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Fenice Nakata
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Mar 20 Sep - 22:03
La souffrance est mère de sagesse.
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La mer était plate, limpide, lucide et étrangement calme, comme suave et langoureuse... Elle s'étalait sous les yeux du Phoenix, là, à perte de vue, dominait et engloutissait le moindre des reliefs qui aurait pu s'offrir à lui. Elle était telle qu'il l'avait trouvé lors de son premier jour de navigation, et telle qu'il la trouverait le jour de sa mort... Elle l'avait toujours dominé, toujours ébranlé rien qu'à sa simple vue. Elle était sa mère, sa seule Terre natale, sa Terre d'exil, et serait assurément son tombeau. Elle avait toujours été calme, toujours, même ce jour-là...
Nakata secoua fermement la tête, refusant de s'en laisser à la contemplation morbide de ces souvenirs insatiables de nostalgie. Ils l'avaient suffisamment assailli et piétiner. Il les voyait en rêves, oppressants et inébranlables, aussi inexorable et inéluctable que les chanteurs ne le hurlaient du destin. Ils le suivaient, le terrifiaient comme s'il n'avait jamais été rien d'autre que le marmot naïf barbotant au gré des flots, près d'une décennie auparavant, tout de bleu cerné sous l’œil bienveillant d'une mouette dure et solide. Le blondinet n'en pouvaient plus d'affronter les démons de son passé, alors même qu'il n'avait pas affronté le cinquième de la vie qui, théoriquement, s'offrait à lui. Alors même que de merveilleuses perspectives d'avenir lui ouvraient les bras, à commencer par la douce, merveilleuse et onirique présence d'Holly à ses côtés, il ne savait se séparer indéfiniment de ce funeste événement qu'il emporterait jusque dedans sa tombe. Il n'avait pourtant eu de cesse, des mois durant, de pleurer ses morts et d'ériger au nom de ses amis de gigantesques tombeaux, de gargantuesques et de dantesques sépulcres au nom de leurs âmes et de leurs corps noyés... Mais jamais, au grand jamais son malheur n'avait su le déserter. Tout au plus s'était-il amenuisé suite à l'arrivée d'Hato et des autres... Mais la mort de son précédent bras-droit, puis la désertion de Méliandre face à laquelle il n'avait été qu'impuissant avaient assurément contribué à exacerber le marasme dans lequel son esprit avait été projeté, le tourmentant sans cesse davantage là où il aurait dû pouvoir trouver plaisir et repos.

Le Fenice se massa la tempe gauche du bout du doigt, d'un air las, tout en jetant un bref coup d’œil à cette lune si brillante et si rieuse qui chevauchait les étoiles, là haut, tout là haut. Il l'enviait, elle. Le Phoenix avait eu beau grimper, grimper, grimper encore, il n'avait jamais su ne fut-ce que l'effleurer... Il ne parvenait même pas à imaginer à quelle point elle devait être heureuse, dans sa morne et ancestrale solitude, sans avoir à se préoccuper de qui que ce soit, sans avoir à souffrir au nom de quelque amitié que ce fut... Les bons sentiments n'étaient pas seulement réconfortants : ils étaient la porte ouverte aux accablants maux de ce Monde, ils étaient le rat duquel naissait la peste de l'esprit. Et pourtant, nul être vivant normalement constitué et sain d'esprit ne savait leur tourner le dos indéfiniment : ils ne cessaient de resurgir, çà et là, lorsque vous les attendiez le moins, vous cernaient avec la sournoiserie d'un renard puis, avec la férocité d'un tigre et la fatalité d'un serpent, vous sautaient au cœur puis vous enserraient les tripes. Alors certes, ils vous offraient assurément d'excellents moments, synonymes d'un bonheur indicible... Mais à quel titre ? Valait-il vraiment la peine d'affronter de tels démons, si c'était pour risquer d'en être terrassé ? C'était pour cela que l'artiste enviait la lune, définitivement : parce qu'elle n'avait nul égal, et ne pouvait que contempler le reste du monde d'un air hautain et altier.

Le mythique avait bien tenté de l'imiter, lui aussi. Par jeu, il avait décalqué sa manière d'être, son orgueil et son arrogance, et l'avait érigé en arme pour se gausser de ses ennemis et les pousser à la faute. L'humain exécrait de voir son ego minimisé, et enrageait souvent à la simple idée d'être sous-estimé. Cette leçon, pourtant, n'avait su panser ses plaies au Schichibukai, car il demeurait en ce vain monde un nombre affolant de personnes qui comptaient trop pour lui pour qu'il ne puisse jamais leur tourner le dos de cette manière. Alors, petit-à-petit, le forban s'en était allé à cette constatation terrible, et pourtant élémentaire : il devait vivre, comme tout un chacun, et traverser la multitude d'épreuves qu'on jetait à sa rencontre.

-L'ouroboros n'a jamais revêtu de si singulière apparence que la mienne...

Sa voix brisée et éméchée cingla les cieux, un instant durant, avant de s'éteindre aussi brutalement qu'elle ne s'était faite entendre. Toujours affalé là, le corps à demi supporté par un rocher plus intrépide que les autres, la séduisante épave leva la bouteille dont il s'était emparé quelques heures plus tôt jusqu'à ses lèvres, et s'en offrit quelques généreuses gorgées. Celles-ci vinrent, le long de sa gorge, apporter un sentiment de réconfort qui ne se révéla malheureusement que trop éphémère. Et si sa tête lui tournait toujours plus, si son ventre ballottait toujours plus, si ses lèvres vibraient toujours plus, son cœur, lui, ne s'en vidait pas moins. Un énième soupir, précédé par un frisson de nostalgie autant que de fraîcheur, fit s'envoler une infime quantité de buée par delà ses lippes. Il la fixa, simple et muet, se désagréger progressivement et se mêler au reste du ciel petit-à-petit. Que n'était-il la lune, pour voir les humains s'évaporer de la même manière et sans jamais en éprouver le moindre remord, ni la moindre mélancolie ?
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Mar 20 Sep - 22:44




Pensées au clair de lune...

Observant la bouteille qu'il tenait en main, Heziel restait perdu dans ses pensées. Suite à quelques explications fortuites qui avaient au moins eu le mérite d'apaiser les tensions entre les différents membres de son équipage et le Shichibukai qui leur avait fait une petite "démonstration" des dangers qu'ils encouraient, ils avaient décidé de se reposer non loin du phare le temps de se remettre de leur aventure peu enviable, accueillant même le capitaine corsaire parmi eux. Le vieil homme du phare, connaissance du blondinet, avait joyeusement partagé quelques provisions afin d'éviter que les rookies n'y perdent ce qu'il leur restait. Effectivement, le départ de Loguetown en toute précipitation n'avait pas aidé à remplir les stocks...

Observant rapidement les autres, qui dormaient ou étaient trop occupés pour se soucier de lui, il se sentit soudain comme étouffer. Oppressé, en quelque sorte. Chaque seconde qu'il passait sur le visage de chacun d'eux aurait du être un soulagement. Une prière silencieuse au fait de vouloir attendre le plus longtemps possible le moment où il les verrait pour la dernière fois. Étrangement, la couleur vivace de la vie sur leurs traits avait un goût amer. Chaque instant passé à les détailler à nouveau était un coup de poignard dans le cœur du cuistancier. Il ne pouvait s'empêcher de le penser. Il était faible. Blessure ou pas, il n'avait pas le droit de tomber ainsi au combat. Il ne se le pardonnerait pas, le jour où sa défaillance provoquerait l'irréparable. Quelque part, il se mettait peut-être trop de pression sur les épaules. Il n'en avait que faire. Cet équipage, c'était sa vie désormais. Sa seconde famille. Quel piètre second, quel piètre ami que celui qui abandonnait ses pairs à cause de sa propre incompétence.

Il se redressa doucement, détournant le regard. Il devait partir d'ici un instant, se retrouver avec lui même. Penser, réfléchir et apprendre. L'épisode d'aujourd'hui l'avait profondément marqué et il n'oublierait pas de sitôt cette peur qui lui avait rongé les entrailles et qui le mordillait encore, même après avoir su que les intentions du Phoenix n'avaient jamais été létales. Cette couche de glace qui lui gelait l'âme. Leurs vies étaient si fragiles... si facilement brisées. Ils ne devaient leur survie qu'à la volonté d'un seul individu. Ce simple aveu d'impuissance était comme une scie qui traçait son chemin de façon sanglante dans la confiance du Coffe. Il fallait qu'il se reprenne, et il n'y arriverait pas en observant ainsi ses camarades qu'il avait failli perdre.

Il boitilla donc, s'étant partiellement remis d'un peu plus tôt grâce aux bon soins de tout ses compagnons. Il boitilla comme sa condition infirme actuelle le lui permettait. Le simple fait de ne pouvoir placer un pied devant l'autre correctement, tout en ayant parfaitement conscience que ces sacrifices physiques n'avaient rien changé à la situation, le rendait amer. Il prit une nouvelle rasade sur la bouteille, observant l'océan qui remuait paresseusement au loin. Sur cette vaste étendue, là-bas, des dangers les attendaient. Chaque centimètre d'eau parcouru pouvait contenir ce piège mortel qui mettrait fin au voyage. Il avait sous-estimé la difficulté de la tâche, même alors qu'il se fustigeait autrefois d'une autre faiblesse. Décidément, il avait énormément à apprendre...

Il continua sa route, égaré dans ses pensées, jusqu'à apercevoir une silhouette qui se découpait de la côte. Sous la lumière de l'astre lunaire qui brillait de façon souveraine, il reconnu sans difficulté son adversaire d'un peu plus tôt. Il semblait lui même s'abandonner à la lueur blafarde des cieux, reposant sur un rocher tout en observant le lointain. S'approchant avec sa patte folle du moment, il s'installa en silence aux côtés de son homologue pirate. La fraîcheur du soir commençait à reprendre ses droits, mais la chaleur de l'alcool venait diluer la sensation. troublant la quiétude d'une voix qui se voulait apaisée, mais traduisait sa lassitude.

- On dit que la nuit porte conseil. Il faut croire que ça n'est pas toujours le cas.


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Mar 20 Sep - 23:26
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-Elle ne porte jamais conseil. Elle n'a jamais porté conseil, et ne le fera jamais. Pourquoi s'en donnerait-elle le mal ?

Le Phoenix n'avait nullement pris la précaution de jeter un regard à la personne qui venait de s'installer à ses côtés. Il n'avait même pas usé de son haki de l'observation, n'estimant ni prudence, ni raison... Comme si ces notions mêmes, qu'il brandissait pourtant jour après jour comme autant d'étendards, venaient de les abandonner ici, lui, sa solitude et cette bouteille désormais quasiment vide. A quoi bon se méfier ? A quoi bon se défier ? A quoi bon craindre, lorsque l'on se sentait si froidement tenaillé, si brutalement fracassé par les rosseries constantes que nous infligeait cette triviale et futile existence ? Sa vie elle-même n'était qu'éphémère. Même lui, qui avait su échapper à la mort plus de fois qu'il n'aurait su les dénombrer, notamment grâce à sa merveilleuse et fantastique condition de mythique invincible, se voyait sans cesse éreinté par la même froide observation... Tout Schichibukai surpuissant qu'il était, tout forban pétri d'insolence et d'hardiesse qu'il demeurait, Nakata n'était ni plus ni moins qu'une tâche promise à l’anéantissement, à la liquidation. Une poussière esseulée, un névrosé d'ores et déjà cadavérique dont le cœur ne battait douloureusement qu'à intermittence, comme pour lui rappeler, persifleur et goguenard, qu'il était toujours bel et bien en capacité de souffrir. Péniblement, le capitaine de Tengoku no Seigi se redressa légèrement, lorgnant sans conviction les quelques vagues assez audacieuses pour venir s'écraser sur les rochers, non loin de là, quasiment toutes aussi désespérées qu'il ne l'était lui-même. Combien de fois avait-il songé à cette échappatoire là ? D'innombrables âmes s'étaient éteintes d'elles-mêmes, certes égoïstement, mais si sagement... La plus brillante des intelligences n'était-elle pas de reconnaître sa petitesse ? Et comment diable pouvait-on vivre sereinement en connaissant pertinemment la faiblesse de son être, et en imaginant seulement les terribles et sordides fléaux qui découlaient parfois de nos comportements inconséquents et puériles ? En voulant profondément faire le bien, le Fenice avait fréquemment semé les graines du mal. Il avait engendré tant de cruauté, tant de haine et tant de rage qu'il ne pouvait s'empêcher de douter du bien fondé de ses actions. Il était certain d'agir pour le bien du plus grand nombre, oui, et connaissait la valeur incontestable de ses idéaux humanistes, mais à quel prix devait-il les imposer à autrui ? Tant d'incertitudes et d'interrogations fourmillaient au sein de son crâne désempli qu'un millénaire n'aurait pu suffire à y remettre de l'ordre.

Cela n'empêcha pas pourtant le blondinet, une poignée de secondes plus tard seulement, de jeter un regard à Heziel. Le cuisinier avait l'air abattu, au moins autant que lui. Comment l'en blâmer ? Il venait de se heurter à la difficulté qui avait bien failli réduire l'existence du Phoenix à néant. La perspective d'un échec sanglant et virulent, indubitable et implacable preuve, s'il en fallait, de leur force toute relative. Un équipage naissant n'était jamais qu'un groupe en perpétuelle évolution... Et en lutte constante pour sa survie. Les marines, les Yonkous, les chasseurs de primes et toutes les sales engeances que dénombrait Grand Line ne leur feraient jamais autant de cadeaux que le mythique lui-même. S'ils ne s'amélioraient pas dans les plus brefs délais, ils allaient se condamner, les uns après les autres, et ne passeraient jamais Shabondy. La vie d'aventurier, et a fortiori celle de pirate n'avait jamais été une sinécure. La liberté avait un prix, et la vie un coût. L'on avait beau tenter de se démener pour en repousser les échéances, l'usurier se trouvait souvent bien plus proche que l'on ne voulait l'en croire...

-Ils meurent plus facilement qu'on ne l'imagine. Nos camarades. Et avec leur fin fanent les souvenirs bienheureux, se fortifient détresse et chagrin... Encore, et encore... La vie n'est qu'un requiem, et nos âmes en sont les funestes notes.

Il avait prononcé chaque mot, chaque syllabe avec une lenteur infinie, sans jamais hausser la voix, tant et si bien que son interlocuteur avait probablement dû tendre l'oreille religieusement pour cerner l'entièreté de ses propos. La force de caractère, de volonté et l'insouciance qui l'habitaient habituellement n'étaient désormais plus que des fantômes, plus que des vestiges habités par les âmes errantes de ses défunts compagnons. Hato, Raphaël, Element, Hate, Turn... Qu'aurait-il été prêt à donner, afin de plaisanter librement et candidement avec eux, une ultime fois ? Douloureusement, le garçon laissa s'échapper un nouveau soupir où s'entremêlaient lassitude et consternation. Bon nombre de ses amis auraient eu envie de le rosser, pour s'en laisser aller à de si pessimistes pensées... Mais comment l'en blâmer ? Méliandre, qui aurait assurément été la première à le secouer, était-elle bien différente de lui ? Sans doute pas. Non, la seule différence fondamentale que le Fenice entretenait avec le reste de ses semblables, c'était son abnégation, le don de lui-même qu'il avait fait au bien commun, des années plus tôt. Il était, au reste, pareil à la sanglante navigatrice, qui parsemait son chemin des cadavres d'innocents autant que de criminels... A cela près que lui le faisait de manière inconsciente et involontaire. N'y avait-il pas pire injustice que d'ignorer les crimes dont on était coupable ?

-On a beau penser à tout, se préparer à tout... Il est de choses qui nous échappent. Éternellement. Et tout ce que l'on peut faire, après cela... C'est porter leurs convictions, à ceux qui ne peuvent plus le faire eux-mêmes.

Redoubler de conviction et de volonté grâce à la mort d'autrui... Une leçon de vie véritable et sans conteste judicieuse, mais pas sagace pour un sou. Ce qui demeurait à l'issue d'un si soudain traumatisme n'était jamais qu'un vide insondable, et qu'une tristesse inconsolable...
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Mer 21 Sep - 0:02




Pensées au clair de lune...

La réponse de son compagnon de veille le surprit, dans un premier temps. Au final, il l'accueillit avec une approbation silencieuse et un sourire fatigué. Il ne l'avait pas vu depuis si longtemps. Définitivement, des changements d'une ampleur qu'il ne pourrait certainement pas évaluer s'étaient opérés dans la psyché du corsaire, autrefois gamin insouciant au caractère éclatant de jeunesse. Même si un peu plus tôt, il semblait bien en verve d'une façon qui lui rappelait leur histoire passée, il dévoilait auprès du bruit lancinant des vagues une toute autre facette de sa personne. Il avait lui aussi bien évolué... beaucoup plus, même. Pendant que le cuistancier des Dokugan servait encore ses plats à Notebouque, qu'avait donc bien pu vivre le Fenice de son côté ? Autant de questions qui ne trouveraient les réponses adéquates et voulues qu'en temps nommé. Mais ce temps n'était pas arrivé.

Les paroles du maudit du Phoenix qui suivirent laissèrent le brun songeur, ce dernier baissant la tête vers les remous aqueux qui s'écrasaient sur la roche, visiblement sans but. Les propos tenus par son interlocuteur renvoyaient directement à ce qu'il avait pu ressentir. En cet instant, il en eu la certitude. L'ancien mousse de la Marine avait certainement vécu son lot de déboires douloureux et de défaites empoisonnées. Peut-être même profitait-il de cette discussion nocturne pour s'épancher un peu de cette douleur qu'il devait conserver, au fond de lui. Était-ce là le destin qui l'attendait, lui ? Son don de soi, sa dévotion envers son équipage, envers les gens auxquels il venait en aide sans se poser la moindre question, finirait-il par développer une toxicité silencieuse qui viendrait à bout de ses propres défenses ? Quelques jours plus tôt, il aurait répondu à n'importe qui qu'endosser la responsabilité de la survie de ses nakama représentait sa plus grande fierté. C'était encore vrai aujourd'hui, mais une nuance pernicieuse avait fait son nid. Désormais, il prenait conscience de l'ampleur de ses propres doutes. Veiller sur ses amis était certes un objectif louable, duquel il comptait s'acquitter, quitte à en donner sa vie. Mais la notion d'échec commençait à être gravée au fer rouge dans son crâne. Cette mission qu'il se donnait n'était pas seulement sa force : elle représentait aussi sa plus grande peur.

Il laissa Nakata terminer sa phrase sans piper mot. Il avait raison. La vie avait cet aspect inconsistant et incontrôlable, qui la rendait parfois effrayante. Parfois, la vie était blessante et elle savait définitivement ou porter ses coups les plus douloureux. Mais n'était-ce pas là ce qui la rendait aussi tellement belle ? Après tout, une vie sans accroc et qui était toute tracée n'avait rien de palpitant. Ce n'était pas une vie. Tout au plus, c'était la lecture d'un scénario au goût fade, dont on connaissait les tenants et les aboutissants. Une vie qu'on était forcé de vivre n'était pas une vie. Ces pensées n'étaient certes pas dénuées de sens, mais Heziel savait bien que dans une situation donnée, il ne tiendrait pas le même discours. Pour l'heure, tout ce qu'il pouvait faire, c'était de se prémunir d'un maximum de malheurs... pour son bien et celui des autres. Il soupira doucement avant de reprendre une rasade de sa boisson. La sensation lui descendit dans le gosier et lui monta aux joues, mais il n'en avait cure. Et puis, ça avait au moins le mérite d'engourdir sa douleur...

- Cette côte finira par ne plus exister.

Il resta silencieux quelques instants et reprit, avant que le Shichibukai ne commence à se demander si il avait réellement suivi ce qu'il venait de lui raconter.

- Les vagues s'écrasent inlassablement dessus. Autant de vagues qui n'ont d'autre but que venir se fracasser sur ces rochers. Jusqu'au jour où l'une d'elle aura terminé le travail de toutes les autres...

Peut-être que c'était ça, la vérité. Chaque sacrifice, aussi infime et timoré fut-il, avait une raison d'être et était présent dans la mémoire de quelqu'un. Peut-être qu'à force de ces sacrifices individuellement insignifiants, même une cause semblant perdue d'avance pouvait aboutir. Mais à quel prix ? Si il était l'une de ces vagues, alors s'écraser sur la roche pour que ses compagnons survivent ne le gênait pas. Mais c'était peut-être également égoïste de penser de cette façon. Après tout, de ses convictions, un homme mort était mort. Le reste lui importait peu. Mais le souvenir qu'il laissait aux vivants était peut-être insidieusement bien plus fatal que ce qu'il avait empêché par le don de sa propre vie. Tant de choses à penser... tant de choses à comprendre, sans jamais vraiment déceler pourquoi. En se redressant pour observer la lune et les étoiles, Heziel ressentit cette impression de n'être qu'une miniature parmi tant d'autre. Cette petitesse qui dispensait sa part d'humilité.

- À chaque vague son rocher... à chaque rocher ses vagues...


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Mer 21 Sep - 18:38
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La logique d'Heziel était absolument implacable. Ce pragmatisme réaliste se révélait aussi certain que possible, et nul ne pouvait tenter de le contester : l'érosion était ainsi faite, et l'effort d'un milliard de vagues permettait à terme de mettre en branle des continents tout entier. Pourtant, quelque chose n'avait de cesse de titiller l'esprit du blondinet, d'asticoter ses pensées, de le contrarier et de le chambouler. Était-il normal, dans le fond, que l'effort combiné d'un milliard de vies soit nécessaire pour guider les hommes dans la direction souhaitée ? Dans son cas, Nakata avait vu des dizaines et des dizaines d'hommes et de femme succomber sous les coups d'assaillants pétris d'orgueil et de condescendance, qui n'avaient de cesse de morigéner et de réprimer leurs désirs prolétaires d'une société plus juste, plus équitable pour tout un chacun. Ces barbares hideux au comportement délétères ne parsemaient leur route que des cadavres d'innocents, et ce depuis la nuit des temps... Fallait-il réellement qu'un autre millier de vies ne s'éteigne avant que les choses ne commencent enfin à changer ? Le Gouvernement Mondial était-il atteint de cécité au point de condamner la liberté sans même prendre le temps de la traduire en justice ? Probable. Probable, oui, mais toujours aussi dérangeant, toujours aussi perturbant et irritant. La réponse, s'en persuadait progressivement le Fenice, n'était pas tout-à-fait ici. L'inexorable mort d'innombrables âmes perdues et fauchées trop tôt ne saurait légitimer les changements nécessaires et fondamentaux qu'ils étaient censés amener, tout simplement car ces changements-là auraient dû s'opérer tout naturellement, avant même de mettre des existences en péril. De facto, considérant d'un air sombre une énième vague se fracasser contre la roche sans y arracher rien de plus que quelques infimes grain de poussières, le Phoenix se mit à répondre certes placidement, mais la voix teintée d'une détermination froide, cruelle et sordide :

-Non... Non, je ne peux pas me contenter d'une si pitoyable fatalité.

Le capitaine corsaire leva une fois de plus sa main jusqu'à ses lèvres, absorbant avec avidité et vigueur les dernières gorgées de breuvage qui demeuraient en sa fiole, puis entama alors de se redresser péniblement, tout titubant qu'il était. La vue encore trouble et le corps encore tremblant, le Phoenix jeta rageusement la bouteille vide jusqu'à l'horizon, où celle-ci alla s'écraser dans un fracas mou et aqueux. Tout en demeurant là, droit, fier et inébranlable, il se mit à maugréer avec cette hargne et cette intolérance pures qui lui étaient propres :

-S'il nous fallait briser une côte, alors une seule vague devrait être suffisante, fut-elle d'acier et de plomb. La fin froide et insensée d'autres flots ne devrait avoir lieu, et jamais les ressacs moribonds ne devraient nous atteindre.

La métaphore filée lui semblait dorénavant tout particulièrement pertinente. Nakata parvenait enfin à mettre le doigt sur la grossièreté et l'injustice qu'étaient la mort d'innocents, dont les cadavres étaient souvent exhumés en exemples pour terroriser la basse plèbe et la pousser à la servilité aveugle. L'on préférait fuir l'escarmouche plutôt que de s'y confronter, et l'on laissait là nos anciens compagnons mourir à même le sol, le ventre répandant leurs boyaux et exhalant l'effroyable et insoutenable remugle de la grande faucheuse. Le Gouvernement Mondial, et tous les avares de ce Monde, combattaient depuis des décennies voire des siècles au nom d'idéaux qui leur étaient propres, mais qui s'avéraient plus catastrophiques que nul ne pouvait l'envisager. Et au final, ils muselaient leurs opposants sans leur donner la moindre chance de s'exprimer, de pointer du doigt les failles de ces systèmes à l'humanisme d'automates. Progressivement, l'artiste sembla se rasséréner, devenir petit-à-petit plus paisible. Il en vint au final à murmurer quelques mots à l'oreille des Dieux, si tant est que ceux-ci eurent jamais l'ambition d'écouter les prières et les tonnerres qu'on leur adressait :

-Et je deviendrai cette vague, sans jamais perdre qui que ce soit de plus...

Là-dessus, le Fenice sembla s'en retourner à sa quiétude contemplative et simplement désolée. Ainsi rembruni, il s'affala de nouveau tel qu'il avait pu l'être, une poignée d'instants auparavant, et songea à tout ce qui pouvait bien les guetter depuis leurs sombres lendemains. Des douleurs et des pleurs, probablement, comme par le passé... Mais, il l'espérait, davantage de rires et de joie. C'était à son sens la seule chose qui les retenait véritablement, eux, les forbans, et les forçaient à se raccrocher à la vie... Lorsque le Monde entier vous rejetait, il n'y avait nul autre choix que de se contenter du minimum. Et lorsque ce minimum là ne savait plus non plus être garanti, force était de se réconforter tel qu'on le pouvait... Comme le cuistot et le musicien pouvaient actuellement le faire dans l'alcool. La rage noyée et engloutie, le blondinet reprit la parole dans un chuchotement désabusé, où se disputaient désillusion et désespoir :

-Tu sais, Heziel, si vous craignez ce qui se tient par-delà cet horizon, rien ne vous empêche de retourner sur les Seas Blues. Personne ne vous en tiendrait rigueur, crois-moi...

La Route de tous les Périls portait son nom comme un gant. Le Schichibukai aurait aimé, quelques années plus tôt, qu'un forban brisé ne les dissuade, lui, Raphaël, Hate et tous les autres, de s'aventurer plus loin sur cette mer houleuse et sanglante... Mais cela n'avait jamais eu lieu. D'aucuns le fustigeraient en lui rappelant que c'était suite à cette perte qu'il était lui-même devenu capitaine, et avait surpassé Raphaël, mais le mythique n'y trouvait-là pas le moindre réconfort. Tout aurait été différent, bien entendu... Toutefois, tout aurait surtout été moins douloureux. Désormais, son cœur à l'agonie ne saignait plus que pour une seule question : quand diable devrait-il pleurer l'ultime supplice d'un bon drille à nouveau ? Cette douloureuse interrogation, non contente de lui glacer le sang, risquait bel et bien de le pousser à l'inaction, un jour ou l'autre : l'angoisse paralysait bien plus efficacement que toutes les entraves physiques de ce fichu Monde...
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Pensées au clair de lune...

Les dernières paroles du Mormoilnien semblèrent être le point de départ d'une avalanche incontrôlée qui emportant bientôt le calme et la triste mélancolie du capitaine corsaire. Il semblait comprendre les mots du chapeau de paille, mais les réfutait en bloc. Il ne pouvait pas les accepter. Quelque part, Heziel pouvait le comprendre. Néanmoins, lorsque le Phoenix jeta sa bouteille à la mer dans un geste qui était empreint de colère, ses mots eurent un effet plus fort qu'escompté sur les pensées du second des Dokugan. Il prit conscience en cet instant que le Fenice se battait pour un idéal. Si la quête de l'équipage du borgne était de trouver le One Piece et, chemin faisant, de pouvoir accomplir les rêves individuels de chacun, il était d'autres personnes qui voyaient les choses en "plus grand". Le monde qui les entourait était vaste, si vaste que le comprendre dans son intégralité et savoir en manipuler chaque facette ne relevait pas des capacités d'un mortel. Pendant un instant, Heziel trouva presque ironique qu'un individu aussi inébranlable que Nakata fut si affecté par le concept même de la mort, en ce sens que la mort n'était parfois pas si équitable qu'on pouvait le penser. Au final, il se ravisa. Mourir ne prenait qu'un instant. Survivre à ses disparus prenait toute une vie.

Au final, il trouva rapidement une similitude dans leur situation. Même si un monde entier les séparait désormais -monde que malgré tout, le cuistancier espérait bien franchir- , ils semblaient en cet instant partager un fardeau commun. Celui de mener leur cause à bien tout en s'assurant que ceux qui suivraient leur pas, les accompagneraient dans leur voyage et se tiendraient à leurs côtés n'auraient pas à en subir de funestes retours de bâton. Ils voulaient protéger les autres et non pas les asservir ou leur marcher dessus. En ce point, Heziel ne pouvait que comprendre son homologue. Malgré les doutes qui planaient sur son esprit et qui continueraient sans doute longtemps de s'immiscer dans ses failles, parler avec le forban avait quelque chose d'apaisant. Même si aux yeux de quelqu'un de lambda, leur conversation pouvait paraître bien ésotérique... pourtant, aux yeux du pugiliste, les paroles étaient claires comme de l'eau de roche.

L'assertion finale du Shichibukai le laissa silencieux quelques instants. Le zoan avait raison en un certain sens. La préparation nécessaire n'était peut-être pas au rendez-vous. Mais ça, comment pouvaient-ils tous en être si sûrs ? Après tout, le blondinet représentait un adversaire de taille. La déconfiture qu'ils venaient de subir ne risquait pas d'avoir son pareil à tous les coins de rue. D'un autre côté, Heziel se dit qu'il était trop tard pour faire marche arrière : ils étaient déjà recherchés activement par Belton et sa clique. Maintenant, la contre-amirale Lim Focker était au fait de leur existence également. Globalement, ils s'étaient déjà fait des ennemis qui, si ils n'étaient pas forcément les plus gros poissons à arpenter le globe terrestre, étaient déjà suffisants pour proscrire la possibilité d'une vie vraiment paisible. Au final, le cuisinier esquissa un sourire qui contrastait avec les cernes qui flanquaient ses yeux ainsi qu'avec le teint pâle de sa peau sous la lune.

- Tu sais comment est Kain. Si il n'avance pas par jeu, il le fera avec toute la détermination possible. Que cela suffise reste une autre question... mais je lui fais confiance, sois-je en damné. Quant à moi...

Il esquissa une grimace alors qu'il s'étirait légèrement, sentant la douleur poindre dans son abdomen par delà la brumeuse caresse de l'alcool, comme un moustique avare piquant au travers d'un vêtement trop fin. Il ramena la bouteille à lui : il restait quelques bonnes lampées à l'intérieur.

- ... dès que mon corps s’accommodera de la dérouillée que tu m'as flanquée, il me semble évident que j'ai un entrainement à approfondir.

Il observa de nouveau la bouteille. Oui, définitivement, il restait plusieurs bonnes lampées. Assez pour partager avec un ami.

- Sake ? À nos rêves, et à ceux qui nous permettent de mettre un pied devant l'autre pour aller dans leurs directions.


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Il avait tenté de le mettre en garde contre les dangers qui les guettaient là, terrés sous les vagues pour l'heure si dociles et débonnaires, mais qui pourraient tôt ou tard se transformer en véritables harpies sanguinaires... Néanmoins, Heziel ne semblait vraisemblablement rien entendre d'aussi pessimiste. Et c'était là tout à son honneur... Sans compter que ses arguments tenaient la route. Effectivement, Kain n'avait pas l'air d'être du genre à mettre ses objectifs de côté pour des questions évidentes de prudence et de sagesse... L'idée de braver d'innombrables écueils avant de parvenir au One Piece l'aurait probablement subjugué et revigoré plutôt qu'effrayé, quand bien même il aurait dû tenir la barre de ses propres mains... Nakata n'avait jamais côtoyé d'être aussi étrangement stupide depuis le début de ses voyages, cela ne faisait aucun doute. De manière générale, le Borgne remportait probablement la palme du plus débile des bienheureux... Cette malédiction risquait toutefois malheureusement de poursuivre le reste des Dokugans jusqu'à leur extinction, s'ils ne parvenaient pas à la tempérer d'eux-mêmes. Le Phoenix en personne n'avait jamais mis les pieds sur le Nouveau Monde, et ne doutait pas un seul instant du fait que les menaces qui y grouillaient comme autant d'insectes pouvaient se montrer encore plus tenaces et vicieuses que celles face auxquelles il s'était précédemment montré impuissant. Autrement dit, si les compagnons de route de l'écervelé se faisaient entraîner dans ses grandiloquentes aventures sans avoir le temps de parfaire leurs capacités, il y avait fort à parier qu'ils y laisseraient leurs peaux... Le soupir de lassitude qui vint ébranler les lèvres du Fenice et le vider à nouveau tout entier ne parvint toutefois pas, cette fois-ci, à totalement effacer le sourire qui venait de poindre sur ses lèvres. Un sacré numéro que ce colosse-là... Capable de transcender les limites de son propre corps si cela lui permettait de mettre ses camarades en sécurité. Le même genre de types que Raphaël, sur ce plan-là... Ils étaient hommes à se mettre en danger en ne faisant que cure des règles de sécurité et d'intelligence au nom des leurs. Autant un miracle qu'une malédiction, en ce bas monde...

Heziel, quant à lui, lui ressemblait plus que le Borgne, malgré sa condition de bras-droit. Il maudissait sa propre faiblesse, l'exécrait, l'abhorrait même, et souhaitait avant toute autre chose la supprimer, l'éradiquer afin d'apprendre à aller de l'avant, progressivement. Une décision louable, qui lui sauverait éventuellement la vie... Car jamais un artiste martial n'était trop perfectionné au sein de son propre art. Si Nakata avait bel et bien entraperçu un véritable point commun entre la musique et l'utilisation de son propre corps en tant qu'arme, c'était bien que cela demandait un doigté, une expertise et une dextérité quasiment légendaires afin d'arriver à des résultats réellement probants. Ainsi, en voyant le cuisinier se redresser en jurant de s'améliorer dans le seul et unique objectif d'apprendre à protéger les siens, le blondinet crut se détailler, quelques mois auparavant, alors qu'il s'était échoué sur Shabondy, brisé et meurtris, en laissant derrière lui les cadavres de ses confrères. Il crut lire en ses pupilles la détermination qui l'avait animée, des semaines durant, et qui l'avait poussé à renier toutes ses compétences au profit d'autre. Il se souvint du dégoût qu'il éprouvait alors à la simple et unique idée de tenir le pommeau de sa lame, qui l'avait poussé à se raccrocher à un style de combat au corps-à-corps et à s'y entraîner six mois durant. Il se souvint de la rage qui avait tant et tant de fois fait vibrer son cœur, qui l'avait poussé à vivre terré, isolé, caché à la vue de tous.


Direct vers 2 min les gars !

Puis il se souvint, enfin, de l'euphorie qui l'avait transpercé lorsque sa route avait croisée celle d'Hato. Lorsque cet étranger, devenu bras-droit puis frère d'arme, lui avait prêté allégeance. Lorsqu'Holly, ensuite, l'avait aidé à mettre fin aux brutalités de quelques braconniers sur South Blue, et lorsqu'elle l'avait accompagné pour qu'il puisse retourner sur Grand Line plus sereinement. Lorsque Méliandre avait pris la barre du MoT, leur premier navire, en le poussant plus habilement que nul autre n'avait su le faire. Lorsque Damon avait décidé de leur prêter son sabre, malgré l'allégeance qu'il avait si aveuglément offerte à Arias. Lorsque Kyoshiro et Alidia, par un concours de circonstances, s'étaient trouvés sur leur chemin et avaient accepté de les aider à progresser, encore et toujours...

Ainsi, quand Heziel prit à nouveau la décision de briser le silence, lui proposant encore une ou deux gorgées d'alcool, le Schichibukai se redressa à son tour. La mélancolie terrible et assourdissante qui l'avait éreinté des heures durant semblait l'avoir déserté. Comme revigoré, il prononça des mots plus légers et plus innocents, plus candides que tous les autres, le regard toujours tourné vers l'horizon, comme s'il souhaitait les y lancer, et les lorgner s'envoler, loin...

-Tu as raison. Nous ne sommes pas seuls.

Là-dessus, les lèvres pourvues d'un sourire simple, le blondinet porta à ses lèvres l'alcool que lui tendait généreusement son homologue forban. Il en avala quelques gorgées supplémentaires avant de lui rendre ledit alcool, puis s'étira de tout son long en profitant de l'occasion pour soulager l'engourdissement qui, petit-à-petit, l'avait empatté durant leur discussion. Il revint finalement à lui un instant plus tard et plongea sans hésiter sa main droite dans la poche de son jean. Le Fenice en tira une feuille de papier de prime abord absolument simple et quelconque, en déchira un morceau qu'il tendit ensuite à Heziel. Son expression faciale, devenue nettement plus enjouée, ne fit que s'amplifier de la sorte lorsqu'il accompagna ce geste de paroles gracieuses :

-On appelle ça une Vivre Card. C'est assez rare, ici, mais j'ai suffisamment d'influence pour en posséder une à mon nom. Grosso modo, où que je sois, le morceau de papier continuera à pointer dans ma direction. Il est indestructible, et ne disparaîtra qu'avec ma mort. Comme ça, dans le cas de figure où vous auriez des ennuis, vous pourriez essayer de me retrouver.

Cela n'allait assurément pas les prémunir de tous les dangers qui pourraient tapisser leur route, mais cela avait au moins le mérite d'être une protection supplémentaire, à laquelle ne pouvait pas prétendre le commun des pirates...

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Pensées au clair de lune...

Ils n'étaient pas seuls, non. Ils avaient leurs camarades, leurs amis. Leurs frères et soeurs d'armes. Les pensées de ceux qu'ils avaient laissé derrière également. Même si pour l'heure, le second de l'équipage du borgne était bienheureux de ne pouvoir compter la perte tragique de l'un de ses camarades à son curriculum vitae, il n'en restait pas moins que certaines personnes lui manquaient silencieusement. Sa famille, en premier lieu. Comment allait Emilia ? Elle devait sacrément avoir grandi, depuis son départ pour Notebouque. Un joli brin de femme, voilà ce qu'elle devait être devenue. À cette idée, il laissa un petit sourire se dessiner sur son visage tout en fixant l'horizon, tandis que le Shichibukai lui rendait la bouteille après avoir gracieusement accepté quelques gorgées. Elle devait en faire tourner plus d'un bourrique, de l'autre côté de cette muraille titanesque qu'ils venaient de passer...

Une fois l'alcool revenu dans ses mains, il se contenta d'humer l'air frais de la nuit. Le poids qui pesait sur sa conscience s'était étiolé, comme un mauvais rêve qui s'évapore au fil de la journée. Peut-être qu'avoir la certitude qu'un autre, pourtant tellement plus puissant que lui, pouvait subir les mêmes doutes... oui, ça le rassérénait, tout comme ça le poussait à se remettre les idées en place. Le voyage ne faisait que commencer. Il serait long, parsemé d'embûches. Quelque soit la force dont ils disposeraient, les Dokugan allaient essuyer des tempêtes qu'ils n'avaient jamais connues jusqu'à maintenant. Chacune d'elle tenterait de prélever son tribut de vie humaine. Il les affronterait. Non : ILS les affronteraient.

Après un petit instant qui lui sembla presque un songe, alors qu'il laissait à nouveau ses réflexions prendre le large et lui apporter autant de certitudes que de questions, le Fenice enfonça l'une de ses mains dans l'une des poches de son jean, cherchant visiblement quelque chose. Il finit par en extirper une... feuille blanche. Une simple feuille blanche, qui semblait visiblement ne rien avoir de plus spécial que cela. Il en arracha un morceau, piquant la curiosité du maître-coq qui l'observait sans rien dire. Finalement, il lui tendit en expliquant le concept : ce bout de papier qui ne payait apparemment pas de mine était en réalité un objet nommé "Vivre Card". Elle pointerait toujours vers lui, jusqu'à sa mort. Ainsi, si ils avaient d'aventure besoin de le trouver, ils pourraient toujours tenter de suivre cet outil. Le brun trouva cela incroyable. La plaçant dans la paume de sa main, il constata qu'elle remuait exactement vers le blond à côté de lui. Ce n'était pas l'oeuvre du vent. Observant son comparse, il plissa les yeux et sourit doucement, ravi.

- J'espère ne pas avoir à l'utiliser avant longtemps. Du moins... pas parce que nous nous serons fichus dans le pétrin. Ce qui, semble-t-il, est une façon de vivre que nous avons adoptée avec panache...

Il rit doucement. Oui, la vie n'était pas facile avec ses nakama. Mais il ne l'échangerait pour rien au monde. Ces aventures folles et dantesques qui partaient de rien et bien souvent même de l'idiotie béante du Valentine D. valaient le coup d'être vécues. Sans qu'ils ne s'en rendent forcément compte, elles les forgeaient. Il restait juste à tirer les enseignements nécessaires de leur vie de pirates afin de mieux se préparer à l'avenir. Aujourd'hui en avait été une très grande, que le brun assimilait déjà de façon studieuse.

- Après tout, tu dois avoir plus important sur le feu que rattraper nos faux pas ! Et puis, c'est plus ou moins devenu ma fonction principale, quand je ne cuisine pas.

Un nouveau rire doux comme la brise s'évada avec l'air frais de la nuit, tandis que Heziel rangeait soigneusement la Vivre Card dans sa sacoche. Cela faisait un moment qu'il n'avait pas eu une discussion de ce calibre. Pouvoir se livrer était quelque chose dont il avait eu cruellement besoin ces derniers temps. Et même si ses compagnons étaient tout à fait dignes de sa confiance, la question ne se trouvait pas là. Il avait eu besoin de quelqu'un... un peu comme lui, au final. Une personne en proie aux mêmes questionnements.

- Merci, Nakata.


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Comme attendu, l'autre combattant se fit une joie d'accepter allégrement le présent que lui offrait le Phoenix, considérant probablement cela comme une chance et une sécurité supplémentaire en cas de complications majeures. C'était d'ailleurs exactement pour cela que le blondinet le lui avait tendu : car s'il ne pouvait assurément pas se permettre de voguer avec eux, il ne souhaitait pas se rendre responsable de la fin prématurée d'un autre équipage aux idéaux naïfs et innocents. Ces forbans ne voulaient pas faire le mal, au contraire d'un bon nombre de leurs comparses et rivaux... Et c'était une chose rare, que Nakata voulait à tout prix protéger, entretenir. Ainsi, même s'il avait pleinement conscience du fait que cela ne leur apporterait aucune immunité, a fortiori s'ils tombaient sur un combattant plus fort que le mythique ne l'était lui-même, il songeait qu'il s'agissait de la meilleure chose à faire pour leur rendre service. Restait à espérer, comme le souligna Heziel par la suite, qu'ils ne ressentiraient pas le besoin de l'utiliser avant un bon bout de temps... Mais cela, ce n'était rien d'autre qu'un énième caprice du destin, qui leur serait imposé de gré ou de force. L'Homme n'avait jamais eu l'admirable capacité à se prémunir des dangers qui le guettaient, et certains individus développaient même une formidable aptitude à s'y embourber les pieds joints, sans se soucier des conséquences qui s'aggravaient de seconde en seconde. Kain en faisait vraisemblablement partie, et malgré leurs fruits du démons et autres capacités complémentaires, les Borgnes risquaient à se titre d'éponger un lourd lot de défaites et de désillusions. La tâche cruciale qui leur incomberait par la suite serait d'apprendre à composer avec ces échecs, et d'en ressortir grandis. La persévérance n'était pas un luxe, ici, sur Grand Line : cela relevait davantage de l'instinct de survie. Nul ne pouvait se targuer d'être le meilleur sans jamais avoir eu à s'entraîner. Une telle utopie n'existait pas, car le talent n'était ni plus ni moins que l'une des innombrables données à prendre en compte, dans ce genre de domaines. Le Fenice ne pouvait nier qu'il aidait à bien des échelles, et qu'il fédérait globalement la piraterie dans les milieux débutants, mais les femmes et les hommes auxquels il avait tenu tête les derniers mois durant pouvaient se vanter d'échapper à une logique aussi basique et sommaire... Même un raté pouvait côtoyer les génies, passé Red Line, à compté du moment où il s'en donnait la peine.

L'ambiance qui auréolait les deux compères se détendit promptement, et le cuisinier lui adressa alors deux mots simples, qui eurent pourtant de l'interloquer. Des remerciements ? Sans être un célicole, le Schichibukai était sans conteste animé jour après jour par de bonnes et bénéfiques intentions à l'encontre des gens qu'il chérissait. Quelque part, et même s'ils ne les avaient que très peu côtoyés, Heziel et Kain en faisaient partie... C'était pour cela qu'à son sens, les aider à considérer leur situation d'un point de vue réaliste n'était ni plus ni moins que naturel. Il alla en ce sens en répondant simplement, un sourire honnêtement amusé couvrant ses lèvres pour la première fois depuis quelques temps déjà :

-Ne me remercie pas. Tant que vous n'êtes pas face au One Piece, rien ne dit que j'aurai pu me montrer pertinent et bienfaiteur.

Oui. La seule, unique et simple connivence qui unissait tous les forbans, grands comme petits, tenaces et pugnaces comme couards et sournois, inconséquents et insouciants comme téméraires et braves, justes et parcimonieux comme despotiques et jupitériens, c'était leur universelle lutte face la faucheuse. Perpétuelle, séculaire et inaltérable, cette querelle rythmait même leur progression à travers les flots, et poussait la majorité d'entre eux à une paranoïa maladive qui les rongeait de l'intérieur, progressivement, jusqu'à les pousser à une folie furieuse susceptible de leur causer plus de torts qu'ils ne l'escomptaient. En cela, tant qu'il ne parvenait pas à les extraire de ce terrible conflit, le Phoenix ne pouvait s'enorgueillir d'avoir accompli un exploit. Ce qu'il faisait là, bien d'autres l'auraient fait en retour, mais tant que cela ne portait pas ses fruits, il n'y avait aucun mérite à tenter de les guider... Quand bien même Nakata savait qu'il n'existait sur les flots de Grand Line aucune condition sinécuriale, il se souvenait sans peine de la protection dont il avait joui durant sa carrière au sein de la marine. Ses supérieurs et ses compagnons étaient à l'époque des hommes bien bâtis, solides et inébranlables, là où lui n'était qu'un marmot armé d'un cure-dent... Et ce simple état de fait l'avait de très nombreuses fois réconforté à l'orée d'un affrontement, alors que les hors-la-loi ne pouvaient systématiquement compter que sur eux-mêmes. C'était probablement pour cela que par-delà Red Line, les équipages forbans s'unissaient en un simulacre de grandiose force armée, affiliée à de prétendus Empereurs sans gloire : pour s'octroyer un tantinet de réconfort. Le musicien aux cheveux de chrysocale poursuivit alors dans sa prise de parole, non sans l'accompagner d'un soupir de lassitude :

-J'imagine qu'il faut être masochiste pour vouloir combattre toute sa vie durant...

Et pourtant, une retraite lui était difficilement envisageable. En songeant à toutes les luttes qu'il avait mené, dans le sang et la douleur comme dans la gloire et l'euphorie, le musicien imagina bien rapidement avoir développé une espèce d'addiction à l'adrénaline. Les combats âpres et acharnés étaient les seuls moments où il se sentait parfaitement vivre. Lorsque son cœur battait la cadence à un rythme effréné, lorsque sa peau s'azurait et lorsque ses muscles se tendaient, s'apprêtant à délivrer l'ultime offensive, le Fenice se sentait proprement vivant. Finalement, il était peut-être l'étrange victime d'un syndrome de Stockholm arrangé : le désespoir avait fait de lui son esclave, et le Phoenix devrait se plier au moindre de ses désirs jusqu'à son ultime repos...
Après un nouvel instant de silence, dont la monotonie fut temporairement ébranlée par le fracas grandissant des vagues à quelques pas de là, le capitaine de Tengoku no Seigi prit un air nettement plus sérieux et pivota pour faire face au cuisinier. Les mots qui suivirent, simples, eurent bien vite une allure de mise-en-garde appelant à la plus grande des prudences... Et c'était bel et bien le cas.

-Plus qu'à tout autre, prenez garde aux Decimas. Ils sont la vraie menace.
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Jeu 22 Sep - 20:25




Pensées au clair de lune...

Il se passa quelques secondes avant que Heziel n'acquiesce, suite aux paroles du Zoan ailé. Il pouvait comprendre son point de vue. Dans tous les cas, son geste et la volonté qui y était affiliée étaient tout deux appréciables. Le forban se doutait bien que tant qu'ils ne seraient pas arrivés au bout de la route, ce papier constituait également une invitation à poursuivre et à possiblement échouer. Mais il ne partait pas défaitiste. Même si il garderait en mémoire son impuissance de ce jour, il s'acquitterait d'une tâche simple et si complexe à la fois : en faire quelque chose de meilleure. Ainsi poussé à s'améliorer, il ne pouvait qu'aller de l'avant. De toute manière, Grand Line n'était pas connue pour laisser le choix aux gens qui la traversaient. Même si il n'était pas au fait de sa dangerosité, ne l'ayant pas encore expérimentée, Nakata lui avait fourni des arguments solides. Qui piquaient encore, au passage.

- À nous de faire le reste.

Il resta songeur face à ses autres paroles, n'y répondant guère par ailleurs. Peut-être bien qu'il fallait aimer la douleur pour passer sa vie à combattre... peut-être pas. Pour sa part, il se voyait mal cesser le combat, mais encore une fois qu'en savait-il ? Peut-être qu'en prenant de la bouteilles, les choses changeraient. Peut-être qu'il les verrait sous un autre angle. En admettant qu'il ne connaisse pas une fin prématurée, il avait encore une longue vie devant lui. Il comptait bien la mettre à profit. Néanmoins, il resta relativement surpris lorsque le Fenice le toisa soudainement avec un sérieux qui faisait froid dans le dos. Les Décimas ? L'artiste culinaire resta un instant sans bouger, fouillant dans sa mémoire. Non... ce mot ne lui disait rien. À son grand dam, il ne venait pas d'un coin qui suivait beaucoup les actualités. East Blue était protégée par son innocence, d'une certaine façon. Protégée de bien tristes réalités qu'il ne tarderait pas à découvrir par lui même.

- Décimas ? Qui sont-ils ?

Il avait posé cette question en toute naïveté, curieux de savoir ce qui pouvait ainsi pousser son homologue à une telle prudence. Il redécouvrait à peine l'ancien mousse de la marine, mais quelque chose lui avait néanmoins sauté aux yeux : si il avait des pensées bien sombres comme celles précédemment évoquées, il n'en restait pas moins qu'il avait confiance en ses capacités spectaculaires. Cela se ressentait rien qu'en l'affrontant. Il n'y avait pas juste eu un pur écart de puissance : le mythique avait su adapter sa force à chaque assaut, usant de son expérience pour trouver les réponses les plus adéquates, passant au travers des mailles. Insaisissable. Alors qu'est-ce qui pouvait bien ainsi le tarauder concernant ces "Décimas" ? Qu'entendait-il par "vraie menace" ? De leur point de vue, les Dokugan ne connaissaient guère ce genre de choses. Ils traçaient leur route, ajoutant des amis fidèles comme des ennemis acharnés à leur tableau de chasse. Se pouvait-il que le blond parle d'une ombre qui planait sur l’intégralité de l'océan de tous les périls ?


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A défaut de le désarçonner, l'ignorance effrontée d'Heziel eut tout du moins le don de lui arracher un sourire profondément amusé, tout égayé qu'il était de faire face à une personne aussi hors du commun, à bien des aspects. Il ne devait pas y avoir foule de pirates qui ignoraient tout des Decimas, sur Grand Line, même en considérant que ceux-ci venaient du placide East Blue... Centes avait tellement eu d'occasions pour faire parler de lui que Nakata aurait bien volontiers parié à l'encontre d'une telle méconnaissance. Pourtant, il ne nargua pas son homologue criminel et effaça bientôt son air narquois, considérant que la chose était suffisamment cruciale pour ne pas être tue davantage. Tôt ou tard, s'ils continuaient sur ce chemin, les Dokugans risquaient forts d'être confrontés aux troupes du Monarque autant qu'à celles des Gouvernementaux... Quant à savoir celles dont ils devaient le plus se méfier, le Schichibukai n'en avait strictement aucune idée. Dans le meilleur des cas, ils devraient se débrouiller pour les terrasser tous, sans distinction aucune. Quoi qu'il en fut, l'artiste désigna le navire des borgnes d'un mouvement sec du menton, et enchaîna sans plus attendre, sérieux et assidu quant aux informations capitales qu'il se devait de délivrer au bras-droit de Kain :

-Si vous souhaitez naviguer jusqu'au Nouveau Monde, vous devrez vous y frotter tôt ou tard. Ils sont menés par Centes, un homme peu scrupuleux, et doté d'un amour-propre potentiellement cent fois plus dense que le mien... Autant dire qu'il ne se soucie pas de grand chose d'autre que de sa petite personne. Sous couvert d'égalité suprême, il préconise la fin du Gouvernement Mondial... Et la destruction de tout ce qui pourrait, de près comme de loin, nuire au bien commun.

Une description brève, certes, mais jusque-là relativement idyllique. Déclaré ainsi, le Monarque ne semblait pas être un mauvais bougre... Et c'était probablement là-dedans que résidait toute la perfidie de ce maudit hautement recherché. Se faire passer pour un saint était tout une bataille, ardue et complexe, que le capitaine corsaire lui-même avait mené avec une difficulté certaine... Pourtant, Centes semblait s'y connaître, en matière de médiatisation, puisqu'il donnait si peu de raisons aux citoyens du Monde de le détester que la marine devait bien souvent appuyer sur ses propres pertes afin de prouver sa sournoiserie. Bien décidé à l'idée de pointer du doigt les failles d'un raisonnement aussi terrifiant qu'extrémiste, le Fenice chercha une métaphore optimale pour titiller l'intellect de l'autre artiste martial. Lorsque cela fut chose faite, il enchaîna promptement en croisant les bras, la lui fournissant sous forme de devinette.

-Admettons qu'un arbre fruitier soit positionné au centre d'une gigantesque place. A la saison mûre, ses fruits tombent et manquent d'assommer un enfant. La sagesse collective conseillerait sans doute aux citoyens de s'écarter de l'arbre pour n'avoir à en souffrir... Là où Centes l'abattrait sans aucun doute.

La suppression, l’anéantissement, l'annihilation pure et dure de tout ce qui menaçait plus ou moins explicitement l'instauration de son Ordre Nouveau. C'était là le principal moteur de Centes, son leitmotiv, sa façon de fonctionner et de se rendre infiniment plus crédible : en faisant taire tout ce qui était susceptible de le contredire, il évinçait définitivement toute possible remise en question. Et si son objectif était louable, celui de rendre à l'humanité son égalité nécessaire, le chemin emprunté l'était nettement moins aux yeux de Nakata : détruire la liberté de tous ne signifiait pas rendre le monde meilleur, à ses yeux. Tout au contraire, pour le blondinet, le raisonnement pervers du chef de file des Decimas n'était ni plus ni moins qu'un poison, qui consistait à désagréger éternellement tout ce qui était susceptible de générer des problèmes... Or, un homme unique sur un trône ne pouvait décider objectivement de façon constante : il allait forcément y avoir des bavures, de grossières erreurs que nul pourtant ne pourrait ni remarquer, ni réparer, puisque le Monarque veillerait à ce que chacun reste bien muet... Avec gravité, le Schichibukai enchaîna donc brutalement :

-Ce que souhaite Centes, c'est l'asservissement des masses. La suppression de la liberté, de la volonté propre, du libre-arbitre et du subjectif au bénéfice d'un ersatz de vivre ensemble.

Là-dessus, le zoan du mythique ferma les paupières temporairement, cherchant à se remémorer tout ce qu'on avait pu lui apprendre sur ce fameux bougre. Il se devait de poursuivre dans cette mise-en-garde, car naviguer insouciamment sur Paradise n'était plus envisageable, à cette heure... Il y avait bien trop de risques, notamment si l'on considérait les capacités effroyables du Monarque, susceptible d'écraser toute résistance par le simple don de la parole. Toutefois, pour l'heure, l'essentiel ne résidait pas encore là : il fallait que le Fenice insiste plus lourdement encore sur le danger qu'incarnait Centes par rapport à tout ce qui avait jamais existé de démocratique, au sein de ce système déjà pourtant bien gangrené et putréfié.

-Ils détruiront tout. Révolution, Piraterie, Marché Noir, rien de tout cela n'a à leurs yeux de réelles raisons d'exister... Car le Monde leur appartient. Ils écraseront tous ceux qui auront l'audace de s'élever contre eux, les réduiront à néant et supprimeront leurs pensées à tout jamais. Nous ne devons en aucun cas leur permettre de régner.

Ce n'était pas une quête personnel mais, aux yeux du Corsaire, un objectif nettement communautaire. Il savait que même lui ne pouvait fédérer une union entre les représentants des diverses factions pour lutter face à ce fléau en devenir, notamment car de trop nombreux criminels continuaient à sous-estimer les pouvoirs colossaux du monstre Decima... Mais si tout un chacun se mettait à lutter face à ce triste opposant, celui-ci finirait tôt ou tard par choir. Au nom de tous, il fallait les abattre sans plus attendre, avant même qu'ils ne se répandent davantage.

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Pensées au clair de lune...

Le tableau que lui peignit le blond, au départ, ne le choqua pas plus que cela. Un homme qui œuvrait pour la paix et l'égalité, par des moyens extrêmes ? N'était-ce pas ce que faisaient certains leader dans des contrées lointaines, eux même imbus de leurs personnes, se prenant pour des sortes de messie ayant compris ce que personne n'avait eu l'intelligence de déceler dans la réalité avant eux ? Pourtant, bien vite, la toile qui se tramait et dessinait la personnalité de ce "Centes" se tâcha d'une encre bien plus noire au fur et à mesure que le cuistancier analysait la métaphore habile du mythique du Phoenix. La suite lui fit froid dans le dos. En réalité, la bonne volonté qu'il avait cru au départ déceler dans cette description n'était rien d'autre qu'une erreur grossière. Afin d'amener la paix, le dirigeant des Decimas ne désirait pas apprendre aux gens à éviter la guerre. Il voulait tout simplement en éradiquer la possibilité.

Il se rembrunit également passablement lorsque le Fenice amena la possibilité de voir la piraterie disparaître. Pour sa part, Heziel se fichait encore bien de toutes les histoires pouvant traiter de la Révolution : il était juste assez au fait des choses pour savoir qu'il y avait des hommes, des femmes, des enfants même qui se levaient et haussaient la voix et les armes à l'encontre de la Marine et de ses dirigeants plus haut placés. Mais la piraterie... l'écraser ? Jamais ! Il avait bien conscience que dans son "domaine", toutes les têtes n'étaient pas remplies de pensées sympathiques. Des actes de barbaries étaient parfois durement infligés à des innocents, qui payaient cher le prix de leur faiblesse qu'ils n'avaient en aucun cas demandée. Mais le Coffe pouvait avec certitude en dire autant des forces du Gouvernement, qui parfois s'adonnaient à des exactions aussi terribles, si ce n'étaient plus, que leurs ennemis jurés... le tout sous couvert d'une immunité due à leur rang et à leurs relations. En cet instant, il repensant brièvement à Nathanaël Armstrong, priant pour qu'un homme aussi intègre fasse partie de ceux qui réduiraient au maximum ce genre de dérapages.

- À la vue de leurs intentions, je doute que mes compagnons et moi même ne leur offrions des fleurs si nous venions à en croiser.

Après tout, chaque forban demeurant au Youthful Demon, sous les ordres du colosse aux cheveux de neige, était mu par un grand désir de liberté. Elle se traduisait de centaines de façons, illuminait leurs yeux de milliers d'étoiles, ponctuait leurs pensées de millions de remous. Mais la liberté, oui, c'était ce qu'ils recherchaient. La liberté de parvenir au bout du monde pour trouver le fameux trésor de Gol D. Roger, la liberté de parcourir ces océans, la liberté d'en apprendre le plus possible sur ces terres vastes et ces landes aqueuses encore bien plus gargantuesques qui ponctuaient la surface du globe. Si ces Decimas tentaient vraiment de réduire le concept même de la liberté à l'état d'un fragment de souvenir, alors ils devraient les combattre. Il ne doutait pas qu'à l'occasion, les faits ne leurs laisseraient pas le choix. Et si ils devaient combattre...

- Que sais-tu de plus sur eux ? Si nous devions en arriver à l'affrontement, chaque information est bonne à prendre. Considérant notre quête, je suis persuadé que ce sera le cas.

Oui... Kain ne permettrait pas de telles choses, pour peu qu'il comprenne l'ampleur de la situation. Pour sa part, Heziel n'avait pas eu à réfléchir longtemps pour se décider : les objectifs de ces "Decimas" étaient en contradiction totale avec ce qu'il pouvait chérir de plus précieux. Ils se fracassaient bruyamment sur les barrières de ses codes moraux les plus encrés. Puis, comme il l'avait déjà pensé plus tôt, une telle fumisterie ne constituerait pas une vie. Tout au plus, ce serait l'histoire d'un fou contrôlant ses marionnettes par millions du haut de sa tour d'ivoire, sans parvenir à comprendre qu'il jouait à un jeu vide de sens.


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Aucune surprise, Heziel et lui se trouvaient bel et bien sur la même longueur d'ondes. Après tout, ils avaient appris à la même école, celle de la piraterie, et savaient pertinemment que les maux infligés par d'autres ne devaient leur être imputés. Bien entendu, leurs comportements respectifs, parfois irresponsables et trop souvent spontanées, n'étaient pas forcément exempts de touts reproches... Cela étant, ils ne piétinaient pas autrui pour flatter leurs egos, ne cherchaient pas à s'enorgueillir grâce à leurs forces physiques ou à trôner grâce à la richesse et à l'influence que recherchaient avidement tant d'autres. Au milieu de l'océan de la criminalité, Nakata et son interlocuteur faisaient office d'îlots sages et ataraxiques, et même les flots que généraient les marines n'étaient que très rarement irréprochables. L'homme était ainsi fait, car sa nature le poussait fatalement soit à l'orgueil, soit à l'ouverture d'esprit et à la générosité. Nul ne pouvait demeurer gris indéfiniment, quant à de tels sujets, mais l'important était principalement de savoir se doser et se contenir. Les libertés individuelles ne devaient pas piétiner la sécurité d'autrui, bien entendu... Sauf que le problème qu'entretenait le musicien avec la pensée des Décimas s'en allait bien au-delà de ça : il se battait jour après jour pour garantir une forte liberté individuelle, pour tout un chacun, et entendait bien défendre les fruits de ses prouesses jusqu'à la mort si Centes le poussait à de tels retranchements. Laisser un Monarque auto-proclamé s'emparer du Monde à la place du Gouvernement Mondial, et donc passer d'une oligarchie déguisée à une forme aberrante et instable d'autoritarisme absolu, c'était s'amputer d'un bras pour s'ôter une épine. Le Fenice, ainsi donc, avait rapidement pris conscience du fait qu'il fallait à tout prix évincer Centes et les siens de cette affolante et incessante course au pouvoir tant qu'il en était encore temps. Malheureusement, les nombreuses bavures de l'armée en la matière ne leurs facilitaient pas la tâche, et c'était avant toute autre chose à ce sujet qu'il se devait de prévenir Heziel des dangers multiples qui les guettaient.

-Il y aurait beaucoup à en dire mais, pour faire court, Centes possède un pouvoir extrêmement redoutable, qui lui permet manifestement de plier toute personne à sa volonté par la simple voix. Je ne l'ai fort heureusement jamais rencontré, mais d'autres marines ont croisé sa route pendant un assaut sur son quartier général, l'île de Merveille, qu'il vous faudra à tout prix éviter. Pour la plupart, ils font encore partie de son armée... Y compris l'ancienne amirauté et les têtes d'affiches que la marine comportait à l'époque, notamment Kizaru, Aokiji et Akainu.

Un constat amer, acide, qui ne manquerait pas d'interpeller le cuisinier même si celui-ci ne pouvait probablement qu'imaginer la puissance colossale que détenaient de telles figures. Après tout, s'ils avaient croisé le chemin d'une simple contre-amirale et qu'elle avait su les contraindre à la fuite, les bougres pouvaient bien se douter du potentiel développé par les seules personnes qui se trouvaient deux grades au-dessus encore. Sans jamais en avoir affronté un directement non plus, le Phoenix savait pertinemment qu'il n'était pas encore de taille pour les capturer et les livrer à Impel Down, tel qu'il avait pu le faire face à Wakai Tsuki, le présumé plus dangereux des anciens vices-amiraux... Enfin, de toute manière, Nakata ne comptait pas leur livrer un pion de plus, après le coup dont il avait été victime : Elisabeth n'avait pas été protégée du tout, et avait même plutôt été méprisée, à en croire les multiples blessures qui n'avaient pas été soignée. Un miracle qu'elle ait encore survécu au trajet qui l'avait vu rentrer à Graou Island : les scientifiques n'avaient fait que la maintenir en vie. Le reste avait dépendu exclusivement de la forte volonté de la guerrière... Un atout indispensable dans le haut du panier de la piraterie. Dans tous les cas, seul demeurait le constat abrupt dressé par les médecins de la clinique Kaigo : elle allait avoir besoin de temps pour seulement parler à nouveau... Autant dire que même si le mythique cultivait encore et toujours de noirs desseins à l'encontre du Monarque, il risquait de faire bande à part, à l'avenir. Cela ne l'empêchait toutefois pas de pousser d'autres à le seconder, comme il entendait bien le faire avec Kain : plus les Decimas avaient d'ennemis, moins ils n'auraient l'occasion de s'étendre et de se défendre. Les détruire sur plusieurs fronts était le meilleur moyen de pousser Centes à bout : il n'était qu'un homme, même si son pouvoir se montrait plus redoutable que n'importe lequel autre. Le Fenice, donc, se fit un malin plaisir à poursuivre ses explications pour tenter d'apporter aux Dokugans une aide encore un peu plus concrète. La Vivre Card ne ferait jamais de mal, mais la première bataille à livrer était informative. Les renseignements étaient la base de toutes les opérations.

-Outre ces pions, incapables de penser, qu'il envoie notamment pour seconder les expéditions de grande envergure, Centes possède sous ses ordres tout un tas d'alliés plus ou moins proches. Les Chevaliers sont ses amis, et il ne s'en sépare qu'occasionnellement. Les Fous sont déjà plus lointains, et gravitent souvent autour des Decimas sans s'y greffer constamment. Les Tours, enfin, sont des espèces de subalternes chargés de s'occuper des tâches ingrates. C'est tout ce que je sais quant à leur fonctionnement.

Et ce n'était déjà pas mal, dans le fond. Tout en s'humectant les lèvres brièvement, le capitaine corsaire pivota légèrement pour scruter à nouveau l'horizon, Grand Line qui s'étendait là-bas, à perte de vue. Quelque part, les hommes se préparaient à guerroyer et les stratèges échafaudaient les derniers plans. La guerre qui s'était entamée quelques années plus tôt entre la Révolution et la Marine avait simplement changé de belligérants. Ni plus, ni moins... Le sang versé, les larmes qui maculaient les cadavres ensanglantés et torturés se trouvaient toujours aussi froidement identiques. L'on souffrait, quelle qu'en fut la raison. Et les civils étaient souvent les premiers à faire le frais des exactions prétendument justes et libertaires des vrais criminels...

-Je pense que la plupart de leurs troupes seraient à votre portée. Après tout, ils évitent soigneusement de se frotter aux Yonkous et au business hors-la-loi... Ils n'ont déclaré de guerre ouverte qu'au Gouvernement Mondial. Même moi, qui me suis directement opposé à leurs agissements, n'ai pas encore eu à subir de représailles. Ils ont une situation encore trop précaire... Mais cela ne durera pas. C'est le moment où jamais de les abattre, j'en ai bien peur. Reste que peu semblent en avoir conscience.
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Pensées au clair de lune...

Heziel assimila les informations qui tombaient, l'une d'elle le choquant plus que toutes les autres : le fameux Centes avait un pouvoir terrifiant. Pouvoir plier à sa volonté n'importe qui par l'usage simple de la parole... était-ce là les effets dévastateurs d'un fruit du démon particulier ? Le panel de ses victimes était impressionnant : une armée composée des plus hauts gradés de la Marine. L'image de la belle Lim Focker lui revient en tête, troublant ses pensées un instant... avant que le souvenir accroché à cette image ne le frappe à son tour : elle était réellement dangereuse. Si une contre amirale disposait d'une puissance pareille, qu'en était-il d'un amiral ? Il frissonna. Rien que d'y penser le laissa dans une sorte de silence interdit, duquel il ne sortit guère, continuant d'écouter Nakata. Il retint notamment qu'il fallait à tout prix éviter l'île de Merveille, qui faisait office de quartier général à cette force menaçante.

Les Decimas étaient ainsi divisés en plusieurs catégories, qui jouissaient de privilèges et de responsabilités différentes. Les plus proches amis du monarque, ses chevaliers, restaient souvent autour de lui et ne se séparaient de leur leader qu'en de rares occasions. En dessous, les fous restaient en retrait, sans totalement se mixer avec le reste des troupes. Sans doute leur imprévisibilité rendait-elle logique le choix du nom. Quant aux tours, il s'agissait de sous-fifres qui gardaient leur libre arbitre mais s'occupaient des sales besognes. Puis venaient les pions... le nom même le rembrunit. Cet homme arrachait leur identité aux gens, et les utilisait comme des figurines sur un échiquier. Non seulement il trouvait ça d'une vilenie sans pareille, mais en plus c'était pompeux. Effectivement, ce Centes devait avoir la grosse tête. Hélas, il avait les moyens d'appuyer ses prétentions...

Selon le Fenice, la majorité des troupes du roi restaient à la portée d'un équipage comme les Dokugan. L'artiste culinaire accueillit cette information avec un hochement de la tête. Il ne pouvait pas promettre aux Shichibukai que ses amis se joindraient à ce combat : au contraire, il n'échangerait l'intégrité de son groupe pour rien au monde. Néanmoins, il pouvait les sensibiliser et leur transmettre les informations qu'il venait d'apprendre. Comme il l'avait déjà dit précédemment, une simple rencontre avec ces fameux Décimas ne porterait sans doute ses fruits que dans un affrontement acharné. Si ils agissaient bien comme le zoan le suggérait, ils étaient des ennemis naturels pour les Dokugan.

- Je vais garder ça en tête. Je ne peux te promettre que l'on s'implique. Après tout, ma loyauté va avant tout à Kain et à mes compagnons. Néanmoins... si nous venions à croiser des individus affiliés à Centes, je n'hésiterai pas à leur mettre des bâtons dans les roues si mes amis acceptent de me suivre dans ce combat.

Il s'étira légèrement. L'effet de l'alcool était mitigé par leur discussion prenante, ainsi que par le fait qu'il ne consommait quasiment rien depuis qu'ils avaient commencé à réellement échanger. L'opaque voile noir parsemé de lumières qu'on appelait le ciel l'accueillit d'une vision charmante alors qu'il relevait la tête. Il reprit finalement une gorgée et plaça le sake entre eux deux, laissant tout loisir au Fenice de s'en reprendre également une rasade.

- C'est ce genre de combat qui t'a poussé à devenir Shichibukai ? Après tout, si tu étais en phase avec les idéaux du gouvernement, tu ne les aurais pas quittés. Tu serais peut-être même devenu amiral à l'heure qu'il est. Comme tu nous l'avais dit cette fois là...

Il rit doucement. Sa phrase n'avait aucune intonation moqueuse, ni moralisatrice. En aucun cas il ne remettait en doute les choix de vie de son homologue. Il était d'ores et déjà persuadé que quelque chose dans le pouvoir en place avait déplu fortement au blond, si il se retrouvait désormais à collaborer avec eux sous l'étendard de la piraterie. Néanmoins, le souvenir d'un Nakata passablement agacé et d'un Kain rieur s'échangeant des promesses d'avenir lui avait flanqué ce rictus au visage. Les temps changeaient, décidément. On était jamais sûr de rien... si le Fenice ne serait sans doute jamais Amiral, il espérait malgré tout que le borgne réaliserait son rêve. Il le savait bien trop obstiné pour changer de route.


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Sam 24 Sep - 11:13
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Le bras-droit des Dokugans semblait comprendre la nécessité d'un tel labeur, et annonça au blondinet qu'il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour combattre les Decimas, à question que le reste de l'équipage ne décide de le suivre. Des paroles simples et modestes, mais que Nakata n'osa pourtant pas contredire : selon lui, il était indéniable que Centes et les siens finiraient tôt ou tard par s'en prendre aux Borgnes, qui avaient le mérite d'avoir fait parler d'eux avant même de mettre les pieds sur la Route de tous les périls. Kururu et l'Alliance Rose étaient d'ailleurs plus ou moins dans le même cas de figure : on se trouvait là face à des éminences au sein des pirates débutants, de ceux qui formeraient d'ici quelques années la crème de la crème, le fleuron de la piraterie. Pas question pour le Monarque de les laisser passer sans tenter de prendre des mesures à leur encontre, tant le symbole qu'ils pourraient incarner d'ici une décennie risquait de s'avérer puissant... De facto, le Phoenix songea bien rapidement que les Dokugans n'auraient au final d'autre choix que de livrer bataille, ne fut-ce que de façon extrêmement éphémère. Après tout, en se rendant compte qu'ils n'étaient pas de mauvais bougres, Centes finirait peut-être par considérer que cela n'en valait pas la peine et que des dangers plus tangibles subsistaient, dont il fallait s'occuper en priorité.... Du moins était-ce là l'hypothèse la plus optimiste que le Schichibukai était en mesure d'envisager, en espérant tout du moins se tromper grossièrement. Les chevaliers et les pions étaient de féroces adversaires, face auxquels ses camarades avaient bien failli subir de graves supplices, sinon la mort elle-même... Et le Fenice ne s'en était que légèrement mieux sorti, et ce principalement grâce à sa malédiction pour le moins pratique lorsqu'il s'agissait de combattre face à un épéiste. Chaque estafilade se régénérant avant que la prochaine ne lui soit infligé, l'artiste martial avait eu tôt fait de prendre l'ascendant sur ce Wakai Tsuki dépourvu de tout intellect. Un duel à sens unique, donc, qui risquait pourtant de ne pas être aussi plaisant maintenant que l'autre homme avait retrouvé toutes ses capacités cognitives... Néanmoins la marine n'était absolument pas sa priorité, pour l'heure. Même s'il finirait tôt ou tard par s'y opposer avec fermeté, il avait mieux à faire que d'achever l'institution militaire enorgueillit par des siècles d'existence, mais ébranlée par de cinglants fiascos à répétition.

L'interrogation que lui adressa ensuite Heziel eut le don de le sortir de son inquiétante torpeur. Il s'enquérait à présent de la raison qui l'avait poussé à devenir un capitaine corsaire, et donc à demi-mot de ce qui l'avait poussé à déserté, quelques années auparavant, en renonçant ainsi au vœu qu'ils s'étaient fait durant leur basse enfance. L'amirauté, le légendaire y avait effectivement renoncé depuis belle lurette, et n'y avait d'ailleurs plus repensé depuis lors... Mais, désormais, il se rendait compte que les dires du cuistot n'étaient pas dénués de bon sens : grâce à la capture d'Aokiji et d'Akainu, les amiraux actuels n'étaient probablement pas plus redoutables que lui, a fortiori s'il considérait la réinsertion express de l'épéiste qu'il avait su défaire. Pour autant, Nakata ne se concentra pas davantage sur cette hypothèse alléchante, car il lui revint à l'esprit que même les amiraux ne possédaient pas l'influence nécessaire pour modifier les rouages ancestraux et archaïques qui guidaient leur vision unilatérale du mot justice. Avec le temps et le recul, il avait tout simplement appris à comprendre le fonctionnement du Gouvernement Mondial et l'impuissance dans laquelle étaient plongés même ses plus hauts représentants. Une institution perverse, au sein de laquelle même les hauts-gradés manquaient cruellement d'influence ne pouvait pas fonctionner convenablement dans un monde aussi vaste, aussi dense et aussi vivant. L'air navré qui vint se visser sur son faciès précéda donc ses mots, lesquels étaient eux aussi teintés d'une mélancolie et d'un regret certain, celui d'avoir jamais eu à servir les instincts grégaires des Tenryubitos :

-Non, pas vraiment... C'est en réalité plus compliqué que ça. De mauvaises expériences m'ont poussé à déserter, et ça n'est que mon ambition personnelle qui concordait avec la proposition de Capitaine Corsaire.

Avec lenteur, le Fenice vint replacer son postérieur sur le sol dur et rocailleux et laissa glisser sa main jusqu'à la bouteille à demie-vidée, dont il se servit une généreuse gorgée. La mélancolie qui l'habitait, il la savait pertinemment peu constructive, car il n'aurait jamais pu, à son échelle, modifier quoi que ce fut. Cela étant, cela n'empêchait pas son cœur de se pincer lorsqu'il ressassait de tels événements, à la fois lourds et affligeants. Il n'avait fait que son devoir, certes, mais il aurait grandement aimé se rendre compte du danger que représentaient les Nobles Célestes avant de tenir tête à Raphaël lors de leur première rencontre. Après un soupir de lassitude, le Schichibukai entama son bref mémento, redonnant vie à ces mornes souvenirs.

-J'avais été intégré à la protection d'un Tenryubito voguant sur Grand Line pour tout un tas de visites protocolaires. Une fierté, pour un gamin tel que moi, tout juste maudit et dont on reconnaissait de plus en plus les capacités martiales ainsi que cognitives. Tout se passait bien, jusqu'au moment où le Tenryubito s'est épris d'une jeune ange, qu'il a décidé d'enlever. Je n'ai su qu'après, évidemment, qu'elle n'était pas consentante... Et pas grâce au Gouvernement. Le problème, c'est que cette jeune ange était la sœur d'un pirate, à l'époque Schichibukai. Raphaël.

Un nom qu'Heziel avait peut-être vaguement entendu murmuré, du fin fond d'East Blue, mais qui ne l'avait sans doute jamais davantage interpellé. Après tout, le démon ailé s'était principalement fait connaître sur Grand Line et South Blue, d'où son équipage fut par la suite issu. Toujours était-il que Raphaël avait pu jouir d'une certaine médiatisation à l'époque, à l'instar de Nakata à l'heure actuelle. Et pour cause : ils partageaient indéniablement un certain nombre de points communs, en passant par leurs goûts pour la provocation ouverte ainsi que par l'image cordiale et sincère qu'ils renvoyaient d'une partie de la piraterie, constituée de rêveurs et d'idéalistes plus que de brutes et de truands. La légère pause que le capitaine de Tengoku no Seigi marqua lui servit à s'humecter les lèvres une énième fois, mais également à se servir une nouvelle généreuse rasade d'alcool qui lui brûla bien moins l’œsophage que les aveux qu'il servait à son jeune ami.

-Raphaël n'a évidemment pas voulu le laisser passer. Il s'est lancé à notre poursuite, jusqu'à Shabondy. C'était sa dernière chance, pour sauver sa sœur, Mariejoa n'était alors qu'à quelques petites heures de navigation et protégées par d'innombrables fortifications. C'est donc là qu'il est passé à l'action... Et c'est moi qui ai été choisi pour le contrer. Une fois encore, j'étais fier, principalement car on me l'avait dépeint comme un criminel de grande envergure, vigoureux et exécrable. Je me suis rendu compte trop tard que ça n'était qu'une grossière manipulation opérée par mes supérieurs, et qu'il n'était rien d'autre qu'un frère cherchant à retrouver la trace de sa jeune sœur. Alors qu'il avait l'occasion de me tuer, il m'a épargné. Alors qu'il avait de colossales raisons de me haïr, moi qui l'avait empêché d'atteindre son but et qui avait octroyé à sa sœur sa condition d'esclave... Il a décidé de me pardonner, et de me prendre sous son aile. C'est la l'ultime mission que j'ai réalisé au nom de la marine.

Le Fenice leva péniblement les yeux aux cieux, détaillant les étoiles avec un brin de nostalgie. Raphaël avait toujours été un grand homme, généreux et responsable, ainsi qu'un mentor aux compétences indéniables. C'était en son souvenir que le blondinet avait choisi d'abandonner la voix du sabre, de laquelle il s'était dégoûté, afin de la troquer contre des capacités corporelles pures et dures. C'était également en son souvenir qu'il s'était finalement décidé à bâtir son propre équipage, et à lancer sur les mers une nouvelle bande de justiciers, avides de changements et de sécurité pour les citoyens impuissants de ce système vérolé. Au final, plus encore que son ancien capitaine, l'ange avait été un véritable pilier, une pierre angulaire dans la philosophie du Phoenix, qu'il n'avait toujours pas oublié ou remplacé. C'était grâce à cette homme qu'il foulait encore la terre, aujourd'hui, et au nom de cette homme qu'il réaliserait des miracles, demain. Tout son être ne respirait qu'à travers ce souvenir, ne prenait sens uniquement que par ce sacrifice. Comment s'en détacher, à ce stade ? Un nouveau soupir ébranla ce colosse de forban et il lâcha d'autres mots, la voix tout aussi brisée qu'aux prémices de leur conversation :

-Après cela, j'ai beaucoup erré. J'ai rejoint la Révolution, que j'ai quitté par manque de confiance envers Arias. Difficile de croire en la légitimité d'un seul homme quand tout un système vous a mené à la baguette en vous poussant à la cécité. Ainsi, quand Raphaël est réapparu, je me suis pressé jusqu'à lui pour le rejoindre, et je suis devenu pirate. Quant à mon entrée au sein du corps Schichibukai... Ça n'est qu'une opération médiatique et pratique. Ce n'est pas une vocation.

Rien n'était jamais laissé au hasard, et les miracles survenaient souvent après des opérations minutieuses et savamment menées.

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Pensées au clair de lune...

Ambition personnelle. Le Fenice avait donc un but qui l'avait poussé à accepter cette place de Shichibukai. Après tout, les forbans qui accédaient à ce privilège jouissaient d'une certaine influence et d'une plus grande liberté d'action. Du moins, à première vue. Ainsi, ils avaient sans doute l'occasion de remplir des desseins qui les concernaient proprement sans être entravés par les forces du Gouvernement Mondial. Quant aux raisons de sa désertion... Heziel but avidement ses paroles. Il avait déjà entendu parler de ces gens, les "Tenryubito". De ce qu'il en avait compris, il s'agissait de nobles disposant d'une extrême latitude d'action et d'un pouvoir dépassant celui des dirigeants de certains pays. Il n'y avait alors guère prêté attention à l'époque, se contentant d'acquiescer aux dires de son père tout en intégrant ces informations. Désormais, il venait de comprendre en quoi ce genre de pouvoir pouvait se révéler pervers et retors...

Il ne connaissait pas ce Raphaël, du moins pas plus que cela. Néanmoins, lorsqu'il écouta la suite de l'histoire, il serra les poings. Ce qu'avait du traverser cet homme... ça devait être la pire des aventures. Il se figura à la place de ce pirate quelques instants, avant de resserrer son autre main sur quelques gravillons à la simple idée de devoir endurer pareille épreuve.

- Je le comprend... si quelqu'un osait faire ça à Emilia, je...

Il ne continua pas, mais ses pensées et son attitude corporelle étaient claires. Si le cuisinier était naturellement bon et cherchait toujours à limiter les conséquences de ses actions destinées à faire du mal, ayant le pardon plus facile que la majorité des gens qui l'entouraient, il y avait un panel de litiges dans lesquels il ne valait pas mieux se lancer avec lui. Il s'imaginait parfaitement les choses. Emilia, livrée aux mains d'un nobles gras et présomptueux, considérant que son corps et son âme lui appartenaient par un simple stupide droit de naissance. Il serait prêt à remuer ciel et terre en écrasant quiconque s'opposerait à lui pour retrouver sa sœur dans pareil cas. Il étranglerait ce porc avec ses propres mains. Il le savait : pour sauver quelqu'un à qui il tenait autant, il n'était pas question d'être capable de mettre de côté ses remords et scrupules : il n'en avait tout simplement pas. En ce sens, le personnage cité par Nakata différait de lui : à sa place, le cuistancier n'aurait pas été capable de la moindre clémence. Pas sans quelqu'un pour le raisonner.

Du reste, le Coffe écouta sans broncher la suite des dires du Phoenix. Il avait réellement eu un parcours complet. Marine, révolutionnaire, pirate... ça devait lui donner une vision assez large du monde, en réalité. Peut-être était-ce pour cela qu'il s'accrochait à des causes d'une plus grande ampleur que la sienne ? À force de côtoyer la fange du monde humain, on finissait immanquablement soit par s'y noyer, soit par vouloir la nettoyer. Il semblait que Nakata eut choisi la seconde option.

- Je vois. Ça a du sens.

Il ne releva pas réellement la nostalgie qu'il sentait à nouveau poindre au sein des mots de son interlocuteur. Ce voile grisâtre de tristesse qui venait se déposer sur son port confiant et plein de maîtrise. Indubitablement, l'évocation de son passé était quelque chose de douloureux. Il fallait croire que l'alcool faisant, les deux hommes pouvaient s'ouvrir plus librement l'un à l'autre sans être limités par certaines contraintes de l'esprit. Relevant la tête, il observa le scintillement blafard de l'astre céleste.

- Une grande tablée. La plus grande possible. Des gens heureux de manger et de discuter ensemble. Ça peut paraître stupide et un peu simpliste, mais c'est un rêve que j'aimerais accomplir. Peut-être que je ne suis pas très au fait du monde et de ses malheurs, mais il est bien au moins une chose que je peux faire. L'expression de satisfaction et de sincère bonheur sur le visage de quelqu'un qui se régale est quelque chose qui ne trompe pas.

C'était là une des principales raisons pour lesquelles il cuisinait avec autant de coeur. Il ne s'agissait pas de devenir prestigieux, ou de se faire connaitre pour des plats d'une qualité et d'un exotisme irréprochable : avant tout, il s'agissait de rendre les gens content. Qu'ils furent fatigués, abattus, en colère, inquiets... peu importait. Un bon repas ne pouvait pas faire de mal. En quelques sorte, c'était sa façon à lui d'agir à son propre niveau. Il ne réglait sans doute pas les problèmes à la racine, mais si il pouvait donner un peu de lumière à ceux qui en avaient besoin, alors sa tâche était accomplie.

- J'imagine que nous avons tous un rôle à jouer, les uns envers les autres. Celui-ci me convient. Ce n'est peut-être pas grand chose, mais c'est ma façon d'apporter un peu de chaleur autour de moi.

Peut-être que ce serait amené à évoluer. Qui pouvait bien savoir... le chapeau de paille avait théoriquement l'avenir devant lui. La vie lui réservait peut-être des surprises.


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Comme durant les déjà nombreuses minutes qui s'étaient écoulées auparavant, le capitaine corsaire su trouver en Heziel une oreille attentive, sinon captivée, à l'écoute et patiente. C'était probablement une qualité louable, que peu de personnes partageaient véritablement par générosité et non par cupidité, et ainsi une qualité qu'il respectait. Le fait de se désinhiber ainsi sa compagnie avait un côté profondément revigorant, stimulant et dynamisant. Au fur et à mesure des phrases qu'il enchaînait, Nakata se rendit progressivement compte du fait que peu de personnes, même au sein de son nouvel équipage, étaient au courant de l'entièreté de ce passé tumultueux et obsédant. La plupart de ses camarades lui adressaient une franche loyauté sans vraiment savoir ce qu'il avait vécu, les expériences par lesquelles il était passé avant de devenir le héraut de la justice qu'il était à l'heure actuelle. Une fidélité qu'il ne pouvait que féliciter, que remercier également, mais qui le rendait d'autant plus mal-à-l'aise qu'il avait lui-même refusé d'en faire preuve à l'égard d'Arias, quelques années auparavant. Bien entendu, le Phoenix comprenait que ses compagnons d'infortune le fréquentaient bien plus que lui et l'ancien chef de la Révolution à cette époque désormais révolue, et que cela leur permettait donc très probablement de se faire une idée saine et relativement véridique de sa propre personne, mais il se rendait compte qu'ils auraient pour la plupart été en mesure de le suivre aveuglément sans jamais poser la moindre question, tout simplement car ils étaient convaincus du bien fondé de ses actions et de ses idéaux. Un dévouement quasiment illimité, qui lui permettait très fréquemment d'outrepasser ses capacités afin d'arracher une victoire que l'on pensait définitivement enterrée. Pouvoir adresser une pleine confiance en ses compagnons sans que ceux-ci ne la questionnent était en quelque sorte le seul remède que le Fenice avait trouvé à ses innombrables névroses, qui lui mordaient l'esprit et la chaire cycliquement, lorsqu'il ne parvenait plus à s'isoler dans le bruit et les fêtes, la joie et l'éphémère soulagement d'un combat rondement mené. L'artiste n'avait au final jusque-là que trompé ses craintes, ses douleurs et ses peines. Sans jamais vraiment chercher à les combattre, à leur tenir tête, il s'était prostré dans une attitude enfantine qui consistait à leur tourner le dos en faisant mine de ne plus les voir... Une décision qui ne menait que très rarement à un lendemain heureux, et il en prenait désormais pleinement conscience. Toutefois, comment parvenir à se libérer définitivement de telles contraintes ? Une interrogation qui était jusque-là demeurée sans réponse, et qui restait de l'être durant encore de longues années.

Lorsqu'Heziel prit ainsi la parole, le musicien se concentra donc sur ses dires, lui renvoyant ainsi la politesse et la courtoisie dont il avait fait preuve jusqu'ici. Le cuisinier des Dokugans lui avoua ainsi que son plus grand désir se trouvait au final être un but aussi atteignable que féerique : rendre des femmes et de hommes heureux, attablés, rien que par la force gustative de ses plats. En écoutant ses dires, l'ancien révolutionnaire prit conscience du fait qu'aux yeux de son homologue, la cuisine et l'art avaient un certain nombre de points communs. Ils devaient divertir, transmettre des émotions puissantes, renfermer des messages concrets et répandre la joie et la bonne humeur à chaque occasion, réconforter le moindre de ses clients et panser leurs peines, ne fut-ce que temporairement. Un objectif louable, certes moins grandiloquent et extravagant que celui du mythique, mais autrement plus concret et tangible. Là où Nakata avait décidé de permettre aux gens une vie plus paisible en combattant au nom de leur liberté et de leur sécurité, Heziel quant à lui militait à travers sa cuisine, à travers ses plats, ses épices, ses innombrables recettes. Il voulait que le goût de ses créations devienne indicible, extraordinaire, et que nul ne puisse y résister, que nul ne puisse ainsi enfouir ses doutes et ses peurs, que chacun vibre de sérénité en se servant ne fut-ce qu'une bouchée. Sans mépris aucun, le leader de Tengoku no Seigi se mit alors à sourire. Il y répondit, nettement plus guilleret que durant les instants précédents :

-J'imagine que c'est un but raisonnable, mis en perspective avec celui de Kain. Moins de concurrence, en tout cas.

Il laissa s'échapper un petit rire clair de sa gorge, puis posa ses mains sur la roche, derrière lui, afin de redresser le regard en direction du tapis stellaire dans une position plus confortable. Définitivement, ces étoiles étaient fascinantes, aussi attirantes qu'effrayantes, car elles cristallisaient à elles seules ce que l'homme désirait, aspirait à découvrir, mais qui lui demeurerait probablement pour autant à jamais incogniscible, inaccessible. Le garçon se souvint brièvement de leur premier jeu, avec Holly, auquel ils s'étaient livrés sur le pont du MoT, épave depuis longtemps. Trouver de nouveaux astres, et leur fournir un nom à la hauteur de leur rutilance, de leur faste. Un nouveau sourire accompagna cette pensée qu'il gomma pourtant le moment suivant : il aurait d'autres occasions de se livrer à un tel jeu, avec elle. Après tout, il se rendait sur South Blue en partie pour l'y retrouver...

-Quoi qu'il en soit, cuisiniers comme justiciers, il y a bien peu de chances pour que l'on nous laisse agir à notre guise. N'ayez pas honte de fuir ou de tourner le dos à vos opposants, si cela peut vous garantir un voyage plus long. Les amiraux, les Schichibukais, les autres pirates... Autant de personnes qui prendront votre peau, s'ils en ont l'occasion. Mais vous vous en rendrez compte bien assez vite.

Les expériences désastreuses auquel Nakata avait dû faire face sur la Route de tous les périls étaient pratiquement innombrables. Des cataclysmes, des batailles échouées d'avance, des adversaires trop forts, trop expérimentés, aux arts trop perfectionnés... Des hommes qui, parfois, n'avaient rien à faire sur sa route mais qui s'y dressaient pourtant, malicieux et sournois, dont les yeux abondaient de diablerie et de cruauté. L'on ne choisissait pas ses ennemis, sur Grand Line : c'était le destin qui nous les opposait, sans prendre compte de nos chances de survie, qui frisait bien trop souvent le ridicule...
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Pensées au clair de lune...

Hezzy accompagna la remarque amusée de Nakata en se frottant les cheveux, plissant les yeux pour reprendre son air habituel, situé à mi-chemin entre une sorte de gêne bénigne et son humilité propre. Il s'amusa à penser que si il voulait un jour réunir tant de gens autour d'une table, il lui serait alors nécessaire d'être capable de préparer la même chose pour Kain, dont l'appétit ne semblait que grandir avec le temps... puis, si un jour il faisait une telle réception, il faudrait bien que les invités aient de quoi se sustenter. Chose compromise si il devait leur faire partager les mêmes réserves que son capitaine ! Du reste, il était certain qu'avec un peu de recul, le cuisinier n'en demandait pas beaucoup au monde. Juste qu'on le laisse faire ce qu'il pensait être bien et juste, principalement en offrant à manger à ceux qui le nécessitaient.

Il se redressa doucement lorsque Nakata termina de parler, prenant une ultime rasade dans la bouteille. Une fois qu'elle fut vidée, il l'observa. La fatigue commençait à le rattraper, et il aurait sans doute de sacrées courbatures à combattre dans les jours à venir... il n'allait plus tarder à se laisser aller à un sommeil réparateur, quoiqu'un peu caressé par l'alcool.

- Je retiendrai ça, ne t'en fais pas.

Il observa l'étendue bleutée qui scintillait sous la luminosité astrale, offrant à ses pupilles un spectacle de reflets brillants et mouvants qui ne semblaient être soumis à aucune loi précise. Comme elle était belle. La mer. Cela faisait un moment déjà qu'il aurait du s'habituer à ce spectacle, à la présence magnifique des eaux et à la surprenante diversité que l'océan pouvait offrir. Néanmoins, il était convaincu qu'il ne s'y ferait jamais vraiment. Elle continuerait de le fasciner et de lui offrir des cadeaux insoupçonnés, tout comme elle lui infligerait sans doute certaines déconvenues. D'un geste large de son bras le plus vif, il balança finalement la bouteille dans les flots, afin qu'elle aille rejoindre sa comparse dans les fonds sombres et inexplorés.

- Je ne suis peut-être pas quelqu'un de très fort, ni quelqu'un de très connu... mais j'ai des ambitions. Si je veux être à la hauteur de mes rêves et de ceux de mes amis, il faut que je m'améliore. Après tout, le seigneur des pirates aura besoin d'un second qui en vaut la peine.

Il sourit à cette idée. Il était prêt à reprendre la route avec plus d'enthousiasme, désormais. Bien sûr, il lui restait encore à s'améliorer et à pousser son corps sans relâche... il n'aurait pas le temps de profiter pleinement de sa convalescence. Mais il accueillait le challenge avec joie. L'océan de tous les périls venait de les accueillir. Ils n'avaient plus qu'à faire bon usage de cette invitation qu'ils avaient acceptée.

- De toute façon, avec un capitaine comme Kain, on entendra parler de nous. Autant y être prêts !

Il éclata d'un rire franc tout en laissant la fraicheur du soir le vivifier jusqu'aux os, tandis qu'il se tournait vers Nakata. En réalité, ses doutes n'étaient guère plus que le rappel qu'il était humain. Mais il avait déjà choisie sa route : celle de forban. Celle d'un paria qui serait mis au pied du mur de nombreuses fois dans sa vie, avec pour seule solution de fracasser les obstacles jusqu'à arriver à destination. Il le ferait, avec ses compagnons. Il le ferait avec le souvenir de sa famille, des gens qu'il avait laissés derrière lui. Il le ferait pour la promesse du One Piece et des innombrables histoires qui les attendaient. Il s'arracherait jusqu'à la moindre parcelle d'effort des muscles pour voir ces choses se réaliser.

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Mer 28 Sep - 19:16
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La souffrance est un bon professeur. Eric Neuhoff


Leur échange sentimental, intellectuel et philosophique même semblait progressivement prendre fin. Leurs peines s'étaient taries, et leurs douleurs amenuisées. Certes, la frustration et la colère demeureraient sans aucun doute bien en place pour les jours, voire les semaines à venir mais pour l'heure, les deux forbans avaient fini par comprendre qu'ils ne pourraient rien y faire : la discussion leur avait permis de réaliser qu'ils n'étaient pas les seuls à douter, pas les seuls à arpenter le chemin qui était le leur d'un pas chancelant, et ce simple état de fait suffisait à les revigorer profondément. Nakata était satisfait de ce qu'il avait pu entreprendre ici, au Cap des Jumeaux, même si une partie des Dokugans risquerait probablement de lui en vouloir ad vitam aeternam, notamment le gamin panda trop naïf et surtout nettement trop irascible. Restait à espérer que malgré ses airs effarouchés et courroucés, le moujingue finirait tôt ou tard par passer l'éponge, par tourner la page et faire une croix sur son ego, sans quoi il pâtirait tôt ou tard de la cruauté ambiante dans laquelle la piraterie de Grand Line n'avait d'autres choix que de patauger. Leurs rivaux, leurs ennemis, les civils même leur en voudraient à mort. Des tas de personnes différentes essaieraient de piéger leur navire, de leur enlever l'un des leurs, de les assassiner les uns après les autres durant leurs sommeils... Et il ne pourrait jamais rien y faire. A chaque escale, ils s'attireraient les foudres d'un nombre incommensurable de personnes auxquelles ils ne voulaient pourtant aucun mal, tout simplement car ils faisaient partie du mauvais camp, de la mauvaise faction. Une fatalité qui n'avait guère échappé au musicien lors de ses débuts, alors même qu'il avait le don précieux de se faire passer pour le bon bougre en usant de ses instruments avec dextérité... Facilité que n'aurait pas Ken, d'autant plus que sa mine patibulaire et sa carrure grotesque attiraient l’œil encore davantage que la crinière dorée et hirsute du Fenice. Leur bonne foi et tous leurs bons sentiments ne leurs garantiraient jamais un lendemain bienheureux, à moins qu'ils ne finissent par s'installer définitivement sur une île qu'ils pourraient éventuellement libérer d'un despote, d'un tyran, tout comme le Phoenix l'avait lui-même fait à Graou Island. Cependant, alors même que le mythique en personne avait bien du mal à tenir en place durant plus d'une ou de deux semaines, il se doutait fort que l'autoproclamé futur Seigneur des Pirates ne saurait se résoudre à une telle extrémité. Autrement dit, tant qu'ils n'avaient pas mis la main sur le One Piece, sécurité et quiétude leur échapperait continuellement...

Heziel sembla d'ailleurs percevoir cette issue de dialogue en même temps que son homologue pirate, puisqu'il amorça bien rapidement une discussion davantage joviale et bon enfant. Il n'avait pourtant pas tort, et le sourire de Nakata fut au final plus mince qu'il n'aurait pu l'espérer : il ne croyait pas si bien dire, après tout, et Kain s'était probablement fait nettement plus d'ennemis qu'escompté jusqu'à présent. Des tas de personnes, peut-être même des types qu'ils ne connaissaient ni d'Eve, ni d'Adam, avaient très certainement noter leurs noms respectifs sur une liste rouge, et n'attendaient qu'une occasion pour passer à l'assaut... Paradise portait au final très mal son nom, et le mépris que retournaient les habitants du Nouveau Monde à cette partie-là de Grand Line était souvent plus une affaire de stupidité et d'égocentrisme que de courage et de savoir. Les Nebulas n'étaient qu'un poil plus expérimentés que leurs rivaux de l'océan précédent, et c'était un fait qui expliquait sans conteste leur survie plus aisée... Ainsi que leur soumission, pour la plupart, à l'un des quatre Empereurs. Seuls les débutants, dans le Nouveau Monde, risquaient véritablement la mort : les autres survivaient aussi bien, voire même mieux que les Supernovas, car ils n'avaient nullement à craindre les exactions des marines et des autres agents du Gouvernement Mondial, qui ne savait s'aventurer aussi loin, surtout depuis l'apparition des Decimas.

-Tu ne crois pas si bien dire, je suppose...

Là-dessus, le blondinet détailla son interlocuteur avec un sourire amusé. Il se revoyait, quelques années auparavant, franchissant le Cap des Jumeaux en tant que pirates pour la première fois, aux côtés d'un capitaine excentrique, unique et charismatique. Certes, le concernant, l'aventure avait pris un tournant dramatique et tout-à-fait regrettable... Mais le même coup du sort ne se reproduirait probablement pas sur les Dokugans. Après tout, contrairement à Raphaël, leur réputation était naissante. La marine n'allait certainement pas faire d'eux leur ultime priorité, pas avant en tout cas un envisageable futur coup d'éclat... Ce qui sous-entendait indubitablement qu'ils auraient le temps de progresser, d'ici-là. Nettement moins saoul que quelques minutes auparavant, le Schichibukai glissa ses mains dans ses poches et quitta son collègue des yeux pour les lever jusqu'aux étoiles : si l'avenir le voulait bien, ils finiraient tôt ou tard par se croiser à nouveau, quelles qu'en seraient alors les circonstances.

-Je vais partir maintenant. Pour South Blue. Je connais la route, et j'ai à faire...

Ses dires se perdirent alors en pensée, et il songea brièvement au sourire chaleureux et ironiquement enflammé d'Holly. Il avait grande hâte de la voir à nouveau, et il devait également se précipiter sur Armageddon Town afin d'enfin mettre un terme aux conflits incessants qui y brutalisaient la population sans vergogne depuis plusieurs années. La mort d'Arias allait lui faciliter la tâche, sans aucun doute, puisque les révolutionnaires feraient très probablement montre de moins d'ardeur que si leur mouvement avait été au beau fixe... Mais les marines, quant à eux, n'en démordraient sans aucun doute pas aussi aisément. Quoiqu'un coup de poing ferait fatalement pencher la balance en sa faveur, si besoin...

-Passe le bonjour aux autres de ma part, demain matin. Et dis ceci à Kain : "Rendez-vous dans le Nouveau Monde."

Nakata scruta à nouveau les prunelles de son homologue forban en lui tendant une main cordiale et encourageante. Leur aventure allait peut-être s'avérer plus motivante qu'ils ne l'imaginaient de prime abord, et sans doute que les réussites et les exploits d'un équipage pousseraient l'autre à se montrer encore davantage efficace... Même si les Tengokus no Seigis avaient une avance incontestable en la matière. Quoi qu'il en fut, le capitaine corsaire n'eut ce soir-là qu'un vœu cher à l'intention des Dokugans : qu'ils puissent vivre et s'amuser de tout leur saoul.
© Gasmask


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Called to the ring, Taking me round by round
It hurts and it stings, Taking me down, down, down
You think that you caught me, I can hear you taunt me
Fractured and I'm falling down, My enemy is watching me bleed

But I'm not dead yet
So watch me burn.
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Heziel Coffe
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Jeu 29 Sep - 22:15




Pensées au clair de lune...

L'heure de se quitter était arrivée. Le mythique devait s'en retourner à ses propres affaires, tout comme les Dokugan devaient récupérer de cette rencontre puis aller de l'avant. Aller de l'avant, braver cet océan par leur conviction, leur fraternité, leur courage et leurs espoirs réunis et fédérés en la personne de leur capitaine. Le premier homme de l'équipage hocha de la tête en souriant alors que Nakata lui donnait sa destination : South Blue. Il n'aurait sans doute aucun mal à atteindre les lieux de son propre chef. Après tout, il était capable de voler. Un don rare duquel le brun ne pouvait qu'entrevoir l'essence, lui qui était capable de marcher dans les airs.

Cette fois, les paroles ne sonnèrent pas comme une promesse. Ce n'était plus la naïve volonté d'un garçon qui parlait ici. Ce n'était pas non plus l'oreille ouverte à toutes les extravagances qui l'écoutait. Les deux hommes se serrèrent la main d'une façon franche. Une poignée qui véhiculait deux déterminations. Deux volontés propres et pourtant bien en phases. Le cuisinier avait énormément apprécié ce moment passé en la compagnie du Shichibukai, dans lequel il avait trouvé du réconfort et une façon de tirer au clair les pensées qui le hantaient. Désormais, il s'était recentré sur son objectif. Nakata, par ses paroles et également par les similitudes qui se dégageaient de sa situation, avait comme placé une nouvelle couche de rivets dans l'acier bien mal en point de la dévotion du pirate au chapeau de paille. Ils avaient su se comprendre et chacun leur tour brûler et laisser s'évaporer aux quatre vents les incertitudes et les insécurités qui les tenaillaient. Pour cela, le Coffe était très reconnaissant envers son ami forban.

- Tu peux compter là dessus. Nous donnerons tout ce que nous avons.

Il se recula alors que le Phoenix se métamorphosait peu à peu, dans une aura de flammes bleutées et impétueuses qui vinrent bientôt révéler la véritable forme du maudit. Aussi majestueuse que dans les quelques dernières pensées brumeuses qui s'étaient frayé un chemin dans son cerveau avant qu'il ne perde connaissance. L'oiseau légendaire s'éleva dans les airs, illuminant les alentours de son aura azurée. Pour sa part, Heziel lui fit signe de la main, ignorant royalement les quelques pics de douleur qui le lancèrent lorsqu'il donna un peu trop de bon cœur à son geste.

- Au revoir, Nakata !

Quelques instants plus tard, le capitaine des Tengoku no Seigi amorça son réel vol, s'éloignant rapidement tout en laissant les teintes bleutées chaleureuses et agréables se disperser dans son sillage. Pour sa part, le cuistancier resta sans rien dire, un léger sourire aux lèvres. Puis il observa sa main droite quelques instants. Il se le promit intérieurement. Cette main ne tremblerait plus. Pas tant qu'il aurait son mot à dire. Il devait être fort, il devait être meilleur. Il devait être un pilier sur lequel on pouvait compter. Il vaincrait les dangers de cet océan, avec les dents si il le fallait. Mais si il avait pu redonner ne serait-ce qu'une once de confiance à Nakata dans cette vie d'apparence si timorée qu'ils vivaient, il devait désormais s'en montrer digne. Ce en quoi il croyait devait survivre. Il espérait que le Fenice trouverait lui aussi une route meilleure qui l'attendait. Il serra finalement le poing avant d'observer la mince ligne colorée qui disparaissait dans la nuit, au loin.

- La prochaine fois, je t'offrirai un plus grand défi. La boisson n'en sera que meilleure... pas vrai ?

Il plissa les yeux avant de quitter la falaise à son tour, se dirigeant vers le phare d'un pas allégé du poids de ses propres émotions. Un bon repos l'attendait. Puis l'aventure reprendrait !


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"Are you a man... or a monster ?"

Heziel Coffe
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