Marrant comme la vie peu être ironique. Normalement, c'est moi à votre place. Vous voulez un Curriculum, ou bien on peut passer tout de suite aux grandes questions ? Je suis avant tout quelqu'un connu pour être jovial et pourtant mystérieux. On peut s'amuser sans forcément tout dévoiler, et même si j'aime rire de moi même, j'évite de le faire avec des inconnus. Vous l'aurez comprit, on va pas se marrer tout de suite. Je ne vous connais pas, vous ne me connaissez pas. Je suis qu'un simple chef d'entreprise à la stratégie bien rôdé non ? Un génie créatif dans l'art de construire de nouveaux jouets, et de les commercialiser ... Il paraît. Moi je vous dis, que la vérité est bien plus sombre qu'elle ne paraît. Au delà de vouloir amuser, j'aime aussi les jeux qui permettent de se confronter aux autres, et j'ai un sens de la compétition qui me pousse toujours à affiner mes stratégies. Echecs, jeux de go, jeux de cartes, pour moi tout est une question de dosage, de savoir comment cerner l'adversaire, et retourner ses propres atouts contre lui même.
Adepte du flegme et charismatique de nature, me voir hors de moi est rare, mais l'injustice me laisse ce goût amer, et cette haine que je ne me connaissais pas moi même, avant de connaître la douleur de la trahison et de la disgrâce. Depuis je cherche à rendre ce monde meilleur, avec les armes à ma disposition. J'ai été élevé pour être un tueur, un requin. Ne comptez pas sur moi pour repeupler cette planète qui ne tourne pas rond, et c'est souvent sans entrain que je rencontre des femmes, laissant la conversation se faire, sans moi. Pas lunatique, j'ai la tête dans les nuages et les pieds sur terre. On me croit absent et pourtant, j'arrive toujours à faire des miracles, en un claquement de doigts. Comme si je comprenais que trop vite et trop bien les gens, les lieux, les enjeux. Je suis malin, pas le plus intelligent, mais la moyenne est loin derrière moi.
Emotions difficilement contrôlables, je peux être calme comme un lac, et exploser d'un coup comme si le lac était fait de nitroglycérine. Je suis un écorché vif qui se planque derrière un masque d'une douce sympathie, acidulé comme les confiseries que j'affectionne, je suis finalement plutôt doucereux comme une pilule difficile à avaler. Enfin, tout cela c'est ce qu'on dit de moi.
Moi, ce que j'ai à dire sur moi ? Méfiez vous, j'arrive et je grandis, prend de l'ampleur et me multiplie, comme un virus, une maladie, dont le seul but est de détruire cette société qui déraisonne
CHAPITRE 1 : LE DEPOTOIRE
« île de Dawn. Un sale décor, pour de sales types. Sur trois couches de crasses, t’as une couche de sang et une autre de pisse. Les gamins jouent dans les décharges gigantesques qui pullulent sur les côtes. La plupart diraient : des ordures sur des tas d’ordures, et alors ?
Et alors on est humain, on ne devrait pas laisser les gens dans une telle misère. La solidarité ? Au Grey Terminal, on connaît pas. »
Il porte son regard sur le paysage. Des sacs. Toujours des sacs. Tantôt troués, tantôt intacts. Parfois emplis de verre, souvent puants. C’est le pire ici, l’odeur. Ça vous prend les narines, vous claque le cerveau et donne la gerbe. Mercury à cinq ans, et il voit la décharge pour la première fois
Première fois que son ivrogne de père le met à la porte.
Pourtant le ciel est bleu. Les mouettes se battent pour un morceau de thon, les enfants jouent, qui du chat et de la souris, qui du gouvernement et du pirate, qui de la marelle. Dans les vagues, ses yeux voient déjà le monde d’une autre manière. C’est Genji qui le sort de sa rêverie. Lui bourrant l’épaule d’un coup de poing, il lui tire la grimace, lui gueule dessus et s’enfuit en riant.
Mercury lui court après, un large sourire sur ses lèvres. Après tout, roulez jeunesse. C’est la force de cet âge, outrepasser les difficultés, se fiche des absurdités, et jouer, encore, toujours.
Aujourd’hui, il a dix ans. Pour son anniversaire, son père lui offre une raclée. A coup de ceinture, parce que ses poings débiles ne peuvent plus grand chose, à force de porter une bouteille. Le cuir entame sa peau, la marque de rouge, la zèbre et la craquèle. Mercury s’en fiche, ce n’est ni la première ni la dernière. Tout le monde a déjà pris une correction. Lui est habitué.
CHAPITRE 2 : LE PLACARD
« Ici, si t'ouvres ta gueule on te colle dans un coin, jusqu'à ce que plus personne n’se souvienne ni de qui a parlé, ni de quoi il a jacté. »
- Caporal Miyagi, veuillez faire entrer le suspect, Mr Jones, accusé d’avoir porté atteinte à la vie d’autrui sur le territoire du gouvernement mondial.
Des chaînes aux poignets, des chaînes aux chevilles. Mercury sent qu’on le soulève un peu, qu’on le presse et qu’on le pousse. Il lève des yeux à moitié tuméfiés, son œil noir se plantant dans ceux du juge. Aujourd’hui, il a dix sept ans. Et il vient d’être condamné à l’emprisonnement en centre pour jeunes criminels, proche du Royaume de Goa.
- Caporal, veuillez emmener l’accusé, qu’il disparaisse de ma vue.
Un rire le prend, le soulève, il montre les dents. Deux minutes à peine, pour une année de labeur et de sueur dans un centre pénitentiaire. Ce serait presque drôle… Pas de bol, Mercury.
***
CFL - Aujourd’hui nous rencontrons Mr Birdy, président de la commission des prisons des blues et directeur d’Arizona Max… Tout d’abord bonjour !
B - Bonjour Mr Jones, enchanté d’être avec vous cette après midi.
CFL - Pareillement… Alors, entrons dans le vif du sujet, le fameux S.R .J.D !
B - Le système de réhabilitation des jeunes délinquants de la prison d’Arizona Max est en place depuis cinq ans. Nous faisons cohabiter dans le calme et la rigueur les pires criminels de l’île, et les plus jeunes malfrats des blues. Nous sommes fiers d’avoir un taux de récidive inférieur à 10 % mais aussi un taux d’intégration post incarcération supérieur à 70 pour cent. Le complexe marie architecture moderne et sécurité maximale.
CFL - Et quel est votre secret ? La recette qui fait le succès de ce complexe ?
B - Eh bien c’est assez simple… D'abord, les jeunes ont un exemple concret de ce qui peut leur arriver avec leurs co-détenus plus âgés, c’est un facteur psychologique très important, en outre, l'hygiène et la façon dont ils sont traités diffèrent totalement de ce qui peut se faire actuellement.
CFL - Vous nous dites donc que c’est l’exemple qui fait de vos anciens détenus de parfaits citoyens ?
B - Non, bien sur que non *rire*… Nous réussissons ce miracle grâce à un programme de réorientation de nos pensionnaires. Nous leur apprenons à vivre dans le monde extérieur, leur inculquons la morale et dispensons des cours en tout genre. Tout cela dans le but d’en faire des citoyens comme les autres une fois à la sortie.
« Arizona Max, une prison où il fait bon vivre. » Extrait d’un article rédigé par C.F
Des murs blancs à perte de vue, entourés d’un no man's land de près de quatre kilomètres, c’est ça Arizona Max. Une immense structure cyclique avoisinant les 2 hectares, séparée en deux par un mur d’enceinte de trois mètre de haut, pour huit de large. Des baies vitrées en plexiglas le traverse, et des miradors sont montés tout les dix mètres. Le mur d’enceinte principal, situé quelques mètres en deçà d’une barrière électrifiée et surmontée de barbelés, mesure près de quinze mètres. Et toujours ces miradors.
Le bâtiment des « Juniors » est séparé en quatre sections de 100 cellules, profitant de tout le confort possible dans une prison. Un lit – une simple couchette en métal fichée dans le mur, quelques étagères – elles aussi fichées dans la pierre, une toilette –guère plus qu’un trou disposant de l’eau courante, et un petit lavabo. Vingt par vingt, conçue pour une personne.
Ici ce n’est pas la quantité qui compte, mais la qualité. Enfin, c’est ce qu’on dit, entre les douches communes qui crachent de l’eau glacée plus souvent que le ciel, les lits aussi durs que la pierre auquel ils sont accrochés et les toilettes bouchées plus souvent que les bouteilles de "Vinasse " (Dix berrys quatre vingt dix neuf dans toutes vos épiceries "Gharfour")... C'est pas franchement le grand luxe.
***
C’est l’arrêt brutal du fourgon qui le réveille. Son front heurte les barreaux qui le séparent des autres détenus. Les bracelets qu’il a aux mains sont reliés à ceux qui enserrent ses pieds par une longue chaine. Elle tinte a chacun des mouvements de la charrette. Elle tinte a chacun de ses pas. Elle tinte et lui colle un sacré mal au crâne. On le tire de son luxueux moyen de transport. Sans ménagement, on le pousse vers l’entrée d’une sorte de grillage. Sur un panneau accroché aux fils de fer, un message portant la motion « Haut voltage, ne pas toucher » lui tire un soupir désespéré. Lui qui avait espéré faire suer ses geôliers en s’y accrochant. C’est dommage. On le fait entrer par une petite porte, qui se referme derrière lui. Dans la cour, des jeunes, pas plus âgés que lui, jouent une partie avec une sorte de ballon orange. Orange qui se retrouve dans cette tenue informe qu’on leur oblige à porter. Il tourne la tête. Aperçoit un nouveau mur d’une sacrée hauteur, troué sur presque toute sa longueur. Dubitatif, il s’arrête. On le tire avec violence, et il se prend dans les chaînes à ses pieds. Tombe, roule et se retrouve accroupi. Levant un sourcil, il tend un bras à un des ses braves et aimables gardes du corps. L’ignorance est la pire des insultes. Mercury serre les dents.
On l’emmène vers une des enceintes extérieures. Quinze mètres de bétons qui lui en mettent plein la vue. Il retient un sifflement d’admiration pour les mecs ayant mené ce chantier à bien. Joli boulot. Il passe au milieu de loubards, certains tatoués, d’autre couturés. L’air et la couleur changent souvent. Tantôt l’un lui jette ce regard sensé lui foutre les jetons, tantôt ce sourire de connivence qui souhaite la bienvenue à un camarade. Dans tout les regards, un sentiment prédomine. Crétins goguenards. Tandis qu’il les dépasse, il sent une balle lui frapper le crâne. Il se démène, jette un coup d’épaule. Se libère de la poigne de son baby-sitter et se retourne. Levant un majeur rageur, il jette un sourire à l’assemblé, avant de rire des têtes stupéfaites qui se retournent vers lui. Un coup derrière le crâne le jette à terre. Des petits points lumineux dansent devant ses yeux. Un voile obscurcit sa vision. Ses oreilles sifflent.
Un petit cabinet. Sobre, chic, dans le style « fonctionnaire gratte papelard ». Un secrétaire à sa droite. Un bureau en face de lui, vide. Des dossiers sont rangés avec application sur le bord droit, des stylos dans un pot sur le bord gauche. Une plaque dorée est posée en plein milieu de la table. Ses contusions et le coup qui le sonne toujours à moitié l’empêchent de lire les lettres qui y sont inscrites. Il est installé sur un fauteuil assez confortable, mais des menottes le retiennent fermement à ce siège.
Et voilà que le patron débarque. Cheveux gominés, voire huilés, plaqués sur le crâne. Bruns, des lunettes à monture en écaille de tortue de mer lui barre le visage. Un visage quelconque. Une silhouette anonyme. Une cravate rouge à rayures noires sur costume anthracite. Comble du mauvais goût, des bottines cirées et des boutons de manchettes en or –massif ?
Mr Birdy, appelé le rapace ou le charognard, selon les rumeurs que l’on veut bien entendre et retenir.
« Bien bien bien ! Mr Jones, c’est un plaisir que de vous recevoir en cette si belle journée ! N’est-ce pas ? » Sa voix est presque fluette. Son ton léger, presque enfantin. Un fin sourire étire ses lèvres molles.
« … Va t’faire foutre. » Un sourire s’étend sur les lèvres éclatées de Mercury, dégageant son champ de vision des cheveux collés à son front, il plonge ses deux puits sans fonds dans les yeux marron de son interlocuteur.
Mr Birdy. L’oiseau magnifique, le salvateur, celui qui fit des prisons un endroit respectable et respecté de ses concitoyens… Enfin de « ses » prisons. Arizona Max a beau être la plus importante, il pullule sur Grand Line une dizaine des prisons estampillées « Birdy ». C’est devenu une véritable industrie, un commerce prenant source des nombreux conflits entre les jeunes et les autorités. Ne vous fiez pas à son timbre mielleux, à ses manières distinguées. C’est un rapace. Il aime son travail, il le fait bien. Il le fait mieux que personne. Et son job, c'est de casser du malfrat. De le faire entrer dans un moule. D'en faire un "citoyen modèle". Mr Birdy. Quarante trois ans, pas un seul cheveux blanc. Pas une seule once de graisse sur son corps en fil de fer. Il s’impose une discipline si drastique, qu’à coté de son hygiène de vie, la prison c’est le paradis. Un homme dur, un négociant sans pitié, un éloquent personnage qui n’a rien de sympathique.
« Écoute moi bien petit. Je ne le répèterai pas. Ici, tu es chez moi, dans ma maison, respecte moi et tu t’en tireras bien. Tu auras un job en sortant, une maison et qui sait ? Une famille. Mets à mal ma patience légendaire et je te promets que tu ressortiras les deux pieds devant, dans une petite boite. Compris ? » Il a sorti les crocs. Mercury en tremblerait presque… De cette expression féroce, de cette violence contenue, mais qui pourtant déborde.
Satisfait de son spitch et de son effet, Mr Birdy reprend son air affable. S’appuyant sur son bureau, les jambes croisées, c’est de son ton mielleux qu’il lui explique le fonctionnement d’Arizona Max.
***
- Détenu 6113, avancez je vous prie.
Les menottes aux mains, Mercury tend les mains à travers la trouée faite dans les barreaux. Le surveillant attrape une clef à son trousseau, rouge comme l’embout en caoutchouc qui enserre une des mailles de ses pinces. On le libère aujourd’hui. Il a payé sa dette, ça y’est. On lui tend le sac de toile dans lequel ses affaires l’attendent. Attrapant le vieux jeans troué et le débardeur tâché, il s’installe dans une des cabines pour se changer. Enfilant les vieilles bottes qu’il avait piquées à son "père", le jeune homme peut enfin sortir. Par la grande porte. Comme pour dire au monde "Eh regarde, je suis innocent".
Il sourit à Yuri, qui l’attend devant, à coté de Genji. Les deux jeunes se jettent l’un sur l’autre, se bourrent de coups de poing et de baffes dans le dos. Yuri lui tend les rênes d’un vieux cheval à la crinière grisonnante. Le vieux charpentier a accepté de le prendre en apprentissage, pour un an. Après cela, lui avait-il dit « tu pourras m’lâcher les basques ».
***
CHAPITRE 3 : LE MONDE
« J’ai découvert un monde incroyable et enchanteur. J’ai découvert un monde aberrant et illusoire. »
Yuri était quelqu’un d’atypique. Charpentier de talent, il dirigeait une entreprise florissante. Et pourtant, il prenait de son temps pour aider des jeunes en difficulté. Était-ce pour lui une façon de se racheter ? Aucunement. Ce que ne savait pas notre héros à propos de son mentor, c’est qu’il était un escroc. Un génie dans son genre. Il multipliait les coups les plus audacieux, sans jamais se faire avoir. Il faut dire qu’il était bien entouré.
Tout une équipe de maîtres dans leurs domaines : Yumen, ingénieur canonnier, capable de vous construire une machine de mort en quelques jours. Gaston, un artiste raté, mais un copieur talentueux dont l’œil et la mémoire étaient parfaits. Dragonov, un mercenaire redoutable et accompli, qui pouvait résister à une horde de marines déterminés à l’éliminer sans jamais trembler. Sirya, une comédienne qui n’a jamais su s’imposer sur les planches, mais à la faculté incroyable de se faire passer pour qui elle voulait… Et enfin, Charles, beau parleur, embobineur de la pire espèce et bel homme.
Cette équipe, connue sous le nom des "Cols blancs", sévissait sur toutes les Blues depuis la démission de Yuri, mais jamais elle ne se fit attraper.
Depuis qu’il était son élève, Leroy multipliait les voyages et ça lui plaisait. Découvrir le monde, découvrir d’autre civilisation, voir du paysage magnifique sur paysages magnifiques. Après son enfermement d’un an, il se reconstruisait petit à petit grâce aux découvertes qu’il faisait. Et il apprenait toujours plus, encore et toujours. La charpenterie, au départ passe temps qui lui faisait oublier la vie carcérale, devint une véritable passion. Une sorte de noyau autour duquel il se développait, sous la tutelle d’un virtuose. Oui, Yuri, même s’il avait un mauvais fond et passait son temps à faire des sales coups était un excellent menuisier doublé d’un charpentier hors pairs : C’étaient les bénéfices d’un talent inné et d’une expérience interminable. Il avait passé plus de dix ans à construire des navires pour l’EMM, et maintenant c’était pour les particuliers. En fait, la couverture qu’il utilisait pour commettre ses méfaits était ingénieuse, voire même idéale : Il avait eu la bonne idée de construire des navires de luxe pour de riches bourgeois. Il profitait de cette occasion pour les soulager de quelques œuvres d’arts ou riches bibelots, tout en menant à bien son chantier. Résultat ? Personne ne le soupçonnait et sa réputation était florissante.
En plus d’apprendre de son maître, Leroy profita de l’expérience de ses compères… Grâce à Dragonov, il apprit à se défendre d’une manière exceptionnelle et inédite. Le mercenaire était un professeur patient mais sévère dans l’art du Sambo. Un art de combat méconnu, venant d’une région polaire de North blue, presque à la limite de la route de tous les périls. Il est conçu pour donner une impression de telle fluidité, de telle aisance que personne ne se rend compte que l'on se bat. Bien sûr, la « Kalashnikov » comme on l’appelait dans le temps, lui avait apporté sa petite touche personnelle : Des prises au sol et des soumissions presque cruelles tant elles étaient efficaces.
Auprès de Gaston, il fit une découverte incroyable, tant elle était surprenante : Il avait un fabuleux coup de pinceau, et un goût artistique prononcé. La culture qu’il gagna à fréquenter le copieur lui était très utile pour ses travaux de menuiserie. Et puis il lui donnait quelques Berrys pour ses reproductions… Il disait que c’était pour l’encourager. En vérité, la petite troupe l’utilisait pour gagner du temps. Commettre un vol est aisé… C’est disparaître sans laisser de traces qui l’est moins. Un criminel rencontre toujours cette difficulté, celle de passer inaperçu et de berner ceux qui le poursuivent. Seulement, la machine des Cols blancs était fantastiquement bien huilée. Ils dérobaient un objet ou une toile, et les remplaçaient par une reproduction plus vraie que nature. Ainsi, personne –sauf un expert, ne pouvait se rendre compte du larcin.
Ce n’était pas leurs seules façons de gagner malhonnêtement leurs vies… Façons que nous tairons, pour ne pas mettre Mercury dans l’embarras.
***
Mercury a vingt ans aujourd’hui.
Pour son anniversaire, Yuri l’invite au restaurant. Un restaurant classe, quelque chose qui devrait être au dessus de leurs moyens. Le charpentier ne sait rien du commerce illicite de Yuri, qui est comme un père pour lui. Impressionné par les efforts de son professeur, il a des étoiles dans les yeux en entrant dans le "Bartholdi" , cinq étoiles au compteur, cinq zéro au tarif. Ils s’installent à une table très bien située, proche des fenêtres. Mercury le remercie chaudement, comme un fils. La générosité de Yuri avait transformé le jeune homme aigri et rebelle en un modèle d’honnêteté et de volonté : Celle de travailler dur pour obtenir ce qu’il veut. Et ce qu’il veut, c’est une vie normale… Faite de joie, de bonheur, de simplicité. Oui, elle lui plairait, cette vie. Ce qu’il ne sait pas, c’est que Yuri est sur le point de se faire attraper pour ses activités secrètes. Ce qu’il ne sait pas c’est que l’homme ne l’avait choisi que pour s’en servir, et non par bonté d’âme.
Ce soir, Yuri a peur. Il est tendu et sait que le piège se referme sur lui. Brusque, presque agressif, il déconcerte Le qui pourtant ne fait que lui marquer son affection. Quelque chose cloche, l’instinct de Mercury, ancien taulard, se réveille peu à peu. Jones sera surpris. Surpris et peiné, lorsqu’au dessert, deux hommes sortiront un badge du Cipher pol. Surpris car il n’en voit pas la raison. Peiné, lorsque Yuri prit la fuite en défonçant la vitre d’un grand coup d’épaule, le laissant sur place. Ses yeux restèrent secs. Son cœur éclata en morceaux. Finalement ce grand homme n’avait jamais été un être exceptionnel. Il est comme les autres, un criminel sans foi, sans loi, sans pitié. Un père spirituel ? Un profiteur qui avait utilisé ses talents pour gagner sa vie d’une façon détestable. De rage, Mercury éclate la table sous un poing rageur. Il saigne mais n’en a que faire. La plus profonde des blessures se trouve dans sa poitrine. Le croyant violent et dangereux, on lui passe les menottes.
Pour la deuxième fois de sa vie.
Privation de liberté, barreaux, geôliers. Ce qu’il avait cru ne jamais revoir. Et pourtant, c’est bien là qu’il se trouve. Dans une cellule du QG de Grand Line. Les bruits des autres prisonniers ne lui parviennent plus. Il voit flou. Il a perdu ce goût qu’il avait retrouvé. Celui pour une vie simple et tranquille.
Un inspecteur vient le voir, en tout cas, c’est ce qu’on vient lui dire. On l’emmène dans une petite salle pourvue d’un bureau et de deux chaises en fer. Un miroir prend toute la largeur du mur, à sa droite. On l’amène menotté. On l’attache à une boucle fixée sous la table.
- Bonjour Mr Jones, vous vous souvenez de moi ?
Dévisageant l’agent Garret, Mercury opine du chef. Comment l'oublier ? Il reconnaît ces yeux mordorés si singuliers, où danse la fougue d’un opportuniste. Cette bague frappée d’un aigle, passée à son index, qu’il avait entrevue lorsqu’on lui passa les pinces. Cheveux roux, tâches de rousseur et un bob tout c’qu’il y a de plus banal. Frederik Garret. Un nouveau venu dans sa brigade, farouchement décidé à réussir sa carrière.
- Bien sûr, Agent Garret si j’me souviens bien ? Répond Mercury, presque affable, sachant que cette entrevue est stratégique.
- Souhaitez vous un verre d’eau ou un café avant que nous ne commencions ? le sollicite l’agent, qui souhaite le mettre en de bonnes conditions.
- Non, merci. J’aimerais plutôt savoir de quoi on m’accuse … répond franchement notre jeune héros.
L’agent lui explique alors tout depuis le départ. Son implication dans les crimes perpétrés par son ancien professeur avait été prouvée, et même s’il l’avait fait de manière inconsciente, cela n’avait pas réglé le problème. On l’inculpe pour complicité d’escroquerie, et de dix huit autres chefs d’inculpation de cette veine.
Mercury croit défaillir en entendant ces paroles. Il lui est impossible d’imaginer retourner en prison. Inconcevable même. Il préfèrerait crever que de revoir les remparts d’Arizona. C’est alors qu’on lui proposera la solution : Témoigner et faire tomber ses confrères à sa place.
Epilogue : FIN DE LA BACK STORY
Si tu veux savoir la suite, la voici : Bien sûr que j’ai témoigné. Et pas qu’un peu. J’ai essayé d’en mettre un maximum sur le dos de Yuri, et très peu sur ceux des autres, laissés pour compte, comme moi, d’un cerveau géniale mais peu scrupuleux, et peu fidèle. Je me suis fais la promesse de ne jamais finir comme lui, de ne jamais laisser tomber un des miens. Alors que je redeviens un simple civil après le tribunal et tout le touintouin, je me suis laissé une large voie de sortie. J’ai omis beaucoup de détails sur les activités de mon patron. J’ai omis un hangar plein à craquer, avec un coffre en souterrain.
Je me dirige donc avec plein de précaution dans le hangar, pas suivis par personne, si ce n’est l’ombre de mon ancienne vie.
Je retrouve moult œuvre d’arts, et autre objets que je sais comment revendre, au marché noir. Je retrouve surtout le compartiment secret dans le grand coffre fort, qui peut accueillir plus d’un homme, dans lequel se cache un fruit par ordinaire, pas comme les autres. Yuri a toujours dis qu’il fallait attendre le bon moment pour le ressortir, pour faire monter sa valeurs marchande. Moi, je croque dedans à pleine dent et le goût affreux du sulfureux démon que je deviens, me donne la nausée.
J’y gagne une force et une fortune colossale.
Et l’assurance de ne jamais finir jamais plus derrière les barreaux.
C’est fou, plus je regarde ma vie, plus j’ai l’impression d’avoir toujours été une victime, et de n’avoir fais que subir. Je veux rendre les coups, alors je deviens le patron d’une entreprise bien côté, en rachetant les parts de marchés à mes concurrents. Je deviens le patron de « Gelato industry », une usine de bonbon.
Un truc d’enfant, que j’ai jamais connu au bon âge.
Comme pour me rappeler, constamment, que cette société vaut pas grand-chose.