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Réaction Mystère [FB]
Massy Umbra
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Jeu 28 Juin - 0:17


Réaction Mystère


Attraction Town… Il s’agissait d’un véritable paradis pour les gens désespérément en quête d’une relation sérieuse comme pour ceux à la recherche d’une petite aventure du soir. De ce fait, elle méritait amplement son titre d’île de l’amour. Certes, beaucoup arguaient que les relations nées là-bas ne relevaient pas du véritable amour, car elles prenaient fin dès lors que le couple mettait un pied hors du territoire de ce lieu atypique. Ce scénario avait eu lieu tellement de fois déjà que ce qui était d’abord considéré comme une coïncidence s’était rapidement mué en une règle tacite faisant intégralement partie du charme de cet endroit. Cependant, il y avait au moins un couple né sur cette île qui perdurait toujours après avoir quitté ses eaux depuis environ une heure. C'était l'exception qui confirmait la règle. Cette union tout à fait unique était composée d'un sabreur au grand Coeur et d'une chimiste étant son âme sœur.

Massy se la coulait douce tout en sirotant un bon cocktail de fruit bien frais. Il portait une paire de lunettes de soleil flambant neuve et n'était vêtu, en tout et pour tout, que d’un débardeur blanc et d’un maillot de bain de la même couleur - même s'il ne se baignait évidemment pas pour des raisons évidentes. Allongé à l’ombre sur un transat situé sur un navire de luxe en destination d’East Blue, il souriait de façon contemplative. Qui aurait cru que lui, Death Shade, finirait un jour par se marier ? Pas le principal intéressé, en tout cas. Mais bon, ce n’était pas plus mal. Après tout, mieux valait se réjouir des bonnes surprises qu’offrait la vie quand elle daignait ne pas vous planter un couteau dans le dos, n’est-ce pas ? Et pour sourire, le jeune homme ne se faisait pas prier. Après toutes ses années, il allait enfin fonder la famille qui lui faisait tant défaut, celle qu’il ne cessait de perdre depuis ses douze ans. Cette pensée baissa tout à coup le moral du bretteur qui se mit à espérer de tout son être qu’il serait en mesure de protéger les êtres qu’il chérissait, cette fois-ci.

-« Oula, il faut que je me ressaisisse, moi. » Soupira-t-il en secouant la tête.

Effectivement, il n’avait pas le droit de ressasser de mauvais souvenirs lors de leur lune de miel. Il avait la chance d’avoir la femme la plus douce, la plus délicate, et la plus gentille qui soit au monde. Dans ces conditions, il ne pouvait se permettre de vivre dans le passé, sous peine d’insulter sa bien-aimée. Le kangourou bailla ostensiblement devant sa propre stupidité. L’heure était aux réjouissances, pas aux pleurs. Il devait s’enfoncer cette idée bien profondément dans le crâne s’il voulait profiter des instants magiques qu’il partagerait très bientôt avec son âme sœur. Rien que le fait de repenser à elle suffisait à faire fondre le cœur du musicien. Ses cheveux éclatants d’une couleur si vive, ses yeux dorés plus brillants encore que tous les astres de la nuit, et son visage d’angelot respirant la pureté… Y avait-il de vision plus belle au monde, de trésor plus inestimable, ou d’être plus merveilleux qu’une personne que vous chérissez et qui vous chérisse en retour ? À cette question, le pirate n’avait qu’une seule réponse à vous donner : un « non » ne souffrant d’aucune discussion. Convaincu de cela, le jeune marié quitta son siège pour aller voir l’amour de sa vie. Une fois qu’il l’aurait trouvé, il se faufilerait derrière elle discrètement et cacherait soudainement la vue de son épouse en disant d’un ton joueur et plein d’entrain :

-« Devine qui c’est ! »

Quelle que soit sa réponse, Massy l’enlacerait de ses bras et déposerait un baisé sur son cou en signe d’affection. Cela ne faisait dans les faits que quelques minutes qu’ils s’étaient séparés l’un de l’autre, mais elle lui manquait déjà. On pouvait dire en toute sincérité qu’il était devenu accroc à leur relation. À quoi était-ce dû exactement ? Il ne saurait trop le dire, mais quelle importance au final ? C’était son premier amour et il était convaincu que ce serait le dernier car jamais plus il n’aurait besoin de la compagnie de qui que soit d’autre que madame Umbra. De cela, il en était on ne peut plus sûr. À ses yeux, c'était même un fait indubitable.



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HRP : Je vous confirme que le charme d'Attraction Town ne fait plus effet. Je vous laisse tirer les conclusions qui en découlent ^^
Massy Umbra
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Jeu 28 Juin - 5:08


Je le veux !


Dès que mes pieds s’étaient posés sur le plancher blanc du bateau, j’avais été prise d’un malaise. Bien loin du mal de mer, j’avais ressenti une soudaine dépression, comme si on m’avait brusquement soustrait une partie de moi. Mon tendre s’était bien vite dirigé vers des transats, profitant d’un beau soleil d’été, tandis que craignant être atteinte d’une insolation, et désireuse de ne pas inquiéter mon époux, je m’étais vite glissée dans la fraîcheur des cabines. J’arpentai un couloir fin et bas, qui me semblait rétrécir au cours de mon avancée. Etait-il réellement trop petit ? J’en doutais ; et de toute manière, je n’étais pas claustrophobe. Le problème venait de moi, mais je ne savais même pas ce qu’il était.

Dans la cabine que mon mari et moi partagions, encore plus étroite que le couloir, je m’étais jetée sur un bac prévu pour la toilette. Jetant un peu d’eau à mon visage, je croisais le regard d’une inconnue en relevant la tête. Elle avait des yeux jaunes, des cheveux roses coupés au niveau de ses joues, et quelques gouttes d’eau ruisselaient sur son visage. Je voulus sourire, d’un sourire tout de même inquiet, et elle fit de même. Nous attrapâmes en même temps une serviette toute douce pour éponger l’eau sur nos joues. Nous échangeâmes un dernier regard avant de prendre peur, et de chacune se tourner le dos. Je ne me reconnaissais même plus.

Une fois à l’extérieur, j’évoluai dans l’inconnu. Mes yeux se promenaient lentement d’un coin à l’autre, et chaque scène qui se présentait à eux dévoilait une luxure qui ne m’était pas commune. Avais-je seulement désiré cela ? D’aussi loin que je pouvais m’en souvenir, je n’avais jamais été attirée par l’opulence. Le seul argent que j’aimais recevoir devait servir ma quête de connaissances. Qu’y avait-il à apprendre, ici ? Que pouvais-je tirer de bons hommes et de bonnes femmes qui gloussaient faussement, riant de la politique, de la philosophie, des sciences et de toutes les choses qu’ils ne connaissaient pas ? Qu’y avait-il d’intéressant dans la banalité des lustres, de la faïencerie, des meubles, qui, hormis ornements de feuilles d’or, n’avaient de riche que la renommée de leurs créateurs ? C’était sans compter tous ces serveurs trop endimanchés pour être sincères, que je remarquais d’un regard en coin ; ou ce prélas auquel chacun s’adonnait, même Massy, que je ne voulais pas voir ; et chaque détail qui plongeait ce décor dans une luxuriance futile.

J’aurais aimé penser que je découvrais ce navire avec des yeux d’enfants, avec la naïveté et la curiosité d’un bambin, mais ce n’était pas vraiment le cas. Ce que je voyais ne m’enchantait pas, et ce que je savais de ce monde m’était suffisant. A vrai dire, je ne le connaissais qu’à travers la haine des modestes familles - il me semblait que les personnes ni riches, ni pauvres, détestaient à peu près toutes les gens riches et pauvres. Mais moi, je n’avais rien contre eux. Mon seul problème était que j’étais seule, venue d’un autre univers, et qu’ils étaient nombreux. Dans cet endroit, je ne trouvais pas ma place. Ils n’avaient rien à m’apporter. Ils étaient vides d’intérêt. Ainsi, je m’étais retrouvée à errer sur un pont qui ne me plaisait pas, sans même un outil pour me distraire. Au moins, il me restait les hommes.

Je me sentais mal, terriblement mal. La sensation que mon ventre se serrait, puis mon cœur, puis ma gorge, ne me quittait pas. Pourtant, j’avais tout pour être heureuse. Massy, pensai-je sans être sûre. C’était cette incrédulité, qui me pesait. Comment pouvais-je douter de mon amour ? On venait de se marier, de se promettre de s’aimer pour la vie, pour toujours. Et puis, cette nuit de noces, bordel !

Je fronçai les sourcils et me pinçai les lèvres, comme intimidée par le cheminement de mes propres pensées. Je devais me poser. C’était la première chose à faire. J’exécutai d’abord mon corps, mes coudes se posant sur la rembarde du pont, et ma tête dans mes mains. Puis venait l’esprit : où étaient les faits ? Je ne le savais même pas. Du moins, je pensais ne pas savoir, jusqu’à ce que mon attention ne s’arrête sur une chose bien plus intéressante que toutes les richesses du navire : Attraction Town, qui, alors que notre croisière avançait, ne devenait plus qu’un point dans l’horizon. Mes yeux s’écarquillèrent, et soudain… le noir.
 
WOOOOOOOOOW !

Je bondis d’un mètre vers le côté pour accompagner ma réponse à l’agression de cet inconnu, manquant même de passer par-dessus bord. Mon cœur, lui, mon pauvre petit cœur, tentait de s’arracher de ma poitrine. Une vie comme la sienne, c’était plus possible. Trop de frayeurs, trop d’émotions ! Un regard de chat, effrayé, et une grimace qui n’en disait pas moins, se figèrent devant Massy. Mais il ne fallut pas plus d’une seconde pour que je reprenne mes esprits.
 
Massy ! m’écriai-je après l’avoir vu.

Il ne pouvait pas tomber mieux. Toute fière de ma découverte, et à mi-chemin entre l’admiration de notre journée partagée et l’amertume de m’être laissée piéger aussi facilement, l’excitation montait. Je ne savais pas vraiment par où commencer. Je ne pouvais pas m’éloigner d’Attraction Town si rapidement, si bêtement, sans avoir compris les mécanismes de ce que les rêveurs appelaient un charme. Sans réfléchir, je poursuivis sur un ton enjoué, puis déterminé :
 
Massy, je ne t’aime pas ! Je ne suis pas amoureuse de toi ! On doit divorcer.

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Ven 29 Juin - 3:37


Réaction Mystère
Massy était aux anges, comme à chaque fois qu’il se trouvait près de sa chère et tendre. Comment diable avait-il fait pour survivre jusque-là sans amour ? C’était fou à quel point il se sentait bien avec son épouse. Aux côtés d’Etsu, il se sentait enfin… en paix. Le fait qu’il n’ait pas fait de cauchemars la nuit dernière alors qu’il dormait avec elle prouvait indubitablement cet état de fait. En une nuit, elle avait réussi à faire ce que des années de combats, d’amitié, et de piraterie n’avaient jamais pu accomplir : éloigner son traumatisme. En d'autres termes, lui faire oublier ce pourquoi il n’était ni plus ni moins qu’une coquille vide vivant au jour le jour en poursuivant un rêve qui, au final, n’était même pas le sien. Car oui, même son idéal, celui d’abolir l’esclavagisme, ne venait pas de lui. C’était l’objectif d’Estelle, un but qui avait fini par déteindre sur lui alors qu’il se rapprochait peu à peu de la mère adoptive qu’il n’avait jamais eue. De cela, le jeune homme en était totalement conscient.

Bien sûr, cela ne voulait pas dire que la réalisation de ce rêve n’avait aucune signification pour lui. Il adorerait plus que tout au monde mettre un terme à ces pratiques infâmes, et cela autant pour lui que pour Estelle et toutes les victimes de ces crimes immondes. Cependant, il n’était pas non plus idiot. Il se savait à des années-lumière de pouvoir accomplir un tel miracle. Il n’était même pas sûr que toute une vie dédiée à cela suffise pour y arriver. Donc, au final, ce que lui avait apporté sa chimiste d’amour en l’épousant, ce n’était ni plus ni moins qu’un sens à sa misérable vie. Elle l’avait fait passer du stade de spectre dispensable pour le monde à celui d’être humain à part entière. Pour cette raison, le pirate, ou plutôt l’ex-pirate, serait prêt à tout donner, jusqu’à sa propre existence s’il le fallait, à Etsu Ando, sa femme. Après tout, elle était l’être qu’il chérissait le plus au monde, son véritable trésor, l’être qui donnait un sens à sa présence en cette terre.

-« Je t’ai manqué, mon ange ? » Demanda-t-il lorsque l’élue de son cœur prononça son nom avec soulagement.

Son âme sœur lui répondit bel et bien quelque chose, mais il n’en saisit que quelques mots tout au plus, et pour cause. En effet, les haut-parleurs disséminés un peu partout sur la Vierge Bleue - le navire sur lequel ils avaient embarqué pour leur voyage - s’activèrent tous en même temps pour retransmettre le même message. Ainsi, une voix grave, typique du cliché du vieux loup de mer, retentit à travers tout le bateau, surprenant jusqu’au dernier des passagers. Le volume était d’ailleurs un peu trop fort, comme le prouvait le réveil d'un bon nombre d’hommes et de femmes faisant encore la grasse matinée.

-« Ici Nathaniel Murdock, le capitaine de ce p’tit bijoux d’ingénierie navale ! » Fit ce dernier, avant de laisser quelques instants à ses passagers pour assimiler l’information.
-« … amoureuse de toi ! On doit… » Furent les seuls mots que capta Massy avant que le vieux flibustier ne continue.
-« Vous voyez, j’adore mon navire, j’en suis même fou amoureux ! Il a été construit à ma demande par les meilleurs charpentiers de West Blue, il y a de cela deux ans. À l’époque, je rêvais d'avoir un bateau de croisière capable de supporter la traversée de Rivers Mountain sans problème. On avait beau me dire que c’était impossible, que je poursuivais des chimères... Je n’ai pas abandonné. »

Il fit une pause, le temps de se moucher assez bruyamment, perçant presque les tympans de plusieurs passagers.

-« À force d’entendre les gens me demander de redescendre sur terre, j’ai fini par croire qu’effectivement, mon projet était irréalisable. » Reprit-il. « Et c’est là que je l’ai rencontré. C’était un vieux charpentier du nom de Philip Woodbury, le meilleur de West Blue pour les commandes farfelues si vous voulez mon avis. De tous les hommes que j’ai rencontré, et dieu sait que j’en ai rencontré beaucoup, c’est le seul à ne pas m’avoir ri au nez quand je lui ai exposé mon projet. Non, au lieu de ça, il a posé une main sur mon épaule et m’a dit mot pour mot : Je vais voir ce que je peux faire, l’ami. Ça lui a pris trois bonnes années de travail acharné, mais il a enfin réussi à concevoir le navire de mes rêves… »

Ému par son propre récit, le capitaine Murdock s’arrêta brièvement pour essuyer ses larmes.

-« Et c’est parce que j’ai pu réaliser mon rêve que je veux vous permettre de peut-être réaliser l’un des vôtres à l’occasion de l’anniversaire de la Vierge Bleue ! » Lança-t-il avec enthousiasme. « Je suis donc fier de vous annoncer que demain, nous organiserons une compétition qui visera à définir lesquels d’entre vous forment le plus beau couple ! Là, vous allez me demander en quoi cela pourrait bien vous aider à réaliser vos rêves. À cela, je réponds une chose, ou plutôt un seul nom : Cristina Cordugala. »

Le capitaine se tut deux ou trois minutes, laissant le temps aux gens de digérer l’information et de comprendre où il voulait en venir. Les réactions de la foule furent nombreuses et des plus variées. Certaines personnes repensaient au dernier défilé de mode de cette femme d’exception, d’autres criaient exagérément fort - ce qui était logique après avoir supporté si longtemps le volume trop élevé des escargophones - à quel point cette femme était puissante et célèbre. Il s’agissait d’une des couturières les plus connues des Blues, sa réputation était telle qu’elle atteignait même les royaumes de Grand Line les plus passionnés de mode. L’Umbra, quant à lui, avait tiqué en entendant ce nom. N’était-ce pas celui de la femme qui aurait soi-disant cousu les vêtements des deux arnaqueurs de la veille ? Lui qui croyait que c’était une de leurs inventions… Cependant, le maudit n’eut pas le loisir d’y réfléchir plus que ça puisque le dénommé Nathaniel continua son speech :

-« Oui, vous avez bien entendu, messieurs dames ! La grande styliste Cristina Cordugala, celle qui connaît tous les secrets d’Attraction Town comme personne, nous fait l’honneur de sa présence sur ce bateau, et plus encore ! Elle s’est engagée à accorder une faveur au couple qui remportera la compétition de demain ! Oui, vous ne rêvez pas ! Grâce à ses nombreux contacts, elle sera sans doute capable de réaliser le moindre de vos désirs. Que vous vouliez simplement lui poser quelques questions sur sa personne, ou que vous ayez envie d’une audience avec un des plus grands de ce monde, ou que sais-je encore… Cristina se pliera en quatre pour répondre à vos attentes ! Alors, soyez nombreux à la compétition de demain ! C’est tout ce que j’avais à vous dire, et que le meilleur couple gagne ! »

Un silence des plus pesants s’installa sur le navire après le choc de cette révélation. Il fallut bien deux bonnes minutes avant que celui-ci ne soit brisé par les discussions incessantes des passagers qui avaient tous la particularité de crier exagérément fort à cause de leurs tympans endoloris. Avec tout ce bruit, Massy avait franchement du mal à se concentrer, mais plus que ça : il était sidéré. À aucun moment il n’avait envisagé que cette Cristina Trucmuche puisse exister, et encore moins qu’il puisse la rencontrer un jour. Quelles pouvaient bien être les chances que cela se produise, pile le jour après qu’il ait entendu parler d’elle ? Sans compter le fait que ce soit en plus au moment de l’anniversaire d’un navire de luxe… Si on posait cette question au sabreur, il répondrait qu’elles devaient tourner autour du zéro. Mais alors que les débats et les réjouissances battaient leur plein, quelque chose d’inattendu arriva : les haut-parleurs transmirent encore quelque chose.

-« Euh, capitaine ? » Fit un homme visiblement pas très sûr de lui.
-« Oui, mousse ? » Répondit la voix du capitaine Murdock.
-« L’anniversaire du bateau n’est-il pas le mois prochain ? »
-« Si, et alors ? »
-« Bah pourquoi on le fête maintenant ? »
-« Réfléchis un peu, p’tite tête. Ce n’est pas tous les jours que Cristina Cordugala voyage avec nous, et même si elle m’en doit une, elle est bien trop occupée pour venir quand ça nous chante. »
-« On a vraiment besoin d’elle pour fêter l’anniversaire de la Vierge
Bleue ? »
-« Bien sûr que oui, abruti ! Tu imagines l’immense pub que ça nous fera d’organiser ce concours ? Il y a des abrutis qui sont prêts à payer des millions rien que pour fouler du pied le sol sur lequel Cristina s’est tenue. En plus… Le premier voyage de ma petite chérie d’amour était vers Attraction Town, et je doute qu’on y soit d’ici un mois, tu vois ? »
-« Oui, je vois, patron… Sinon, c’est normal que l’escargophone clignote toujours ? »
-« Quoi ? » S’exclama le Murdock avant de continuer d’un ton doucereux. « Messieurs dames, j’espère que vous avez apprécié ma petite mise en scène. Jeanot a toujours rêvé de faire du théâtre, du coup je l’aide à faire quelques représentations de temps en temps. Pas vrai Jeanot ? »
-« Bah no… Aîe ! Je veux dire oui, oui ! J’ai toujours rêvé de devenir artiste, mais mon père disait que c’était pour les tapettes. » Acquiesça faussement le mousse.
-« Vous voyez, Chers Passagers, ceci est l’exemple parfait d’un mauvais père. » Dit le propriétaire du navire avec gravité. « Ne suivez pas cet exemple et laissez vos enfants réaliser leurs rêves, d’accord ? Allez, je vous laisse pour de bon, cette fois-ci. »

Un silence de mort s’installa dans la foule dont la majorité des personnes la composant étaient atterrées. Cependant, ils n’étaient pas au bout de leurs surprises, encore une fois.

-« Pfiou, on l’a échappé belle, moussaillon. J’espère qu’ils ont gobé ce bobard parce que… » Commença Nathaniel avant d’être interrompu par Jeanot.
-« Euh, mon capitaine… »
-« PUUUUUUUUUUUUUUUUUUUU… »

Le reste de ce cri - qui finit de percer les tympans de presque tout le monde sur le bateau - n’arriva jamais aux oreilles des passagers, heureusement. Ils avaient déjà dû perdre assez d’acuité auditive comme ça. Quoi qu’il en soit, Massy se tourna vers sa bien-aimée, un grand sourire aux lèvres. Cette compétition tombait à pic. Il se demandait justement ce qu’il pourrait faire pour remercier comme il se doit son épouse du support émotionnel qu’elle lui fournissait. Et justement, quoi de mieux que de la laisser choisir devant cette fameuse Cristina ? Apparemment, elle était en mesure de fournir tout et n’importe quoi sur commande. Dans ces conditions, le mari d’Etsu ne pouvait décemment pas passer à côté d’une telle occasion. Il saisit la main de sa dulcinée, si elle le laissait faire bien entendu, et s’agenouilla devant elle avant de lui dire d’un ton mielleux, et surtout très fort :

-« Mon ange… Et si nous participions à ce concours ? Notre amour est si beau, si pur… Nous ne pouvons que gagner, je te le promets ! Comme ça, tu pourras demander ce que tu veux à cette Cristina Machinchouette, là ! Apparemment, elle peut faire tout et n’importe quoi… Ma chimiste en sucre… Je crois me souvenir que tu es intéressée par les fruits du démon, non ? Et si elle pouvait t’en procurer un ? »

Le jeune homme était prêt à tout pour remporter la compétition. Il ne reculerait devant rien pour réaliser un des rêves d’Etsu. Elle était tout pour lui à présent, et il était sûr d’être tout pour elle aussi. Elle l’avait bien prouvé à de multiples reprises à Attraction Town, n’est-ce pas ? Bien sûr qu’elle l’aimait ! Si ce n’était pas le cas, elle ne l’aurait sans doute pas épousé. À ce stade-là, il n’avait plus me droit de douter de leur amour. Ce dernier était réciproque, et le premier qui dirait le contraire aurait affaire à lui.



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Massy Umbra
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Lun 2 Juil - 6:57


Le plus beau couple


Mes tympans peinaient tandis que les haut-parleurs toussaient les dires du capitaine. Des grésillements grinçaient derrière ses histoires, aussi douloureux que le volume trop élevé auquel ils étaient dus. Malgré un bouclier de mains sur mes oreilles, le son était explosif, au point même de vibrer à l’intérieur de mon corps. C’était insupportable, et je ne me serais pas gardée de me jeter à l’eau pour faire cesser le supplice, s’il n’avait pas réussi après quelques minutes de blabla inutile sur sa vie, à se taire et respirer. Je soupirai, baissant la tête en même temps que ma garde, puisque je ne m’attendais pas à une suite. Mais avant celle-là, je réagis comme tous les autres voyageurs : Cristina Cordugala ? Cette femme était assez connue, dans le monde de la mode. Mais que venait-elle faire dans la réalisation de nos rêves ? Un défilé allait-il avoir lieu, si grandiose qu’il nous ferait rêver ? Finalement, toutes les questions qui se posaient tournaient autour d’une seule : où voulait en venir le capitaine ?

Quelques minutes suffirent à nous apporter une réponse. A nouveau, un affreux crissement surgit, avant que la voix toute aussi affreuse de notre hôte n’annonce fièrement le déroulement d’une compétition… qui promettait, entre autres, de tout savoir du charme de l’île. Là, il pouvait brailler autant qu’il le désirait. J’étais toute ouïe. Même plus, je mourrais d’impatience de connaître la suite, prête à gagner ce concours. Du moins, je l’aurais parfaitement été si je n’avais pas quitté Massy à l’instant. Je lui jetai un coup d’œil, juste une seconde, pour observer sa réaction. Il n’avait pas l’air d’avoir si mal pris notre séparation ; et pourtant, je n’osais pas lui proposer de participer avec moi. Ca aurait été un peu étrange, très malhonnête, venant de moi. Et même sans l’aimer d’un amour véritable, j’avais assez d’amitié pour respecter ses sentiments.

Mais la présence d’une nouvelle voix me fit déchanter en une seconde. Tout ce cirque était faux, et le capitaine n’agissait que par intérêt. La conversation ne semblait pas être de celles qui devaient arriver à nos oreilles, comme en témoignait l’étonnement des deux. Même si j’étais déçue de ne pas pouvoir poser mes questions à Cristina, au moins, ça réglait le problème : je n’avais pas besoin de demander à Massy de rester encore un peu avec moi, juste pour participer. C’était certainement mieux ainsi.

Je n’eus même pas le temps de penser à lui reproposer le divorce avant que la discussion ne poursuive. Le capitaine s’adressait à nouveau aux passagers, et plus au mousse, pour présenter le travail artistique des deux. Je croisais les bras sous ma poitrine, écoutant ses explications.
 
Hum…

Ce mousse avait une sacrée chance, de pouvoir poursuivre ses rêves malgré l’obstacle non négligeable que représentait la figure paternelle. Quelle histoire touchante ! Malheureusement, je n’en entendis jamais la fin, car, accompagnée de quelques autres empathiques, je m’étais mise à applaudir en criant « bravo ! ». Une sorte de klaxon vibra dans les haut-parleurs – « PUUUUU » - pour mettre fin à l’intervention des deux hommes.

Me calmant, je commençai à songer à trouver un nouveau compagnon pour concourir. Après tout, les hommes, les beaux, ne manquaient pas sur le navire. Il ne restait qu’à tirer du lot les célibataires, les moins de cinquante ans, les types avec un minimum de cervelle et un maximum de muscles, histoire de mettre toutes les chances de notre côté. J’épiais les environs à la recherche du mâle parfait lorsque Massy m’invita à participer avec lui.

Un instant, incrédule, je le dévisageai. Il était fou ou con ? « Un amour si pur, si beau », si… Mon cul. On revenait d’Attraction Town, qu’est-ce qu’il y avait de pur dans notre relation ?! Là, il y avait un problème, un gros problème. A cette distance de l’île, jamais je n’aurais pensé que le charme puisse encore faire effet. Et pourtant, il souriait niaisement, et semblait si épanoui, heureux, amoureux. A moins que… Ma poitrine se soulevait sous chaque inspiration, de plus en plus fort, de plus en plus rapidement, et mon cœur s’emballait de même.
 
T’es un génie ! Avec plaisir, qu’on va participer à ce concours… mon amour !

J’articulai particulièrement le dernier mot, accompagnant mes paroles d’un clin d’œil. Après tout, nous étions encore mariés ; le papier et les alliances prouvaient que nous étions bien liés par une promesse commune. Et puis, même si je ne savais pas vraiment quel intérêt avait Massy à rencontrer Cristina Cordugala, il avait vraiment l’air déterminé à gagner cette compétition. Si bien que son interprétation du petit amoureux niais était par-faite. Je ne savais d’ailleurs pas qu’il était si bon comédien, mais je ne le connaissais que depuis une journée. En tout cas, son idée était géniale : nous allions concourir ensemble, et ne divorcer qu’après avoir gagné ! Une belle façon de se dire adieu.

Pour lui prouver que je comptais aussi y mettre du mien, je lui offris un rapide baiser, et vivement, attrapai sa main pour trottiner vers les inscriptions. Quelques tables avaient été mises en place çà et là, pendant le discours du capitaine, pour permettre à quelques serveurs de noter les noms des participants. L’affaire faisait foule, car pas une mouche ne volait dans le navire. Tout le monde s’écrasait pour faire partie de la compétition ; certains hurlaient, hystériques, le nom de la styliste ; d’autres se pâmaient à l’idée de rencontrer leur idole ; tous se poussaient vers les tables, se comprimant, s’étouffant dans la bousculade. Le chaos était de mise, ce qui n’était pas pour aider les pauvres serveurs, qui ne savaient plus où donner de la tête. Malgré leurs efforts, des acharnés les sermonnaient, prétextant qu’un tel venait de passer devant eux, et que c’était injuste qu’ils attendent, car ils étaient là depuis longtemps. Pourtant, les inscriptions n’étaient ouvertes que depuis cinq minutes. Et elles n’étaient pas prêtes de fermer, au malheur des serveurs, puisqu’aucune restriction sur le nombre de participants n’avait été donnée.

C’était stupide, de crier pour passer devant les autres. Il suffisait de passer. D’ailleurs, en un clin d’œil, une brume rose rampa, ondula comme un serpent, jusque devant la table. J’avais laissé Massy derrière, c’était plus simple ainsi. Mon corps reprit forme juste devant l’un des garçons, qui était d’ailleurs une femme, sous l’œil médusé des quelques personnes qui avaient pris le temps de me regarder.
 
Je m’inscris avec mon chéri ! annonçai-je, triomphante.

 
Vous êtes seule.

 
Non, il est derrière, regar…

En me retournant, je ne vis que de la foule, de la foule, de la foule, furieuse et frénétique, prête à anéantir tout ce qui se trouvait devant elle pour voir son nom sur une pauvre feuille. Je tentai de bondir, mais à peine eussè-je décollé les pieds du sol qu’un corps musculeux me coinça entre lui et la table, certainement poussé par toute la population derrière lui. Ce n’était pas pour me déplaire, mais je ne pouvais pas voir Massy et prouver son existence pour nous inscrire. Je pivotai le visage vers la dame, déjà occupée à inscrire d’autres noms, et la prévint que j’allais le chercher. Elle n’y prêta pas attention, prise par le temps ; et ma voix était certainement couverte par celle des autres.

Laissant le bonhomme s’étaler sur la table, je repris ma forme gazeuse pour rejoindre Massy.

 
Il va falloir que nous passions de force ! La dame veut pas nous inscrire si je me présente seule.

Si Massy décidait de foncer dans le tas, je le suivrais sans soucis ; sinon, je n’avais pas l’intention d’attendre des heures pour une pauvre petite inscription.


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Jeu 5 Juil - 15:01


Réaction mystère
Massy ne comprit pas exactement pourquoi il était un génie, pas plus qu’il ne saisit l’utilité du clin d’œil… À moins que ce ne soit une réaction naturelle face à une petite poussière ? Peut-être. En tout cas, le rapide baisé de sa douce ne fut pas pour lui déplaire, bien qu’il aurait aimé que cela dure un peu plus longtemps. Aussi, il se laissa entraîner dans la véritable marée humaine née de l’annonce du capitaine. C’était fou à quel point les gens étaient prêts à tout pour rencontrer Cristina Cordugala… Qu’est-ce qui pouvait bien créer un tel engouement chez elle ? Sa beauté ? Sa classe ? Son pouvoir ? Ou bien simplement sa seule personne ? Le maudit n’en savait fichtrement rien, mais bon… L’important était de s’inscrire et de décrocher une rencontre avec elle pour Etsu, rien de plus simple. Quoique la première partie allait s’avérer plutôt ardue… Ces couples avaient tous bu un peu trop de café et avaient dû lire un peu trop de magazines people vu leurs réactions démesurées…

-« Hmm, ça risque de prendre du temps, mon ange… » Dit-il à son épouse. « Euh… Mon ange ? »

Où avait-elle bien pu passer ?! Et comment avait-il fait pour la perdre alors qu’il lui tenait la main ? Quelle incompétence… C’était lui tout craché, ça ! Il arrivait toujours à compliquer une situation pourtant simple ! Non mais quel abruti… Heureusement, le zoan avait gardé en tête cette fois-ci que sa femme possédait un logia, en somme : peu de chance que ces fanatiques ne l’écrasent si jamais elle avait trébuché. En vérité, si on devait s’inquiéter pour quelqu’un, ce serait plutôt pour ces hystériques… Si jamais Etsu s’énervait et décidait de lâcher un gaz quelconque sur eux… Ce serait sans doute la panique. C’était peut-être un des rares défauts de sa promise, tiens. Le maudit faisait évidemment allusion à la propension de sa bien-aimée à user de ses pouvoirs à tort et à travers pour avoir ce qu’elle voulait. Il se souvenait encore des pauvres couples d’Attraction Town qu’elle avait fait fuir pour accélérer leur mariage… Pauvres gens, le couple Umbra avait sans douter gâché ce qui était censé être le plus beau jour de leurs vies…

-« Il faudra que j’essaye d’expliquer à Etsu l’importance d’utiliser ses pouvoirs avec discernement… » Soupira-t-il intérieurement.

Certes, il lui arrivait d’exagérer de temps en temps à lui aussi, mais contrairement à son épouse, ce n’était pas si grave. Après tout, il n’avait pas - contrairement à son amour - le pouvoir de tuer n’importe qui en un claquement de doigts. La maîtrise des gaz était un pouvoir on ne peut plus effrayant, surtout aux mains d’une chimiste expérimentée… Heureusement que la jeune femme aux cheveux rosés n’était pas animée de mauvaises intentions, n’est-ce pas ? Ce serait une catastrophe si jamais elle en venait à créer des armes chimiques pour le compte de la pègre… Attendez, mais elle le faisait déjà, ça ! Par chance, elle ne le ferait plus puisqu’elle l’avait lui, mais quand même… Elle avait vraiment besoin qu’on lui explique le sens du proverbe « avec de grands pouvoirs viennent de grandes responsabilités », chose qu’elle n’avait vraisemblablement pas compris pour l’heure.

-« Il va falloir que nous passions de force ! » Clama une voix familière. « La dame veut pas nous inscrire si je me présente seule. »
-« Pas la peine. » Répondit Massy en tournant les talons. « Ces gens sont tout simplement stupides. Croire qu’agir comme cela va leur permettre d’avoir ce qu’ils veulent est d’une idiotie aberrante. Je suis sûr que le capitaine va… »

Un grésillement très fort, celui des escargophones haut-parleurs, coupa la parole au kangourou, comme pour lui donner raison. En effet, la voix de Nathaniel Murdock s’éleva alors, et il n’était pas, mais alors pas du tout content :

-« ARRÊTEZ DE SALOPER MA VIERGE BLEUE AVEC VOS CONNERIES BANDE DE FOUTUS FILS DE MOULES AVARIÉES ! »

Outre le fait que certains allaient perdre en acuité auditive pour le restant de leurs jours après un tel cri amplifié, l’agressivité des paroles et le choix de mots suffirent à indigner pas mal de monde.

-« Les inscriptions sont closes jusqu’à demain matin. » Ajouta-t-il sur un ton plus calme. « Et je vous préviens que le premier qui fera du grabuge pour participer, je le jette par-dessus bord ! Non mais, sérieusement ! On dirait une bande de crabes devant des restes de poisson pourri, aucune tenue ! Et après ça se considère comme la haute société, t’y crois ça, mousse ? »
-« Non mon capitaine. » Rétorqua la voix de Jeannot. « Ces gens sont gonflés ! »
-« Ouais, maintenant retourne cirer le parquet au lieu de me cirer les pompes. » Fit son supérieur hiérarchique.
-« Mais je ne faisais que donner mon avis, capitaine. » Se plaignit le concerné. « Je vous assure que ce n’était pas… »
-« On s’en fout, va bosser ou je te vire. »
-« À vos ordres ! »

Les haut-parleurs se turent ainsi que la foule, à part les quelques personnes toujours vexées d’avoir eu leur honneur bafoué de la sorte par un marin. L’Umbra se massa les tempes et tâcha d’ignorer le désagréable bourdonnement dans ses oreilles avant de faire une petite proposition à sa douce. Il ne paraissait pas le moins du monde inquiété par l’accès de rage du capitaine ou encore sa déclaration.

-« Et si on allait au buffet à volonté pendant qu’ils sont tous occupés à se morfondre ? » Sourit-il en attrapant la main de l’élue de son cœur.



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Mar 17 Juil - 2:06


BUFFET !


Mes mains se jetèrent sur mes oreilles, alors que les haut-parleurs se mettaient à nouveau à brailler. Une grimace témoigna de l’agacement qui m’écrasait la tête au son de cette voix. Pourtant, dans le discours du vieux capitaine, tout m’inquiéta. Les inscriptions annulées ? C’était insensé ! Et dire qu’il ne nous manquait plus qu’à foncer dans le tas, Massy et moi. Même s’il n’avait pas l’air très motivé à agir, il aurait suffi d’une petite promesse pour qu’il accepte. Ça marchait comme ça, les hommes. Seulement, j’étais un peu fâchée contre lui. Si on s’était dépêchés, on l’aurait eue, notre place dans la compétition, et on se serait bien moqués du report des prises de noms. Mais non, Môssieur était trop… trop… trop ! Pour pousser les autres participants et montrer qui domine.

Et puis, plus que l’ajournement des inscriptions, il y avait ces informations crachées par les amplificateurs, en début de transmission. Je n’avais pas exactement tout compris, trop prise par la nervosité provoquée par la voix du capitaine. Elle était vraiment insupportable. Heureusement, l’essentiel m’était parvenu. Sourire au coin des lèvres, je ne pus m’empêcher de lancer un regard complice à Massy. Cette croisière, si mes souvenirs étaient bons, c’était lui qui l’avait choisie. Et je n’avais rien contre les clubs échangistes ; on pouvait bien dire de moi qu’à ce sujet, j’étais même plutôt ouverte. Mais le coup de la verge bleue et des vieilles moules, on me l’avait jamais fait. Finalement, ça pardonnait son précédent refus. Je glissais mes mains entre les siennes, mon corps lui faisant face, et lui offrant un tendre sourire.
 
Je n’avais pas compris qu’il s’agissait de ce genre de croisière… Vraiment, merci, Massy !

Ce voyage promettait d’être amusant ! J’avais hâte de découvrir ces soirées où l’on se peignait en bleu. Ce capitaine n’était peut-être pas aussi ennuyant qu’il le paraissait. Au moins, ici, on savait s’amusait. J’espérais seulement qu’ils auraient d’autres couleurs : le bleu ne m’allait pas très bien.

Je poursuivis en répondant à la question de l’homme qui était toujours mien d’un acquiescement. Après tout, nous n’avions plus que ça à faire, aller au buffet. En me détachant de Massy, je me dirigeais vers le lieu en question. La délicate odeur des légumes et du poisson qui grillaient vinrent caresser mes narines. Même si je n’étais pas capable de les reconnaître, les senteurs des épices utilisées embaumaient la salle du restaurant, promesse que le repas n’aurait rien à envier à tous ceux que j’avais connu. Ici, c’était le bon goût qui primait. Si je n’avais rien à gagner avec toutes ces personnes fortunées, au moins, je pouvais me régaler. L’idée avait tout pour me plaire.

Et si en entrant dans la pièce, le parfum qui s’échappait de la cuisine m’avait provoqué un léger gargouillis, la beauté des plats n’en fit pas moins. Des pains toastés recouverts de garnitures marines – poissons, crustacés et algues assaisonnés – en mise-en-bouche aux pièces montées pour les desserts, c’était une orgie comestible qui nous était offerte. Le premier repas de notre croisière. J’allais me péter la pense comme jamais je ne l’avais fait.

Bondissant à droite, à gauche, attrapant la nourriture dans les plateaux des serveurs, je remplis mes joues de tout ce que je pouvais trouver. Mais soudain, mes yeux se déposèrent sur le plus merveilleux des cadeaux. Sur la table des boissons trônait une fontaine de jus d’orange. Poussant deux pauvres cruches qui hurlèrent à mon passage, je bondis sur la machine, plongeant dessus pour me retrouver la tête sous l’exquis jet orange. Mon dieu, que c’était bon. Que c’était inespéré, aussi ! Des oranges en ce lieu, ça me paraissait étrange. Mais elles étaient là, déjà pressées, avec la pulpe qu’il fallait.

Et alors que les deux grognasses continuaient à râler, appelant quelques serveurs, surveillants, gardes ou qu’en savais-je, je me redressai, faisant signe à Massy de me rejoindre :
 
Hé ! Massy, viens goûter ça ! Tu pourras plus t’en passer, après…


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Mer 18 Juil - 16:36


Réaction mystère
Massy sourit en voyant que sa proposition avait remonté le moral de sa douce. Bien sûr, il ignorait tout des pensées perverses qui animaient la concernée, son expression aurait sans doute été toute autre si cela avait été le cas… Ainsi, les deux amoureux se rendirent à la salle des fêtes où se trouvait le buffet à volonté. L’endroit était richement décoré puisqu’on y trouvait des lustres en cristaux multicolores, des œuvres d’art originales, et bien d’autres babioles luxueuses évoquant la beauté des océans. Parmi celles-ci, un tableau en particulier retint l’attention du maudit. C’était une femme d’une beauté à couper le souffle vêtue d’une robe bleue. Elle se tenait au milieu d’une étendue d’eau cristalline, sa position évoquant une sorte de danse raffinée ou quelque chose du genre. Ses yeux et son visage, quant à eux, reflétaient une certaine innocence. Si le maudit n’était pas critique d’art, il n’eut aucun mal à faire le rapprochement entre l’image sous ses yeux et le nom du navire. Cette peinture représentait sans aucun doute la vision qu’avait l’artiste de la fameuse Vierge Bleue. D’ailleurs, le marsupial se demandait vaguement d’où pouvait bien provenir ce nom, tiens… Alors, il se tourna vers Etsu, pensant avec amusement qu’elle était bien plus pure que l’être représenté sur la toile. Il avait justement dans l’idée de lui pointer cette dernière pour placer ce compliment ma foi fort idéaliste. Cependant, il se rendit bien vite compte d’une chose : sa chimiste d’amour avait disparu… Où donc était-elle passée ? La réponse fut loin d’être au goût du kangourou…

-« Mais je n’ai lâché sa main que cinq secondes… » Murmura-t-il, sidéré, en voyant le désordre qu'elle mettait.

Suivant la traînée de gens mécontents que madame Umbra avait laissée derrière elle, le zoan se confondit en excuses à chaque fois. Heureusement, la plupart des personnes bousculées n’en tinrent pas rigueur aux jeunes mariés. La majorité des passagers pompeux ou arrogants étant en ce moment même en train d’assaillir la cabine du capitaine qui se cachait avec Jeannot derrière son siège, comme pour se protéger de la myriade de plaintes et réclamations dirigées vers lui. Quoi qu’il en soit, ce fut pile au moment où le bretteur se rapprocha enfin de sa promise que deux jeunes femmes à l’allure hautaine vinrent l’accoster.

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Filles extravagantes énervées.

-« Comment osez-vous vous excuser après un tel affront ?! » S’énervèrent-elles, synchronisées.
-« Euh… C’est-à-dire que… » Balbutia Massy, quelque peu étonné par la question et l’accoutrement de ses interlocutrices.
-« Gnagnagna c’est-à-dire que. » Moqua la fille au t-shirt avec marqué dessus démon. « Achetez-vous une personnalité ! Vous n’êtes même pas capable de surveiller la dévergondée qui vous sert de femme ! »
-« De quoi ? »
-« Laisse, Mélanie, ce n’est qu’un pauvre type. » Renchérit la blonde. « C’est quand même un comble qu’on laisse participer ce genre de personnes à la croisière. »
-« J’avoue, t’as trop raison, Mégane ! » Acquiesça la brune. « En plus, tu as vu leurs vêtements ? Ils sont tellement ringards. »
-« Oui, et leur coupe de cheveux… » Ajouta la fille au t-shirt angélique en tournant la tête de droite à gauche. « C’est navrant… Surtout les cheveux de la fille, là. Qui utilise encore une teinte rose de nos jours ? En plus, ça se marie tellement mal avec des alliances en or rose ! C'est tellement redondant... »
-« J’avoue. » Soupira sa comparse. « Mais le pire, ça reste encore le collier tribal, là. C’est d’un pathétique… »

En disant cela, la dénommée Mélanie approcha sa main pour saisir l’objet en question. Son but était tout simplement de l’examiner de plus près tout en le montrant à Mégane. Cependant, inutile de dire que le maudit ne vit pas cela d’un très bon œil. Attrapant fermement le bras tendu vers sa poitrine, il articula d’un ton sec et sans réplique :

-« Pas. Touche. »

Son regard était plutôt sombre, on y lisait une colère aussi noire que ses pupilles ainsi qu'une froideur évidente. Cela suffit amplement à intimider les deux jeunes femmes qui - lorsque Massy relâcha la brune - s’enfuirent sans demander leur reste. Aussi, elles hurlèrent à l’unisson :

-« À nous ! Il y a un psychopathe mal habillé sur le bateau !!!! »
-« Bon débarras. » Souffla l'homme visé.

Ce n’était pas franchement dans les habitudes du jeune homme d’effrayer les gens comme ça, mais bon, ces filles l’avaient vraiment mis en rogne. Qu’elles refusent d’accepter ses excuses et l’insultent, c’était une chose, mais qu’elles dénigrent Etsu et son plus beau souvenir d’enfance… c’en était une toute autre. Aussi, si sa réaction pouvait paraître disproportionnée aux yeux du reste de la salle, il s’en fichait éperdument. Le fait est qu’il ne supportait pas qu’on s’attaque aux personnes auxquelles il tenait, pas plus qu’il n’aimait qu’on remette en question ses goûts. En clair, ces deux casse-pieds l’avaient cherché. Soupirant, il se tourna vers sa dulcinée avec le sourire, le tout en s’efforçant d’oublier son petit égarement passager. Il saisit un verre et le remplit de jus d’orange, sans se formaliser du fait qu’une certaine Ando ait piquée une tête dedans. Prenant une gorgée, le sabreur offrit un sourire radieux à celle qui lui permettait de mettre de côté son passé tumultueux. Certes, il ne trouvait pas cette boisson si merveilleuse que ça, mais il n’allait tout de même pas gâcher le plaisir de son épouse le premier jour de leur voyage de noces.

-« C’est délicieux, mon ange ! »

Si elle le voulait bien, il repousserait un peu l’amas rose et poisseux qui pendouillerait certainement sur son front.

-« Sinon, il faudra sans doute que tu te laves les cheveux ! » Ajouta-t-il en riant de bon cœur.


Reprenant un air plus sérieux, il ajouterait avec une certaine crainte qu'il tenterait de dissimuler avec plus ou moins de succès :

-« Par contre, évite de partir sans rien me dire à l'avenir, d'accord ? Je m'en voudrais s'il t'arrivait quelque chose à cause de ça. »



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Jeu 19 Juil - 23:49


Direction les hommes


Glou, glou, glou…

Le dos cambré pour être à hauteur de la fontaine, tête à l’envers, j’ingurgitais la coulée continue à grosses gorgées. Puis, je m’arrêtais un instant, laissant le jus sucré rebondir sur mon visage, couler dessus et sur mes cheveux. Je m’enivrais de son parfum d’été et des belles mémoires qu’il m’apportait. Bordel, ce que j’aimais ça. La pause fut de courte durée avant que je ne recommence à en engloutir des litres. Comment le monde aurait-il pu tourner sans oranges ?

Je n’aurais pas pu attendre d’être rassasiée, car je ne l’aurais jamais été. Mais lorsque tout le jus d’orange fut terminé, et qu’il se mit à balloter dans mon estomac trop plein, je me redressai pour retrouver Massy. De loin, je le vis occupé avec deux demoiselles. Bah dis donc, il attendait pas, lui non plus ! Mais je ne lui en voulais pas, il avait bien raison. J’espérais juste que ça ne mettrait pas à mal nos plans pour la compétition. Le temps de sa discussion avec les filles, je le laissai tranquille, oeuvrant à mon tour pour dénicher quelques bons plans. C’était difficile, au milieu de tous ces couples, de trouver quelque chose de potable. Il y avait bien ce type, visage mignon, mais un peu trop maigre. Moi je voulais du muscle, de la masse, du mec imposant ! De toute façon, je n’eus pas vraiment le temps de faire le tour des passagers dans la salle : Massy venait de terminer. Je le vis s’approcher de moi, tout sourire. Hé bah, ça avait l’air de le rendre heureux, d’avoir des filles pour tourner autour de lui ! Enfin, il se mettait dans un drôle d’état pour pas grand-chose ; elles étaient pas si bien foutues que ça, non plus…

Je sursautai, extirpée violemment de mes pensées, alors que Massy complimentait le jus d’orange. Machinalement, ma tête se tourna vers lui, mes yeux se plissèrent et continuèrent le chemin vers la fontaine. Et, d’un coup, mon corps tout entier se retrouva face à elle, les genoux fléchis, la tête à hauteur de la machine et la langue tirée pour en récupérer les dernières gouttes. Je tapais dessus avec mon poing, mettant toutes les chances de mon côté pour en récupérer.
 
I’ en ‘este ?! Hein ?!

Je fis la moue en me redressant. Un peu de jus d’orange avait dû rester coincé dans la fontaine, et Massy avait pu récupérer la dernière goulée. Mais pour moi, plus rien… ce qu’il pouvait être égoïste, parfois. Il le savait, pourtant, que j’aimais ça ! Enfin, peu importait. Il n’y avait certainement pas pensé. Cette idée fut certainement confirmée par le geste et le rire qui suivirent. Massy n’avait pas mauvais fond. Je souris à mon tour, admettant d’un acquiescement que le sucre naturel des oranges commençait à conglutiner sur mes cheveux et mon visage. Néanmoins, je devais m’avouer un peu déçue de partir déjà. Après tout, on venait d’arriver ici, et il voulait déjà qu’on aille se baigner. Il ne me semblait pas l’avoir vu manger, d’ailleurs.

Et comme il m’avait fait promettre de ne plus le perdre, d’une main, j’agrippai celle de Massy, et s’il se laissait faire, je le tirais avec moi vers l’extérieur. Au passage, je piochai quelques vivres dans les plateaux des serveurs, les tendant à Massy un très court instant. Mais, trop tentée par les amuse-gueule que j’avais déjà goûtée, j’en dévorais quelques-uns. Puis, arpentant les fins couloirs du navire, je suivis consciencieusement les panneaux qui indiquaient les bains. Je me perdis dans un ou deux corridors, mais, après quelques détours, réussis à trouver la porte que je cherchais tant. « BAINS HOMMES » étaient les deux seules informations offertes par un panneau cloué sur l’entrée. Je commençais à connaître Massy ; même si nous ne nous connaissions que depuis une journée, nous avions passé tout notre temps ensemble. Il me semblait pouvoir capter quelques-unes de ses habitudes, dont celle de me corriger à chacune de mes petites erreurs. Mais celle-ci n’en était pas une. J’espérais de sa part qu’il le pressente, mais dans le doute, je précisai :
 
On est bien arrivés ! Les bains hommes. T’en fais pas, je serai discrète. Et, au cas où l’on nous aurait écoutés, je jouai le jeu de la petite épouse amoureuse, caressant d’un doigt le menton de Massy en lui adressant un clin d’œil. Je veux juste rester avec toi !

Je lâchai Massy pour ouvrir la porte en grand, et m’enfoncer dans la vapeur blanche de l’eau brûlante.
 
Huhuhuhu hihi !

S’il ne me voyait plus, il pourrait me repérer au gloussement continu qui s’échappait malgré moi de mes lèvres… ou aux vêtements que je semai tout au long de ma route.

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Sam 21 Juil - 14:12


Réaction mystère
Massy ne comprit pas vraiment où voulait en venir son épouse en le traînant comme ça par la main. Y avait-il un endroit en particulier où elle voulait se rendre ? Le maudit n’en savait absolument rien. Aussi, il suivit volontiers l’amour de sa vie, acceptant les quelques mets qu’elle daignait lui tendre de temps en temps. Cette femme était bizarre, n’empêche… D’abord, elle vidait la fontaine de jus d’orange à elle seule, ce qui était humainement impossible, au cas-où vous vous le demandiez. Ensuite, elle se gavait d’amuse-gueules tout en courant un peu partout… Le tout sans rendre le contenu de son estomac. Était-ce dû au pouvoir de son fruit du démon ? Quelle question… Ce serait stupide. Pourquoi le logia des gaz permettrait-il une telle chose ? Soupirant devant ses propres hypothèses abracadabrantes, le bretteur eut à peine le temps de dire ouf avant de se retrouver là où sa chimiste en sucre voulait se trouver. Les bains publics pour hommes…

-« C’est une blague ? » Fit-il se frappant le front de façon magistrale.

Apparemment, non. Poussant ce qui devait bien être le dixième soupir de la journée, le pirate arqua un sourcil. Etsu avait vraiment pris au pied de la lettre ce qu’il lui avait dit un peu plus tôt. Elle allait se nettoyer sans le quitter un seul instant. D’un côté, ça le rendait heureux parce qu’elle prenait en compte son avis. D’un autre… Elle semblait manquer de la maturité nécessaire pour faire la différence entre les comportements incongrus et ceux qui étaient acceptables. Évidemment, sa proposition faisait partie de la première catégorie… En plus, réalisait-elle au moins que prendre un bain, c’était stupide pour eux ? Au moindre relâchement, ils finiraient noyés au fond de l’eau… Une mort aussi peu enviable que ridicule. Ça étonnait franchement Massy que sa dulcinée prenne encore des bains. Après tout, leur faiblesse à l’eau résidait dans la quantité d’immersion du corps, ce qui rendait les baignades plutôt dangereuses. Heureusement, ce problème était largement pallié par les douches puisque le liquide entrait en contact avec le corps par intermittence et en trop petite quantité pour véritablement poser problème.

-« Si tu tiens à ce que nous nous baignons ensemble. » Répondit finalement l’Umbra en levant la tête. « Nous pouvons aller dans notre… chambre. Sérieusement, là ?! »

Il avait crié les deux derniers mots en se rendant compte de la disparition de sa promise. C’était génial, juste génial ! En plus de risquer de se noyer, elle allait se faire mater par tous les hommes présents dans cette salle. C’était juste PAR-FAIT !

-« Des fois, je me demande quel âge elle a… » Lâcha-t-il en se tapant la tête contre un mur. « Ce voyage de noces commence franchement à me les casser, tiens… Nous aurions peut-être mieux fait de rester à Attraction Town. »

Après avoir fait quelques remarques assez pertinentes à son goût, l’épéiste aux pupilles particulière s’engouffra dans la salle. La vapeur d’eau formait un voile opaque qui affectait grandement la visibilité. Cependant, cela n’empêchait pas le jeune homme de suivre sa femme à la trace grâce aux vêtements laissés un peu partout… Cette histoire allait mal se finir, Massy en était persuadé.

-« Etsu ? Fais pas ta gamine et reviens pendant qu’il en est encore temps, s’il te plaît ! » Lança-t-il dans un ultime espoir de lui faire entendre raison.

Si la mariée aux cheveux roses s’obstinait dans cette voie, elle aurait une très mauvaise surprise. En effet, il n’y avait absolument personne dans cette salle. Personne, sauf…

Réaction Mystère [FB] 310?cb=20151207153854

-« Aaaaaaaaaaaaah ! Que c’est agréable… » Déclara Bertrand Datface en s'étirant dans l'eau.


Il avait franchement été très inspiré en venant se détendre ici pendant que tous les autres étaient occupés à bronzer au bord de la piscine, à festoyer dans la salle des fêtes, ou bien à assiéger les quartiers du pauvre capitaine. Ce dernier, d'ailleurs, s'était muni d'un balai pour affronter les passagers péteux qui venaient de défoncer sa porte.

-« Arrière, gens de la haute société clairement pas distingués ! » Cria Murdock, désespéré.
-« Au secours, capitaine ! » Hurla Jeannot en se faisant emporter par la marée humaine.
-« Nooooooooooooon ! Rendez-moi mon esclave personnel ! »
-« Je croyais que c'était votre employé. » Fit remarquer le leader du mouvement contestataire.
-« Y a une différence ? Oh et puis ta gueule, sale poisson blob
pompeux ! »



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Dim 22 Juil - 23:54


La chasse


Des hooommes, des hoooommes, des zoooom… Lalala !

Tout en balançant le tissu inutile derrière moi, je sautillai dans l’immensité de la pièce, aux anges. Pour l’instant, je n’avais rencontré personne, mais j’avais la certitude que ça ne tarderait pas. A part Massy et moi, on n’entendait que le clapotis de l’eau brûlante qui s’écoulait dans les bains. D’ailleurs, lorsqu’il m’appela, ma voix résonna entre les murs de la gigantesque pièce, avant qu’un écho ne s’installe :
 
Hihi… Viens me chercher !

Après tout, il pouvait aussi participer, s’il voulait. Plus on est de fou, plus on rit. Pourtant, il me semblait bien que dans cette pièce, nous n’étions que deux. Attristée à l’idée de ne découvrir personne, j’avançai lentement et m’éloignai des vêtements au sol, dernière trace de mon passage. Je soupirai, commençant à perdre espoir. Etaient-ils réellement tous derrière ce pauvre capitaine, à se plaindre du report des inscriptions, alors qu’ils auraient pu être là, devant moi, pour m’exposer leurs corps musculeux d’athlètes olympiens, défiler devant moi pour les vanter, ou partager quelques cachoteries avec moi ? Ils ne savaient pas ce qu’ils rataient. Par contre, moi, je savais ce qui me passait sous le nez.

J’étais prête à abandonner et rejoindre Massy vers la sortie, déçue que rien n’émerge de l’opacité brumeuse, quand soudain, la lumière divine s’éleva au-dessus du monde :
 
Aaaaah, que c’est agréable…

Mon instinct força ma tête à pivoter vers l’origine du son. Cette voix de mâle alpha, grave à souhait, ce timbre qui me faisait vibrer jusqu’à la moelle… Impossible d’y résister. Je n’étais plus une lionne, plus une tigresse, non. J’étais la chimère de tous les prédateurs connus. A l’affût de la moindre phéromone, mon nez se retroussa, mes narines s’ouvrir, pour humer l’air dans cette direction. Mes oreilles papillonnèrent pour capter les bruits environnants et mes pupilles se dilatèrent pour percevoir chaque petit rayon de lumière qui parvenait à mes yeux. J’éliminai toutes les informations que je savais provenant de Massy. Ça sentait l’étalon à plein nez, et un doux bourdonnement s’échappait de là d’où venait la voix. Il ronronnait, comme c’était mignon ! Un peu bizarre, parce que j’espérais qu’il ne fût pas un chat ou de quelque espèce féline, mais mignon malgré tout. Néanmoins, je ne le voyais pas encore. Je ne bougeais plus, en position de chasse. Ma proie n’était plus très loin. Plus un mouvement. Plus un souffle. Plus un gazouillis. Puis je me redressai brusquement, reprenant bruyamment ma respiration. A vrai dire, je ne savais pas la tenir longtemps.

Haletant à cause de mes bêtises, je me reprenais. Un peu de tenue, Etsu ! Après tout, j’étais une femme qui savait plaire, je n’avais aucune raison de me rabaisser à un comportement si primitif. Je m’agrandis sur mes jambes, les tendant pour qu’elles paraissent longues et fines. Je travaillai aussi le visage, pinçant un peu mes lèvres pour les rendre plus charnues, et baissant à peine les paupières, afin que le contraste entre le brun de mes cils de bitc… biche et l’or de mes iris n’en soit que plus rayonnant. Cette fois, j’étais prête pour partir à la chasse.

Je ne manquai pas de me déhancher par d’amples mouvements du bassin, pour avancer de quelques pas. Une silhouette se dessina derrière le voile trouble de la vapeur, avant d’apparaître totalement. Vision d’horreur. Non. C’était impossible. C’était une erreur. Un cauchemar ! Où était l’homme à la voix divine, qui ne pouvait qu’aller avec un corps de la même noblesse ? Ce type n’était pas la personne que je cherchais. C’était une blague, ça devait être ça. Ahah, très drôle.

Non, qu’est-ce qu’il faisait ? Est-ce qu’il essayait de se déplacer ? Oh, non, c’était juste sa tête qui bougeait. En fait, je n’en étais pas vraiment sûre : sous ces flots graisseux, il était difficile de dire ce qui se mouvait réellement. Je n’eus la confirmation de mes prédictions que lorsque nos regards se croisèrent. Je ne saurais dire ce qu’il y avait réellement dans le sien, mais j’y vis l’enfer-même.
 
AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH ! MASSYYYYY ! A L'AAIIIDE !

Reprenant le chemin inverse à toute vitesse, je glissai sur le sol humide et m’étalai la tête la première, sans avoir avancé d’un mètre. Je ne pus que tourner le visage vers la masse derrière moi, persuadée que cette fois, c’était la fin.


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Réaction mystère

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Betrand Datface, dit « Godbert ».

Ce bon vieux Bertrand se la coulait douce depuis quelques heures déjà. Cette croisière était véritablement fabuleuse ! La nourriture était délicieuse, le service impeccable, et il y aurait même un très divertissant spectacle dans pas longtemps. Dommage qu’il ne puisse pas profiter pleinement de ce dernier. Après tout, sa protégée allait y participer aussi, et en tant que garde du corps royal, il se devait de focaliser son attention sur elle pour lui offrir une protection maximale. Ainsi, il serait sans doute obligé de se concentrer plus sur la jeune Perdita et son fiancé que le concours organisé par le capitaine. C’était un peu triste, mais bon. Le roi le payait comme il se devait et plus encore pour assurer la sécurité de sa fille adorée. Lui, Bertrand Datface, devait protéger coûte que coûte la princesse. Cela, il l’avait juré sur son honneur, et ce n’était pas rien. Après tout, c’était « Godbert », éminent fils de Robert et Marie-Jeanne Datface, preux chevalier de l’ordre du sanglier éthéré, puissant garde du corps de sa majesté le roi, courageux goûteur officiel de la famille royale, valeureux leader de l’escouade d’élite des Porc-Casseurs, irremplaçable entraîneur personnel du prince Nexus, noble vainqueur du prix du plus gros mangeur de West Blue depuis dix ans d’affilée, respecté défenseur des droits de l’homme, célèbre philosophe reconnu de par le monde, écrivain talentueux mais sous-estimé, poète négligé, et troisième plus grande fortune du royaume de Maitagle.

En bref, vous l’aurez compris, monsieur Datface était loin d’être un homme ordinaire. Il s’agissait d’un être d’exception doué d’une combinaison de dons innés que vous ne trouverez chez personne d’autre. Hélas, car il y a un hélas, son physique était loin d’être aussi raffiné que son pedigree incroyable le laissait entendre. Pour être franc, il était même ce que beaucoup n’hésitaient pas à qualifier de « gros tas », « boule de billard », « usine à graisse », « déchet sur pattes », et - surtout - de « porc ». Pourtant, Bertrand n’avait jamais rien fait de mal dans sa vie. Il s’efforçait même d’être bon et juste avec tout le monde et en toutes circonstances. Malheureusement, la nature humaine étant ce qu’elle était, il y avait toujours quelqu’un pour rire de lui et pour l’injurier copieusement juste à cause de son surpoids. Bien sûr, beaucoup lui conseillaient simplement de perdre ses kilos en trop pour que les gens le jugent à sa juste valeur. Mais lui, ce n’était pas ce qu’il voulait. Non, ce qu’il désirait réellement, c’était prouver au reste du monde qu’une personne un peu grassouillette n’était pas seulement grosse. Il voulait prouver à l’univers tout entier qu’aussi gras du bide qu’il puisse être, il pouvait faire ce dont bien d’autres hommes étaient incapables. En clair, il voulait être la preuve vivante du proverbe qui avait changé sa vie du tout au tout : « Il ne faut pas juger un livre à sa couverture ».

Après avoir entendu pour la première fois ces sages paroles divines, qu’il respectait et appliquait à la limite du fanatisme, Betrand s’était fait violence en rejoignant la garde du roi. Lui, qui était pacifique dans l’âme, avait donc fait tout ce qu’il pouvait pour apprendre à se battre. Pourquoi ? Eh bien, c’était très simple : en tant que philosophe en herbe, il avait à cœur de connaître les deux faces d’une même pièce, c’est-à-dire la violence et la non-violence. De là, il aurait été en mesure de juger de façon pertinente si son point de vue sur la question était effectivement correct ou non. Enfin, c'était ce qu'il estimait à l'époque. Ce qu’il n’avait pas prévu, en revanche, c’était que ses aptitudes physiques soient bien au-delà de celles d’un humain lambda. En effet, le terme exact pour ces cas particuliers était « force de la nature ». Ainsi, le fils Datface avait gravi très rapidement les échelons, se faisant très vite un nom dans son royaume d’origine. Un incident en particulier lui avait valu une telle réputation et une telle célébrité que partout à travers ses contrées natales, on avait commencé à le surnommer « God Bertrand » raccourci en « Godbert ». Ce fut à partir de ce moment-là que le roi Alexander Lucius de Maitagle commença à s’intéresser à lui.

Chemin faisant, il devint officiellement chevalier et garde du corps royal. S’en suivirent ensuite beaucoup d’autres réussites personnelles, notamment dans le monde de l’écriture où il perça plus ou moins grâce à ses magnifiques ouvrages philosophiques - traitant principalement du rapport entre l’être humain et la violence - et ses romans passionnants abordant des sujets divers et variés. Pour résumer, Betrand était avant tout un philosophe né. Toutefois, malgré sa réticence à user de sa force peu commune, il s’agissait d’un grand guerrier qui n’hésiterait pas à mettre de côté ses principes si nécessaire. Justement, en sa qualité de combattant, il possédait des sens aiguisés qui lui permirent de sentir la présence prédatrice s’approchant de lui. Il tourna la tête et vit une jeune femme nue… C’était cocasse, ça. La pauvre avait dû se tromper en entrant ici. Oui, elle avait sans aucun doute confondu les bains pour hommes avec ceux pour femmes. Aussi, comme on aurait pu s’y attendre, la vision d’une créature du sexe opposé l’effraya au plus haut point. Elle devait sans doute se dire que le philosophe était un détraqué, un pervers s’étant faufilé dans le coin pour le plaisir d’épier de pures et innocentes jeunes filles en plein moment de détente. Il aurait vraiment fallu être un monstre sans gêne pour faire cela, ce qui expliquait la réaction disproportionnée de la demoiselle.

-« N’ayez crainte. » Fit monsieur Datface de sa voix de ténor. « Je ne vous veux aucun mal. »

Il se relèverait alors et commencerait à avancer lentement vers la maudite effarouchée. Sur son visage, un grand sourire doux et rassurant qui pourrait être interprété comme menaçant à cause de la mauvaise visibilité offerte par la vapeur d’eau.

-« Vous savez, ce n’est pas grave de se tromper, ça arrive à tout le monde. Vous avez de la chance que personne d’autre ne soit ici, ils se seraient sans doute moqués de vous… au mieux. Quelle tristesse, vous ne pensez pas ? En tout cas, ne vous inquiétez pas, je ne rirais pas de vous, c’est promis. Je ne suis point une de ces personnes méphitiques qui ne trouvent de sens à leurs vies que dans des insultes bien placées leur amenant un sentiment de pseudo-supériorité. Vous, moi, et l’humanité entière, nous valons mieux que ça ! Attendez, là, je vais vous aider à vous relever. »

Ses mains s’approcheraient alors dangereusement de la créature sur le sol mouillé. Alors, un cri retentit, celui de Massy, qui s’était enfin décidé à passer en forme hybride pour repérer précisément sa femme dans toute cette vapeur. On aurait pu croire que ce serait dur, mais non. Le zoan s'était bien imprégné de l'odeur de sa chère et tendre pendant leur première nuit en tant qu'amoureux. Aussi, l'eau sous forme gazeuse ne l'empêcha pas outre mesure de repérer la chimiste.

-« N’aie pas peur, mon ange ! » hurla-t-il en courant à toute vitesse vers le colosse de deux mètres et demi de haut. « Je vais te sauver ! »

Cela fait, il bondit vers le gros bonhomme nu et le frappa de toutes ses forces d’un Double Kick à l’estomac qui lui permit d’enchaîner de suite avec un coup de pied rotatif à la mâchoire, cela alors que la bedaine de sa cible le projettait violemment en arrière.

-« Oh, ça ne va pas la tête ? Je n’ai rien fait pour mériter cette violence… » lança Bertrand, pas très en forme.
-« C’est ça, comme si ma petite femme chérie allait crier à l’aide pour le plaisir de me voir la secourir. » répondit l’Umbra, sceptique, alors qu’il fonçait une fois de plus vers l’ennemi.
-« Bravo… J’ai horriblement mal au ventre maintenant et je me suis coupé la langue… Le goût du sang… Beurk… C’est ignoble… Je crois que je vais vomir... ! »


Le kangourou ne fit absolument pas attention aux complaintes de l'écrivain qu'il se mit à rouer de coup avec force et vitesse. Ce fut une véritable pluie de poings qui s'abattit sur le ventre du goûteur royal. Bien sûr, ce dernier aurait pu riposter, mais il ne le fit pas pour deux raisons. La première, son assaillant ne semblait pas mauvais, il avait juste mal saisi les intentions du Datface, et qui aurait pu lui en vouloir vu les circonstances ? La deuxième, Bertrand se sentait un peu trop mal pour attaquer... Il fallait dire que ce type tapait fort, ce qui ne faisait pas très bon ménage avec le fait que le philosophe se soit empiffré assez récemment. Ainsi, ce qui devait arriver arriva : Bertrand rendit son repas sur Massy et, dans une moindre mesure, Etsu.


-« O-oups... Exc... usez-moi... » dirait-il après, rotant en plein milieu de sa phrase.



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Massy : Lvl 17 FDD : zoan du kangourou roux
Bertrand : Lvl 20 Aptitude : ???
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Mar 7 Aoû - 22:41


Le gros benêt


Le monstre s’approcha, menaçant, sa masse informe pesant au-dessus de moi, prêt à m’engloutir dans les infinités graisseuses de sa pense. Un homme, une femme, un humain, il m’était impossible de définir la chose. Ça n’était que coulées de chair, qui s’empilaient mollement et flottaient les unes sur les autres au rythme lent de sa démarche. Je rampais sur le sol, terrorisée, n’arrivant même pas à me relever. Dans un tel endroit, le Gasu Gasu était inutilisable. Si l’eau qui saturait la pièce pouvait rendre l’utilisation d’un fruit du démon difficile, il m’aurait été impossible de mouvoir un gaz dans un endroit dont l’air était aussi humide : l’eau m’aurait trop alourdie, ou dissolue… faisant de toutes mes techniques de mignonnes sottises.

Il avait beau m’avoir assuré de sa bonne volonté et de sa gentillesse par quelques mots doux, je n’étais pas dupe. Savoir parler ma langue ne pourrait pas me convaincre de lui accorder ma confiance. Ça se voyait dans ses yeux, bien qu’à demi couverts de joues trop dodues : la chose était le mal incarné. C’était sans compter le rictus qu’il grimaçait, dévoilant sous d’épaisses lèvres un univers de dents innombrables, effrayantes par leur quantité et leur petitesse semblante, paraissant aussi tranchantes et puissantes que celles des grands carnivores. Si Massy ne volait pas à mon secours, je quitterais ce monde dans les secondes à venir.

Malgré tout, je continuais de fuir ; ou, du moins, tentais de m’y atteler. Je rampais et glissais maladroitement sur le sol moite, sans parvenir à me relever, lorsque la délicieuse voix de la créature s’éleva à nouveau. Elle avait sur moi l’effet des sirènes sur les matelots, à ceci près que les sirènes, elles, avaient la décence d’offrir une certaine beauté. Mais je faisais dos à la chose, et le timbre viril et délicat de son chant suffit à me faire oublier la vision d’horreur qui émanait de son corps. Et, alors qu’il déblatérait je ne savais quelles stupidités incompréhensibles, je me retournais, posant fesses et mains par terre, pour l’observer. Je fronçai les sourcils, inquiète dans un premier temps, l’écoutant sans le couper. Mon visage se décrispa un instant, laissant mes yeux grands ouverts et ma bouche béante, comme si la surprise arrivait en retard. Enfin, lorsqu’il termina, je me roulai en boule, retenant mon estomac dans mes bras, la tête enfouie dans mes genoux, muette du fou rire qui venait de me prendre.

Je vis du coin de l’œil Massy assaillir le pauvre monstre, niais de sa bonté. C’était de ma faute, et j’aurais voulu demander au zoan d’arrêter, mais impossible. Je me tordais de rire, les larmes aux yeux, essayant vainement de trouver un peu d’air pour respirer. L’hilarité me reprit de plus belle lorsqu’il se protégea de quelques mots sans se défendre d’aucun geste. Comment pouvait-on être aussi mou du gland ? Il paraissait pourtant assez imposant pour égaler Massy et riposter un minimum. Ce devait être un pacifiste, ou un faiblard - les deux étaient à peu près similaires. Les personnes comme lui ne vivaient certainement pas longtemps. Le monde était belliqueux par nature ; la vie elle-même était impétueuse et sanguinaire. Tout passait nécessairement par le désir de tuer l’autre, pour sa propre survie. Des organismes les plus simples aux êtres les plus complexes, tout y passait. Même les plantes, qui, si l’on pouvait aisément les penser vivre dans une paix immobile et silencieuse, menaient sans cesse des guerres atroces pour la survie de leur propre espèce. En bref, les idéaux de paix, c’était un truc de cons.

Comme s’il voulait venir à bout de moi par sa drôlesse, le monstre, au lieu de la violence des poings, décida d’employer la violence de la bouche. Par « violence de la bouche », il faut entendre qu’il dégueula l’entièreté de son estomac sur Massy, avant de s’excuser en rotant grassement.
 
AAAAAAAAAAAAAAAAH AHAHAHAHAHAHAHAH ! Ooooouhouhouhouhouh ! AHAHAHAH ! Ah… Ah… Pfiou… Pf… Ahahahah AHAHAHAH !

Le rire dura quelques longues secondes, si ce n’étaient pas des minutes, avant que je ne réussisse à me calmer un peu. Je me relevai tranquillement, plaçant une main sur mes abdominaux douloureux de contractures, l’autre massant mes joues pour les mêmes maux. Silencieuse, mordant mes lèvres pour ne pas repartir, je me dirigeai vers l’un des grands bacs d’eau de la pièce, glissant mes mains en bol pour m’asperger les cheveux et les rincer à l’eau. J’en profitai pour effacer les giclures de relent parvenues à moi, prenant soin de ne pas me mettre en danger à cause d’une trop grande quantité de liquide. Puis, je me retournai vers les deux, passant mon regard de l’un à l’autre, dans le seul écho des clapotis de l’eau. J’avais beau vouloir rester sérieuse, je savais qu’un sourire trahissait encore mon amusement.
 
Massy, arrête, arrête. Je… pfffr… J’ai un peu paniqué, mais ce type ne m’a rien fait. C’est juste un gros lard un peu benêt.

Je m’arrêtais une seconde, soufflant pour ne pas rire en repassant la scène dans mon esprit. Puis je repris, plus ennuyée :
 
Il n’y a personne d’autre que nous trois, ici… c’est pas intéressant. Et si on allait dormir ?! Comme ça, demain arrivera plus vite et on sera les premiers debout pour s’inscrire à la compétition !

Mais je n’avais aucune idée de l’heure.


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Réaction mystère
Les yeux du maudit se teintèrent d’une fureur rarement égalée : comment ce type osait-il lui vomir dessus ? De plus, comment se faisait-il qu’il puisse tenir debout comme si de rien n’était après avoir essuyé autant de coups en si peu de temps ? Très bien, si ce détraqué était si endurant que ça, il ne restait plus qu’à recourir aux grands moyens. Le kangourou recula pour avoir une meilleure vision d’ensemble de l’ennemi. Dès qu’il repéra la gorge de ce dernier, il bondit vers elle, prêt à en finir d’un seul coup en lui tranchant la jugulaire de ses griffes acérées. Cependant, une voix féminine hilare l’interrompit en pleine course, le sommant de s’arrêter. Déstabilisé, le musicien réussit néanmoins à reprendre forme humaine juste à temps pour éviter de répandre sur le sol le sang de son adversaire. Par contre, il était inutile de dire qu’il était impossible de s’arrêter en plein dans les airs… Aussi, le pâlot finit par se cogner la tête contre celle de la montagne pacifique qu’il avait failli abattre. Pour le coup, les deux le sentirent passer, ce coup-là. Les larmes aux yeux et le nez endolori par l’odeur putride émanant de ses nouveaux vêtements, l’Umbra ne put que se confondre en excuses en lançant un regard las à son épouse. Peut-être qu’elle trouvait la situation amusante, mais pas lui…

-« Je suis vraiment désolé, monsieur… »
-« Datface, Betrand Datface. » se présenta l’homme à la voix de ténor. « Ce n’est rien, je comprends… Burp… tout à fait votre position. Je suis sûr que j’aurais fait… presque pareil. »
-« Merci… et encore pardon. »

Sur ces mots, le garçon honteux sortirait rapidement de la salle, cela non sans destiner à sa femme des paroles quelque peu amères :

-« Etsu, rejoins-moi dans notre chambre commune une fois que tu auras fini de te rhabiller… Ne traîne pas trop en chemin, je te prie. Il faut qu’on parle. »

Une fois en dehors et assez loin de sa dulcinée, le jeune homme frappa un mur d’un poing rageur. Comment diable avait-il pu attaquer une personne aussi rapidement, sans même demander la moindre explication ? Ça ne lui ressemblait pas… D’autant plus qu’il était prêt à lui ôter la vie, cette idée lui était venue si facilement… Si l’avertissement de sa belle était arrivé une seconde trop tard, il aurait occasionné une blessure potentiellement mortelle à un innocent… Est-ce que l’amour ne lui était pas un peu monté à la tête ? La question ne se posait même pas tant la réponse était évidente. Sa simple présence en ces lieux en était une preuve tangible… Lui et sa douce Ando avaient tout fait à la va-vite, sans prendre le temps de réfléchir ne serait-ce qu’une fraction de seconde. Et dire qu’ils s’étaient mariés sans avertir leurs familles et amis respectifs… Bon, c’était un peu compréhensif pour son épouse compte tenu de la distance entre Attraction Town et ses proches à elle, mais il n’avait aucune excuse, lui. Ses amis étaient littéralement à côté de l’île et il n’avait pas daigné les inviter pour un moment aussi important de sa vie… Quant à cette croisière, c’était aussi beaucoup trop tôt, en fin de compte… Les deux jeunes mariés n’avaient même pas appris à se connaître, et les voilà pourtant en route pour refaire leur vie ailleurs… Sans même en avoir informé qui que ce soit, qui plus est. Non, plus Massy y réfléchissait, moins il trouvait de sens à ses propres choix et actions. Peut-être… Oui, peut-être n’était-il tout simplement pas fait pour être heureux ? Cette pensée amena sur son visage une expression complexe mêlant à la fois douleur, tristesse et résignation. Poussant un soupir, il ouvrit la porte de la chambre leur étant attribuée, ne remarquant même pas qu’elle n’était d'ores et déjà plus verrouillée.

-« Allez, au fond, tu savais bien que ce n’était qu’un doux rêve. » se dirait-il mollement en jetant ses vêtements dans un coin de la pièce. « À la douche… »

Pendant ce temps, à quelques couloirs de là seulement, une jeune femme aux cheveux roses venait tout juste de sortir des bains pour hommes. Cependant, elle aurait à peine le temps de faire quelques pas avant qu’une ombre ne surgisse au détour d’un couloir pour lui foncer dessus à une vitesse exponentielle, dagues en mains. Il était impossible de dire s’il s’agissait d’un homme, d’une femme ou d’une toute autre créature. La seule chose évidente était son intention sur le moment vis-à-vis d’Etsu… Comment allait donc réagir cette dernière ? Cela demeurait un mystère, pour l'instant.



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Dim 21 Avr - 22:36


L'inconnu


Visiblement, l’idée d’une sieste n’avait pas enchanté Massy. Il voulait parler. Et le ton de sa demande n’indiquait rien de bon. Mais encore trop hilare pour le prendre au sérieux, je ne réussis pas à retenir un pouffement de rire, tentant de le camoufler de quelques bafouilles :
 
Pppffrr… Oui, euh, ok ! J’arrive tout de suite ! Hum… pfffrrr… Pars devant, je te rejoins dans une minute !

L’accent sérieux que je voulais donner à mes paroles n’avait rien de crédible, tant le sourire rieur que j’affichais fendait en deux mon visage aux yeux plissés par l’amusement. D’ailleurs, dès que Massy se retrouva dehors, j’explosai à nouveau, tenant mon ventre en me pliant dessus. Après les longues minutes qu’il me fallut pour me calmer, je me redressai, essuyant d’un doigt une larme qui me perlait à l’œil, et rangeant une mèche folle derrière mon oreille. Je souris au gros monsieur, le saluant d’un coucou rapide avant de me diriger à mon tour vers la sortie.
 
Désolée pour tout, monsieur Fatfesses, Massy est un peu sanguin. Allez, salut, il va falloir qu’on « parle », ajoutai-je avec un clin d’œil.

J’avais bien une idée de comment m’en sortir, si jamais mon petit mari désirait une discussion trop ennuyante à mon goût. Il suffisait de la rendre un peu plus… frétillante. Mais avant, je devais quand même récupérer mes fringues. Je m’avançai vers la sortie, sifflotant gaiement, et pris la direction de mes vêtements.

Derrière mon air guilleret, quand même, je me demandais ce qu’il voulait, et pourquoi cet air soudain si sombre ? Je n’aurais pas tardé à connaître la réponse, si brusquement, venue de nulle part, une ombre s’était jetée sur moi. Par réflexe, la repérant au dernier moment et du coin de l’œil, je m’étais évaporée dans un bruit de coussin qu’on frappe pour en sortir la poussière. Je n’avais pas attendu de faire les présentations ; à mon avis, avec ce genre d’entrée, le type n’était pas là pour jouer à la dinette. Sans changer de forme, je m’étais jetée dans un couloir au hasard – tant pis pour les habits. Mais sur un navire de croisière comme celui-ci, des corridors, il y en avait assez pour que l’endroit se transforme en labyrinthe, à mes yeux. A droite, à gauche, je fuyais l’inconnu, pestant que l’on veuille attenter ma personne jusque sur un bateau de croisière. Qui pouvait m’en vouloir ? Un client mécontent ? Un cœur brisé ?

Merde, j’aurais dû regarder qui c’était.

Seulement, me retourner alors qu’on cherchait à m’éventrer, c’était pas la meilleure des idées. Je ne craignais pas la mort, du moins pas celle causée par un meurtrier banal. Après tout, j’étais logia, autant dire immortelle. Mais je devais prévenir Massy et lui demander de me débarrasser de ce type, parce que j’avais l’intention de profiter de ma croisière et ne pas passer mon temps à fuir un fou furieux.

Comme je ne savais pas où j’étais, je devais me cacher. Un regard vers l’avant, et ma porte de sortie s’offrit le plus naturellement du monde à moi : une bouche d’aération. Je me jetai dedans, filant à travers sans savoir où elle me mènerait. A vrai dire, je n’eus pas besoin d’aller bien loin. Je savais comment avertir Massy du danger qui me menaçait. Du moins, j’avais une idée et seule l’expérience pourrait me permettre d’en juger l’efficacité.

Du côté des profondeurs des aérations, je me mis à produire un gaz blanc, assez opaque pour être bien visible. Je n’avais aucune idée de la longueur des aérations, mais j’espérais en tout cas produire assez de gaz pour que Massy puisse se rendre de compte de sa présence. Pour le commun des mortels, ce gaz représenterait sûrement un problème technique, ou un truc comme ça. Peut-être même que ça déclencherait une panique générale sur le navire, mais peu importait. Je devais faire en sorte que mon mari me retrouve. Alors, comme le TOEKOMS ne pouvait que prévenir d’un danger sans indiquer précisément ma position, je générais, en direction du couloir, le STINK, un gaz fortement odorant. N’importe qui pourrait penser à un vieux pet foireux, mais j’espérais que Massy, lui, reconnaisse cette odeur.

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Techniques utilisées :
TOEKOMS ►
Caractéristiques - Couleur blanche, odeur de rose.
Action - Le TOEKOMS ne provoque ni la mort, ni de douleur. Malgré une action très lente, il n’en reste pas moins dangereux sur la distance. Il laisse des traces pour le futur : maladies de la peau, maladies respiratoires… Seul un bon médecin pourra venir à bout de ces blessures !
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STINK ►
Caractéristiques - Incolore, odeur d’oeuf pourri.
Action - Son action, c’est son odeur : fortement désagréable, on peut très facilement détecter d’où elle provient.
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