La question n’avait pas été tout à fait innocente. Quel que fut le projet, l’idée de laisser ma progéniture à de parfaits inconnus ne me plaisait pas. En fait, plus que de savoir ce qu’il deviendrait, je voulais savoir à quel point eux, ils voulaient de cet enfant. Je voulais connaître le prix qu’ils mettaient sur lui. Car jusque-là, l’examinatrice avait voulu me faire croire que je n’avais pas le choix, que je devais accepter tout ce qu’on me demanderait si je souhaitais entrer dans la Section Scientifique et réaliser mes rêves. Mais je n’étais peut-être pas la seule à convoiter quelque chose. Oui, ils pouvaient m’apporter ce que je désirais le plus au monde. Mais je pouvais choisir de leur laisser ou non un bébé, qui, clairement, représentait un « grand intérêt ».
Sagement, j’écoutais la réponse de la dame, les bras croisés sur la table qui nous séparait. Et elle ne me satisfit qu’à moitié. J’avais bien la confirmation qu’ils avaient de grands projets pour lui, mais malheureusement, pas dans la Section Scientifique. En fait, je devais m’avouer avoir imaginé quelques excentricités scientifiques, comme une étude secrète qui aurait fait de lui un surhomme, ou quelque chose de ce genre. Ceci dit, je n’avais pas vraiment obtenu d’informations sur ce projet. Tout ce que je savais, c’était que ce ne serait pas rien.
Quant à cette histoire d’élitisme, je m’en foutais pas mal. Surtout dans le gouvernement. Il pourrait devenir pirate, chasseur de prime ou rien du tout, tant qu’il ne devenait pas un trou du cul bon à suivre des ordres sans réfléchir, ça m’allait. De toute façon, ce n’était pas à moi de choisir qui il deviendrait. Ce n’était qu’un bébé pour le moment, mais en grandissant, il écrirait lui-même son histoire, et seuls ses choix et ses actes le définiraient réellement. A vrai dire, tout ce que je voulais, c’était qu’il grandisse bien. Pas que sa vie soit facile, merveilleuse et remplie de bisounours, mais juste qu’on prenne soin de lui, comme ma mère et mes grands-parents l’avaient fait avec moi. Mais je pensais comprendre que si j’acceptais, ce ne serait pas le cas.
En tout cas, j’avais la confirmation qu’au contraire de ce qu’on avait voulu me faire croire, des négociations étaient envisageables. Alors, je souris :
▬J’accepte.
Fais une pause, marque le suspens ! Et profites-en pour réfléchir à ce que tu veux... Des pacifistas ? Un laboratoire gigantesque rien que pour toi ? Toutes les dernières technologies et inventions en chimie ? Pouvoir changer de sexe à volonté ? Etre mise sous l'aile des plus grands scientifiques du monde ?
▬J’accepte seulement si je peux faire partie du projet, et garder un œil sur lui. Je vous l’ai dit, je ne compte pas le laisser à des inconnus. Si je dois me soumettre à ça malgré tout, je veux être mise au courant de tout ce qui le concerne.
C'était pas ce que je voulais éviter, ça ? Merde.
Trop tard pour revenir en arrière. Si ma proposition était acceptée, je devais me préparer à un exercice particulier : voir mon enfant grandir sans assumer nos liens familiaux.
By Halloween sur Never-Utopia
Résumé : Visiblement, ça arrangerait bien la marine d'avoir le bébé. Donc Etsu ouvre les négociations, en réfléchissant à ce qu'elle voudrait le plus au monde... et elle demande à être faire partie du {#}projetbébé{/#}