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[FB] La faute à Janmark. [Pv Kari]
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Mar 17 Mai - 22:08
La Faute à Janmark
Bien-Aimée ?La Faute à Janmark - Acte XIII
Unintended - Muse

- Alors à votre avis, ami ou ennemi ?

La réplique de Kari avait eu plus que l’effet escompté. Les deux soldats faisaient simplement leur travail en devenant suspicieux à l’égard du rouquin et elle, elle avait réussi à les distraire vers une chose qui pouvait s’avérer cruciale. Et peut-être avait-elle raison de dénoncer cette silhouette venant dans leur direction, peut-être s’agissait-il de ce fameux poseur de bombes…
Elle entendit deux voix parler en même temps, comprit parfaitement ce qu’Akis disait tandis que les paroles du Marine, très brèves, n’eurent pas son attention. Pourtant, elle vit son collègue courir vers la personne encapuchonnée et effectuer un placage au sol dans les règles de l’art. Le rouquin, qui se laissant à la suite du Marine, avait dit connaître l’encapuchonné.
La jeune femme haussa un sourcil. Un terroriste pouvait-il se laisser prendre aussi facilement ? Et pouvait-il être familier au journaliste ? Sûrement pas.
- Non, non ! C'est pas un terroriste, c'est un marchand itinérant !
La fille aux yeux vairons s’approcha d’eux. Si ce que le Tokushi disait était vrai, alors ce commerçant pouvait peut-être les aider. Après tout, il venait tout droit de la source de la dernière explosion.
- Oooh, m’sieur Tokushi… J’pensais pas vous croiser sur North Blue ! C’est plus fréquent de vous voir vers votre p’tit nid douillet… Comment va votre bien-aimée ?
Kari fixa tour à tour le marchand et le reporter. Il venait bien de dire ce qu’elle avait entendu ? Cela voulait dire que… Akis avait déjà une fiancée ? Alors pourquoi agissait-il comme s’il voulait la draguer ?
La brune n’avait pas le temps de s’occuper plus que ça de son comportement pour l’instant. Et de toute façon, elle se fichait bien de ce qu’il faisait de sa vie. Se tournant vers le nouvel arrivant, ignorant son jeune acolyte rouquin, elle l’observa un instant silencieusement. Peut-être avait-il de précieux renseignements ou indices à leur fournir ? Peut-être allaient-ils enfin pouvoir mettre la main sur le fauteur de troubles avant que celui-ci ne recommence son manège ?
D’un geste machinal, la chasseuse de primes posa sa main sur le manche de l’un de ses couteaux tout en réfléchissant. Bien que le journaliste dise connaître cet homme, sa méfiance naturelle l’incitait à le jauger et à le garder à l’œil.
Finalement, elle ouvrit la bouche pour lui poser une question :
- Alors, qu’avez-vous à nous dire ce qu’il s’est passé là d’où vous venez ?

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Dim 22 Mai - 19:41
« Hey mam'zelle ! Avoue, je pète le style. C'est normal, j'suis quelqu'un de génial, d'absolument parfait... Si j'étais toi, je m'embrasserais... Enfin, je t'embrasserais... 'fin... Ouais non, laisse tomber. »
La faute à Janmark


Le pauvre civil craignait le pire. Jusque-là, Kari avait semblé vouloir paraître insensible à son charme, sans pour autant le traiter comme un illustre inconnu qui ne méritait rien d'autre que mépris et condescendance. Elle lui avait effectivement sauvé la mise à plusieurs reprises, notamment vis-à-vis des deux brutes de la marine qui avaient été assignées à leur surveillance... Elle s'était progressivement érigée à ses yeux tel un salvateur ange gardien, souhaitant protéger son camarade d'infortune (ou plus si affinités) des diverses embûches qui pourraient se glisser sur sa route. Cela étant, maintenant qu'elle savait que les avances d'Akis n'étaient peut-être pas aussi pures qu'on n'aurait pu le croire de prime abord, elle pouvait tout-à-fait réagir bien tristement, voire violemment... Les femmes étaient souvent hystériques en amour, pour une raison comme pour une autre, et n'importe laquelle de ces trop impétueuses demoiselles aurait pu s'enrager de se savoir usurpée par un Don Juan trop entreprenant, et capable de délaisser sa première compagne pour une autre, aux formes éventuellement plus alléchantes ! En bon rédacteur, l'envoyé du Global Seken Information avait souvent voyagé, et avait rencontré un bon nombre de jeunes femmes aux tempéraments différents, aux visions diamétralement opposées... Restait donc à savoir à quel camp appartenait Kari, si elle allait prendre la révélation à cœur ou simplement l'ignorer, si elle allait l'apprécier ou la déprécier, faire preuve de curiosité ou simplement d'un désintérêt brutal et glaçant... Fort heureusement pour le civil, la chasseuse de primes sembla choisir une voix calme, ou tout du moins relativement pacifique : elle ne prit effectivement pas la parole à son encontre, lui épargnant quelques sermons bien sentis, chose que remercia le scribe en son for intérieur. Ils avaient plus urgent à traiter, après tout, oui... Cela n'empêcha pourtant pas le sang du Tokushi de se glacer lorsque la main distraite de la jeune femme se posait sur le manche de l'une de ses armes, tandis qu'elle entamait la conversation avec le marchand itinérant. Un message clair, oh que oui, c'était ainsi que cet acte apparaissait aux yeux du naïf... Elle voulait l'éventrer, et ne se retenait qu'à cause d'affaires plus pressantes, et de la présence d'agents du Gouvernement Mondial probablement ! Pleinement conscient du fait qu'il ne devait dès lors sa survie qu'à la glorieuse superbe de ces soldats désintéressés et courageux, le rouquin tenta de s'échapper à la vindicte courroucée et silencieuse de la demoiselle en glissant jusqu'à l'une des armoires à glace, se figeant derrière l'homme incompréhensif en tremblotant de crainte. De son côté, le marchand n'en fit guère affaire d'état : il se concentra tout au contraire sur les questions qui lui étaient adressées et entreprit même d'y répondre.

« Ah... Oui ! J'étais dans un bar, j'avais vidé quelques bières de trop et j'ai voulu aller me vider la vessie mais... Quatre hommes étranges sont sortis au moment où j'allais entrer dans les toilettes, et m'ont conseillé de m'en aller... Quand j'ai ouvert la porte, j'ai vu une bombe en plein milieu de la salle ! Du coup, j'ai hurlé, j'ai couru, et... Je suis là, quoi. »

Si le jeune reporter de guerre semblait encore et toujours tétanisé derrière l'un des deux colosses, les deux agents de la marine échangèrent un regard circonspect et incompréhensif l'espace d'un instant. Quatre hommes ? C'était pas du tout les informations qu'avait pu leur livrer le rédacteur, au tout début... Celui derrière lequel s'était planqué Akis pivota, attrapant le journaliste par les épaules de ses mains charnues et le redressant de force, menaçant de lui vociférer quelques politesses dessus avant que le garçon ne prenne les devants, conscient de la situation précaire dans laquelle il se trouvait. Bah oui, les marines commençaient manifestement à être las de ses échecs et déconvenues à répétition, et Kari n'allait probablement plus se donner autant de mal pour lui que par le passé... Il devait donc se tirer seul de ce mauvais pas, histoire de montrer qu'il pouvait également faire preuve de bonne volonté, et faire avancer le tintouin dans la direction escomptée !

« J'ai jamais dit que c'était forcément un terroriste, j'ai dit que c'était peut-être le cas ! Mais les renseignements qu'on a là ne sont pas forcément contradictoires avec le reste, puisqu'on n'a jamais pu le capturer, il avait peut-être un certain nombre de complices... Et puis, s'ils disent aux civils de fuir, c'est bien qu'ils ont un objectif auquel pourrait profiter le chaos, pas les morts ! »

Une fois de plus, les deux gorilles échangèrent un coup d’œil avant de pousser un soupir las, de concert. Celui qui retenait le civil le relâcha brutalement, le laissant tomber sur les fesses mollement avant de pivoter pour faire face à nouveau au marchand itinérant, comme pour demander à celui-ci quelques informations complémentaires quant à l'apparence ou à la tenue de ces quatre olibrius. Tout aussi coopératif que le Tokushi, le voyageur se redressa péniblement en époussetant précautionneusement ses vêtements avant de s'exécuter placidement, essayant de se remémorer chaque détail utile :

« Ils avaient tous une tenue assez similaire... Une longue cape brune, des bottes en cuir. Les trois premiers étaient grands et costauds, comme vous, mais le dernier était plus petit et filiforme... Ils avaient tous une épée et un pistolet à la ceinture. Au début, j'ai cru qu'ils étaient du Gouvernement... Vous savez, c'est pas souvent qu'on voit des bandits polis... »

Ces détails allaient assurément s'avérer importants pour la suite de l'enquête, mais il fallait désormais savoir ce qu'en pensait la chasseuse de primes : elle avait peut-être une réflexion à faire pour pousser l'aventure dans un sens ou dans l'autre...

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Mer 25 Mai - 20:40
La Faute à Janmark
EyesLa Faute à Janmark - Acte XIV
Seven Nation Army Vintage New Orleans Dirge White Stripes Cover by Postmodern Jukebox
Le regard bicolore de la chasseuse de primes était rivé sur ce mystérieux marchand. Il allait sûrement être la lanterne qui allait éclairer leur chemin sombre. Il serait celui qui, sans le vouloir, mettrait toute la lumière sur cette affaire et qui permettrait d’en finir avec cette partie de cache-cache incessante. Si sa morale et son éducation ne lui autorisaient certainement pas à confier tout son espoir sur cet homme, elle pouvait au moins souhaité que tout finisse au plus vite. Elle n’avait pas vraiment apprécié se retrouver mêlée contre son gré à une histoire aux aussi grandes et risquées proportions. Et dire qu’au départ elle errait sur Seppen Town simplement parce qu’elle était de passage et qu’elle aspirait à une escale paisible dans un pays froid.
A croire que le destin était contre elle pour qu’elle se fasse accoster de la sorte par un jeune reporter, qu’elle échappe de justesse à la mort au cours d’une explosion, qu’elle passe à un cheveu de la prison à cause d’une simple erreur de paperasse, non vraiment, elle allait vraiment commencer à croire qu’une entité lui en voulait personnellement.

La brune ignorait totalement et une fois de plus le jeune journaliste qui tenait plus du camarade depuis le début des événements. C’est vrai, lui aussi était plongé en plein dans cette chasse à l’homme, et ce depuis les premiers instants. Pas comme les deux brutes qui leur servaient de gardes du corps. Toujours impassibles, toujours muets, deux armoires à glace vraiment de glace.
Ses yeux perçurent un mouvement tandis qu’elle s’adressait au commerçant. Akis Tokushi venait de mettre un rempart entre elle et lui, ou plutôt il venait de se cacher derrière l’un de leurs deux accompagnateurs, pour une raison qui échappait à la jeune femme.  Après seulement une poignée de secondes, elle se reconcentra sur le marchand qui lui répondait déjà :
- Ah… Oui ! J’étais dans un bar, j’avais vidé quelques bières de trop et j’ai voulu aller me vider la vessie mais… Quatre hommes étranges sont sortis au moment où j’allais entrer dans les toilettes, et m’ont conseillé de m’en aller… Quand j’ai ouvert la porte, j’ai vu une bombe en plein milieu de la salle ! Du coup, j’ai hurlé, j’ai couru, et… je suis là, quoi.
Quatre hommes ? Ça changeait nettement la donne ça, ou c’était au moins ce qu’en pensait la demoiselle. Et quel terroriste souhaitait éviter les morts en prévenant la population ? Ce n’était pas normal ce genre de comportement et cela n’avait pas de sens pour eux. S’étaient-ils tout bonnement trompés ? Mais alors, qui étaient ces pseudo-terroristes ? La deuxième chose qui vint à l’esprit de la chasseuse arriva lorsque l’un des soldats s’en prit au journaliste en l’attrapant. Comme s’ils n’avaient déjà pas assez d’ennuis comme ça. En un sens, il avait raison. Les informations qu’Akis leur avait fournies étaient erronées, ce qui pouvait amener à penser qu’il était de mèche avec eux. Mais depuis presque le début, la demoiselle aux yeux vairons n’y croyait pas du tout. Posant son regard sur le rouquin et cherchant à croiser le sien, elle l’écouta parler, puisqu’il avait pris la parole pour sans doute se justifier.
- J’ai jamais dit que c’était forcément un terroriste, j’ai dit que c’était peut-être le cas ! Mais les renseignements qu’on a là ne sont pas forcément contradictoires avec le reste, puisqu’on n’a jamais pu le capturer, il avait peut-être un certain nombre de complices… Et puis, s’ils disent aux civils de fuir, c’est bien qu’ils ont un objectif auquel pourrait profiter le chaos, pas les morts !
Son phrasé et ses arguments semblèrent contentés les deux brutes puisqu’il fut relâché, un peu brutalement toutefois. Ce fut au commerçant de continuer à argumenter :
- Ils avaient tous une tenue assez similaire... Une longue cape brune, des bottes en cuir. Les trois premiers étaient grands et costauds, comme vous, mais le dernier était plus petit et filiforme... Ils avaient tous une épée et un pistolet à la ceinture. Au début, j'ai cru qu'ils étaient du Gouvernement... Vous savez, c'est pas souvent qu'on voit des bandits polis...
Une silhouette plus fine et plus petite. La chasseuse pensa tout de suite à une femme. Pourquoi ? Aucune idée… intuition féminine peut-être ?
- Non, ils ne sont pas du Gouvernement, trancha l’unique demoiselle. De ce que vous me dites, je pencherais plutôt pour la Révolution. On sème le chaos mais pas la mort. Ça pourrait expliquer certaines choses. Ah, et il doit sûrement s’agir de trois hommes et une femme. Ou alors un jeune garçon, plutôt agile.
Elle fit une petite pause, fixant tour à tour chacun des individus qui se trouvaient là, y compris Akis. Sa nature de chasseuse de primes était revenue au galop et ses neurones recommençaient à s’agiter pleinement.
- Un groupe de quatre donc. On a forcément un poseur de bombes et minimum un guetteur. Ainsi qu’un leader, ou tout du moins un coordinateur. Des idées quant à la suite ?

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Kari Crown
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Mer 13 Déc - 22:09
« Hey mam'zelle ! Avoue, je pète le style. C'est normal, j'suis quelqu'un de génial, d'absolument parfait... Si j'étais toi, je m'embrasserais... Enfin, je t'embrasserais... 'fin... Ouais non, laisse tomber. »
La faute à Janmark


Une incommensurable bouffée de soulagement s'empara du corps du rouquin tandis qu'il comprenait que Kari avait manifestement décidé de mettre de côté la crise sentimentale de leur union promise pour se focaliser davantage sur l'affaire qui avait amené à leur rencontre. Il allait sans dire qu'il craignait toujours les représailles qu'elle finirait par lui opposer à un moment ou à un autre, puisque son cœur en peine devait saigner de la trahison infligée par Akis, mais il se sentait néanmoins capable de retrouver sa pleine concentration sur l'enquête qu'ils avaient à mené. C'est ainsi qu'il su progressivement retrouver sa confiance et s'affirmer à nouveau tandis qu'elle avançait une première hypothèse, probante et pertinente : la Révolution était peut-être bien derrière cette vague d'attentats successifs. Dans ce cas de figure, il y avait fort à parier que l'hypothèse du vol précédemment formulée par le rédacteur était absolument caduque : a contrario, leur but était plus probablement de jeter le discrédit sur les forces du Gouvernement Mondial afin d'augmenter leur influence sur Seppen Town. Prouver l'incapacité des forces de la marine à protéger les citoyens pour s'attirer la sympathie de ces derniers... Un plan sage et lucide, et le journaliste lui-même était bien assez malin pour le comprendre. La domination des Seas Blues était disputée depuis belle lurette, et les mouvements insurrectionnels de West Blue, à titre d'exemple, semblaient même aller jusqu'à gagner du terrain face aux troupes de l'Amirale en Chef. Mais réaliser une telle opération au nez et à la barbe d'un contre-amiral... N'était-ce pas concrètement imprudent de la part de ces soldats de l'ombre ? Asticoter ainsi un gros poisson pouvait bien mal se finir pour eux... le Tokushi, dans tous les cas, était plus que perplexe : il ne se sentait pas capable de précéder un mouvement révolutionnaire en se basant sur une simple analyse de leurs méfaits précédents, et n'était par ailleurs pas même capable d'offrir un soutien militaire à la chasseuse s'ils finissaient par les localiser... Avec grand regret, la mort au cœur, le rouquin prit donc la parole la voix brisée, semblant progressivement s'abandonner à la capitulation inévitable.

« Je crois qu'on ferait mieux de... »
« Regardez ! Lui, derrière ! C'est l'un des types, je le reconnais ! »
« CHOPEZ-LE, VITE ! »

Inespéré. Ce coup de pouce de la providence, ce Deus Ex Machina à la fois improbable et bienheureux fut pour Akis l'équivalent d'une révélation, d'une consécration inattendue : il ne devait aucunement baisser les bras. Il touchait assurément au but... Pas seulement dans cette enquête, non. Ce cadeau divin qu'on venait de lui octroyer était un symbole bien plus impactant et bien plus vaste, qu'il pouvait mettre en adéquation avec sa vie toute entière. Il ne devait jamais se permettre de baisser les bras. Il devait continuer à se battre en tant que petit rédacteur, malgré la tyrannie de Janmark et les humiliations qu'il vivait au quotidien. il devait continuer à se battre dans les enquêtes qu'il menait et dans les reportages qu'il générait, afin de faire mettre en exergue son indéniable talent, afin de l'étaler à la vue de tous. Et il devait, enfin, séduire Kari tant qu'il en avait l'opportunité. La belle chasseuse ne lui en voulait pas pour sa propre bien aimée. Il le savait, en avait l'absolue certitude : elle savait très certainement que l'amour tombait sans crier gare. Il en avait succombé une premier fois, en faveur de Saka... Mais cela ne l'empêchait nullement de ressentir pareil sentiment pour d'autres jeunes femmes délicates et raffinés. Les bras croisés, un sourire énigmatique aux lèvres, il se félicita de la capture imminente du révolutionnaire que Bobby venait tout juste d'étaler au sol d'un plaquage fracassant puis se rapprocha à pas feutrés de la chasseuse de prime, sans pour autant quitter la scène de l'aplatissage des yeux. Finalement, le Tokushi prit la parole de la voix la plus suave qu'il était susceptible d'utiliser, cherchant à séduire définitivement son coup de cœur du moment par quelques mensonges inventifs.

« Je savais que ce coupable allait se trouver ici. Mais je ne veux pas paraître suspect aux yeux des marines : mon omniscience ne m'a jamais fait d'amis. C'est pour cela que j'ai laissé le marchand prendre les devants... Et je sais autre chose. A propos de nous deux. »

Sur ces entrefaites, il adressa un clin d’œil complice et charmeur à la demoiselle tandis que les deux marines ramenaient le révolutionnaire jusqu'à eux. Le pauvre bougre avait beau se débattre avec fougue, il n'opposait qu'une résistance dérisoire pour les armoires à glace qui n'avaient pas l'air inquiétées le moins du monde...

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Mar 10 Juil - 23:14
La Faute à Janmark
It's TimeLa Faute à Janmark - Acte XV
The White River - TES V Skyrim Soundtrack
La Crown attendit une réponse, patiemment, son regard parcourant les différents protagonistes qui se trouvaient autour d’elle, allant même chercher rapidement le regard des deux gorilles de la Marine. - Je crois qu’on ferait mieux de…
- Regardez ! Lui, derrière ! C’est l’un des types, je le reconnais !
- CHOPEZ-LE, VITE !

Tout s’était passé très vite, c’était à peine si Kari réalisait ce qu'il venait de se dire, le temps qu’elle analyse l’intervention du marchand alors que son cerveau attendait encore des informations sur un plan futur... La jeune femme finit par tourner la tête dans la direction indiquée, faisant pivoter une partie du haut de son corps dans le mouvement et faisant voleter ses cheveux.

Avant qu’elle n’ait pu esquisser le moindre geste supplémentaire, le dénommé Bobby s’était déjà lancé à l’assaut. D’ailleurs la chasseuse fut surprise de voir ce corps musclé et lourd se mouvoir aussi rapidement et soudainement. Ce fut donc un buffle en pleine charge qui vint s’écraser sur le pseudo-révolutionnaire et l’enfoncer dans le sol, ou tout du moins ce fut l’impression de la brune.

Agrippant le manche de l’un de ses couteaux, elle finit par le relâcher, le fuyard, si seulement il avait eu le temps d’amorcer un début de fuite en se rendant compte qu’on le pourchassait, étant dorénavant sous un solide contrôle.

Du mouvement vers elle ramena le regard de Kari plus près, plus précisément sur ce qu’elle voyait du visage du journaliste. Et tandis qu’il commençait à parler, ses yeux se détournèrent du rouquin et retournèrent observer Bobby et sa prise du jour. La brune resta insensible aux paroles dont on l’abreuvait et ne réagit même pas aux deux dernières phrases, ni au clin d’œil qu’on lui offrit.

Changement de comportement un peu soudain si on le comparait aux efforts fournis par la Crown pour tenter de mettre le Tokushi dans sa poche. La chasseuse croisa les bras sur sa poitrine, avant de tourner la tête doucement, apercevoir brièvement le journaliste dans son champ de vision, sans pour autant le chercher des yeux, et jeter un regard circulaire à l’environnement. - On n'en a pas fini, finit-elle par dire. Restons sur nos gardes, je vous rappelle qu’ils sont quatre et qu’en l’occurrence, on n'en a attrapé qu’un seul.
Puis, décroisant les bras et jetant un bref coup d’œil aux trois hommes les plus proches, Kari s’approcha de Bobby et du type qu’il avait attrapé, le soldat essayant de le relever sans pour autant le relâcher alors que le criminel se débattait comme un diable. C’était ce dernier qui intéressait la chasseuse de primes, c’était ce dernier qui détenait toutes les réponses. L’interrogatoire allait pouvoir commencer.

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Kari Crown
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Mer 11 Juil - 12:47
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La faute à Janmark


Quelle froideur ! Quelle impassibilité ! Quel sérieux ! Le cœur d'Akis se serra momentanément face au manque d'entrain et d'engouement que Kari afficha, considérant son charme fou et le charisme qu'il venait de déployer dans sa direction. Était-elle devenue insensible à ses avances ? Peut-être que l'existence de Saka, en fin de compte, la dérangeait bien plus grandement qu'elle n'avait bien voulu l'admettre de prime abord... Peut-être que cet engagement qu'il avait déjà passé avec une autre l'avait glacée et l'avait brisée, et qu'elle tâchait de demeurer aussi imperturbable que possible, lors même qu'elle était, en son for intérieur, effondrée et véritablement désespérée. Le rédacteur, une fois de plus, en vint à se maudire. Il était détestable... Il avait, bien malgré lui, causé un trouble indicible au sein des sentiments de cette mirifique jeune femme qui n'en méritait clairement pas tant. Mais comment diantre aurait-il pu savoir que cette romance tumultueuse, qui l'unissait à sa fiancée, allait finir par lui jouer des tours de la sorte ? Tant qu'il possédait l'opportunité de déposer son regard sur la chasseuse de primes, le journaliste d'Enies Lobby avait comme la folle et déconcertante conviction qu'il avait commis une erreur en ne la faisant pas passer au premier plan... Mais comment aurait-il pu savoir que leurs âmes allaient finir par vibrer à l'unisson avant de faire sa merveilleuse rencontre ? Tant d'incertitudes et de questions malmenaient le rouquin qu'il perdit momentanément la perception de l'instant présent : il se lamentait, en son sein, et hurlaient sa colère à l'égard du destin facétieux qui n'en finissait plus de se gausser de lui. Les rencontres marquantes qu'il réalisait semblaient si désordonnées et si décousues qu'on aurait dit, en fin de compte, qu'une tierce personne s'amusait à les générer arbitrairement de sorte qu'elles lui causent autant de soucis et de tort que possible...

Le Tokushi raviva sa perception et ses capacités cognitives à l'instant où Bobby, qui tenait fermement les bras de l'inconnu de manière à l'immobiliser et à restreindre ses mouvements, se redressait enfin en entraînant le présumé révolutionnaire à sa suite. L'autre armoire à glace s'en approcha alors, ne manquant pas de lui décocher un coup de poing virulent en plein abdomen, suffisant pour lui arracher une quinte de toux affolée et pour le rappeler à la plus basique des quiétudes. Maintenant qu'il avait été tranquillisé par la force, il ne restait plus qu'à le questionner au sujet de ses trois complices, de leurs idéaux et des raisons qui avaient pu les motiver à s'en prendre au bastion formidable qu'incarnait Seppen Town. Et les marines prirent les devants, bien avant que l'envoyé spécial n'ait seulement le temps de se rapprocher discrètement : ils n'avaient pas l'air de vouloir perdre du temps, et c'était en fin de compte tout à leur honneur... Même s'il aurait peut-être été plus sage de cuisiner ce pauvre bougre directement au Quartier Général de la Marine locale, dans des conditions optimisées pour l'occasion.

« T'es qui ? Qui sont tes potes ? Qu'est-ce que vous êtes venus faire ici ? Tu vas parler, oui, crapule ? »

Au moins, on ne pouvait pas dire des deux marines qu'ils n'étaient pas intimidants : le présumé Révolutionnaire, encore choqué par la brutalité du plaquage dont il avait fait l'objet, se mit à balbutier en lorgnant l'autre gouvernemental d'un air incompréhensif. Il avait cessé de gesticuler, comme s'il avait su se faire une raison : il n'était pas en état de prendre la poudre d'escampette... Était-ce la fin du voyage, pour lui ? En tout cas, s'il n'avait pas un alibi des plus solides, il risquait effectivement de passer quelques jours, sinon quelques semaines à l'ombre de froids barreaux... Avant d'être transféré en direction d'Impel Down, dans le pire des cas. Il paraissait peu probable, en tout cas, qu'un terroriste puisse bénéficier d'une grâce quelconque. Et Akis lui-même était bien placé pour le savoir : en tant qu'habitant d'Enies Lobby, et en tant qu'ancien travailleur au sein d'un journal attaché à la justice de l'île, peu de temps avant son transfert au sein du Global Seken Information, il savait pertinemment comment ce genre d'affaires étaient traitées, ou plutôt évacuées. On ne s'embêtait pas réellement, à partir du moment où la culpabilité du fautif était reconnue : on le balançait dans quelques geôles décrépîtes sans plus tarder et il était contraint d'y pourrir jusqu'à la mort... Pas très enviable, comme destinée. Cela permit au rouquin de cesser de se triturer les pensées au sujet de Kari et de Saka : a contrario, il déploya une énergie considérable à écouter et à décortiquer les quelques mots que le pauvre bougre parvint à articuler, non sans hésiter. Il feignait l'innocence et l'incompréhension... La conduite la plus logique, dans sa situation.

« Je... Je ne sais pas de quoi vous voulez parler... Vous me faîtes mal, lâchez-moi... Je suis innocent... Qu'est-ce qui vous prend ? »
« C'est ça ! Et la bombe, elle s'est posée toute seule ? Bobby, s'il dit de nouveau de la merde, tu lui pètes un bras ! »

Oula. L'interrogatoire devenait musclé... Impressionné, et craignant probablement de finir à la place du prétendu révolutionnaire qui passait possiblement le pire quart d'heure de toute sa damnée existence, le rouquin demeura en retrait en dardant Kari d'un regard abasourdi. Devaient-ils tenter d'intervenir pour empêcher les agents du Gouvernement Mondial d'aller trop loin ? Si la force ne suffisait pas à faire plier ce criminel, il risquait de se braquer et de ne leur offrir les réponses qu'ils désiraient sous aucun prétexte. Alors certes, ramener l'un des fautifs était déjà une réussite en soi... mais comme la chasseuse de primes avait pu le souligner, il en restait trois qui courraient encore. Finalement, considérant qu'il s'agissait peut-être de sa meilleure chance de briller par sa volonté et par sa détermination, le Tokushi fit un pas supplémentaire et prit la parole d'une voix hébétée, tâchant de ramener sur lui l'attention des deux marines.

« Messieurs... On ferait peut-être mieux de l'interroger calmem... »
« C'est bon, par pitié, arrêtez, je vais tout vous dire ! Qui je suis, qui sont mes contacts, pourquoi on agit.... Mais arrêtez, me pétez pas le bras ! »

Un constat déstabilisant se grava même sur le visage d'Akis, qui n'était pourtant guère une référence en la matière : ce type-là était une vraie lavette. Le journaliste demeura silencieux et stupéfait avant de reculer à nouveau d'un pas, s'en retournant à sa position initiale, comme s'il ne l'avait jamais véritablement quittée : il se sentait quasiment honteux, désormais, d'avoir voulu s'immiscer dans cet échange que les marines dominaient amplement. Enfin, ce qui était fait ne pouvait être gommé... Il restait encore trois sales types à coffrer, ou au moins des informations à déceler et à rendre aux Gouvernementaux afin qu'ils puissent mener cette opération brillamment en engageant leurs propres forces.

« On est juste des voleurs... On voulait attirer l'attention de Centes Decima pour rejoindre son mouvement ! Mais on voulait tuer personne... Pitié, s'il vous plaît, on a rien fait de mal ! »

A part dynamiter une auberge ? Peut-être, peut-être...


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Mer 11 Juil - 22:31
La Faute à Janmark
Déformation ProfessionnelleLa Faute à Janmark - Acte XVI
Still Counting - Volbeat
Décidément, Kari Crown se faisait encore une fois devancer par l’un des deux soldats de la Marine chargés de les encadrer, elle et le Tokushi.

Elle fronça légèrement les sourcils lorsque l’armoire à glace frappa dans le plus grand des calmes le pseudo-révolutionnaire au niveau de l’abdomen. Heureusement qu’elle n’était pas tombée sur ces deux balourds pour son arrestation. Il ne manquerait plus qu’ils l’aient frappée alors qu’elle était innocente dans cette affaire.
- T'es qui ? Qui sont tes potes ? Qu'est-ce que vous êtes venus faire ici ? Tu vas parler, oui, crapule ?
Les paroles, plus aboyées qu’autre chose, intimaient au criminel de coopérer. Peut-être que le coup de poing dont il avait été la victime encouragerait une réponse dans le sens de la coopération ?
Visiblement pas, si l’on en croyait sa réponse. Enfin, si on le prenait au mot, il était même innocent…
Le molosse du Gouvernement, l’homme qui semblait plus aboyer que parler présentement, resta quand même de marbre à la détresse du présumé poseur de bombe. A moins qu’il ne soit encore un peu plus énervé…

Kari posa son regard sur Akis. Si les mots ne l’avaient pas choquée elle, partisane adepte du bluff et autre tromperie, le journaliste semblait prendre la menace de broyer un membre au sérieux. La brune le vit ouvrir la boucher et parler, un bref instant, avant d’être coupé par le criminel sur qui l’intimidation semblait soudainement avoir fait effet.

Un bref rictus vint s’afficher sur les lèvres de la jeune femme aux yeux vairons, qui finit par laisser place à de l’étonnement. Même si l’intervention du Tokushi avait été avortée, il n’en restait pas moins que les quelques mots prononcés par sa personne étaient tombés dans l’oreille de Kari, tout comme son pas en avant.
Par moment, le rouquin semblait faire preuve de sérieux et d’intelligence, ce qui contrastait avec son attitude un peu gauche, naïve et dragueuse le reste du temps. Finalement, la chasseuse de primes avait peut-être dressé un jugement bien trop rapidement sur sa personne.

L’ombre d’un sourire passa sur ses lèvres et contre toute attente, la brune se rapprocha d’Akis avant de se tourner dos aux deux soldats et à leur prisonnier qui semblait enclin à déballer son histoire et les raisons qui le poussaient à commettre les actes auxquels il avait participé. La jeune femme laissa son regard fureter sur les environs, ses yeux examinant la rue, les toits, le moindre coin pouvant paraître suspect. Ils étaient peut-être là, ses complices, prêts à leur sauter dessus en dépit des deux armoires à glace aux prises avec leur camarade. Peut-être qu’ils étaient moins froussards, peut-être même que l’un d’eux se servait de ce pauvre gars comme d’un pantin pour assouvir ses envies. La Crown soupira d’un air las.
- Centes Decima, hein ? demanda-t-elle, toujours dos aux trois autres. Qu’est-ce que vous savez de lui ? De son mouvement ? Vous pensez qu’il recrute qui ? Des terroristes prêts à détruire des bâtiments mais pas à tuer ? Des criminels qui lâchent la moindre information après une menace ?
Kari jeta un bref coup d’œil par-dessus son épaule, comme pour s’assurer que les trois hommes étaient encore là, prêts à écouter et jeta un rapide regard au marchand qui devait être toujours dans le coin. Enfin, elle retourna scruter la rue.
- Restons sur nos gardes, ses trois camarades pourraient bien débarquer… ou nous faire sauter, qui sait.

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Jeu 12 Juil - 14:02
« Hey mam'zelle ! Avoue, je pète le style. C'est normal, j'suis quelqu'un de génial, d'absolument parfait... Si j'étais toi, je m'embrasserais... Enfin, je t'embrasserais... 'fin... Ouais non, laisse tomber. »
La faute à Janmark


Il était, l'air de rien, captivé par les aveux de l'inconnu et par l'inquiétude qu'il avait momentanément gravé sur son visage en comprenant qu'il était désormais à la merci des agents du Gouvernement Mondial qui venaient tout juste de lui mettre le grappin dessus. Le journaliste aurait grandement aimé pouvoir être doté d'une telle capacité d'intimidation... C'était typiquement le genre de facultés qui auraient pu lui permettre de se montrer d'autant plus acéré et efficace dans l'exercice de ses fonctions. Malheureusement, sa stature malingre et son air débonnaire contrastaient puissamment avec les deux buffles que la Marine locale avaient dépêchés pour les escorter : il ne saurait jamais être aussi effrayant et peu engageant qu'eux, cela allait sans dire... D'un autre côté, Akis ne savait pas si sa fascination légitime pour la virilité excessive de ces gargantuesques gorilles était réellement motivée par des réflexions abouties ou si elle n'était ni plus ni moins qu'une envie épidermique et impulsive qui serait tôt ou tard amenée à être puissamment relativisée. Après tout, grâce à sa corpulence actuelle, somme toute assez banale, il était susceptible de demeurer discret en toutes circonstances... De surcroît, son tempérament dragueur ne le désertait jamais réellement et il aimait croire qu'il était, à l'heure actuelle, doté d'un charme peu ou prou inquantifiable. Était-ce seulement le cas ? N'aurait-il pas plus aisément attiré le regard de ces gentes dames en étant doté de muscles plus vigoureux et plus saillants ? S'il avait été haut d'une vingtaine de centimètres supplémentaires, se seraient-elles toutes imaginées plus en sécurité à ses côtés ? Auraient-elles plus aisément envisagé de partager leur coucher avec son être lascif et lubrique ? Tant de questions qui furent gommées d'un coup d'un seul lorsque la jeune femme à ses côtés, jusqu'à présent bien pondérée, décida d'intervenir à son tour, depuis la première fois depuis que le présumé terroriste avait été appréhendé sèchement. Allait-elle lui soumettre quelques questions, à son tour ? Le journaliste en fut convaincu... Jusqu'à ce qu'elle vienne se planter face à lui, à tout le moins.

Dès lors, son cœur se serra puissamment et ses paupières s'écarquillèrent. Il avait peine à croire qu'elle surmontait d'ores et déjà la crise passionnelle qui avait instillé entre eux le doux poison de l'amertume... Mais oui ! Avec le recul, Akis comprenait qu'il s'était violemment fourvoyé : rajouter vingt centimètres à sa taille ou dix à ses muscles n'aurait jamais changé ce constat évident... Il était déjà l'un des plus séduisants hommes que ce Monde ait jamais porté ! Il était un Apollon ! Une créature d'une beauté mirifique et si énigmatique qu'elle suscitait immédiatement des bouffées de désirs chez celles qui avaient la chance inouïe de l'épier secrètement ! Après tout, dans le cas contraire, Kari n'aurait jamais cherché à réinstaurer un semblant de dialogues entre eux, n'est-ce pas ? Un sourire requinqué vint prendre place sur les traits du garçonnet qui, soudainement, sembla entrapercevoir l'opportunité de briller en étalant son savoir. Elle faisait mine de se rapprocher de lui par conscience professionnelle, afin de s'enquérir au sujet de Centes Decima, mais elle ne pouvait les tromper, lui et sa sagacité légendaire... Elle cherchait simplement et innocemment à converser avec lui, ni plus ni moins ! Oui ! Elle voulait lorgner l'étendue de son savoir et de ses connaissances afin de remarquer qu'il était effectivement l'homme de Vitruve : celui dont le corps, parfait et sublime, accueillait l'esprit le plus raffiné et le plus perspicace que l'on puisse concevoir !

« Ah, Centes Decima... Un sacré morceau... Il est à l'origine du Décret Decima, après tout. Le Gouvernement Mondial demeure avare à son sujet, mais... Tu as de la chance ! J'ai tout un tas d'informations confidentielles le concernant... Je sais de source sûre, par exemple, qu'il a des prétentions sur la régence du Monde entier ! Et... »

Et c'était à peu près tout, en fait. Dans l'absolu, même s'il était pourvu d'une mémoire correcte et même s'il travaillait au sein d'un journal, le Tokushi ne s'était jamais réellement inquiété d'en savoir davantage au sujet de celui que l'on surnommait le Monarque. Quelles étaient ses capacités ? Ses alliés ? Sa ligne de conduite ? Il y avait tant et tant de criminels différents et distincts qu'il était complexe de se prononcer de manière catégorique sans les avoir dûment rencontré au préalable. Sceptique, l'envoyé du Global Seken Information se gratta le menton, déconfit. Le plus important, en l'occurrence, c'était de savoir si Centes Decima pouvait bel et bien être tenté de contacter ces terroristes qui, pour l'heure, paraissaient n'être ni plus ni moins qu'un monceau de vulgaires amateurs. Effectivement, vendre la mèche dès les premières secondes d'interrogatoires, c'était relativement peu glorieux, d'autant plus lorsqu'on imaginait que certains pirates étaient capables de demeurer muets y compris après leur incarcération dans l'infernale prison d'Impel Down, laquelle devenait généralement sépulture également. A ce titre, le rouquin peinait à concevoir que le Monarque puisse s'intéresser à de si ridicules petites frappes... Et puis, à quoi rimait cette attaque, précisément ? Des dégâts, majoritairement matériels, sur une ville de la Marine comme une autre... Il aurait été plus pertinent, à la rigueur, de viser le Quartier Général local. Mais bien plus complexe, également : entre les rondes et les systèmes de surveillance, ce n'était pas mince affaire et le rédacteur, qui avait été refoulé à l'entrée d'une manière plutôt musclée, était bien placé pour le savoir.

« A mon avis... Ils fantasment complètement. Je vois mal pourquoi un belligérant prendrait la décision de s'encombrer d'eux... Enfin, s'ils sont tous aussi adroits que lui, en tout cas, je doute qu'ils aillent bien loin. »

Cependant, l'avertissement de Kari et son appel au sérieux n'étaient guère tombés dans l'oreille d'un sourd : alerte et anxieux, le rouquin se mit à balayer les environs du regard, sceptique. Se pouvait-il que cette capture soudaine ne soit finalement ni plus ni moins qu'un piège ? Cette hypothèse désarçonnante ne tarda guère à s'insinuer dans l'esprit de l'écrivain amateur, qui fit alors de son mieux pour l'en débouter sèchement. Comme si c'était plausible... Ces terroristes semblaient terriblement gauches, et n'avaient manifestement pas beaucoup de suite dans les idées. C'était hautement improbable qu'ils...

« ... Aient piégé le mec pour le faire exploser... »

Livide, le journaliste fit balader son regard entre le désormais captif de Bobby et de son confrère marine et Kari. Il avait l'air réellement égaré et perdu, comme s'il venait d'être traversé d'une fulgurance mais que celle-ci l'immobilisait et le pétrifiait. Venait-il réellement de mettre le doigt sur une réalité sinistre... Ou était-il, une fois de plus, victime de son imagination fertile et pessimiste ?

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Ven 13 Juil - 14:17
La Faute à Janmark
Already DeadLa Faute à Janmark - Acte XVII
Rise - Skillet
Les paroles du Tokushi étaient on ne peut plus vraies même si… il ne détenait pas tant d’informations que ça, tout comme Kari, d’ailleurs. Le mouvement Decima  était encore bien mystérieux, bien trop caché par le Gouvernement et peut-être encore sous-estimé à cette époque.
- Je constate que tu n’en sais pas plus que moi à ce sujet, Akis.
La brune attendait une réponse de la part du criminel que les deux soldats interrogeaient, bien qu’elle ne doutait pas une seconde qu’il en savait tout autant qu’eux, c’est-à-dire très peu. Ses questions avaient surtout pour but de faire prendre conscience à l’autoproclamé voleur de sa stupidité et de son ignorance. Une façon d’enfoncer le clou à son arrestation musclée, en somme.
- Des fanatiques amateurs, ajouta la chasseuse de primes à l’encontre du journaliste pour appuyer ses paroles.
Le hors-la-loi demeura silencieux et penaud. Non seulement on l’avait attrapé, lui, on avait menacé de lui réduire un bras dans un état fort peu appréciable mais en plus on se permettait de lui rappeler le ridicule de sa démarche. Oui, il se sentait bien nul d’un coup.
Un léger sourire passa sur le visage de la demoiselle aux yeux vairons lorsque son appel à vigilance fut entendu et surtout appliqué par le jeune rouquin, à présent alerte.

La Crown laissa une nouvelle fois son regard couler vers les deux colosses et leur prise. Les soldats semblaient, par contre, davantage préoccupés par le type qu’ils avaient attrapé que par les menaces éventuelles pouvant surgir hors de leur champ de vision.
- ... Aient piégé le mec pour le faire exploser...
Peu importe ce qui avait pu amener Akis à ces bribes de mots, Kari se crispa soudainement. Elle avait envisagé que les trois autres terroristes s’en prennent à eux directement, qu’ils aient préalablement posé une bombe dans le coin et attendaient le bon moment pour la faire exploser. Les yeux de la jeune femme s’écarquillèrent subitement. Elle avait oublié un scénario. Juste un. Quelle négligence, presque une erreur de débutant, d’autant plus qu’elle ne cessait d’inciter à la prudence.

Pourquoi était-il seul ? Où étaient ses camarades ? Pourquoi avoir tout dit ? Un piège. Dans lequel ils avaient bondi. Tout se tenait. Tout pouvait se tenir. Le temps sembla s’éterniser pour elle, pour qu’elle puisse apprécier le désastre de son manque de rigueur et de réflexion. Kari se fit violence pour ne pas céder à la panique.
- Recule, vite. Va-t’en, siffla-t-elle entre les dents à l’attention du Tokushi.
Elle devait en avoir le cœur net. Les trois derniers fanatiques les observaient-ils ? Où étaient-ils ? Pouvaient-ils les entendre ?

Prenant une lente inspiration, la manieuse de dagues avança vers les soldats et leur proie. Tous trois avaient également entendu les paroles du Tokushi qui mettaient en lumière une épée de Damoclès suspendue au-dessus d’eux. D’eux tous. Ils étaient figés. Le premier qui bougea, fut le marchand, resté discret depuis le début. Il recula doucement et précautionneusement avant de faire volte-face et de prendre définitivement la poudre d’escampette sans demander son reste, l’instinct ayant pris le pas sur le reste.
- Lâchez-le, ordonna la Crown.
L’hésitation illumina le regard des gouvernementaux. Une part d’eux voulait faire son devoir et ne pas relâcher un criminel dans la nature, l’autre part leur hurlait de fuir. Ils se concertèrent du regard et finalement Bobby desserra son étreinte sur le poseur de bombes jusqu’à le libérer complètement.
- Bien. Filez, maintenant.
Ils s’écartèrent d’une trentaine de mètres, obéissant sans protester. Kari tourna son attention sur le seul homme à qui elle ne s’était encore adressée et qui était encore là, pétrifié.
- Tu t’appelles comment ?
- Ro-Ronald, bégaya le criminel.
- D’accord. Ronald, qu’as-tu sur toi, présentement ?
- Et ben… un es-escargoph-phone, u-un…

Lentement, la brune tendit une main vers le jeune homme paniqué, encore drapé de sa cape. Cape, que d’une main tremblante, la chasseuse de primes arracha, brisant l’attache qui l’empêchait de tomber des épaules de son propriétaire. Le vêtement tomba doucement sur le sol près d’eux dans un bruit de froissement d’étoffe, semblant flotter un court instant à cause de sa légèreté et de sa surface.

Clic. Kari le remarqua instantanément, ce harnais de cuir, qui accaparait le torse de l’homme, un anneau métallique à son centre et qui se prolongeait dans son dos, passant par-dessus les épaules et sur les côtes. Clic. Rapidement, son regard suivit les sangles et fit un pas de côté pour contourner l’homme. Clic.

Assemblage de métal, de fils et d’autres composants, enveloppé dans un boitier en fer rempli de tissu pour amortir les chocs, d’une forme plutôt rectangulaire, la Crown ne prit même pas le temps d’observer en détail cet étrange « sac à dos ». Clic. D’ailleurs, depuis qu’elle avait enlevé la cape et dévoilé cet objet au grand jour, un étrange cliquetis se produisait, émanant de l’assemblage en lui-même. Clic.

D’instinct, la Crown sut que la crainte d’Akis s’était révélée vraie, tant par le bruit inquiétant que produisait l’engin, résonnant de sa cage de métal, que par le visuel de l’objet, assez caractéristique. Clic.

La machine était en route. Sans s’occuper du reste, elle fit instantanément demi-tour, n’écoutant pas les cris du dénommé Ronald qui semblait comprendre, lui-aussi, que ses camarades l’avaient dupé. Il se laissa tomber à genoux, ses larmes venant rapidement s’écraser sur le sol et faire des trous dans la neige.
- Ils m’ont dit que ce n’était qu’un dispositif de fumigène ! Revenez ! hurla-t-il précipitamment.  
Un nouveau « clic » se fit entendre. Son visage se déforma en un sourire nerveux.
- Ce n’est rien ! Allez, s’il vous plait !
Clic. Plus il parlait, plus il paniquait, moins il croyait à ses propres paroles. Le gentil Ronald. Le doux Ronald. Le naïf Ronald, qui n'aspirait qu'à un monde meilleur. Ses amis avaient profité de lui. Ils lui avaient dit d’enfiler ce harnais. Ils en avaient un tous les quatre. Identiques. Ces gens avaient raison. C’était stupide de vouloir rejoindre les rangs de Centes Decima, de vouloir lui montrer de quoi ils étaient capables en voulant exploser des trucs mais sans tuer des innocents. Tous les criminels tuent, pas vrai ? Hein, pas vrai ? Ses compagnons l’avaient manipulé, berné. Si lui avait été stupide pour ne vouloir tuer personne et croire que ça allait fonctionner…

Clic. Kari courait le plus vite possible, insensible à la détresse du voleur, ses pieds glissant précipitamment dans la neige et menaçant de la faire tomber à chaque foulée, ce qui lui serait fatal.

Le sourire de Ronald se fana et il tendit le bras vers l’avant, en direction du Tokushi et du dos de Kari, les suppliant de revenir, la voix remplie de sanglots.
- S’il vous plait ! Je ne veux pas mourir !
Clic. La bombe explosa, réduisant en charpie le corps de Ronald.

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Kari Crown
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Sam 14 Juil - 19:01
« Hey mam'zelle ! Avoue, je pète le style. C'est normal, j'suis quelqu'un de génial, d'absolument parfait... Si j'étais toi, je m'embrasserais... Enfin, je t'embrasserais... 'fin... Ouais non, laisse tomber. »
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Il avait le sang glacé. Son cœur semblait d'ores et déjà avoir suspendu ses battements, comme foudroyé par avance par le destin fatidique et inéluctable qu'il imaginait déjà être sien. Son constat avait conduit Kari à lui glisser un ordre cinglant et intransigeant mais le rouquin était si tétanisé qu'il ne le comprit même pas, s'il parvint à l'entendre : il demeura là, figé, à lorgner l'air hébété et effrayé en direction des soldats du Gouvernement Mondial et de leur victime du jour qui risquait fort d'inverser les rôles d'une seconde à l'autre. Son intuition était-elle bonne, pour sa paranoïa latente se jouait-elle une fois de plus de lui ? Dans les faits, Akis était bien trop souvent doué pour fantasmer, pour imaginer, pour peindre une toile dramatique d'une situation qui n'avait pas lieu de l'être. Si les marines ne s'inquiétaient pas, sans doute considéraient-ils que le risque n'existait pas ? Sauf s'ils l'avaient mésestimé, tout comme il avait lui-même pu le faire jusqu'à la fulgurance maligne que son intuition salvatrice avait revigorée. Une fois de plus, le journaliste venait de prouver que sa première qualité n'était pas la bravoure, l'intelligence, la sagacité, la pertinence, la culture, la générosité ou le dévouement : c'était son formidable instinct de survie qui, à chaque fois, parvenait à l'extraire de situations dramatiques d'une simple pirouette. Néanmoins, l'habitant d'Enies Lobby semblait comprendre que, cette fois-ci, son instinct de survie ne lui serait d'un secours que très rudimentaire. Si une explosion avait à se produire, à cette distance, il risquait fort d'en être l'une des proies. Y survivrait-il ? Probablement... Les forces de la justice de Seppen Town n'allaient pas laisser un civil agoniser sans tenter de déployer des efforts considérables pour lui sauver la mise. Et il n'était pas assez proche pour que sa vie soit fauchée spontanément, à moins d'un acte de maladresse qui n'aurait fait que transformer sa chance insolente et naturelle en un décès prématuré auquel il semblait promis depuis des années, mais qu'il parvenait, à chaque fois, à éviter d'un chouïa. Pourtant, force était d'admettre que la conclusion d'une détonation, à l'heure actuelle, n'aurait rien de bien séduisant, de son point de vue. Le Tokushi n'avait pas la moindre certitude concernant la puissance de cette explosion imaginée : la rue allait-elle être brusquement évaporée ? Cela semblait peu probable, même dans ses cauchemars les plus infernaux. Les explosifs étaient passés inaperçus, jusque-là... Leur taille devait être réduite. Cependant, l'écrivain en herbe ne savait que trop bien que sa constitution malingre risquait de souffrir de la bourrasque qui pouvait être générée par une détonation de grande ampleur, et que quelques flammes pouvaient venir s'égarer sur son visage ou son torse afin de pourlécher sa chaire avidement... En d'autres termes ? Il devait s'écarter, s'il espérait conservée intacte son intégrité physique.

Se mit-il à courir, pour autant ? Non. Le citoyen songea, dans un premier temps, que cela ne devait être ni plus ni moins qu'une peur insidieuse qui lui vissait les pieds au sol et l'empêchait de s'éloigner de ce possible terrain de désolation en devenir. Il comprit néanmoins que ça n'était pas le cas. Certes, sa respiration haletante et les battements de son cœur irréguliers étaient des indicateurs fiables quant à la frayeur saisissante qui le tenaillait actuellement... mais un indice le laissait à penser que ce n'était pas l'effroi qui le pétrifiait, pour l'heure. Car ce n'était pas le terroriste, qu'il lorgnait. Ce type, qui incarnait tout le danger et toute la menace dans cette situation actuelle, ne semblait même pas l'intéresser, ou seulement de manière négligente. Ses yeux ne suivaient qu'une seule et unique silhouette, plus vaillante et intrépide que toutes les autres réunies : celle de Kari qui, seule, avançait à contre-courant tout en intimant l'ordre aux marines de s'éloigner promptement. Était-elle complètement cinglée ? Certes, il existait une chance pour que le coup d'éclat d'Akis ne soit ni plus ni moins qu'un rêve grossier et irraisonnable... Mais s'il y avait une probabilité, même infime, pour que ce type soit bel et bien affublé d'une bombe ou d'une ceinture explosive, elle mettait actuellement sa vie en jeu. Son existence pouvait cesser, maintenant, dès à présente, d'un claquement de doigts... Et cette peur de la voir être réduite à néant se fortifia brusquement lorsqu'elle eut l'audace d'ôter la cape de l'inconnu, dévoilant ainsi le gilet massif dont il était serti et qui, effectivement, semblait doté d'un attirail des plus inquiétants.
Le criminel maladroit que les forces de la justice de Seppen Town venaient d'intercepter était sur le point de se faire sauter.

Ce fut finalement lorsqu'elle revint dans sa direction que le jeune homme se rendit compte du fait qu'il n'avait pas bougé d'un pouce, tenant tête à l'ordre qu'elle lui avait glissé sans réellement s'en préoccuper. Il eut un moment de flottement puis ses jambes parlèrent à sa place : il fit volte face, peu ou prou à l'instant où la chasseuse arrivait à son niveau, et tâcha de se catapulter aussi vigoureusement que possible à l'écart de l'explosion qui se produisit une instant plus tard. Comme il avait pu l'imaginer, la détonation fut suffisamment puissante pour le souffler comme un fétu de paille : le vent le balaya et le projeta sur une bonne dizaine de mètres. Il heurta le sol lourdement, à demi désarticulé, et il grogna brusquement tandis que la neige, douce et généreuse, tâchait d'amortir le choc sans le lui rendre des plus agréables pour autant. L'envoyé spécial se sentit secoué en tout sens puis, l'espace d'un instant, sentit sa conscience lui échapper. Lorsqu'il revint finalement à lui, il n'existait plus rien de cet illustre inconnu qui avait subi un destin des plus déplorables. Les deux soldats qui les accompagnaient semblait stupéfaits, tout juste capables de bouger, et les civils s'éloignaient précipitamment, horrifiés par cette vague d'attentat qui semblait actuellement s'abattre sur leur belle Seppen Town. Aucune victime ne semblait être à déplorer, même si le rouquin ne fut pas capable de discerner précisément la silhouette de Kari dans ce qui lui semblait être un foutoir sans queue ni tête. Ses oreilles sifflait si violemment qu'il en avait l'équilibre défaillant, et il n'était pas certain de pouvoir prononcer la moindre phrase sans bégayer. La tension descendait tout juste et il comprenait, atterré, qu'il avait frôlé le pire.

« Qu'est-ce que c'est que ce... Putain de bordel de merde... »

Si les forces de Seppen Town contenaient encore des réservistes qui n'avaient pas été envoyées sur le terrain, celles-ci n'allaient pas tarder à être mobilisées... Le contre-amiral allait-il en personne sortir de sa tanière ? Possible, a fortiori si la menace était réellement fondée et que trois autres terroristes vadrouillaient encore, libres comme l'air, et plus déterminés que ce pauvre hère à emporter des soldats dans la tombe. Car, depuis le début, le Tokushi comprenait que l'incidence de ces attentats risquait d'être dérisoire en terme de vie civil : y avait-il seulement eu une réelle victime, jusqu'à présent ? Non... Tout le dispositif des criminels avait été mis en place dans le but de pousser les gouvernementaux à l'effervescence. Les instants suivants seraient fatidiques : les prétendus Decimas allaient être prêts à tuer, et si les Marines ne répliquaient pas avec la virulence qu'on pouvait leur connaître, ils risquaient fort de subir des pertes. Pour le jeune journaliste, il n'y avait donc plus qu'une seule et unique priorité : ils devaient à tout prix rencontrer les gradés locaux afin de les avertir, afin de leur faire remonter toutes les informations qu'ils avaient pu amasser et cultiver jalousement jusqu'alors, pour que leur conduite soit aussi chirurgicale et intelligente que possible. Pour la première fois depuis leur rencontre, le jeune homme ne prit pas même le temps de vérifier si Kari se portait comme un charme : elle était fort et robuste, probablement plus que lui, et il savait qu'elle lui pardonnerait sans peine cet écart. A contrario, il se rua dans la direction d'un Bobby sidéré qu'il attrapa vertement par le col. Cette action décontenança d'autant plus le duo de gorilles, qui remarquèrent sur les traits du journaliste un mélange de hargne, de rage et de peur qu'ils ne surent ni contenir, ni affronter : ils cueillirent ses propos au vol, sans y opposer la moindre résistance.

« Vous allez bouger, bordel ?! C'est vous qu'il voulait ! C'est vous qui auriez dû sauter ! Kari a failli crever pour vous, alors vous allez vous bouger le cul et appelez vos supérieurs, les informer, et faire votre putain de boulot ! Y a encore trois psychopathes qui se baladent, prêts à faire sauter des gens à tour de bras ! Combien de vos collègues sont en danger, là ? C'est pas le moment de rester plantés comme des demeurés ! Vous êtes des marines ? Assumez-le ! »

La pression et cette tirade déclamée d'un seul bloc vinrent à bout de son élan de témérité : il relâcha le pauvre Bobby, toujours estomaqué, et chuta sur le postérieur, pointant son faciès lassé et suant en direction des cieux cléments de North Blue. Sans qu'il ne puisse se contrôler, il se sentit tremblé. Il avait réellement frôlé la fin, à cet instant précis... Il avait, une fois de plus, été embrigadé bien malgré lui dans une histoire des plus sordides et il risquait d'en souffrir encore, à l'avenir, tant que les gouvernementaux ne décidaient pas de leur rendre leur indépendance. Akis ferma les paupières, à nouveau assoupi, essayant de récupérer un rythme cardiaque plus stable et une respiration moins capricieuse tandis qu'enfin les deux soldats semblaient s'activer : ils tirèrent un escargophone de leur uniforme et ne tardèrent guère à contacter le central, les informant de toute la situation, de ses tenants et surtout, de ses aboutissants. Tandis qu'ils s'exécutaient docilement et scrupuleusement, le jeune journaliste, quant à lui, fut saisi d'un doute. Kari ? Comment se portait-elle ? Subitement inquiet, il fit volte face, tâchant de découvrir cette silhouette singulière et déjà familière afin de se précipiter dans sa direction, si elle jonchait encore le sol. Dans le cas contraire, nul doute qu'il se contenterait de soupirer, de satisfaction et de soulagement : sa perversion et sa lubricité s'en étaient allées, loin, pour l'heure.

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Jeu 26 Juil - 17:16
La Faute à Janmark
Belle au boisDormantLa Faute à Janmark - Acte XVIII
Radioactive - Pentatonix & Lindsey Stirling
- Akis !
Ce ne fut pas une simple exclamation qui sortit de la bouche de la Crown mais bel et bien un rugissement, chargé d'un savant mélange de peur, d'adrénaline et de colère, envers le jeune journaliste qui était encore figé là où elle l'avait abandonné. La demoiselle eut un semblant d'espoir que son appel sorte le jeune homme de son état de pétrification, espoir qu'elle n'eut même pas le temps d'analyser, comme elle l'aurait peut-être fait dans une situation plus calme.

Pour un peu, à chacune de ses foulées, Kari aurait volontiers compté la distance qui se creusait entre elle et Ronald, dont le destin était de toute évidence déjà scellé funestement.

Elle avait peur. Peur de mourir, peur d'exploser elle-aussi. L'instinct animal qui poussait tout un chacun à fuir le danger avait eu raison d'elle, l'éloignant volontairement du pauvre et naïf condamné, lui pressant les flancs et lui nouant les tripes pour qu'elle aille plus vite, plus loin...

Dans sa course, la brune avait déjà oublié le simple voleur. De toute façon, en toutes circonstances, sa vie prévalait sur celle des autres, du moins c'est cette vision purement égoïste qu'elle avait. Et pourtant. Pourtant elle avait ordonné au Tokushi de prendre la fuite, aux deux gouvernementaux de s'éloigner et elle avait pris les choses en main, venant même à passer pour une inconsciente aux yeux de certains... Était-ce là un acte héroïque qu'elle venait de faire, ce même genre de choses qu'elle détestait, préférant mille fois prendre la poudre d'escampette ?

Kari Crown, dans la précipitation, avait oublié d'écouter sa raison, celle-là même qui la faisait agir avec mesquinerie et lâcheté. Avait-elle révélé une part d'elle-même bien plus humaine et moins sournoise qu'elle ne l'était au quotidien ?

Arrivée à peu près à hauteur du rouquin, la chasseuse de primes ne décéléra même pas, lançant seulement un regard appuyé au jeune homme, lui intimant une nouvelle fois par ce geste de tourner les talons et de fuir.

Enfin, les jérémiades et les suppliques de Ronald qui étaient encore de mise prirent fin, au profit du grondement sourd de l'explosion qui transforma son corps en un déluge de morceaux de chair plus ou moins carbonisés.

Le souffle propulsa la demoiselle aux yeux vairons en avant, la faisant valser quelques instants dans les airs comme une simple brindille avant de la faire s'écraser violemment au sol en dépit de la couche de neige. Le côté droit de son crâne fut le premier à embrasser la terre ferme, suivit en vrac par le dos, le côté de sa cuisse droite, sa main gauche et... Tout le reste. La seule chose à peu près ordonnée dans tout ce désordre était la position du corps de la Crown, couchée sur le côté droit.

La rudesse de la chute, avec notamment un coup à la tête, plongea la chasseuse dans l'inconscience, la joue droite posée contre la neige glacée et les cheveux masquant partiellement son visage.

Si seulement elle avait pu se réveiller à temps pour voir la soudaine témérité du journaliste, elle n'en aurait pas cru ses oreilles. Malheureusement, ce qu'elle aurait peut-être considéré comme un moment de bravoure et qui aurait encore prouvé à la jeune femme le sérieux dont pouvait parfois faire preuve Akis lui resterait inconnu... Du moins pour l'instant.


Du coup, Kari est inconsciente pour l'instant, je laisse donc son corps aux bons soins d'Akis !

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Ven 27 Juil - 14:35
« Hey mam'zelle ! Avoue, je pète le style. C'est normal, j'suis quelqu'un de génial, d'absolument parfait... Si j'étais toi, je m'embrasserais... Enfin, je t'embrasserais... 'fin... Ouais non, laisse tomber. »
La faute à Janmark


« Kari ! Kari ! »

Le prénom, murmuré puis scandé virulemment, traversa les cieux de Seppen Town sans sembler attirer l'attention de la principale intéressée. Comme elle ne répondait nullement à cette apostrophe qu'il lui consacrait, le rouquin sentit soudain une angoisse colossale le saisir et le tétaniser momentanément. Une sueur froide lui dégringola malicieusement le long de la nuque, puis du dos, tandis que ses pensées, funestes et pessimistes, se contentaient pour l'heure d'envisager le pire, non sans une sournoiserie des plus préjudiciables. Il aurait pu se contenter, une fois de plus, de demeurer là, immobile et débile, simplement terrassé par la tournure des événements et incapable d'y réagir avec le pragmatisme et la pertinence qu'on pouvait attendre d'un soldat : après tout, il n'était ni plus ni moins qu'un simple journaliste, bête et défait, et il n'avait jamais pu jouir de la moindre formation susceptible de l'éclairer en situation de crise... Pour autant, il savait qu'il ne faisait guère partie de cette plèbe que l'on dédaignait généralement, et qui se constituait de personnes couardes, incapables de se montrer efficaces lorsqu'on avait très clairement besoin d'elles. Oh, il n'était pas vaillant, loin de là, même : simplement, il estimait qu'il se devait d'être actif et énergique si nul autre n'était capable de se montrer plus héroïque qu'il ne l'était lui-même. Et comme les marines, de leur côté, semblaient déjà bien assez préoccupés par la transmission des informations maigrelettes qu'ils avaient pu saisir au vol, il semblait que l'envoyé du Global Seken Information était le seul être sur cette fichue île susceptible de porter secours à la belle brune... Les autres citoyens, après tout, semblaient clairement trop effarouchés par l'explosion pour s'approcher insouciamment, de la sorte : les quelques braves qui ne s'étaient pas encore purement évaporés se contentaient de toiser la scène à une distance plus que raisonnable, pétris par la peur et l'incompréhension. Akis, dans d'autres circonstances, les aurait fort probablement imité... Mais comme la jeune femme gisante sur le sol lui avait fort assurément sauvé la vie, il ne pouvait clairement pas se complaire dans une posture aussi ingrate. Il bondit donc, se plantant à nouveau bien droit sur ses pieds, puis caracola follement dans la direction de cette silhouette inerte dont il ne pouvait, pour l'heure, que redouter la fin.

« Kari ! Est-ce que tu m'entends ? »

Il se jeta nerveusement à genoux à ses côtés puis tâcha, non sans minutie, de l'attraper par les épaules afin de redresser légèrement son buste tout en la plaçant sur le dos. Terrifié à l'idée de découvrir une blessure épouvantable, il retint son souffle mais, en fin de compte, parvint à se rassurer en remarquant que nul sang ne s'écoulait de plaies purulentes et immondes : elle avait manifestement évité le pire, probablement également grâce au tapis de neige... Il lui fallut toutefois s'assurer de la stabilité de sa respiration afin de recouvrer un semblant de calme et de tranquillité : lorsque cela fut chose faite, le Tokushi comprit que sa comparse avait certainement eut moins de chance que lui, et que sa réception sur les pavés enneigés s'était faite plus brusque et plus sèche que celle de l'écrivain en herbe. Restait que la chance insolente du jeune homme, dont on venait tout juste d'avoir un aperçu supplémentaire, ne lui permettait pas pour autant de demeurer tout-à-fait serein. Et si elle avait à souffrir de séquelles plus conséquentes que les siennes, simplement invisibles à l’œil nu ? Un traumatisme crânien, peut-être ? Cela aurait le mérité d'expliquer son apparente inconscience... Et d'inquiéter vis-à-vis de son hypothétique réveil. Les mâchoires serrées, l'habitant d'Enies Lobby se mit à hésiter cruellement. Que faire ? Demander à un médecin ou à un hospitalier de la prendre en charge ? La déplacer en lieu sûr ? Y avait-il seulement bel et bien un lieu sûr ? Si ces terroristes étaient bel et bien déterminés à l'idée de causer le plus de dégâts possibles, dans l'espoir insensé de louer la grandeur du Monarque qu'ils s'étaient égoïstement choisis... N'allaient-ils pas tentés de s'en prendre en priorité à des cibles faibles, incapables de se défendre ? Ils avaient l'air de vouloir s'en prendre aux gouvernementaux, mais cibler un hôpital, à titre d'exemple, était-ce réellement improbable de leur part ? Ils devaient s'attendre à tout... Et pour l'envoyé spécial, il n'y avait qu'une seule et unique certitude : s'ils espéraient être épargnés par les tumultes qui risquaient de suivre, ils devaient s'isoler, s'éloigner de toute foule et de toute présence de la Marine afin d'éviter d'être réduits en charpie en qualité de dommages collatéraux parfaits. Le problème étant que si lui était actuellement miraculeusement indemne, rien ne laissait envisager sereinement que c'était également le cas de la frêle demoiselle qu'il maintenait pour l'heure contre lui...

Il allait sans dire, en tout cas, que ce n'était pas en demeurant plantés ici qu'il allait pouvoir s'assurer de la bonne santé de la jeune femme... A contrario, s'il s'attardait ici, à-demi avachi dans la neige terne de Seppen Town, il risquait de leur offrir à tout deux une belle et bonne pneumonie pour les jours qui suivraient. Un présent généreux dont il préférait évidemment se prémunir, et dont il souhaitait également préserver Kari. Serrant les crocs tout en glissant l'une de ses mains dans le dos de la chasseuse puis une autre sous ses genoux, il entreprit alors de se redresser tout en l'emportant avec lui, maudissant sa paresse et sa flemmardise coutumières : s'il avait passé quelques heures seulement à se muscler, ces derniers temps, plutôt qu'à bailler aux corneilles, cette tâche n'aurait été ni plus ni moins qu'une formalité dont il se serait acquittée sans peine... Finalement, le trajet fut moins pénible qu'escompté : il découvrit bientôt un banc, sous une espèce de auvent, qui semblait donc a priori plus sec que le reste des ruelles détrempées et à demi boueuses à cause des passages incessants et tumultueux dont elles avaient fait les frais. Lorsqu'il y parvint, il déposa scrupuleusement la jeune femme afin de ne pas la brusquer davantage, à l'instant même où les deux colosses justiciers se rapprochaient d'eux, dans son dos, presque toujours aussi benêts que lorsqu'il les avait hélé. Akis fit de son mieux pour les ignorer et, finalement, prit une mine soucieuse en vérifiant d'un coup d’œil l'intégrité physique de la Crown toujours, étonnamment, sans la moindre pensée lubrique ou salace derrière la tête. Terriblement désintéressé, il fit surtout de son mieux pour vérifier qu'aucune blessure discrète ne lui balafrait le crâne, sous sa toison nocturne. La prudence était de mise, après tout...


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Jeu 16 Aoû - 14:45
La Faute à Janmark
Réveillée ?La Faute à Janmark - Acte XIX
Hanging - Nothing But Thieves
Sa poitrine  se soulevait et s'abaissait doucement, sur un rythme régulier. On aurait même pu dire qu'elle dormait, si l'on faisait abstraction de sa position anarchique et de son environnement agité. Car si elle, restait immobile, plongée pour l'instant dans les limbes de l'inconscience, le monde, autour, continuait de tourner.

Ainsi, le Tokushi prit le parti de veiller sur elle, la prenant délicatement pour l'emporter à l'écart sous un petit abri diantrement plus confortable que le sol glacé.

Le corps de Kari semblait en bon état, hormis peut-être quelques égratignures dues à la rudesse de la chute, ainsi que les vestiges d'hématomes provenant de la première explosion, celle qui l'avait jetée dans toute cette histoire. Plus de peur que de mal, comme on dit. Encore que, ça serait bien qu'elle se réveille un jour. Le plus tôt possible même.

Son esprit, abandonné au cœur du néant, dans une dimension obscure et glacée, perdu sous l'eau, commença à timidement refaire surface et étreindre la lumière.

Lentement, la tête de la demoiselle bougea et ses yeux s'ouvrirent et papillonnèrent. Encore le cerveau plongé dans une brume épaisse, comme si elle s'éveillait d'un profond sommeil, la brune parut un instant insensible à son environnement. Enfin, les deux orbes dépareillées qui lui servaient d'yeux se fixèrent sur Akis et semblèrent le remarquer. Seulement, les connexions n'étaient pas toutes rétablies dans l'esprit de la chasseuse de primes, et elle resta silencieuse un instant, dans un grand moment de flottement, à observer, de très près, peut-être même trop, le jeune visage masculin, encadré de cheveux roux, qui lui faisait face.

Sur le moment, il lui paraissait familier, mais Kari était incapable de dire d'où elle le connaissait ni quel était son nom. Cherchant dans sa mémoire, qui semblait pour l'instant vierge des derniers événements, elle finit par capituler et tenter d'observer les alentours. Mal lui en prit, car la soudaine quantité de données et d'images qui passèrent à travers ses globes oculaires la poussèrent à fermer les yeux derechef.

Elle ne savait toujours ni qui était ce jeune homme, ni ce qu'elle faisait là, ni ce qu'il se tramait sur Seppen Town...

A peine réveillée qu'elle paraissait de nouveau endormie, telle une princesse sur son lit attendant son preux chevalier qui viendrait la sortir de son sommeil...

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Mer 29 Aoû - 13:59
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Tout affairé qu'il était à s'enquérir du bon état de l'intégrité physique de Kari, Akis fut parfaitement incapable de distinguer le moindre de ses frémissements, prémices à un éveil de plus en plus imminent. Il mésestima grandement sa respiration qui, autrefois troublée, prenait une amplitude plus large, plus tranquille, et fit preuve d'incompétence en oubliant de vérifier le pouls de la jeune femme, n'ayant bien malheureusement pas les réflexes qu'on aurait pu attendre d'un sauveteur véritablement compétent. Lui, le pauvre journaliste, l'envoyé spécial qu'on dépêchait parfois sur des zones où les conflits s'entrelaçaient, avait bien sûr à d'innombrables reprises eut l'opportunité de croiser des souffrants, des blessés, des pauvres hères ayant joué de malchance et qui avait eu à subir les affres d'une lutte âpre entre factions opposées, lesquelles avaient parfois pu précipiter leur existence dans un tourbillon de souffrances et de tourments plus denses que jamais.... Néanmoins, il s'était jusqu'à présent contenté de recueillir leurs témoignages et, dans une moindre mesure, de panser les plaies béantes de leur mental en les distrayant par sa joyeuseté et sa naïveté coutumières. Toutefois, la situation l'angoissait réellement : il ne se sentait guère capable de s'en aller à quelques traits d'esprits ou à quelques boutades bon enfant, considérant le fait que sa patiente s'en était allée jusque dans les bras de Morphée et qu'aucun professionnel compétent ne semblait vouloir pointer le bout de son nez. Les deux armoires à glace, selon toutes vraisemblances, ne disposaient pas d'un savoir-faire salvateur en la matière, sans quoi ils auraient probablement pris le parti d'éloigner momentanément le Tokushi de la demoiselle afin de vérifier son état promptement et de s'assurer de la stabiliser, si elle avait à souffrir de quelques blessures scélérates. A contrario, ils se contentaient d'encadrer le jeune civil, dans son dos, d'un côté comme de l'autre, en regardant débilement et muettement la silhouette inerte de cette donzelle intrépide qui, en prenant la décision de protéger autant de victimes collatérales que possible, avait bien failli basculer brusquement dans l'autre monde.

L'héroïsme de la chasseuse n'avait échappé à personne, et c'était probablement en grande partie pour cela que l'austérité était actuellement de rigueur : les deux soldats et le journaliste ne pouvaient décemment pas se permettre de faire montre de légèreté ou d'insouciance à l'instant même où celle sans qui ils auraient certainement rendu l'âme se trouvait dans un état assurément préoccupant... Cette austérité, néanmoins, fut sèchement ébranlée lorsque les paupières de la demoiselle se mirent à papillonner. Akis, trop occupé à lorgner vers sa chevelure, dans un premier temps, ne se rendit compte de rien. Ce ne fut qu'une fois que les deux molosses derrière lui se mirent à frémir quelque peu qu'il comprit que le regard qui le fixait pesamment ne parvenait pas de derrière lui : il posa alors ses yeux sur le faciès de Kari et, le souffle coupé, la découvrit à l'instant même où elle semblait émerger de ses songes pesamment et péniblement. D'abord bouche bée, soufflé par la surprise et virulemment désarçonné par l'éveil qu'il ne pouvait jusqu'à présent qu'espérer âprement, il parvint par la suite à retrouver un semblant d'audace. Son visage s'éclaira d'un sourire radieux, mais il tâcha de son mieux pour conserver son sérieux et son intransigeance scrupuleuse et professionnelle : qu'elle ait été capable de s'éveiller ne signifiait pas tout-à-fait qu'elle était tirée d'affaire. Elle souffrait peut-être de lésions invisibles, dont les conséquences ne finiraient par leur apparaître sournoisement qu'après tout... Si tel était le cas, il fallait la pousser à conserver sa quiétude actuelle encore un petit moment : Seppen Town était en branle, les forces gouvernementales étaient agitées comme jamais, et on finirait certainement par remarquer leur présence et leur détresse, quand bien même ils ne la manifestaient pas de la manière la plus ouverte et la plus flagrante possible...

« Oh... Dieu merci ! Ne bouge pas, reste tranquille... Il faut que tu retrouves un peu de forces... Je vérifie juste... Tu as mal quelque part ? Si je peux faire quoi que ce soit, n'hésite pas à... me le dire... »

Les derniers mots s'étaient perdus, prononcés avec moins de conviction et de vigueurs que les premiers : et pour cause, la teinte carmine des cheveux du journaliste s'était progressivement répandue sur le reste de sa physionomie tandis qu'il considérait avec sobriété le peu de distance qui séparait actuellement son faciès de celui de Kari et, par extension, ses lèvres avides et celles, rosées et tendres, de celle qu'il avait commencé à désirer aux origines de cette crise qu'ils s'étaient engagés à résoudre conjointement. Son cœur manqua un battement, mécaniquement, tandis qu'il se figeait, stupéfait, et frappé par la beauté hébétée et assoupie que le visage harmonieux de cette téméraire détective dégageait à cet instant précis.
Il lui fallut finalement plusieurs minutes pour s'extirper à son tour de sa propre léthargie : il recouvrit soudainement des forces en comprenant que l'heure n'était guère à la romance et que, jusqu'à preuve du contraire, la demoiselle n'était pas tirée d'affaire. Il se recula soudainement, plus que maladroitement, avant de se pencher de plus belle sur le haut du crâne de la jeune femme, achevant de parcourir sa chevelure nocturne d'une main inquiète. Aucune trace ne parvint à le préoccuper outre mesure et, à compté de cet instant, son cœur s'allégea quelque peu. Il ne parvint néanmoins pas, dans l'immédiat, à recouvrer son absolue placidité : son cœur tambourinait encore fiévreusement, et l'image des lèvres sucrées qu'il avait si ardemment voulu embrasser ne semblaient guère vouloir se détacher de ses mirettes... Elle venait de le troubler puissamment, cela allait sans dire : et il risquait d'en conserver des séquelles encore longtemps...

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Sam 16 Fév - 18:19
La Faute à Janmark
TraumaLa Faute à Janmark - Acte XX
These Final Words - Fractured Light Music
- Akis !
Ça y est, ça lui revenait. Tout devenait de plus en plus clair, limpide. Son cerveau, ivre des informations collectées par ses yeux, piochait dans sa mémoire pour leur donner un sens. Ça y est, elle se souvenait à qui appartenait ce visage.

Kari murmura son nom une deuxième fois,  comme pour être bien sûre de ce qu’elle disait, pour être bien sûre que c’était la bonne association. Ses yeux s’ouvrirent une nouvelle fois, brillants. Jusqu’à ce qu’ils se referment de nouveau. Ses tempes… Le cœur battait, encore et encore, puissamment. Trop puissamment. Douloureusement. Le sang suivait l’impulsion qu’on lui donnait, virevoltant dans les mètres de vaisseaux qui parsemaient son corps, dans un ballet régulier.

Son regard perdit de son intensité et son visage se crispa. Elle ressentait son corps, elle ressentait ce sang, mais en mal. A ces pulsations intempestives aux abords de son crâne vinrent s’ajouter, tout d’abord en douceur, un bourdonnement qui ne cessait de s’intensifier.

Il aurait été faux de dire que Kari Crown n’avait rien. Certes, aucun dégât externe n’était à déplorer, et à part les symptômes qu’elle ressentait à la tête, elle était bien incapable de dire si elle allait bien, si son corps allait bien, si elle ne souffrait pas d’une quelconque hémorragie interne dûe au choc, et que savait-elle encore.- Mon crâne… finit-elle par maugréer à Akis.
Elle n’avait même pas pris le temps d’analyser plus amplement la situation. Elle n’avait même pas pu apercevoir, puisque ses yeux s’étaient refermés à cet instant-là, la soudaine proximité qui avait fait figer et reculer le Tokushi. Pour autant, ses oreilles étaient encore en train d’écouter à ce moment-là.

La Crown tenta de se relever, contrairement à ce qu’avait conseillé le reporter. Mal lui en prit car elle se retrouva un court instant pris de vertiges, menaçant de nouveau de sombrer dans l’inconscience. Le haut de son corps vacilla quelque peu mais elle tint bon, écartant toute éventuelle inquiétude en marmonnant :- Ça va… ça va.
Cette fois, plus lentement pour éviter de retenter l’expérience qu’elle venait tout juste de vivre, la chasseuse de primes se mit debout. Le sang battant contre ses tempes la dérangeait toujours, et le bourdonnement incessant ne semblait pas se calmer. En dépit des conseils et des suggestions du Tokushi, Kari jeta un regard aux deux soldats de la Marine, puis au reporter.- Dépêchons-nous d’aller trouver les autres, avant que le reste de la ville n'explose… Et nous avec.
Kari n’avait cure de la vie de civils. Non, ce qu’elle voulait, c’était prouver son innocence. Enfin, prouver était un grand mot. Et ce qui l’inquiétait le plus, en ce moment, c’était les terroristes introuvables. Qui avaient piégé l’un des leurs. Ils étaient dangereux et manipulateurs, plus aucun doute n’était permis. Qui dit qu’ils ne les observaient pas déjà et prévoyaient de les tuer à l’instant, Akis et elle. Ils s’étaient mis en travers de leur chemin en aidant la Marine. Ils faisaient désormais partie des cibles à tuer, non ?

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Kari Crown
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Mar 30 Avr - 16:39
« Hey mam'zelle ! Avoue, je pète le style. C'est normal, j'suis quelqu'un de génial, d'absolument parfait... Si j'étais toi, je m'embrasserais... Enfin, je t'embrasserais... 'fin... Ouais non, laisse tomber. »
La faute à Janmark

« Non... Attends... Tu devrais te reposer, au moins encore quelques instants... C'est trop tôt pour qu'on se remette en route, tu n'es pas remise... »

Elle était faible, quasiment vacillante, mais cela n'ôtait rien à sa détermination, à sa pugnacité, à son opiniâtreté. La chasseuse de primes voulait s'en retourner à sa traque, continuer à lutter et à vagabonder sur la piste de ces prétendus révolutionnaires, davantage terroristes que libérateurs des foules opprimées. En temps normal, le rouquin ne se serait pas senti le courage de l'en dissuader, de la contredire à ce sujet. La recherche de ces criminels hautement dangereux était effectivement des plus prioritaires, considérant les dégâts qu'ils risquaient de causer si on leur laissait l'opportunité de continuer à agir librement... Cela étant, force était d'admettre qu'ils avaient, lui et Kari, fait plus que leur part du marché. Jusqu'à présent, les forces du Gouvernement Mondial avaient cruellement sous-estimé la gravité de la situation et la dangerosité qu'incarnaient ces ressortissants hors-la-loi qui se baladaient sur le sol de Seppen Town sans être réellement inquiétés... mais l'explosion qui venait d'avoir lieu, celle-là même qui avait coûté la vie de l'un des hors-la-loi, allait forcément contraindre les plus hautes autorités locales à rentrer en branle. Les meilleurs gradés allaient être dépêchés immédiatement, y compris ceux qui attendaient les rapports préliminaires des hommes partis sur le terrain en premier lieu afin de dégrossir les pistes exploitables et les hypothèses probables. Peut-être que le contre-amiral Jack Frost en personne allait se mouiller, ajoutant son sabre à ceux de ses hommes afin de découvrir la funeste vérité derrière cette série d'attentats qui, miraculeusement, semblaient n'avoir pour l'heure qu'un impact tout-à-fait relatif sur les locaux. Le bilan des pertes humaines devait encore être relativement bas, notamment parce que ces révolutionnaires semblaient curieusement tenter de faire parler d'eux plutôt que de massacrer les foules aveuglément... Autant dire que la situation n'était pas encore désespérée. Pas du point de vue de la Marine. Pas assez, en tout cas, pour justifier qu'une chasseuse de prime blessée et qu'un reporter impressionnable soient absolument cruciaux afin de mener cette enquête à bien. Ils étaient dispensables. Pire encore : si les choses continuaient à ce rythme, et s'ils continuaient à s'exposer de la sorte, ils seraient bientôt un handicap pour les gradés du Gouvernement Mondial qui, seuls, avaient plus de chances de découvrir les forfaiteurs qu'en étant accompagnés de boulets incommodants.

« On est inutiles ! On va juste les gêner... Laisse-leur... Laisse-les faire leur travail. C'est tout ce qu'on peut faire... On doit rester en retrait, maintenant. On a prouvé qu'on avait rien à faire avec cette histoire, on a failli y passer... »

Akis sollicita l'intervention des deux marines qui se trouvaient dans son dos d'un regard apeuré. Les deux hommes étaient revenus auprès de ce duo aussi improbable qu'héroïque, et ils semblèrent approuver les dires du journaliste sans s'exprimer vocalement pour autant, toujours aussi silencieux et taciturnes qu'à l'accoutumée. Finalement, le rouquin se tourna à nouveau dans la direction de la jeune femme, qu'il tenta de repousser délicatement sur le banc qu'elle venait tout juste de quitter. Il fallait qu'elle s'asseye, a minima... Qu'elle patiente tranquillement jusqu'à ce qu'un professionnel de la santé puisse l'ausculter convenablement. Les quelques vérifications simplettes du Tokushi n'avaient rien d'infaillibles, et il pouvait indéniablement manquer des détails inquiétants, qui auraient pu nécessiter des interventions ou des examens plus complexes. Il connaissait à peine les gestes de premiers secours, alors établir un bilan de santé complet et fiable en l'espace de quelques secondes, rien qu'avec une observation visuelle partielle et précipitée, c'était de l'ordre de l'impossible pour un homme de son calibre. La cœur serré, cependant, le rédacteur ne put pas se montrer aussi vaillant bien longtemps : l'image du pauvre hère qui détonnait brutalement, sacrifié sans une once de doute et de scrupules par ceux qu'il estimait être des amis, lui revint à l'esprit et ne manqua guère de lui valoir une nausée soudaine. Il chancela, même, et dût se rattraper au banc sur lequel il déposa une main fébrile et maladroite. Lui-même avait peut-être surestimé sa propre force, et sa capacité à encaisser mentalement ce genre de tragédies et de traumatismes... L'adrénaline retombait, maintenant qu'il constatait que Kari semblait tirée d'affaire, et avec elle surgissaient tous les démons et tous les maux qu'il aurait préféré ensevelir loin, très loin. Le naïf petit envoyé spécial venait, une fois de plus, d'être confronté à la dureté sanguinaire de sa vie palpitante...
Ses inspirations se firent plus espacées, plus profondes, comme s'il cherchait à tout prix à reprendre son calme. Il avait l'impression de faire une crise d'angoisse, même s'il comprenait que la détresse et la nervosité accumulées étaient aussi responsables de cet état-ci que les chocs endurés ces dernières secondes et minutes, notamment lors des différentes explosions qu'il avait dû constater de ses yeux propres. Sa malchance inouïe l'avait poussé à être sur les premières lignes quasiment à chaque fois qu'une détonation s'était produite... Autant dire que lui, le gringalet de première, dont les capacités athlétiques n'étaient certainement pas au beau fixe, avait toutes les raisons du monde de souffrir d'un retour d'acide aussi physique que psychique. Et tandis que les unités d'intervention de la Marine se déployaient au quatre coins de l'île, offrant à ces recherches des allures de traques à l'homme, le rouquin se sentit absolument incapable de s'en retourner à cette enquête insensée. Il n'était pas un homme d'action et, dans les faits, il ne l'avait jamais été : il voulait juste que tout cela finisse, que tout cela soit enfin derrière lui, et qu'il s'en retourne à des eaux moins troubles...

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Kari Crown
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Sam 1 Juin - 22:47
La Faute à Janmark
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Aux conseils sages du journaliste, la chasseuse, qui avait fait quelques pas maladroits, s’arrêta et se tourna vers lui. Et le regard qu’elle lui lança fut des plus sérieux et des plus sombres qu’elle avait pu faire. Fini de jouer. Fini de se payer la tête de ce garçon. Elle tenait à la vie, et allait potentiellement être ciblée par ces révolutionnaires kamikazes.
Alors elle lança, d’une voix moins tendre et qui, plus elle progressait dans sa phrase, devenait de plus en plus tranchante, sonnant comme un glas :
- On n’a pas le temps d’attendre. Eux ne vont pas nous attendre.
Un soldat passa en courant près d’elle sans lui accorder le moindre regard. Bientôt, un deuxième la dépassa, puis un troisième. Les renforts commençaient à investir les lieux du drame, laissant de nombreuses empruntes de pas dans la neige fraîche. Un périmètre de sécurité fut établi autour de ce qui fut, un jour, le corps de Ronald.

Personne ne faisait attention à elle, ni à Akis, ni aux deux gardes qui les accompagnaient, comme si ils n’étaient rien par rapport à ce drame, alors qu’ils en étaient l’une des clés.
La deuxième supplique du reporter ne provoqua rien de plus chez Kari. Elle comprenait son état d’affolement, mais ne le partageait pas. Elle était tout le contraire du Tokushi, après tout.

La voix de la brune sembla cependant s’adoucir un peu :
- Akis, c’est aussi mon travail. Je suis chasseuse de primes, et en plus il faut que je prouve mon innocence dans tout ça. SI tu ne veux pas me suivre, tu peux rester là. Mais j’ai besoin d’eux, ajouta-t-elle en pointant du doigt les deux soldats qui les accompagnaient depuis un certain temps.
Elle fit volte-face avant de faire quelques pas de plus.

Le Tokushi avait pourtant raison, même si la Crown ne voulait pas l’admettre. Cette histoire n’était plus de leur ressort, besoin de s’innocenter ou non. Elle avait remué les entrailles de l’île et ses habitants, éveiller la ruche qu’était le QG de la Marine de Seppen Town, il était temps pour eux de décrocher, tout cela n’était qu’un trop gros morceau pour une récompense nulle, si ce n’est la mort dans le pire des cas.

Les paroles d’Akis n’avaient eu aucun effet sur Kari. Y avait-il quelque chose qui pouvait encore la dissuader ? Quelque chose, de gré ou de force, qui la ferait sagement patienter et se reposer ?

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Kari Crown
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Jeu 27 Juin - 15:26
« Hey mam'zelle ! Avoue, je pète le style. C'est normal, j'suis quelqu'un de génial, d'absolument parfait... Si j'étais toi, je m'embrasserais... Enfin, je t'embrasserais... 'fin... Ouais non, laisse tomber. »
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« Bon sang... putain... merde ! »

Ils étaient inutiles. Ils étaient encombrants. Mais elle refusait de l'admettre. Elle continuait d'avancer qu'il leur fallait prendre les devants, continuer à s'exposer, à mener l'enquête depuis les premières lignes, au nez et à la barbe des justiciers qui ne tarderaient pas à prendre le relais, à faire tout ce qu'ils pouvaient faire dans l'optique de pacifier l'île et de la sécurisé totalement. Comment diable pouvait-elle s'estimer capable de faire mieux qu'eux le travail qui était le leur ? Parmi les gradés de Seppen Town devaient résider des têtes d'affiche ayant une, deux, voire trois décennies d'expérience en matière de traque criminelle. Et elle ? Et lui ? Même à deux, ils ne cumulaient pas le quart du savoir militaire que les Marines possédaient, sur ce bastion gouvernemental... L'anxiété se faisait croissante à mesure qu'il constatait sa propre impuissance. Comme d'habitude, Akis n'était guère plus qu'un spectateur mais cette fois-ci, non content d'être incapable de résoudre cette crise, il se voyait absolument incapable d'en prémunir une innocente, elle-même incapable d'entendre raison. Cela sautait aux yeux, elle était dans un état déplorable... Et il était à peine moins misérable. A quoi diable pourraient bien leur servir les deux colosses qui leur servaient de surveillants, dans ces circonstances ? Ils avaient affaire à des terroristes armés de bombes, les transformant en explosifs humains ! Ce n'était pas deux soldats, qu'il leur fallait : c'étaient deux colonels, dans le meilleur des cas, et encore... Il s'ébouriffa fiévreusement en essayant d'énumérer les options qui étaient les siennes, sans réussir à en trouver une quelconque le satisfaisant pleinement. Il était catégorique : il était impensable qu'ils prennent part à la suite de cette opération délicate de déminage. D'autant plus que les gradés risquaient fort de les écarter précipitamment... S'ils ne considéraient pas tout bêtement que c'était un comportement louche, pouvait signifier une relative complicité avec les odieux forfaitaires de cet attentat suicide. D'un autre côté, raisonner Kari par les mots semblait absolument illusoire. Il ne disposait pas d'un pouvoir de persuasion suffisant et, en l'état, aucun argument ne semblait pouvoir faire mouche. Elle était hermétique à toute contradiction, qu'elle cataloguait immédiatement comme étant caduque et sans importance. Elle utilisait leur prétendue culpabilité, détruite à partir du moment où ils avaient bien failli laisser leur peau dans cette explosion, comme une raison valable pour courir davantage de risques... Cela, et sa condition de chasseuse, qui ne faisait pourtant pas d'elle une espèce de super-héros omnipotent.

Le Tokushi, après plusieurs secondes à réfléchir aussi densément qu'il le pouvait, posa une fois de plus son regard sur la silhouette tremblante et fébrile de la Crown, laquelle s'éloignait pas à pas de lui et des deux marines, non sans avoir communiquer son souhait d'être accompagnée par les deux armoires à glace. Finalement, la pression et l'adrénaline lui jouant des tours, le rouquin prit une décision qu'il n'aurait jamais prise en temps normal : il s'élança dans la direction de la jeune femme... Et tenta purement et simplement de la bousculer, de l'envoyer au sol sans ménagement afin de se placer au-dessus d'elle, de l'immobiliser sans lui laisser voix au chapitre et en utilisant du tapis neigeux afin d'amortir sa chute, de la rendre moins sèche, moins éprouvante. S'il y parvenait, la suite serait prévisible : le journaliste tenterait d'attraper les poignets de la renarde afin de l'immobiliser, de l'empêcher de se soustraire et de glisser hors de son emprise. Il utiliserait dès lors cette posture de supériorité afin de lui cracher quelques mots, d'une voix plus sèche et plus colérique qu'il ne l'envisageait de prime abord.

« Non, ça suffit ! Qu'est-ce que tu crois pouvoir changer ? Qu'est-ce que tu crois pouvoir faire qu'ils seront incapables de réaliser, eux ? Tout ce que tu vas faire, au mieux, c'est servir d'otage aux criminels une fois que tu auras, par miracle, réussis à remonter leur piste avant les marines ! C'est stupide ! C'est inconscient ! Je ne te laisserai pas aller te suicider et leur rendre service ! Si tu veux faire ça, il te faudra d'abord me passer sur le corps ! »

En temps normal, Kari aurait toutes les raisons de se gausser d'une telle conviction : elle aurait sans nul doute pu l'envoyer au tapis en deux temps trois mouvements, et ce sans lui laisser la moindre chance de jamais pouvoir l'immobiliser. Mais en l'état ? Elle était éprouvée, sans nul doute beaucoup plus que lui, et elle avait enduré un choc sourd au niveau du crâne, lequel devait également entamer ses compétences, sa réactivité, sa finesse chirurgicale. En l'état, le civil n'était pas un obstacle de pacotille qu'elle pourrait enjamber avec une certaine nonchalance : il était un réel problème, avec lequel il lui faudrait composer. Parce qu'aucun mot ne semblait, non plus, être en mesure de le convaincre lui... Tous deux étaient prostrés dans leurs postures respectives, et ne semblaient vouloir faire aucun pas vers le positionnement adverse dans l'optique de trouver un compromis. Contre toute attente, et contre sa nature, surtout, le rédacteur avait par conséquent choisi ce qu'il maîtrisait le moins, le domaine auquel il était le moins familier : celui de la force. Il s'en voulait, bien sûr, d'agir de la sorte, a fortiori sur une blessée... Mais que se passerait-il s'il se montrait trop coulant ? S'il laissait tomber et s'il la laissait s'en aller au-devant de problèmes supplémentaires ? Elle y laisserait la vie, sans nul doute. Il préférait encore lui causer quelques hématomes, voire quelques fractures si elle devait lui résister plus que de raisons : elle pourrait s'en remettre, assurément.

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