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C'est un malentendu !
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Mar 23 Juin - 19:53





C'est un malentendu !


Où suis-je ? Me dis-je alors en contemplant un horizon aussi sombre et menaçant que la mort elle-même. Je regarde autour de moi le décor qui m’entoure et, malgré ma concentration, les formes que je devine demeurent floues comme si je regardais à travers les lunettes d’une personne myope. Un plafond gris anthracite de nuages à l’aspect cotonneux me surplombe, renforçant ainsi ce sentiment d’oppression. J’avance à petits pas sur un sol glacé, noir et lisse comme de l’ardoise tout en m’efforçant de discerner le moindre élément familier de cet étrange univers. La peur s’empare soudainement de moi alors qu’un rire strident se fait entendre de la direction dans laquelle je me dirige. Le son ne fait que s’intensifier alors que mes pas me mènent à son origine sans que je ne leur commande quoi que ce soit. J’ai horriblement froid et je n’arrive pas à me détourner de cet affreux destin qui semble m’attendre. Je profite des derniers instants qui me séparent de cet effrayant cri pour juger ma condition : je suis quasi nu, simplement vêtu d’un bas en lambeaux et d’une chemise trouée et je remarque que je suis dépourvu de chaussures ce qui explique cette sensation de froid provenant du sol.

Je dois rêver, il ne peut en être autrement ! Me mets-je alors à penser lorsqu’un vif éclat de lumière vient violemment m’aveugler et fait cesser cet insupportable rire. De ma main droite je me masque le visage pour ne plus être ébloui et je me sers de l’autre comme une canne d’aveugle pour appréhender les obstacles qui se dressent devant moi. Des bruits croissants de pas assourdissants résonnent dans ma tête puis semblent brusquement s’arrêter à quelques centimètres de mon corps. Je balaye l’air de la main à la recherche d’une forme mais je ne discerne rien. Un silence soutenu s’en suit alors que je sens la chaleur de la lumière m’emplir des pieds à la tête.

Debout ! Etends-je brutalement avant de surgir hors de ce songe aussi angoissant que parcourir seul une ruelle sombre d’un quartier malfamé en pleine nuit.

Je me retrouve en position assise, haletant et transpirant, après ce terrible cauchemar qui m’a foutu les jetons. L’atmosphère de ma cabine est quant à elle beaucoup plus paisible ; un silence serein baigne dans la pièce à peine éclairée par les premières lueurs du matin mais malgré cela je reste sous le choc de ce songe dont les souvenirs s’évaporent seconde après seconde. Je me tire péniblement de mon lit puis enfile avec lassitude mes vêtements de la veille déposés en tas sur l’assise de la chaise du bureau. J’enfile mon chapeau et l’ajuste pour qu’il masque partiellement mes yeux en prévoyance de la luminosité qui sévit dehors. Je me traîne jusqu’aux marches ascendantes qui séparent le pont du navire de mon antre, je les grimpe avec une lenteur épuisante et pousse d’un geste las la porte en bois juste devant moi.

Yo’ cap’ ! Me lance avec entrain Erik qui évite au dernier moment la porte avant qu’elle ne le percute. Je lève la main droite au-dessus de ma tête comme pour saisir un objet en vol et celle-ci se voit immédiatement remplie par une pomme lancée par Pal qui revient à l’instant du marché chargé des provisions vitales pour notre prochain voyage. Je porte ce fruit à la peau lisse à mes lèvres et croque dedans avec vigueur ; l’acidité me donne un coup de fouet et la saveur sucrée me donne de l’appétit. Je me dirige vers la cuisine tel un somnambule tout en me délectant de cette belle pomme verte et entre dans ce lieu de convivialité. Une odeur de brioche émane du four et me donne l’eau à la bouche ; je m’empare de cette dernière puis m’en coupe une bonne tranche et la repose pour qu’elle conserve sa chaleur. Je retourne à l’extérieur puis jette le trognon de pomme dans l’eau du port de Logue Town avant de dévorer un morceau de cette brioche parfaitement préparée. C’est dans de tels moments que je suis ravi d’avoir dans mon équipage un cuisinier hors pair capable de me régaler en toute circonstance.

La matinée se termine déjà et j’ai la forte impression que le temps passe extrêmement vite… Ou est-ce parce que je suis extrêmement lent à me mouvoir ? A cette question, la réponse est toute trouvée. Après un copieux repas servi par le chef du navire, je propose à mes compagnons de vaquer à leurs occupations ; quant à moi je me languis d’errer dans les ruelles de ma ville natale. J’empaquète une bouteille d’eau ainsi qu’un morceau de brioche encore chaude du matin et, le sac à dos sur les épaules, je quitte mon vaisseau pour me fondre dans la foule amassée dans les allées du port. Qui aurait pu deviner qu’une simple balade dans une ville aussi calme se solde par une telle mésaventure ?

Il se fait tard dans l’après-midi à tel point que les tavernes rejettent déjà des soulards dont les mouvements sont hasardeux et les paroles incompréhensibles. Je termine ma promenade par mon habituel passage à la boutique pour donner quelques directives et ma visite au domicile familial pour rassurer ma génitrice sur mon état de santé puis me dirige vers le port. Alors que je descends la rue, j’entends derrière moi des pas de course. Je me retourne prestement et me retrouve nez à nez avec trois soldats de la marine armés de fusils qu’ils braquent sur moi.

Enfin on t’attrape enfoiré ! Ne bouge pas ou on te transforme en passoire !

Ecoutez messieurs, il doit y avoir erreur, je n’ai ri…

Le fusil d’un des soldats claque et une balle vient heurter les pavés de l’allée à quelques centimètres de mon pied droit. Je jette un regard à l’endroit de l’impact pour vérifier que j’ai été bel et bien épargné puis refixe les trois hommes et je lève les mains en l’air en signe de reddition. Deux de mes assaillants se dirigent vers moi pour me menotter tandis que le troisième me tient en joue au cas où je tenterai quelque chose de stupide. Je réfléchis à un moyen de rapidement me sortir de cette situation et alors que je mets au point un enchaînement rapide pour me débarrasser de ces trois soldats, celui qui me pointait de son arme s’avance vers moi. Il s’arrête à quelques centimètres puis abat violemment la crosse de son fusil sur mon visage, m’envoyant ainsi au sol… inconscient…

Qu’est-ce que c’est que ce bordel ?! Me mets-je à penser alors que je reprends péniblement mes esprits. Je gis au sol, un sol dur et froid qui m’est fort inconfortable, puis me remets difficilement en position assise en m’adossant au mur de pierres derrière moi. Je suis tout engourdi et encore sonné du coup qui me fut assené mais réussis à reprendre mes esprits pour faire un point sur la situation.

La pièce qui me sert actuellement de cellule est tellement plongée dans le noir complet que je ne distingue que très vaguement la forme de mes mains lorsque je les dresse devant moi. Aucune lueur ne semble pouvoir pénétrer dans ce lieu dépourvu de fenêtres, à part un léger filet horizontal qui se dessine loin en face de moi au niveau du sol et que je peux attribuer à la seule voie d’entrée et de sortie de ma prison. Je me mets alors sur mes deux pieds avec une grande difficulté et me dirige vers ce mince filet lumineux qui me paraît être mon dernier espoir dans ces ténèbres oppressantes. Je manque à plusieurs reprises de choir avec fracas, soudainement pris par des vertiges incontrôlés qui semblent être les effets secondaires du coup à la tête que j’ai reçu. Ma démarche titubante jusqu’à cette lumière salvatrice transforme ce laps de temps en une éternité épuisante. Et alors que je me traîne jusqu’à cette porte, dont je devine peu à peu la forme grâce à l’accommodation de mes yeux au manque de lumière, j’ai la conviction d’avoir déjà vécu ce moment. Mes pas qui glissent péniblement en direction d’une lumière alors que de toute part la nuit m’encercle… Ceci ressemble à mon cauchemar ! Me dis-je lorsqu’un violent rire retentit de l’autre côté de mon issue vers la liberté. La porte du cachot s’ouvre en un quart de seconde et je me retrouve aveuglé par un geyser de lumière. Je n’ai pas le temps de saisir l’occasion pour m’enfuir qu’une forme vient masquer ce flot lumineux, dressée entre moi et la sortie de cette cellule. Ne comprenant pas la raison de ma présence ici, je prends un ton énervé et m’adresse à mon interlocuteur avec ces mots :

Pour quel motif me retenez-vous captif ?! Je suis un honnête marchand de vêtements et je suis d’ailleurs l’un de vos fournisseurs d’uniformes. De quel crime m’accusez-vous pour que je mérite un tel traitement ? Je veux parler à un supér…

Du calme cap’tain, on est venu vous chercher, y’a personne d’autre que nous.

Johan ? Dis-je sous le choc d’entendre sa voix dans un lieu aussi malfamé. Mon second est venu me libérer de cette infâme demeure dont le décor est semblable à celui de mes songes les plus sombres. Mon compagnon me libère alors la voie pour que je m’évade puis il passe rapidement devant moi pour me guider à travers un labyrinthe de murs en pierre délabrés jusqu’à un escalier en colimaçon que nous gravissons à vive allure. Cette vague d’adrénaline que le sentiment de liberté me prodigue me permet de suivre la cadence du marin. Johan s’arrête alors brutalement au détour d’un virage, le sourire aux lèvres, et je ne tarde guère à comprendre son enthousiasme lorsqu’apparaissent devant mes yeux Erik et Pal qui reviennent tout juste de deux autres allées.

Ah parfait, tu l’as trouvé. Dit Erik à court de souffle, penché en avant et les mains sur les genoux.

Alors que l’ivresse de mon évasion cesse de faire effet, je réalise la situation et interroge mes compagnons sur leur présence ici.

Comment m’avez-vous trouvé ?

Pal prend alors la parole, lui d’habitude si peu bavard.

Dès qu’on a vu qu’au coucher du soleil vous n’étiez pas rentré, on s’est inquiété et on est parti à votre recherche dans toute la ville. Sur le chemin entre le port et le centre-ville, on est tombé sur une vieille dame et on lui a demandé si elle n’avait pas vu quelque chose d’inhabituel. Bon, on a bien galéré dix minutes avant de comprendre ce qu’elle racontait mais on en a suffisamment entendu pour suivre la trace de vos ravisseurs jusqu’ici. Par contre, on a vu personne en entrant alors on espère que y’aura toujours personne en part…

Le plus important maintenant c’est de dégager d’ici ! Dis-je avec conviction en interrompant le marin dans son récit. Nous nous précipitons vers un autre escalier, moi courant sur les talons de mes trois camarades, puis nous sortons prestement du sous-sol de ce qui semble être un vaste domaine. Nous nous retrouvons ainsi au centre d’une pièce gigantesque avec au centre un énorme calice doré déposé sur un socle en marbre blanc. Le sol est composé de carreaux multicolores extrêmement bien juxtaposés et le plafond est en pierre grise avec en son centre un lustre gigantesque comportant pas moins d’une cinquantaine de bougies dont les lueurs font mouvoir nos ombres avec élégance. Sur notre gauche se trouve une imposante porte en bois peinte en noir qui semble être notre échappatoire et sur notre droite se dresse un gigantesque escalier, du même matériau que le socle du calice, avec des rampes dorées et qui mène par deux voies à l’étage supérieur. J’en déduis alors que nous sommes dans le hall de la maison d’un riche personnage et non point dans un bastion de la marine.

C’est trop simple, il y a quelque chose qui cloche, pourquoi se donner tant de mal pour me capturer et me laisser m’enfuir aussi facilement ? Qu’est-ce que vous en pensez ?

Et alors que je me retourne en leur posant cette question, je vois mes 3 compagnons ligotés, bâillonnés et maintenus au sol par trois hommes armés dont je reconnais les visages. Ce sont mes kidnappeurs mais cette fois-ci ils sont habillés plus communément, sans leurs faux uniformes de la marine, et même avec une certaine classe. J’observe impuissant aux tentatives de mes amis à desserrer leurs liens alors que de l’escalier déboulent trois hommes supplémentaires qui viennent se positionner sur la dernière marche et me tiennent en joue. Un long silence s’en suit, brutalement interrompu par des applaudissements très lents provenant du haut de l’escalier. Un homme à forte corpulence surgit alors de l’ombre et descend les marches une par une avec une lenteur au rythme du claquement de ses mains boudinées. Il porte sur la tête une sorte de toque ratatinée orange à pois verts, il est vêtu d’une longue robe à rayures jaunes et roses qui lui couvre les bras jusqu’aux mains et les jambes jusqu’au chevilles et il est chaussé de ballerines bleu ciel qui frottent avec un bruit agréable à l’oreille sur le marbre des marches. Ses hommes de main s’écartent pour laisser à sa bedaine la place suffisante pour passer puis il s’arrête au bas de l’escalier et me fixe tout en souriant et en cessant de s’applaudir lui-même, fier de la réussite de son opération.

Bien le bonjour monsieur Ironfist. Vous me voyez navré que notre rencontre se déroule dans de pareilles situations mais il m’était impossible de faire autrement pour que nous puissions échanger quelques paroles, commerçant à commerçant… Mais j’en oublie les politesses, laissez-moi me présenter. Mon nom est Loran Dorec, celui-ci ne vous dit peut-être rien malgré le fait que nous travaillons dans la même branche. En effet, je suis un riche marchand de vêtements, comme vous pouvez le constater en admirant la splendeur de ces lieux et la beauté des tissus qui me couvrent. Voyez-vous, partout où je passe ma renommée me précède et cette dernière est gage de qualité des étoffes que je vends à travers le monde. Cependant, un marché semble retissant à mon essor, celui de Logue Town, et cela est dû à une minuscule (l’homme à forte corpulence approche son index et son pouce de la main droite pour schématiser ses mots) entreprise locale dont vous, monsieur Ironfist, êtes le malheureux propriétaire. Et je dis malheureux car je compte bien écraser cette concurrence en récupérant votre entreprise, de gré… ou de force.

Au mot « force », les trois hommes de main à coté de mes camarades pointent leurs armes sur les nuques de mes compagnons, à genoux et sans défense tandis que les trois hommes sur les marches maintiennent ma tête en ligne de mire de leurs fusils.

Je me rue alors sur mon interlocuteur sans prendre la peine de lui répondre ; des balles viennent siffler à mes oreilles et l’une d’entre elles s’en va percuter le calice doré, produisant ainsi un tintement semblable à celui d’une cloche en légèrement plus aigu. Les gardes qui s’occupaient de mes camarades détournent leurs fusils pour les pointer dans ma direction laissant ainsi au plus hardi, Johan, le laps de temps suffisant pour asséner un coup de boule arrière dans les parties génitales du garde derrière lui. L’homme de main se plie alors en deux de douleur, suffisamment bas pour que mon second lui attrape la tête avec ses deux mains libérées de leurs liens et lui brise la nuque d’un coup sec et puissant. Le craquement des cervicales au moment de la torsion résonne dans le hall et me donne des frissons dans le dos. Mais pas le temps d’y penser, je saisis le marchand de dos par le cou avec mon bras droit et le plaque contre moi pour m’en servir de bouclier humain. Les trois hommes devant moi ne me lâchent pas du regard et attendent le moindre moment d’inattention et une ouverture dans ma défense pour me cribler de balles. Sur ma droite les deux hommes de main encore vivants se précipitent pour gérer Johan mais c’est sans compter sur Erik et Pal, également libérés de leurs liens, qui saisissent leurs agresseurs et les bloquent au sol pour les ligoter. Mon équipage se munit alors des armes projetées à terre lors du corps à corps et vient sur ma position en visant les trois derniers hommes qui maintiennent la distance avec nous.

Nous nous dirigeons lentement en direction de la porte de sortie tout en gardant à l’œil les trois armes braquées sur nous. Un des hommes, soudain prit d’un excès de courage, tire sur Pal qui a juste le temps de voir l’homme le viser pour se décaler et esquiver le projectile. Je resserre alors mon étreinte sur la gorge de leur chef pour leur faire comprendre qu’à la prochaine stupidité de ce genre je l’élimine. Mais Johan, mon second, ne semble pas enclin à laisser passer ce débordement ; une violente pression sur l’outil de mort qu’il a entre les mains suffit à envoyer au sol un de nos assaillants. L’homme a reçu la balle au niveau des côtes droites ce qui a certainement perforé un de ses poumons ; son calvaire ne dure que quelques secondes avant que le blessé n’expire son dernier souffle. Une mare de sang rouge foncé se répand alors sur les coloris du sol et inspire la peur dans l’otage que je maintiens contre moi. Les deux hommes de main quant à eux ne semblent pas impressionnés par le décès d’un des leurs et deviennent plus oppressants. Erik, qui mène notre groupe vers le salut, pousse avec difficulté la porte à double battant qui donne sur la ville. Je sens l’air frais du crépuscule passer dans mon dos et vois la lumière du soleil couchant éclairer le hall de cette maison de malheur. Je jette un coup d’œil derrière moi pour observer l’extérieur et remarque que seulement quelques marches nous séparent des pavés d’une ruelle plutôt large mais dépeuplée à cette heure de la journée. Je descends prudemment, pas à pas, cet escalier en pierres usées tout en conservant l’emprise sur l’homme à forte corpulence. C’est alors dans un vain espoir que le bandit qui se dit marchand me supplie.

Epargnez moi, je vous serais beaucoup plus utile vivant. Qu’est-ce que vous voulez ? De l’or ? Je peux vous en donner plus que ce que vous pourriez amasser dans toute une vie.

Ce n’est pas l’argent qui m’intéresse, simplement la promesse que vous ne m’importunerez plus jamais. Est-ce bien clair ?

Oui oui… Je… Je promets.

Je relâche alors mon emprise sur la gorge de l’homme qui s’éloigne en direction de sa demeure, protégé par ses hommes de main. Mais un nouveau rebondissement fait son entrée alors que le gros marchand n’a toujours pas passé le seuil de son antre. Une patrouille composée de cinq soldats de la marine et un capitaine, certainement alertée par les coups de feu, arrive à toute vitesse et tombe sur une scène étrange ; cinq hommes armés divisés en deux groupes se font fasse et le leader de chaque groupe s’éloigne l’un de l’autre dans une atmosphère pesante. Le capitaine s’avance alors et s’adresse à l’homme à forte carrure.

Monsieur Dorec, auriez-vous l’amabilité de m’expliquer ce qui se passe ici ?

Mon adversaire se retourne en arborant une mine déconfite parsemée de larmes et vient se morfondre aux pieds du gradé de la marine.

Oh heureusement que vous êtes arrivés à temps capitaine, ces trois individus se sont introduits chez moi pour me voler puis ils m’ont kidnappé et tué deux de mes gentils protecteurs. Rentrez pour constater l’ampleur du mal qu’ils ont déversé sur mon humble demeure. Capitaine, je demande que ces gens soient arrêtés sur le champ et pendus avant l’aube.

Ce salopard me jette un regard accompagné d’un énorme sourire de satisfaction que le capitaine ne voit pas puis retourne pleurnicher. Le chef de la patrouille, certainement attendri par les lamentations du marchand et intimidé par son influence acquise grâce à sa fortune, donne l’ordre de se saisir de mes compagnons et moi-même ; nous sommes alors conduits au bastion de la marine de Logue Town malgré mes tentatives d’expliquer au supérieur la réalité des faits.

Mes compagnons et moi-même sommes immédiatement introduits dans une pièce qui ressemble fortement à une salle d’interrogatoire. La porte se referme derrière le capitaine de la marine puis ce dernier vient s’installer en face de nous, derrière une table et sur une chaise simple en bois. Il jette un coup d’œil entre nous pour s’assurer que personne ne regarde à travers la vitre de la porte puis entame la discussion :

Que faisiez-vous chez Loran Dorec ?

Je prends alors la parole en tant que leader de l’équipage en contant ma mésaventure telle que vous, lecteur de ce récit, l’avez fait jusqu’ici. Le capitaine me lance un regard suspect qui dure quelques secondes alors que je balance mes derniers mots puis se lève et se penche au-dessus de la table pour me parler à voix basse.

Ecoutez messieurs, je me doutais bien que vous n’étiez pas les instigateurs de cette fusillade. Cela fait bien longtemps que nous constatons les manières malhonnêtes de cet infâme Loran mais voyez-vous il nous est impossible de faire quoi que ce soit pour l’arrêter car sa fortune lui assure une protection contre laquelle nous sommes impuissants.

Je reste ébahi face au discours que le capitaine me tient, à la fois soulagé de ne pas être inculpé d’un quelconque méfait mais aussi choqué par l’incapacité de la marine à mettre cette crapule, aussi riche soit elle, dans une geôle pour le restant de ses jours. Le gradé se recule pour reprendre une position droite puis nous fait signe de quitter les lieux en nous conseillant de rester discret. Nous récupérons les quelques affaires qui nous furent retirées puis reprenons la route du port pour rejoindre le chaleureux navire qui nous attend amarré dans le magnifique port de Logue Town.

Ce soir-là, alors que nous dinons tranquillement dans la cuisine de mon vaisseau, je repense à cette dure journée que nous avons tous les quatre traversée, je revois le visage gonflé du gros marchand et me dis que nous risquons fortement de recroiser cet infâme individu lors de nos prochaines aventures…

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