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Un jouuuur, mon sauveur viendra….. [PV Kyoshiro]
Rainbow Dieulegrand
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Jeu 5 Mar - 11:44
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Un jouuuur, mon sauveur viendra…..





Ce que le monde nous prend … Ca n’est pas juste… Pas juste. En regardant mon reflet dans une vitrine, je vois bien ma mine blanche, blafarde. Ca n’est pas la grande forme en ce moment, et on peine à nourrir tout le monde à l’orphelinat. Mes infos sont nombreuses, mais le nombre de personnes en ayant besoin reste réduit parce que qui viendrait se paumer pour chercher un primé sur cette ile si simple ? Ici, c’est plutôt le royaume du marchandage… Le port est la seule réelle activité, et on adore la taverne locale, puis il y a aussi mon petit jardin secret. Celui caché derrière mon mur de lierre. Je décide d’un coup de m’y rendre, et laisse mon corps si fin se glisser entre ces lianes folles et retrouve le petit endroit bucolique. Le parfum des roses est toujours là, et je respire de grandes bouffées d’air, y cherchant un peu de bonheur et de réconfort. Voilà qui me fait indéniablement du bien… Ceci fait je ressors de mon cocon, et traque les bonnes affaires à faire dans le port. Enfin j’essaye, jusqu’à ce qu’une bande d’ingrats m’interpelle, mine de rien, pour venir m’embêter.

« Eh, la p’tite souris, ca va pas fort en ce moment ?... Hahaha !!! Regardez moi ca, elle a l’air fatigué de courir derrière les on-dit… »

Je lui lance un regard méprisant avant d’essayer de reprendre mon chemin, une brise légère faisant voleter mes cheveux, mais un des cinq gigolos m’attrape le bras, un peu trop fermement, m’obligeant à faire volte-face.

« Bah alors, tu réponds pas ? »

Laissant un mauvais air envahir son visage et un sourire malsain se dessiner sur son visage, le voilà à me tirer dans la ruelle sombre dont ils sortaient à moitié.

« Tu sais, nous on aurait un travail à t’offrir ! Et bien payé ! Faudrait juste pour ca que tu sois bien mignonne et que tu te laisses dompter… »

Eh beh, la journée commence bien. Ces types ont une poigne de fer, je n’ai quasiment plus de force dans les bras car mon dernier repas était une petite pomme, et les lascars ont l’air de vouloir me faire beaucoup plus de mal que je n’aurai pu le prévoir. Bon sang, ces gros tas n’ont que ca à penser dès le matin ? Bande de porcs dégueulasses, va… Je me débats comme je peux, mais contre cinq types… Je le sens vraiment pas super bien. Je tente de me mettre à hurler, mais c’est à croire qu’ils ont tout bien prévu car aussitôt un des « assistants » me baillonne et je me retrouve quasiment sans aucun moyen de protester… C’est tellement lâche et déloyal ! Quels fumiers ! Je me débats de plus en plus, refusant de me laisser faire quoiqu’il arrive. BIM ! En voilà un qui se prend un grand coup entre les jambes et recule, ca en fait un de moins ! Malheureusement, je ne peux pas crier victoire, en voilà que deux s’y prennent ensemble et m’attrapent les jambes pour les ligoter, et voilà qu’ils me mettent à l’horizontal pour m’emporter tel un butin. Mais… Mais bon sang, c’est quoi c’t’embrouille sérieux ? Pitié, que quelqu’un ait remarqué ca, sinon je vais finir dans de sales draps…

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Tadake Kyoshiro
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Jeu 5 Mar - 13:16





Un jouuuur, mon sauveur viendra…..











La vie était injuste, aussi naïf que soit le jeune homme il aurait bien fini par le comprendre durant ces derniers mois, ces mois passés à sillonner les mers à la recherche d’un nouveau lendemain, à la recherche de la promesse d’un objectif nouveau qui le pousserait à mettre un pied devant l’autre. Il avait vu des pauvres et des riches au sein de la même communauté, il avait vu des biens portants ignorés des malades, il avait vu des honnêtes gens ignorés des félons…et pour quel résultat ? Il avait beau aider les plus miséreux, il savait bien qu’il n’était qu’un seul petit homme dans un vaste monde et qu’il lui faudrait énormément de temps et d’énergie pour ramener la lumière dans ce même vaste monde.
Son ange gardien lui avait épargné la vision de corps démembrés et de villages ravagés par la maladie, il lui avait évité ce qu’il n’était pas encore prêt à accepter ou affronter, gardant ainsi intacte sa détermination à faire changer les choses et à devenir le petit rayon de lumière qui éclairerai suffisamment l’existence des plus miséreux pour leur faire goûter à quelque chose qu’ils avaient oublié depuis bien longtemps : l’espoir.
Arrogant ? Oh non il ne se voyait pas comme celui qui se mettrait sous les feux des projecteurs – il était bien trop timide pour cela – mais il avait été éduqué dans une communauté où chaque personne avait un rôle à jouer et, après avoir pris la mer, il estimait que le sien était de tendre la main à ceux qui étaient moins chanceux que lui. Que ce soit par des petits gestes ou de grands changements, il savait qu’il était possible de changer la vie d’une personne en faisant ce qu’il fallait et c’était ce à quoi il s’employait depuis qu’il avait quitté le dojo. Certains verraient sans doute cela comme une perte de temps, ses camarades lui diraient sans doute qu’il ferait mieux de continuer à s’entrainer au sabre plutôt que de voler au secours de la veuve et de l’orphelin, mais il était aussi têtu que candide…pour tout vous dire.

Fièrement dressé sur le pont de sa petite embarcation, le jeune homme posa donc finalement les pieds sur une île qui ressemblait en tous points aux autres îles visités durant les semaines précédentes. Une petite île, une petite communauté active mais qui semblait tout de même ne pas quitter des yeux chaque nouvel arrivant comme le jeune bretteur ici présent. Méfiants ? Plutôt curieux, sans doute, mais il ne leur en voudrait jamais pour cela pour autant.
Si d’ordinaire le jeune homme fonçait directement vers la taverne la plus proche pour prendre la température et voir s’il y avait des problèmes qu’il pourrait résoudre, le trajet commençait à avoir raison de lui et l’idée d’un lit douillet après un bon repas chaud ne lui était pas si déplaisante que cela. Vêtu simplement d’un pantalon noir et d’un t-shirt gris, le garçon arpenta les rues et ruelles de cette ville, animé par sa seule curiosité qui faisait naviguer son regard de braise dans tous les sens. Malheureusement, à force de ne pas regarder où il allait, il finit par arriver dans un labyrinthe de petites ruelles, perdu.

Tout penaud qu’il était, il fut attiré par des voix dans une ruelle proche de la sienne et il regagna subitement espoir : ces gens allaient pouvoir lui indiquer son chemin ! Ni une ni deux, tenant ses deux sabres de sa main gauche pour ne pas qu’ils se décrochent de sa ceinture – même si ça n’arrivait jamais -, le bretteur tourna et fut face à un groupe d’hommes qui semblaient affairés à…autre chose. Haussant les épaules en se disant que ce n’était pas important, le garçon s’enquit de son plus jovial et rayonnant sourire avant de s’approcher et de déclarer :

« Excusez-moi de vous déranger mais je dois vous avouer m’être perdu dans toutes ces ruelles de votre charmante île. Je recherche l’auberge la plus proche, pour y passer la nuit, sauriez-vous m’indiquer le chemin ? Ce serait très gentil de votre part. »

Comme un seul homme, tout le groupe tourna la tête vers le nouvel arrivant et leur mine patibulaire donnait bien le tout : ce gamin-là ne tombait pas au bon moment…ou bien il n’était tout simplement pas le bienvenu. L’un d’entre eux coupa sèchement toute tentative de discussion en intimant au jeune homme d’aller voir ailleurs. Ce dernier, confus, se frotta l’arrière de la tête en signe de gêne avant de reprendre :

«Vous m’en voyez désolé si je vous ai importuné, ce n’était nullement mon intention. »

Il était sur le point de faire demi-tour, en se résignant à retourner à sa recherche de la bonne direction à prendre, lorsqu’il remarqua une forme plus petite au milieu de cet amas de testostérone. Plissant les yeux pour mieux y voir, il reconnut cette forme comme étant celle d’une demoiselle et il n’aurait pas trouvé cela plus étrange que ça si cette demoiselle n’avait pas un bâillon au travers de la bouche et des cordes lui ligotant les jambes. Était-ce un bizutage ou un jeu dont il ne connaissait pas les règles ?
Curieux et intrigué, il pointa du doigt alors la demoiselle avant de demander :

« Euh…pourriez-vous m’expliquer ce que vous faites avec cette jeune fille ? Je doute qu’elle vous ait donné son accord pour cela, je me trompe ? »

La réponse de ces hommes fut aussi cinglante et subtile que la précédente, ordonnant à Kyoshiro d’aller voir ailleurs car cela ne le concernait tout simplement pas. Ce n’était pas faux en soit, mais la curiosité du jeune homme allait toujours au-delà des barrières de la morale ou de la bienséance : il était curieux de savoir ce qu’il se passait, quand même bien ce n’était pas son affaire.
Une expression de gêne toujours présente sur son jeune visage, le garçon rajouta néanmoins :

« Je suis navré, mais je vais devoir insister. J’aimerai comprendre ce qu’il se passe ici, vraiment. »

Il le savait bien à force de le faire, il savait bien que quand il sortait cette phrase cela finissait toujours mal. Mais il se sentait obligé d’insister car son instinct lui disait que ce n’était pas tout à fait normal ce qu’il se passait ici…son instinct lui disait que la demoiselle n’était pas forcément très contente de sa situation et c’était le moment de tendre une main comme il savait si bien le faire. Il tendait la main à ces hommes pour régler tranquillement cette situation, et tendait cette main à la demoiselle pour la sortir de là.









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Un jouuuur, mon sauveur viendra…..





Je n’aime pas me faire enlever. Encore moins par de gros lourdauds. Encore moins dès le matin avant même d’avoir eu un petit déj’. Autant dire que dès que j’aurai une ouverture, je leur en ferai voir de toutes les couleurs, et qu’ils auront à gouter à mes poings ! C’est à ce moment là qu’une voix s’élève, plus loin dans la ruelle. Une voix de jeune homme… C’est pas vrai, quelqu’un a donc entendu ma prière ? Serait-ce enfin mon jour de chance, la fortune, la liberté, les patates les… oui, bon, d’accord je me calme. Je tente tant bien que mal de me dandiner au milieu des gros bras pour pouvoir entrevoir mon sauveur émérite du jour, et je finis par discerner un frêle jeune homme. Pas mal, pas mal ! J’implorerai plus souvent de l’aide ! Je retiens. S’ensuit un dialogue absolument courtois. Oui, courtois. COURTOIS BON SANG ! Mais ne voit-il pas que ces types sont totalement cramés et qu’ils essaient de m’enlever, que ce ne sont que des malfrats qui veulent me trucider ? J’ai peur pour mes neurones et mes fesses ! Je me mets à dandiner de plus belle, et commence à être rassurée quand le garçon à la mèche (oui, figurez-vous qu’il a une mèche) insiste lourdement et que surtout cette bande de gigolos finit par se ressaisir, et à le regarder avec plus de défaitisme que de méchanceté dans le regard. Ils se regardèrent tous alors entre eux, semblèrent tomber d’accord d’un regard. A ce moment là, celui à qui j’avais donné un sévère coup tout à l’heure se tourna vers lui et dit tout penaud.

« D’accord, on va te dire ce qu’il se passe ici… Mais tu ne dois en parler à personne ! Il en va d’la réputation de not’ boss ! C’est sacré, tu comprends, l’petiot ? Mais nous tue pas… »

Sans attendre longtemps une réponse, il continue en commençant par intimer à ses homme de me remettre à la verticale et de me débâillonner. Bizarrement, je ne bouge pas ni ne parle parce que trop intéressée par la tournure des choses et trop intriguée par ce changement soudain de situation. Et surtout, je comprends la référence à la peur de mourir des schnocks en découvrant l’arme du jeune homme à la mèche. Youhou ! Un vrai sauveur ! Je lui offre un sourire teinté de curiosité. Celui là, je ne l’avais jamais vu dans le coin… Je me demande bien qui c’est, et ce qu’il fait là ! Mais trèves d’interrogations internes, voilà que je suis sur le point d’apprendre d’où sort toute cette mascarade.

« Not’ boss y’veut la recette des… De quelque chose, tu vois. Seulement, c’est une recette particulière qui vient de son île à elle et y’a que elle qui pourrait l’faire. Alors not’ boss ‘y veut qu’on la ramène pour qu’elle cuisine... Parce que c’est l’anniversaire d’la femme de sa vie. Vous voyez l’tableau ? On a b’soin d’elle, mais… Y’ veut pas cuisiner, vous voyez… Ca entacherait sa réputation de big boss… Pis on a promis à la p’tite qu’on la payerait ! Hein qu’on t’a dit ca ? »

Ils se tournent alors tous vers moi en cœur, le regard plein de petites étoiles. ARE. YOU. KIDDING ME ? Tout ca pour ca ?! Ces gamins là, oui parce que j’appelle ca de la gaminerie, n’ont vraiment que ca en tête… Ca reste des malfrats, mais je ne pourrai pas me passer de sous en plus, ca c’est sûr, au vu de la situation à l’orphelinat, je n’ai pas le choix. Ca nous permettrait de payer de la viande… Je hoche la tête, seulement à moitié rassurée. Ils se retournent alors à nouveau vers lui, tels de fidèles Golden Retriever.

« Tu vois ? On va pas lui faire de mal à la p’tite ! »

Ils hochent tous la tête de concerts, mais bon sang c’est quoi ces mafieux… Est-ce que c’est vraiment des mafieux ?! Bon, ben… oui, c’est bien beau tout ca mais… Je regarde soudainement intensément le jeune homme et une idée nait dans ma tête. Je lance un grand sourire innocent comme la p’tite souris que je suis, et pointe soudainement le doigt vers le prince sans cheval blanc du jour. Bien entendu, les mercenaires regardent mon doigt… Mais quels imbéciles, quand je pense que ja me faisais kidnapper par ca…

« J’accepte de venir jusque chez vous uniquement si vous me payez très grassement… Et si cet homme vient avec ! »

Ils ouvrent grand les yeux et je vois leur refus arriver, alors je conclue rapidement, pour éviter que mon garde du corps improvisé se fasse la malle.

« Eh bien oui, que croyez vous ? Un chef cuisiner a besoin d’un sous-chef ! »

Comme des abrutis ils hochent la tête des yeux pleins d’étoile. Tous els regards se tournent alors vers le jeune concerné, les stupidos guys semblant l’implorer des yeux, mais… Pas autant que moi. Je sors mon regard de chien battu. Si ca ne marche pas, je redouble !

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Jeu 5 Mar - 20:11





Un jouuuur, mon sauveur viendra…..











Ce n’était pas la toute première fois que le jeune homme faisait face à ce qu’il supposait être des individus peu scrupuleux, il y en avait partout là où il mettait les pieds et ils étaient généralement la cause des troubles qu’il s’efforçait de régler. Cependant, malgré toutes les altercations avec des individus de cette espèce, le jeune homme n’avait jamais réussi à ressentir autre chose que de la peine et de la pitié pour eux. Pourquoi ? Parce qu’il était persuadé que personne ne naissait foncièrement mauvais et que le monde finissait par les corrompre d’une façon ou d’une autre. Comment pourrait-il leur en vouloir alors qu’il était persuadé qu’ils étaient devenus comme cela par la force des choses, pour survivre ? Le vol et la violence étaient des actes répréhensibles, bien entendu, mais n’était-ce pas différent de voler pour manger que de voler pour s’enrichir ? La nuance était bien présente, il fallait simplement vouloir la voir.

Désireux de ne pas faire comme le commun des mortels en privant ces hommes de la moindre chance de s’expliquer, le garçon leur tendit la main sans une d’agressivité dans sa voix et pourtant, à sa grande surprise, ces hommes ressentir de la peur à son égard. De la peur ? La peur était l’arme des brutes et des criminels alors que lui était à l’opposé de tout cela, pourquoi effrayerait-il quelqu’un, surtout sans le vouloir ? Croisant le regard d’un des individus, il se rendit compte que ce n’était pas de lui qu’ils avaient peur mais des deux armes qui pendaient à sa ceinture.
Surpris, les yeux ronds comme des culs de bouteilles, le garçon répondit directement :

« Vous tuer ? En voilà une drôle d’idée. »

Dès le début il avait su qu’il devrait parfois faire un usage dissuasif de ses armes pour faire peur à autrui et tuer tout conflit dans l’œuf, testant le courage des criminels avant de devoir en venir aux mains. Si cela s’était révélé probant plus d’une fois, aujourd’hui il eut la surprise de provoquer cet effet sans même le désirer, il fut plus que surpris de voir à quel point l’être humain pouvait aisément être en proie à la peur et la crainte quand il était mis en face d’un éventuel danger pour sa vie.
Faisant un signe de la main pour signifier qu’il ne représentait aucun danger pour ces individus, le jeune homme écouta calmement leur histoire qui s’avérait être une simple histoire de cuisine…de cuisine ? Kyoshiro comprenait aisément que la recherche d’une recette spécialement bonne pouvait être importante, mais cela pouvait-il vraiment justifier l’emploi de la force comme ils étaient en train de le faire. Posant sa main droite ferme dans la paume de sa main gauche posée à plat, pour montrer qu’il comprenait enfin de quoi il s’agissait, le garçon répondit alors :

[color=#009900]
« Oh, je crois comprendre. Dans ce cas, si vous lui avez proposé un emploi, pourquoi la ligoter et la bâillonner de la sorte ? C’est une offre raisonnable, il est inutile de vous montrer brusques comme cela, ne croyez-vous pas ? Je suis sûr que vous pouvez vous entendre, entre gens raisonnables.»
Des gens raisonnables…quoi ? C’est maintenant que vous tiltez qu’il est candide ? Réveillez-vous !
Voyant que la situation commençait à se régler et que la blondinette ne risquait désormais plus rien, le garçon avoua :

[b][center]« Me voilà rassuré, dans ce cas. Je m’excuse de vous avoir interrompus, je ne pensais pas qu’il s’agissait d’une affaire de ce genre-là. »

Il était sur le point de s’en aller lorsque la demoiselle le pointa du doigt en déclarant qu’elle désirait qu’il vienne avec lui, sans quoi leur marché ne tenait plus debout. Surpris et désemparé d’être ainsi mis sur le devant de la scène, tous les regards tournés vers lui, le garçon se pointa lui-même du doigt tout en demandant confirmation d’un :

« Moi ? »

Il ne connaissait rien en cuisine et savait simplement manier les couteaux, de par de formation de sabreur, alors quelle utilité pourrait-il avoir pour la demoiselle ? C’était un mystère. Malheureusement il s’était immiscé dans cette histoire à cause de sa curiosité maladive et ne pouvait décemment plus la quitter avant qu’elle n’arrive à son terme. Retenant en soupir, le garçon posa une main nonchalamment sur le manche de l’un de ses sabres tout en déclarant :

« Euh….mais…je…je suppose que c’est le moins que je puisse faire après vous avoir dérangés de la sorte. »

Il ne savait pas où tout cela allait le mener, mais il s’était engagé à sortir cette demoiselle du pétrin et il tiendrait son engagement jusqu’au bout.









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Un jouuuur, mon sauveur viendra…..





Je ne sais si c’est mon regard de chien battu ou juste qu’il ne savait pas quoi faire, mais il a accepté. Et le voilà maintenant dans le même bateau que moi ! Somptueux. Je ne sais pas où nous allons, mais nous y allons, la cuisine nous attend à présent et la récompense aussi ! Je pense déjà au meilleur moyen de remercier mon garde du corps, et l’idée que j’ai en tête me paraît une bonne idée. Uhuhu, en voilà un qui sera récompensé en bonne et due forme à la fin de l’histoire ! Si on en ressort vivants, ceci dit, mais bon, pour l’instant on a l’air plutôt bien partis pour en ressortir sains et saufs. Bonne chose ! Le groupe de rigolos tente donc de nous mener aisément dans les ruelles sombres et mal éclairées jusqu’à une porte un peu plus petite que les autres, dont la peinture rouge est écaillée. Voilà qui est engageant… Celui qui semble être le leader de la bande insiste pour que le jeune homme – dont je ne connais même pas le prénom – entrions en premier, s’abaissant et insistant encore et encore au cas où nous refuserions d’y aller avant eux. En voilà des manières soudainement ! Ben quoi, quand c’est moi ils me ligotent, et ensuite un type baraqué arrive avec ses armes et ils font les yeux doux ? Mais c’est vraiment le monde à l’envers, ma parole ! Quand je pense qu’ils m’ont bâillonnée et saucissonnée… Pas une manière de traiter les filles, vraiment. Je lâche un soupir exaspéré en passant la petite porte et en suivant l’éclaireur revenu à l’avant de la troupe dans un dédale de couloirs et d’escaliers descendants. J’ai bien fait de demander au jeune homme de nous accompagner, j’ai beau avoir la meilleure mémoire du monde et mémoriser le chemin sans encombres si on doit à un moment s’échapper d’ici… Il faudra espérer que tout ce chemin folklorique ne sera pas peuplé de fous de la gâchette aussi stupides que mes kidnappeurs.

Après une bonne et large poignée de minutes, nous arrivons dans une… Un… Euh… Waw… Mais c’est… Mes yeux s’ouvrent grands, et je me précipite au centre de la scène où trône une cuisine improvisée tout bonnement merveilleuse, avec au milieu de ca…

« De la viande ! Oh mon dieu mais on dirait… »

Je hume l’énorme bout de viande et des étoiles se mettent subitement à briller dans mon regard qui se tourne vers ceux qui m’accompagnaient.

« De la biche, n’est-ce pas ? »

Effet secondaire de la malnutrition, quand on vit dans un orphelinat et qu’on mange pas tout le temps à sa fin et qu’on mange encore plus rarement de la viande, quand on en voit, bah… Ca fait ca. Mon estomac se met à gargouiller et un demi-sourire gêné se peint sur mon visage.

« Désolée, c’est juste que je n’en ai pas mangé souvent, je… Ahum. Trouve que c’est une belle viande…

-N’est-ce pas, jeune brebis ? Hahaha… »

Le rire à l’instant était ample, controlé, et d’une classe extrème comme la vois qui l’exprimait. Une ombre s’avance, et la lumière se fait plus persistante… Mais c’est quoi ce bordel, dans quoi on se trouve ? Et… C’est quoi cette nana emmitouflée dans la fourrure avec ses courbes de vamp ? Mais surtout POURQUOI et DE QUEL DROIT elle ose me traiter de Brebis ???

« Vous devez être la petite Rose, la cuisinière dont j’avais besoin… Et ce jeune homme derrière vous doit être votre garde du corps. J’aurais dû me douter qu’une indic’ en aurait un, mais je ne l’avais jamais vu auparavant, il devait être bien caché. »

Je tente de parler pour lui expliquer que ce type est sensé jouer un tout autre rôle dans cette immense mascarade, mais sa réplique finale me fait ouvrir grand les yeux. Si ces rigolos sont ses hommes de main, alors le boss… C’est elle ?! Avec ses courbes voluptueuses, ses cheveux de feu et ses vêtements voyants outre mesure ? Dans une espèce de théâtre souterrain… ? Mais comment diantre ont-ils pu créer ce machin ici ?! Mais bon sang, mais… Non, j’abandonne, je comprends plus rien. Elle approche ses lèvres de moi et me glisse à l’oreille sa demande, me donnant des frissons partant du bas de dos.

« Maintenant, fait ce pourquoi tu es là… Cuisines-moi le civet de biche à la rose dont ma femme raffole. Où c’est moi qui te corrigerai, et sache que je ne suis pas imbécile comme ces lascars rustres qui t’ont apportés ici. »

Elle s’éloigne un peu de moi, avec un sourire à la fois charmant et carnassier ce après quoi je me rue sur les ingrédients cependant que la femme plantureuse va congédier ses « ouvriers ». Puis enfin, elle attrape mon garde du corps de manière aguicheuse par le col et le convie à venir s’asseoir à ses côtés au beau milieu de la salle parmi les fauteuils.

« J’aimerais un peu de discussion, pendant que cette jeune fille cuisine, vous comprenez, beau jeune homme ? »

Elle lui fait un clin d’œil.

« Alors racontez-moi, comment a-t-elle fait de vous son chien de garde ? Aurait-elle des dossiers sur vous ? Si ca peut vous rassurer, je veux bien vous délivrer de cette petite indic’ de malheur, ca sera avec plaisir… Elle m’a déjà porté préjudice et je n’ai jamais eu pour intention de la laisser repartir ni de la payer, si vous voyez ce que je veux dire ? Hahaha… »

Elle papillonne alors des yeux à son égard, totalement à l’aise dans le fauteuil qu’elle occupe. Je ne peux m'empêcher de lui lancer un regard noir, ne discernant pas de là où je suis les mots qu'ils échangent. Mais c'est qui cette dinde ? Rousse neige et les 5 farfadets ?

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Jeu 5 Mar - 23:59





Un jouuuur, mon sauveur viendra…..











À peu près conscient de ce qui était en train de se passer sous ses yeux, ce fut sans prononcer un seul mot que le jeune homme suivit le groupe à travers le dédale labyrinthique de petites ruelles. Il pensait s’être perdu dans ce qu’il prenait pour un véritable labyrinthe, mais les minutes qui suivirent finirent par lui montrer qu’il aurait pu tomber sur bien pire que cela. Aurait-il pu sortir d’ici sans ses guides ? Il commençait à en douter sérieusement. Mais cela n’importait plus car bientôt le groupe fut mené jusqu’à une large salle où trônait une viande dont le fumet fut assez délicieux pour réveiller l’estomac du jeune homme. Ce dernier, n’ayant pas mangé depuis la veille au soir, posa sa main sur son ventre en espérant vainement que cela diminuerait les bruits que faisait son estomac affamé. Il était gêné, c’était un vrai euphémisme, mais heureusement il eut bientôt le loisir d’avoir autre chose pour occuper son attention.
Une femme aux formes généreuse, aux habits tape-à-l’œil et la crinière de feu fit son entrée en scène, accueillant tour à tour les deux invités en finissant par le jeune bretteur qui ne put que balbutier une réponse assez sommaire.

« Enchanté…je suppose. »

Comment pouvait-il être certain que cette rencontre en était une bonne ? Il ne connaissait nullement cette femme – ni personne d’autre, à vrai dire – et, à sa grande surprise, la femme crut que Kyoshiro était le garde du corps de la cuisinière attitrée. Si cette information n’était pas dénuée d’un fond de vérité, le fait que personne ne l’avait remarqué avant pouvait être expliqué très simplement : il venait juste d’arriver sur cette île. Mais avant qu’il ne puisse expliquer ce qu’il en était vraiment, le bretteur fut attiré par le col et amené vers un rassemblement de chaises, face à cette femme qui ne le laissait pas indifférent.

« Euh..je…oui, bien sûr. Mais j’ai cru comprendre que je devais assister la demoiselle dans la préparation de cette recette. Ne va-t-elle pas avoir besoin de moi ? »

Cette phrase provoqua l’hilarité de la femme qui tenta de rassurer son interlocuteur en lui avouant que la cuisinière était parfaitement à même de se débrouiller seule…mais dans ce cas pourquoi avoir fait appel à lui ? Cela n’avait aucun sens. S’asseyant sur une chaise en essayant de faire fi de son inconfort face à cette situation pour le moins étrange, le garçon écouta cette femme lui demander si la cuisinière avait des dossiers sur lui…des dossiers ? Des informations compromettantes, cela devait être ça. D’un simple mouvement de la main le garçon signifia à la femme qu’elle faisait fausse route avant de lui répondre :

« Oh non, rassurez-vous, ce n’est rien de tout cela. Je ne connais qu’assez peu cette demoiselle mais elle semblait avoir besoin d’assistance, sur le coup. Je me suis donc proposé de l’accompagner pendant la durée de votre…transaction. »

Ce n’était pas totalement faux, n’est-ce pas ? Mais malheureusement il n’eut pas le loisir de poursuivre cette conversation, du moins pas à partir du moment où cette mystérieuse tenancière révéla qu’elle n’avait jamais eu l’intention de payer la cuisinière ou de la laisser s’en aller d’ici. Vraiment ? Posant une main contre son menton en une expression pensive, le garçon s’enquit alors :

« Vous êtes en train de la mener en bateau pour qu’elle travaille gratuitement pour vous, si je comprends bien ? C’est assez malhonnête de votre part, je dois dire. Qu’arriverait-il si je décidais de l’informer de cette supercherie et que nous décidions de quitter cet endroit ? »

La femme semblait ne pas apprécier les mots du jeune homme et, plissant les yeux, lui demanda s’il était en train d’essayer de la menacer. Ouvrant des yeux ronds de surprise, le garçon répéta son geste précédent tout en répondant :

« Vous menacer ? Loin de moi cette idée. Je vous demande votre avis sur ce qu’il se passerait si la vérité venait à éclater, rien de plus. Je ne suis pas doué pour proférer des menaces, je dois vous avouer, en revanche je suis assez têtu quand il s’agit de faire ce qui est juste. Et ici, ce qui me semble juste est de payer cette demoiselle pour le travail qu’elle est en train de fournir. »

Il n’était pas doué pour jouer la comédie, sans doute trop honnête pour tromper qui que ce soit, en revanche il avait cela de particulier qu’il ne lâchait jamais l’affaire quand il était sûr que le jeu en valait la chandelle. Et ici ? Bien sûr que c’était le cas, cette femme comptait exploiter la cuisinière et la garder pour une période indéterminée, ce n’était rien de plus que de l’esclavage, rien de plus que tout ce contre quoi Kyoshiro luttait : l’injustice.
Cette tenancière ne semblait pas de cet avis et confirma son intention de ne pas payer la blondinette, malgré l’insistance de son garde du corps désigné. Ce dernier se rappela de la première phrase de son interlocutrice, celle qui faisait référence au fait qu’elle avait déjà eu affaire à celle qui s’affairait désormais dans la cuisine.

« Je ne connais pas les griefs que vous avez contre cette femme et cela ne me concerne pas. Cependant vous vous trompez lourdement si vous pensez que je vais rester inactif pendant que vous la roulez dans la farine. »

Que pouvait-il de plus qui soit moins explicite que cela ? La femme sembla ne pas prendre son interlocuteur au sérieux, lui demandant ce qu’il comptait faire pour l’empêcher d’exploiter la demoiselle selon son bon vouloir. Se levant brusquement de sa chaise, le garçon tapota le manche de son premier sabre de sa main gauche tout en plongeant ses yeux de braise dans le regard de cette femme peu scrupuleuse.

« Pensez-vous qu’ils sont juste là pour faire joli ? »

Si la femme ne put masquer sa surprise l’espace d’un instant, comme si elle réalisait enfin la présence des deux sabres à la ceinture de son jeune interlocuteur, elle reprit rapidement son sérieux en affirmant à Kyoshiro qu’il n’oserait pas faire usage de ses armes et que, de toute façon, face à ses hommes il n’avait aucune chance. Laissant apparaître un sourire amusé sur ses lèvres, le garçon tenta un léger bluff en concluant d’un :

« Êtes-vous prête à prendre le pari ? »

Ni une ni deux, sans attendre de réponse de la femme qui semblait désormais plus courroucée qu’autre chose, le garçon se rapprocha de la blondinette d’un pas vif. Arrivant à sa hauteur, il approcha la tête de son visage avant de lui murmurer à voix basse :

« Bon…j’ai une mauvaise nouvelle pour vous, mademoiselle. »

Bientôt il lui expliquerait de quoi il retournait réellement, concernant les véritables intentions de la tenancière, et ensuite il ne reviendrait qu’à ce petit bout de femme de décider de la suite des évènements. Elle aurait bientôt toutes les cartes en main pour décider de son avenir…Kyoshiro, lui, ne serait qu’un instrument l’aidant à atteindre cet avenir.









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Un jouuuur, mon sauveur viendra…..





Pendant que Jolicoeur papote tranquillement avec miss Pamplemousse-Pulpeux, je m’affaire donc à la besogne, prenant tout mon temps. Eh bien oui, pourquoi me presser ? Ca me laisse l’occasion de me poser des questions en même temps que j’épluche feuille à feuille chacune des roses sensées être utile à la préparation de la recette. Un pétale. Cette dame préfère donc les femmes si elle a parlé de femme de sa vie ? Deux pétales. Mais alors, pourquoi elle dévore Jolicoeur des yeux ? Trois pétales. Ou alors serait-ce une dame qui agit toujours comme la plus grand des séductrices ? Quatre pétales. Tiens, elles sentent vraiment bon ces roses, ca doit être des roses de… De… Je stoppe mon geste. Il n’y a qu’un seul endroit sur cette île où persistent ces roses, et c’est dans mon coin caché. Ces roses qui viennent de si loin… Ce ne sont pas des roses à cuisiner ca, ce sont des roses spéciales qui viennent d’un jardin abandonné, ces roses sont précieuses et rares et appartiennent au village. Bon sang… Je regarde le panier et remarque alors le nombre de roses qu’elle m’a mis à disposition, et la panique me prend, me fait haleter et finit presque par me couper le souffle. Elle a du… Non, je ne crois pas que toutes les roses y soient passées, mais le fait est là, c’est plus de la moitié qu’elle a substitué au sol, arrachant visiblement les racines… Aucun espoir qu’elles repoussent. Ces roses là vont mourir, avalées par une dame infâme, et je… Je la déteste ! Plus la rage éclot au fond de moi et plus la douceur dont je fais preuve pour éplucher chaque doux et parfumé pétale se fait sentir dans mes gestes. Ces roses-là n’ont pas mérité un tel châtiment, elles méritaient d’être offertes telle quelles, en signe d’amour. Ca peut paraître stupide de s’énerver pour ca, mais en ce qui me concerne… Je connais trop bien ces roses, elles m’ont assez tenu compagnie pour que je n’aie pas envie de leur faire subir ca !

Alors que je me dis que c’est un bien lourd pris à payer pour pouvoir rassasier les bouches de l’orphelinat, je remarque de l’agitation. Tiens donc, mon garde du corps se chamaille avec la jeune femme ? Uhuhu, voilà quelque chose de drôle, ils sont mignons tous les deux, mais… Mais… eh mais il vient vers moi ? Ah, finalement je ne serai pas seule à cuisiner où ? Mes yeux oscillent entre le jeune homme qui arrive avec un air que je qualifierai de… Décidé ? Et le regard de Plantureuse Woman qui semble vouloir m’assassiner du regard. Brr ! Ca mef ait froid dans le dos. Et pour conclure, le jeune homme me parle de mauvaise nouvelle, et le calcul se fait très vite dans ma tête. Je l’observe à peine cependant qu’il m’explique, car tout s’éclaire soudainement dans ma petite tête. Bah oui… Cette vieille folle est une ordure, et on a intérêt à se casser, vite fait, parce qu’elle est en train de marcher lentement dans NOTRE direction et n’a pas l’air contente DU TOUT de ce système de prévention. Haha. On est dans la merde. Et mon seul réflexe et ma seule pensée, c’est pour les roses et la bouffe… Mes gestes se font alors vifs et rapides, et pour première réponse je balance une gerbe de rose dans les bras du jeunot et met la viande dans le panier pour pouvoir l’emporter. La dame n’est pas du tout encore à notre hauteur mais semble avoir compris enfin ce que je viens de décider, et je lance à mon compagnon, toute guillerette :

« On s’casse ! Et on a intérêt à courir vite ! Go ! »

Eeeet on va enchainer, mesdames et messieurs, avec une course poursuite dans un dédalle de couloir ! Mais avant ca… High kick en direction de la porte qui menait vers la scène, et comme je suis en veine cette dernière dernière peut se fermer de l’extérieur et on peut même mettre un balai qui passait par là pour coincer les poignées ! MA-GNI-FI-QUE ! M’adressant enfin au garçon espérant qu’il m’a bien suivie, je lance à la cantonade en démarrant ma course aussitôt au quart de tour.

« Je me souviens du chemin, je vais nous guider, reste bien à ma hauteur ! Si tu dégaines juste ton sabre et l’agites, ses sbires qui ne doivent pas être loin n’oseront jamais nous approcher et on sera vite sains et sauf dehors ! Je sais où on va pouvoir se cacher, fais moi confiance ! »

Je ris alors à gorge déployée, comme une gosse en train de jouer. Pourquoi avoir peur ? BOUM ! La donzelle a du défoncer la porte là bas. Ah ouais… Oui, en fait maintenant du coup j’ai peur, mais je cours trop vite pour sentir mon cœur s’accélérer plus qu’il ne bat déjà.

« Faut pas qu’on perde le rythme sinon on va finir en civet de lapin… Mais si on arrive vivants dehors, je te promets que je te remercierai de tout ce que tu fais là comme il se doit ! »

Et ma course redouble encore de fougue, zigzaguant dans le dédale de couloirs… Nous nous rapprochons de la sortie, espérons que rien ne nous tombe dessus !


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Un jouuuur, mon sauveur viendra…..











Le jeune bretteur s’évertuait à être messager d’espoir et le fait de devoir, aujourd’hui, endosser le rôle de l’oiseau de mauvais augure ne lui plaisait guère. Un arrière-goût désagréable au fond de la bouche, le jeune homme quitta en trombe son interlocutrice – avec une outrecuidance qui ne lui était certainement pas familière – avant de se diriger d’un pas souple vers la demoiselle qui était sur le point de se faire rouler dans la farine. Si le temps n’était pas quelque chose dont il manquait cruellement, le garçon serait volontiers resté à observer avec quelle grâce et quel doigté cette blondinette, la précision dont elle faisait preuve était tout simplement époustouflante et, l’espace d’un instant, le bretteur s’autorisa à l’admirer sans mot dire.
Malheureusement il fut forcé de sortir de sa contemplation d’un simple secouage de tête avant de se concentrer sur le moment présent, se rappelant qu’il ne pouvait se permettre de glander et que la maîtresse des lieux n’allait certainement pas être très contente de sa réponse. Si Kyoshiro détestait décevoir les gens, aujourd’hui il avait fait le choix qui s’imposait en privilégiant la victime au détriment du bourreau : n’était-ce pas ce que n’importe qui aurait fait ? N’importe qui d’humain et un minimum sensible, bien entendu.

Le jeune homme arriva donc face à la cuisinière et tenta de lui résumer la situation, lui expliquant que la femme ne comptait pas la payer et ne comptait pas non plus la laisser partir d’ici, la gardant à son service aussi longtemps qu’elle en aurait besoin. Bien sûr qu’il aurait pu la prendre de force par le bras et l’emmener ici, mais le garçon n’était pas du genre à forcer les gens, préférant leur laisser prendre des décisions de leur plein gré, sans intervention de sa part.
Peut-être serait-elle bien traitée ici, peut-être que cela valait mieux que la vie qu’elle avait actuellement : qui était-il pour juger de tout cela ? Mais apparemment il vit juste en supposant que la demoiselle ne désirerait pas partir, car en voyant la mégère arriver elle proposa à Kyoshiro de décamper en quatrième vitesse. Soupirant en attrapant les roses qu’on venait de lui lancer, le garçon répondit :

« C’est bien ce que je craignais, en effet. »

Encore une fois il allait devoir fuir un conflit sans arriver à le résoudre, c’était donc un échec de plus qui venait s’ajouter à une liste qui commençait à être longue. Mais il n’allait désormais plus le temps de s’apitoyer sur son sort, il devait fuir ce lieu et courir aussi vite que ses jambes pouvaient le porter…enfin presque aussi vite, il devait accompagner cette fille et non pas la devancer. Les deux jeunes se mirent donc à courir à travers les dédales de couloir et, alors qu’ils finirent enfin par atteindre l’air libre, le garçon entendit les bruits de pas se rapprocher. En plus des bruits clairs et claquants des talons de la mégère, certains pas plus lourds se firent entendre et le jeune homme comprit bien vite qu’elle avait ramené ses gorilles avec elle. Oh joie !
Voyant que la demoiselle lui conseillait de ne pas ralentir le rythme, ne serait-ce qu’un seul instant le jeune bretteur fit tout l’inverse et s’arrêta brusquement. Donnant ses roses à la demoiselle, en plus du panier qu’elle portait déjà, il déclara :

« Dans ce cas, tenez-moi ça et cramponnez-vous. Ça va sans doute secouer un petit peu. »

Ni une ni deux, il souleva la demoiselle et la porta à bout de bras, comme on porterait un bébé ou une demoiselle en détresse. Respirant profondément malgré les bruits qui se rapprochaient dangereusement, le garçon fit jouer ses appuis, pliant une jambe puis l’autre avant de sautiller plusieurs fois d’un pied à l’autre. Si la demoiselle devait se demander ce qu’il faisait, à s’échauffer ainsi, elle en eut rapidement la réponse. En effet, sans crier gare, le jeune homme fonça en ligne droite à une vitesse qui n’était tout simplement plus humaine. Les bâtiments défilaient à une vitesse époustouflante et le vent plaquait le visage en arrière avec une force non négligeable.
Ce n’était rien de plus qu’une technique de déplacement rapide mais, pour le commun des mortels, les gens n’étaient pas censés se déplacer si vite qu’ils finissaient par disparaître. Mais enfin, après quelques secondes, le duo sortit enfin des ruelles pour arriver dans une rue piétonne un peu plus large. Le garçon reposa immédiatement la demoiselle et lui demanda :

« Tout va bien, de votre côté ? »

Alors qu’il s’inquiétait de l’état de la demoiselle, il ressentit monter le contrecoup de cette technique qui fit diffuser une vive douleur dans toutes ses jambes. Cette technique n’était pas faite pour être utilisée sur une longue période et, pour couronner le tout, elle n’était pas faite pour transporter une personne aussi légère fut-elle. Les muscles de ses jambes étaient endoloris, c’était visible au tremblement régulier de ses jambes qu’il tentait de juguler en posant ses mains sur ses genoux…comme s’il pensait qu’en serrant assez fort ses genoux, les tremblements finiraient par cesser. Mais il savait que c’était vain, seul du repos lui permettre de se mouvoir aussi rapidement qu’avant, il en avait suffisamment demandé à son court pour quelques heures.

Prenant de longues et profondes inspirations pour tenter de retrouver un rythme régulier de respiration, le garçon regarda la ruelle derrière lui et ne vit personne arriver. Soupirant de soulagement, toujours la tête baissée, il conclut alors :

« Bon. Je crois que nous les avons semés, pour le moment. Navré de vous avoir embarqué dans ce mésaventures, pour me rattraper que direz-vous d’un bon repas ? »

Certes il n’y était pour rien dans les sombres desseins de la méchante tenancière, mais peut-être aurait-il pu régler pacifiquement ce souci sans avoir à fuir comme un voleur pris la main dans le sac. Mais c’était trop tard, le mal était fait et il pouvait simplement s’assurer que la demoiselle serait désormais en sécurité…pour le reste, il ne savait pas ce qu’il pouvait faire d’autre.








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Un jouuuur, mon sauveur viendra…..





Tralala, tourne à gauche, puis à droite et… Mais… Mais eh ! Mais pourquoi il s’arrête ! Je viens de dire qu’il ne fallait surtout pas s’arrêter, il est malade ?! Je blanchis, et m’arrête aussi, paniquée avant de me prendre des roses dans le panier et… Mais c’est quoi ca… Que… Quoi… Bon, je crois que je vais le laisser faire, je comprends plus rien. J’imagine que c’est à son tour de mener la danse… Enfin, la marche. Je suis ses instructions et entre le panier énorme rempli de viande, les roses en vrac, je peine à trouver une accroche dans les bras de mon sauveur mais me cramponne tout de même tant bien que mal à son cou. Et c’est là que ca commence… J’ai soudainement la nausée, on va beaucoup, beaucoup trop vite ! Je peine à comprendre ce qui se passe vraiment, je suis trop concentrée à ne pas vomir mes tripes de peur et de… De peur. Et de peur aussi. Bon sang, mais c’est qui ce type, c’est … il a un pouvoir surnaturel ? Moi qui vient de ma petite île paumée et qui n’ai encore rien pu voir, voilà que je découvre un sacré truc. Comme quoi, faudrait vraiment que je lise plus… Il faudrait… En fait, il faudrait que je quitte l’île et que je voyage pour découvrir le monde et tous ses secrets… Ca serait merveilleux. Mais non, je ne peux pas. Je dois m’occuper des petits à Azalariane. Je dois les sauver, comme on m’a sauvée, et comme on a pris soin de moi. C’est à moi de le faire… Bref, trêve de pensées, il faut que je me concentre sur le calme intérieur de mon être. Tiens, comptons les moutons, pour ne pas voir défiler ce qu’il y a autour ! Alors ca fait un, puis deux, puis trois, puis quatre…

Et pouf, nous voilà arrivés en deux temps trois mouvements dans une rue piétonne. Mon cœur bat à tout rompre, et je suis heureuse de retrouver la terre ferme… Visiblement mon fidèle compagnon d’infortune aussi reprend des forces mais plutôt difficilement au vu des tremblements qui secouaient ses mollets.

« Tout va bien, j’ai juste la tête qui tourne un peu, c’est plutôt pour vous que je m’inquiète… Vous tremblez ! »

Ma mine ne doit pas être glorieuse, je me sens coupable des douleurs auxquelles il doit faire face, et tout ca à cause de moi en plus… Parce que je me suis encore faite attraper par des méchants. Le truc, c’est que je ne suis pas une combattante, je sais à peine me débattre et surement pas rendre dûment les coups. Il n’y aura pas toujours une bonne âme pour me sauver, et je le sais, je suis une solitude et une vraie tête de mule. Et le voilà qui s’excuse en plus ? Mais… euh, je comprends pas trop ce garçon, des fois. Je soupire, avant de lui offrir un sourire rassurant.

« Je pense aussi que nous les avons semés, et c’est grâce à vous ! Et désolée, mais vous vous trompez… C’est moi qui ne fais pas assez attention, et c’est moi qui ai commis un impair et vous ai embringué là-dedans sans vous demander vraiment votre avis, vous n’avez en rien à vous excuser. Bref, allons nous mettre en lieu sur quelques instants, suivez moi. »

Je lui prends délicatement la main que j’ai de libre, inquiète de son état, nous emmène alors juste un peu plus loin dans cette rue à un petit virage qui mène à une rue moins bondée, qui se trouve être la rue du mur de lierre. Je souris alors à mon compagnon, et le prépare un peu à ce qui se trouve être mon jeu favori. Surprendre.

« Ayez confiance, c’est le refuge le plus sur de l’île ! Enfin, je crois. Et puis, j’ai quelque chose à y faire avant de partir manger ! »

Lui tenant la main, je me glisse à travers l’épais mur de lierre et nous nous retrouvons dans le petit jardin aux roses. Petit jardin abandonné, il a été mon refuge pendant bien des années… Le lierre a fait disparaître le passage menant ici, faisant oublier à la population qu’il y avait des habitations ici, entourant un sublime petit jardin intérieur qui aujourd’hui a repris ses droits de nature folle, et envahi tout d’herbes de fleurs et de feuillages. Un peu plus loin, fidèles à leurs postes, les deux chaises et la table n’ont eux pas bougé depuis ma dernière visite. J’emmène mon compagnon et lui offre de s’asseoir sur la chaise.

« Posez-vous là quelques instants, un peu de repos ne vous ferait pas de mal, je crois ! »

Le regardant, il a l’air réellement enfantin, tout dans son regard respire l’innocence. Comment les affreux de tout à l’heure ont-ils pu le prendre pour un tueur ? Ca se voit pourtant dans ses yeux, qu’il n’a pas l’âme d’un assassin en puissance, il a plutôt l’âme de l’innocence même… Je lui offre un grand sourire, et lui ébouriffe les cheveux doucement avant de m’éloigner un peu pour poser le panier de viande sur la table, et m’emparer des roses.

« Pour information, moi c’est Rose… C’est vrai qu’on a toujours pas pu se présenter alors voilà ! Et vous, c’est ?... »

Je laisse ma question en suspend, remettant la gerbe de roses un peu mieux en forme, puis lui offre un regard empreint de douceur et un sourire simple avant de me diriger vers le côté mur du petit jardin. Car sur ce côté du mur… Résident les restes des tiges et du bosquet des fleurs que j’ai en main. Je respire leurs pétales une dernière fois avant de les placer là où elles devraient encore trôner. Baissant la tête je ferme les yeux un instant, comme une prière et retourne auprès du jeune homme.

« Elles appartiennent à ce lieu, elles ne peuvent être autre part… Enfin bon. Avec un peu de chance, mon ami Kotobuki qui connaît cet endroit devrait passer par ici dans pas longtemps pour me retrouver. Vous vous joindrez bien à nous pour manger ce midi ? J’habite sur l’île à côté, et c’est lui qui nous conduit jusque là bas en petit bateau. Je vous doit bien ca avec tout ce que vous avez fait pour moi… Et puis, ca fera de l’animation ! C’est un orphelinat, les enfants sont toujours joyeux quand il y a un visiteur ! »

Je lui offre le plus grand de mes sourires dans l’espoir d’une réponse positive. En soit, je me dis que ca serait dommage qu’il ne vienne pas profiter de la chaleur d’un foyer et d’un moment de paix ! D’autant plus que la matinée a été mouvementée et qu’au vu de son allure, il ne doit pas profiter souvent de la chaleur d’un endroit familial et convivial… Il a l’air seul.

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Un jouuuur, mon sauveur viendra…..













Les techniques de déplacement rapides n’étaient pas hors du commun dans ce grand et vaste monde, que cela concerne les agents du gouvernement ou les combattants de manière générale, tous finissaient par avoir la volonté de se déplacer plus vite que le commun des mortels afin de prendre leurs adversaires de vitesse. Comment était-ce possible ? Les méthodes variaient, le soru consistait en une succession de pas rapides par terre et cette technique était à peu près similaire à ce principe…c’était simplement exécuté à la vitesse supérieure. C’était censé être à usage ponctuel, pour esquiver une attaque ou rattraper quelqu’un mais certainement pas pour parcourir de longues distances plus rapidement : le corps humain n’était pas fait pour supporter un tel effort sur une aussi grande durée.
Ce n’était pas la première fois que le jeune homme poussait les limites de son corps au-delà ce qui était raisonnable, il ne s’en faisait donc pas trop pour cela, cependant il comprenait aisément que la demoiselle puisse être paniquée à l’idée de voir son sauveur trembler comme un vieux atteint de Parkinson. Reprenant son souffle pendant quelques instants, profitant du fait que plus personne ne les suivait, le garçon tenta donc de se redresser et rassura la demoiselle en lui lançant un simple :

« Ce n’est rien, ne vous inquiétez pas. J’ai juste un peu trop forcé, mais ça va aller. »

D’ordinaire il était celui qui s’inquiétait pour les autres et ne voulait pas que les rôles soient inversés aujourd’hui, il était censé être le protecteur de cette femme et ce rôle lui allait très bien. Arrivant à peu près à retrouver sa stabilité au niveau des jambes, le jeune homme écouta cette femme lui dire qu’il n’avait rien à se reprocher et que toutes excuses étaient inutiles. Il aurait aimé que ce soit aussi simplement mais malheureusement ce n’était pas le cas, et il expliqua pourquoi en se redressant :

« J’aurais pu tenter de régler ça à l’amiable au lieu de m’enfuir comme un voleur. Mais bon, j’imagine que le mal est fait. »

Lui qui, d’ordinaire, tentait de toujours tout régler par les conflits, lui qui était un pacifiste au possible avait fui au lieu de régler un souci : comment pourrait-il ne pas présenter d’excuses pour cet impair impardonnable ? Mais cela n’avait plus d’importance, le danger était écarté pour le moment et le bretteur s’autorisa à suivre la demoiselle jusqu’à passer à travers un mur de lierre. S’il pensait que cette entrée était surprenante en soi, il fut davantage surpris par le sublime jardin sauvage qu’il trouva derrière ce petit mûr.
Tout était si paisible, si calme qu’il comprenait pourquoi cette femme se sentait bien ici. Était-ce son refuge, son jardin secret ? C’était possible, mais cela ne le regardait malheureusement pas. Écoutant les conseils de sa nouvelle camarade, le garçon se dirigea bien volontiers vers la table et s’assit sur l’une des deux chaises tout en enlevant ses deux sabres accrochés à sa ceinture, les laissant reposer en équilibre contre le bord de la table. Il n’aurait sans doute pas besoin de se défendre, ici.

« Pour une fois, ce n’est pas de refus. Je vous remercie.»

Le jeune homme n’était pas vraiment du genre à se ménager car à ses yeux chaque effort était un petit entraînement, chaque geste mettait son corps à l’épreuve, mais aujourd’hui il avait suffisamment mis ses jambes à l’épreuve pour refuser de s’assoir comme c’était si gentiment proposé. S’enfonçant dans la chaise, respirant cet air pur à pleins poumons, le garçon se souvint enfin qu’ils ne s’étaient effectivement pas présentés et qu’il était temps de réparer cette injustice.

« Ah c’est vrai, j’en oublie mes manières. Veuillez m’excuser, je me nomme Kyoshiro. Enchanté de faire votre connaissance. »

Profitant du moment présent, le garçon observa sa nouvelle camarade lui expliquer l’importance de ces roses qu’elle tenait entre ses mains avant de passer à un sujet totalement différent, proposant au jeune homme d’aller faire un tour dans un orphelinat. Si le candide ne put masquer son évidente surprise, accompagnée d'un grondement de son estomac qui ne pouvait plus masquer la faim qui le tiraillait, il ne mit pas longtemps à trouver la réponse qui s’imposait :

« Je crois que je ne suis pas vraiment en position de refuser, comme vous pouvez l’entendre. Et peut-être qu’un peu de compagnie me fera du bien, pour changer. Je vous suis. »

Il passait son temps à sillonner les mers avec la solitude pour seule compagnie, et aujourd’hui on lui proposait de passer un moment agréable avec d’autres personnes et avec des enfants qui seraient content de le voir : quelle raison pourrait le faire refuser cette invitation ? Bientôt les deux individus se mettraient sans doute en route vers la petite embarcation qui était censée les mener à bon port. Et ensuite ? Il verrait sur place.








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Un jouuuur, mon sauveur viendra…..





C’est avec bonheur que j’obtiens une réponse favorable à mon invitation, et je souris encore plus. Avec toute la viande qu’il y a dans ce panier, ca va faire un beau repas ! Et les enfants vont enfin pouvoir manger un bon bout de viande… Voilà qui me réjouit clairement ! En mon fort intérieur, je ne peux m’empêcher de penser que les trois quarts de ce panier auraient pu finir à la poubelle quand les bouche que je vais nourrir vont lécher leur assiette et en faire disparaître jusque la dernière miette. Je déteste ceux qui gâchent la nourriture, ou l’achètent à outrance pour finir par la jeter, ca me hérisse le poil, tout bonnement. Tant est que me voilà à attendre sagement avec ce dénommé Kyoshiro l’arrivée de ce très cher Kotobuki, lequel ne devrait plus trop tarder. Je profite de nos derniers instants en solo pour lui offrir quelques questions sans avoir toute une cohue curieuse pour venir quérir et écouter les réponses.

« Vous retrouvez-vous souvent dans des situations comme ca ? Je veux dire… Vous m’avez tout l’air d’un voyageur solitaire, donc vous avez peut-être vécu d’autres mésaventures telles ? »

Ecoutant attentivement dans la situation où le jeune homme me répondrait, je le regarde intensément dans les yeux avant de reprendre la parole à son éventuelle suite.

« Pirate ou marine, qui que vous soyez, n’ayez crainte en tous cas. Sur mon île, c’est une paix inhumaine qui règne enfin… Quand les bambins ne se déchainent pas ! Haha ! Mais c’est vrai qu’il y règne une sorte d’aura qui fait que tous les conflits présents sur cette terre n’y ont pas lieu. C’est une terre d’orphelin où le taux de mortalité est quasiment égal à zéro, les jeunes quittent l’île à la recherche de réponses, et d’une nouvelle vie ! Certains deviennent pirates, d’autres marines… Mais peu importe leur choix de futur, c’est une communauté où le respect est le maitre. »

Je regard alors le ciel au-dessus de nous, si bleu et paisible, et tend alors la main pour tenter de l’attraper sans pouvoir le saisir, bin évidemment.

« Etonnant de trouver encore un endroit sur ces mers où un tel chef d’œuvre de paix est possible, n’est-ce pas ? »

Un bruissement se fait entendre du côté du lierre, et je sursaute, me retournant vivement avant de m’apaiser derechef quand le visage de Kotobuki apparaît au milieu des lianes. Quelle tête il tire ! On dirait que l’invité surprise a semé en lui le doute et la méfiance, si ce n’est… De la jalousie ? Non, je dois sans doute me tromper. Si celui-là devient jaloux, on est pas rendus ! je lui offre un sourire rassurant et lui fait signe d’approcher, ce qu’il fait.

« Viens, viens, ne te tracasses pas ! Je te présente Kyoshiro, il m’a sauvée ce matin… Autant te dire que j’ai failli ne pas revoir la lumière de jour et que sans lui j’aurais terminé comme… »

Prenant le panier de viande derrière moi sur la table, je lui mets sous le nez et ses yeux se transforment en étoile.

« Cette viande ! Tada ! C’est de la biche, les enfants vont pouvoir manger ! Je n’y serai pas arrivée sans Kyoshiro, je l’ai donc convié à se joindre à nous ce midi.

-Merci à toi jeune homme, je te suis reconnaissant d’avoir pris soin de cette petite souris… Elle a le don de se mettre dans des situations périlleuses et improbables, je le sais, tu dois être très fort pour avoir su la tirer d’un mauvais pas ! Au fait, moi c'est Kotobuki, enchanté. Allons-y, le rafiot nous attend ! »


Kotobuki s’est tourné vers notre invité et est devenu enfin très chaleureux envers lui. Les effets secondaires de la vision de la viande ? Peut-être, peut-être pas, on ne saura jamais ! Les hommes, quel mystère des fois… Et nous voilà bientôt à trois marchant en direction de la petite embarcation, puis au bout de quelques minutes, installés à l’intérieur à voguer tranquillement direction Azalariane. Le vent fait gonfler la petite voile, et nous avançons sans contraintes jusqu’à la côte où nous accostons sans heurt. Personne pour nous accueillir, mais c’est très certainement car les enfants doivent être en train de dresser les tables et les grands à la cuisine.

« Bien, rendons-nous à la cuisine… Et Kyoshiro, je vais te mettre entre les mains de Léora en attendant que nous soyons tous à table ! Fais moi confiance, elle est très gentille. »

A l’entrée de l’immense bâtiment, Léora est plantée, piétinant du pied jusqu’à ce qu’elle voit de plus près le beau jeune homme que voilà et mon panier rempli de viande. Elle regarde successivement mon panier rempli de biche et l’épéiste et secoue la tête en attrapant Kyoshiro bras dessus bras dessous.

« Je préfère que le jeune homme me raconte, je sens que je vais encore avoir peur ! Allez y, venez jeune homme… Ca n’est pas tous les jours que l’on a de la compagnie. Je suis sûre que Rose vous a parlé de cette île et des enfants, vous serez sans doute très heureux ou au moins autant qu’eux de les rencontrer ! »

Et alors que je me rends en cuisine aux côtés de mes deux éternels amis d’enfance, Leora emmène Kyoshiro dans la salle des repas où tous les enfants se jettent sur lui dès qu’ils l’apercoivent.

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Un jouuuur, mon sauveur viendra…..











Profitant du caractère paisible de ce petit bout de paradis, le jeune homme reporta son attention sur la demoiselle qui, curieuse de connaître son nouveau camarade, commença à s’intéresser à lui et aux aventures qu’il avait pu vivre depuis le temps qu’il parcourait les mers. Ce dernier, souriant à l’écoute de la question d’une demoiselle désirant savoir s’il se retrouvait souvent dans ce genre de situation, ne put que lui répondre le plus franchement du monde :

« Souvent ? Vous n’imaginez pas à quel point, et encore, aujourd’hui ça c’est terminé sans heurts. Heureusement. Et vous ? Vous avez toujours vécue ici ? »

Nombreuses avaient été les fois où il aurait voulu que cela se passe en douceur et où il fut forcé de dégainer son sabre, ayant recours à la violence alors qu’il avait son usage en horreur, mais fort heureusement cette fois-ci il ne fut pas forcé d’y avoir recours et c’était temps mieux ! Mais qu’en était-il de cette petite demoiselle ? Avait-elle eu la chance de découvrir d’autres lieux, ou était-ce la seule île qu’elle n’ait jamais connue ? Kyoshiro ne pouvait cacher son envie d’obtenir une réponse à cette question. Attendant patiemment une réponse en humant l’air frais et parfumé qui régnait en ce paisible endroit, il fut interpellé par la seconde tirade de sa camarade qui lui décrivait l’île en ses propres termes, en lui précisant qu’être pirate ou gouvernemental n’avait aucune espèce d’importance ici.
Si le jeune homme n’avait aucun a priori sur un camp comme un autre, n’ayant pas l’arrogance de se dire détenir la seule et unique vérité sur le conflit qui les opposait, il se contenta tout de même de répondre à son interlocutrice aussi honnêtement que possible :

« Si ça peut vous rassurer, je ne suis ni d’un bord ni de l’autre. Je ne suis qu’un voyageur solitaire, comme vous le disiez si bien juste avant. D’ordinaire je voyage d’île en île et essaye de me rendre utile autant que possible, mais je dois avouer avoir rarement visité un lieu aussi paisible que celui-ci. »

Ne pouvant renoncer à sa liberté même pour une cause aussi noble que la défense de la justice, le jeune bretteur avait emprunté la voie de la mer pour assouvir sa soif de connaissance, de découvertes et aussi pour tendre la main aux plus miséreux. Il n’avait pas d’autre prétention que celle-ci et s’en contentait parfaitement. Souriant en ressentant le calme de cet endroit, le garçon balaya ce jardin de son regard de braise avant de répondre, dans un soupir :

« Je vous envie, dans un sens. »

Lui aussi aurait voulu grandir dans un tel paradis terrestre, mais il n’avait pas eu cette chance et ce calme et cette douce brise avaient été remplacées par le froid et les maigres récoltes. S’il ne s’appesantissait jamais sur le passé, il ne pouvait pas cacher que vivre dans un tel lieu aurait sans doute changé sa vie…peut-être n’aurait-il jamais ressenti le besoin de prendre la mer. Qui pouvait le dire ?
Mais si le début de cette conversation avait fait sourire le jeune homme, le reste fit disparaître ce signe de contentement, car quand la demoiselle évoqua la présence d’une pareille paix sur d’autres îles, le bretteur se rappela des nombreuses fois où il avait dû dégainer son sabre pour défendre le faible contre la brutalité du tyran. Chaque fois qu’il avait dû le faire avait été un échec, un échec de la résolution d’un conflit par la diplomatie, un échec de la raison contre la brutalité de l’Homme.
Soupirant de déception, le garçon avoua alors :

« Pour avoir déjà visité nombre d’autres îles, je ne vous le fais pas dire. La paix est une chose trop rare ces temps-ci, je ne peux que vous conseiller de la chérir. »

Bien vite toute cette discussion fut mise de côté par l’arrivée d’une autre personne, sans doute celle que la dénommée Rose attendait, mais cette blondinette se perdit subitement en éloges envers Kyoshiro si bien que ce dernier, ne pouvant cacher sa gêne, intervint en lançant :

« Allons, allons. Je n’ai rien fait de tel. Je vous ai à peine donné un petit coup de pouce. »

La personne se présenta enfin et, si elle avait hésité de prime abord en voyant le bretteur au regard de braise, elle brisa tout de même la glace et parvint à faire sourire ledit bretteur. Ce dernier, amusé, répondit alors :

« Je vous en prie, ce n’était pas grand-chose. N’importe qui en aurait fait autant. Enchanté de vous connaître, également. »

Ni une ni deux, une fois les présentations faites, le groupe se mit en route et ce ne fut qu’une fois sur la petite embarcation que le jeune homme apprit qu’il serait confié à une dénommée Léora. Étonné et sachant qu’ol n’était pas vraiment en position de faire son difficile, Kyo balbutia à peine :

« Euh….je…très bien. »

Il arriva enfin en face de cette Léora et si elle portait un air sévère qui se voulait intimidant et autoritaire, le garçon fit preuve d’un respect habituel chez lui. Se plaçant devant cette femme, il se pencha en avant en signe de salutations respectueuses avant d’avouer :

« Elle m’en a parlé petit peu, oui, madame. Enchanté de faire votre connaissance, je me nomme Kyoshiro. »

Avançant l’un à côté de l’autre, le jeune homme observa cette femme. Ne sachant pas trop quoi penser d’elle, il crut bon de lui faire un petit résumé des évènements sans trop l’inquiéter. Ainsi, prenant bien le temps de peser ses mots, il raconta finalement que :

« Votre amie pensait bien faire, en vérité. On l’avait engagée pour cuisinier mais la tenancière a tentée de la rouler dans la farine, sans la payer pour le travail demandé, et avec l’intention de ne pas la laisser repartir. Je me suis simplement trouvé par là au bon moment et ai pu vous la ramener en un seul morceau. Ce n’était pas grand-chose, vraiment, je suis content d’avoir pu l’aider. »

Étant un grand enfant lui-même le jeune homme n’avait jamais vraiment pris le temps de passer du temps avec les enfants, préférant venir en aide aux adultes dont les problèmes étaient généralement bien plus sérieux. Mais aujourd’hui il avait l’occasion de changer la donne et de se présenter à ces bambins qui, une fois les portes ouvertes, se tournèrent vers lui comme un seul homme, les yeux remplis d’une surprise et d’une curiosité qu’il ne connaissait que trop bien. Voyant ces jeunes esprits reporter leur attention sur lui, le garçon s’avança au centre de la pièce et s’assit à même le sol, les laissant tous venir à leur rythme autour de lui.
Certains étaient curieux et intrépides, d’autres plus prudents et réservés mais presque tous finirent par se rapproche de lui, formant un arc de cercle devant lui comme un auditoire.
Se parant de son plus beau et large sourire, le garçon se présenta à l’assistance et bientôt tout une avalanche de question manqua de l’ensevelir. Certains étaient intéressés par les sabres pendus à sa ceinture, d’autres à sa drôle de coupe de cheveux, d’autres à ses yeux couleur de feu. Les autres, plus simples, se demandaient simplement ce qu’il était venu faire ici. Légitime comme question, n’est-ce pas ? Ils étaient jeunes mais certainement pas stupides.

Pendant les minutes qui suivraient, le jeune homme passerait son temps à répondre à toutes ces questions et après, et seulement après, il s’autoriserait à jouer avec eux. Il fallait bien d’abord briser la glace avant de leur demander de lui faire assez confiance pour participer des jeux avec lui, n’est-ce pas ?








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Un jouuuur, mon sauveur viendra…..





Arrivée aux cuisines avec Kotobuki, nous nous retrouvons aux côté de Soralia, déjà en train de s’afférer avec les patates et les légumes en ragout. Elle se tourne vers nous et découvrant le tas de viande, elle devient soudainement rayonnante, attrapant le contenant d’un seul geste pour le rajouter derechef dans la tambouille.

« Ca faisait combien de temps qu’on avait pas vu autant de belle viande ici ? Oh, je préfère ne pas y penser. On en a, et c’est fabuleux ! Tu sais Rose, tu es douée pour te fourrer dans des situations compliquées et improbables, mais quand tu en reviens avec d’aussi belles trouvailles, moi je ne peux que t’acclamer… Allez, touille le ragout ! »

Et elle me tend une grande cuiller en bois pour que je remue le mets au fumet alléchant avant de tendre un autre ustensile à Koto pour qu’il s’occupe plus clairement du paquet de patates sauter qui était sur le point de bruler. Je profite de cet instant convivial alors pour leur raconter mes aventures qui, ils n’oseraient jamais le dire, leur plaisent bien plus qu’ils ne voudraient l’avouer. Ca doit être un mot qui se passe dans l’orphelinat, mais en tous cas le fait est là : depuis le départ de Priss, notre quatrième mousquetaire, la seule personne qui pourrait avoir envie de voyager et partir d’ici un jour c’est bien moi. Et en attendant de leur raconter dans un futur lointain mes péripéties des mers, me voilà à leur compter comment un jeune preux chevalier du nom de Kyoshiro me sauva des griffes de la voluptueuse et cruelle mangeuse de biche. A chaque détail et avancement de l’histoire, ils ponctuent de piques d’humour, de quelques sarcasmes voir me donnent un coup de hanche pour me bousculer gentiment. Je profite alors de cet instant qui, je l’aimerais tant, soit éternel. Et au plus profond de moi, je crée une petite bulle de souvenir où cet instant est gravé et tournera en boucle, pour les jours où le soleil aura grise mine et que mon cœur ne brillera pas. J’ai beau vouloir découvrir le monde, cette famille que j’ai construite ici est la meilleur au monde, et me permets chaque jour d’oublier mon abandon et toutes les autres questions qui vrillent en réalité mon cœur. Alors que le repas est bientôt près, je me glisse alors dans l’embrasure de la porte pour observer discrètement et sans être vue de l’épéiste le petit manège qui se déroule. Et je me retrouve face à une bien étrange scène ! Que dis-je, une scène amusante.

Les enfants tranquillement en arc de cercle devant le jeune homme l’observent avec de grands yeux ronds comme ils ont rarement, et s’amusent à lui poser toutes sortent de question, et bientôt une des jeunes filles étant restées à l’écart s’approche. Oh, oh… Voilà l’indomptable de la bande. Hiris, ni squelettique ni dodue, une des plus influentes au sein des enfants de l’orphelinat alors qu’elle n’a que neuf ans. Son regard vert émeraude donne une lueur très étrange à son visage blafard encadré de ses cheveux noir jais. C’est une des plus intelligentes des jeunes de son âge, la plus stratégique et futée… Mais aussi la plus timide en réalité. La demoiselle passe son temps à faire croire qu’elle se méfie, qu’elle restera indomptable et intransigeante mais ca n’est que pour cacher son cœur pur et généreux… Elle s’est faite ainsi après que d’autres enfants aient profité d’elle. Car en réalité, elle n’est en rien comme les autres : arrivée à l’âge de 7 ans déjà à l’orphelinat, c’est une gamine qui n’a pas perdu ses parents, c’est sa mère seule qui a décidé de l’amener ici parce qu’elle ne voulait plus de sa fille. Parce qu’Hiris ne parvenait pas à avoir de bonnes relations avec ses camarades et même parce que ceux ci se montraient cruels envers elle, la mère avait détesté sa fille qui « entachait sa réputation ». Et pour le plus grand bonheur d’Hiris, arriver ici fut un soulagement, un bonheur et encore mieux : la découverte de ce qu’était la confiance, que ca soit en soi ou en les autres même si elle a encore du mal avec ca. La découverte de ce que c’est une famille aimante… Je souris en la voyant avancer, c’est courageux de sa part. Habillée d’une robe rouge carmin en coton, elle est adorable !

« Vous ressemblez à un voyageur, monsieur Kyoshiro… Dites… Vous pourriez nous raconter l’aventure la plus folle que vous ayez traversé ? »

Aussitôt elle se met au premier rang, lui offrant un sourire de jeune fille bien élevée sur les lèvres et les yeux de merlan frit des enfants ne crient alors qu’une chose : « tonton Kyoshiro, raconte-nous une histoire ! ». Je manque m’étouffer de rire en voyant la scène et me recule pour éviter que mon rire se répande dans la salle. Ses enfants sont tellement… Ils ont quelque chose. C’est certain. Quelque chose qui les rend définitivement attachants ! Finissant les préparatifs, je manque cependant le meilleur. Je ne sais si et quelle histoire est racontée, mais un moment après j’entends des rires et des hurlements. Aucun doute : ils doivent être en train de jouer à chat où quoi que ce soit d’autre !

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Un jouuuur, mon sauveur viendra…..












Malgré le fait qu’il ait bien plus l’habitude d’avoir affaire à des adultes qu’à de jeunes enfants comme c’était le cas ici, il savait bien ce que les enfants appréciaient car il était au moins aussi curieux et facilement émerveillé qu’eux et c’était peu dire ! Les enfants qui ne connaissaient rien au monde extérieur ne voulaient entendre parler que de ce qu’ils ne connaissaient pas, que d’aventures trépidantes, de bêtes incroyables et de lieux hors du commun. Comment leur en vouloir ? Ils étaient curieux et attentifs, cela se lisait si aisément dans leur regard que ce constat fit décrocher un sourire au nouvel arrivant devenu centre de leur attention.
Le jeune homme s’assit donc au centre de la pièce, face à cet auditoire bien jeune à son goût et, à sa grande surprise, le fait de devenir le centre de l’attention ne le dérangea pas plus que cela, sans doute parce qu’il n’avait pas affaire à des adultes mais à de biens jeune esprits. De nombreuses questions lui furent posées, comme son prénom, d’où il venait, ce qu’il faisait dans la vie et ce genre de choses, mais si le jeune bretteur essaya d’y répondre avec autant de précision que possible, il sentit bien que ce n’était pas cela qui intéressait l’assistance. Et enfin, en réponse à leurs prières, une petite demoiselle très discrète s’approcha de lui et lui demanda enfin ce qu’elle voulait réellement entendre, à savoir une aventure de son cru.

Si cette demande était tout à fait prévisible et compréhensible, le jeune homme fut amusé par une toute autre partie de la phrase de la demoiselle. Souriant, il posa sa main sur la tête de la demoiselle, sans pour autant lui ébouriffer les cheveux, avant de déclarer :

« Monsieur ? Pas de monsieur avec moi, voyons ! Je ne suis pas si vieux que ça. »

Même s’il paraissait vieux aux yeux de ces bambins, il ne fallait pas oublier que le jeune homme n’avait que 18 ans à l’époque et toute sa vie devant lui. Il n’était déjà pas habitué à ce que des adultes l’appellent « monsieur » alors des enfants, vous pensez bien que non. Se ressaisissant finalement, le jeune homme porta la main à son menton en se donnant une expression pensive, réfléchissant bien à l’histoire qu’il allait pouvoir raconter à l’assistance.

« Alors, laisse-moi réfléchir. Ah, j’ai trouvé ! Un jour je suis arrivé sur une île immense recouverte d’une forêt luxuriante, la vue était tout simplement magnifique et le tout était surplombé d’une chaîne de montagnes à la hauteur impressionnante. Il n’y avait personne, pas âme qui vive sur cette île et je désespérais presque à l’idée de me retrouver tout seul là-bas. Alors j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai décidé de traverser cette forêt, en me dirigeant vers ces montagnes. Et vous savez ce que j’y ai trouvé ? »

Ils voulaient de l’aventure, ils voulaient du danger et de l’imprévisible et, parmi les îles visitées par le jeune homme, assez peu d’entre elles correspondaient aux critères précis de son auditoire. Ainsi, se rappelant d’une de ces aventures sur un territoire hostilement sauvage, le garçon se remémora les évènements de ce jour-là et poursuivit son petit speech sous le regard médusé et émerveillé de l’assistance.

« Des créatures sauvages ! Des ours, des tigres et plein d’autres prédateurs qui vous mangeraient tout cru en guise de repas. Mais le plus surprenant dans cette histoire était que ces créatures étaient immenses ! Elles étaient facilement aussi grandes qu’une maison, vous vous rendez compte ? »

Il était amusant de voir à quel point les proportions n’étaient pas toujours respectées dans la nature, il existait aussi bien des êtres humains minuscules que des créatures sauvages anormalement grandes, c’était à n’y rien comprendre !

« Quand je suis arrivé elles ont tout de suite senti mon odeur et m’ont prises en chasse. Mais j’ai réussi à être suffisamment débrouillard pour tromper leur vigilance et vaincre leur grand chef dans un combat titanesque, un loup tout bonnement gigantesque, encore plus que votre foyer ! Enfin j’imagine que c’était leur chef, puisque après ça ils m’ont laissé suffisamment tranquille pour que je puisse quitter leur île sans trop de bobos. »

L’idée d’un combat épique entre le nouveau venu et une bête gigantesque marqué tellement l’esprit de ces enfants que tous restèrent incroyablement silencieux, les yeux aussi grands ouverts que possible, n’osant pas prononcer un mot tant la scène qu’ils imaginaient dans leurs têtes était loin de leur quotidien.
Quelque peu gêné par le silence qui régna subitement dans la salle, le jeune homme tenta de briser la glace en souriant avant de demander :

« Alors, ça vous a plu ? Vous en voulez une autre ou vous voulez que je joue à quelque chose avec vous ? »

Ses paroles firent écho aux cris d’allégresse et d’excitation de ces jeunes enfants qui, pour la plupart d’entre eux, perdirent leur calme et sortirent de l’arc de cercle improvisé, se ruant sur le jeune homme pour le harceler de questions et de demandes improbables. Il venait de déchaîner la horde devant lui et se demandait bien comment il allait arriver à la calme maintenant.

Oh boy.








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Alors que je suis encore dans la cuisine en train de finir les préparatifs, j’ignore totalement que le pauvre Kyoshiro est en train de se faire submerger par les enfants ! En effet, entre ceux qui veulent encore savoir d’autres choses et ceux qui cherchent à jouer, c’est la débâcle totale… Et c’est là qu’intervient Hiris encore une fois, et qui telle une Reine lève le doigt ramenant immédiatement un silence improbable, avant de pointer le jeune homme avec.

« C’est décidé. On va jouer ! Plus précisément à chat ! Et je vous annonce dès lors, que c’est moi le chat, et que je vais tous vous manger ! Hahahahaha ! »

Dans un grand rire théâtral, la fillette se lance en plein dans le tas agglutiné voire collé-serré autour du grand garçon, et tapote l’épaule d’un tout jeune bambin qui tentait comme il pouvait de se sauver. Il devient alors lui-même le chat et des hurlements se font de plus en plus fort alors que le jeu va crescendo. Les enfants tentent régulièrement de toucher l’homme aux sabres qu’ils admirent tant mais ne lésinent pas non plus à toucher les autres ! Le jeu se poursuit dans la grande cohue générale où même les plus grands se prêtent à l’expérience, trop heureux de cette bonne humeur absolument gigantesque.

C’est en plein milieu de ce boucan improbable que j’arrive en compagnie de mes collègues marmitons, les victuailles dans les bras. Un grand hurlement de la part de Leora calme illico toute la joyeuse ribambelle et ces derniers en voyant et sentant les plats se mettent immédiatement à table trop heureux de pouvoir se rassasier. S’ensuit le service, et tandis que tous les enfants sont à la grande table centrale, Leora et les quelques à l’âge adultes que nous sommes prenons place à une petite table un peu à l’écart. Leora indique bien sûr une chaise à notre invité qu’elle place entre elle et moi, et nous voilà à déguster le meilleur mets du monde, cuisiné par nos soins.

« Ce midi au menu, ragout de légumes du potager avec biche aux brimbelles ! Bon appétit ! »

Un silence religieux envahit alors la salle, uniquement rythmé par la mastication et le bruit de contentement des enfants qui semblent heureux comme jamais. Je souris en les regardant, tout comme Leora. Une paix, une joie pareille, que je prends soin d’imprimer encore dans un coin de ma tête et de mon cœur. Ces instants de quiétude méritent une prière… Je ferme les yeux et remercie soudainement Azalariane de m’avoir recueillie et permis de pouvoir vivre dans un lieu où la paix existe encore. Je me concentre enfin mon assiette, ne laissant pas une seule miette, trop contente. Le repas se passe tranquillement, quelques discussions banales ont lieu, et au fromage Leora tente une question auprès du jeune Kyoshiro.

« Alors, où allez vous vous rendre ensuite ? En avez-vous une idée ? »

Puis faisant un regard doux mais sérieux, elle lui adresse une ultime question.

« Si vous le voulez, vous pourriez rester ici comme protecteur ? Ca n’est qu’une proposition, je me doute bien que ca n’est pas forcément dans votre intérêt, mais sait-on jamais. En tous cas, les enfants vous aiment bien et vous avez montré un cœur pur, sachez que vous serez toujours le bienvenu ici ! »

Le repas s’achève ainsi, sur cette affirmation de Leora qui me laisse, moi et mes acolytes, bouche bée. Nous débarrassons alors tous les assiettes, adultes comme enfants, et cela fait je vais auprès de Kyoshiro.

« J’imagine que tu souhaites t’en aller, maintenant ? Si oui, je vais t’accompagner jusqu’au port… »

Je le regarde avec une mine triste, comme une enfant qui prend conscience que la fête est bien entamée mais qui aimerait bien que ça dure encore un peu.

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Un jouuuur, mon sauveur viendra…..











Finalement et malgré les quelques appréhensions qu’il avait en arrivant ici, le jeune homme devait avouer qu’il ne se débrouillait pas aussi mal que cela avec les enfants. Qui l’eut cru ? Il arrivait à capter leur attention et à nourrir leur curiosité insatiable jusqu’à ce que, finalement, tous décident de jouer à un jeu que Kyoshiro ne connaissait qu’assez mal. Enfant il n’avait pas eu le loisir de pouvoir jouer de la sorte – les enfants de son âge se faisaient rares, d’ailleurs – mais il en comprit rapidement les règles quand il vit que, après avoir été touché par une demoiselle, l’un des enfants se rua sur ses petits camarades qui tentaient à leur tour de le fuir. Tout se jouait sur le fait de toucher autrui apparemment et c’est ainsi que, les secondes s’écoulant irrémédiablement, le garçon commença à bondir afin d’esquiver les différents chats qui, à force de se succéder, arrivèrent à l’acculer dans un coin.
Acculé et pris au piège, il fut sur le point d’être touché lorsque la providence s’en mêla sous la forme d’une odeur : l’odeur alléchante d’un plat qui accapara l’attention de tous les individus présents dans cette grande pièce. Le repas était finalement prêt ! Se mêlant aux quelques adultes à une table à part, le jeune homme profita d’un repas bien mérité et plus que savoureux, ayant presque oublié ce que cela faisait de manger un bon petit plat à force de négliger sa propre alimentation. Oui ce n’était pas bien de se négliger ainsi, mais malheureusement parfois il n’avait tout simplement pas la possibilité de prendre le temps de se poser et de faire les choses convenablement.

Une fois le repas presque terminé et les estomacs bien remplis, la maîtresse de maison s’adressa à l’invité en lui demandant s’il connaissait déjà sa prochaine destination. Ne pouvait réprimer un sourire d’amusement, il ne tarda pas à faire connaître sa réponse.

« En vérité, pas vraiment. Je me balade un peu d’île en île sans savoir ce qui m’attend, c’est un peu la surprise à chaque fois. »

Bien sûr, une fois sur deux la surprise n’était pas toujours bonne mais ces personnes avaient-elles besoin de le savoir ? Non. Elles étaient heureuses sur cette île et n’avaient pas besoin d’apprendre que le monde n’était pas aussi rose et paisible que leur propre foyer…en supposant qu’elles ne le sachent pas déjà, bien entendu. Mais bien vite cette perspective fut largement balayée par une proposition qui parvint même à surprendre le jeune homme : la maîtresse des lieux lui proposait de rester ici indéfiniment, comme protecteur de cet endroit et de ces enfants.
Une lueur de nostalgie et d’amertume brilla soudainement dans le regard de braise du jeune homme alors qu’il recevait cette information. Il aurait tout donné pour qu’on lui fasse cette proposition quelques années plus tôt, il aurait tout donné pour naître ici car, ainsi, il n’aurait sans doute pas eu l’envie de prendre la mer et aurait vécu en paix pour le reste de ses jours. Entendre cela maintenant était dur, très dur, d’autant plus dur qu’il ne pouvait pas accepter même s’il en avait extrêmement envie. Masquant un soupir de tristesse, le garçon répondit sur un ton posé :

« Cette proposition me touche vraiment, je vous en remercie, cependant je suis au regret de ne pouvoir l’accepter. Je ne pourrais malheureusement pas me contenter de rester sur une seule île alors que le monde me tend les bras. Et puis…des gens attendent des choses de moi et je ne supporterai pas de les décevoir. »

S’autorisant une petite pause, il tint tout de même à rassurer cette femme en lui annonçant qu’il ne désirait pas forcément repartir immédiatement non plus.

« Cependant rien ne m’empêche de rester quelques jours de plus dans les environs, profiter du caractère paisible de votre île me ferait le plus grand bien. »

Bientôt le repas prit finalement fin et, alors que la salle se vidait petit à petit, la charmante demoiselle de tout à l’heure vint lui demander s’il comptait repartir dès maintenant. Balayant sa tête de gauche à droite en signe de réponse négative, il se redressa et, se levant de sa chaise, lui répondit alors :

« Je vais peut-être rester ici encore quelques jours, le temps de recharger mes batteries pour ainsi dire. Mais avant de vous laisser j’aimerai tout de même m’assurer que vous êtes hors de danger et que la femme de tout à l’heure ne tentera pas de représailles contre vous. »

Prenant une légère inspiration, encore un peu barbouillé par la digestion de ce copieux repas, le garçon se tourna vers la demoiselle et, lui posant une main sur l’épaule gauche, lui demanda alors

« Voudriez-vous rester ici pendant que je vais vérifier qu’elle ne prépare rien ? Je dormirai plus tranquille en vous sachant hors de danger. »

Peut-être voudrait-elle l’accompagner pour régler ce souci, mais le jeune homme préférait s’assurer que cette mégère ne tenterait rien de louche à l’encontre de cette blondinette et de ses camarades une fois qu’il ne serait plus là. S’il devait lui arriver malheur après son départ, par sa faute, alors qu’il aurait pu l’empêcher, il ne se pardonnerait pas.








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Un jouuuur, mon sauveur viendra…..





Au moment de débarrasser les tables, les paroles de Kyoshiro ont tournoyé dans mon esprit… Je sais que la curiosité est un vilain défaut mais le problème c’est que ma vie toute entière tourne grâce à cette même curiosité très mal placée. Que ca m’ait rapporté de quoi me nourrir et nourrir les enfants de l’orphelinat ne sera jamais une excuse, je ne le sais que trop bien ! Dans tous les cas, attendant sa réponse, je me revois me questionner sur ce qu’il a évoqué… Des gens attendraient des choses de lui ? Des gens qu’il ne voudrait pas décevoir ? C’est à se demander quelle est son histoire pour qu’il porte à un si jeune âge un fardeau visiblement si lourd sur les épaules. Je n’aimerai pas et ne supporterait surement pas de devoir porter une telle chose, à la manière d’une épée de jugement au-dessus de la tête. Enfin bon, me voilà enfin avec sa réponse, et le verdict tombe enfin : il va rester quelques jours, c’est officiel ! Un sourire illumine mon visage. Voilà qui devrait remonter le moral des troupes, les enfants seront surement heureux d’avoir un camarade de jeu pendant un temps un peu plus long. La suite de sa phrase me fait soulever un sourcil cependant : vérifier que l’autre dinde ne va pas faire de représailles ? Et l’attendre bien sagement ici ? Ahum, comment dire ca…

« Alors là… Je ne vais surement pas vous laisser aller tout seul voir cette euh… Enfin voilà, je en vous laisserai pas y aller seule, je suis tout de même la première responsable de ce qui s’est passé. Et sans vouloir vous décourager, je pense que si tous les gens arrêtés ou remis à leur place par l’intermédiaire de mes informations commencent à se rebeller, cette dame sera le cadet de mes soucis ! Mais c’est très gentil de me prêter main forte sur cette affaire en tous cas… Trop gentil, en fait. »

Je lui adresse un sourire mi-contente mi-désolée parce que j’ai conscience qu’à cause de moi, il se retrouve encore et toujours plus dans de beaux draps. J’imagine que c’est l’histoire de ma vie, rencontrer des gens intéressants et manquer les tuer en les impliquant dans des affaires sordides ? Soit. J’imagine également que je ne pourrai rien y faire, et que c’est ma nature… Je pointe du doigt le port improvisé sur la plage de la petite île et annonce fièrement :

« Si on veut retourner là-bas par contre, on ne pourra pas prendre le bateau de Koto comme tout à l’heure, on va devoir prendre le pédalo ! J’espère que tu as de bons muscles aux jambes, parce que c’est un vieux truc rafistolé… Bref. Allons-y alors ! »

Ouvrant la marche, je nous dirige jusque l’engin susnommé et lui montre la place qu’il doit prendre, prenant celle à côté et me voilà à pédaler comme une forcenée. Avec les années, je me suis fait de bonnes cuisses bien musclées, et j’espère qu’il en a de même ! Sinon, on est pas rendus. Tant est qu’avant que nous ayons eu le temps de nous éloigner assez de la plage, une voix nous appelle et j’arrête de pédaler, me retournant comme je peux. Voyant Soralia arriver en courant un sachet à la main, je devine ce qu’il se passe, et tends bien haut ma main droite alors qu’elle me balance le colis. Et hop ! Paquet attrapé ! Je lui fait un geste de remerciement, et recommence à pédaler tout en ouvrant le petit paquet et montrant alors son contenu au jeune homme.

« Ce sont des palets aux noisettes, celles-là même qui poussent dans la forêt du bout de l’île ! Soralia est une bonne pâtissière elle en fait régulièrement, vous en prendrez bien un ? Il paraît qu’ils sont bons pour la santé et protègent des maux de ventre. Je sais pas ce qu’elle met dedans pour que ca soit le cas, mais je peux vous assurer qu’ils sont absolument délicieux ! Je t’en prie, sers-toi ! »

Le laissant se servir s’il veut, je prends sa suite – ou pas – en me servant un petit palet que je déguste tranquillement. Et puis… Pédale, pédale, pédale, et encore pédale. Voilà une occasion de discuter un peu en tête à tête ! Je lui lance discrètement un regard de côté, et ose un peu m’aventurer du côté des sujets personnels.

« C’est gentil de rester quelques jours, en tous cas, ca me touche… J’espère que le séjour vous plaira ! Ca ne m’étonne pas que Leora vous ait vu comme protecteur, vous respirez clairement la gentillesse et la politesse… Mais je vois bien que vous avez une lourde tâche à accomplir, ca se lit dans votre droiture que vous êtes quelqu’un de déterminé, et j’espère que vous y arriverez. Sincèrement. »

Je m’avance peut-être trop, mais bon… On ne me refera pas, c’est certain. En soi, je ne fais que lui apporter mon soutien, je ne pose aucune question ! Oui, bon, d’accord… Je sais, je sais. La curiosité est sans nul doute le pire de tous mes défauts.


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Un jouuuur, mon sauveur viendra…..












Le moins que l’on puisse dire était que ce repas était le meilleur concentré de saveurs que le jeune homme avait ingurgité depuis ce qui lui semblait être une éternité, et ce n’était pas peu dire ! Tout seul, le jeune homme ne prenait jamais le temps de se faire des repas très évolués et se contentait donc du minimum pour se nourrir correctement, sans fioritures ni excès, si bien qu’il en avait presque oublié à quoi ressemblait un plat préparé avec amour…enfin, en supposant qu’il avait été préparé de cette façon. Tous ses sens étaient en éveil et, l’espace d’un instant, il se serait cru transporté dans un tout autre endroit du temps et de l’espace, comme si le monde s’était mis en pause pour lui laisser le temps de savourer ce qu’il était en train de déguster.
Sa première réaction ? Se dire qu’il allait vraiment devoir se mettre à la cuisine pour apprendre à se faire des plats aussi bons que celui-ci. Oui bon d’accord, ce n’était probablement pas la réaction que vous espériez, mais qu’y puis-je ? Enfin bon. Le repas suivit donc son cours normalement et la pièce se vida petit à petit, laissa les deux camarades en tête à tête pour échanger quelques mots. Si Kyoshiro avait la ferme intention de vouloir régler ce petit conflit avant son départ, si possible sans effusion de sang, il se rendit rapidement compte que sa camarade était aussi têtue que lui et n’envisageait pas de le laisser aller régler ce problème tout seul. Si le bretteur, d’ordinaire, aurait insisté pour ne pas l’impliquer jusqu’à ce qu’elle cède, son intuition lui disait que la demoiselle était aussi butée que lui et que cette lutte ne prendrait donc jamais fin. Mais il n’avait pas l’éternité devant lui, le plus tôt serait le mieux, il devait battre le fer pendant qu’il était encore chaud.

Souriant en voyant la détermination de la demoiselle sur son doux visage, le garçon avoua alors :

« J’aime autant vous savoir hors de danger aussi longtemps que je serais ici. Ce n’est pas particulièrement gentil, c’est simplement le moins que je puisse faire après m’avoir accueilli et nourri de la sorte. Pour le coup, ça, c’était vraiment trop gentil. »

Oh non il ne refusait jamais un repas gratuit mais il n’avait pas l’impression d’avoir fait quoi que ce soit pour le mériter, c’était sans doute pour cela qu’il avait ressenti une telle gêne en recevant cette petite invitation. Mais c’était trop tard, il n’avait pas pu refuser ce délicieux repas et, en échange, il avait décidé de retirer une épine du pied de sa nouvelle camarade. Cette dernière insista en précisant que le jeune homme allait devoir user de ses jambes pour la traversée. Baissant sa tête pour jeter un œil auxdites jambes, le garçon sourit, amusé, tout en répondant sur un ton léger :

« Oh, je pense que mes jambes feront l’affaire. »

Se positionnant dans l’embarcation, le jeune homme regarda d’un œil curieux la nourriture qu’on lui tendant. Encore à manger ? Décidément c’était le paradis sur terre, ici ! Souriant en regardant toute cette nourriture, le jeune homme remercia la demoiselle d’un :

« Je peux ? Dans ce cas, j’en prendrai bien volontiers tout à l’heure. Merci.»

Il avait bien mangé, c’était un doux euphémisme que de dire ça, il devait donc laisser son estomac se reposer un peu avant de repartir violemment à la charge. Non ? Mais bientôt, alors que la traversée suivait son cours, la demoiselle aborda un sujet qui concernait directement le jeune homme. En effet elle comprenait pourquoi on lui avait proposé de rester ici, de par son calme et son apparente gentille. Ne sachant pas trop que dire devant cette avalanche de compliments, le garçon baissa la tête pour éviter de montrer à quel point il rougissait, tentant de balbutier vaguement un :

«Vraiment ? Oh..je…c’est…c’est gentil, merci. »

Oui, il était toujours mal à l’aise quand on le mettait sur le devant de la scène, vous l’avez sans doute compris à présent, non ? Cependant, aussi gêné qu’il puisse être, une partie précise du discours de la demoiselle retint toute son attention. Elle avait remarqué la droiture du jeune homme et ce dernier, désireux d’expliquer le pourquoi du comment, répondit par :

« J’apprécie votre soutien, mais pour tout vous dire cette droiture vient aussi de la voie que je suis. Ma vie est guidée par des valeurs au nombre de sept : droiture, courage, bienveillance, politesse, sincérité, honneur, loyauté. Ça doit sans doute vous paraître un peu compliqué ou barbant de prime abord, je le reconnais, mais c’est comme ça que j’ai choisi de vivre. »

Abaissant son regard vers les deux sabres qui pendaient à sa ceinture, le garçon laissa sa main gauche se poser tout contre le manche du premier d’entre eux, avant de lâcher dans un soupir :

« La voie du samouraï, le bushido. C’est comme cela que s’appelle le chemin que j’ai choisi d’emprunter. »

Rares étaient les gens pour qui le jeune homme prenait son temps d’expliquer ses choix de vie, mais peut-être que cette femme était de ceux et celles dont l’explication ne tomberait pas dans l’oreille d’un sourd. Non ? Mais par réflexe plutôt qu’autre chose, comme s’il espérait que la pilule passe mieux ainsi, le garçon se frotta l’arrière de la tête, confus, avant de lancer :

« Oh, pardon, je m’égare dans mes pensées et je dois sans doute vous ennuyer avec ça. Ce n’est pas très intéressant. Excusez-moi. »

Bientôt l’embarcation arriva à bon port et, s’en extirpant, le garçon tendit la main à la demoiselle pour l’aider à sortir. Ils pourraient ensuite se diriger vers l’antre de la dame, en espérant qu’ils se rappellent du chemin…ils n’avaient pas vraiment pris le temps de dessiner un plan, la fois dernière.









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Un jouuuur, mon sauveur viendra…..





Mon esprit attentif boit chacune de ses paroles alors que nous pédalons encore et encore, et chacun de ses mots font bientôt écho en moi. Bushido ? Je n’avais jamais lu ce mot que dans un des nombreux livres de la bibliothèque relatant d’histoires sur de valeureux guerriers. Je souris, voilà un bien étrange personnage face à moi… Et pourtant si proche de mon île sans le vouloir, parce qu’avec de pareilles valeur dans lesquelles il semble croire et avancer ! C’est typique de l’île, Azalariane est elle-même une Utopie à elle seule vivant dans ces valeurs et dans une entente conviviale où chacun prend soin de son prochain. Tout ce qu’il avance me semble logique, mais la façon dont il m’en parle me dit que je n’ai probablement pas toutes les clés pour comprendre tout dans ce choix de vie. Un peu comme un art, il doit y avoir quelque chose de plus profond dans la façon d’être et d’agir, profondément spirituel… Ce sont des choses auxquelles j’ai encore du mal à réfléchir, et qui me perdent encore pour l’instant. Je n’ai jamais eu le courage de me poser toutes ces questions sur la vie… Je le regarde, et il me fait penser malgré son apparence adolescente à un enfant, dans toute sa pureté, et même son aura. Une innocence émane de lui, ce genre d’innocence que peu de gens ont et gardent surtout. Je lui souris, et dois me retenir de lui ébouriffer les cheveux.

« Tu es bien loin de m’ennuyer avec ca, au contraire ! J’adore apprendre toutes sortes de choses… C’est même ma raison de vivre. »

Baissant un peu la tête, et me disant que nous avons encore quelques minutes avant d’arriver à bon port, je me permets de parler un peu à mon tour.

« De plus je ne peux qu’admirer ton choix, car tu sembles être une personne droite et de confiance avec des valeurs morales bien plus élevée que tout ce que j’ai pu voir. Tu es le premier homme à choisir cette voie que je rencontre, et ca me laisse rêveuse en fait. Je suis très jeune moi aussi et je n’ai pas encore osé prendre de décision parce que j’ai… J’ai…»

Bah, oui, c’est ca espèce de cruche blonde…

« J’ai peur de ne pas savoir toujours faire la différence entre le bien et le mal. A l’origine, je ne faisais que vendre des secrets comme une gosse que j’étais dans l’orphelinat. Maintenant je vends des informations. Chaque chose que je dis a une valeur au sens figuré mais aussi au sens propre. Si tout ce qui sort de ma bouche doit avoir une incidence ca peut être très effrayant, mais je pense également aux bouches que je nourris grâce à ce don empoisonné que le ciel et la mer m’ont offert. »

Un don aussi empoisonné que les roses Rainbow. Un don qui peut être mortel… Mais je n’ai pas plus le temps d’y penser, car c’est la côté que nous atteignons enfin, et je ne dis plus un mot, laissant de côté les choses que j’ai pu dire pour changer totalement le sujet et l’ambiance. Je l’invite à me suivre en ouvrant la marche, sachant précisément par où et comment passer pour retourner dans l’antre de la diablesse. Mais au détour de la dernière rue une belle surprise nous attend, et sans prendre garde je me prends un mouton qui se précipite sur moi pour se fourrer dans mes jambes. Je finis à terre avec un mouton qui me léchouille le visage, et entrevois à peine un peu plus loin l’ogresse de tout à l’heure et… Oh… Oh là… Oh mon dieu, mais c’est trop grand, c’est quoi ce machin ?! Une sorte de femme gigantesque très très… Très… Bon sang, le mouton va finir par me bouffer, à me ratiboiser comme ça et en plus je crois qu'il bouffe mes cheveux ! J’entends alors le truc géant se rapprocher alors que l’autre crie un « ce sont eux » et une voix assez rauque s’élève juste après.

« Vous n’aurez pas mon mouton en plus de la biche ! Vous allez payer le prix fort pour avoir désappointé ma femme, mécréants !!!! »

Mes yeux s’écarquillent, et je ne peux que me demander… Bon sang, mais dans quel bordel je me suis encore fourrée ?!

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Mar 26 Mai - 16:15





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D’habitude c’était plutôt le rôle du jeune bretteur de celui qui écoutait les autres s’ouvrirent à leur interlocuteur, dévoiler leur cœur ou leur identité pour ainsi dire, mais aujourd’hui - sans vraiment s’en rendre compte – le jeune homme avait interverti les rôles, devenant celui qui s’ouvrait à l’autre. C’était inhabituel, ce n’était rien de le dire, mais peut-être avait-il simplement besoin d’expliquer ses motivations à quelqu’un de temps en temps…peut-être avait-il besoin de quelqu’un le comprenne, pour ainsi dire.
Rares étaient les personnes qui empruntaient la voie qui était la sienne et, dans ces conditions, il ne pouvait espérer qu’une jeune femme telle que celle-ci puisse réellement le comprendre, mais cela ne coutait vraiment rien d’essayer…n’est-ce pas ? Étant persuadé qu’il ne faisait qu’ennuyer son interlocutrice avec ses explications qui n’intéressaient que lui-même, le jeune bretteur fut surpris d’apprendre que ce n’était pas du tout le cas et que, au contraire, son interlocutrice était guidée par sa soif de connaissances.
Souriant en apprenant cela, le bretteur ne fit que répondre simplement :

« Se laisser par sa soif de connaissance…en voilà une chose admirable. Vos proches peuvent être fiers de vous, rares sont ceux qui vivent pour une raison aussi simple et pure.»

Il existait autant de raisons de vivre qu’il y avait d’habitants sur cette maudite planète et, en ce sens, toutes les raisons n’étaient pas pleines de bonnes intentions…loin de là. Au cours de ses pérégrinations le jeune bretteur avait rencontré des individus mal intentionnés et, le moins qu’il puisse dire en posant les yeux sur cette jeune femme, était qu’elle n’avait rien en commun avec les individus de cette espèce. Il n’y avait aucune trace de vice ou de quelconque perversité dans ce regard et donc, de ce fait, aucune raison de douter de ses motivations…n’est-ce pas ?

Bientôt la demoiselle vint à surprendre encore davantage son interlocuteur en lui avouant qu’elle comprenait son choix mais, qui plus est, elle l’enviait d’une certaine façon car, pour une raison qui n’appartenait qu’à elle seule, elle n’avait pas été capable de faire un choix d’une telle envergure. Vivre en respectant à la lettre un certain nombre de valeurs n’était pas chose aisée, beaucoup ne pouvaient même pas envisager de le faire car cela nécessitait une bonne dose de détermination et d’abnégation, mais qui qui empruntaient cette voie ne pouvaient envisager de vivre autrement qu’en suivant ce chemin. Kyoshiro était de ceux-là, tous comme ses frères d’armes du dojo.
Ainsi, se penchant vers la demoiselle en voyant la côte se rapprocher petit à petit, il répondit à sa camarade :

« Dans ce monde il faut des personnes vertueuses pour tendre une main aux plus faibles, pour les protéger des personnes pour qui la morale ne signifie rien. Nous ne sommes pas nombreux à suivre cette voie assidument…mais j’aime à croire que nous aidons à changer les choses, à notre petit niveau. Je ne suis pas vertueux…pas autant que je le devrais en tout cas, mais je m’efforce de m’améliorer un peu plus chaque jour. C’est le moins que je puisse faire. »

Il n’était clairement pas assez arrogant pour se croire vertueux et meilleur que tous les hommes qui arpentaient cette terre, il se savait plein de défauts mais chaque jour était un interminable combat pour se débarrasser de toutes ces impuretés. Pourquoi ? Afin d’être meilleur, plus digne de la chance qui lui avait été donnée…cette chance de faire quelque chose de sa vie en aidant les moins chanceux que lui, cette chance de changer les choses.
Il voulait aider les gens car on lui avait donné une seconde chance, une opportunité de repartir à zéro et aujourd’hui il comprit enfin qu’il était face à une de ces personnes qui avaient bien besoin d’une main tendue. Cette demoiselle était perdue, aveuglée par les ténèbres qui corrompaient ce monde si bien qu’elle ne faisait plus la différence entre le bien et le mal…mais au moins elle s’en rendait compte, tout n’était pas perdu. Elle avait un choix à faire, user de ses informations à bon escient ou – dans le cas présent – les vendre au plus offrant car elle n’avait pas le luxe de jouer la fine bouche. Des gens dépendaient d’elle, pouvait-il vraiment se permettre de choisir ses « clients » quitte à moins gagner et affamer ses compagnons ? Bien sûr que non et c’est avec cette évidence en tête que le garçon lui lança le premier conseil qui lui venait en tête :

« Le savoir est l’arme la plus importante qui soit, il convient à tous ceux qui la possèdent de veiller à ce qu’elle ne tombe pas entre de mauvaises mains. Mais je comprends votre dilemme : faire ce qui est juste ou nourrir les vôtres. Je ne prétends pas pouvoir vous aider à trancher là-dessus, ce serait arrogant et présomptueux de ma part, mais je peux vous aider concernant vos bouches à nourrir afin que le choix soit un peu plus aisé. »

Prenant une petite pause dans son speech, le jeune homme croisa ses bras devant sa poitrine et posa ses yeux sur l’horizon avant de reprendre :

« Sans me vanter, je suis doué pour les activités manuelles et j’ai acquis quelques ressources pécuniaires au cours de mes pérégrinations. Je suis sûr que vous pourrez en tirer quelque chose de ces deux « cadeaux », ne croyez-vous pas ? »

Sur ces belles paroles les deux individus arrivèrent sur la terre ferme et, suivant la demoiselle, le jeune homme fit face à une situation pour le moins inattendue. Tapant violemment entre ses mains pour que le bruit fasse fuir la bestiole qui s’accrochait un peu trop à sa camarade, le bretteur se plaça en fin du colosse qui se ruait vers lui avec des intentions clairement hostiles. D’autres n’auraient pas hésité à faire parler les armes pour se faire entendre mais Kyoshiro savait que cela n’amènerait rien de bon. Ainsi il resta planté là, sur le chemin du colosse qui s’arrêta à une distance respectable de son interlocuteur. Celui-ci se racla la gorge pour s’éclaircir la voix avant de débuter son explication :

« Excusez-vous de vous importuner mais nous avons à discuter, vous et moi. Je ne cherche pas à vous voler quoi que ce soit, mais à régler ce conflit naissant. Votre femme a essayé de réduire en esclavage ma camarade, ici présente, pour ses seuls caprices culinaires. »

Laissant à son interlocuteur le temps d’enregistrer ces premières informations, le garçon laissa quelques secondes s’écouler avant de reprendre par :

« Je suis prêt à vous rembourser pour la biche si vous pouvez m’assurer que votre femme ne tentera pas de choses de ce genre envers ma camarade. Pouvez-vous me le promettre ? Vous désirez, je l’espère, la paix tout autant que moi. »

Si les mots n’arrivaient pas à atteindre cet homme alors Kyoshiro allait devoir user de la chose qui marchait toujours avec ce genre de personne : l’argent. Désirait-il la paix ? Si ce n’était pas le cas alors le bretteur allait devoir faire ce qu’il détestait faire plus que tout : dégainer son sabre.








© Never-Utopia

Tadake Kyoshiro
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