarder à découvrir où ils se terrent, alors si vous ne parlez pas, cela ne fera que nous faire perdre quelques heures. Mais pour vous, c’est l’occasion de ressortir vivant de cet aventure.

-Oui. Nous allons vous capturer un à un et vous renvoyer en territoire Gouvernemental, confirma le Minamoto.

En effet, tuer des représentants de la Marine pouvait être un motif de guerre. L’approche du cuirassé pouvait paraître pour un mouvement hostile et justifiait diplomatiquement la légitime défense de la flotte de défense d’Akropolis, mais l’élimination des représentants gouvernementaux ne pouvait pas se justifier ou être masquée, leur arrivée ayant été trop fracassante pour que l’information de leur débarquement ici ne se disperse pas dans les semaines à venir par les réseaux d’informateurs. Néanmoins, il était certains que ces mouettes n’auraient pas assez confiance pour se rendre sans faire de vague et qu’il allait être nécessaire d’employer la force pour les faire prisonniers. En guise de bonne foi, Kosenjobi comptait les renvoyer à la base du G-5 sans réclamer de rançons, les échanges d’otages par les pirates représentant traditionnellement une économie à part entière mais qui n’était pas nécessaire aux vues de la quantité de dépenses de la Ligue couverte par la Compagnie Hellène des Indes Equatoriales. Finalement, après plusieurs instants de réflexions, le couple s’échangea un regard et décida de capituler.

-Le lieutenant Steven Skreel nous a escorté pour nous rapproché d’un médecin, mais nous nous trouvions à l’origine dans une maison souterraine visiblement abandonné, tenta d’expliquer Anastaria.

-Et il y avait des éléments particuliers dans cette demeure abandonné ? questionna l’Hétaire.

Etant donné que tout Akropolis était constitué de bâtiments empilés, cela ne donnait que peu d’information en l’état.

-Je crois qu’il y avait une mosaïque qui représentait un combat entre un taureau et une cigogne, déclara Resphodal en gémissant.

-L’oikos de la lignée Tauropelargós, une famille d’habitants qui se prétendent avoir un descendant conçu lors d’un affrontement entre un taureau et une cigogne, comprit Penthésilée. Même les lignées de citoyens standards les plus anciennes s’inventent des mythologies familiales… Une troupe de miliciens ne va pas tarder et vous conduire jusqu’à l’Hôpital Hippocratien ainsi que vous surveillez. Vous suivez-moi !

Penthésilée conduisit ainsi l’Archer et le Minamoto à travers les rues jusqu’à changer de dème et enfin traverser plusieurs cours intérieures jusqu’à atteindre un escalier qui descendait jusque l’étage d’habitations inférieures. L’ambiance pouvait évoquer des genres de catacombes et en effet certaines anciennes demeures recouvertes par d’autres avaient été transformés en mausolées. C’était le cas de l’oikos des Tauropelargoi qui accueillait les membres de cette famille depuis leur déménagement au Dème des Vins il y a un siècle et demi. Et au sein de ces quelques tombes de pierre aux motifs sobres, étant donné l’absence de fortune de cette famille de citoyens, se trouvait une silhouette semblant chercher aux quatre coins de la pièce.


-C’est pas possible ! Ils m’ont abandonnés !

Remarquant soudainement la présence des nouveaux arrivant, le lieutenant Skreel lâcha s’échapper un cri puis se mit à courir au travers des couloirs qui jadis formaient des rues à l’air libre.

-Yashin, occupe-toi de l’attraper et de le ramener ! Nous allons chercher des indices ici en attendant ! proposa Kosenjobi.

-Je ne vois rien de particulier, déclara la Commandante des Sentinelles qui observait les recoins de la bâtisse sous les rayons de lumière passant au travers des fines grilles donnant sur la rue au-dessus, des grilles pas plus large que des meurtrières mais qui permettaient malgré tout de ne pas être dans le noir.

-Là il y a plusieurs traces de pas. On dirait qu’ils sont environ une dizaine, mais je ne suis pas un pisteur alors ce n’est qu’une approximation personnel, répliqua Kosenjobi qui, tenant son arme sous le tsuba, s’appuyait via son katana dans son fourreau sur le sol et en étant accroupi.

-Cela ne nous aide pas à savoir où ils sont partis.

-Mais on connait la taille du groupe que l’on doit désormais cherché… Ha, Yashin a capturé l’individu que l’on poursuivait.

Le fluide perceptif déployé, le vieux samouraï avait suivis la course-poursuite, ou tout du moins le rapprochement entre les deux voix, afin de se tenir au courant de l’évolution de la situation.

-Rejoignons-le donc, souris le Minamoto en se redressant et en se dirigeant vers la sortie de la maison transformé en tombeau.

Evoluons au sein de l’immense amoncellement de structures qu’était Akropolis, le binôme rejoignit leur camarade qui trônait fièrement sur sa prise. Le lieutenant de la Marine, rang identifiable grâce à ses galons, ne représentait aucunement une menace pour ces combattants aguerris et il s’était avoir sans créer de véritables difficultés à éprouver pour l’Archer. D’un hochement de tête, il salua le jeune triérarque.

-Bien joué. Comment vous appelez vous mon cher ?

-… Je suis le lieutenant Steven Skreel, avoua l’homme au visage impassible même dans la détresse prononcé qu’indiquait sa voix intérieur, comme si une maladie l’empêchait d’afficher des émotions sur son visage et cette incapacité était en réalité tout à fait réel.

-Je m’en doutais. Vous avez essayé d’ « aider » vos camarades blessés, mais on dirait que le revers de la médaille c’est qu’ils vous ont abandonnés. Ils avaient certainement peur, et à raison, que vous nous meniez jusqu’à eux.

Le lieutenant resta silencieux face à l’observation du samouraï et ne pouvait qu’avoir honte intérieurement de son échec. Il s’était en effet exposé en voulant créer un appât et en abandonnant les deux boulets blessés, cela s’était déjà retourné contre lui.

-Je ne dirais rien, affirma le Skreel.

-Si vous ne nous parlez pas, certains amis seront contraint de vous torturer, avança l’Hétaire en pensant ce que Phoenicia pourrait bien faire subir au malheureux tout en le gardant en vie afin d’obtenir des informations sur les intrus et éviter que ceux-ci ne glanent eux même des informations stratégiques importantes durant leur incursion ici. Ce serait dommage non ?

-…… Allez-vous faire foutre….

À la surprise du Minamoto, Penthésilée vint donner un coup du pommeau de sa lance directement dans la figure de l’officier qui était maintenu prisonnier par Yashin. Sentant une dent se rompre, Steven cracha l’émail sectionner alors qu’un filet de sang commençait à descendre de ses lèvres. Après un soupir, le lieutenant décida à passer aux aveux. Bien déterminé à survivre, il serait prêt à échanger la vie de ses camarades contre la sienne.

-Si vous me promettez de me laisser vivre et de me relâcher après, je vous donnerais les informations que vous voulez.

-Vous avez ma parole, approuva Kosenjobi.

-Notre équipage est dirigé par le réputé contre-Amiral Boris Boros "L'Affamé", le colonel Mouette qui est un ancien agent du Cipher Pol 2 se servant de ses compétences pour nous infiltrer en territoire ennemi et le colonel Egtor Mutatron. Il y avait aussi le colonel Verbog Stal, mais il est mort durant l’opération. Nous avons été chargé de capturer Arnam Stal, qui possédait un Eternal Pose d’Obsidia selon les informations du colonel Verbog Stal. Cela nous a pris plusieurs mois, mais nous sommes parvenu à nous en emparer. Néanmoins, notre navire n’est pas ressorti indemne de la bataille et nous nous sommes rendu ici car c’était l’île la plus proche. C’était notre seul moyen de nous en sortir.

Kosenjobi avait réagit avec surprise en entendant le nom de Boris Boros et avait commencé à se refermer sur lui-même en fronçant les sourcils. Ce contre-amiral ne lui était pas du tout inconnu et le vieux samouraï savait qu’il s’agissait d’un adversaire redoutable formé par Chaka Aksoum en personne, l’un de ces quelques vieillards qui malgré le temps qui passait demeuraient à la vice-amirauté car leurs capacités étaient exceptionnels. Fungave et Griselda A’Tridus étaient les deux autres représentant de cette vielle génération à demeurer à leurs positions, faisant de ces trois individus des légendes aux yeux des jeunes générations actuelles qui étaient pour certains formés par ces derniers. Mais Boris Boros était un membre de la vieille garde, il avait reçu l’enseignement et les conseil du vice-amiral lorsque celui était encore dans sa pleine activité à la base G-5, il l’avait certainement côtoyé durant plusieurs chasses aux nébulas. Il ne fallait pas prendre à la légère ce combattant et le capturer nécessiterait la pleine mobilisation des compétences du vieux samouraï. Penthésilée remarqua la réaction de son acolyte et décida donc de réagir aux propos de la mouette.

-C’est parfait pour nous tout cela. Nous savons qui chercher et les raisons de votre venue qui ne sont donc pas initialement hostile vers nous. Combien de personnes sont-ils encore en vie après l’escarmouche contre Arnam Stal ? Vu la situation, s’il était en aussi mauvaise état, j’imagine que vous avez essuyés beaucoup de pertes.

-Ils sont encore treize, à quoi s’ajoute moi ainsi qu’Anastaria et Resphodal que vous avez déjà trouvés.

-Tu as une idée d’où le colonel Mouette a pu les emmener ?

-Malheureusement non…

Le Minamoto décida à cet instant de se relever, sortant de ses souvenirs d’affrontement avec Boris Boros qu’il avait déjà croisé par le passé en vérité. Il reprit en main la discussion.

-Ils sont partis d’ici il y a peu de temps puisque vous n’avez fait qu’un allez retour j’imagine. Est-ce qu’ils ont prévus de quitter la ville aujourd’hui ?

-Non, ce serait trop dangereux selon Mouette. Il préfère attendre que l’on nous oublie pour que l’attention des gardes sur les quais soient plus relâché lorsque nous quitterons la ville.

-Donc ils vont rester dans les quartiers intermédiaires. Yashin, que ta harpie et ton dragon balayent les environs et recherchent un groupe de treize personnes se déplaçant ensemble dans la même direction.

Le rôle de ces êtres ailés était un véritable atout pour la surveillance et pour glaner très rapidement des informations sur divers localisation. S’il y avait quelqu’un capable de repérer les intrus, c’était par conséquent eux car traverser les rues une à une prendrait trop de temps.

Yashin distribua ses ordres et ses deux acolytes s’élancèrent donc pour effectuer leur mission. Le regard de Kosenjobi restait rivé en direction de l’individu devant lui.

-Il est bien vrai que l’on évalue la solidité d’une chaîne à celle du plus faible de ses maillons.

Parlait-il des deux blessés, talon d’Achille ayant conduit les pirates au lieutenant Skreel ? Ou parlait-il du lieutenant lui-même qui n’avait au final pas hésité à vendre les siens contre une garantie de survie ? Ce qui était certain pour le vieux samouraï c’est que l’officier qui était devant lui n’aurait pas une grande carrière de soldat dans son avenir. S’il était si prompt à coopérer, il finirait par fuir les champs de bataille et ne brillerait jamais, sans parler de ses capacités qui stagneraient certainement. Il était tout sauf une menace : il n’était qu’un homme qui s’intéressait avant tout à sa survie avant tout autre cause. Un profil de déserteur en somme.

-Quand nous aurons capturé les autres, nous vous renverrons avec eux vers vos mers, révéla alors l’Hétaire, dévoilant donc qu’il n’y avait aucune volonté des ligueurs de mettre un terme à la vie de la moindre mouette qui se placerait sur leur route. Nous n’avons aucun intérêt à nous montrer hostile envers le Gouvernement Mondial. Nous allons vous neutraliser un par un dans le cadre de la légitime défense de notre territoire afin que vous cessiez de semer le chaos, mais nous vous renverrons tous tranquillement chez vous.

Tapotant l’épaule du lieutenant qui comprenait alors que dans tous les cas il aurait survécu à cette journée, le samouraï se tourna vers Penthésilée qui s’approchait déjà pour attraper le prisonnier, le relever et le pousser vers l’extérieur, à l’air libre, afin de pouvoir le confier aux autorités miliciennes que contrôlait la Ligue afin qu’il rejoigne ses camarades en attendant les chefs de leur groupe. Ainsi, des soldats en armure traditionnelle hellène s’approchèrent pour exécuter cette tâche et s’éclipsèrent, laissant les triérarques de la Ligue Egéenne de Milon entre eux.

-Il nous reste à prier pour que nous mettions le grappin assez vite dessus grâce à Belzébuth, Draggy et Veronica. S’ils ne trouvent rien, malheureusement, il faudra compter sur la chance et arpenter les rues au petit bonheur la chance. En attendant, préparons-nous, comme nous le pouvons.

D’un geste précis, Kosenjobi dégaina Ame No Nuhoko, son meitou des 50 qui conduisait particulièrement bien l’électricité, encore plus que les métaux classiques. D’ailleurs des arcs électriques commençaient à partir de sa lame et touchaient le sol par endroit à mesure qu’il gorgeait son arme de foudre à l’aide de son Tranche-Electricité. Des étincelles semblaient presque danser autour du métal. De même, Thrace, la terrible lance à deux pointes et deux lames de la Commandante des Sentinelles, commençait à s’entourer d’un halo de froid, du gel semblant apparaître sur le sol à l’endroit se trouvant sous la terrible arme de la native hellène.

-S’ils fuient, nous devrons entraver leurs mouvements à distance pour les ralentir, conclut Kosenjobi en observant la préparation que ferait l’Archer de son côté.




Le groupe des treize individus avançaient ensemble dans une artère secondaire, moins fréquentée que les rues principales et assez large pour tous se voir et se suivre en comparaison des petites ruelles. Mouette regrettait de ne pas pouvoir ordonner de dispersion. Il savait qu’ils étaient trop visible, trop facilement repérable. Malheureusement, ils étaient en terrain inconnu : ne connaissant pas les lieux, aucun point de rendez-vous ne pouvait être fixé. De plus, Akropolis était si grande que même si leur groupe était visiblement nombreux, les repérer nécessiterait beaucoup de chance de la part de leurs poursuivants qu’ils avaient déjà semer à leur arriver ici. Leurs tenues de Marine bien cachés sous d’autres vêtements, la petite troupe évoluait donc afin de trouver une autre planque, la précédente étant compromise par le départ des lieutenants Skreel et Nigor ainsi que la Sergente-cheffe Anastaria. C’était triste pour eux, mais il fallait d’abord s’assurer d’être hors de danger. S’ils étaient capturés, il serait encore possible de s’infiltrer pour les libérer, mais s’ils ne revenaient pas et conduisaient les autorités locales jusqu’à leur planque tout cela aurait été vain. Cela peinait visiblement le contre-amiral de devoir laisser derrière trois de ses hommes, surtout quand il ne restait plus grand monde parmi ceux qui avaient pris la mer à ses côtés pour effectuer cette mission. Mouette le ressentait clairement, son supérieur s’en voulait horriblement d’avoir conduit tant de personnes à la mort, mais s’ils parvenaient à quitter les lieux et rentrer à la base, tout ces sacrifices ne seraient pas vain. C’était à cet espoir que Boris Boros se raccrochait pour continuer à avancer. Sa main restait posé sur le pommeau de son katana trônant à sa ceinture qu’il n’était pas parvenu à camoufler. Akaryu, nom donné en référence à l’amiral légendaire de la Marine, l’accompagnait désormais depuis une décennie. C’était un compagnon de route à part entière et il espérait que celui-ci lui porterait chance à nouveau.

-C’est quoi ça ?

Le colonel Mutatron avait levé la tête pour observer le ciel. Des créatures semblaient s’y mouvoir et s’approcher.

-On ne va plus tarder à être repérer. Planquons nous rapidement, réagit Mouette.

-Il est trop tard, répliqua Egtor. Je pense qu’ils nous ont déjà repéré. Dès qu’ils l’auront annoncés à leurs compagnons, nous serons fait comme des rats. Laissez-moi me charger de ces bestioles.

Sortant le fusil dépliable qu’il cachait dans un sac, le colonel renommé à un peu moins d’une vingtaine de millions de berry pointa le canon de son arme sur les camarades de Yashin, qui avaient donc déjà pu repérer le groupe vu le temps que les mouettes avaient prises avant de remarque leur présence. La détonation se fit entendre tandis qu’une première balle filait droit en direction de Veronica. Une seconde détonation ne tarda pas, indiquant le second tir qui visait le dragon. Il s’agissait de deux balles explosives, une des spécialités de ce colonel issu du G-5 et qui tirait plusieurs de ses cicatrices de la confrontation avec les troupes d’Hadès lors de l’assaut durant la Rêverie.

-Je vous attends ! hurla le colonel Mutatron.

Les compagnons de Yashin Archer avaient réussi à braver les tirs d’Egtor pour retourner auprès du triérarque en vie. Veronica y avait laissé plusieurs plumes et l’une des blessures semblait particulièrement grave. Yashin, le cœur en rage, s’était élancé dans la direction indiqué pour retrouver celui qui était parvenu à faire cela. Couvrant la fuite de ses camarades, l’officier qui gardait le fusil à la main ne se laissa pas impressionné par la furie qui se dirigeait vers lui. Il sacrifierait sa vie pour ses camarades s’il le fallait, comme le colonel Gatruck l’avait fait pour lui face aux soldats d’Hadès lors de la bataille du G-5. L’image du corps déchiqueté de Gatruck revenait en effet dans la mémoire du Mutraton, ravivant la douleur des cicatrices qui ornait son corps. S’il avait survécu à ce jour funeste, c’était peut-être pour cet instant ? Egtor était prêt à tout donner pour les siens. Il leva son fusil et tira une de ses balles explosives qui stoppa l’élan de Yashin. C’est alors que Penthésilée tomba du ciel, ayant sauté du toit d’une maison adjacente. La lance se planta dans le sol de la ruelle et déclencha alors une vague de froid qui vint geler la zone sur trois mètres de rayons autour d’elle. Le mécanisme de mise à feu du fusil du colonel ne voulait plus répondre. Le gel avait affecté tant la poudre que le silex qui était bloqué dans sa position.

-Merde ! pesta alors Egtor qui sortis sa dague comme ultime moyen de défense. Vous ne nous aurez jamais.

[b]-Nous n’avons pas l’intention de tuer quiconque, tenta Kosenjobi en s’approchant tandis que des soldats tentaient de calmer Yashin. Nous voulons simplement que vous quittiez cette ville le plus tôt possible.

-Pourquoi vous croirais-je ?

Il balança son fusil en direction du Minamoto, poussant ce dernier à réagir au quart de tour. Dégainant son meitou à la vitesse de l’éclair, le vieux samouraï trancha l’arme à feu dans un tonnerre électrique issu de son style pur. Brandissant sa dague contre Penthésilée au même moment, Egtor poussa cette dernière à parer avec sa lance et à contre-attaqué pour neutraliser le gouvernemental. L’une des pointes s’enfonça ainsi dans la joue du Mutraton qui serra les dents pour surmonter la douleur. La douleur le paralysa néanmoins suffisamment de temps pour que Kosenjobi s’approche et lui assène dans le ventre un terrible coup de pommeau qui souleva l’estomac du pauvre colonel qui ne parvint pas à retenir l’envie de vomir que cela avait provoqué chez lui. Le liquide âpre et granuleux se déversa ainsi sur le sol tandis qu’il se tenait à quatre pattes au sol. Tandis que Penthésilée récupérait la dague, le Minamoto rengainait son arme et se plaça accroupi à côté du Mutatron.

-Ils ont continués dans quelle direction ?

Egtor garda le silence. Soupirant, l’Hétaire fit un signe de tête aux miliciens qui vinrent récupérer le colonel tireur pour le mettre aux arrêts, entravant ses mains par des menottes classiques. Les deux éminents triérarques s’échangent un regard avant d’observer la situation de Yashin qui ne semblait pas vouloir se calmer.

-Bon, nous allons continuer sans lui je pense, souleva la Commandante des Sentinelles.

-Il n’y a pas vingt mille possibilités à partir d’ici. Il y a une route qui descend et une qui remonte. S’ils pensent que nous les cherchons aux alentours de l’Asphodèle, il vaudrait mieux parié sur le fait qu’ils ont montés.

-Bien, je te suis. Allons attraper ces vauriens.

Le samouraï et la sentinelle sautèrent ensemble d’un toit et se mirent à courir droit en direction du groupe qui se dessinait plus loin. La course-poursuite touchait bientôt à son terme.

-Les voilà ! lança la triérarque.

-Enfin.

Les Gouvernementaux de leurs côtés commençaient à sentir la menace se refermer sur eux. Mouette grommelait tout seul avant de se tourner vers son contre-amiral.

-Pardonnez-moi, j’ai échoué dans ma mission.

-Ce n’est pas le moment pour colonelle. Il nous faut réagir et lutter pour notre survie, décida Boris Boros. C’est à nous de les affronter, d’affronter notre destinée.

Mettant finalement un terme à la course qu’ils avaient entamés dans l’espoir d’échapper à leurs poursuivants, les deux officiers de la Marine observèrent les deux ennemis qui se dirigeait vers eux. Boris eu un rictus de sourire en constatant que l’épéiste qu’il allait affronter avait la même coiffure que lui. Mais il ne fallait pas se laisser être déconcentré, alors il dégaina Akaryu qu’il pointa en direction de l’individu en tenue de samouraï en attendant de voir les premières actions de celui-ci.

Mouette de son côté ne se fit pas prié pour s’élancer en soru sur Penthésilée qui para l’assaut à l’aide de sa lance. Dégainant son shigan, l’ancien agent du Cipher Pol 2 fit face au Perce-Froid de la redoutable pirate qui, par cette technique, parviendrait à fragiliser les articulations des mains de son opposant afin de réduire sa capacité à employer ses doigts pour le shigan. Comprenant cela, Mouette se recula et prépara une charge en tekkai afin d’éviter d’envoyer ses mains au contact de l’arme refroidissante. Faisant tournoyer Thrace, Penthésilée l’utilisa comme s’il s’agissait d’une épée ou d’une hache et l’abattit sur le gouvernemental qui voulait s’en prendre à elle, interrompant sa charge dans un déferlement d’énergie qui prit la forme d’une onde de choc qui fit vrombir l’air et souleva la poussière dans les environs.

-Rendez-vous, insista la Commandante des Sentinelles.

-Nous ne vous laisserons pas accéder aux informations précieuses que nous détenons sous le Gouvernement Mondial. Plutôt mourir que de collaborer avec des pirates, répondit alors l’ancien agent du Cipher Pol 2 qui conservait dans cet aspect les pratiques et la loyauté datant de cette époque de sa vie.

Se reculant, Penthésilée arma son bras en le reculant, puis fit tourner son arme autour de son propre axe avant de l’avancer et frapper le vide devant elle. Une « balle » de froid se dirigea alors vers Mouette qui utilisa le Kami-e en plein pour esquiver. Roulant sur le sol, il se releva pour effectuer un rankyaku millimétré qu’intercepta néanmoins la Commandante des Sentinelles avec l’autre extrémité de Thrace. La lutte de force entre les deux adversaires tournant à l’avantage de la flibustière, le gouvernemental rompit le contact, mais n’avait pas prévu que Penthésilée réplique immédiatement en faisant tourner son arme et plongeant ses quatre pointes dans le sol pour déstabiliser les appuis du martialiste. Plongeant ses mais au sol pour prendre appui sur celles-ci, Mouette tenta un nouveau rankyaku à bout portant pour éviter une nouvelle attaque, néanmoins la triérarque parvint à placer le long manche de son arme dans la trajectoire et de s’en servir pour scinder en deux l’attaque tranchante qui la visait.

-Ne croyez pas que c’est finis pour moi ! lança l’ancien agent du Cipher Pol 2.

Replaçant ses pieds sur le sol, il chercha à se redresser, mais son adversaire donna un virulent coup de paume vers l’avant qui propulsa sur plusieurs mètres le gouvernemental. Mouette effectua un salto dans les airs pour atterrir sur ses pieds, freinant progressivement lors de son atterrissage en soulevant un peu de poussière au passage. Prenant bien appui, il prépara sa charge suivante et s’élança dans un nouveau soru dans l’espoir de ne pas laisser de temps à Penthésilée qui aurait pu préparer son attaque suivante le cas échéant. Cette dernière se baissa alors et se propulsa elle-même vers l’avant, sans pouvoir atteindre la vitesse du soru bien entendu, afin que son ennemi la percute. Fauché par le choc entre l’épaule de la pirate et ses cuisses, Mouette bascula en avant et retomba dos au sol. Voyant que la triérarque préparait à nouveau Thrace, il ne chercha pas à réfléchir davantage et roula sur le côté avant de se mettre accroupi en lançant un regard noir, pensant que s’il était resté au sol elle l’aurait tué.

-Vous ne m’aurez jamais.

Penthésilée ne dit rien de plus, elle se concentrait à déployer son froid qui suintait presque de sa lance, se répandant dans l’environnement pour faire baisser la température de l’atmosphère à l’endroit où ils se trouvaient. De son côté, Mouette leva le bras et referma sa main sur l’un des galons de la cape-manteau sur ses épaules, la décrochant d’un coup pour la jeter. Cette dernière resta en l’air quelques instants avant d’atteindre le sol.

-Elle me gênait. Je n’avais pas vraiment l’habitude d’en porter avant.

-Faites-donc. Quand vous vous serez décidez à vous rendre faites-moi signe, se contenta de répondre la Commandante des Sentinelles.




De leur côté, Boris et Kosenjobi entamait eux aussi leur combat tandis que, non loin de là, la musique de Soyeon effectuant un concert dans un amphithéâtre s’élevait pour servir de fond sonore à leur opposition. Les lames des deux épéistes se percutèrent dans cliquetis de métal, opposant leurs forces tout comme leurs deux compères l’avait fait de leur côté.

-Vous étiez à North Blue il fut un temps non ? Je crois avoir entendu parlé de vous une fois, releva le contre-amiral.

-Pour ma part, j’ai également vu votre avis de recherche trainé chez les chasseurs de gouvernementaux. J’apprécie vos goûts capillaires en tout cas.

C’était une drôle manière de se saluer, mais c’était la leur. Mettant fin au choc en reculant chacun d’un pas, ils reculèrent leurs lames afin de frapper avec vélocité l’autre dans un déchainement de puissance. Tous deux utilisateurs du iaido, les mouvements de l’acier furent presque imperceptibles, seul le son de la rencontre entre leurs deux armes résonna pour indiquer qu’elles s’étaient rencontrés. Effectuant des mouvements d’arcs de cercles avec leurs bras, les deux opposants répétèrent l’opération trois ou quatre fois. Finalement, Kosenjobi effectua une rotation sur lui-même pour donner plus d’énergie potentielle, de vitesse et de force à son meitou des 50, tranchant l’espace devant au point de créer l’une de ces fameuses lames d’air. Enfonçant ses pieds dans le sol et pliant les jambes pour consolider ses appuis, Boris Boros leva son bras et le plia afin que son poing vienne devant son visage. Utilisant le tekkai, il se servit de la forme de son corps pour que son poigné vienne ceindre en deux la lame d’air qui se détacha ainsi en deux morceaux qui finirent dans le décor.

Le gouvernemental sauta alors sur un mur, se réceptionnant avec un seul de ses pieds pour enchaîner avec un second saut en direction de son antagoniste, levant son arme au-dessus de sa tête afin d’effectuer d’abattre sa lame de haut en bas. Rengainant son arme en faisant un pas de côté, le Minamoto attendit que ladite lame d’Akaryu passe l’horizontal avant de lui-même dégainer son arme avec une célérité certaine afin d’essayer d’atteindre les bras de l’homme aux galons de contre-amiral. Ce dernier réagit suffisamment vite pour venir protéger son bras avec son poing après qu’une de ses mains ait lâché le manche d’Akaryu. Profitant lui-même que l’Hétaire de la Ligue soit occupé par sa propre atteindre et doive attendre la fin de son inertie pour réagir, d’un mouvement de poigné, dès que ses pieds touchèrent le sol, le Boros fit pivoter sa lame pour directement donné un coup en direction du visage du samouraï. L’éraflure sur la joue ne tarda pas à apparaître tandis que le Minamoto avança d’un pas pour donner un coup de coude dans le plexus solaire de son antagoniste ainsi l’obliger physiquement à reculer. L’officier de la Marine leva son katana et prit la lame dans une de ses mains, l’approchant de son visage, puis il ouvrit sa bouche et déversa un déluge d’ondes sonores dessus, parvenant à faire vibrer l’acier avec moins d’efficacité que le hasshoken mais dans une démarche surprenante. Kosenjobi de son côté avait froncé les sourcils, grimaçant de douleurs sous l’effet du hurlement provoqué par le retour à la vie des cordes vocales du contre-amiral. Ce dernier profita donc de la déstabilisation du pirate pour foncer vers lui et lui asséner une attaque précise. Ame no Nuhoko percuta en effet Akaryu, néanmoins cette dernière, vibrant, repoussa par ses ondulations le métal du meitou et s’ouvrit une voie vers le torse du flibustier. Ce dernier parvint néanmoins à attraper le plat de la lame avec les quatre doigts, en dehors du pouce, de l’autre main afin d’empêcher l’attaque de le toucher.

-Drôle de style de combat, commenta le vieillard.

-Ce n’est pas finis vous savez.

Sautant en arrière chacun de l’autre côté, ils dégainèrent à la vitesse de l’éclair dans un déplacement ultrarapide pour rengainer en terminer : un « slash » d’épéiste dans les règles de l’art. Les traces de leurs attaques dans l’air se rencontrèrent pour former une croix, situé à mi-chemi de leurs dos respectifs. Quand ils pivotèrent pour se faire à nouveau face, Boris ouvrit la bouche pour générer un tunnel d’ondes sonores extrêmement stridentes qui désarçonnèrent momentanément Kosenjobi, suffisamment longtemps pour l’officier haut-gradé se rapproche et menace à nouveau son torse avec Akaryu. C’est alors que le Minamoto commença lui aussi à sortir ses cartes techniques.

-Gohonbashira.

Son Tranche-Foudre se déploya à partir de sa lame et prit bientôt la forme d’un projectile qui se dirigea vers l’arme de son antagoniste. L’électricité se répandit dans la matière conductrice et vint secouer d’une décharge électrique tout le corps du Boros. Profitant à son tour d’un moment où son adversaire était déstabilisé, l’Hétaire de la Ligue Egéenne de Milon décida de frapper le visage du gouvernemental. Néanmoins, vu leur rapprochement actuel, il n’avait pas l’amplitude nécessaire pour amener le tranchant dans les temps, alors il effectua une frappe du pommeau en plein dans la gorge de Boris qui déglutit et recula de deux pas en se tenant le coup. Dans un kata précis, tranchant le vide devant lui, mouvement servant normalement  à enlever le sang du métal, afin d’ensuite rengainer dans un mouvement fluide, Kosenjobi se remit en posture, la main sur le main d’Ame no Nuhoko. Il semblait attendre dans cette position, mais en vérité il gorgeait son meitou de foudre. Le représentant de l’amirauté ouvrit alors à nouveau la bouche, mais se focalisant entièrement sur le fluide perceptif, il parvint à faire abstraction pour cette vague-ci.

-Raijin ga sora o kitta.

Dégainant alors vers le ciel, il y envoya une boule d’électricité à quelques mètres au-dessus, relié à la pointe d’Ame no Nuhoko par un fin filament lié à l’effet de pointe électrique. Abattant alors verticalement sa lame, l’électricité contenu dans la sphère s’abattit alors sur le contre-amiral qui lâcha un cri de douleur face à cet éclair. Fumant encore, ce dernier fit abstraction de la douleur et créa une lame d’air qui vint entailler le bras du Minamoto pendant que ce dernier rengainait.

-Jolie technique je dois l’avouer, répliqua alors le Boros, provoquant un sourire chez son opposant.

Thrace tournoyait au milieu de la paume de la combattante, se transformant en une véritable scie circulaire qui balayait l’espace. Arrêtant sa course, en plaçant sa deuxième main afin d’attraper la lance en mettant un écart maximum entre ses deux bras, Penthésilée abattit l’arme dans un hurlement, signe qu’elle y mettait une grande partie de sa force physique. L’arme vint toucher le sol dans une vague de froid qui se répandit dans l’air tout en générant une lame d’air que Mouette repoussa vers un mur en mobilisant toute sa maîtrise du rokushiki. La sueur commençait à coller ses vêtements à sa peau, chose encore plus désagréable quand le froid venait mordre sa peau. Il allait certainement attraper froid justement. Il sera d’autant plus les dents quand il vit une sorte de crinières de glace se diriger vers lui. En effet, en plus de la lame d’air généré par le mouvement, Penthésilée avait déployé son style pur au sol, générant de la glace devant elle. Des blocs sortaient du sol en ligne droite, prenant la forme de cristaux ou de stalagmite. Prenant appui, le colonel tenta de sauter sur le côté, mais il avait réagit trop tard. L’un des derniers stalagmite à pousser vint frapper son pied et même emprisonner celui dans la glace. Puisqu’il était en plein bond, le reste du corps de l’ancien agent du Cipher Pol ne put pas terminer son action et fut rappeler au sol par la gravité, s’étalant misérablement face contre terre dans un choc qui résonna dans sa mâchoire.

Frappant du poing sur la pierre, Mouette utilisa un rankyaku pour s’extraire de l’étau de glace, continuant son mouvement pour dessiner une spirale et tenter de repousser Penthésilée qui s’approchait inéluctablement. Cette dernière trancha l’attaque d’un coup de lance tandis que le colonel joignait ses pieds et s’élançait, les cinq doigts de la main en shigan, en direction de la ligueuse. Cette dernière abaissa alors sa lance qu’elle tenait toujours à deux mains. C’est ainsi non une extrémité mais le long manche de l’arme qui vint percuter perpendiculairement la main qui tentait le coup. Celle-ci fut ainsi détournée en direction du sol dans lequel elle s’enfonça. La Triérarque tenta de donner un coup de pommeau, qui pour Thrace était pointu, afin de transpercer l’épaule de son adversaire. Celui-ci ne se dégagea pas suffisamment rapidement pour y échapper, à cause de la pierre qui retenait sa main et nécessité d’user de la force pour s’extraire, et le sang commençait à couler sur le costume du gouvernemental. Ce dernier recula à nouveau et vint saisir sa cape qui trainait toujours ici, il la balança en direction de son adversaire afin de masquer sa vision quelques instants et tenter de contourner avec le soru pour attaquer par derrière. Dans un mouvement circulaire, Penthésilée trancha en deux le vêtement et continua le mouvement, ayant fait appel à sa maîtrise du haki de l’observation pour comprendre que son ennemi ne se trouvait plus devant et tenter une manœuvre par derrière. N’ayant pas le temps de faire volteface, elle plongea plutôt sa lance dans le sol entre ses jambes et généra un pic de glace qui vint se placer dans son dos pour se protéger. C’est ainsi que Mouette perça avec un shigan non la colonne vertébrale de sa cible mais le pic. Au contact de la matière gelé, son corps s’engourdit encore un peu plus. Un frisson le parcourait alors qu’il reculait une nouvelle fois pour prendre de la distance et analyser la situation. Plus le combat se prolongeait, plus l’avantage serait important pour la ligueuse qui employait des stratégies réfléchies et maîtrisées pour ralentir et mettre en danger ses adversaires.

-Tu ne tiendras plus très longtemps, nota d’arrière cette dernière qui se remettait en position face à l’ancien agent du Cipher Pol qui compressait sa blessure à l’épaule avec une de ses mains.

-Ne sous-estime pas le rokushiki.

Il fondit en un soru provocateur vers son opposante qui ne se laissa pas impressionné, son haki de l’observation l’avertissant largement de l’assaut. Elle bloqua ainsi la main du colonel entre deux des pointes-lames de trace avant de donner un coup du manche dans le nez de Mouette qui recula d’un pas, laissant échapper un mince filet de sang de l’une de ses narines. Balayant à nouveau l’air en faisant des mouvements de rotation avec sa terrible arme, Penthésilée se concentrait sur l’attitude du gouvernemental.

-Nous ne voulons pas vous tuer, alors rendez-vous je vous en prie.

-Je n’ai pas de raison de croire des pirates et je ne laisserai pas nos biens tomber entre vos mains de flibustier.

La ligueuse se contenta de hausser les épaules. Contrairement à des triérarques comme Konsejobi, Penthésilée n’était pas une stratège mais une combattante. Certes, elle réfléchissait à des tactiques de combat pour elle, mais ce n’était pas elle généralement qui assurait des responsabilités très importantes : elle commandait à l’échelle des unités et équipages qu’on lui fournissait, suivant les instructions et ordres et s’y appliquant, quitte à parfois improvisé. Elle n’avait donc pas non plus les arguments les plus incisifs pour essayer de convaincre un gouvernemental, surtout elle qui n’avait jamais vécu hors du Nouveau Monde, et même hors du Nouveau Monde pirate. Elle n’était pas familière à la pensée gouvernementale contrairement aux pirates ayant traversés Grandline.

-Rankyakuuuu.

-Casse-Blizzard !

Les deux attaques se percutèrent dans un éclat de froid.




Les coups s’enchainaient. Le contre-amiral reçu une nouvelle taillade au bras, encaissant une nouvelle décharge d’électricité qui fit légèrement fumer son bras. Néanmoins, en réponse, Boris lacéra le ventre du Minamoto. Tournant tout les deux sur eux-mêmes, leurs lames se percutèrent à nouveau en déchargeant l’énergie cinétique accumulés dans le mouvement. Alors qu’un flot électrique entourait à nouveau le meitou de Kosenjobi, son opposant de son côté lâcha un cri strident, généré par ses cordes vocales, afin de faire vibrer le samouraï ainsi que le sol sous ses pieds. Les fissures furent suffisantes pour déstabiliser les appuis de Kosenjobi qui à cause de cela loupa son attaque suivante, manquant de précision et loupant d’un centimètre le corps du gouvernemental qui en profita pour repousser le katana adverse avec le plat de sa propre arme. Celle-ci était orienté vers le bas, et d’un mouvement sec du poignet il la réorienta afin de tenter une attaque d’estoc qui effleura celui que l’on surnommait Nobunaga, coupant uniquement deux poils de son bouc. Les deux sabreurs n’avaient alors plus que leurs bras libres de disponible pour poursuivre dans le même enchainement. Ainsi, Boris pivota et tenta de donner un coup de coude dans le visage. Le Minamoto recula la tête pour ne pas être touché, néanmoins le contre-amiral fit appel au retour à la vie de la peau afin d’accumuler des couches de peau sur le coude et combler l’écart qui le séparait de la tête de son adversaire qui se prit finalement bien ce coup de coude difforme dans la joue. Kosenjobi passa alors le bras en dessous de celui de son adversaire afin de tenter de crocheter l’intérieur du coude du gouvernemental. Ce dernier se décida alors à effectuer une roulade sur le côté pour abandonner l’enchaînement actuel et préparer une autre confrontation.

À nouveau, leurs lames vinrent se percuter, une fois, deux fois, trois fois. Le métal vibrait, le son crissait, les yeux se plissaient. Les armes frottèrent l’une sur l’autre, glissant en émettant parfois une ou deux étincelles. À mesure que les coups s’échangeaient entre eux, dans une danse macabre qui n’en finissait pas, le Boros sentait l’affaiblissement de son arme. Le lien qui l’unissait à son arme était fort, comme c’était le cas pour son adversaire et bon nombre d’autres adversaires. Les bretteurs, à partir d’un certain niveau, savaient entrer en communion avec les épées qu’ils utilisaient et cela était encore davantage facilité lorsque l’on maniait l’arme en question depuis longtemps. Et en l’occurrence, Boris ne pouvait que ressentir les perturbations dans le souffle de la lame, les microfissures qui venaient gangréner ses attaques et amputés petits à petits de la vélocité à l’aérodynamisme, microseconde par microseconde. La confrontation était pourtant trop intense pour que le contre-amiral s’arrête dans la multitude de coups. Cela devait maintenant faire trente secondes affilés qu’ils échangeaient ainsi coups sur coups, confrontant leurs attaques sans autre forme de techniques. Rompre le flux des coups c’était s’exposer à ce que l’attaque suivante soit celle qui perce au travers de la garde et vienne toucher au but. Finalement, c’est dans un ultime choc que chacun fut contraint de reculer. La puissance de l’impact était en effet si grand qu’il généra une onde de choc qui les repoussa chacun dans la direction opposé et souleva la poussière des alentours. Dans une série de trois dans le vide constituant un kata, Boris se repositionna en resserrant ses deux mains sur le manche d’Akaryu tandis que Kosenjobi rengainait une nouvelle fois Ame No Nuhoko tout en libérant davantage son fluide perceptif afin de percevoir les voix environnantes d’autant plus intensément. Lui aussi ressentait le souffle des objets, autant celui de son meitou que celui du katana adverse. Ce dernier, d’aussi belle facture puisse-t-il être, ne parvenait pas faire le poids face à l’une des cinquante lames de qualité supérieure. Il fallait encore un peu pousser l’affrontement pour priver le contre-amiral de son arme et le contraindre à se rendre.

Dégainant Ame No Nuhoko en s’élançant à une vitesse phénoménale et dans une « explosion » d’arcs électriques, Kosenjobi fondit sur le gouvernemental qui n’eut pas suffisamment le temps d’anticiper et encaissa le choc à l’aide d’Akaryu. Déstabiliser par le choc, l’officier de la Marine se sentit partir en arrière et dû ramener son poids vers l’avant pour pas se laisser embarquer par le mouvement de ses mains et de son arme. De son côté, le Minamoto revint encore à la charge afin de donner une série de trois coups qui se transformèrent en lames d’air horizontales. Raffermissant ses appuis à temps, Boris trancha verticalement les trois attaques qui se dirigeaient vers lui, les transformant en six petites lames d’air qui se perdirent dans le décor. Lâchant un nouveau ensemble d’ondes sonores dangereuses, il cloua sur place le triérarque pendant quelques secondes. Le Boros enchaina donc en venant donner un coup d’épée, ses deux mains sur le manche, afin de trancher en diagonal le flibustier qu’il confrontait. Ce dernier serra les dents alors que le sang coulait de la blessure qu’il arborait désormais, mais en profita surtout pour venir administrer un coup de poing dans le visage de Boris qui était encore entraîner par le mouvement de son attaque. Les phalanges vinrent toucher les dents au travers de la joue et il envoya au sol son adversaire qui roula dans la poussière avant de se redresser en crachant une gerbe de sang.

Ils s’élancèrent une nouvelle fois l’un vers l’autre pour s’échanger un coup. Ame no Nuhoko et Akaryu se rencontrèrent une ultime fois et les deux opposants firent quelques mètres de plus avant de s’arrêter, dos face au dos de l’ennemi. C’est alors qu’Akaryu rendit son souffle. Le meitou venait de sectionner en son milieu le sabre du contre-amiral. La partie supérieure tomba ainsi au sol sous le regard de Boris dont les yeux se remplissaient d’émotions. Cette arme l’accompagnait depuis longtemps et il avait pu la faire forger en récompense d’une mission, une récompense offerte par son supérieur de l’époque qui avait malheureusement périt au cours de la bataille de Marineford contre Centes Décima. Kosenjobi observa avec compassion la situation de son antagoniste.

-Cessez de résister maintenant.

Pourtant, le fluide perceptif lui faisait sentir que l’officier de la Marine n’en avait pas fini, il n’abandonnait pas. En effet, ce dernier se pencha et ramassa le haut de la lame d’Akaryu qu’il vint poser sur la partie basse, comme s’il reconstituait un puzzle. Apposant sa main, refermant sa paume sur la coupe, il se concentra. C’est alors qu’il déploya son retour à la vie de la peau. Son épiderme vint s’infiltrer dans la coupure et remonta légèrement sur les bords. Il venait tout simplement de resouder Akaryu à l’aide de sa capacité particulière. Détachant sa main d’un coup sec afin de rompre le lien entre sa paume et la peau qui maintenait l’intégrité du katana, Boris présenta l’arme au Minamoto.

-Je ne crois pas non.

Kosenjobi lâcha un nouveau petit sourire en coin, surpris d’un tel retournement de situation. Alors qu’il se remettait en garde, il se rendit alors compte que désormais le Boros recouvrait sa lame, et la peau qui la soudait, d’une couche de haki de l’armement qui empêcherait le samouraï de couper à nouveau le sabre.

-Ha…

Sa poitrine se gonflait et se rétrécissait à un rythme régulier, lâchant de sa bouche une vapeur visible en raison du froid ambiant, alors qu’il se cachait derrière un coin de maison. Il se pencha légèrement afin de chercher du regard son adversaire. Penthésilée trônait toujours au milieu de la ruelle, tenant fermement sa lance comme une garde refusant qu’un ennemi ne passe l’endroit qu’on lui avait demander de surveiller. Quelques rictus de douleurs vinrent barrer le visage de l’agent du Cipher Pol qui porta sa main jusqu’à son épaule blessé qui, désormais, était en plus recouverte d’un bloc de glace. Après s’être ironiquement questionner sur la faisabilité de créer ainsi une armure de glace pour des combattants, Mouette essayait de prendre du temps pour analyser l’environnement et envisager de nouvelles approches. S’il se précipitait, il risquait d’y laisser des plumes… Et vu son état actuel, une blessure de plus pourrait certainement le mettre hors-jeu. Grinçant des dents, il fit aller son bras non encombré par la glace afin d’échauffer un peu son articulation avant d’agir. C’est alors que Penthésilée leva la voix.

-Combien de temps vas-tu encore te cacher derrière ce mur ?

Elle savait qu’il était là mais ne comptait pas venir le chercher, évitant ainsi de tomber dans un éventuel piège. Pestant, Mouette, dont la chevelure était désormais dérangée avec ses mèches plaqués en vracs sur son front dans un désordre contrebalançant le soin qu’il y mettait d’habitude, quitta sa cache, esquivant au dernier moment un projectile d’air que la triérarque avait généré d’un coup de lance. Cette dernière continuait à refroidir l’air ambiant en y faisant tomber des particules de glaces comme des flocons, à partir de Thrace. Ainsi, l’officier de la Marine sentait véritablement le gel venir lécher ses nerfs, la sensation glaciale s’insinuant jusqu’à son cerveau pour l’alerter des conditions défavorables dans lesquelles il se trouvait. Frigorifié, tremblant sans pouvoir sans empêcher, Mouette décida donc finalement de quitter les lieux pour entraîner son adversaire ailleurs, en espérant pouvoir arriver dans une zone de température ambiante plus élevé qui contraindrait en plus son opposante à reprendre de zéro la congélation de la zone d’affrontement. Néanmoins, en plein soru, son pied glissa sur une plaque de gel qui se formait, le contraignant à se rouler sur le sol avant de repartir de plus belle, la triérarque à ses trousses n’étant pas prête à le laisser filer. Le haki de l’observation de Penthésilée lui permettait en effet de suivre les déplacements de cet adversaire qui jouait bien trop au chat et à la souris avec elle. Il était clair que sur le papier elle avait l’avantage. Elle dominait l’affrontement et ce dernier était encore en état de se battre peut être car la flibustière n’avait aucunement l’intention de tuer le gouvernemental. En tout cas, elle ne tarda pas à rattraper le colonel qui frottait la plaque de glace sur son épaule en espérant pouvoir la faire fondre un peu plus vite et retrouver de la mobilité.

La Commandante des Sentinelles avait assez fait traîner les choses, il était temps de conclure. Elle courut donc en direction de sa cible qui esquiva sur le côté, prêt à la décocher un rankyaku. Néanmoins, l’extrémité basse de Thrace vint intercepter la jambe, empêchant la technique du rokushiki d’être employé. Suite à cela, elle vint attraper d’une main le cop du colonel, l’approcha et le fit passer par-dessus sa jambe et son épaule et de son épaule en le faisant glisser le long du dos, la célèbre technique de judo appelé projection par une épaule. Elle vint ensuite planter Thrace de manière à ce que la gorge de son ennemi se trouve coincé entre deux des pics, la lame de l’une d’elle étant donc posé contre la jugulaire, faisant pression sur elle.

-Restez calme maintenant. Je vous arrête pour intrusion en territoire ligueur sans autorisation diplomatique.

Venant poser un genou contre la poitrine de Mouette, elle vint attacher les mains de celui-ci afin de marquer sa captivité.




-Ten no ikari.

Kosenjobi dégaina à une vitesse prodigieuse, générant une lame d’air imprégné d’électricité, fondant sur Boris qui utilisa son haki de l’armement pour s’occuper une nouvelle fois de détruire le projectile aérien de son adversaire. Le contre-amiral s’approcha et lacéra le bras de son antagoniste à l’aide d’Akaryu, tandis que le Minamoto leva la jambe et administra un coup de pied dans le ventre de l’officier de la Marine. Les petites blessures commençaient à se multiplier et l’hétaire de la Ligue Egéenne de Milon sentait la situation se complexifier pour lui. Depuis que le contre-amiral avait révélé sa maîtrise du fluide offensif, aucune des attaques du samouraï ne parvenait à réellement faire de dommages. De plus, le sabre reconstitué grâce au retour à la vie tenait bon en dépit des tentatives de le fendre à nouveau. Armant son bras, Kosenjobi s’élança à nouveau à grande vitesse vers son ennemi pour tenter de le trancher, mais ce dernier se protégea encore à l’aide du fluide. Quelques arcs électriques touchèrent sa peau, mais sans laisser trop de marques. Ce dernier riposta, mais les coups ne touchèrent pas en raison du haki de l’observation du triérarque. Les hakis qu’ils maîtrisaient étaient opposés et cela ne faisait que rallonger encore leur duel. Le Boros s’en revint dans une énième tentative à laquelle le Minamoto répondit en bloquant la lame avec le manche de son meitou avant de la faire tourner de 180° afin de détourner le coup. Suite à cela, celui que l’on surnommait Nobunaga tenta d’en profiter pour trancher le gouvernemental à la poitrine, mais ce dernier attrapa le poignet du flibustier pour mettre un terme à l’enchainement. D’un coup de poing, il fit reculer le pirate qui vint essuyer le filet de sang qui descendait de son sourcil à son menton.

Boris utilisait à nouveau son retour à la vie des cordes vocales pour faire vibrer Akaryu et préparait une attaque dévastatrice par la même occasion. Le conseiller militaire de Rébéna essayait de réfléchir à un moyen de faire pencher la balance de son côté, mais rien ne lui vint avant que son adversaire ne déclenche son attaque. Même si Kosenjobi parvint à intercepter la lame adverse avec son propre meitou, les vibrations se répercutèrent dans sa propre lame et la conduisit elle-même à se détourner, laissant le champ libre au contre-amiral qui vint lacérer l’intérieur de l’avant-bras du flibustier avant de tenter de donner un second coup qui fut intercepter par un coup de pied du samouraï en direction de l’avant-bras tenant Akaryu. La musique du concert de So-yeon en arrière continuait à marquer le rythme et c’est alors que cette dernière dans le stade utilisa sa capacité à générer des illusions visuelles grâce au son intervint dans le combat. Les couleurs apparurent en négatifs aux yeux des deux adversaires. Cela ne changeait pas intrinsèquement grand-chose à la situation, néanmoins c’était un point perturbant pouvant générer des déconcentrations. Le Minamoto, plus habitué à ce phénomène que son opposant, s’élança ainsi en premier, dégainant à une vitesse incroyable pour venir sectionner le bras de l’officier de la Marine. Ce dernier se protégea de justesse en créant avec son retour à la vie un coussin de peau qu’il protégea à l’aide de son fluide offensif, faute de quoi il aurait peut-être même perdu entièrement son bras. Faisant quelques pas supplémentaires tout en décélérant, l’hétaire observa les environs, pensif.

Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas été confronté à pareil obstacle. Peu importe comment il abordait la chose, le contre-amiral avait tout juste le temps de réaction suffisant pour se protéger des attaques grâce à ce fichu fluide. Pourtant, c’était bien le pirate qui avait faillit l’emporté en tranchant Akaryu. Une forme de frustration grandissait en lui. Cela ne pouvait pas être maintenant qu’il échouait : pas à Akropolis, pas avant même que la guerre soit lancée, pas contre un adversaire s’étant introduit et qui serait maîtrisé par quelqu’un d’autre s’il échouait. Ce serait pas simplement humiliant, ce serait le signe qu’il devrait se retirer. Kosenjobi s’était entraîné toute sa vie, s’était hissé dans les sommets de la Ligue et pouvait avoir une place dans un empire, compensant le royaume que ses ancêtres avaient perdu et inscrivant leur famille dans un pays où ils pourraient trouver la sécurité. Cet adversaire en plus n’était même pas vice-amiral quand bien même il pouvait en avoir le niveau. Ce serait une désillusion en somme. Il était hors de question de perdre maintenant. Il ne pouvait pas accepter la défaite avant la chute d’Hadès, ce n’est qu’à partir de ce moment qu’il pourrait perdre. La détermination galvanisait le bretteur, gonflant ses veines, nourrissant son esprit du désir du triomphe, la volonté implacable ressurgissant des tréfonds des organes. Une sorte de puissance ensommeillé semblait soudainement l’inonder alors que son haki de l’observation semblait au même moment plus affuté que jamais, sentant même le souffle de la matière de manière plus clair sur sa peau, le souffle du meitou venant embraser de courage sa main. Une force inéluctable sortait de lui pour éclairer les ténèbres de l’illusion auditive de Se-yeon tandis que le contre-amiral combinait ses deux retours à la vie, le premier pour faire vibrer Akaryu et le second pour préparer d’autres coussins de peau pour se préparer à protéger son corps.

-Sangeki.

Le Minamoto, la main sur le manche d’Ame no Nuhoko, généra une énorme boule de foudre instable avant de fondre à une vitesse se rapprochant du soru vers son adversaire tout en dégainant son katana pour se retrouver derrière sa cible. C’est alors que l’électricité de ladite boule de foudre se laissa attirer par effet de pointe et vint frapper de plein fouet Boris Boros, l’inondant au point que seule une technique d’armure totale de haki l’aurait protégé, le foudroyant dans un beuglement accompagné de convulsion. Perdant conscience durant quelques secondes, cela laissa une fenêtre suffisamment large à Kosenjobi pour revenir au corps à corps et abattre violemment le pommeau de son meitou pour faire lâcher Akaryu à son adversaire et plaquer au sol l’officier de la Marine qui avait assurément besoin lui aussi de quelques soins après cet échauffourée éprouvant.

-Les jeux sont fait, expira le Minamoto entre plusieurs respirations.

Boris Boros émergea finalement des bras de Morphée, ouvrant ses yeux sur une salle de marbre blanche garnit de quelques meubles et décorations. Une mosaïque se trouvait là, représentant une scène datant de l’époque de la Ligue Nauclère, trois archontes y traitant avec des marchands divers dont les pays d’origines étaient représentés implicitement par les marchandises visibles sur leurs bateaux. À quelques pas de lui, assis sur un fauteuil se trouvait le colonel Mouette, attaché aux mains et aux pieds, il ne semblait cependant pas dans un état critique. Quelques bandages garnissaient son corps, notamment son épaule. Fronçant les sourcils sous la douleur, le regard du contre-amiral se porta bientôt sur le lit où il était allongé. Des soins lui avaient été administrés visiblement. Au bureau de cette salle, Kosenjobi, dont le visage et quelques membres avaient aussi eut le droit à quelques bandages, et Penthésilée discutaient ensemble, observant les affaires étalés sur ledit bureau qui étaient celles que les gouvernementaux avaient choisis de transportés sur eux en abandonnant leur navire. Dans le tas se trouvait le fameux Eternal Pose, enjeu de la mission de l’équipage.

-Tu crois qu’il conduit réellement là-bas ? interrogeait la Commandante des Sentinelles.

-Nous le verrons bien en nous préparant… Oh, on dirait que nos invités sont réveillés.

Les deux triérarques se levèrent alors pour approcher du blessé. Mouette ouvrit un peu plus les yeux et se redressa.

-Comment vous sentez-vous contre-amiral ?

-Plutôt bien… Que se passe-t-il ?

-Il semblerait que finalement nous ne soyons pas tomber sur des barbares, notifia l’ancien agent du Cipher Pol.

-Nous avons rassemblés les membres de votre équipage qui ont survécu au naufrage. Lorsque vous serez en état de vous déplacer nous vous donnerons un sloop et quelques vaisseaux vous escorterons jusqu’aux frontières de la Ligue. Là-bas nous vous laisserons vous en retourner au Gouvernement Mondial, expliqua de manière simple, claire et concise la Commandante des Sentinelles.

-Vraiment ? s’interrogea le Boros, suspicieux.

-Nous ne voulons pas entrer en conflit direct avec le Gouvernement Mondial. En tout cas à l’heure actuelle nous n’aurions pas avantage à nous embrouiller avec la Marine, développa Kosenjobi. C’est plus simple d’un point de vue diplomatique ainsi. Ce n’est pas comme si vous aviez délibérément essayés d’attaquer la cité. Cet élément a été pris en compte. Nous allons simplement garder certaines de vos affaires avec nous… En remerciement pour cette charité envers vous.

-Quelles affaires ? s’enquit Mouette également méfiant.

-J’imagine que cela ne va pas vous plaire, mais l’Eternal Pose que vous avez trouvés nous sera très utile et est très important pour nous. Il y a également votre journal de bord dont avons conserver les pages concernant les repères et donc les localisations en rapport avec la Ligue. Enfin, il y a aussi le sablier qui porte le jolly roger d’Hadès que nous conserverons.

-Nous n’avons pas le choix j’imagine de toute façon, répliqua le contre-amiral.

Les deux triérarques se contentèrent d’un signe de la tête pour répondre avant que l’hétaire ne reprenne la parole.

-Prenez le temps de vous remettre. Cela ne fait qu’un jour que nous vous avons arrêtés. Profitez du calme pour vous reposer. Votre départ est prévu dans trois jours, en même temps qu’un convoi commercial. Ne soyez pas idiot et ne tentez pas de vous échapper, cela ne servirait à rien. Vous devez bien avoir conscience que nous n’avons aucune raison de vous mentir et de vous faire espérer que vous vous en sortiez vivant.

Les deux gouvernementaux restèrent silencieux.

-Bon, je vais faire un rapport, tu peux continuer de les surveiller Penthésilée ?

-Ne t’en fais pas. À plus tard.

Kosenjobi s’en alla ainsi, laissant derrière lui les gouvernementaux qui malgré eux avaient débarqués à l’improviste en territoire ennemi. Ils avaient de la chance en soit d’avoir dérivés vers un territoire conciliant à leur égard : la Révolution du Nouveau Monde ou les forces d’Erika Orato n’auraient certainement pas été aussi conciliante à leur égard. Même s’ils avaient beaucoup perdus dans cette opération pour ne rien gagner, puisque la Ligue avait récupéré l’Eternal Pose, ils pourraient rentrés vivant chez eux avec la tranquillité d’une escorte.

-Yashin Archer commence à faire ses preuves, même si j’aurais espéré qu’il ait l’occasion de se mesure aux intrus pour pouvoir le confronter à une situation de cas réel, expliquait Kosenjobi dans son bilan. Pour le reste, nous devons vérifier où conduit cet Eternal Pose avant de lancer la guerre.

-En effet. Je pense savoir qui missionner pour faire cela. La phase finale des préparatifs se passe bien, mais nous allons peut-être prendre un peu de retard volontairement, avoua Phoenicia à son homologue, lui aussi conseiller tactique de Rébéna.

-Pourquoi cela ?

-Les premières livraisons auprès des troupes de Kyo Kara ainsi que la première mission d’ambassadrice diplomatique de Médolie à montrer que leur alliance n’était pas encore totalement prête à lancer leur guerre contre Erika pour l’instant. Nous leur fournissons du matériel, nous nous occupons de la logistique et de toute la partie économique pour qu’ils soient dépendant de nous, mais nous ne pouvons pas tout leur fournir d’un coup ou leur offrir de quoi être autonome de notre soutien. Néanmoins, le fait que Kyo Kara se lance contre Erika dans une guerre en même temps que nous contre Hadès est essentiel pour occuper à la fois Kyo Kara et Erika Orato qui ne pourront pas venir grignoter les territoires d’Hadès ou de la Ligue en profitant de notre affrontement. De cette manière, nous pourrons réduire légèrement le dispositif de défense que nous avions prévu face à cette éventualité et nous concentrer sur les frontières avec le Gouvernement Mondial, Eko Taka et Liga D. Tengen.

-Je vois. Cela tiens la route. Nous allons devoir encore reculer un peu la guerre alors, cela sera l’occasion de vérifier nos préparatifs et peut-être nous faire oublier quelques temps par le Tenryon pour avoir quelques opportunités devant nous afin de faciliter la future conquête de l’Empire d’Hadès.

Les deux conseillers se levèrent alors pour observer Akropolis qui s’étendaient devant eux. La cité hellène pourrait réveiller de civilisation et culture, redevenir le cœur d’une puissance qui compte dans la géopolitique et d’une puissance ayant pour objectif de durer, contrairement aux éphémères Empires dynastiques de la piraterie ayant la fâcheuse tendance à s’écrouler. Les deux années à venir qui s’annonçaient seraient celles qui annonceraient l’entrée dans une nouvelle décennie, le début d’une nouvelle ère pour le Nouveau Monde. Comment évoluerait la quête au One Piece si Rébéna parvenait à en faire une époque de stabilité de véritable statu quo, loin des conflits incessants du chaos actuel ? Quels nouvelles opportunités et ambitions pourraient éclore dans un tel contexte ? Il faudrait le vivre pour le voir, pour observer la concrétisation de tous ces projets, et cela passait par là, par Obsidia, la véritable première cible de la stratégie de Blitzkrieg qu’ambitionnait la Ligue Egéenne de Milon afin de souffler sur l’Empire d’Hadès Tenryon comme un château de cartes en dépit de ses ressources en combattants d’élite.

-Ce sera à Kars de mener nos troupes à la victoire là-bas, tandis que son second devra assumer la direction des défenses, ajouta finalement Kosenjobi en levant la main au cœur de laquelle se trouvait l’Eternal Pose à l’hypothétique destination d’Obsidia.

-Je ne sais pas si c’est une sorte de punition de la part de Rébéna pour le fait qu’il ait d’abord refusé de se soumettre, jusqu’à ce qu’elle l’écrase. Enfin, « punition » est un bien grand mot vu que c’est aussi une marque de confiance, mais je pense qu’il y a ce revers de la médaille, de devoir assumer la réussite comme la défaite de cette conquête essentielle à la guerre. Et si jamais les choses semblent tourner mal, ce sera peut-être à toi de prendre la tête des combattants Kosenjobi… Rébéna, seul contre tous de son propre côté, ne pourra pas venir à votre secours.

-Je le sais chère Phoenicia. J’ai à la fois hâte et peur. Après tout, cela serait trop beau que tout se passe comme on le prévoit, nous devons continuer à imaginer les surprises qui nous attendent afin de dompter les imprévus.

Croire en l’invulnérabilité d’une stratégie c’était se condamner à l’impuissance en cas d’échec. La Ligue n’avait pas l’orgueil de considérer que son plan, aussi longtemps murit puisse-t-il être, soit infaillible. Alors finalement… Que se passerait-il sur Obsidia ?