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[Présent - Mission]C'est devenu un pariat! [PV: Karim]
Fizz
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Dim 9 Fév - 17:53
Intitulé de la mission:

C’est devenu un pariât !
Feat. Karim Ookami



Les vagues font tanguer le navire, un roulement régulier que nous avons, avec le temps, appris à aimer. Quelque part au-dessus de nos têtes, les paroles des hommes se perdent dans le vent.
A la lueur d’une bougie, nous relisons une énième fois la lettre au papier jaune. Mes bras tremblent tandis que mes yeux parcourent frénétiquement les lignes régulières, à la recherche d’un détail que j’aurais manqué, de quelque chose qui pourrait lui donner tort.

Sur la table, à côté de la page noircie d’encre, tu te tiens immobile, roulé en une petite boule serrée. Ton regard brillant est fixé sur la signature de l’homme. Des souvenirs étranges traversent ton esprit, qui ont à présent une saveur bien différente.

J’inspire longuement, comme pour prendre le temps de trouver des mots.

Penses-tu qu’on peut le croire ?

Tu hausses les épaules, mais tu n’as en réalité aucun doute à ce sujet. Wyatt London est un homme que nous avons appris à connaître, et ton instinct t’a de suite poussé à lui accorder ta confiance. Et la lettre ne peut qu’être sincère… L’homme y livre son âme, ses plus sombres secrets. Je l’ai ressenti également, le mensonge dans cette missive semble parfaitement impossible.

Dire que nous servons ses intérêts...

Krug Verrat a-t-il fait de nous des criminels ? Sommes-nous complices de ses crimes odieux ? Et surtout, que pouvons-nous faire pour nous racheter ?

Aider à ramener la justice.

Tu as levé ton regard sur moi, ferme comme jamais. Tu as parlé sans hésitation, comme si tu avais entendu mes questionnements. Tu sembles assuré, mais ce n’est qu’une façade : tu n’as aucune certitude sur la suite des évènements. Même si la missive s’avère fiable, l’homme est tout de même notre roi, et nous naviguons actuellement sous son étendard. Ce que nous sommes en train d’imaginer, toi et moi, relève de la haute trahison. Et pourtant, quel choix avons-nous ? A présent que nous connaissons la vérité, il en va de notre devoir – non seulement vis-à-vis du Décret Decima et de Sa Sainteté, mais aussi et surtout vis-à-vis de notre famille et de notre royaume – de rétablir la vérité.
Et pourtant, qui nous croirait ? Bien que ces révélations expliquent tant de choses, concernant l’ascension brutale et inexpliquée de notre suzerain actuel, quelle preuve possédons-nous ? Et surtout… qui se placerait de notre côté ?

Terre en vue, Cap’tain !

La voix alcoolisée et insouciante du vigie nous tire de nos pensées, et nous partageons un regard interrogatif. Une île, dans cette partie de l’océan ? D’après nos prévisions, nous n’aurions pas dû croiser terre avant au moins trois ou quatre jours. Tu te précipites vers la petite commode, pour consulter tes carnets ; pourrais-tu avoir commis une erreur ? Ou s’agit-il d’un lieu non connu dans les documents de Goa ?

Tu bondis prestement sur mon épaule, et nous nous engageons dans l’étroit escalier. Un vent violent manque d’emporter mon haut-de-forme tandis que nous émergeons sur le pont ; le même qui fait battre fièrement le drapeau fleuri du Royaume de Goa au-dessus de nos têtes. Tandis que je prononce quelques ordres, tu fixes le pavillon, le cœur lourd.

Au loin, une île sombre se dessine, rendue plus sinistre encore par l’épais voile nuageux qui semble la recouvrir entièrement. Tu te mords légèrement la lèvre inférieure ; ton instinct ne te laisse présager rien de bon.

Et pourtant, nous nous dirigeons droit vers cette terre inconnue. C’est après tout notre mission première.



Fizz
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Karim Ookami
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Mer 12 Fév - 19:38
Le navire voguait sur les mers d’East Blue, transportant en son sein de nombreuses personnes à la mine terne. Karim ne s’était pas réveillé de son long coma, il se battait contre lui-même depuis plus d’un mois, et c’était Eileen qui le maintenait en vie en lui transfusant ce qui pouvait être transfusé. Depuis déjà un mois, le jeune homme-loup n’avait pas émis le moindre signe qui indiquait qu’il allait se réveiller. Les différents membres de l’équipage vacillaient entre un désespoir prenant et une moue abattue. Le pire n’était finalement pas pour Finn, mais pour Jean-Gab. Contrairement à ce qu’il laissait penser, il éprouvait un attachement profond à Karim. Il le considérait comme une sorte de père de substitution malgré l’écart d’âge assez faible. Ses larmes avaient coulé à flot les premiers jours.

Le jeune humain originaire de l’île de Dawn avait finalement engouffré sa peine, laissant place à un entraînement intensif. Il battait l’air avec la jambe de bois de son papy, et continuait à affronter successivement Finn, le petit-ami humain de Karim, et Bayt, l’homme-chèvre anciennement à la solde du clan des hommes-loups dont le comateux avait été l’héritier légitime. Hurlant sa rage à plusieurs reprises, il finit par sourire à nouveau et la vie reprit son cour sur le navire. Chacun s’organisait pour ne pas penser au corps sans conscience qui jonchait les planches d’un sol qu’il avait lui-même construit.

    - Il faut aller se ravitailler, décréta Bayt au matin de la neuvième journée qu’ils passaient sur la mer en direction d’une île où un nouveau médecin pourrait peut-être aider Karim.
    - Je vais y aller avec Karim, nous le mettrons dans le fauteuil roulant, lâcha Finn. Peut-être qu’un peu d’air frais lui fera du bien.

Chacun acquiesça silencieusement. Son corps était complètement guéri, alors pourquoi son esprit ne revenait pas ? Se battait-il contre quelque chose de plus profond ? Qu’importe, l’idée de laisser Karim seul sur le navire ne plaisait pas à Finn, ou celle de sillonner une énième île sans lui non plus. L’île était sombre, recouverte d’un épais voile nuageux. Rien ne présageait que le voyage allait être commode. Pour les différents protagonistes, l’idée de se balader en ces lieux apportait plus d’inquiétudes que de réponses.

Naturellement, les ordres de Finn étaient devenus paroles d’évangiles après la disparition de leur leader. Ils le suivaient sans réellement trouver de quoi lui opposer : il n’était pas comme Karim. Il n’était pas égoïste, il n’était pas impulsif, au contraire. Ses décisions étaient pesées, et s’ils plaçaient leur objectif en premier, ils n’en déviaient pas, même pas pour aider des personnes en danger.

Une fois à proximité de l’île, ils amarrèrent sur le port en même temps qu’un autre navire. Les primés étaient capuchonnés de sorte à masquer leurs visages hostiles aux populations gouvernementales.

Le souffle du vent était déplaisant sur les joues de Karim. Ce dernier le sentait, et sentait qu’on le déplaçait. Pourquoi n’arrivait-il pas à revenir à la surface ? Il avait l’impression de se noyer constamment. Il ne pouvait pas bouger, pas un mouvement. Finalement, alors qu’il tentait de reprendre un peu conscience, quelque chose l’attrapa et le ramena dans les ténèbres… Des ténèbres qui lui rappelèrent des choses qu’il avait volontairement oubliées.

    - Ouvrez vos tentes, espèce de fainéants !

La voix qui résonnait était familière à Karim. Ce dernier ouvrit les yeux, pour voir qu’autour de lui une demi-douzaine d’hommes-loups se levaient avec difficulté. Il se demandait ce qu’il se passait : son corps avait l’air vigoureux et de répondre à ses ordres. Il franchit l’ouverture et observa l’île sauvage qui se trouvait à la sortie de son campement de fortune. Il y était de retour. Il était là, en enfer. Le Di Yu.
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Fizz
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Sam 15 Fév - 13:54
C’est devenu un pariât !
Feat. Karim Ookami



La belle caravelle aux voiles triangulaires, désignée en lettres d’or sur son flanc : « le Corte Real », s’approche prestement de l’île. Je me tiens sur la proue, tenant d’une main mon chapeau et te caressant distraitement la tête de l’autre, perché sur mon épaule.

A mesure que nous approchons, nous distinguons de mieux en mieux le lieu vers lequel nous nous dirigeons. Les traits sombres de l’île sont autant de bâtiments gris aux murs métalliques qui la recouvrent entièrement, de ce que nous pouvons en voir. Une pluie fine tombe sur les toits, rendant la scène plus morne encore.

Le port sur lequel nous accostons est entièrement fermé lui aussi, couvert par une sorte d’immense préau qui s’étend sur plusieurs dizaines de mètres dans la mer. La luminosité baisse drastiquement, malgré l’éclairage blafard présent sur tous les piliers entre lesquels nous passons.

Nous finissons par accoster, aux côtés d’un autre navire. Tandis que les hommes jettent l’ancre, nos regards parcourent les quais vides – du moins en apparence – d’un air inquiet… Jusqu’à être brutalement tirés de nos pensées par plusieurs détonations violentes, suivies de près par des éclats d’eau. Plusieurs boulets viennent de percuter la surface marine de part et d’autre de notre navire, dangereusement proches… Tout comme de celui de nos nouveaux voisins.

Passé la stupeur, nous repérons derrière les quais, à une dizaine de mètres de hauteur, quatre ou cinq tourelles constellées de meurtrières. On neut peut voir ce qu’il s’y cache, mais on peut le deviner, d’après les tirs de sommation.

Et soudain, nous baissons les yeux sur une escouade d’une quinzaine d’hommes, tous vêtus de longs manteaux gris, qui se tiennent droits sur le quai, juste devant nous. Alignés comme ils sont, à quelques mètres d’intervalle chacun, ils parviennent à couvrir l’entièreté de la largeur des deux navires, et à tenir en joue leurs occupants – ceux se trouvant sur le pont, du moins.

En un souffle, je chuchote à ton intention.

Tais-toi Fizz, laisse-moi m’en charger. N’interviens que si tu n’as plus le choix.

Tu n’apprécies pas, mais tu comprends. La plupart des gens te prennent pour un simple animal de compagnie, et ne se méfient donc pas de toi. C’est un atout dont on ne peut se priver.

Je m’avance d’un pas, levant les bras.


Nous venons sans mauvaise intention. Je suis le Seigneur Alban Mallory, émissaire du Royaume de Goa, et nous demandons...

-Silence! me coupe l’un des soldats, le visage caché derrière un foulard, en pointant son arme sur moi. Tous à terre. Et sans faire d’histoire.

Je hoche la tête docilement, tentant de calmer les choses, puis fais signe à l’équipage d’obtempérer.

Du monde en vue, Cap’tain !

Du haut de son nid de pie, nous entendons la vigie faire sauter le bouchon d’une nouvelle bouteille. Tu lèves les yeux au ciel, te retenant de justesse de te pincer le museau.




Fizz
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Karim Ookami
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Lun 17 Fév - 23:30
L’avertissement était tardif. Les boulets de canon, le port surmonté d’un préau, les maisons métalliques, tout était particulier sur cette île, jusqu’à ses visiteurs. Finn venait de descendre sans craintes du navire avec le comateux. Ils observaient les tours plus loin. Le risque était qu’ils abîment leur navire, et que le travail fourni par Karim n’ait servi à rien. C’était impensable. Ravalant leur fierté, les pirates se contentèrent de s’asseoir et non de mettre ventre à terre. Ils mirent leurs mains en évidence, comme pour montrer qu’ils n’étaient pas armés. Bien sûr, ce n’était pas le cas de tout le monde. Eileen n’avait que faire de toutes ces considérations. Son corps disparut, tandis qu’elle laissait place à un spectre qui glacerait le sang de quiconque la regarderait… Mais ce n’était ici pas l’objectif.

En effet, elle disparut dans un bâtiment adjacent, essayant de se faire la plus discrète possible. Il n’y avait personne : cette partie aménagée devait être un leurre pour accueillir les inconnus. Ce n’était ni un espace de stockage, ni un espace de vie. Il fallait s’avouer qu’ils devaient être un peuple intéressant pour prendre autant de précautions. Traversant à nouveau un autre mur, elle commença sa progression en direction des habitants de l’île, des gardes, dans le but de leur soustraire des informations sans qu’ils ne sachent rien de sa présence.

Seul Finn n’avait pas obtempéré. Le combattant expérimenté tenait d’un œil colérique ceux qui visaient Karim. Il s’était mis devant le fauteuil, faisant barrage avec son corps. Bien sûr, il attirait surtout l’attention sur lui pour permettre à son alliée maudite de partir en reconnaissance. Ses babines se retroussèrent tandis qu’il s’apprêtait à grogner un peu plus fort… Avant de se rendre compte qu’il n’avait toujours pas commencé à se présenter.

    - Nous ne sommes pas venus ici pour vous emmerder, maintenant arrêtez de nous viser, nous avons un blessé.

Il n’implorait pas, il avertissait. S’ils attaquaient, s’ils touchaient le navire – si tant est qu’ils puissent passer à travers les défenses de leur équipage – ils se frotteraient à la colère de Finn. Lui-même avait été longtemps un combattant du Nouveau Monde. Tant que Karim était endormi, il était le chef. Il était celui qui prenait les décisions, pour le bien de ses camarades. Il ne baisserait pas la tête, contrairement à ces pécores à côté de lui.

La sortie du jour était une simple découverte des lieux pour les aspirants qu’ils étaient. Tous devaient passer ce rite initiatique. Ils allaient devoir vivre une aventure exceptionnelle, et s’ils survivaient, ils pourraient devenir membres du célèbre et prestigieux clan Ookami. Pour Karim, cela aurait dû être une formalité… Mais il était faible. Il était plus faible que tous, et les premières heures de cette épreuve lui donnèrent raison quant à ses chances de survie.

Il s’avançait dans la forêt, seul, observant le plus grand calme et la plus grande attention. Il inspirait tout en se rendant presque invisible. Sa couardise n’était en réalité qu’un instinct de survie exacerbé par ses années sur le Nouveau Monde. Brusquement, il entendit au-dessus de lui quelque chose mâchouiller. Il leva son regard. Ses yeux se figèrent sur la vision d’horreur.

Attaché à une toile d’araignée, un des jeunes qui passait l’épreuve était en train de se faire vider l’estomac par les crocs d’une araignée. Il trembla en sentant les gouttes de sang lui tomber dessus, mais s’empêcha de crier. Des larmes de terreur gagnèrent ses yeux.
Karim Ookami
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Lun 2 Mar - 11:50
C’est devenu un pariât !
Feat. Karim Ookami



Tandis que nous quittons le pont du navire pour le quai métallique, tu observes avec intérêt nos voisins de mésaventure. Le jeune homme sur la chaise roulante attire en particulier ton attention. Le pauvre est en plus mauvaise posture que nous, compte tenu de la situation. Son accompagnateur semble revêche, mais tu sais déjà que tu souhaites les aider ; tu me le fais savoir par une pression subtile de la patte sur mon épaule tandis que l’homme parle, et je n’ai pas de mal à te comprendre.

Si j’avais pu distinguer les traits de l’homme assis, son  visage m’aurait certainement semblé familier ; peut-être même aurait-il éveillé en moi des souvenirs bien désagréables. J’aurais alors été moins enclin à leur venir en aide. Sans doute est-ce une chance pour eux.

-Bah tiens! Le chef de la troupe qui nous accueille si chaleureusement se tourne vers moi. Dites à vos hommes de se tenir, Mallory, sans quoi vous aurez plus qu’un blessé. L’accent posé sur mon nom me fait tiquer, tout comme le fait qu’il semble penser qu’il sont tous sous mes ordres. Je choisis pour l’heure de ne pas le contredire, convaincu que mon statut sera bénéfique à ces pauvres marins. Il s’adresse à ses subordonnés: Amenez le p’tit Seigneur devant Sa Majesté ! Ses hommes patienteront à la tour des… « invités ». Et retirez vos capuches !

Son insistance sur le dernier mot ne laisse que peu de doute sur notre réel statut. Tu te glisses sous ma manche, comme pour t’y mettre en sécurité, mais tu ne vises en réalité qu’à t’assurer de rester avec moi. J’aurais aimé que tu puisses protéger l’équipage, mais tu te refuses à me laisser seul, et je m’interdis de t’offrir comme prisonnier.

Je porte un regard qui se veut amical et rassurant sur le jeune homme qui partage notre sort, tout en lui adressant un léger signe de tête. J’espère qu’il jouera le jeu, sans quoi il pourrait nous mettre en position plus délicate encore. Je retire d’une main mon haut-de-forme, le tenant devant moi avant de  reprendre la parole d’une voix qui ne laisse cette fois pas place au doute. Nous sommes bien entendu prêts à coopérer, mais s’en prendre à nous à présent causerait un grave incident diplomatique ; même les sujets d’un royaume de toute évidence aussi isolé ne peuvent l’ignorer.

- Mon ami et moi, dis-je en désignant celui que je suppose être le capitaine, demandons bien volontiers audience auprès de votre Souverain. En revanche, nous vous remercions grandement pour votre hospitalité, mais nos équipages resteront sur les navires, sous votre protection. Ce sont des marins, là est leur place ; je suis certain que vous comprenez.

Pendant que je parle, croyant fermement à la voie diplomatique, tu restes réfugié sous ma tunique, seule ta petite tête émergeant du vêtement. Tu ne quittes pas des yeux l’homme blessé ; ton museau hume l’air, comme à la recherche de quelque chose de particulier.



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Jeu 19 Mar - 19:18
La disparition d’Eileen n’avait pas attiré l’attention, ce qui signifiait soit que leur système de garde ne possédait pas de longue vue, soit que la distraction avait fonctionné. Jean-Gab, Aichounne et Karim étaient tous trois encapuchonnés, car ils possédaient des primes : respectivement 1.000.000, 100.000 et 47.000.000 de Berrys. S’il était peu probable que les plus petites primes soient connues, l’homme-loup commençait à faire parler de lui sur East Blue, et il n’aurait pas été étonnant de voir son affiche de primé trainer sur le bureau d’un officier. Peut-être que les liens peu étroits entre le Gouvernement Mondial et ces lieux les sauvegarderaient, mais il n’allait pas tenter le diable… Ni ici, ni ailleurs.

Le regard de Finn était figé sur le chef de la troupe. Il avait déjà une vague idée de la menace qu’il représentait, et pour un combattant aguerri, elle était presque nulle. Serrant le poing, il se dit qu’il pourrait passer à l’attaque. Ses intentions hostiles transparaitraient sûrement pour les utilisateurs du Haki de l’Observation, ainsi que pour ceux dont l’instinct animal était exacerbé. Que ce soit l’un ou l’autre, la posture du garde changea subitement, réagissant avec un temps de retard à la menace que représentait l’amant de Karim. Il haussa un sourcil, et croisa les bras. Il ne remarqua pas le soutien que lui apportait l’étranger, situé un peu plus loin.

    - Celui-ci garde sa capuche, fit il en signalant du doigt l’homme-loup dans la chaise roulante.

Comme s’il s’agissait d’un ordre, la femme-chien et l’adolescent sur le navire enlevèrent tous deux leur capuchon. Aïchounne était facilement reconnaissable : en plus d’avoir des cheveux d’un châtain foncé, coupés en carré au niveau des épaules, ses attributs animaux ressortaient. Plusieurs soldats rougirent face à une telle beauté, et elle prit peur, allant se cacher derrière Andy. Andy était la femme-poisson du groupe, et elle avait l’habitude de l’hostilité des humains. Elle n’en était pas moins devenue plus revêche avec le temps, et ce dernier mois avait consolidé son caractère. Tandis que les hommes de la garde murmuraient quelques mots entre eux, observant la jeune femme, cette dernière se contenta de soupirer.

Le plus intriguant était que ni Jean-Gab, ni le Vieux, ni Shalon, ni Bayt n’eurent le droit d’être reluqués. La lubricité de ces hommes était-elle donc sans égal ? En tout cas, s’il voulait que Finn le suive, le chef de la troupe devrait accepter que Karim garde sa capuche. Et il l’accepta finalement, après avoir grondé quelques instants, guidé par son instinct qui le poussait à ne pas mettre en colère le brun.

    - J’imagine que tu ne me laisses pas le choix. Suivez-moi. L’encapuchonné reste ici.

Finn fit la sourde oreille, avançant le fauteuil avec lui tandis que le chef de la garde se mordait les lèvres. Il semblait contenir le semblant de colère qu’il pouvait ressentir devant la désinvolte et l’expression à présent satisfaite du combattant. « Hors de question de laisser Karim ici. » se dit-il.

Plus loin, l’exploration d’Eileen continuait, et elle parcourait les simulacres d’habitations sans trouver quiconque à l’intérieur. C’était plutôt pénible. Elle ne pouvait pas s’enfoncer trop, sinon elle risquait de donner l’alerte… Même si tout le monde penserait en premier lieu à un fantôme et non à un fruit du démon, surtout sur cette mer.

Lorsqu’elle aperçut enfin quelqu’un, elle ne put s’empêcher de s’arrêter devant cette personne qui, terrorisée, ne sortait pas un mot. C’était une servante, de toute évidence. Elle avait des habits de bonne, et un balai dans les mains. Ses lèvres tremblaient, son corps tout entier était tétanisé par la peur. C’était l’effet qu’Eileen provoquait. S’approchant de la jeune femme, elle était autour d’elle, mais pas un bruit. Elle reprit forme humaine et bâillonna de sa main sa pauvre victime :

    - Si tu hurles, je te tue.

C’était faux, mais elle n’avait pas besoin de le savoir.

    - Tu vas m’expliquer ce qu’il se passe ici, pourquoi l’île est autant gardée, qui habite là, et quelles sont leurs relations avec le monde extérieur, et peut-être que, si je suis satisfaite de tes informations, tu vivras un jour de plus.

Après avoir attendu qu’elle acquiesce d’un signe de la tête, Eileen libéra sa captive qui commença à lui raconter des choses à voix basse, craignant qu’un instant plus tard le spectre ne revienne.
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Ven 10 Avr - 20:40
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Tandis que je scrute le marin revêche qui me sert de compagnon d’infortune, me demandant jusqu’où il poussera sa chance et à quel point il aggravera notre situation, ton attention est ailleurs.

Étrangement, tu ne ressens plus la moindre once d’inquiétude. Ton regard est rivé sur les traits canins de la charmante jeune femme qui vient de se découvrir. Ta dernière rencontre avec une représentante de son espèce ne s’est pas déroulée parfaitement, c’est le moins que l’on puisse dire. Celle-là partage avec la femme-renarde Decima la pureté et l’innocence dans le regard qui ont eu raison de toi en un instant. Elle semble t’appeler, et tu plonges tes yeux dans les siens, résistant à l’envie de l’approcher pour lui parler. Quant à moi, je finis par suivre instinctivement ton regard… et je me fige. Je connais le visage de cette femme, tout comme celui de l’enfant qui se tient à ses côtés. Je ne pourrais pas les oublier. Soudain, les images me reviennent en tête. Le sang. Les corps. L’animal sauvage. Les hommes se battant pour leur vie, et ces deux-là tâchant tant bien que mal de secourir les passants.

- Shimotsuki...

Je me tourne à nouveau vers le meneur de cette troupe hétéroclite ; qui est-il ? Que vient-il faire ici ? Une seule certitude me vient : son caractère revêche et violent n’est pas signe d’une nature mauvaise.

Nous tirant tous deux de nos pensées, le militaire nous fait signe de le suivre, et nous emboîtons ses pas. Nous faisant pénétrer dans l’enceinte de l’île, il nous fait traverser plusieurs longs couloirs. L’intérieur de l’île est décoré de façon autrement plus agréable que l’extérieur ; dans les allées que nous traversons, de riches tapisseries ornent les murs, et des lampes à huile projettent une lueur paisible.

Finalement, nous nous arrêtons, et l’homme désigne un banc de bois ouvragé, à proximité d’une large porte ornée de dorures.

-Attendez là, nous dit-il, Son Altesse va bientôt vous recevoir. Je n’ai pas besoin de vous rappeler l’étiquette, n’est-ce pas Mallory?

Je secoue la tête, circonspect, et l’homme attarde son regard quelques instants sur le garçon qui pousse la chaise roulante, avant de s’éloigner et de disparaître à travers une porte dérobée. Seuls deux des gardes restent près de nous, sans nous accorder un coup d’oeil.

Nous attendons, et ta curiosité se fait de plus en plus grande, au point de ne pouvoir la réprimer. Qui sont ces gens qui titillent ton instinct ? Où ont-ils rencontré leurs amis extraordinaires et, comment leur parler ? La volonté de te lier à eux ne te permet plus de tenir en place.

D’un pas prudent, tu descend le long de ma manche, ton museau humant l’air en direction de la chaise roulante. Tu fixes l’homme masqué quelques instants, avant de lever les yeux vers son camarade, prenant la parole pour la première fois de ta voix perçante et nasillarde, sur un ton presque enfantin.

Que lui est-il arrivé ?


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Dim 12 Avr - 22:04
Ils avancèrent dans des rues richement parées, détonnant avec le port industriel vide qu’ils avaient passé en premier lieu. L’imagination de Finn vagabonda quand il entendit le « Son Altesse », et il fronça les sourcils lorsque le nom de « Mallory » résonna encore. S’agissait-il réellement du nom de cet homme, ou y avait-il une réalité plus sombre qui se cachait derrière, telle qu’une mascarade composée pour les capturer ? Il n’eut pas envie d’y réfléchir plus : quelle que soit la réponse, il ferait face. Et c’est ainsi qu’il observa le banc, sans s’y asseoir, restant debout derrière le fauteuil, au cas où il y aurait besoin de le protéger ou de le déplacer rapidement. L’esprit de Finn aux aguets, celui-ci sourit finalement plus tendrement en voyant l’animal parler. Pas une once de surprise dans son regard : c’était si commun sur le Nouveau Monde qu’il n’avait pas eu à se soucier de ce genre de choses, un animal qui parle…

En revanche, l’air surpris des deux gardes et leurs murmures appelaient plus clairement à la haine qu’à l’amour. Les humains, dont Finn faisait partie, étaient vraiment la pire espèce, n’est-ce pas ? Karim aurait pu le clamer haut et fort, lui qui les détestait presque tous…

    - Il est tombé. Après avoir construit notre navire, il est tombé, et ne s’est plus relevé, déclara Finn avec une émotion réelle dans la voix. C’est comme si son esprit n’arrivait pas à se réveiller. Peut-être les séquelles d’une bataille, on n’arrive pas à savoir…

Il se pinça les lèvres, fronçant les sourcils et serrant son poing sur la poignée de la chaise roulante qu’il tenait. Finalement, sa peine s’évacua quand il inspira et expira un coup, laissant son visage reprendre une expression plus apaisée. Il avait passé un mois à s’interroger, à présent il était dans un état de calme relatif.

    - Je m’appelle Finn. Lui c’est Karim, dirait-il en désignant le garçon dans la chaise roulante.

Il remarqua que le bras de Karim était tombé pendant le transport, et se déplaça pour aller le remettre en place, le long de son corps, la main sur ses cuisses. On voyait dans ses gestes qu’il était très précautionneux, comme s’il tentait de faire en sorte que le garçon soit le plus confortablement installé possible. Il se tourna alors vers l’animal qui s’était adressé à lui, ainsi que vers son humain :

    - Je suis ici pour trouver quelqu’un pour le soigner, mais je ne sais même pas si c’est possible. Les intrigues politiques ne m’intéressent pas… Quand j’aurai ce que je suis venu chercher, je partirai.

Il s’était accroupi devant Karim en parlant, mettant ses mains sous sa capuche tandis que les gardes regardaient ailleurs, lui tenant la tête. Fizz, s’il était bien positionné, pourrait alors clairement voir qui se trouvait sous le capuchon. S’il ne l’avait jamais vu habillé, il était tout de même très probable qu’il remarque cet homme-loup qui avait fait des siennes sur Shimotsuki Town. Un tel état de faiblesse ne rendait pas hommage à l’homme dont il s’agissait…

Plus loin, les yeux d’Eileen semblaient s’écarquiller, arborant un air abasourdi devant les révélations qui lui venaient aux oreilles… Elle devait absolument retrouver Finn pour lui expliquer dans quel pétrin ils s’étaient fourrés.
Karim Ookami
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Fizz
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Lun 20 Avr - 0:47
C’est devenu un pariât !
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Je fronce les sourcils, mécontent que tu te sois dévoilé aussi rapidement. S’il est intéressant de noter que l’homme en question n’est nullement choqué par ta condition, les murmures des gardes, eux, ne laissent aucun doute sur leur opinion. Tu as beau ne pas l’apprécier, Fizz, l’effet de surprise dont tu bénéficies de par ton espèce aurait été un atout non négligeable, dans cette situation tendue. Un atout dont tu viens de nous priver.

Mais tu t’en moques. Seuls t’importent les mots du jeune homme, dont la tendresse évidente vis-à-vis de son ami t’émeut profondément. Tu ne peux que t’imaginer à sa place, prenant soin tant bien que mal de l’une des personnes qui te sont chères. Dans ce fauteuil, c’est moi, c’est la douce Liranne, ce sont ses jumeaux – tes adorables filleuls. Et toi, tu te vois derrière la chaise, grand, droit, protecteur, et tu en oublies le plus important : tu es un furet, Fizz.

Je m’appelle Fizz ! Et voici mon frère, Alban.

Je soupire, mais mon sourire me trahit. Ta confiance te trahira un jour, Fizz. Pourtant, elle est contagieuse. Mon regard se perd sur l’encapuchonné, et j’hésite un instant. Le regard que tu m’adresses achève de me convaincre.

- J’ignore ce qu’il en est ici, mais nous avons d’excellents médecins, à Goa. Nous pourrions vous assurer des soins auprès des meilleurs. Si quelqu’un sur East Blue peut l’aider, il ne fait pas de doute que ce sera leur cas. Seulement...

Seulement, nous ne sommes pas indifférents aux intrigues politiques, concrètement à lui. Qui plus est, nous sommes certainement sur le point de nous impliquer dans l’une des plus importantes de l’histoire du Royaume. Souhaitons-nous les faire plonger avec nous ? Ce ne serait pas un service à leur rendre.

D’un geste prudent mais fluide, tu quittes ma manche pour te poser sur la jambe de Karim. Tu poses doucement ta patte sur la main du jeune homme, levant ton regard sur lui. Tu ne l’as jamais rencontré, contrairement à moi. Pourtant la sympathie qu’il t’inspire est réelle. Il y a quelque chose à propos de lui, de son odeur et de son apparence, qui t’assurent que cet homme a besoin de ton aide, de ton soutien.

Le soldat qui nous a accueilli revient, cette fois-ci à visage découvert. Il m’est difficile de le replacer, mais ses traits me disent quelque chose, ce qui ajoute à mes doutes. Avons-nous déjà rencontré cet homme ?

Il nous fait signe de nous avancer, et j’obtempère, ouvrant la marche tandis que tu restes sur le fauteuil, te voulant une présence rassurante pour notre nouvel ami. Notre guide ouvre les larges portes révélant une large salle richement décorée. Des chandeliers de cristal pendent du plafond, et des tapisseries rouge et or affichent fièrement aux murs des marguerites ornées de trois plumes chacune. Mes lèvres se serrent.

Contre le mur du fond, sur un trône de bois blanc situé entre six colonnes de marbre, un petit homme potelé se tient fièrement, l’air sévère. Ma mâchoire tombe. Tu ne le reconnais pas immédiatement, car tu étais un peu jeune lors de notre dernière rencontre avec lui, mais je n’ai aucun doute. Et avant même qu’il soit annoncé, je tombe à genoux, me prosternant devant lui en tremblant.

Posant tes yeux sur moi, tu comprends. Et tu en reviens aussi peu que moi. Après tout ce temps passé sans nouvelles de lui, nous étions convaincus qu’il n’était plus. Mais à présent… Cela change tout. Notre dilemme n’en est plus un. Tout est résolu, comme par magie.

-Son Altesse Royale Pierre-Henri Devon, souverain légitime du Royaume de Goa et bienveillant régent de Sunset Island!

Nous entendons à peine le héraut. Pourtant, tandis que tu te prosternes à ton tour, quelque part dans le brouhaha de pensées qui résonne dans ton cerveau, le géographe en toi trouve l’intérêt de noter le nom de l’île sur laquelle nous nous trouvons. Et il ne manque pas de remarquer l’ironie.

Pierre-Henri Devon,
prétendant au trône de Goa



Fizz
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Mer 22 Avr - 22:18
L’image du furet qui se posait sur les genoux de Karim provoqua deux émotions contradictoires chez Finn : une infinie tendresse, et une jalousie compulsive. Il avait l’impression de revoir Jean-Gab qui n’hésitait pas à se coller à l’homme-animal, et cette pensée lui imposa un petit pincement au cœur. En écoutant la proposition de leur interlocuteur, Alban de mémoire, il acquiesça d’un signe de la tête. Puis les mots s’écrivirent avant que le garde n’arrive, sortant de sa bouche avec une intime conviction qu’il serait prêt à tout pour sauver Karim :

    - Si nous ne trouvons personne de capable ici, nous viendrons avec vous.

C’était une façon tacite de créer une forme assez ténue d’alliance entre les deux protagonistes. Tandis que la légèreté du furet semblait apaiser Karim, le souffle de celui-ci se régula de manière exceptionnellement fine. Un sourire apparut sur le visage du noiraud. Il ferma les yeux un instant et entendit les cliquetis de l’armure du soldat. Soudain, il se referma comme il s’était ouvert, telle une huitre qui sent la fin approcher.

Il parcourut le visage de cet homme à présent découvert, sans que cela ne lui dise rien. Ils avaient beau avoir voyagé sur East Blue, ils n’en avaient pas rencontré toute la population, et la fatigue ne l’aidait pas à mémoriser toutes les personnes à qui il avait parlé en plus durant le mois qui venait de passer.

Contrairement au début de l’île, ce lieu était richement orné. Il y avait des parures rayonnantes, aux couleurs inspirant pourtant la luxure et le plaisir. Des couleurs détestées par l’homme-bête, mais aussi par son compagnon humain qui préférait largement le terne. Le regard de Finn se posa sur le souverain, décrivant cet homme à la moustache ridicule et à l’embonpoint permanent. « Souverain légitime ? », « Régent bienveillant ? ». L’attitude d’Alban fit dire à l’humain qui accompagnait Karim qu’ils étaient clairement liés, ou au moins qu’ils connaissaient l’importance de cette personne.

    - Agenouillez-vous, commanda le héraut à Finn qui venait de contourner le fauteuil roulant sans s’inquiéter des formalités.
    - Comme si j’allais le faire, répugna le pirate en posant une main sur sa hanche et en dirigeant son doigt vers Karim. Le seul que je reconnaitrai un jour comme souverain de quoique ce soit, c’est ce gars-là. Je cherche un moyen de le soigner, est-ce que vous avez un médecin sur l’île qui peut l’ausculter ?

Le roi sembla ennuyé plus que choqué par cette attitude. Il lâcha un soupir lourd de sens, tandis que les gardes qui se situaient autour d’eux commencèrent à pointer leurs lances sur un geste du chef de la garde. Celui-ci observa Finn pendant un long instant, avant d’ordonner à ses hommes d’abaisser leurs armes. « C’est inutile » se dit-il.

Ils n’avaient pas la possibilité de vaincre ce monstre, il en était presque certain, alors à quoi bon le provoquer ? Son instinct lui commandait en tout cas de lui offrir ce qu’il désirait pour qu’il parte au plus vite. Pourtant, un bruit, une plainte s’éleva tandis que le roi s’apprêtait à prendre la parole. Enchaînée, une silhouette familière à Finn entra dans la salle. Eileen soupira lourdement en avançant : elle s’était fait prendre par la garde, et avait considéré que le lieu n’était pas propice au combat, ignorant tout des utilisateurs du Haki de l’Armement sur Sunset Island. Lorsqu’elle aperçut le roi, elle ne put cependant que pencher la tête sur le côté en se demandant bien ce qui se passait réellement ici.

    - C’est une amie à moi, fit Finn avec un ton brusque. Libérez-la.
    - Elle s’est introduite dans la cité, nous ne savons pas comment, toutes nos excuses, votre Majesté.

Le roi semblait cependant faire peu de cas de cette affaire. Depuis tout à l’heure, il tentait de commencer la discussion avec Alban, tant et si bien que la présence de Finn ne faisait que retarder l’inéluctable. Les gardes amenèrent Eileen à Finn qui brisa les menottes en alliage à main nu, les écartant juste avec sa force. Elles tombèrent au sol tandis que le roi finissait enfin par prendre la parole.

L'absence de Fizz sur ses genoux semblait avoir renvoyé Karim dans ses tourments. L'île reprenait forme dans son esprit, et la partie de survie ne semblait que commencer...
Karim Ookami
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Mar 5 Mai - 17:48
C’est devenu un pariât !
Feat. Karim Ookami


Pierre-Henri Devon,
Prétendant au trône de Goa



Mes yeux se révulsent en entendant l’irrévérence de ton nouvel ami. Comment un homme peut-il se montrer aussi obstiné, à ce point incapable de comprendre les hiérarchies de ce monde ? S’il y a une chose dont je suis certain, c’est que ce Karim n’a pas la moindre goutte de sang royal. L’audace dont fait preuve son compagnon en est un signe irréfutable. Et le pauvre n’a pas la moindre idée du sérieux de notre situation.

Pourtant, l’arrivée de ces nouveaux éléments perturbateurs me prend de cours également. Cette jeune femme aux cheveux clairs fait ressurgir des images dans mon esprit. Elle danse sur une table, un rustre s’en prend à elle. Mon vigie cherche à jouer au bon chevalier servant, seulement pour se faire violemment repousser. Tout cela, c’est avant… Un frisson me parcourt.

Vous… vous étiez également sur Shimotsuki. Je me tourne à nouveau vers Finn, les sourcils haussés. Qui êtes-vous ?

Le soupir sonore que le petit homme joufflu laisse échapper me fait taire immédiatement. Je me suis emporté. Le souverain me toise un instant, puis se racle la gorge. Aussitôt, nous voyons le héraut accourir à ses côtés, pour se pencher vers lui et écouter le roi lui chuchoter quelque chose à l’oreille. Le servant se redresse alors, prenant la parole.

-Il semble à Son Altesse que Son Altesse ne vous a pas autorisé à prendre la parole, Seigneur Mallory. Son Altesse se demande si vos manières ont disparu en plus de votre honneur, depuis que vous servez l’Usurpateur. Son Altesse pense qu’elle n’a pas à s’étonner de vous voir en compagnie si… commune.

Ma mâchoire se serre, tandis qu’une sorte étrange satisfaction semble paraître dans les yeux du roi.

-Je jure, Majesté, que rien de tout cela n’a disparu. Nous ignorions jusqu’il y a peu la nature véritable de… Et ce qui est arrivé à votre frère… si nous vous savions en vie, soyez assuré que nous aurions tout fait pour vous retrouver.

Le roi pouffe, rapidement imité par son héraut qui s’est tenu aussi impassible que jamais jusqu’à ce qu’un regard en biais de son souverain ne le force à rire.

Tout cela n’est pas bien à ton goût. Les affaires diplomatiques n’ont jamais éveillé un grand intérêt chez toi, et si tu es bien conscient que nous devons allégeance absolue à cet homme, ce sont d’autres considérations qui te meuvent. Retournant d’un bond sur les genoux de ton nouvel ami inconscient, tu t’y fais une place, te redressant de tout ton long pour prendre la parole de ta voix fluette.

Majesté, mon frère et moi jurons de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour vous rendre la place qui est vôtre. Mais notre ami a besoin de soins, avez-vous quelqu’un qui puisse s’occuper de lui ?

Il t’est difficile de comprendre ce qui, chez ce Karim, te rend si certain qu’il te faut l’aider. C’est un instinct profond qui te motive, sans logique rationnelle. Tu le sais, c’est tout.

Le roi, pour la première fois, se tourne vers toi, mais il ne semble pas te voir. Il fait signe à son servant, qui se penche à nouveau vers lui pour l’écouter.

-Son Altesse je demande, Mallory, depuis quand vous laissez votre animal de compagnie mener vos discussions pour vous.

Je ne suis pas...

La tension dans ta voix est évidente, mais tu n’en perds pas tout contrôle. Tu t’interromps à l’instant où l’homme potelé lève une paume, t’intimant au silence. Tu prends sur toi. Le héraut lui prête une fois de plus son oreille durant quelques instants, avant de lui prêter sa voix.

-Son Altesse n’ignore nullement qui tu es, petite belette. Le regretté frère de Son Altesse semblait beaucoup s’amuser de ton… originalité. Une vraie petite bête de foire. Il semblerait que la cour soit vraiment tombée bien bas, en l’absence de Son Altesse.

L’insulte est durement prise. Tes dents crissent légèrement, tes pattes se serrent. Debout derrière toi, Finn pourra sa doute voir les poils de ton dos et de ta nuque se hérisser brusquement. Mais tu ne réagis pas. Tu n’as pas besoin du regard apaisant que je t’adresse, à quelques mètres de là, pour le savoir : cet homme est notre roi. Notre suzerain légitime, envers et contre tout, et nous lui devons fidélité. Si son désir est d’insulter ton existence même, nous n’avons d’autre choix que d’acquiescer.

Peu importe la difficulté que cela représente.




Fizz
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Karim Ookami
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Mer 6 Mai - 1:54
    - On s’est déjà vu quelque part ? Demanderait Eileen en haussant un sourcil.

Elle avait vu des choses bien pires qu’à Shimotsuki Town, et à vrai dire elle occultait presque les événements. Etait-ce une manière de se protéger elle-même ou un simple coup du sort ? Pour cette médecin qui n’arrivait pas à guérir son ami, la priorité n’était pas au souvenir douloureux de cette altercation lors des événements qui les avaient conduit à empêcher, bien contre leur gré, les Décimas à s’imposer dans ces lieux. Elle n’avait pourtant pas fini en bon état…

Finalement, elle ignora les paroles du roi, portant malgré tout un semblant d’attention sur lui. Finn fronça les sourcils : d’une certaine manière, il s’agissait d’un homme imbu de lui-même. Une des raisons qui poussaient Karim à détester les humains se trouvait dans ce comportement exécrable. Devait-il en finir ici avec ce petit homme joufflu ? Est-ce qu’il s’agissait de la volonté de celui qui leur avait proposé de les diriger vers quelqu’un sur Goa ? A vrai dire, avec le pouvoir d’Eileen comme effet de surprise il pourrait certainement se débarrasser de toute la salle en un rien de temps… Mais il sentait que ce n’était pas dans son intérêt immédiat.

Le furet vint le prouver. L’animal étrange, mais captivant, prit la parole d’une voix fluette et agréable. Karim s’était encore détendu à son contact, comme si le fait d’avoir un camarade qu’il considérait comme son égal, un animal, lui permettait de s’offrir le luxe du repos. Etait-il conscient de la situation dans laquelle il se trouvait ou s’agissait-il d’heureux hasards simultanés ? Eileen haussa les sourcils, ayant remarqué le même changement chez son ami. Elle ne put s’empêcher de laisser échapper un sourire tendre, avant d’écouter les paroles du monarque.

    - Qui est-ce que tu traites de bête de foire, hein ?!

Brusquement, la voix menaçante de Finn réagit aux paroles du pseudo régent. Il ne pouvait pas supporter qu’on s’en prenne ainsi à quelqu’un qui offrait du réconfort à celui qu’il voyait souffrir depuis plus d’un mois, à celui qu’il aimait depuis plus de dix ans. Ses yeux étaient noirs de colère, et il ne semblait pas prêt à se retenir. L’agitation ambiante commença à s’élever tandis que les gardes s’étaient mis en position de défense. Une barrière se forma devant le prétendant au trône, tandis que les jointures de Finn étaient devenues blanches. Il s’apprêta à sauter quand le bras d’Eileen vint se mettre en travers de son chemin.

    - Ne sois pas stupide, Finn. Nous vous avons posé une question, « Votre Majesté ».

Elle appuya sur ces derniers mots, affirmant sa voix avec un air menaçant. Elle aurait pu utiliser son fruit, mais elle ne maîtrisait pas encore un effet ciblé : tout le monde aurait été pris dans un véritable cauchemar de peur si elle s’était lâchée. Cette femme-démon n’en avait cependant pas besoin : sa haine des humains était véritable. Ils lui avaient brisé ses cornes, ils avaient pris tout ce qu’elle aimait jusqu’à ce qu’elle-même s’arrache son propre bonheur. Elle ne leur pardonnerait jamais.

    - Ce petit être que vous trouvez amusant a une grande valeur, j'en suis certaine. Auriez-vous l’obligeance de la traiter avec le respect qui lui incombe et de répondre à sa question concernant les soins possibles ?!

C’était tout autant une menace qu’un ordre. Au moindre signe d’hostilité, Finn s’occuperait de l’attaque. Il était suffisamment fort pour ça, pas de doutes. Le Roi avait beau être orgueilleux, s’il ne remarquait pas la menace que représentait l’humain, c’est qu’il était idiot. Ces traits de caractère faisaient mauvais ménage et provoquaient la chute de nombreuses personnes. La belette aurait fait un meilleur « souverain légitime » de Goa, pour Eileen et Finn.
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Lun 21 Sep - 14:46
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Pierre-Henri Devon, prétendant au trône de Goa


Je me tiens, tétanisé, au milieu de la salle du trône, au milieu de cette scène inimaginable. De quel côté suis-je ? Cela n’a vraisemblablement aucune importance. Non content d’avoir juré fidélité à un vulgaire criminel, me voilà catalogué au même titre que ces rustres inconscients que tu sembles tant apprécier.

Et toi ? Tu ne parviens même pas à voir l’horreur de la situation. Tu es bien sûr conscient de ce qu’il est en train de se produire, et tu n’ignores pas que les conséquences seront sévères. Et malgré tout, tu es incapable de t’en désoler. Ton regard pétillant oscille entre tes deux défenseurs, un sourire béat se frayant un chemin sur ton museau. Qui dans ta vie a déjà défendu ton honneur avec autant d’entrain ? Ta famille peut-être, quelques amis. Mais personne, évidemment, n’a jamais eu la folie de la faire face à une figure si importante. Personne n’y aurait jamais pensé. Il n’est ici pas question de ta condition, mais bien de hiérarchie et de respect. Lorsque le roi parle, tout le monde se tait. Lorsque le roi rit ou méprise, tout le monde rit ou méprise avec lui. C’est ainsi.

Ce n’est évidemment pas ce que tu y vois. Trop habitué à être du mauvais côté des regards, tu ne peux y percevoir que deux braves justiciers prêts à tout pour toi. Deux personnes qui t’acceptent et te respectent pour ce que tu es, qui ne s’arrêtent pas à ton apparence. Des amis si récents et déjà si fiables. Que tu es naïf, mon pauvre Fizz.

Son Altesse Royale Pierre-Henri Devon n’a toujours pas réagi. Impassible, ses yeux ne quittent pas le meneur de la petite troupe. Son visage semble fait de pierre. Si sa colère ne fait aucun doute, elle est parfaitement dissimulée sous un masque imperturbable. A gestes lents, mesurés, avec la maîtrise de quelqu’un qui a passé sa vie à entraîner son image, il pose ses mains au bout des accoudoirs et ses pieds au sol et se redresse. Il est encore plus petit qu’il ne le semblait, assis, et pourtant en cet instant il me semble surplomber l’assemblée. Ses petits yeux perçants ne quittent toujours pas Finn. Finalement, il prend la parole à voix haute pour la première fois. Son timbre est fluet, mais son ton est sans appel.

-Emmenez Mallory aux geôles. Tuez ses sbires. Et la créature.

Non !

Bari Bari No Dome.

Tu as réagi plus vite que je ne l’aurai pu. Tandis que toutes les armes se dressent, une coupole translucide bleue apparaît autour de nous, séparant notre groupe du reste de la salle de l’assemblée… ou c’est du moins l’objectif. Les distances sont trompeuses, et la précipitation fait faire des erreurs. Si aucun d’entre nous n’a été laissé en dehors, l’inverse n’est pas vrai. Plusieurs soldats armés se trouve ainsi du mauvais côté de la barrière, au moment où les index se posent sur les détentes. Tu fermes les yeux.






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Karim Ookami
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Lun 21 Sep - 18:58
Finalement, quelque chose s’était produit. Quelque chose de catastrophique. Le monde dans lequel Karim vivait un cauchemar avait pris les teintes du sang. « Tuez »… « Tuez »… « Tuez… ». Le mot résonnait dans son esprit comme l’écho d’un lointain passé, ou d’un proche futur. Qui allait être tué ? Qui mourrait des mains de ces impitoyables hommes ? Ah, les humains. Ils étaient la pire espèce de la planète : faible, vindicative, emplie d’un potentiel immense et pourtant souvent mal façonné. Il les haïssait. Pas tous, bien sûr : ceux qu’il considérait comme faisant partie des siens échappaient à cette règle. Mais il les haïssait.

    - Emmenez… Tuez… créature…

« Créature. ». C’était souvent comme ça qu’ils étaient appelés par les humains. Ces créatures faibles, insignifiantes. Avait-il déjà dit qu’elle était faible ? Il l’avait sûrement déjà noté quelque part. Ah, il ne pouvait pas les laisser tuer. Il ne pouvait pas.

Le cauchemar se brisa. Ses yeux ne s’ouvrirent pas, mais son corps bougea de lui-même. Il se releva, avec une vitesse décrue par sa convalescence, mais toujours supérieure. En lui, un fluide se déversa, superbe et noir comme les plus grandes ténèbres. Son Haki de l’Armement se déployait en même temps que ses forces lui revenaient. Il avait déjà utilisé son pouvoir à de nombreuses reprises, mais c’était différent cette fois-ci. Ses lèvres s’étirèrent, et il abattit les deux premiers tireurs avant qu’ils aient le temps de dégainer, et les deux suivants en tournant leurs canons au moment où ils pressèrent la détente.

Finn était figé. Ses yeux avaient commencé à se remplir de buée. Eileen était plus calme, analysant la situation rapidement avant de déglutir. Les tireurs avaient été neutralisés en un rien de temps, mais la bête semblait encore endormie. Karim n’avait toujours pas ouvert les yeux. Il bougeait peut-être à l’instant. Il s’avança vers la barrière et fut stoppé par celle-ci. Il ne tenta pas d’avancer plus, ne pouvant pas comprendre ce qu’il se déroulait.

    - Qu… C’est quoi ce monstre ?! Hurla le Roi.
    - Evacuez le…

Le corps du garde vola contre le mur. La distance que Karim n’avait pas réussi à avaler, Finn l’avait réalisée en contournant la barrière. Un homme s’approcha de l’homme-loup en tentant d’utiliser la même technique, mais Eileen ne lui laissa pas le temps d’arriver à porter. Les yeux du comateux s’ouvraient progressivement sur le monde. Il ouvrit sa bouche, dévoilant ses crocs et son regard sanguinaire. Le Roi frémit, incapable de cacher la haine qu’il éprouvait contre ceux qui étaient en train de mettre ses plans à mal.

    - Merci. Peux-tu baisser la barrière ? Fit Karim en tournant son regard vers Fizz.

Il avait entendu, il avait compris. Ce qu’il ne voyait pas avant, il le comprenait maintenant. Il avait entendu les cris de détresses de Finn, il n’avait juste pas réalisé plus tôt qu’il pouvait sortir de son cauchemar incessant. Pouvait-il retourner pioncer maintenant ? Soit en ligne droite, soit en contournant la barrière, Karim s’approcherait du roi avec un air menaçant. Ce dernier tremblerait de plus belle. Il allait mourir. C’était sûr. Cette bête allait le tuer.

Pourtant, il n’avait pas l’intention de finir les jours de ce pauvre roi sans ambitions. Son corps fut à nouveau parcouru par une vague d’Armement tandis qu’il s’approchait de l’ennemi. Il se tourna une nouvelle fois vers Fizz et lui demanda, plus qu’à Alban :

    - Je peux lui refaire le portrait ?

Il ne tuait pas. Au maximum, il mettait les gens dans des situations délicates, mais il ne tuait pas. Il n’avait ni le courage d’assumer cela, ni la force actuellement. Quelques coups pleuvraient tandis qu’Eileen et Finn, principalement, se chargeraient du reste des gardes comme s’il s’agissait de menu fretin.
Karim Ookami
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Fizz
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Fizz
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Sam 3 Oct - 14:03
C’est devenu un pariât !
Feat. Karim Ookami


Un monstre. Nous avons réveillé un monstre. Cela ne fait aucun doute. Et soudain, je le reconnais. Comment croire qu’il s’agit du même homme ? Il semble soudain te tenir en haute estime.

Non, on va...

Qu’attendez-vous ? Abattez-le!

Tandis que Karim s’avance vers le régent, toutes les armes restantes dans la pièce se braquent vers lui.

Bari Bari no Tower !

Tu croises les doigts, et un cilindre bleuté se dresse soudain depuis le sol, encerclant ton nouvel ami. Alors que les balles se heurtent à cette paroi, la défense redescend. Un instant de calme s’installe, tandis que les soldats fixent l’homme-animal, perplexes, et que les premiers chargeurs se font entendre.

Un moment de calme perturbé uniquement par un couinement aigu, tremblotant. Tous les yeux se tournent vers le monarque, dont le visage potelé est déformé par une grimace douloureuse.  

Il reste immobile quelques secondes, puis baisse les yeux vers l’origine de son inconfort, qu’il découvre avec horreur. Sur son flanc, une tâche écarlate s’étend rapidement, maculant le précieux tissu. Ses yeux se révulsent, et ses lèvres se mettent en mouvement. Il tente d’articuler quelque chose… mais le seul son qui émerge de sa gorge est un gargouillis disgracieux. Finalement, il s’écroule.

La stupeur règne dans la salle du trône, jusqu’à ce que le chef de la garde ne prenne la parole d’une voix assurée.

Ils ont assassiné Son Altesse ! Ils ont assassiné Son Altesse ! Mettez en action le protocole 33!

Tu trembles de tout ton long, les yeux figés sur le petit homme à terre. Les larmes aux yeux, tu secoues la tête, en protestant mollement :

Mais… non… on n’a… on n’a même pas… on...

Comme toujours, tu es bien naïf, mon pauvre petit frère. Tu sembles sur le point de t’effondrer, toi aussi. Pourtant, les choses sont claires. Limpides, même, dès l’instant où mes yeux croisent ceux du chef de la garde, à l’abri derrière son masque. Nous sommes arrivés ici trop tard.

Le souffle court, les traits tendus, je me tourne vers l’humain à la tête de la petite troupe qui nous sert d’alliance d’infortune. Nous n’avons plus le choix.


Il nous faut quitter ce lieu. Immédiatement.





Fizz
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Karim Ookami
Karim Ookami
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Dim 11 Oct - 21:24
Pour Karim, la situation n’était jusqu’alors pas hors de contrôle. Il venait de se réveiller d’un trop long sommeil et son corps n’était pas au top de sa forme, cependant sa rage et le fluide qui le parcourait semblaient lui donner un nouveau souffle. Il ne fut pas assez réactif pour arrêter la balle qui fila dans le flanc du monarque qu’il tenait par le col, et il n’était suffisamment intelligent pour comprendre les machinations que cela engendrait. Finn, en revanche, venait de finir d’analyser la situation : profitant du chaos, une faction tierce avait décidé de mettre fin à la vie de cet homme.

    - Humpf, fit Karim en lâchant le col qu’il avait saisi au dernier moment.

Il se retourna et se dirigea d’un pas tranquille tandis que le chef de la garde hurlait quelque chose d’incompréhensible. Finn regarda la troupe, et répondit à Alban avec un certain soupir :

    - Bien, nous allons y aller.

Il ne se fit pas attendre, et prit le noble sur son épaule. Il détruisit la porte en face d’eux et s’extirpa d’un mouvement extrêmement brusque vers l’extérieur. Eileen fermerait la marche, prenant sa forme spectrale, tandis que Karim se saisirait de l’animal aux yeux remplis de larmes. Ce petit être n’y était pour rien. Tout en avançant, le noiraud avec le nobliau sur l’épaule appellerait ses alliés pour qu’ils mettent en marche le navire. Ces derniers communiqueraient avec l’autre bâtiment pour leur dire de se préparer à partir en précipitation.

Derrière, les tirs ne pourraient se faire à cause de la terreur provoquée par la forme transparente de la maudite. Celle-ci se contenterait d’avancer, immanquable annonce de la mort du Roi. Plus tard, lorsqu’on conterait cette histoire, on dirait que le spectre du roi s’était éloigné de l’île, abandonnant ses sujets dans un dernier soupir. Cela serait la légende de Pierre-Henri Devon, le malheureusement décédé prétendant au trône de Goa. Quant aux autres, seraient-ils oubliés ? L’assassin du Roi, Alban, aidé par ses complices… Ou plus exactement, le terrible Karim Ookami, tueur du prétendant au trône, qui avait enlevé le pauvre Alban.

En effet, les deux histoires pourraient se faire entendre, et ce serait à qui aurait l’oreille la plus mielleuse d’interpréter que l’une des deux était véritable, et que l’autre n’était qu’un tissu de mensonge, alors qu’en réalité ces deux versions de l’histoire étaient erronées.

Arrivés sur le navire, des cris de joie accueilleraient l’Ookami, qui ordonnerait sans préambule qu’on mette les voiles. Ils ignoreraient le navire à leurs côtés, et s’éloigneraient sous les tirs des canons qu’ils dévieraient dans la mer. Ils ne feraient guère attention au fait qu’ils avaient emmené Alban et Fizz avec eux, pas avant quelques heures, qu’ils soient hors de portée du danger et qu’ils aient semé les navires qui tentaient de les prendre en filature.
Karim Ookami
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