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| |  Ven 22 Sep - 17:38  Pseudo  |
- Nom : Lopp
- Prénom : S.K.
- Surnom : Le raté.
- Âge : Inconnu, environs 170 ans.
- Sexe : Masculin.
- Race : Humain
- Lieu de naissance : Flevance - North Blue.
- Camp : Le bon, sauf quand il se trompe.
- Métier : Timonier et navigateur.
- FDD / Arme : Épée, lance et fusil / Yomi yomi no Mi (paramecia de la résurrection)
- Équipage : ...
- Buts / Rêves : Son objectif semble être celui d’aider les plus faibles et de combattre le mal sous toutes ses formes, mais son véritable rêve pourrait s’avérer plus égoïste en inscrivant son nom dans la légende – ses délires le plongent peut-être dans une quête impossible à achever.
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Description Physique
Aux premiers regards S.K. pourrait paraître comme un homme entre deux âges, plutôt ordinaires quoi que son visage puisse exprimer une grande lassitude ou, l’instant d’après, une énergie féroce mêlée de désespoir. L’épaisse barbe dont l’entretient laisse parfois à désirer et qui encadre sa mâchoire carrée assouplie quelque peu ses traits sévères, soulignés par une bouche aux lèvres minces et des yeux sombres eux-même surplombés par des sourcils inquisiteurs. En apparence donc, S.K. ne semble pas d’un naturel avenant ou social. Ses sourires sont rares bien que ses rides témoignent qu’il n’en est pas complètement incapable. En outre, sa voix comme sortie d’outre-tombe ne laisse jamais deviner la nature de son humeur, toujours affable, tantôt ironique, tantôt menaçante. Alors quand il se met à rire c’est une véritable explosion qui secoue son corps et humidifie ses yeux radoucis par une curieuse étincelle. Lors de ces moments, ses cheveux d’ordinaires maladroitement coiffés en arrière dans une tentative de professionnalisme se livreront à une guerre civile, transformant le haut de son crâne en un champ de bataille où s’affronteront épis, boucles et autres mèches rebelles.
Rare preuve de sa coquetterie S.K. ne se sépare qu’en de très rares occasions de l’écharpe qu’il noue autour de son cou, robuste, mais barrée d’une cicatrice qui provoqua hauts le cœur et remarques désobligeante. En dehors de ça, en tant qu’officier de la marine il porte le traditionnel uniforme blanc et bleu parfois complété par une casquette et toujours en compagnie de sa ceinture où pendent épée et pistolet. Si cette tenue dévoile sans aucun doute son affiliation au Gouvernement Mondial, elle est toutefois assez ample et banale pour masquer la stature de son propriétaire. En effet, S.K. est loin d’être aussi chétif qu’on pourrait le croire. Ses épaules sont larges et témoignes d’une vie faites d’exercices physiques quant à ses mains, fermées en un poings, elles évoquent la taille d’une poêle et les dégâts capable d’infliger. Son tronc large reposant sur deux jambes puissante ne laisse aucun doute à un observateur averti quant à la nature militaire de S.K. et provoque le doute chez qui voudrait ébranler cet homme dont les fondations semblent enfoncées profondément dans le sol.
Avec le temps, S.K. a appris à contrôler non seulement son environnement, mais aussi et surtout l’impression qu’il pourrait dégager. Son pas léger et ses mouvements mesurés révèlent douceur et calme, mais l’économie dans la dépense d’énergie frappera ceux qui purent le voir au combat où se dévoile un homme fort et à l’attitude engageante, voire agressive selon le côté d’où l’on se trouve. Cette dualité peut surprendre, mais elle n’est guère que l’expression d’une profonde confiance qui se caractérise également dans les ouvertures qu’il laisse bien en évidence. Il semble alors facile d’y trouver un endroit où frapper comme un lieux de repos, de protection. Haut de près de deux mètres, à la fois lourd et discret, S.K. évoque un chêne, un bel arbre où vous réfugier de la pluie, mais qui pourrait peut-être vous broyer entre ses branches.
Description Mentale
La personnalité de S.K. à bien des égards est complexe et s’explique en partie par son âge avancé, sa vie riche en émotions – et sa mort qui le fut tout autant – et bien sûr par les choix qu’il fit et ceux qui lui furent imposés. Homme de peu de mots, mais s’amusant des tournures et des malentendus qu’ils peuvent favoriser, S.K. est surtout un homme de parole. Du genre que l’ont tient au risque d’y perdre son âme où nul ne viendra la trouver. C’est peut-être pour cela qu’il a choisis de les guider, non comme élément d’une justice punitive et répressive, mais plutôt en permettant à chacun de réaliser son plein potentiel. Libre à vous de vous saisir alors de cette chance, mais S.K. n’est pas un homme duquel on se moque impunément et si sa nature n’est pas rancunière, elle n’en est pas pour autant ingénue. La coexistence de son éducation libre, d’un héritage riche et de ses expériences fit de S.K. un homme certes difficile d’accès, mais d’une probité sans faille, ou presque.
Son existence actuelle tient des facultés d’un fruit du démon et ce savoir, cette conscience de la fragilité de la vie a évidemment eu des répercussions ou plutôt des séquelles sur son tempérament. En plus des troubles qui affectent ponctuellement le cours de sa vie en propulsant sa mémoire dans le passé, cette non-vie qui est la sienne a aussi eu pour conséquence une attention farouche à là protection de la vie de quelques manières puissent-elles s’exprimer, comme l’art, la liberté et bien sûr l’amour. C’est contre ceux qui se dressent entre les hommes et leur vie que S.K. prends les armes. Il prouvera alors qu’il est possible de conjuguer sensibilité et acharnement. Son entêtement peut alors lui jouer des tours ce que S.K. n’admettra jamais, retournant à son avantage les mêmes erreurs desquelles il avait pourtant été avertis.
En plus de cette mauvaise foi proverbiale, S.K. est également considéré comme un élément instable par ses supérieurs qui refusèrent systématiquement de lui accorder le droit de diriger son unité, bloquant d’un côté son évolution et accentuant d’autant plus sa frustration. Il apparaît dans ces moments-là comme particulièrement colérique et irritable, dévastant sur son passage tout ce qui pourrait dans ses délires provoquer sa foudre. Cette incapacité à se contrôler dans ces moments et à reconnaître par la suite ses torts provoque bien souvent une fracture entre lui et les autres officiers qui ne voient dans son rang que le résultat d’une carrière longue, mais infructueuse.
Aussi obstiné soit-il S.K. et néanmoins capable de reconnaître des individus comme étant d’une valeur particulière, capable de le conseiller, de lui apprendre certaines choses ou même de le remettre à sa place. Tenus en haute estime, ces rares personnes sont alors à l’abri de toute critique au risque de déchaîner sa colère, mais elles peuvent également compter sur sa loyauté et sa force face à toutes les épreuves de la vie. Un dévouement à la fois précieux, mais également encombrant donc tant S.K. peut se montrer intense, sans compter sur la poisse légendaire qui semble lui coller à la peau et qui risquerait, pour les plus superstitieux, de le desservir comme les bruits de couloirs peuvent le rapporter régulièrement. En définitif S.K. pourrait être présenté comme une formidable lance, efficace, mais inflexible, redoutable mais difficile à maîtriser. .
Histoire Première partie.La mère de S.K. fut arrêtée en 1337 à Flevance, la Ville Blanche, pour les crimes de haute trahison, d’espionnage et d’intelligence avec l’ennemi, bien que ce dernier point semblait peu crédible au point d’en faire rire certains. Cela se passa peu de temps après l’échec spectaculaire d’un coup d’état auquel prit part son époux – le père de S.K. - et les braves citoyens ne manifestèrent aucune pitié à l’égard d’une famille de traîtres parce que, brusquement, tout le monde se sentit patriote bien que parmi eux il y en avait de nombreux qui grimaçaient et boudaient l’actuel gouvernement. Une opération politico-arithmétique qui ne surprend aujourd’hui plus personne à une époque où la vérité est quantique, changeant de forme quand on l’observe. Alors, qu’est-ce qui avait pu pousser cet homme, militaire respecté et fort d’une impressionnante carrière, à ainsi mettre en péril son nom et son patrimoine dans un projet aussi absurde que celui-ci? Avait-il été manipulé par ses adversaires ? S’était-il épris d’une autre femme ? A moins que cette folie ne soit que le résultat de sombres passions, pétries d’orgueil et d’avarice ? Quoi qu’il en soit il emporta son secret dans la tombe, dans les faits une simple stèle qui ne se distinguait de la fosse commune que par cette curieuse épitaphe maladroitement gravée : Puisqu’un homme ignore ce qu’il quitte, qu’importe de le quitter plus ou moins tôt. Quant aux funérailles, elles furent surtout l’occasion de conclure que ce cinq novembre n’allait pas être le choix le plus judicieux pour menacer de faire sauter le Parlement où avait justement été voté quelques heures plus tôt sa future démolition. Considérant en plus que sans la lettre exprimant leurs revendications et qu’on retrouva épinglée partout dans la cité les conspirationnistes auraient presque pu faire passer leurs exactions pour un excès de zèle. En ultime pieds de nez, la cabale fut même remerciée d’avoir fournie la poudre. Finalement, personne ne se souviendrait de ce non-événement et les arrestations se déroulèrent au mieux dans l’indifférence générale, au pire sous les moqueries de ceux qu’on surnomma les con-ploteurs. Le père de S.K. passa devant le peloton d’exécution moins d’une semaine après, les balles claquèrent brièvement, sans écho. Plus tard, au sein de son cercle d’amis, naguère constitué de l’élite bourgeoise et militaire, on murmurait que tel était son destin et que les hommes de cette famille finissaient tous fous ou plutôt par « perdre le sens des réalités » précisait-on avec un certain sens de l’euphémisme. Ils n’avaient en effet guère oublié que le grand-père de S.K. s’était lui-même tristement illustré des années auparavant lors de la tragique bataille de Montessaro qui avait coûté la vie à de tant de fils, de frères et de pères dans de troubles circonstances où se mêlèrent en un fatal méli-mélo trahisons et déveines. Certains se souvinrent même – en dépit de preuves solides et grâce à des témoignages discutables voire farfelus – que ses aïeux des siècles plus tôt avaient tous en leur temps défrayés la chronique de par leurs comportements erratiques et s’ils s’étaient montrés capables du meilleur, on en retint surtout le pire. De fait, l’histoire familiale ne semblait n’être qu’une succession d’échecs, de mauvaises décisions et de malchance qui avaient lentement défraîchis les armoiries d’une dynastie autrefois auréolée de prestige et qui remontait aux fondations du royaume. D’une génération à la suivante histoire semblait condamnée à se répéter pour les précipiter vers l’infamie ou, et c’était peut-être pire encore, l’oubli. Tenons-nous là l’explication, celle d’une ultime tentative pour marquer l’Histoire et enfin briser la malédiction avant que son unique fils n’en fasse à son tour les frais ? Ironiquement, il l’aura probablement précipité vers cette issue comme dans une sorte de prophétie autoréalisatrice à l’humour douteux. Un tribunal ne s’embarrasse pas de considérations métaphysique et n’est pas réputé pour prêter attention aux questions existentielles en temps normal alors le jugement de cette femme qui n’avait semble-t-il pour tort que celui d’avoir épousé un imbécile ne se prêtait pas à reconsidérer d’abstraites implications. Ainsi la condamnation à la peine capitale relevait de l’évidence et le couple aurait pu reposer pour l’éternité dans les tourments que seuls peuvent éprouver ceux qui échouèrent face à un destin qu’ils refusèrent. Toutefois, tel ne fut pas le cas. Et la raison n’était nul autre que S.K. lui-même. Non qu’il brillât par sa rhétorique au barreau en assenant des arguments logiques et indubitables prouvant que sa mère n’était impliquée d’aucune façon dans tout acte de séditions. Il en aurait été d’ailleurs incapable car de telles preuves n’existaient pas – l’implication de sa mère dans cette histoire demeura d’ailleurs un sujet tabou jusqu’à la fin de sa vie – et parce qu’il n’était alors âgé que d’une dizaine de mois ses éloquents babillement n’auraient probablement convaincu personne. Cependant, si la cour martiale pouvait séparer un corps de sa tête, un bras de sa main, une bouche de sa langue sans cligner des yeux ou hausser un sourcil, elle n’avait pas cœur à priver un enfant du sein de sa mère et le juge usa de la seule arme de son attirail judiciaire qui lui permettrait d’affirmer sa position et de dormir encore la nuit : l’exil. Définitif et sans délais. Une décision accueillie avec un certain soulagement par la population qui se félicitait de sa diligence et de sa générosité à l’égard d’un élément dissident. La tempête qui accompagna le départ de S.K. et sa mère fut alors tout à la fois littérale et métaphorique, comme si l’île dans un gigantesque crachat se débarrassait d’un élément coincé entre ses dents depuis trop longtemps, enfin était-elle soulagée. Habituée qu’elle était à sa présence tout autant gênante que rassurante comme peut être rassurant ce qui semble éternel et familier, Flevance eut un temps l’impression étrange que quelque chose manquait. Jusqu’à ce que ce sentiment s’évanouisse et qu’elle l’oublie comme ce banc devant lequel vous passiez chaque jour et qui un matin n’était tout simplement plus là. Durant près de vingt ans S.K. et sa mère vécurent tels des fugitifs, incapables de s’intégrer à une société qui les rejetait comme un organisme vivant se débarrasserait de microbes. Errant d’une ville à l’autre, S.K. ne connaissait rien de la stabilité et de l’équilibre, sinon ce que représentait sa mère et ce qu’elle consentait à lui offrir. Laeti était une jeune femme coriace et ce dès son plus jeune âge, au caractère bien trempé et promise à vie une solitaire jusqu’à sa rencontre avec son futur mari. A son contact, son esprit libre voire libertaire ne s’était pas émoussé, bien au contraire et s’aiguisa davantage malgré l’influence de leurs familles aristocrates toutes deux habituées à l’ordre et à la discipline. En tant que mère, elle adapta l’éducation dont elle s’était sentie prisonnière pour former son fils avec la rigueur d’un militaire et les idéaux d’une anarchiste, un cocktail explosif qui ne manquait pas de se retourner contre elle, comme les essais d’un chimiste avide dans le développement d’une nouvelle arme. Au demeurant, Laeti aimait profondément son fils et ne se montrait jamais inutilement dure ou injuste et S.K. idolâtrait sa mère comme une figure presque mythologique. Naturellement, la vision qu’il entretenait de son père et de sa patrie d’origine dépassait parfois la réalité ce que Laeti peinait à rectifier, ses propres récits étant eux-même d’une nature si épique qu’ils se confondaient avec des pamphlets provocateurs et enflammés lesquels ne faisaient que renforcer la détermination de l’adolescent d’alors. Du taudis dans lequel ils vivaient, quand les finances le permettaient, s’élevaient alors des protestations, des objections et parfois de véritables réquisitoires qui ne manquaient pas d’alerter voisins qui, s’ils n’y prenaient pas part activement en appelaient aux forces de l’ordre face auxquelles mère et fils se liguaient alors instantanément pour mieux reprendre leur débat derrière les barreaux d’une cellule – à seize ans S.K. y était plus habitué qu’à une véritable chambre. En parallèle à cette instruction morale et philosophique S.K. eut la chance – une façon de dire qu’il n’avait eu guère le choix - d’exercer de multiples petits boulots permettant de remplir leurs bourses et par la même occasion leurs ventres vides depuis trop longtemps. Habile de ses mains et ne rechignant jamais, même face aux tâches les plus ingrates, le jeune garçon parvenait à trouver sa place parmi ouvriers et artisans. Jusqu’à ce qu’il finisse invariablement par se faire virer à coup de pompes dans le derrière après une erreur évidente ou prit sur le fait à chaparder une poule ou des fruits, ce qui s’accompagnait d’une mauvaise foi à toutes épreuves, parfois si convaincante que le tissu de la réalité en était compromis. Il faut reconnaître à S.K. une imagination à toute épreuve et une habilité dans son éloquence lors de l’élaboration d’un mensonge aussi flagrant que désarmant. Capable de vous convaincre que deux lignes parallèles peuvent se croiser et que sur sa dette de quarante Berrys il ne vous en doit plus que vingt, puisqu’il aura dans un mois déjà remboursé la moitié. La plupart des gens le prendrait pour un idiot, mais ce serait passer à côté du fait qu’il est un idiot parfait. Cependant, l’une de ses farces, comme se plaisaient-on alors à en parler, ne fut pas au goût d’un officier de la Marine particulièrement laid nommé Eric Gatz. Ce dernier se plaignait du reflet que lui rendait un miroir chez le barbier où les deux hommes patientait. Après un moment, l’officier cessa enfin de gémir au sujet de ses trop grandes oreilles quand S.K. décida de l’imiter. Étonné, Gatz lui demanda ce qui le chagrinait à ce point car dans sa jeunesse S.K. était plutôt bel homme. « Sauf ton respect, répondit ce dernier, tu t’es regardé un bref instant et cela t’a suffit pour pleurer une heure, mais nous qui te voyons à longueur de journée, n’avons-nous pas le droit de pleurer plus longtemps ? » Les autres clients eurent toutes les peines du monde à conserver leur sérieux au risque de s’attirer les foudres de cet officier réputé opiniâtre, mais c’était trop dur pour le barbier qui, prit d’un fou rire incontrôlable, trancha l’oreille. Le morceau chuta dans un bruit sourd que son ancien propriétaire ne pouvait pas entendre, non en raison de la récente ablation, mais parce que couvert par les rires de tous les hommes présents. Les conséquences ne se firent pas attendre, les moqueurs furent condamnés à trois jours de pilori et le barbier à se défigurer de la même façon. Quant à S.K. qui avait soufflé dans l’oreille qu’il était mieux ainsi, Gatz lui réserva un aller simple pour le bagne où, tout le monde l’admit bien volontiers en se remémorant ses fameuses farces qui tenaient finalement plus de la fourberie, il méritait qu’on lui enseigne les règles de ce monde. D’une certaine manière, ni Laeti ni S.K. ne furent surpris par cette décision, c’était une conséquence logique et à vrai dire le plus étonnant était que cela n’arriva pas plus tôt. Bien sûr, ils ne contestèrent pas la sentence. Le jeune homme ne pouvait en être sûr, mais il avait même le sentiment que sa mère était plus fière de lui qu’elle ne l’avait jamais été auparavant et leur séparation s’effectua sur une promesse, celle de ne jamais corrompre leur liberté, leur désengagement des maux de ce monde et qu’ils avaient acquis au prix fort. S.K. jura et à seulement vingt deux ans il était persuadé qu’il ne verrait plus jamais le visage de cette femme qu’il appelait maman. Cette séparation s’avéra plus difficile à vivre que S.K. ne l’avait envisagé. L’absence de sa mère qui avait toujours été là pour lui et n’avait eu de cesse de le mettre au défi se fit cruellement ressentir dans les premiers jours et avant-même qu’il n’arriva à Seppen Town où il était promis à un « programme de redressement pour personnalité antisociale ». Durant le voyage, la légèreté de son attitude face à ce qui l’attendait là-bas et l’insatiable curiosité qu’il nourrissait en s’adressant autant à ses geôliers qu’à ses compagnons d’infortunes ne rencontra pas de sympathie, bien au contraire et il avait toujours le don pour s’attirer les foudres tout en jouant à l’imbécile, bien qu’il ne s’agissait pour lui nullement d’un jeu. Pour autant, S.K. n’était pas naïf au point de croire que ce qui l’attendait serait une partie de plaisir et de réelles craintes vinrent le tourmenter dans ses rêves car il ignorait comment il tiendrait parole lorsque l’administration pénitentiaire chercherait à l’intégrer dans ses rouages. Deuxième partie.Dans les récits qu’elle narrait à S.K. lorsqu’il était encore un enfant, Laeti décrivait Flevance comme une cité à la blancheur immaculée et à la beauté presque irréelle. La jeune femme s’était toutefois montrée intraitable sur la question et jamais ils ne s’en approchèrent assez pour que S.K. puisse l’admirer de ses propres yeux. Alors, en cette matinée d’hiver où il découvrait à l’horizon l’île de Seppen Town couverte de neige et réfléchissant les rayons dardés par un Soleil aveuglant, il l’a trouva magnifique et ses souvenirs montés de toutes pièces lui revinrent à la mémoire. Si Flevance était plus belle encore, alors il se promit de le vérifier personnellement. D’ici, rien ne laissait présager toute la misère que Seppen Town pouvait receler en son sein et même les plus hargneux des passagers s’abandonnèrent un instant à cette contemplation. Quand ils débarquèrent une bourrasque d’un vent glacial, sec comme une gifle, se chargea de les ramener à la réalité. En une rangé silencieuse seulement interrompue par le tintement de leurs menottes, les détenus s’avancèrent jusqu’à la prison qui s’élevait en son centre et dominait la ville dans une menace muette. A cette époque, la caserne de Seppen Town n’avait pas la renommée qu’elle entretient aujourd’hui depuis que le Vice-Amiral Burlmeister Piso y a été nommé, les remparts de l’île avaient davantage pour fonction d’empêcher les évasions que celle de repousser les attaques et si le chocolat chaud qu’on servait dans les bars était déjà délicieux sa réputation ne s’était pas popularisée dans tout North Blue. Le quotidien des habitants était rythmé par les saisons et, dans une certaine mesure, il en était de même pour les détenus pour qui les tâches habituelles variaient du tressages de filets à la taille de pierre et autres travaux manuels. S.K. était parmi les plus jeunes et durant les premiers mois il subit de plein fouet les terribles condition de la détention. Les murs très concrets qui s’opposaient à sa soif de liberté le blessaient parfois jusque dans sa chair, mais c’est surtout son esprit qui se retrouvait fragilisé par la privation non du luxe duquel il n’avait jamais été l’esclave, mais de son indépendance, de son audace qu’il chevauchait tel un nomade des steppes. Le jeune homme, malgré son éducation, était un mauvais lecteur car les maigres ressources dont lui et sa mère disposaient ne permettaient pas à l’époque d’assouvir sa soif de littérature. La bibliothèque de la prison était succincte et poussiéreuse, mais.. il y a toujours au bout du chagrin, une fenêtre ouverte, une fenêtre éclairée. C’est là qu’il se forgea un amour du livre qui le suivra toute sa vie et surtout sa première véritable amitié. William Kaltenbrunner était plus âgé de quelques années et devait sa présence ici à une série d’actes de vandalismes – trois incendies volontaires, un déclenchement d’émeute, quatorze bagarres et même deux inondations dont il se serait rendu responsable sans que S.K. ne comprenne exactement comment – et ses broutilles comme le décrirait l’intéressé, auraient causé l’effondrement de sa ville. En prison il ne s’était guère assagi et était la plupart du temps assigné aux tâches les plus répugnantes comme laver les latrines ou se débarrasser des déchets. S.K. et lui s’étaient rencontrés au cours d’une de ces corvées et ils reconnurent chez l’autre une véritable âme frère, comme deux faces d’une même pièce ; en dehors des questions d’hygiènes que William se contentait de balayer d’un geste de la main. Les deux hommes partageaient leurs rêves et aussi leurs peines. William, en plus de ses activités révolutionnaires, se plaisait d’ailleurs à se présenter comme un poète et un dramaturge bien que ses « œuvres » échappaient à toutes interprétations et à toutes critiques de par leur caractère éphémère puisque réalisées seulement où elles n’étaient pas désirées. A qui voulait l’entendre il répétait aussi que comme pour tout grand artiste son succès se devait d’être posthume et il menaçait régulièrement les surveillants qu’il se jetterait dans l’océan s’ils tentaient de l’empêcher de s’exprimer. Des gardes qui, soit-dit en passant, n’en avait strictement rien à secouer. Avec tout ça, il serait exact de dire que William fut un grand soutient pour S.K. et qu’il parvint en ces temps difficiles à protéger l’âme de son ami qui se serait délitée. Qui, comme la neige recouvrant l’île, se serait changée en boue à force d’être piétinée par les hommes. Toutefois, l’influence qu’il eut sur S.K. ne fut pas entièrement bénéfique. Le poète était en effet obsédé par la vengeance. Il n’avait jamais expliqué ce que sa ville lui avait fait subir, mais sa colère était un incendie soigneusement entretenu et ses braises finirent par attiser S.K. et les ressentiments qu’il nourrissait à l’égard de Flevance. Ce que Laeti avait maintenu tant que bien que mal à l’état de cendre s’élevait comme une flamme qui s’emparait du jeune homme. Lorsqu’il sortirait d’ici il se rendrait immédiatement à Flevance pour faire payer ses bourreaux. De cette colère, de cette fureur, il ne sortirait rien de positif. Alimenté par des délires et privé d’une forge qui en aurait quelque chose de concret ce brasier était vain et surtout autodestructeur. La nuit, lorsqu’il était incapable de s’endormir, S.K. se demandait si cette vendetta avait un sens et contre qui était-elle réellement dirigée, mais le matin la moindre étincelle était capable de mettre le feu au poudre. Cette ébullition qu’il n’avait jamais appris à gérer le dépassait et son comportement surprenait les surveillants comme ses codétenus et même s’il s’était toujours attiré des problèmes il était jusque-là parvenu à désamorcer les situations explosives avec sa logique désarmante et sans violence, ce dont il n’avait plus l’air de se soucier à présent. S.K. se battait de plus en plus souvent, infligeant aux autres autant qu’à lui-même cette violence aveugle et sourde. Régulièrement, il était renvoyé en cellule d’isolement là où ses démons le torturaient inlassablement. En raison de ce comportement, la libération de S.K. fut maintes et maintes fois repoussées et cette détention supposée lui mettre du plomb dans la tête en quelques mois se transforma en une année éprouvante qui le rendit encore plus inadapté à la société. Tout au long de sa vie S.K. conserva une certaine amertume à l’égard du système carcéral inutile et contre-productif selon lui et quelle que soit la voie qu’il emprunta par la suite il demeura hostile à l’enfermement et plus enclin à des solutions alternatives qui, bien souvent, ne furent ni efficaces pour les criminels ni bénéfiques pour sa réputation. Toutefois, sa conviction que les prisons représentaient un échec pour la justice demeura inébranlable. C’est d’ailleurs à un âge bien avancé et en opposition féroce face à cette décision que S.K. fut officiellement libéré. Dans les faits, c’est un jour du mois de Mars, un peu plus d’un an après son arrivé que le jeune homme quitta Seppen Town. Il faisait ce matin-là particulièrement doux et S.K. semblait moins dévoré par ses ambitions vengeresse. En suivant l’exemple de William, il déversait son fiel sur papier, des centaines de pages réunies dans un livre qu’il conserva précieusement presque toute sa vie jusqu’à ce qu’il s’en serve accidentellement pour éponger le contenu d’une bouteille de rhum insipide qui s’échappait lui-même de ses lèvres cyanosées. Concentré dans le processus délicat qu’est celui d’écrire avec des mains de bûcheron un crayon de quelques centimètres de long sur une feuille d’aisance aussi connue sous le nom de PQ, S.K. ne fit pas attention aux premiers coups de canons ni aux secousses quand les boulets percutèrent les murs de pierre qui constituaient l’enceinte de la prison. C’est l’agitation inhabituelle des matons et des détenus qui l’interrompit, de mauvaise grâce, au beau milieu d’un mot particulièrement difficile à écrire d’autant que la réelle signification de « apothéose » ce qui ne manquait pas d’ironie comme il le comprendrait plus tard. Toute cette activité était en réalité due à une attaque de pirates – s’agissait-il de faire libérer l’un des leurs, nul n’en savait rien – et les quelques soldats en stationnements n’eurent guère l’occasion de se poser la question. La défense était désorganisée, incapable à la fois de maintenir le calme dans la prison et de repousser les envahisseurs. Rapidement, l’artillerie ennemie avait neutralisé la batterie vétuste de Seppen Town. Quand les soldats se remirent de la surprise et du choc, les pirates s’étaient déjà bien avancés dans les rues. Mieux équipés et mieux préparés, ils traversèrent la ville qu’ils pillèrent sans difficultés. Les gardiens résistèrent du mieux qu’ils le purent, invitant certains détenus à prendre les armes en échange d’une remise de peine. Étrangement, William accepta et il lutta avec panache, mais vainement. Les portes furent enfoncées, les défenses… terrassées. Certains gardiens et détenus furent exécutés sans sommations tandis qu’on enchaîna les autres. S.K. qui s’était réfugié au réfectoire, ignorait le triste sort qu’on réserva à son premier et unique ami et préférait croire à une évasion spectaculaire, comme seul William en était capable. Les pirates passaient en revue les détenus, en choisissait certains à qui ils proposaient la liberté en échange de leur soumission. S.K. trouva l’offre curieuse et à sa manière le fit remarquer lorsque le capitaine se présenta devant lui et deux autres prisonniers. Le premier répondit qu’il était innocent et incapable de commettre le moindre crime : un sabre s’abattit aussitôt sur sa nuque. Le second affirma aussi être innocent, mais qu’il était prêt à le suivre plutôt que de subir une injuste condamnation. Visiblement ravis, le pirate l’invita à le rejoindre. Le jeune garçon s’était alors mit à ricaner dans son coin ce qui ne manqua pas d’intriguer le capitaine qui renouvela son offre. « Laisse-moi partir, ô capitaine, car moi je suis bien coupable de tout ce que l’on m’accuse ! Tu ne voudrais pas que je contamine tes hommes ! » Quand S.K. revint à lui, quelques heures plus tard, un inconnu lui tendit un balais et lui intima de s’occuper du pont. La veille de sa libération, S.K. était devenu un pirate. To Be Continued... Hors Roleplay - Pseudo : Law
- Âge : 30
- Comment avez-vous connu le forum ? : En cherchant un forum.
- Un mot à dire ? : J'ai hâte de commencer à rp avec vous.
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| |  Ven 22 Sep - 18:17 Histoire Troisième partie.
Enrôlé de force à une époque où la pratique était sinon commune au moins traditionnelle, S.K. découvrit le monde à travers un prisme nouveau qui le marqua à jamais. La violence, ici, était plus qu’une seconde nature, elle était nécessaire à la survie et cette pression permanente, cette atmosphère glaciale modifiait en profondeur l’anatomie de ceux qui s’y baignaient. Comme il l’apprit à ses dépens, ici-bas, dans les abysses de l’humanité, le gros poisson mangeait le petit. Et cela commença par la nouvelle de la mort de William qui lui parvint quelques semaines après qu’ils prirent la mer, presque par hasard. Le poète avait été abattu d’une balle en pleine tête, comme on abattrait un animal, pire encore : comme si sa vie n’avait pas de valeur. S.K. eut alors l’impression d’être entouré de sauvages, de monstres. L’esprit de vengeance que le William avait insufflé au jeune garçon, ce même esprit avec lequel il cohabitait comme s’il s’agissait d’un rat dans la cave, se nourrit de ce nouveau grain, délicieux et riche. Il grandit, grandit jusqu’à occuper tout l’espace de son âme. A cet instant, rien ne pouvait se mettre en travers de sa route et alors la vengeance le dévora lui, S.K. Les anciens résidents de Seppen Town qui avaient purgés leur peine avec lui ne le reconnaissait pas, tant le jeune homme s’était éloigné de son humeur toujours égale, tant son visage d’ordinaire souriant s’était crispé en un masque de haine. Une boule de feu, nichée au fond de ses entrailles, le consumait petit à petit. Avec sa verve, S.K. parvint à convaincre certains des ex-détenus à fomenter une rébellion, comme son père avant lui des années plus tôt. Les mutins ne furent pas difficile à convaincre d’autant que leurs conditions de vies s’étaient drastiquement détériorées en arrivant à bord. Sans aucune expérience de la mer, ils souffraient de la privation et parfois du scorbut. Quand arriva le moment où ils prirent les armes pour se battre pas un de douta de l’issue et c’est peut-être ce qui fit pencher la balance du destin en leur faveur, ça et l’effet de surprise. La mutinerie éclata peu avant le lever du soleil et moins d’une heure plus tard S.K. et les siens contrôlaient le navire. On compta de nombreux blessés dans les deux camps, beaucoup de morts aussi. Les jours suivants S.K. semblait dans un état second, ivre d’une joie malsaine et d’un autre côté absent, ses pensées tournées vers la réalisation de sa vengeance, mais aussi vers son incapable de père qui avait échoué où lui avait réussi, si facilement… Ses propres blessures ne l’inquiétait pas, tout absorbé qu’il était à trouver le juste châtiment qu’il ferait subir à l’homme, non, à la bête qui l’avait privé de son ami et qui lui offrirait la liberté.
D’un commun accord la décision fut prise de se rendre au port le plus proche situé sur l’île de Micqueot où le temps serait prit pour chacun de panser ses blessures et de réfléchir à son avenir. Les mutins ne rêvaient alors que d’une chose, le contact rassurant de la terre ferme. Les hommes étaient fatigués, les nerfs à vif et S.K. accepta à contre cœur, mais néanmoins motivé par une idée précise : là-bas, il dresserait une potence où leur ravisseur serait pendu haut et court. Le navire en piteux état et avec à son bord des hommes qui ne l’étaient pas moins accosta finalement pour le plus grand soulagement de tous, dans une crique qu’on espérait à l’abri de regards indiscrets. L’euphorie des mutins, heureux de s’en être sortis en vie quand tant d’autres étaient tombés, ne dura malheureusement qu’un temps. Non loin, une bande de hors la loi avait flairé l’odeur du sang et tels des charognards ils fondirent sur leur proie. Ces vautours ne leur laissèrent aucune chance et déçus du maigre butin que leur réservait cette carcasse ils se contentèrent de la désosser, jouèrent avec un temps et lassés, s’en allèrent. S.K. fut l’un des rares survivants et ils se souvint de ce moment comme le plus terrifiant de toute sa vie, tapis dans les ordures et parmi les cadavres. Lorsqu’il en émergea avec d’autres chanceux, il crut s’être perdu dans un cauchemar interminable et de gorge nouée il ne parvenait même plus à sortir le hurlement de désespoir qui l’affligea en constatant que sa vengeance lui avait été volé. Que son ennemi soit mort ne le consolait pas de ce sentiment d’échec et d’humiliation qui, lui semblait-il alors, était l’apanage de sa famille.
Les années suivantes S.K. embrassa une carrière de criminel, fit d’elle sa maîtresse, son amante capricieuse et injuste, généreuse et tendre. Pour le meilleur comme pour le pire, ce mariage adultérin était ce dont le jeune homme avait véritablement besoin, peut-être sans qu’il ne le réalise vraiment. Entre piraterie, mercenariat et trafics de tout ce qu’il était possible de trafiquer S.K. ne s’autorisait guère à tisser de nouveaux liens et à nourrir des relations qui ne seraient pas qu’éphémères. Après quelques recherches infructueuses, il avait même abandonné l’idée de retrouver sa mère, redoutant peut-être une funeste issue ou était-ce en raison du sentiment d’avoir trahi la promesse qu’ils s’étaient faite. Bien sûr il était libre de faire ce qu’il voulait, il n’avait de compte à rendre à personne et n’obéissait qu’à ses propres règles, ses propres lois. Seulement, à force, S.K. se retrouva bel et bien piégé, il ne pouvait le nier, par ses choix et ses peurs. Son humour désarmant et sa vision du monde en décalage avec les autres semblaient s’être retournés contre lui en le déconnectant irrémédiablement d’une réalité, transformée et pervertie au point de l’en isoler complètement. Lentement sa santé mentale s’était dégradée et son visage en était le reflet. Dévoré par une barbe hirsute, il renvoyait l’image d’un homme bien plus âgé qu’il ne l’était vraiment tandis que ses cheveux autrefois vigoureux s’étaient prématurément grisés et affaiblis. Âgé d’une trentaine d’années seulement, les différents abus lui en avait imposé peut-être dix, ou quinze de plus. Pour survivre, il devait retrouver sa voie.
L’équipage des Wobblies et à sa tête le capitaine Mika Mooming écumait déjà les mers de North Blues depuis des années, un pillage se succédant au précédent, un abordage en précédant un autre, quand S.K. les rejoignit. Mika était implacable avec ses ennemis et impitoyable envers ses propres hommes, partagés entre crainte et respect. Malgré ça, la vie qu’on y menait présentait néanmoins quelques avantages en comparaison des cellules miteuses et des chambres sordides auxquelles S.K. s’était habitué. Elle lui offrait aussi une certaine stabilité et un sens des responsabilité. Un observateur extérieur objecterait en prétendant qu’il n’était pas plus libre sur ce navire qu’il ne l’était auparavant, mais pour lui il y avait quelque chose d’enivrant à vivre sur un fil qui ne pardonnerait aucun faux pas. En outre, le temps passé sur la terre ferme lui avait enseigné à craindre les cambrioleurs, les chiens, les médecins, les dentistes et les croisements de rue. Chaque fois qu’un accident arrivait – et ils étaient légions – S.K. s’interrompait pour ajouter cette nouvelle preuve à une longue série qui le conduisit finalement à une certitude : le seul endroit où il ne craignait rien, c’était sur mer.
A ce propos, S.K. s’avéra être un excellent matelot à défaut d’autre chose et son aisance en pleine tempête comme sur une mer d’huile attira l’attention des pirates qui pardonnèrent plus facilement son insolence et ses farces. En plus d’avoir le pied marin, il avait également le nez creux et n’avait pas froid aux yeux même si on pouvait lui reprocher d’avoir la tête dans les nuages. Pour toutes ses raisons, il se sentait pour la première fois à sa place. Et par dessus tout, il y avait Big Barda. A bien des égards Big Barda était la vraie capitaine des Wobblies. C’était une vraie dure à cuir et il n’en fallait pas moins pour s’imposer au milieu de pirates sanguinaires et pour convaincre Mika de suivre ses conseils, sans argumenter. Discrètement, c’est elle qui régna sur North Blue et jalonna le chemin qu’empruntera des années plus tard par la fameuse Pink Lady, Webiorg Van Drekken. Intelligente et audacieuse, Big Barda tenait son surnom de sa stature, grande, aux épaules larges et aux cuisses épaisses, elle dominait physiquement la plupart des hommes de l’équipage dont Mika et même S.K. qui n’avait pourtant pas l’habitude qu’on l’observa de haut. C’est tout naturellement qu’au bout d’un certain temps, le jeune homme expérimenta des sentiments qui lui étaient alors totalement inconnus en tombant amoureux.
De cet idylle impossible S.K. ne parla que très peu et toujours avec la gêne d’un adolescent. Ces deux personnalités complexes s’étaient naturellement rapprochées comme le font des astres dans un système solaire, mais d’autres lois que celles de la physique s’imposaient à eux. Des lois que S.K. aurait foulé du pieds avec plaisir comme il l’avait toujours fait, mais Barda ne l’y autorisa pas. Âgée de quelques années de plus que lui, Barda avait également plus d’expérience et ce que l’école traditionnelle ne lui avait pas appris, elle le subira de plein fouet. Terrifiante pour les uns, fantasme pour les autres, elle se sentait parfois perdue dans le rôle qu’elle jouait et il lui semblait parfois que seul S.K. était capable de la voir telle qu’elle était vraiment. Ensemble, ils abandonnaient leurs doutes et embrassaient leurs aspirations comme nul ne leur avait permis auparavant. Peut-être, dans d’autres circonstances, auraient-ils pu former un couple fort, mais pour des raisons qui le dépassaient, S.K. savait que cela était impossible. Cette frustration provoqua chez lui des émotions nouvelles dont il se serait pourtant bien passé. Des passions, de nouvelles craintes aussi qui provoquaient ces tempêtes dans lesquelles seul un vieux loup de mer semble capable de naviguer et dans les torrents de l’amour S.K. n’était qu’un jeune chiot dans une coquille de noix qui n’avait connu ni les peines ni les joies, de celles qui patinèrent la coque du vieux rafiot. Avec arrogance, il croyait être capable de manœuvrer sur la crête de ces vagues qui se confondaient dans les nuages jusqu’à ce qu’un naufrage ne lui remette les pieds sur terre.
Par une nuit de nouvelle lune, témoin gênant que venaient régulièrement masquer de gros nuages menaçants, le navire des Wobblies devint l’espace d’un moment le théâtre d’une tragédie antique car l’un de ces légendaires fruits démoniaques se trouvait à son bord. La nouvelle s’était répandue dans l’équipage comme une traîné de poudre qui ne tarderait pas à s’enflammer. La valeur de cet artefact était inestimable, les pouvoirs qu’ils conféraient l’étaient plus encore. Bientôt, tout North Blue se déchirerait pour mettre la main sur le coffre et le fruit orange qu’il renfermait. Mika en était conscient et une méfiance qui se confondait à la paranoïa s’empara de lui. Ses hommes représentaient tous une menace potentielle et Barda dû déployer toute l’étendue de ses talents de persuasion pour l’empêcher d’abattre ses hommes ou de s’ enfuir où personne ne le retrouverait jamais. D’elle aussi, il commençait à se méfier et lentement Mika perdait contact avec la réalité. Une atmosphère délétère s’était emparée du vaisseau et à la manière d’un poison se répandant dans le sang des pirates qui s’observaient comme autant de proies et de prédateurs, prêts à faire couler le sang et se repaître de chair fraîche.
Trois coups de tonnerre frappèrent et la scène se mit en branle comme s’il s’agissait d’un brigadier entre les mains d’un grand régisseur cosmique, mais le terrible spectacle qui y était mis en scène se joua à huis clos là où personne ne souhaitait être témoin de la sauvagerie des hommes. Des pistolets à silex s’éleva rapidement un brouillard opaque à l’odeur âcre où se mêla rapidement celle du sang. Peu à peu, la brume s’était évanouie et peu à peu le fracas des lames se faisait plus discret. Quand elle eut tout à fait disparu, emportée par le vent comme un rideau dévoilant l’acte final, elle ne dévoila qu’une poignée de comédiens qui réalisaient à peine le drame dont ils avaient pourtant été les protagonistes. Un lourd silence s’était installé, à cours de répliques que les acteurs semblaient avoir oublié. Le vent souffla sans apporter son aide.
Mika se tenait droit, au milieu du pont, serrant fermement contre lui l’arlésienne à l’origine de tout ce sang versé. Autour de lui se trouvaient encore une dizaine d’homme parmi lesquels S.K. et Big Barda. A terre les blessés se lamentaient et leurs agonies ressemblaient à une musique mystérieuse et entêtante. De sursaut en sursaut Mika pointait son arme sur les différents protagonistes qui avançaient et reculaient suivant son rythme. La main qui tenait son arme tremblait et le mélange de sang et de sueur maculait son visage le forçait à cligner des yeux régulièrement. Tous, autour de lui, étaient à peu près dans le même état physique et psychologique. Une pluie poisseuse s’invita sans qu’on ne la remarque. Soudain, sans que quiconque ne puisse savoir vraiment qui, un cris surpris tout le monde et l’affrontement repris de plus belle. Une balle siffla, toucha quelqu’un, le tua. Le capitaine, débarrassé de son arme à présent inutile brandissait une épée et l’agitait en tout sens pour repousser ses assaillants. S.K. attrapa un type qui ne connaissait pas et serra son cou entre ses larges avant-bras et ne le libéra que bien après que le dernier souffle ne le traversa. Big Barda, armée elle aussi d’un sabre, en découpa un autre. Maculé de boue, personne ne reconnut le canonnier quand il s’effondra au sol. Quelqu’un chose de lourd frappa S.K. à la tempe, le fit vaciller. Un autre coup le toucha dans les côtes. Comment peut-il être si grand, se demanda le jeune homme, à terre, en observant son agresseur. D’autres en profitèrent. Une lame lui entailla profondément le bras. Un autre coup fit gicler du sang, mais il n’avait pas l’impression que ce fut le sien. Tout allait trop vite et un voile noir limitait son champ de vision. La nuit ? Non, l’aube approchait. Quelqu’un tomba à côté de lui et il vit la lueur dans ses yeux s’estomper à mesure que le sang s’écoulait de sa gorge béante. S.K. se sentit brusquement fatigué. Il avait froid et voulait seulement une seconde, oui, juste une seconde pour se reposer. La voix de Big Barda qui le sommait de se relever l’agaça, il l’ignora, mais la voix insistait. Debout ! Debout ! S.K. se leva, chancelant. Il voulut se saisir d’une arme, mais son bras gauche ne bougea pas. Réveille-toi S.K. ! D’un geste absent, le jeune homme arracha la dague plantée dans son flanc. Le manche glissait. Bas-toi ! Oui, la voix avait raison. Il assena un coup de poignard, presque aveuglément. La lame se planta dans un dos. Une fois, deux fois, trois fois. Le corps chuta lourdement au sol, soulevant un nuage de poussière. Une autre forme humanoïde s’approcha, menaçante. Avec une lame ramassée par terre, S.K. para un coup, deux coups. Pas trois. L’acier manqua l’artère fémorale de peu, mais sa jambe droite lui faisait un mal de chien. Feintant une chute pas si feinte, le jeune homme s’était alors redressé en prenant appui sur sa jambe valide pour enfonçait l’extrémité de sa lame sous le menton. Aucune chance de s’en remettre.
Il ne resta bientôt plus que trois silhouettes encore debout, chancelantes oui, mais debout. Avec soulagement, S.K. constata que Barda était vivante. La hache dont elle se servait habituellement était brisée, témoignant de la violence de l’affrontement si ses blessures qui se comptaient par dizaines ne suffisaient pas. En état de choc, Mika riait doucement en contemplant le carnage. Lui aussi était blessé, sa main droite manquait à l’appel, mais l’autre était toujours fermement attachée au petit coffre. Un coffre simple, ridicule quand on y pensait, personne ne se serait battu pour lui en temps normal. Pour son contenu cependant, les Wobblies s’étaient entre-tués, ils n’étaient plus. Ou presque. S.K. s’était alors approché de son capitaine, d’un pas incertain, trébuchant sur les corps et manquant de s’étaler au sol à chaque instant. Lorsqu’il fut à quelques pas, Mika sortit un petit calibre de sa manche. En principe une arme comme ça ne tuerait personne, mais à cette distance et ses blessures, S.K. ne paria pas dessus. Les mains en l’air, il recula doucement en observant Barda, la Big Barda, qui semblait plus fragile qu’elle ne l’avait jamais été. Alors, comme sorti de l’enfer, un puissant rire secoua les trois survivants. S.K. était hilare et des larmes qui coulaient sur ses joues n’étaient pas seulement dues aux blessures sévères qui martyrisait son corps. Ça n’a pas de sens, songeait-il. Ça n’a pas de sens. S.K. courait. Barda criait. Mika tira. La balle frappa S.K. au front dans une explosion de sang et dos. S.K. tomba. Mort.
Ou presque.
Barda, comme tout le monde à bord, ignorait quel pouvoir démoniaque renfermait le fruit maudit, mais elle avait entendu parler des prouesses dont il était capable. Une bouchée, un seule, pourrait peut-être sauver ce garçon. La sauver, elle aussi. Puisant dans ses dernières ressources, elle parvint à arracher des bras de Mika le coffre, trop tétanisé était-il alors pour réagir. Se jetant à genoux auprès de S.K. elle priait pour que son âme ne se soit pas échappée. Pas encore. Juste un instant, implorait-elle à toutes les forces de la Nature. D’un coup de poing, elle fracassa le coffret d’où elle sortit le fruit. Si petit, et pourtant… Un instant, elle s’abîma dans la contemplation de sa couleur jaune-orangée, fascinée par les multiples arabesques sur sa peau. Mange ! Mange-le, intimait-elle à S.K. en forçant sur sa bouche, sa mâchoire, ses dents. Ce qu’il restait de conscience au jeune homme n’aurait pas suffit sans l’extraordinaire détermination de la pirate. Sa détermination contagieuse fit effet et, au bord du précipice, S.K. croqua et avala un morceau, un minuscule morceau si minuscule que Barda le força encore et encore jusqu’à ce que le corps ne bougea plus.
Barda le gifla, le secoua, lui intima l’ordre encore et encore comme elle en avait l’habitude, de revenir, de l’écouter, de se concentrer. S.K. lui… il aurait pu errer des semaines, des mois, des siècles, en vain. Seulement, l’âme de Barda brillait si fort qu’elle le guida comme un phare en pleine tempête. Elle lui avait sauvé la vie et lui avait également sauvé de la Mort. Lorsqu’il revint à lui, réintégrant son âme immaculée dans ce corps brisé, il ne comprenait pas encore ce qui lui était arrivé et comment pouvait-il être encore… là. S.K. se redressa, son bras gauche, en décida autrement. Big Barda, en proie à un trop plein d’émotion, ne savait à quel saint se vouer en voyant son ami si cher se relever, mais dans un état si pitoyable. Mika n’en revenait pas. Big Barda, SA Big Barda l’avait trahit pour ce pauvre minable, ce cloporte qu’ils avaient ramassé parmi les déchets et qui ne valait rien ! Mais il n’avait plus la force d’être en colère, plus la force de se battre ou même de se tenir debout. Contrairement à S.K. qui regardait tour à tour la femme qu’il aimait et le bras qui était le sien. Il… il ne sentait rien, se rendit-il compte. Pas de fatigue, pas de douleur… Rien. Autour de lui, tout semblait à la fois familier et inquiétant. Il avait besoin d’un moment, d’un peu de temps. Il ignorait alors que le temps c’était bien tout ce qui lui restait.
La nature de ses nouvelles capacités se révéla à S.K. de différentes façons à différents moments, mais lui et Barda avaient compris l’essentiel. Il était mort, puis avait été ressuscité et il naviguait à présent et pour toujours entre les deux mondes. Ses blessures ne guérirent pas, ne cicatrisèrent pas et ne saignaient plus. Toute ces plaies, pourtant chagrinait le mort-vivant. Big Barda n’avait rien d'une chirurgienne et le cas présent aurait vraisemblablement intrigué même le plus aguerris des médecins de bords. En revanche, de son île natale, le fameux Pays des Orchidées, elle avait ramené ses connaissances et ses souvenirs, des vieilles légendes ou des pratiques qui remontaient à de lointains ancêtres. A S.K. elle évoqua alors le kintsugi, une méthode de réparation de porcelaine brisée qui consistait à mettre en valeur son histoire et ses cicatrices grâce à des laques saupoudrées d’or. Ainsi, il ne s’agissait plus d’une fin, mais du début de quelque chose. L’idée plut à S.K. essentiellement parce qu’elle venait de Barda. Il adorait l’écouter se remémorer de son enfance à Pa No Kuni. A bord, ils trouvèrent par chance dans ce qui restait du butin une bobine de fil d’or et Barda se chargea de reconstituer ce que le zombie désignait pour l’agacer le puzzle de son corps. L’opération fut longue, non que S.K. fut un patient particulièrement douillet, mais le nombre de plaie nécessita beaucoup, beaucoup de temps. Lorsqu’ils en eurent terminé, S.K. était le plus heureux et le plus amoureux des hommes sur la terre comme en mer.
Alors, un nouveau problème se posa à eux tous, Barda, S.K. mais aussi Mika. Que faire à présent ? Les Wobblies n’étaient plus. Mika se sentait trahis et ne pouvait pardonner à Barda son choix. Ils s’entendirent néanmoins sur un point, un seul. Tout brûler. Ils embarquèrent – Barda et S.K. de leur côté et Mika du sien – sur une barque et s’éloignèrent sans regarder le dernier membre de l’équipage des Wobblies disparaître en fumée.
Quatrième partie
Débarrassé des contraintes, de la colère et de tous les ressentiments qui les habitaient l’un comme l’autre, S.K. et Barda décidèrent de renoncer à la piraterie. Installés à Shivering Island, ils menèrent une vie et une mort-vie paisible et sans histoire en profitant l’un de l’autre d’une manière qu’ils n’auraient jamais cru possible. Pour la première fois – et il dut mourir pour y arriver – S.K. avait l’impression d’avoir respecté sa promesse. En marge de la société, Barda et lui se contentaient de peu, pêchaient et avaient même un potager où faire pousser leurs légumes, sans rendre de compte à personne. Les villageois, de toutes façon, hésitaient à s’approcher de cet invraisemblables duos composés d’une géante à l’air menaçant et de cet homme qui ressemblait vaguement à un puzzle reconstitué à la hâte par des mains peu scrupuleuses. C’était néanmoins une vie paisible.
Inévitablement, Barda vieillie. Sa crinière brune se teinta de gris puis devint tout à fait blanche. Ses épaules larges et qui pouvaient à l’époque soulever S.K. de terre et le balancer d’un bout à l’autre du pont se voûtèrent quant à ses bras qui l’avaient tant de fois battu, S.K. sentait que leur étreinte s’affaiblissait. Lui, bien sûr, n’était pas affecté par ce naufrage qu’est la vieillesse. Pas dans son corps, du moins. Mais son cœur, bien qu’il ne battait plus, souffrait de voir son grand amour s’en aller sans lui. Il sentait que ce fruit qui l’avait sauvé autrefois l’avait maudit bien au-delà de son incapacité à nager. A présent, S.K. était condamné à perdre ceux qu’il aimait sans rien pouvoir y faire. Barda, qui n’avait rien perdu de la lucidité avec les années, voyait bien le trouble qui ébranlait son amant. Comme d’habitude, elle seule semblait capable de trouver les mots justes qui apaiseraient son âme. Promet-moi une chose, lui demanda-t-elle, un matin. Promet-moi que lorsque je serais partie, tu ne resteras pas seul. D’un geste, elle avait aussitôt balayé toutes les objections que formulait S.K. Toujours aussi sévère, songea-t-il. Il se souvenait d’un jour où elle l’avait surpris se fixant face à un miroir les yeux fermés, elle lui avait dit d’un ton moqueur « Tu es devenu fou mon pauvre! - Tais-toi donc imbécile, avait-il répondu, j’essaie simplement de voir la tête que j’aurais une fois mort. » Lorsqu’il avait rouvert les yeux, elle le tenait par les chevilles au-dessus d’un précipice et S.K. dut présenter ses excuses pour qu’elle ne le lâcha pas. Il n’avait jamais pu lui refuser quoi que ce soit et n’allait certainement pas commencer maintenant, alors il lui promit.
Lorsque Big Barda s’en alla, S.K. lui réserva les funérailles dignes de son esprit libre en dispersant ses cendres en pleine mer. Bizarrement, il semblait satisfait, comme après avoir accomplit une tâche particulièrement difficile avec succès. Il sentait certes un poids sur ses épaules, mais comme s’il s’agissait d’une veste bien chaude en plein hiver ou une armure au cœur d’une bataille. Sous ses pieds, la barque tanguait et craquait, mais S.K. avait l’impression d’être à sa place sur son destrier qui se cabrait et piétinait d’impatience. Puisqu’il en était ainsi, S.K. abandonna sa maison sans un regard et s’engagea dans l’inconnu. Les dernières paroles de sa dulcinée raisonnaient encore à ses oreilles. « Nous avons eu de la chance, une belle vie. Peut-être plus que nous ne le méritions. Je veux que tu mettes ta force, nos forces, au service des autres. Protège les faibles et les innocents et partage l’amour que tu as en toi. » C’est ainsi que S.K. s’engagea dans une toute nouvelle carrière, celle d’un justicier solitaire œuvrant pour la veuve et l’orphelin, avec des résultats parfois discutables. Les tyrans auxquels il s’attaquait étaient parfois des souverains bons et justes et voleurs qu’il mettait hors d’état de nuire pouvaient s’avérer n’être que des riches commerçants. D’un autre côté, S.K. était toutefois parvenu à repousser de nombreuses attaques pirates et certains habitants de North Blue le tenaient en haute estime, ne comprenant pas les opinions qui le dépeignaient au contraire comme un grand malade, bon à enfermer. Tous devaient toutefois admettre que ses actes étaient sincères et cela n’échappa pas à autre homme qui bouleversa la vie de S.K. comme William en son temps, mais d’une manière totalement différente.
Cet homme était un officier de la marine, il commandait un navire et les soldats sous ses ordres lui étaient entièrement dévoués. Son nom était Molino Quijotte, capitaine Molino Quijotte, et il était l’exemple même du héros, brave, parfois intrépide et surtout capable de réunir autour de lui des hommes de qualité. Il était aussi, peut-être du fait de son jeune âge, très impressionnable et sa confiance pouvait s’approcher dangereusement de l’arrogance. Lorsque son équipage arrêta S.K. après que ce dernier eut tenté de libérer des otages – en fait les employés d’une usine qui ne laissèrent pas faire – et qu’il avait plus ou moins forcés à la fuite, Molino lui avait demandé qu’il s’expliqua, qu’il défende sa cause. Incapable de déterminer si cet exploit était le fait d’un homme fou, d’un idiot ou de quelque chose de différent. Nouveau. Dangereux. « Je voudrais comprendre, lui avait-il dit, d’une voix qui respirait la sincérité, pourquoi as-tu assommé ces ouvriers ? N’étais-tu pas venu les sauver ? » S.K. avait alors observé le marine, silencieusement, pendant de longues minutes. Finalement, en se retenant de rire, il lui avait répondu. « Sauver ou pas, là n’est pas la question. Ce que je sais, c’est que si ces hommes se contentent de gagner leur vie, d’autres croiront que la ne leur appartiennent pas ! » Devant un tel raisonnement, Molino resta sans voix, incapable de trancher sur la nature de cet individu. Toutefois, il devait prendre une décision et laisser cet homme en liberté, sans supervision, était alors impensable. A la surprise générale, même de ses hommes qui le connaissaient pourtant bien, le capitaine Molino offrit le choix à ce type que chacun pensait bon à enfermer. Un jugement, un procès et sans aucun doute une nouvelle condamnation qui l’enverrait en cellule pour un long moment. Ou bien une amnistie, mais à une condition : rejoindre la Marine et utiliser à bon escient son sens de la justice, car tel était la voie empruntée par le Molino Quijotte. Puisqu’il ne pouvait pas rompre ses deux promesses, S.K. accepta la seconde offre et c’est ainsi qu’il s’engagea.
Au sein de cette compagnie S.K. eut la chance de protéger et servir les habitants de North Blue d’une manière qu’il n’avait encore jamais imaginé. Il pouvait non seulement punir les criminels, mais aussi les aider à leur réinsertion et guider ceux qui hésitaient vers le chemin le plus droit. Il connut aussi certaines débâcles et un grand nombre de désillusions qui mirent à mal son idéal. Seulement, il n’était plus seul. Ses doutes, ses craintes, mais aussi ses erreurs étaient partagés avec des hommes qui lutaient, souffraient et riaient avec lui. Molino l’encourageait toujours à se dépasser et bien qu’il soit deux fois plus jeune que lui, S.K. était impressionné par sa sagesse. Il fut aussi d’un grand secours quand S.K. se perdit dans les limbes. Des années plus tôt, dans une autre vie, S.K. avait été blessé à la tête par un tir de pistolet. La minuscule balle s’était logée dans un recoin de son cerveau et serait restée là si S.K. n’avait pas mangé le fruit de la résurrection qui l’avait ramené de l’autre monde. A présent, ce petit bout de métal logé dans un recoin de son cerveau pouvait, à certaine occasion, se déplacer dans le réseau infiniment complexe des neurones. Se faisant, il modifiait pour S.K. sa perception du temps et le ramenait à cette époque où il naviguait sous un étendard de pirates. Puis, sans prévenir, sa raison lui revenait et il reprenait le cours de sa vie là où il s’était arrêté. La première fois que cela arriva, personne ne comprit ce qui lui arrivait. Les pouvoirs qui étaient siens apparaissaient comme mystérieux et effrayant et on prenait soin de ne pas l’évoquer.
C’était au cours d’un affrontement que S.K. prit un coup. Aucune raison alors de s’en soucier, après tout, il ne souffrait pas, ne saignait pas et rien ne semblait requérir une attention particulière. C’est pourtant ce coup hasardeux qui avait plongé S.K. dans l’inconnu. Il ne comprenait pas ce qu’il faisait à bord d’un navire de la Marine et avait tenté de s’échapper jusqu’à ce qu’il fut arrêté, enchaîné et placé en observation. Plusieurs jours d’inquiétudes passèrent quand S.K. revint à lui, sans le moindre souvenir de ce qui lui était arrivé depuis l’incident. La situation était pour le moins fâcheuse, mais nul ne parvenait à l’expliquer. Quand le mort-vivant évoqua la balle qui était peut-être encore logée dans son crâne, le chirurgien de bord secoua la tête en acquiesçant, mais une opération était toutefois inenvisageable au risque d’affecter à tout jamais ses souvenirs. Au risque de perdre ce qu’il avait vécu avec Big Barda pendant toutes ses années. Du mieux que l’on pu, ce problème fut caché au quartier général de North Blue et la transformation que subissait S.K. était d’une récurrence suffisamment rare pour que cela demeura discret.
L’année 1504 marqua un tournant pour la région. Pour le très populaire Colonel Molino le jour de prendre sa retraite était arrivé et un certain Vice-Amiral Piso était nommé à Seppen Town. Pour prendre sa suite, Molino ne voyait nul autre que S.K. et fit part de son intention à son supérieur. Ce dernier, n’y voyait pas inconvénient mais souhaita néanmoins convoquer S.K. ce qui fut l’occasion pour ce dernier, plus d’un siècle plus tard, de revenir là où tout, ou presque, avait commencé. Il voyait cela comme un clin d’œil du destin, mais ce dernier lui réservait un dernier tour… Les deux simples lettres qui composaient son prénom et qui – de l’aveu-même de Laeti ne signifiaient rien – avait beau avoir été oubliées et son visage rendu méconnaissable par les cicatrices et le poids des années, Seppen Town n’en avait pas fini avec S.K. et si la prison avait elle aussi subie plusieurs transformations jusqu’à devenir le Quartier Général de la Marine à North Blue, elle se rappela à son bon souvenir. Et pour cela elle se servit d’une simple tuile d’un simple toit qu’elle fit tomber sur le crâne de S.K. Dans le bel uniforme de la 42ème Branche de la Marine se réveilla alors le facétieux S.K. de l’époque. Retrouvant ses mauvaises habitudes de l’époque, il profitait de son temps libre pour se rafraîchir avec une bière bien fraîche. De forte bonne humeur, il s’installa à une table où deux étrangers sirotaient leur verre en se plaignant des autres clients. « Il ne doit y avoir que des paysans et des pouilleux ici ! se mit à marmonner le premier juste assez fort pour provoquer S.K. - Tu dois être un paysan aussi. Quoi ?! s’était-il insurgé en dévoilant avec insistance ses beaux vêtements. - Tu vois bien que non ! Alors tu dois être un pouilleux. » Les deux hommes sautèrent alors de leurs chaises prêts à se battre. Bien vite, la rixe se transforma en pugilat général et tous furent arrêtés. Quand S.K. revint tout à fait à lui, il était trop tard et le Vice-Amiral l’avait jugé incapable d’assumer un poste avec une telle responsabilité. Molino ne put rien y faire, la décision était prise. Rétrogradé et muté à bord d’un autre navire, S.K. allait devoir prouver à son ancien capitaine qu’il ne s’était pas trompé sur lui en devenant un héros à son tour.
Un grand merci à ceux qui m'ont aidé tout au long en corrigeant les fautes ou pour le codage. Egalement merci à ceux qui auront pris le temps de tout lire ! | |  | | |
| Messages : 5010
Race : Humain
|  Mer 27 Sep - 10:28 Présentation et premier RPA lire attentivement !Indice de notation des présentations
La présentation sera toujours notée sur 15 comme ceci: La qualité du texte 12/12 L'originalité 3/3 La mise en page 3/3 La cohérence du récit 2/3 La narration 3/3 Le respect du français 10/10 Le vocabulaire 2/2 La grammaire 2/2 L'orthographe 2/2 La conjugaison 2/2 La ponctuation 2/2 La quantité du récit 6/6 Une très longue histoire Points bonus 5/6 Score final 33/34 33/34*15= 14.5= 15 Bienvenue sur le forum ! Le premier critère de notation est la qualité du texte, le tien est à la fois original et riche d'une écriture travaillée. Concernant la cohérence, en dehors de ce que tu évoques sur la balle qui bouge dans le cerveau de ton personnage et qui le renvoie dans son passé (mentalement parlant), et qui sera à préciser à la fiche technique, ainsi que de la blancheur de Flevance aux alentours de 1300 que je dois vérifier avec un admin, le reste est très bien organisé. Petit rappel : tu ne peux incarner les décisions du Vice-Amiral Burmeister puisqu'il s'agit d'un personnage du forum, à moins que tu aies demandé un lien PI (Et dans ce cas-là je n'en aurais pas été informé, c'est juste un détail cela dit) Concernant la qualité du texte tu as quelques erreurs disséminés dans des terminaisons de participe passé ou des noms qui ont la terminaison de leur verbe homophone, mais rien de bien handicapant dans la lecture. Le texte est clean, et très agréable à lire. Le tout est donc porté par une plume de belle qualité, et des idées qui mettent en avant l'évolution de ton personnage. Félicitation, tu atteins le niveau 15. Tu peux à présent faire un choix parmi les suivants : -> Corriger ta présentation et gagner quelques niveaux.-> Entrer directement dans le monde du RP au niveau 15 avec ton Fruit du démon. -> Passer directement au test RP pour gagner jusqu'à 5 niveaux supplémentaires. © Copyright Propriété de One Piece Seken | |  | | |
| |  Mer 27 Sep - 11:09 Merci Erwin pour le temps accordé à la lecture de ma fiche. Au sujet de la balle logée dans le cerveau de S.K. j'ai bien pris en compte ta remarque et ce sera précisé dans la fiche technique. Concernant Flevance je n'ai rien trouvé qui indiquerait quelque chose de contraire, mais s'il faut modifier c'est facile. Et à propos de la décision du Vice-Amiral concernant S.K. je m'étais renseigné en amont et comme c'est une décision mineure qui est surtout là pour justifier le grade de S.K. malgré son expérience, je peux aussi trouver une autre explication.
Quoi qu'il en soit, je suis chaud pour le test rp ! Ca va me permettre de remettre le pied à l'étrier. | |  | | |
| Messages : 5010
Race : Humain
|  Mer 27 Sep - 12:45 - Citation :
- Sur North Blue, la plupart des pirates ont oublié l'existence d'une ancienne relique qui se trouve dans le Tombeau d'Arimar, au confins des montagnes de Seppen Town. Cette histoire, tu l'auras entendue à plusieurs reprises : Arimar est un roi légendaire qui aurait conquis tout North Blue il y a 1400 ans. Aujourd'hui, des pirates sont sur la piste de cette relique, un miroir à main brisé entouré de dorures et d'écritures anciennes. Quand il en entend parler, le Colonel qui a ta charge te confie la mission de le retrouver. Et en effet, toi seul connait l'endroit précis où se trouve ce tombeau et ce miroir si tu fouilles dans ta mémoire...
Raconte ton aventure. Tu pourras choisir à la fin de perdre le miroir face aux pirates (ou de le donner), de le donner à la marine de North Blue, de le détruire ou de le garder pour toi... - Le Test RP se passe au présent. La longueur n'est pas un critère de notation, mais la richesse du récit et de l'aventure l'est. - Ton choix final aura des conséquences IRP quand tu commenceras, sauf si tu demandes le contraire. | |  | | |
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