Lorsque le sort s’acharne sur une personne depuis son arrivée sur un territoire alors autant en changé mais Kanäe ne voulait pas se résigner à partir si vite de l’île des sables, elle sentait que quelque chose l’y retenait encore. De plus, malgré toutes ses péripéties sur le territoire aride, la belle avait appris à s’y attacher. Non pas du fait de l’architecture, du climat qui convenait parfaitement à l’organisme animal de la Zoan ou encore de ses retrouvailles avec le Spown mais bien du fait de la découverte magnifique qu’elle avait fait là-bas : ses nouveaux compagnons animaux. Elle avait effectivement rencontré Léon le sprinteur à collerette, Rico le lézard géant avant d’avoir eu la chance de pouvoir acheter Bulle, sa baleine-île. Néanmoins, après ses « retrouvailles » musclées avec l’Archer, la verte ne se sentait plus de rester une seconde de plus sur Alabasta, elle décida donc de quitter l’île mais pour peu de temps seulement. Elle avait entendu parler d’une île à moins d’un jour de voyage du Royaume sablonneux connue et reconnue pour deux spécialités bien diverses : la finesse de la porcelaine et la diversité des fleurs de cactus. Le climat y était légèrement différent de celui d’Alabasta  mais elle restait un territoire sec et chaud. Ce fut donc vers cette destination que la ménagerie et la botaniste décida de mettre les voiles. Une fois tout le monde installé confortablement, la baleine-île se mit en route vers la dite destination qui fut ralliée sans la moindre difficulté. La taille impressionnait de l’animal était suffisamment dissuasive pour décourager les plus courageux des monstres marins.
 
Une fois le pied posé sur l’île, il ne fallut pas plus de quelques secondes à la maudite pour faire son choix entre les deux spécialités de l’île : la porcelaine, très peu pour elle. Norok, Meyki, Rico et Léon prirent le partie de rester tranquillement dans le ventre chaleureux de l’imposant bête. Bulle replongea dans les profondeurs de l’océan tout en restant attentive au retour de sa maîtresse.
 
La Toupex se précipita donc vers les grandes espaces végétaux de l’île et son petit jardin botanique recensant toutes les espèces spécifiques de l’île.  Pendant plusieurs heures elle avait sillonné les allés de ce jardin en découvrant les fleurs de cactus, les feuilles tarabiscotées et autres troncs excentriques. Devant les autres promeneurs, elle devait passer   pour une folle, la seule à s’extasier devant chaque nouveau spécimen, la seule à lire chacun des descriptifs présentant chacune des beautés présentées. Au milieu de son tour de tourisme herboristique, la belle fut abordée par un homme qui appartenait à la grande famille « des gros lourds », il lui avait gentiment proposé de venir avec lui dans le but de découvrir « son beau spécimen ». Il espérait encore que la verte aimait les « grandes tiges » parce qu’avec lui elle allait être comblée. S’en résultat ensuite une grande gifle accompagnée d’un coup de genoux sournois et placé à la perfection, des insultes, une présentation d’insigne de la marine, des excuses et une fuite instantanée. Au final, notre Kanäe bien énervée souriait largement devant ce petit civil qui avait compris trop tard à qui il s’adressait.
 
En ressortant du jardin, la mouette s’offrit un petit luxe supplémentaire : aller aux magasins de porcelaine pour voir ses spécialités si connues. Elle rallia donc le quartier commerçant et se balada de vitrine en vitrine pour admirer les présentations des différents artisans. Elle arriva enfin devant une boutique à la devanture surmontée d’un paravent rouge brodé d’or, il s’agissait de la boutique la plus chère de la rue, mais aussi de la plus belle. Les pièces exposées étaient magnifiques et Kanäe se surprit même à faire de l’œil à un service blanc bariolé de vert. Regardant de plus près, le regard de la gouvernementale se porta sur l’intérieur du magasin et fixa enfin une personne. Elle semblait l’avoir déjà vu mais cette vision de profil ne lui permettait pas une identification parfaite. La chasseresse s’installa dans un coin du bâtiment et observa la sortie, elle devait avoir le cœur net et vérifier s’il s’agissait bien de la personne qu’elle soupçonnait.
 
 

 
La vie d’un gouvernemental lambda n’était pas une vie de plaisir complet, bien au contraire. Un soldat de la marine devait obéir aux ordres, se plier aux exigences des gradés, faire les tâches dégradantes que personne d’autre ne veut accomplir et surtout : supporter le poids de la hiérarchie. En sachant cela, il est possible de se dire que la vie d’un gradé est bien plus enviable et agréable mais tel n’est pas le cas. Les gradés sont dispensés de tâches dégradantes, peuvent voyager selon leurs bons plaisirs et prendre quelques libertés. Cependant, la marine attend des gradés un certain résultat et une certaine loyauté peut-être moins présente que chez les simples soldats. De ce fait, ces personnes portant un titre ne peuvent pas réellement établir les relations qu’ils souhaitent sans en payer largement les conséquences et finir à Impel Down. La vie devenait alors infernale, il suffit d’imaginer le sort réservé à un ancien marine au milieu d’une prison remplie d’adversaires farouches de l’organisme garant de la paix mondiale.
 
Kanäe Toupex, lieutenante de la marine, avait déjà amplement dépassé les limites sans que ses supérieurs aient été mis au courant. Elle avait retrouvé un révolutionnaire recherché devant les yeux d’un Contre-Amiral qu’elle avait défié quelques semaines plus tard, elle savait donc se trouver dans une position retord. Si l’Archer révélait cela, si les Cipher Pol le découvraient ou si l’avenir la poussait à agir à découvert pour le Dog, elle totaliserait de grandes chances de finir ses jours dans la prison sous-marine du gouvernement. Elle en avait donc déduit simplement qu’elle devait soit se montrer irréprochable, soit complétement prendre le contrepied et incarner une figure différente de la marine. Même si la verte essayait de ne pas trop y penser depuis sa rencontre avec le vairon, ce choix s’imposait à elle. Devant cette devanture et cet homme qu’elle pensait connaitre, la question refit gentiment surface. Enfin, il avait fini par sortir de la boutique de porcelaine en remplaçant son couvre-chef sur son crâne, ôtant alors tout doute à la belle. La ressemblance entre cet individu et l’affiche du pirate dénommé Heziel Coffe, un membre d’un équipage pirate de plus en plus connu sur East Blue : les Dokugans No Ichimi. Avec la certitude qui emplissait l’esprit de la Toupex, cette question, ce choix, lui posait un véritable problème. En principe elle aurait dû se jeter sur lui, le capturer, l’emmener à Enies Lobby avant de probablement l’emmener en détention, il s’agissait d’un pirate après tout. Mais le problème était le passé de Kanäe, elle avait pu entrer en contact avec le capitaine de l’équipage de rattachement du brun, il s’agissait d’un homme certes un peu étrange mais ne partageant pas les idéaux des pirates destructeurs. La Zoan avait du mal à croire qu’un homme comme lui ait pu recruter un tueur sans foi ni loi, ce Heziel était donc probablement une bonne personne. Quel tueur de sang-froid pouvait passer son après-midi dans un magasin de porcelaine d’ailleurs.
 
Laissant de côté ses pensées et n’écoutant que son instinct, l’herboriste se mit à filer le pirate en direction d’une montagne rocheuse, ce trajet lui permettrait de faire le tri entre les possibilités qui s’offraient à elle. Une certitude en balayait une autre sans interruption dans l’esprit de la chasseresse, enfin, alors qu’elle semblait ne pas avoir été repérée, le verte quitta sa cachette précaire pour se placer au milieu du chemin qu’avait pu emprunter le pirate, à une dizaine de mettre de lui, et commença à voix bien haute et intelligible.
 

Heziel Coffe, tu es en état d’arrestation. Rends-toi sans animosité ou je me verrai dans l’obligation d’avoir recours à la force.  

 
Elle avait décidé de le prévenir de sa présence, elle aurait pu attaquer par derrière, lui planter une seringue dans le dos et attendre qu’il soit hors-combat pour le récupérer. Un sentiment l’avait néanmoins convaincu de ne pas le faire, elle voulait laisser une chance à cet homme, peut-être en guise du respect qu’elle avait pour son capitaine, ou du doute qu’elle nourrissait à propos de ce cuisinier.  Ce serait donc là, en bordure de ville habitée par des civils, d’ailleurs présent autour d’eux, que la discussion et éventuellement l’affrontement entre les deux guerriers aurait lieu.
 
 

 
L’instant après avoir recueilli le refus du pirate, la lieutenante se demanda pourquoi la marine apprenait à toutes ses recrues à mettre en « état d’arrestation » une personne, autant l’arrêter directement. D’ailleurs, quel criminel suffisamment dangereux pour que l’on puisse s’y intéresser réellement répondais par la positive à cette mise en détention verbale. Bien évidemment, et comme tous les autres pirates de cette planète, le brun avait décliné la proposition de la gouvernementale amenant ainsi à une issue maintenant inévitable : l’affrontement. La Toupex ne connaissait rien de la puissance réelle de cet homme, avait-il des dispositions particulières ? Etait-il titulaire de haki de l’armement comme la belle, ou d’un haki de l’observation ? Disposait-il des deux ? Etait-il rapide ou puissant ? Elle n’en savait rien, elle savait seulement qu’elle ne devait pas le sous-estimer, le plus grand exemple de la puissance de l’homme était bien sûr la prime qui pesait sur sa tête.
 
Elle le vit se mettre en place, bien placé sur ses appuis, malgré la candeur qu’il avait pu afficher dans un premier temps, il semblait parfaitement conscient de la suite des évènements, et donc montrait bien qu’il possédait une expérience suffisante pour assumer ce combat. Il semblait avoir déjà eu à faire à la marine, il avait déjà entendu ce speech inutile de mise en accusation.
 
Quoiqu’il en soit, la maudite se mit en place comme son futur adversaire à la différence qu’elle s’équipa de ses dagues et remarqua à cette occasion que le pirate n’avait pas prise d’arme, il y avait donc de forte chance qu’il combatte à mains nus. L’inconvénient de ce genre de combattant, à main nu, est soit qu’ils sont très rapides et enchainent les coups pour remporter la victoire ou très puissant pour terminer dès les premiers coups. Ou les deux. La jeune femme, ne connaissant rien à l’adversaire, semblait disposer de deux atouts dont elle avait bien conscience : l’allonge grâce aux lames et la surprise due à sa malédiction. Elle se devait encore de supposer et d’espérer qu’il ne dispose pas de la même surprise sous son chapeau.
 
Il n’en restait pas moins que ce combat ne l’enchantait pas complétement, elle avait toujours en tête les souvenirs de Kain, le capitaine de l’équipage pirate avec qui elle avait aussi croisé le fer avant de s’en vouloir quelque peu et de comprendre quelle personne il était. Peut-être faisait-elle la même erreur avec ce jeune homme… Mais après tout, un petit combat ne faisait jamais de mal à personne et elle ne combattait pas pour tuer, tout en espérant qu’il ne chercherait pas non plus à prendre la vie de la verte.
 

Bien, les choses semblent inévitables… Allons-y.  

 
La chasseresse sortit une seringue de ses vêtements avant de la lancer directement en direction de son nouvel adversaire. La professionnelle des poisons avait fait un choix différent, le choix de l’écran de fumée. En effet, la seringue lancée n’était pas l’une de ses très utiles seringues à injection automatique mais bien une à piston totalement ordinaire. Plus encore, le projectile ne contenait rien plus que de l’eau, la mouette en avait toujours deux sur elle dans le cas où un bluff s’avérait utile.
 
Juste après ce lancer, l’émeraude prit une impulsion et suivit son projectile à l’aide d’un soru en déviant légèrement vers la gauche pour lui asséner un coup de dague au niveau du genou gauche. Elle se tenait néanmoins prête à décoller en Kamisori dans le but d’esquiver une attaque terrestre du Coffe. Dans le fond, cette attaque n’avait rien de réellement menaçant, plaçant ainsi la gradée dans une phase d’observation du style de l’ennemi.
 
 

 
Les deux coups de la gouvernementale avait été esquivés sans de grandes difficultés, il fallait dire qu’elle ne les avait pas envoyé dans le but de terminer ce combat, sachant pertinemment que ses coups d’observations ne la mènerait pas bien loin. La seringue avait été se planter dans le sol un peu plus loin, à quelques mètres derrière le cuistot. Le coup de lame quant à lui avait manqué la jambe de la cible suite à un bond de cette dernière, elle savait qu’il ne se contenterait pas d’esquiver et qu’il allait lui aussi se lancer dans le combat et passer à l’offensive. Ces prévisions ne furent que confirmées quelques instants plus tard au moment où le brun étendit sa jambe dans sa direction pour la frapper en se servant de la force de gravité en plus de sa force naturelle. Deux possibilités s’ouvraient donc clairement : le contre ou l’esquive.
 
Ne connaissant rien de la puissance de l’opposant, l’esquive s’avérait être la décision la plus sage dans ce genre de situation. Elle savait qu’elle pourrait encore compter sur la puissance de son fruit du démon pour un éventuel contre mais elle ne voulait pas abattre toutes ses cartes dès le début du combat. Elle prit la donc la décision la plus sécuritaire en adoptant un repli en arrière, elle sauta donc à plusieurs reprises loin du pied assassin de l’assaillant. Elle ne doutait pas que le choc au sol sera violent mais comptait bien de pas laisser l’adversaire se reposer. La guerrière aurait aimé le cueillir en l’air avant qu’il ne touche le sol, lui coupant ainsi toutes possibilités d’esquive, à moins d’une maitrise insoupçonnée des arts du « pas de lune ». Néanmoins, le temps du repli lui avait fait perdre le temps nécessaire pour lacer cette attaque aérienne. Le choc au sol fut celui attendu : violent, même plus violent que Kanäe ne l’avait prévu. Elle avait d’ailleurs pu noter que le jeune homme avait préparé sa deuxième jambe en cas de blocage.
 
Le repli en arrière avait permis d’esquiver toute attaque mais la plaçait dans une position compliquée pour contre-attaquer immédiatement, cela ne fut que plus encore intensifié par le courant d’air soulevé par le coup du Coffe. A la suite de ce mouvement, la Toupex avait pu recueillir deux informations primordiales pour la suite de ce combat. Son ennemi du jour semblait réellement ne combattre qu’au corps à corps, ce qui ne jouait pas forcement en la défaveur de la verte. Mais elle se rendait compte qu’il n’était pas que rapide, ou pas que puissant, mais bien les deux. Ce qui pouvait poser beaucoup plus de problème. Comprenant qu’une contre-attaque était compromise pour le moment, elle décida de jouer la montre en reprenant la discussion, une simple remarque pour commencer. Elle ne le haïssait pas et pouvait parler avec lui, ça ne lui coutait rien.
 

Pas mal… J’imagine que les voyages des Dokugans vous ont fournis de belles ressources. Je n’en attendais pas moins.  

 
Profitant de ce court intermède, le cerveau de la mouette tournait à plein régime pour trouver et choisir l’attitude qu’elle devrait adopter pour la suite de cet affrontement. Elle avait jugé la position de son adversaire et avait noté qu’il n’y avait rien derrière lui, seulement un chemin vide, les civils s’étant abrités derrière quelques obstacles proches pour regarder l’affrontement.
 

Bon reprenons…  

 
Kanäe prit ses dagues à pleine main, resserra sa prise, espaça ses bras de chaque côté de son corps avant de les ramener rapidement vers elle jusqu’à les croiser en plein élan devant elle, en direction de l’adversaire. Immédiatement, deux lames d’air jaillirent et foncèrent en direction d’Heziel.
 
La lieutenante semblait avoir décidé de combattre à distance pour le moment.
 
 

 
Le plus étrange dans cet affrontement était encore le fait qu’il n’existait pas réellement d’animosité entre les deux combattants, en tout cas, pas du côté de Kanäe. Cette excitation du combat qu’elle appréciait tant, elle la retrouvait en face de cet homme. Les deux derniers combats véritables qu’elle avait dû mener avaient été des affrontements animés par deux circonstances différentes, des combats de ressentiment où la stratégie avait été effacée au profit de la rage et de la colère. C’était ainsi qu’elle avait pu mener ces combats contre Caligula Spown ou Ghetis Archer.  Face à ce pirate, contre lequel elle n’avait pas de colère, de rage ou même de moindre haine, elle retrouvait l’attraie grisant du combat, cette joie de la chasse qu’elle avait pu éprouver dans sa jeunesse.
 
Alors lorsqu’il lui avait répondu, elle avait souri en lui montrant toutes ses belles dents blanches. Etrangement, et sans en être sûr, elle avait l’impression qu’Heziel ne prenait pas de déplaisir à cette lutte sans peut-être aller jusqu’à prendre un véritable plaisir à esquiver les coups de la jeune combattante. Après une brève réponse, il avait relancé les hostilités en surprenant, une fois de plus, la mouette. Elle avait compris qu’il était rapide dans l’exécution de ses mouvements mais elle pensait qu’il l’était moins dans de la vitesse pure, malheureusement, elle se trompait. Le brun semblait maîtriser le soru, ou du moins une compétence assimilée aux arts du Rokushiki. Kanäe connaissait parfaitement cette technique et savait que son plus grand inconvénient restait qu’il s’agissait d’une technique d’accélération rectiligne. Mais le forban l’avait développé dans une voie que Kanäe maîtrisait également, une sorte de zigzag qui permettait au combattant de rendre les mouvements beaucoup plus imprévisibles.  Ce mouvement se terminait en un stop devant la verte et en un poing qui arrivait vers la jeune femme. Malgré la vitesse, elle avait tenté de capturer le dernier point d’arrêt entre deux soru, sachant pertinemment que le suivant était son propre corps. Elle avait donc ainsi observé chaque ombre qu’elle pouvait trouver tout en estimant qu’il s’agissait du dernier arrêt et en adaptant sa position en fonction, puis enfin, elle tomba sur ce dernier arrêt et pu un peu anticiper.
 
Devant ce point puissant, elle ne pouvait plus esquiver et n’espérait plus que contrer suffisamment pour ne pas prendre trop de dégât. Elle avait cependant vu la puissance de cet homme après le coup de pied au sol, son corps était une arme destructrice et dans son état humain, elle ne pouvait pas bloquer sans y laisser des plumes. C’est en pensant à prendre sa forme hybride pour encaisser grâce à sa carapace qu’elle pensa à une autre alternative, elle comprit l’importance de toute sa malédiction. Elle eut donc recours à son don pour se transformer en scorpion, forme intégrale, prenant ainsi la taille d’un animal de quelques centimètres et tombant au sol, loin du poing lancé du pirate. Elle ne savait pas s’il avait remarqué la présence du petit arachnide à ses pieds mais décida de ne pas attendre qu’il ait le temps de l’écraser. La Zoan se pressa de passer derrière lui avant de reprendre forme humaine et, sans attendre, relança l’une de ses lames au niveau de l’épaule du Dokugan. Le coup, s’il touchait ne l’aurait pas blessé profondément, juste une égratignure en surface de la peau : un avertissement des compétences spéciales de Kanäe. Elle savait qu’il pourrait poursuivre avec un autre soru et s’éloigner s’il l’avait vu se transformer, la seule question était donc celle-ci : Avait-il entrevue son pouvoir ?
 
 

 
Il avait finalement compris mais il n’avait pas pu esquiver le coup qui avait suivi, en tout cas pas totalement. Une touche de rage avait pu briller dans ses yeux avant d’être balayé pour un sourire amusé exprimant clairement qu’il prenait autant de plaisir au combat que Kanäe. Il n’était pas totalement tombé dans le panneau et semblait connaitre le coup de la dissimulation par l’animal, il en avait alors facilement déduit que la malédiction de la jeune femme était du type animalier, ou Zoan. Lorsqu’il avait exprimé son respect envers ses homologues maudits des animaux et avait continué sur son sentiment d’affronter les mangeurs de fruit du démon, la Toupex avait pu encore observé qu’il s’agissait d’une personne tout à fait réfléchie et probablement un grand stratège. Alors même si leurs styles différaient beaucoup, l’une combattant à l’aide de lame et l’autre à mains nues, les deux combattants avaient une multitude de points communs. Elle découvrait en cet adversaire une similarité avec elle assez troublante dans leurs qualités extérieures s’exprimant en combat.
 
Avant qu’il puisse relancer une attaque, la verte décida d’elle aussi glisser un petit mot comme pour répondre à cette petit complicité qui semblait presque instaurée entre les adversaires.
 

L’inattention se paye oui, estimes toi heureux que je n’ai pas enduit mes lames de mon poison. Par contre certaines choses en regorge toujours….   

 
Ce qui interpella ensuite la jeune femme, ce fut la position et l’action de son adversaire, elle se mettait en place en serrant les poings avant de frapper l’air de façon presque honteuse, il avait frappé dans l’air. Beaucoup auraient pu penser qu’il devenait aveugle ou que la colère lui montait à la tête, d’autres auraient estimé qu’il faisait le fanfaron en montrant son style mais Kanäe avait un doute, un gros doute. Elle utilisait une technique plus ou moins similaire qui avait pour but d’attaquer à l’aide de l’air formé par la puissance d’un coup et la compression de l’air autour de celui-ci. Elle devait réagir au cas où il s’agissait bien de cela et se mit à son tour en position en s’étalant rapidement sur le sol en y posant les pieds et les mains en prenant immédiatement sa forme hybride. Une seule chose dépassait alors les dix centimètres par rapport au sol : la queue surmontée du dard de la Zoan.
 
Cette queue, comme animée d’une volonté propre, prit un mouvement de recul et se relança immédiatement en avant d’un coup sec. Suivant ce coup, une forme aérienne se dessina rapidement en forme de pique directement vers la destination estimée du poing aérien d’Heziel. A mi-chemin, les deux attaques aériennes se rencontreraient et s’annulerait mutuellement, prouvant alors que la mouette avait raison et qu’il s’agissait bien d’une attaque quasi inévitable du fait de sa furtivité. Malheureusement, les pronostics de la jeune femme avait été déjoués par la force du coup aérien du pirate qui avait encaissé un reliquat, assez important, de la technique. Remise debout, le coup parvint donc au niveau de sa poitrine et l'envoya s'écrasa sur la carapace de scorpion entraînant un large recul chez la touchée. Elle perdit son attention un instant se concentra sur son souffle; le coup lui avait coupé le souffle et avait "enfoncer légérement" la carapace. La Toupex ne s'attendait pas à tant de puissance et savait qu'elle devrait faire largement attention aux coups de cet homme, qu'ils soient directs ou aériens.  Elle se reprit néanmoins rapidement pour continuer. 

En effet, le cuistot ne s’était pas arrêté là, il avait déjà fondu vers la verte en visant son abdomen de son poing puissant. La carapace de la Zoan était dure et celle-ci avait récemment développé une nouvelle forme ultra défensive mais ne voulait pas s’en servir contre cette adversaire. Elle ne savait pas encore à quel point cette nouvelle forme était résistante et cela pourrait lui causer préjudice ou à défaut bien abimé le poing du Coffe.
 
En réponse à cette nouvelle attaque, elle décida de jouer la sournoise et de pointer sa queue en direction du poing de l’adversaire. Il avait le choix, il pouvait poursuivre et « s’empaler » le poing sur un dard remplit de poison mortel, ou reculer et repenser à une nouvelle attaque. Par ailleurs, elle avait tenter d'appeler les forces du haki, avec succès pour en infuser sa queue, elle ne savait pas si cela l'aiderait mais elle espérait que cela l'aiderait à supporter un choc éventuel. Cette force était en quelque sorte addictive, son utilisateur se sentait plus en confiance lorsqu'il se manifestait, c'était le cas pour Kanäe tout du moins. 
 
Dans ce deuxième cas, s’il reculait, Kanäe lancerait de nouveau deux lames d’air dans la direction de son ennemi, sans faire attention à ce qui pouvait se trouver derrière lui.
 
 

 
La Toupex avait commis une erreur en laissant l’ennemi approcher. Elle avait pensé que la menace de l’appendice mortel suffirait à dissuader l’homme de continuer son attaque sous peine d’être empoisonné, et ainsi de risquer sa vie. Mais elle n’avait imaginé que le pirate allait trouver une troisième alternative, quelque chose situé entre l’esquive et l’attaque et surtout, quelque chose de dangereux. Elle l’avait ainsi vu passer au-dessus d’elle et avait alors immédiatement compris qu’il s’était positionné en force pour frapper ou attraper la queue de la jeune femme. A cet instant, elle maudissait de ne pas avoir mangé le fruit du serpent de Caligula et d’avoir obtenu une queue reptilienne, rapide et flexible qu’elle aurait pu bouger dans le but d’esquiver le coup à venir. Mais la queue du scorpion était loin d’être suffisamment articulé pour parvenir à ce résultat. Il semblait que le plan du Coffe allait porter ses fruits, jusqu’à en avoir le cœur net lorsqu’elle sentit cette prise puissante sur sa poche à venin.
 
Elle ressentait chaque sensation à ce niveau comme s’il s’agissait d’une partie de son « corps d’origine », depuis qu’elle avait mangé ce fruit, les parties de corps supplémentaires qu’elle possédait faisait partie intégrante de son corps. Elle alors qu’elle commençait à se sentir soulevé dans les airs et qu’elle avait presque baissé les bras, une idée lui vint. Elle se rendait bien compte que plus rien n’allait, que ses bras, ses lames, ses jambes, sa queue ou tout autre partie de son corps était inutile, mais la solution était évidente : il lui suffisait de renoncer à la partie emprisonnée. Son corps commençait à quitter le sol lorsqu’elle reprit forme humaine en se libérant de la prise, seul inconvénient : le mouvement était amorcé. Le résultat fut sans appel, la verte fut littéralement propulsé dans les airs à une vitesse ahurissante. Le second problème était encore le fait que la propulsée n’arrivait pas à se remettre plus ou moins droite. Ce « rouler-bouler » aérien devait cesser, elle eut donc recours au second art du Rokushiki qu’elle maîtrisait : le geppou.
 
Poussant d’abord sur l’air un peu au hasard, elle réussit progressivement à réduire l’élan et à se repositionner plus ou moins droite. Elle ne parvenait pas à remettre ses idées au clair et avait la vue complétement troublée. Au sol, elle ne voyait pas un mais trois ou quatre Heziel : il avait clairement prit le dessus dans ce combat. Ne parvenant pas à maintenir sa position aérienne, Kanäe redescendit péniblement vers le sol en espérant ne pas être la cible d’une nouvelle attaque d’air compressé. Il était très clair pour les observateurs qu’elle était déboussolé et ne pourrait que très difficilement éviter une nouvelle attaque à distance. Si elle parvenait à rejoindre le sol sans une nouvelle attaque, la verte lancerait deux nouvelles lames d’air pour se donner du temps, croyant viser Hez, elle tirerait complétement à côté vers un rocher abritant deux civils, ne se rendant compte de son erreur qu’après l’attaque.
 

Merde !!

 
Elle ne jurait habituellement jamais mais se rendrait compte qu’elle allait ôter la vie de deux civils, elle essayerait de rejoindre ses lames à l’aide d’un Soru mais au moment de la propulsion, tomberait honteusement au sol. La mort des civils lui semblerait alors inévitable.
 
 

 
Tout s’était passé tellement vite, le départ des lames, le cri de Kanäe qui venait de s’écrouler au sol, l’intervention du Coffe, le choc de la lame et du premier poing d’air et enfin le choc de la seconde lame avec le dos du pirate. Malgré le fait qu’elle venait de manger le sol, la verte n’était plus embrumée, cette horrible erreur qu’elle venait de commettre l’avait complétement remise, comme si on l’avait poussé sous une douche froide après une soirée bien arrosée. Elle avait tout vu, et par-dessus tout, elle avait le cuisinier se mettre personnellement en danger pour sauver la peau de deux jeunes abrutis. Les deux civils avaient beau voir fait une erreur en restant si près de l’affrontement, toute la faute était à mettre au débit de la chasseresse verte et elle le savait pertinemment. Après l’intervention d’Heziel et sa prise de nouvelles auprès des deux, les gamins partirent en courant, probablement pour aller pleurer chez eux.  La suite du combat s’avérait relativement évident, Kanäe reprenait un avantage certain face à un ennemi blessé. Elle se releva et marcha d’un pas hâtif en direction de la victime des lames d’air. Arrivée à quelques mètres de lui, elle rangea ses deux dagues à sa ceinture et plongea la main dans son sac en présentant au pirate sa seconde main, une sorte de signe de paix qu’elle compléta ensuite par des mots.
 

Détends toi, je ne sors pas d’arme.

 
La belle ne donna pas plus d’explication, il fallait dire que son attitude avait changé depuis cette intervention et il était clair qu’elle ne voulait plus se battre contre le sauveur des civils. Lorsqu’elle l’avait vu s’interposer entre la lame et les hypothétiques victimes, tout avait changé dans l’esprit de la mouette. Elle ne le considérait comme un pirate normal, sanguinaire et complétement abruti par les rêves de gloire. Au contraire, il s’agissait d’une personne réfléchit, sympathique presque attachante et qui plaçait la vie civile plus haute que sa propre santé et en cela il ressemblait beaucoup à la verte. Elle qui prônait la liberté et la paix civile au-dessus de toute autre chose était très heureuse de voir qu’il s’était sacrifié, elle n’en était pas moins chamboulée : elle s’en voulait. Elle avait commis une erreur avec Kain et elle venait de commettre la même avec ce brun-là. Il s’agissait d’une grande personne et elle se sentait honteuse.
 

Je suis désolé Heziel Coffe, je me rends compte que Valentine D. Kain sait s’entourer. Je ne m’excuse pas pour mon erreur de visée mais bien pour m’être trompée sur ton compte. Comme ton capitaine, tu n’es pas un forban comme les autres…  

 
Elle finit par ressortir une fiole de liquide vert et flasque de son sac, elle ôta le bouchon de la dite fiole et entreprit quelques explications.
 

Enlève ta chemise, c’est un onguent curatif, ça calmera la douleur et ça accélèrera la cicatrisation.  

 
Elle ne faisait pas ça par culpabilité mais bien par gratitude, il avait été blessé à cause d’elle et se devait de régler les problèmes qu’elle avait causé. Elle savait qu’elle devrait entrer dans les détails, qu’elle devrait expliquer au forban pourquoi elle n’avait pas profité de son état de faiblesse mais elle préférait repousser cette échéance et le laisser réagir et se faire soigner tranquillement.
 
Le plus étrange au final était qu’elle se sentait de plus en plus proche de l’équipage de cet homme, parmi les criminelles recensés comme Dokugans, elle en connaissait la majorité ou presque. Une alliance serait-elle possible entre eux ? Seul l’avenir pourrait le dire.
 
 

 
Le cuistot semblait presque aussi déboussolé que la chasseuse, elle savait que son comportement n’était pas très simple à lire et encore moins à comprendre. Néanmoins, il était revenu sur sa principale cause d’interrogation, à savoir la relation que pouvait entretenir le borgne et la verte. Oui, elle le connaissait, ils s’entaient rencontrés sous la pluie, sous l’œil d’un autre protagoniste. A cette époque, elle ne connaissait pas l’équipage des Dokugans et n’avait vu en la personne du capitaine de l’équipage que la prime qu’il représentait. Elle l’avait donc attaqué, ils s’étaient affrontés et elle avait appris à le connaitre, à savoir qu’il n’était pas une mauvaise personne mais bien un doux rêveur qui ne voyait pas la piraterie du même œil que la majeure partie de ces tueurs sanguinaires. Elle versa une partie du baume sur ses mains et commença à les frictionner en se penchant vers le dos du Coffe et commença à masser les zones blessées sur la peau du brun. Celui-ci avait ôté sa chemise quelques instants auparavant.
 
Alors que l’herboriste malaxait les zones sensibles, l’homme avait repris  en confirmant, amicalement, que son capitaine était effectivement un être singulier. Il souriait, et sa remarque alliée à ce sourire fit également sourire la jeune femme, elle était bien loin de l’esprit combattif qu’elle avait pu afficher face à ce même individu quelques minutes plus tôt. Elle n’avait toujours pas répondu à sa question mais prenait son temps, faisant consciencieusement son travail de soin. Non seulement il n’aurait bientôt plus mal mais il ne présenterait aucun véritable cicatrice, peut-être une légère marque ambrée sur la peau à peine décelable.  Elle lui fit part de l’état du traitement tout en continuant d’éluder la question relative au capitaine.
 

Avec ça, tu ne souffriras plus du tout dans quelques dizaines de minutes, et sur le long terme tu n’auras aucune cicatrice. Eventuellement un halo ambré mais ça ne se remarquera que de très près. Tu n’es pas un de ces pirates qui collectionne les cicatrices avec fierté ?  

 
Il ne le voyait pas, mais elle souriait, elle se sentait proche de ces pirates alors qu’elle ne les connaissait pas vraiment. Le capitaine, le second… des hommes différents de l’image que le gouvernement mondial laissait filtrée. Elle se permit même un brin d’humour.
 

Si c’est le cas, je peux t’en faire deux ou trois.  

 
Elle termina d’appliquer le traitement tranquillement et se laissa tomber en arrière pour finir assise en tailleur à côté de celui qu’elle venait de soigner. Elle laissait son regard se balader sur leur environnement et comprenait toute la violence et l’implication qu’ils avaient pu mettre dans ce combat. Le sol portait les stigmates des coups plus encore que le dos du cuistot. Elle était fière de ce combat car il lui avait permis de comprendre à quel point il avait fait erreur. Ce constat l’emmena à penser à sa place dans ce monde, elle pensait être opposée aux pirates  sous tous les angles alors qu’en fin de compte ceux-ci n’étaient pas si loin d’elle, en tout cas ils semblaient partager ses idéaux. Elle regarda alors son interlocuteur et entreprit, enfin, de répondre à sa question.
 

Oui je le connais… J’ai fait la même erreur avec lui qu’avec toi. Je l’ai affronté avant de comprendre qu’il n’était pas comme les autres. Sacré rêveur ton capitaine.  

 
Elle plongea son regard sur le sol devant elle en souriant simplement, elle savait qu’il fallait débuter une explication et il était temps.
 

Je ne suis pas encore excusée pour ce que j’ai fait, je ne te connais pas, tu es primé, je suis gradé, donc forcément je pars avec un apriori. Mais je me rends compte de la mesure de mon erreur. Tu sembles être une bonne personne. Je ne voyais pas comment je pouvais continuer à te frapper alors que tu as sauvé des civils du fait de mon erreur.  Tu aurais pu profiter de mon état pour m’achever, mais non, tu as préféré les sauver. Je ne suis pas une gouvernementale comme une autre, je me moque des intérêts du gouvernement s’ils sont contraire aux intérêts civils… J’espère que tu comprends mieux la situation, et que tu ne m’en veux pas trop.   

 
La verte était calme, sereine et sincère. Elle espérait vraiment que cet homme ne lui en voulait pas trop, elle commençait à entrevoir le début de quelque chose.
 
 

 
Le second de l’équipage pirate avait décliné l’invitation à scarification que son interlocutrice avait pu lui proposer tout en semblant incroyablement pensif. En cela, elle le comprenait, elle savait pertinemment que tout cela était difficile à avaler, elle était une gradée de la marine, un figure incarnant la lutte contre la révolution et contre la piraterie et pourtant… Il commençait ici à se lier étrange entre le forban et la gouvernementale et bien sûr il y avait ce lien déjà existant entre un révolutionnaire primé et cette même mouette. Enfin, ça le dokugan n’en savait rien. Cette lutte primordiale pour le gouvernement mondial ne faisait pas forcement l’unanimité des membres de la faction. Beaucoup de soldat, de gradés et parfois des haut-gradés trouvaient leur intérêt à se lier à des criminelles et parfois ses intérêts n’allaient pas dans le sens de la politique générale du gouvernement. Cette lutte, Kanäe la refusait dans une certaine mesure, elle n’incarnait pas cette justice, cette justice à l’image de l’Archer, elle la repoussait et la détestait, elle préférait incarner une justice différente, une justice jeune et nouvelle.
 
A l’image de cette justice, elle pourrait peut-être entretenir des relations avec des primés, des repris de justice ou des parias et les Dokugan no Ichimi pourraient en faire partie. En tous les cas, les choses se passaient bien avec ce représentant des pirates, un  bon présage pour la suite. Il lui avait notifié qu’il comprenait bien la position de la verte et avait enchainé sur un registre tout à fait amical : les présentations. Pour autant, les yeux de la  verte s’étaient posés sur les stigmates de la peau du brun et particulièrement sur la cicatrice au bas ventre, quelque chose de très moche. Pas esthétiquement mais bien sur la profondeur des blessures. Rien qu’en observant la trace, et sans avoir été médecin, elle savait pertinemment que les blessures qui avaient causé cela avaient été violentes. Cette observation l’avait distraite, elle comprenait bien que Heziel avait vécu de sacrées aventures avec ses compagnons et percevait parfaitement d’où lui venait ce talent en combat. Elle fut tirée de ses pensées par la main tendue de son interlocuteur et par les mots de ce dernier. C’était lui, le pirate recherché, Heziel Coffe, de East Blue, Second et cuisinier du Dokugan no Ichimi.
 
Elle lui serra la main sans attendre, en souriant, tout à fait calmement avant d’ajouter elle-même ce que la politesse dictait de dire.
 

Kanäe Toupex, de Grand Line, Lieutenante de la marine, herboriste, botaniste et chasseuse depuis son plus jeune âge.  

 
Deux personnes se rencontraient au milieu de toute cette agitation civile, une rencontre étrange et inopinée mais néanmoins heureuse et très intéressante. Une discussion s’engageait.
 
Kanäe lâcha ensuite la main de son compagnon de bataille mais ne le quitta pas des yeux, la moindre des politesses était de regarder la personne avec qui l’on discutait. Elle ne savait pas vraiment quel sujet abordé, elle ne connaissait rien de cet homme. Rien ? Non elle connaissait deux choses. Et décida de se lancer là-dessus.
 

Quel combat, je comprends pourquoi tu as une telle prime sur ta tête. Et en parlant de primé ? Comment va ton capitaine ? Toujours un maudit rêveur ?  

 
 

 
Le plus intéressant lorsque l’on avait l’occasion de connaitre plusieurs personnes d’un même groupe, plusieurs amis, était le fait que l’on puisse les comparer, apprendre d’eux et comprendre qu’est-ce qu’ils pouvaient s’apporter les uns aux autres. C’est alors que l’on pouvait comprendre des amitiés relativement inexplicables, l’introverti profitera de l’extraverti pour compenser ses défauts et découvrir autre chose. Kanäe avait bien conscience de cet état de fait et appréciait elle-même s’amuser à décrypter les gens, c’était ainsi que l’on pouvait améliorer son réseau et comprendre le vrai fond de la nature humaine. Après la catastrophe qu’elle avait vécue sur son île, la jeune femme avait largement douté de la nature humaine et était partie de l’île végétale avec beaucoup de certitudes et de préjugés. Le plus grand d’entre tous restait celui qu’elle n’avait perdu que très récemment, celui selon lequel les pirates étaient tous des crevures à exterminer sans ménagement. Ce préjugé, elle l’avait en grande partie perdu grâce au capitaine des Dokugans et son second venait un peu plus de renforcer cette conviction nouvelle.
 
Elle les avait observé tous les deux, elle avait discuté avec ces deux hommes et comprenait un peu mieux, elle voyait en partie pourquoi cet équipage avait parcouru tant d’embuches pour en réchapper, comment ils avaient parcouru East Blue et avaient réussi à parvenir à Grand Line. La route des tous les périls s’étendait devant eux, le plus grand des périls pour un pirate était souvent le gouvernement. Les deux plus grandes institutions de l’équipage pirate étaient diamétralement différent mais la Toupex comprenait tout : l’un était une personne réfléchit et posée alors que l’autre… L’autre était un rêveur idéaliste probablement un peu timbré, et malgré tout ils s’entendaient bien. Après avoir parlé d’une réalité indéniable en estimant qu’il fallait être puissant pour avancer, il en était venu à parler de Kain et de leur amitié. Il ne faisait réellement aucun doute, et ce ne fut que confirmer par Heziel, que ces deux-là étaient réellement proches et devaient parfaitement se compléter. Cela faisait sourire la verte, elle n’avait personne au quotidien avec qui partager cette complicité. Il y avait Norok bien sûr mais il n’était pas un être humain. Il y avait Erwin, mais elle ne le voyait quasiment jamais, Caligula repartirait probablement avec Ghetis et elle n’avait pas revu ni Ike ni Taito. Elle se retourna stoïquement et reprit, elle semblait toujours aussi amicale et ne montrait aucun signe de tristesse apparent.
 

Ce lien que vous avez est intéressant et c’est une belle chose. L’unité et la découverte sont l’essence des voyages.  

 
Elle ne voulait pas rester sur un sujet aussi sérieux et prit le partie d’aborder des sujets plus légers, enfin en tous cas quelque chose d’intéressant. Le Coffe semblait avoir l’habitude des forces armées du gouvernement mondial.
 

Dis-moi, tu sembles avoir déjà eu affaire à mes collègues de la marine ? Le speech de mis en arrestation, tout ça… Ca n’avait pas l’air de te paraître nouveau. Je dois avouer ne pas avoir suivi vos faits d’arme et j’imagine bien que vos primes ne sont pas tombés du ciel.   

 
 

 
Selon beaucoup, les mers bleues ne constituent pas un véritable défi, elle serait la mer des débutants au mieux, la mer des pirates de seconde zone au pire. Certains forbans décidaient ainsi de ne pas partir, passer, s’attarder,  revenir ou ne serait-ce que mettre un pied sur les Blues ayant une trop grande fierté et s’estimant à même de défier sans plus de considération la route de tous les périls. Ce n’était un secret pour personne, et la marine en avait bien conscience, Grand Line marquait une vraie césure entre deux mondes, les forces de la marine les plus importantes  se trouvaient effectivement sur ces mers périlleuses. Pour autant, les mers bleues représentaient vraiment un point de départ, le début d’une grande aventure et pour les pirates, le moyen de gagner en expérience avant de franchir peu à peu les étapes. Pour les pirates idiots qui pensaient que ces mers de débutant ne représentaient pas un véritable défi, il faudrait leur présenter le second de l’équipage du Dokugan no Ichimi. Ses stigmates qui marquaient la peau du pirate démontraient à quel point ces territoires maritimes étaient dangereux : rencontre avec des chasseurs de prime, avec un membre de l’amirauté…
 
Kanäe avait déjà entendu certains noms mais elle ne connaissait aucune des personnes de la liste énoncée par le cuistot, avec une exception.  Un nom ressortait clairement de la liste, un nom beaucoup plus connu et renommé que les autres, une personne que Kanäe avait eu la chance de voir une seule fois mais qui lui avait laissé un souvenir presque impérissable.
 

Je suis assez impressionnée pour être honnête, Focker Lim… Vous avez réussi à lui échapper… C’est assez incroyable. Je n’ai eu l’occasion de l’a croisé un fois, elle ne m’a pas remarqué, je n’étais qu’une tête au milieu d’un océan de mouette qui la regardait. Il émanait de cette femme quelque chose de troublant. Une femme très belle mais surtout dégageant quelque chose d’incroyable, une présence, une présence et une force que l’on peut sentir facilement. Tu as de la chance de ne pas te trouver à Impel Down.  

 
La Toupex balança sa tête en arrière en regardant le ciel, elle scandait la profondeur des cieux tout en repensant à l’image qu’elle avait de cette Contre-Amirale. Peut-être aurait-elle la chance de la recroiser un jour, et qui sait, peut-être se mettraient l’une l’autre à l’épreuve. Elle savait que cette femme était une guerrière incroyable et ne savait pas si le Coffe se rendait compte de la chance qu’il avait eu de pouvoir en réchapper en vie et libre. Une idée lui vint alors en tête en la faisant sourire.
 

J’ai fait une erreur en t’affrontant… Mais quelle gloire aurait été la mienne si j’avais récupéré un pirate que même Focker Lim n’avait réussi à appréhender. Heziel Coffe, tu me coûtes une belle promotion.  

 
Kanäe imita son interlocuteur quelques secondes plus tard en se mettant elle-même à rire, peut-être plus discrètement que le maître de « l’air compressing » avant d’ajouter finalement une nouvelle boutade.
 

Bah… Ce n’est rien. Je vais attendre un peu et je tomberai sur votre équipage, je ferais un beau tir groupé comme ça.  

 
Le ton qu’elle employait laissait clairement entendre qu’elle ne faisait que blaguer et qu’elle ne lèverait probablement jamais la main sur ces pirates, sauf s’ils devenaient des tueurs en puissance.
 
Il ne fait nul doute que ces pirates avaient vécu beaucoup d’aventure, ne faisant qu’encore plus comprendre à la lieutenante que son chemin serait encore long et semé d’embuche mais comme Valentine D. Kain deviendrait roi des pirates, elle deviendrait amirale.
 
 

 
Kanäe l’avait gentiment charrié mais il semblait avoir légèrement bloqué  sur l’évocation du lieu de détention privilégiée du gouvernement mondial : Impel Down. Il est vrai que Kanäe en parlait relativement librement, elle ne s’y était rendue mais avait apprendre beaucoup de chose sur cette forteresse incroyable. En réalité, elle ne connaissait rien de l’organisation interne de la prison, un secret bien gardé pour beaucoup lorsque l’on était étranger au staff de ce même établissement. Mais elle savait que le lieu était divisé en plusieurs étages en fonction du niveau de dangerosité des criminelles et que les derniers étages servaient de cage à des monstres de puissances, des personnes pouvant briser facilement la verte ou le brun.
 
Parler d’Impel Down pour un membre de la marine n’était pas un problème, ce ne faisait pas peur comme l’effet que cela causait aux pirates. Être du bon côté de la barrière comme l’était la Toupex, même si elle flirtait avec la ligne rouge, lui permettait de prendre du recul sur les choses et de ne pas s’effrayer d’un lieu gérer par des personnes qui constituaient des alliés. Les gardes d’Impel Down étaient des personnes fermés, étranges voire même un peu sauvage. Le directorat de l’établissement était secret mais on entendait des histoires dans les centres de formation e les diverses casernes de la marine. On parlait de deux démons lorsque l’on abordait la question du directeur et de son fidèle bras droit, des personnes à la puissance monstrueuse, au mental d’une froideur exemplaire et à l’influence sans égale. Il pouvait probablement défier un amiral aussi bien en termes de puissance que de réputation. De ces deux-là, Kanäe entretenait une certaine méfiance, pas une peur mais elle savait qu’elle ne devait jamais passer devant eux comme une repris de justice. Mais bref, le sujet d’Impel Down n’était pas le meilleur début de conversation possible.
 
Le pirate avait néanmoins fini lâché par lâcher ce morceau pour parler de la liste d’ennemi que lui et son équipage avait pu collectionner, elle devrait donc prendre un ticket pour se mesurer aux pirates et éventuellement penser à les capturer. Elle esquissa un nouveau sourire et le réconforta rapidement.
 

Ne t’inquiètes pas, je n’ai pas pour ambition de venir interférer dans vos plans. Sauf si vous avez pour ambition de réduire à néant des îles en massacrant la veuve et l’orphelin.  

 
Elle replongea la main dans son sac et en fouilla quelques instants avant de ressortir un petit morceau de papier. Elle griffonna quelque chose sur le papier et le tendit au pirate avant de ranger sa plume avec le reste de ses affaires.
 

Tiens, ton capitaine ne l’a pas et je ne veux pas que tu lui donnes. C’est mon numéro, il serait bien capable de m’appeler pour me demander ce que je deviens ou autre. Appelez-moi en cas de soucis extrêmes et je verrai ce que je peux faire le cas échéant. Ou si la ligne est sécurisée, tu peux appeler pour des problèmes mineurs.    

 
La chasseresse ne prenait pas réellement de risque en donnant ce numéro à une personne comme lui, il avait la tête sur les épaules et ne la dérangerait pas pour rien. D’ailleurs cela lui rappelait qu’elle devrait vraiment penser à acheter un escargophone lui permettant de sécuriser les lignes. Elle avait un domicile fixe maintenant et pouvait donc se permettre de commencer à faire des achats pour sa maison. En tous les cas, elle savait que cette entrevue n’allait pas durer éternellement et savait que l’avenir la pousserait probablement à croiser de nouveau la route de cet équipage. Mais autant repousser au maximum cette échéance.
 

Cuisinier alors ? Tu es venu ici pour l’une des spécialités de l’île j’imagine ? C’est rare que les chefs s’occupent de la vaisselle, ce sont plutôt les commis qui s’en chargent non ?  

 
Elle ne connaissait pas la passion de son acolyte, quant à elle, elle n’apportait aucune importance à la vaisselle, à la faïence ou autre.