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Erwin
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Ven 28 Nov - 0:50
Brutal Réveil« L'oubli n'efface pas les péchés. »


J’avais mal à la tête. Mon corps sentait l’humidité, l’eau de mer, mon ennemi juré, le parjure dans l'obscurité. En ouvrant les yeux difficilement, j’observai les ténèbres inquisitrices du plafond d’une grotte. Comment avais-je atterri ici ? Mon regard s’attarda sur les parois humides et les gouttes d’eau qui s’écoulaient d’elles. Alors, brusquement, comme assiégé par le son, mes oreilles se remirent à entendre, à écouter ce qui m’entourait. La cavalerie des bruits d’eau galopait dans la grotte, son implacable pas résonnant contre ses parois. Ruissellement, crachat des vagues, éclatement des gouttes contre la pierre. Sans savoir comment cet univers s’était créé autour de moi, je finis par me relever, plaignant mon dos d’une main salvatrice. Ma pauvre colonne ... Mon corps était souffrant, et ma mémoire défaillante. Je ne me souvenais toujours pas ce que je faisais ici. En face de moi, une étendue bleutée s’étendait au-delà d’une cavité formée par l’érosion. Derrière, la grotte offrait une allée de rochers qui montaient vers les ténèbres. Tout en m’avançant, vacillant de droite à gauche, le corps trempé et les oreilles encore assourdies par le son de l’eau, je commençai à trébucher, à me cogner contre tous les obstacles possibles. Une toux bruyante s’échappa alors de ma gorge, comme pour signaler ma présence aux murs. Je montai les rochers uns à uns, mon corps lourd trimballé par mes jambes meurtries. Au moins, j’étais en vie. La douleur à ma tête m’empêcha de réfléchir. Je continuai de m’avancer doucement. Mon regard croisa alors une pancarte en bois plantée dans le sol avec un dessin grotesque dessus. Sans y prêter attention, je continuai ma marche.

Après quelques minutes, j’arrivai sur une plateforme plate : de chaque côté de celle-ci semblaient s’être incrustées des cavités habitables et aménagées, et au milieu les immenses rochers semblaient sculptés tels des maisons. Des humains grouillaient partout, improbable rassemblement d’êtres vivants dans un environnement privé de lumière naturelle. L’un d’entre eux s’était tourné dans ma direction avant même que je n’arrive. Il fronça les sourcils et alors que je m’écroulai, je sentis ses bras couverts de poussière me maintenir au-dessus du sol. J’étais fatigué… Si fatigué.

Mon esprit sombra. A de diverses occasions, je sentis mon corps se faire trimbaler de droite à gauche. Lorsqu’on m’ausculta, ce qui réveilla ma conscience fut le contact froid de mains étrangères contre ma peau. A plusieurs reprises, j’eus l’impression que mon corps se brisait. Les ténèbres étaient parfois plus profondes, plus épaisses, et à certains moments je ne souhaitais plus lutter. Mais à chaque fois, j’étais inévitablement ramené à la dure réalité. Un « perdre » fut le seul mot qui m’arriva tandis que le sommeil me rattrapait. Le silence fit grésiller mes songes et à nouveau, je plongeai dans les ténèbres.

Le réveil fut plus dur que je ne l’aurais imaginé. En essayant de me lever, je sentis mon torse, mes côtes, me faire souffrir le martyr. Ma jambe droite ne bougeait pas non plus et ma tête tournait fortement. L’homme que j’avais vu avant de m’endormir me sourit alors que je revenais dans le monde des vivants. Sa peau était légèrement bronzée, et ses bras couverts d'une fine pellicule de poussière. En me comparant à lui, je notai qu'il devait atteindre le mètre quatre-vingt debout. Il souriait à pleine dents, l’une d’entre elle manquait, en bas à gauche. Sa voix porta dans toute la salle si forte que je ne compris pas s’il s’adressait à moi ou à quelqu’un d’autre, mais quand une femme en blouse blanche arriva, je compris.

Ma mâchoire voulut articuler une question, mais je n’arrivai pas à la bouger. Elle était immobilisée.

« - Tu as eu beaucoup de fractures, la plupart à cause des rochers contre lesquels tu t’es cogné lors de ton voyage en mer à première vue, me dit la jeune femme qui tenait sous son bras un dossier assez maigre. Ah, par contre, les côtes c’est Aslan. Cette brute a procédé à un massage cardiaque… Il t’a réanimé mais bon, ce n’était qu’au prix de deux fractures sévères. Tu vas mettre un moment à guérir totalement… »

Aslan était un homme aux cheveux châtains, le regard sérieux et amical mais le sourire carnassier. On aurait dit qu’il tenait plus de l’animal que de l’homme, et les oreilles qui surmontaient son corps couvert de tissus gris permettaient de converger vers l’hypothèse d’un homme animal. Alors qu’il se levait, je constatai pour la première fois ses crocs, deux longues canines qui faisaient ressortir son côté bestial. La femme, elle, n’était pas du même type, pas du même monde. Sa silhouette épousait la forme de sa blouse recouverte d’un tee-shirt ample permettait de concentrer les regards sur son visage. Elle avait malgré tout un air sévère, sérieux, qui semblait la placer au-dessus des personnes de ce monde. Sa main alla dégager une mèche de ses cheveux sombres comme l’ébène pour remettre la mèche rebelle derrière son oreille, en compagnie de ses complices. Elle les avait mi-longs, un peu en dessous de son cou fin. Je voulais sourire à mon tour à ces personnes qui m’avaient sûrement sauvé la vie, mais mes muscles faciaux refusèrent de bouger.

« - Tiens-toi calme, si tu essayes de faire trop d’efforts, tu risques d’aggraver ton cas, lança la voix masculine du jeune homme qui se leva, me faisant encore regretter ma petite taille. »

Il essaya d’être le plus gentil possible en m’obligeant à m’allonger. Mon corps ne répondait de toutes les manières quasiment pas à mes signaux nerveux, il était comme engourdi. Sûrement à cause d'un médicament nécessaire à mon bon rétablissement.

« - Tu vas devoir essayer de te tenir tranquille... Pour te sauver j’ai dû t’injecter un médicament spécial. Tu vas sûrement ressentir une vive douleur dans les heures à suivre, si c’est le cas ça veut dire que l’effet est bon. Aslan va rester pour t’immobiliser et éviter que la guérison mette tes os sans dessus-dessous. »

On aurait dit que je n’avais pas réellement le choix. Alors que l’anesthésiant commençait à perdre de sa puissance, une heure plus tard, les premiers picotements se firent sentir au niveau des os brisés. Ma mâchoire était retenue par une sorte de machine qu’Aslan avait pris soin d’installer pour m’immobiliser, et quand la douleur intense commença à s’emparer de mon corps, de violents spasmes me parcoururent, mais je ne pouvais alors pas hurler. Je voulus bouger mais le jeune homme m’immobilisa. Si j’avais pu parler, j’aurais sûrement demandé à ce que cette torture s’arrête. Je n’aimais pas souffrir. Et à mesure que la souffrance s’intensifiait, je finis par m’évanouir.


Erwin
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Erwin
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Ven 28 Nov - 16:48
Brutal Réveil« L'oubli n'efface pas les péchés. »



Aslan

Aslan était presque né sur cette île : son navire avait fait naufrage lorsqu’il n’était encore qu’un enfant, seuls sa mère et lui avaient réchappé de cette tragédie. Lorsqu’il était arrivé au milieu de ces parias du monde qui habitaient sur Height Rock, son caractère avait dû se forger aux coups des habitants locaux jusqu’à en faire un guerrier aguerri, capable de surmonter la plupart des épreuves que la vie lui réservait. Tout en me racontant son histoire, il me parlait de l’île, ou plutôt du bout de rocher perdu au milieu de Grand Line sur lequel nous étions tous atterris. Selon certaines spéculations, la colonne de pierre qui les abritait aurait la forme d’un champignon de pierre géant vue de l’extérieur. Seules les parois au sommet se relèveraient tels des remparts de pierre pour protéger les habitants des pires bourrasques et leur permettre d’être un minimum protégés. L’altitude était un défi pour certains, il leur fallait apprendre à adapter leur souffle là où l’oxygène se raréfiait. Aslan n’allait pas souvent en haut, il considérait que les personnes là-bas s’étaient trop habituées à la vie sur l’île et n'entraînaient pas assez leur corps. Elles cultivaient des plantes et élevaient des animaux. Les nécessaires ressources que ces personnes envoyaient permettaient aux guerriers de la grotte de continuer à attendre un bateau ou une épave suffisamment complète qui leur permettrait de quitter les lieux.

La mère d’Aslan était du même genre que son fils. Elle dirigeait le village avec une poigne de fer. Les bavures étaient exclues sous son commandement, mais personne ne s’en plaignait selon les propos d’Aslan. Elle était arrivée à son poste en utilisant la violence pour apporter la paix. Sa capacité à diriger, mêlant sagesse et force, avait tout de suite plu même aux misogynes les plus fervents, et se soumettre à une femme de sa trempe n’avait pas été des plus difficiles.

Les histoires de mon camarade occupaient mes journées. Mes os se reformaient rapidement et douloureusement dans la chambre remplie de l’odeur de formol. Je n’étais pas le seul patient, mais le plus abimé, ça c’était certain. La doctoresse passait le plus clair de son temps à refaire mes dosages quand elle n’était pas sortie rendre visite à quelqu’un d’autre. Lorsqu'elle n'était pas là, les enfants du village venaient généralement m’observer par la fenêtre de l’infirmerie. Je faisais mine de ne pas les remarquer pendant plusieurs minutes et quand je retournais la tête doucement, comme pour observer l’extérieur de pierre, ils se cachaient. Le jeu durait plusieurs dizaines de minutes avant qu’ils ne s’en lassent et partent en râlant.

Ma mâchoire ne fut pas le premier os à se reformer : mes côtes la surpassèrent de quelques jours, suivies de quelques fractures mineures à la hanche et de mon tibia qui se ressouda miraculeusement après une nuit d’intense douleur. J’avais l’impression que ma soigneuse procédait par choix, comme si elle savait à l’avance comment allaient fonctionner les injections. Au final, ma mâchoire fut enfin réparée mais j’avais besoin de béquilles pour marcher. Comme la ville n’en possédait pas, Aslan s’était proposé de m'aider pour visiter les lieux. J’avais préféré attendre : Autant ne pas me montrer faible devant un peuple guerrier. Faire une première bonne impression était essentiel.

« - Tu es quand même chanceux, m’avait dit l’homme-animal en me tapotant l’épaule. Vu ta carrure, je n’aurais pas cru que tu survivrais. »

Même si c’était vrai, ça m’énervait. Pour toute réponse il avait eu le droit à un regard condescendant et à mon dos pour seule compagnie. J’étais encore jeune, j’avais tout le temps devant moi pour me forger… Enfin, du moins, je l’espérais.

Quelques jours s’écoulèrent après mon rétablissement et je fus presque comme neuf. Quelques faiblesses par moment, une fatigue due aux médicaments mais tout allait bien. J’allais enfin pouvoir aller découvrir les habitants de ce village troglodyte, me balader parmi eux et peut-être me faire accepter. A ce qu’Aslan disait, aucune issue n’était possible par la mer. Cela m’était bien égal tant que j’avais un toit sous lequel dormir et de la nourriture dans mon assiette, même s’il fallait que je travaille pour cela.

Aslan avait pris sa journée pour me présenter aux principales têtes de l’assemblée. Il voulait que je m’accommode aux us et coutumes, mais surtout que je sache qui étaient les guerriers les plus puissants de l’île après sa mère. Il considérait qu’il y avait un classement, une sorte de « Top Five » comme il le disait si bien. Lui-même entrait dans cette catégorie, mais il n’était que quatrième. Sa condition d’homme-animal lui donnait un avantage, comme sa mère, alors il n’en tirait pas un grand mérite. Il savait qu’il pouvait devenir un bien meilleur guerrier qu’il ne l’était maintenant.

Le numéro deux tenait le bar du village. C’était un demi-géant de presque sept mètres qui se baladait avec une massue à piques. Il utilisait une combinaison presque imparable qui mêlait le corps à corps et la maîtrise de son arme. On ne lui trouvait pas d’adversaire digne de ce nom, mais c’était surtout le fait qu’il surpasse certains bâtiments en taille qui lui donnait un si grand prestige. Certaines personnes disaient qu’il avait fait partie d’une unité spéciale de la Marine bien des années auparavant mais qu’il avait quitté le Gouvernement Mondial face à toutes les atrocités dont celui-ci était capable. La personne qu’on considérait comme le numéro trois sur ce bout de rocher était le second du barman. Il avait pour réputation de se battre avec deux dagues dans un style rappelant celui des assassins du Cypher Pol. Je ne connaissais pas bien leur style, c’était donc une bonne occasion de me familiariser avec. Pourtant, Aslan me défendit de l’aborder, il y avait quelque chose de malsain chez cette personne.

Quant à la cinquième personne… Ce fut la première à me tomber dessus à ma sortie de la clinique. C’était une femme d’une trentaine d’années et à la chevelure rousse. Une mèche bien définie lui cachait une partie du visage, et elle la portait avec fierté. Après m’avoir observé un long moment elle s’était dirigée vers Aslan qu’elle avait embrassé. Le jeune homme rougissait. Elle s’appelait Shemy. Contrairement à Aslan, elle était arrivée sur l’île moins d’une dizaine d’années auparavant mais restait discrète quant à ses origines. Dans la ville du bas, elle était traitée comme une princesse et les guerriers se bousculaient pour tenter d’obtenir ses faveurs. Aslan attisait leur jalousie en exhibant leur couple décalé dans les soirées organisées.


Erwin
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Sam 29 Nov - 23:56
Brutal Réveil« L'oubli n'efface pas les péchés. »



Aslan - Shemy

Quelques jours avaient passé. La clinique ne pouvait pas m’accueillir plus longtemps, mais Aslan s’était proposé de m’héberger le temps que je trouve quelque chose d’autre. J’avais accepté avec entrain, avant de me rendre compte que nous partagerions à deux une seule maison : petite, sale, désordonnée. Le désordre ne me dérangeait pas, mais ce lieu étriqué semblait tout à fait disposé à me faire péter les plombs. Pour me consoler, Aslan me convainquit que la cohabitation allait être amusante, et il m’assura surtout qu’il ne rentrait pas un soir sur deux, préférant passer ses soirées fourré chez Shemy. Je comprenais cette envie qu’il avait de partager la vie de la jeune femme. En quelques jours, j’avais pu apprendre à la connaître et à l’apprécier.

A part Shemy et Aslan, j’avais aussi rencontré la mère du jeune homme-animal, une femme d’une quarantaine d’années. Elle avait tendance à se laisser emporter dans ses rêveries parfois. Si elle était à la fois la gérante des guerriers de l’île mais aussi la chef administrative du premier village, cela ne l’empêchait pas de profiter de la vie. Elle organisait constamment des soirées habillées – le lin et le coton qu’ils avaient réussis à planter en les modifiant au préalable servaient à créer les vêtements à la surface – où étaient conviés les guerriers et les travailleurs. Il n’y avait ici, dans la grotte, pas de classe sociale : les ressources étaient gérées par les chefs de village qui les distribuaient équitablement, et les criminels ne faisaient pas long feu. Comme le disait Shemy, ils ne pouvaient pas se permettre de nourrir des bouches qui risquaient de déclencher des révoltes. La conscience de la situation de l’île avait quelque chose de dramatique. Dans mon esprit, les liens avaient commencé à se tisser, concluant vers une inévitable guerre.

« - Ah, au fait, j’allais oublier, me lança Aslan, à moitié endormi dans son lit tandis que je logeais plus loin sur un petit matelas, sur le sol. Ma mère veut que tu participes au Conseil des Neufs, demain. Il faudra se lever tôt, je te réveillerai. »

J’acquiesçai sans vraiment vouloir poser de question. La nuit fut calme et douce. L’appartement était chaleureux, convivial, même si l'odeur de sueur régnait dans la pièce. Mon logeur était un grand sportif, et dans l'après-midi il avait été désireux de me faire une démonstration de son style en compagnie de sa bien-aimée. Contrairement à lui, j’avais eu la chance de prendre un bain dans une bassine chauffante, le genre de chose qui ne m’était pas arrivé depuis longtemps. A la surface il n'y avait pas ce système de caisse personnalisée : les réserves d'eaux étaient la plupart du temps réunies pour un bain public. Le système était malgré tout réservé quotidiennement à une élite.

Le lendemain matin, en arrivant près du lieu où nous avions rendez-vous, j’observai les deux femmes-guerrières qui regardaient dans notre direction. Le sol était froid, je pouvais le sentir à travers les chaussures de fortunes qu’on m’avait offertes. L’humidité de la grotte était favorable au développement de champignons, mais ce qui était le plus inquiétant c’était les maladies. Pourquoi les gens d’ici ne toussaient-ils pas constamment ? Peut-être qu’il y avait une astuce, un tour que je n’avais pas encore compris. Shemy nous accompagnerait, ayant quelques affaires personnelles à régler, et Aslan resterait là pour remplacer la chef du village dans ses fonctions.

Le voyage commença bientôt et nous quittâmes le premier village. Seuls quelques matinaux observèrent notre départ d’un œil indiscret ou neutre, accompagnant notre pas vers le soleil.

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Dim 30 Nov - 1:52
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Moïra - Shemy

« - Vous vous appelez Moïra, n’est-ce pas ? »

La voix d’un jeune berger résonna alors qu’il rameutait ses moutons. Leur tonte allait bientôt avoir lieu et Shemy avait promis d’enseigner une méthode efficace à la famille qui s’occupait de leur entretien. Les moutons avaient plusieurs utilités : la première était la laine qu’ils fournissaient et qui servait, après de multiples étapes, à créer des habits ou des isolants. Certaines maisons de la grotte en étaient équipées. L’intérêt d’avoir des appartements petits et bien isolés était de garder un maximum de chaleur dans un espace restreint, même si les odeurs, très secondaires sur cette île, s'imprégnaient. Moïra, la mère d’Aslan, répondit laconiquement au jeune berger sans tirer un sourire. Elle semblait détester ces voyages de convenance qui l’éloignaient de son village. On était partis depuis seulement deux heures et nous avions atteints la surface depuis une quinzaine de minutes que déjà l’humeur de la guerrière la plus puissante de l’île s’était dégradée. Pour ma part, j’essayais de m’adapter au changement d’air. Personne ne semblait avoir de difficulté à respirer, alors que j’étais presque essoufflé au bout de quelques minutes à peine. Shemy, distraite, m’avait donné quelques conseils que j’essayais de mettre en application.

« - Gamin, toi et moi on va prendre de l’avance. Shemy nous rattrapera. »

Le premier village près duquel nous avions mis les pieds était composé d’une cinquantaine d’éleveurs peut-être. La plupart d’entre eux semblaient vivre avec leurs bêtes comme on vit en solitaire. Leurs visages fermés affichaient une expression de paix intense que je leur enviais fortement. Seuls les plus jeunes avaient gardé dans leur façon de voir le monde une tonalité naïve. En quittant le village, j’aperçus deux enfants, des filles d’environ cinq ans qui cueillaient des fleurs entourées de chèvres. Leurs mains étaient couvertes de fumier, mais on aurait dit que leur seule préoccupation était de garder les pétales intacts, maculant les tiges en toute innocence.

Pendant plusieurs dizaines de minute, Moïra et moi marchâmes dans un silence presque religieux. Ni l’un, ni l’autre n’avions envie de nous exprimer. Il était parfois bon d’être solitaire à deux. Lorsque le vent se leva, il souleva des grains de sables que je n’avais pas encore aperçus. Ils devaient venir de cinq kilomètres à l’est. Le soleil était déjà levé lorsque nous étions arrivés à la surface, il nous toisait comme pour nous souhaiter son condescendant bienvenu. « Encore un élément qui met la chef en rogne. », tels étaient les termes employés par Shemy. Une détonation retentit alors à proximité et par réflexe je reculai d’un pas vif. La balle passa juste devant moi, et le regard de Moïra se tourna directement vers l’origine de la balle alors que le mien la chercha pendant de longues secondes. Sortant un couteau de dépeçage, elle dévia un second tir et, sans dire un mot, m’abandonna pour s’élancer dans la bataille.

C’était la première fois que je la voyais se battre. Elle semblait mêler dans ses mouvements plusieurs styles de combat : à un moment elle retournait la force de ses adversaires contre eux-mêmes et à d’autres elle déchainait sa propre colère. Je restai ébahi. Les rochers qui nous empêchaient de voir la mer à l’ouest ressemblaient alors à une immense estrade d’où les ovations du vent s’élevaient. Alors que je me croyais hors de danger, un bout de métal froid vint se coller à ma tempe, victorieux. Le canon d’un revolver. L’homme n’eut pas besoin de dire quoique ce soit, j’eus juste à suivre le mouvement tout en faisant attention à ne pas provoquer chez lui sa paranoïa. J’étais aussi froid et calme que si rien n’était en train de se produire, un étrange sentiment de déjà-vu me parcourait mais j’étais loin de savoir d’où il provenait. Quand j’essayai d’y penser, seul un sentiment de paix me répondit. Je ne me souvenais pas, mais je m’en fichais.

Moïra nous vit arriver et aborda une expression de méfiance sur le visage. Elle recula, hésita un instant et leva finalement les mains en l’air. A ce moment-là, l’homme, confiant, dirigea le revolver vers la chef pour tirer. J’avais enfin trouvé ma respiration. Levant le bras avec vivacité, je déviai le tir en l’air au dernier moment. Puis utilisant la surprise de l’homme à mon avantage, je lui écrasai le pied de toutes mes forces et lui assenai un coup dans les côtes. Il lâcha l’arme et recula assez longtemps pour que Moïra s’approche de lui et l’envoie au sol avec un puissant coup de poing.

« - Tu vas bien ? »

Elle avait ce regard inquiet qu’ont les mères lorsqu’elles s’adressent à leur enfant après une prise d’otage. Pas que ça me soit déjà arriver de le voir, mais si je devais l’imaginer, il ressemblerait à ce que j’avais en face de moi à ce moment-là. J’acquiesçai d’un signe de la tête et elle finit par me sourire.

« - Tu ne parles pas beaucoup, n’est-ce pas ? »

La seule réponse que je pus formuler fut un rire gêné suivi d’un « Merci de m’avoir sauvé la vie ». Shemy arriva à ce moment-là, courant à s’en couper le souffle. Elle avait coincé un bandit du désert qui lui avait avoué, après quelques minutes d’interrogatoire intensif, qu’une embuscade avait été payée par un homme « des villes ». Une nouvelle qui ne sembla pas étonner la chef dont le regard se concentra sur l’horizon. Elle soupira et se remit en route sans émettre de commentaire, laissant Shemy maugréer contre le vent.

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Dim 30 Nov - 13:14
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Moïra - Shemy

Moïra s’était montrée beaucoup plus bavarde après cet incident. Lorsque le temps de la mélancolie fut passé, elle évoqua ses hypothèses concernant le potentiel coupable de cette tentative de meurtre. Un homme nommé Greyard, un vieux bourru arrivé sur l’île quinze ans plus tôt, avait la mauvaise manie de commercer des services avec les bandits des sables. Il était devenu le dirigeant d’un des neufs villages qui siégeait au Conseil. Sa cote était plutôt basse, mais il avait la main mise sur la plupart des réserves d’eau potable. A plusieurs reprises, certaines personnes avaient tenté de le faire tomber mais ils avaient étrangement été attaqués par les parias de l’île, les criminels, les bandits des sables. Tous étaient liés à Greyard, c’était connu. Ils composaient son armée personnelle tout en vivant au milieu des terres arides, là où personne n’osait s’aventurer.

Par ailleurs, le désert n’était pas entièrement composé de sable. La terre y était stérile : le sable entourait une immense plateforme de terrain sec, incultivable, de telle sorte que les premiers hommes avaient consignés sur le peu de papier qu’il y avait en ces lieux que cette partie de l’île ne serait pas habitée. Le trajet ne valait pas le coup, Moïra y était allée une fois pour confirmer ces dires et n’y avait rien trouvé. Elle restait cependant suspicieuse quant au fait que cet endroit pouvait être le repère des bandits des sables : elle y avait trouvé de traces de pas aléatoires qui semblaient avoir été mal effacées. Comme il ne s’agissait pas d’une menace importante, elle avait laissé passer : de plus le conseil n’avait pris aucune décision les concernant. Certains anciens le disaient : mobiliser des forces pour plusieurs jours représentait un risque si un bateau abordait par le bas. Il fallait garder la majorité des guerriers prêts à prendre le contrôle de n’importe quel moyen de quitter cette île.

Quitter cette île… Moïra présentait cette optique avec un dégoût prononcé. Elle semblait se plaire ici, tout comme Aslan et Shemy. Eux n’évoquaient que rarement l’idée de partir, et quand ils le faisaient, leurs regards se perdaient dans une sorte de terreur. Ils avaient leurs secrets, de lourds secrets liés à leur passé. Je ne posais pas de question : mon propre passé était tourmenté, et je préférais repartir sur de bonnes bases. Longuement, j’inspirais l’air frais de la campagne sèche de l’île, observant au loin les courbes intrigantes de la capitale où nous nous rendions. Moïra n’eut pas besoin de décrire l’atmosphère qui y régnait : elle dégageait une aura dérangeante, et un frisson parcourut mon échine tandis que l’on entrait dans la ville où aurait lieu le conseil. Les maisons étaient principalement faites en briques : si le bois utilisable manquait en ces lieux, la pierre dominait. La laine de mouton et d’autres isolants naturels étaient utilisés pour conserver la chaleur dans les maisons : certaines possédaient même des cheminées qui brûlaient le peu de bois fin et inflammable de l’île.

Sur environ quatre-cent habitants dans la capitale, une petite cinquantaine semblait vivre dans la rue. La charité n’existait pas ici, et le dégoût qu’on pouvait lire dans les yeux des uns se reflétait en supplication dans les yeux des autres. Les sans-abris dominaient les rues de leur odeur pestilentielle tandis que les « aristos » comme les appelaient Moïra se pavanaient, arborant leurs signes de richesses désuets retirés de la mer, pour lesquels ils avaient vendu un fils ou une fille à présent guerrier. Des affres d’une ancienne civilisation à présent inexistante. Tout en crachant son venin, la chef des combattants se dirigea vers le bâtiment central, une forteresse en soit : c’était une tour immense en long et en large qui surplombait de loin toutes les maisons des environs. A côté de celle-ci, une écurie avait été aménagée. Trois chevaux y résidaient.

« - Il y a très peu de canassons, mais un élevage a commencé il y a peu de temps et quelques poulains sont nés. On espère pouvoir les utiliser bientôt à la surface pour se déplacer plus rapidement, expliquait Shemy tandis que son regard s’attarda sur l’animal blanc le plus proche. »

Ainsi, même ici il existait ce genre d’animaux. Je me demandais s’ils avaient toujours été là où si c’était les hommes et leurs naufrages qui les avaient amenés. En entrant dans la tour, des gardes nous demandèrent de déposer nos armes. Je regardai alors le pistolet que je tenais depuis la bagarre contre le bandit, sans m’en rendre compte. Je le déposai sur une table en pierre rouge. Chacune de mes camarades fit de même et nous fûmes accompagnés par les gardes jusqu’à la salle du Conseil.

Il y avait une table ronde, de la même matière que le reste des lieux. Deux hommes étaient déjà présents. L’un d’eux me fut présenté comme étant Greyard, dont le visage exprima un certain agacement face à notre présence. Peut-être espérait-il notre mort, ou s’y attendait-il. Les dirigeants arrivèrent a suite à cela au compte-goutte : un messager déboula à la place du dernier pour indiquer que son chef de village était malade et ne pourrait pas rejoindre les festivités. Il s’excusa et se retira sans demander son reste.

Chaque chef de village était accompagné de deux « gardes ». Il y avait donc huit dirigeants et seize gardes, la salle était cependant assez grande pour que nous n’ayons pas à nous inquiéter de la place. L’homme de la capitale se leva, vêtu d’une tunique ornée d’or. Il semblait prendre plaisir à s’exhiber de la sorte, mais quelques-uns des membres du Conseil montrèrent des signes d’irritation. J’observai Greyard qui échangea à quelques reprises des regards discrets avec un autre dirigeant et avec le garde d’une des deux femmes qui siégeait ici.

Le sujet de la réunion était l’échange des ressources et les nouveautés sur l’île. Trois enfants étaient nés et six personnes avaient péri dans le mois, sans compter les indésirables qui avaient juste rejoint la terre de Height Rock au lieu de la polluer par leur présence. L’élevage des chevaux se poursuivait bien, mais l’homme en charge indiqua qu’il aurait préféré que cette tache revienne aux éleveurs professionnels et pas à sa communauté déjà chargée de chercher des solutions pour la construction de moyens de sortie de l’île. Moïra n’intervint qu’une seule fois pour voter contre la proposition de Greyard d’envoyer une nouvelle équipe au centre de l’île pour tuer les bandits des sables. Avec une égalité, le vote fut reporté à une session ultérieure et la réunion se conclut rapidement. La chef se dispensa des formules d’usage, se dirigea en bas de la tour et sortit après avoir récupéré ses armes. Je laissai le pistolet là où il était, ne voyant pas réellement l’usage que je pourrais en faire.

« - Alors, dis-moi ce que tu en as pensé, Erwin, me demanda Moïra tandis que nous marchions déjà vers la sortie de la ville.
- C’était… intéressant, répondis-je en sachant très bien que ce n’était pas ce qu’elle voulait entendre. »

D’un geste discret de la main j’indiquai la présence de trois hommes qui semblaient nous suivre de près. Shemy bifurqua alors pour disparaître dans une ruelle. Quelques minutes plus tard elle revint, légèrement décoiffée. Les hommes ne nous suivaient plus. Nous sortîmes alors de la capitale et je répondis enfin à la question que se posait la chef.

« - Greyard a regardé le conseiller Oraison à plusieurs reprises, je pense qu’il y a quelque chose qui se trame… Et il a aussi échangé des regards complices avec le garde à la droite de la conseillère Hélène. »

Le visage de Moïra se crispa et elle s’arrêta alors. Elle semblait réfléchir à pleine vitesse, comme si je venais de lui livrer une information capitale. Un long soupir s’échappa de sa gorge. Tout en regardant Shemy, elle déclara sur un ton solennel :

« - On avait besoin d’un regard neuf sur la situation, et tu as de bonnes intuitions, c’est pour ça que je t’ai demandé de venir. On suspectait déjà le conseiller Oraison d’entretenir des rapports secrets avec Greyard, mais Hélène… Je crains vraiment pour sa vie, cela fait peu de temps qu’elle a accédé à son rang et elle pourrait très vite être évincée. Shemy, tu seras chargée de sa protection jusqu’à nouvel ordre, dis-lui que tu viens de ma part… Je vais de ce pas régler les affaires avec Greyard et Oraison, avec un peu de chance j’arriverai à en raisonner un des deux ou à découvrir ce qu’ils manigancent. Toi, Erwin, prend ça et rentre au village pour mettre Aslan au courant de la situation. »

Moïra me tendit un écusson tordu et je l’accueillis dans la paume de ma main, l’observant un long moment avant de partir en direction du village, souhaitant bonne chance aux deux guerrières.


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Aslan - Syrius

Quand j’arrivai chez Aslan, celui-ci dormait, étalé sur son lit, ronflant. Je dus le bousculer plusieurs fois pour qu’il se réveille, mais avec ma maigre force et sa masse musculaire, la lutte fut rude. Lorsque enfin il accepta d'ouvrir les yeux en fin d'après-midi, son regard se porta sur le plafond et il passa une main dans ses cheveux ébouriffés. Tout en baillant, il s’étira longuement et finit par me sortir un reproche suivi d’un « Où est Shemy ? ». Je voulais tout lui dire mais il allait falloir qu’il soit plus éveillé que maintenant, et s’il y avait bien quelque chose qui réveillait Aslan, c’était l'effort physique.

« - On va courir un peu ? Lui demandai-je. »

Il l’accepta de bon gré et me suivit, ne prenant même pas la peine de se changer. Il écouta alors mon résumé tandis que nous courrions. A la fin, il commenta juste mon souffle et me remercia pour les informations. Il n’y avait plus qu’à attendre : si sa mère m’avait fait revenir ce n’était que pour le seconder et l’empêcher de partir. Il allait falloir convoquer une assemblée du village.

Syrius, le demi-géant, et son acolyte, Van, s’étaient tous les deux déplacés dans la précipitation. Aslan me demanda de leur dire ce qu’il s’était passé, et de ne rien leur cacher. Je présentai l’écusson et commençai mon récit. Ce village était composé d’un mini-conseil en somme, composé des cinq combattants les plus puissants. Une simili-démocratie, même si la chef avait toujours le dernier mot. La seule raison pour laquelle je me trouvais ici était ma condition de témoin. Syrius ronchonna un long moment tout en réfléchissant. Depuis qu’il était arrivé, les maisons avaient dû être aménagées pour pouvoir l’accueillir. A présent, seules quelques exceptions comme les petits trous pareils à celui d’Aslan ne pouvaient pas prétendre être assez grands pour qu’il y entre. Tout en grommelant, il fit comprendre que la situation lui déplaisait. Il aurait aimé pouvoir détruire tous ces autres villages pour leur apprendre à ne pas manigancer dans leur dos. Van, lui, restait impassible. Il me donnait la chair de poule, le genre de sentiment que je n’avais pas eu depuis longtemps. Un nœud dans l’estomac.

« - Je suis d’accord avec toi, lança Aslan en ronchonnant. Mais on ne peut pas se permettre de les provoquer, chaque village a sa particularité et si on nous coupe les vivres, on est mal. »

Syrius acquiesça tout en se grattant la tête, et passa une main tout le long de son visage pour la faire se terminer sur son menton, là où résidaient les seuls poils qu’il avait sur le crâne. Il finit par regarder Van pour que celui-ci donne son avis mais celui-ci haussa les épaules. Il n’avait pas d’avis définitif apparemment. Les numéros deux et trois du village me fixèrent alors, comme pour me dire de dégager, mais le jeune homme aux cheveux châtains me fit signe du contraire et m'invita à m'asseoir à place habituelle de Shemy. Il était quant à lui assis là où sa mère s'asseyait en temps normal. Je n'étais encore qu'un gamin par rapport à eux, tout juste un adolescent.

« - On va renforcer les gardes autour du chemin, proposa subitement Van dont la voix grave contrastait avec son apparence fine. Et Moïra a beau être forte, elle risque de se trouver en danger avec Oraison et Greyard. Je ferais mieux d’aller voir comment ça se passe là-bas… »

Syrius acquiesça, et Aslan assura que ça le rassurerait de le savoir aux côtés de sa mère. Sans tarder, Van se leva et partit en direction de la capitale. Avec sa capacité de déplacement rapide, il y serait en peu de temps avait dit le demi-géant. Celui-ci fixa alors la direction de la mer pendant de longues minutes.


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Dim 30 Nov - 22:32
Brutal Réveil« L'oubli n'efface pas les péchés. »



Van - Syrius

Ce n’est que deux jours plus tard que les nouvelles arrivèrent. Shemy et Van revinrent, victorieux. Moïra avait dû rester à la surface pour gérer le jugement de Greyard et peut-être asséner la sentence. Oraison et lui faisaient du trafic avec les bandits des sables, mais malgré l’interrogatoire musclé que leur avait fait subir la belle d’Aslan, ils n’avaient pas parlé. Oraison s’était suicidé en s’avalant la langue et Greyard avait perdu un œil dans l’opération, mais il n’avait rien avoué. Il n’y avait personne sur cette île capable de lui extirper ses sales petits secrets, et à présent deux places étaient libres au Conseil. Le garde du corps, le traître, de Hélène avait fui pendant que Shemy apprenait la nouvelle de l’arrestation des deux magouilleurs.

L’après-midi qui suivit, les deux tourtereaux allèrent rattraper le temps perdu dans la maison de la guerrière. Van se proposa de me tenir compagnie pendant quelques heures, et j’acceptai avec le sourire. Quand il ne portait pas sa capuche, Van était un gars assez banal. Il venait tout juste d’entamer la trentaine et sa barbe soigneusement taillée lui donnait des allures d'homme d'affaire. J’écoutai son histoire qu’il me raconta avec une certaine fierté : il n’avait pas l’occasion d’avoir d’oreille attentive, les gens ici pensaient plus à faire la fête et à se battre qu’à communiquer.

Il était né sur East Blue et avait été enrôlé dans la Marine à ses douze ans. En tant que mousse, il avait eu l’occasion de beaucoup voyager et un beau jour le Cypher Pol l’avait repéré pour ses talents de discrétion. Il avait alors été recommandé pour intégrer le CP9, la branche d’assassinat du gouvernement, qu’il décrivit comme « des rustres sans manières à la menace facile. ». En somme, leurs actions préventives étaient censées épargner les civils et tuer les criminels. Il fut aspirant pendant un an, mais il n’arriva à maîtriser que deux techniques de l’art secret des assassins.

Lors d’une de ses missions, il rencontra le demi-géant Syrius. Celui-ci était à la tête d’un équipage spécial des forces de la marine, une unité appelée « La Demi-Mesure ». Les personnes qui composaient cet équipage faisaient des tailles ahurissantes, et il sentait que la coopération allait être très difficile. Syrius lui sauva la vie lors de cette mission et lui demande d’être son second dans leur équipage : les deux instances du Gouvernement Mondial pourraient mieux coopérer sur certaines affaires comme ceci.

Van accepta et même s’il ne passait pas beaucoup de temps avec son capitaine, leurs aventures furent épiques. L’assassin fut promu Agent du CP9 quelques mois plus tard. C’est à peu près à ce moment-là qu’un incident se produisit à Bulgemore : un homme avait volé les plans de la tour météorologique et naviguait sur la Voie Cinq. L’équipage de son capitaine avait été déployé là-bas et il les rejoignit pour les aider dans leur mission. Après plusieurs jours de course-poursuite, ils réussirent à rattraper le bateau aux cotes de High West. Sur le chemin du retour, après s’être éloigné du cap initial, leur bateau fut pris dans une tempête inconcevable et les flots engloutirent leur navire. Les demi-géants moururent presque tous sur le coup : Seul Syrius en réchappa. Celui-ci avait protégé Van des flots avec ses mains. Il s’est même blessé contre plusieurs rochers au point de perdre l’usage d’un de ses bras temporairement… Et de ne jamais pouvoir en retrouver complètement l’usage. Actuellement, il était à environ soixante-dix pourcents de sa puissance d’antan. Tous les exercices qu’il faisait avec la doctoresse ne suffisaient pas à combler les irréparables dommages.

« - Merci de m’avoir écouté, me dit Van à la fin de son discours, soupirant longtemps après ça. Syrius serait vert s’il savait que je t’ai raconté tout ça… »

Il semblait rêveur. Quelques instants lui suffirent à revenir à la réalité et il remit sa capuche, redevenant l’homme mystérieux et inapprochable dont il se donnait l’aspect. Je lui touchai l’épaule pour le retenir et décidai de lui poser une seule et unique question :

« - Comment un membre du Gouvernement arrive-t-il à cohabiter avec des hors-la-lois ? »

Il me sourit alors et m’aida à me relever. Son regard passa sur les rochers humides sur lesquels on était assis. Il observait attentivement et avec un sérieux étonnant. Alors il daigna répondre.

« - Pour notre survie, c’est nécessaire. Et la Justice de cette île est convaincante, on va dire. Mais dis-moi, je t’ai parlé de moi, mais je ne sais toujours comment toi, tu es arrivé sur l’île. Peux-tu me le raconter ? »

Je fronçai les sourcils, essayant de me rappeler… Mais rien ne vint. Tout était si flou quand je pensais à mon arrivée sur l’île. Les vagues, mon corps fracassé en des dizaines de morceaux, mes maigres habits me protégeant à peine du froid… Ma tête me fit tout à coup mal et je mis le genou à terre, mes deux mains de chaque côté de mon crâne. Un hurlement rauque sortit de ma gorge et fendit l’air de la grotte. Le pas lourd de Syrius fit trembler les cailloux à proximité alors qu’il parcourait la distance qui nous séparait en quelques pas. Shemy et Aslan étaient sûrement trop loin et trop occupés pour voir ce qui m’arrivait.

Quelques minutes plus tard, la doctoresse arriva. Elle m’obligea à m’allonger et finit par me donner un sédatif. Je m’endormis à nouveau. Retour à la case départ.


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Lun 1 Déc - 0:31
Brutal Réveil« L'oubli n'efface pas les péchés. »



Aslan

Le lit de la clinique me sembla familier. Lorsque j’ouvris les yeux, l’humidité régnait dans la pièce. En penchant ma tête sur le côté, je pus voir la tête châtain qui était allongée sur le drap blanc. Dans un fauteuil, derrière, était installée Shemy. Elle sommeillait, la tête retenue maladroitement par sa main, un coude posé sur l’accoudoir. Son regard vaquait de droite à gauche, je souris un instant avant de mettre une main sur ma tête.

« - Est-ce que ça va mieux ? »

La voix de Van réveilla Aslan et Shemy qui ouvrirent grand les yeux. L’assassin du Cypher Pol venait de sortir d’un coin sombre. Combien de temps avais-je dormi ? Comme pour me répondre, Shemy prit la parole :

« - Tu as été évanoui trois jours, la doctoresse ne sait pas quelles sont les causes de ton évanouissement… Tu te souviens de quelque chose ? »

Je secouai la tête négativement. Aslan venait d’essuyer sa bave d’un mouvement du poignet et me regarda. Sans ajouter un mot, il m'aida à me lever pour m’emmener à l’extérieur. Le médecin étant absent, il n’eut pas à justifier ma sortie. Van alla pour s’interposer mais Shemy se mit en travers de sa route, lui lançant un regard amical. Il se résorba et quitta mon champ de vision. Je ne posai pas de question. Aslan marcha un long moment vers le fond de la grotte, à l’endroit où j’avais échoué. Je me rendis compte sur le chemin que je n’avais pas de chaussure pour me protéger.

« - Tu te souviens de quelque chose, n’est-ce pas ? »

Je détournai le regard. Quelques souvenirs m’étaient revenus, effectivement. Des sensations, pour être plus exact. Et des images. Juste avant le naufrage, je me souvenais de la sensation d’une seringue plantée violemment dans mon corps. Et celle de mon corps passant d’un endroit à un autre… Je me souvenais de cet enivrant sentiment de pouvoir.

« - J’ai le pouvoir de nous faire tous quitter cette île, avouai-je sans détour, ne sachant pas comment l’annoncer. »

Le visage de mon ami se figea. Il eut un mouvement compréhensif de recul puis inspira profondément.

« - Il ne faut pas que ça se sache…
- Je vais quitter l’île, lui dis-je en regardant l’eau. Dis aux autres que je me suis jeté à la mer dans une crise de folie. Je reviendrai dans dix jours chez toi pour te rapporter un moyen de m’appeler au cas où. »

Il acquiesça d’un signe de la tête. Il me promit de ne le dire à personne, sauf à Shemy. Il l'aimait trop pour avoir des secrets pour elle. Et je ne voulais rien lui cacher non plus. Je lui souris, inspirai l'odeur de la mer et les relents de formol qui m'accompagnait. Puis je partis.


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