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[FB Solo] The Man in the Mirror.
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Lun 26 Mar - 12:24





Pourquoi ?


Il grimaça. Quel était ce visage ? Cette peinture livide, aux reliefs tirés et exagérément creusés, tant et si bien que le tourment qu'ils retranscrivaient aurait fait fuir n'importe quel curieux à la bravoure somme toute banale ? Il avait déjà vu des vieillards arborant de meilleures couleurs... y compris alors qu'ils arrivaient au bout du chemin. Des doigts fébriles vinrent palper la poche noirâtre et gonflée qui encerclaient l’œil gauche renvoyé par la réflexion. Un contact léger, timide, presque incertain... puis un soupir. Le globe oculaire était injecté de sang. La peau asséchée et tiraillée continua son parcours jusqu'aux rides nerveuses et aux creux venant marquer la partie inférieure du visage. Joues, dessous du nez... lèvres figées dans une expression sévère, désagréable. Indigeste. Le tout était indigeste, à n'en pas douter. Ce regard dur dans lequel dansait une lueur prête à exploser ne faisait qu'accentuer la menace discrète de chaque marque sur la peau devenue particulièrement pâle du portrait. Il aurait pu, à peu de chose près, s'arroger les bienfaits d'un air contrit : provoquer la pitié, l'inquiétude. Mais la repentance semblait hors de portée. Il ne souffrait pas de ces maux depuis longtemps, factuellement. Mais il avait d'ores et déjà l'impression qu'une éternité s'était écoulée depuis son premier réveil, le cœur battant d'une nouvelle émotion incontrôlée. Peut-être parce qu'il était banni du sommeil : ses nuits d'une longueur risible ne faisaient qu'accentuer son désarroi, qu'amplifier son trouble. Le feu en lui se magnifiait dans la douleur des autres... mais surtout dans la sienne. Un flambeau dont il aurait accepté de se passer sans demander son reste. Il regrettait son courage, désormais. Celui d'avoir accepté l'enfer pour quelqu'un qu'il voulait défendre.

Baissant la tête pour quitter le verre des yeux, Heziel fixa sans bruit le fond du lavabo au-dessus duquel il se trouvait et dans lequel une multitude de gouttes solitaires étaient venues s'éclater. Malgré la résonance bestiale qui se frayait un chemin jusqu'à son regard, ce dernier semblait éteint : déconnecté. Comme s'il contemplait le vide. Comme s'il voyait sans voir. Ses paumes, appuyées sur le rebord grinçant du mécanisme sanitaire de facture douteuse, semblaient ne transmettre aucune prise tangible à ses doigts : il reposait là, tel un macchabée se tenant relativement debout par la simple force de la gravité et de sa propre rigidité cadavérique. Seule sa poitrine au mouvement timoré soulevait le mystère de son état de vie ou de mort... au même rythme qu'elle se soulevait : lentement. Vide, éteint, léthargique. De nombreux mots auraient pu décrire cette vision première de décadence, ce tableau peint par un artiste maudit et oublié de tous, cet hommage au néant. La placidité morbide de son corps fut finalement trahie par une initiative secrète lorsque sa main droite agrippa la clef du robinet, avant de la faire pivoter mollement. Le bruit de l'eau s'écoulant vint frémir auprès de ses oreilles, brisant le silence de plomb dans lequel il s'était enterré depuis plusieurs heures déjà. Il observa à nouveau son reflet dans le liquide trouble et certainement impropre. Un malaise l'envahit.

Il ne voulait plus voir ce visage. C'était un coup de poignard entre les omoplates. Un tison chauffé à blanc qu'on lui collait dans la nuque. C'était comme devoir admettre une erreur grave et gênante en public, comme devoir assumer les conséquences d'une action malencontreuse devant le plus grand nombre. Pourtant, il était seul... ou l'était-il ? Certes, la pièce était vide de toute autre présence que lui : aucun autre résident de cette maison d'hôte n'aurait de toute manière voulu le côtoyer. Mais il y avait aussi ceux à qui il avait fait du mal : ceux qui le jugeaient au travers du temps et de l'espace, au travers de ses souvenirs, au travers de ses pensées. Ses amis... ceux qui avaient croisé sa route depuis. Les innocents, les soldats. Ses ennemis qui n'étaient en aucun cas pires qu'il ne l'était lui-même. Dans ce monde de fustigation et de reproche, nulle faction, nulle appartenance : la masse grouillante qui tapissait les recoins de son esprit de sa bile caustique ne souffrait d'aucune fracture de cette nature. Elle était une prédatrice lente, méthodique, avisée et pernicieuse. Elle rôdait dans sa mémoire, elle s'immisçait dans ses repos, elle dévorait sa quiétude.

Les seuls instants où il la supportait pleinement étaient ceux que sa colère lui volait.

Son dos se courba, sa nuque s'inclina.

Il plongea la tête dans ce miroir odieux afin de ne plus avoir à le contempler.

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Lun 26 Mar - 15:08





Pourquoi ?


Il aurait pu rester immergé longtemps. Jusqu'à la fin du temps, si cela lui avait permis d'obtenir un élément de réponse, une piste. La lumière d'une réalisation... la sécurité de se sentir rationnel. Mais rien ne lui vint. La tête plongée dans le bassin, ses cheveux mi-longs flottant paresseusement à la surface, il était à nouveau immobile. Cette fois, seule sa posture indiquait qu'il était encore de ce monde : après tout, il ne s'affaissait pas comme un château de carte sous la brise. Les yeux fermés, le Coffe laissait les petites bulles provoquées par l'air s'échappant inexorablement de ses poumons venir titiller chaque parcelle de sa peau, tandis que des formes rouges dansaient dans sa vision éteinte. Le sang dans ses yeux s'agitait, se trémoussait sous les pulsions de son cœur. Sa psyché faisait le reste : ces tâches sans aucun sens, il les transformait en dessins de sa propre vie, en scènes vécues ou à vivre, en prémonitions et en mises en garde. Ses inquiétudes se cristallisaient sous la forme de messages subliminaux qu'il s'assénait lui-même. Sous l'eau, tout était si calme... pourtant, encore une fois, sa tranquillité n'était pas destinée à durer outre mesure. Après tout, le mal était déjà fait. Les dés étaient déjà jetés. Comment renforcer les barrières quand le loup était déjà dans la bergerie ?

Un loup, oui. Un loup qui rôdait dans ses songes et dans ses neurones. Un prédateur affamé aux habitudes violentes et sournoises, qui était capable de se terrer pour mieux resurgir. Un carnivore vorace et carnassier qui se délectait de ses doutes, de ses peurs et de ses frustrations les plus profondes pour s'exprimer. Dans ce monde sans image tangibles, il était comme attiré vers la bête, qu'il sentait s'étendre dans des horizons qui lui étaient inconnus. Oppressant, omnipotent, sans pitié. Ce nuage noir chargé de suie, de cendres et de cadavres asphyxiait la lumière dont il s'était nourri toute sa vie. Il se sentit perdre pied et se concentra sur autre chose : sur le bien qui restait en lui. Sur le bien qu'on lui avait autrefois donné. Cette étincelle qu'il tirait de son passé plus heureux, de ses racines encore solides. Sa petite sœur, courant dans l'herbe fraiche qui lui arrivait alors aux genoux. Son père, riant de bon cœur après s'être cassé la figure une énième fois de l’escabeau en tentant de réparer les tuiles. Sa mère, bienveillante et douce, corrigeant sa dose de sel pour son premier pavé de dinde. Le chef Pandzani, bourru et bon vivant, épris de fierté en le voyant remporter son premier concours. Kain lui tendant la main pour mettre pour la première fois le pied sur leur petite embarcation, dans des débuts encore tâtonnants et timides. Ses nakama plaçant leurs espoirs en lui. Tous les gens pour qui il avait rendu la vie meilleure. Assurément plus que ceux qu'il avait lésés...

Mais pour combien de temps ? Que se passerait-il à l'avenir ?

Des prunelles imaginaires se tournèrent vers lui. Les images se brouillèrent. Un vertige l'envahit et il relâcha une quantité d'oxygène plus grande que la normale alors qu'il ouvrait les yeux de façon abrupte. Dans ses tripes, un malaise d'une puissance souveraine se mit à le tordre et le distordre, tant et si bien qu'il commença finalement à montrer des signes d'inconforts physiques. Ces gens auraient tous eu une bonne raison de lui en vouloir. De le détester. Le détester de ce qu'il était devenu... de ce qu'il ferait sans doute à l'avenir. Il pouvait sentir les regards lourds de jugement qui lui étaient adressés par des yeux invisibles, les doigts intangibles et immatériels pointés vers lui comme pour dénoncer ses actes jusqu'à leur essence même, les voix murmurantes et presque inaudibles de ceux qui avaient autrefois eu fois en son futur et ce qu'il pourrait accomplir. La chape de plomb sur ses épaules se fit plus pesante, plus importante et plus étouffante. Ses jambes commencèrent à trembler tandis qu'il se trouvait bien incapable de s'extirper de cette prison aqueuse pour reprendre un peu de son souffle. Il était comme paralysé, comme si quelque chose voulait le retenir ici.

Un grognement sourd remonta de ses entrailles, audible uniquement de sa propre conscience, tandis qu'il sentait l'influence prédatrice tenter de dominer son âme à nouveau.

Il s'extirpa brutalement du lavabo, dans une gerbe humide, tandis que l'eau continuait de couler de traviole.

Sa respiration. Il devait contrôler sa respiration.

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Mer 28 Mar - 16:06





Pourquoi ?


Sous bien des aspects, Heziel était un homme brave. Ce point ne souffrait que difficilement d'une quelconque contestation tant les exemples lui apportant en crédibilité étaient multiples. Jusque là, le pugiliste s'était toujours dressé face à l'adversité avec hargne et détermination, repoussant les limites de son esprit pour tenir bon dans les moments les plus difficiles. Ils n'avait jamais craint plus que nécessaire les éraflures, les bleus... les blessures sanguinolentes et les os brisés. Il s'était interposé dans des situations qui n'appelaient qu'à être résolues par un héros miraculeux, mettant en déroute des individus aux mœurs et à la morale toxiques et nocives, s'attirant les foudres de ceux que le commun des mortels aurait pu qualifier de puissants, de redoutables même. Il s'était toujours excusé de ses fautes et avait appris à porter la responsabilité de ses actes avec le plus de noblesse possible. Il réparait la plupart du temps ses erreurs, même lorsqu'il lui en coûtait chèrement. Il savait encaisser les douleurs les plus corporelles comme celles qui s'attaquaient de façon vicieuse à l'âme et aux émotions les plus profondes. Malgré des périodes de doutes qui étaient indiscutable, il s'était toujours élevé au dessus de sa condition basique d'être humain criblé d'incertitudes et d'insécurités, pour le bien de ceux qui l'entouraient. Il avait pris sur lui, il avait enduré, il avait subi. Il s'était porté en égide aussi bien envers des étrangers absolus qu'envers ceux qu'il chérissait. Il avait traversé un enfer de tourments pour le bien d'un animal qu'il considérait comme un camarade... camarade qu'il avait quitté par la suite. Comme tous les autres, car même si l'on pouvait penser à une fuite, à une incapacité à assumer les conséquences de sa transformation, il n'en était rien. Le combattant en son cœur avait abdiqué, laissant la voix de la sagesse et de la raison s'exprimer. Il avait eu le courage de quitter tout ce qu'il avait toujours connu... dans le but de le protéger.

Alors, pourquoi était-il recroquevillé dans un coin de cette pauvre salle de bain ? Pourquoi était il ainsi reclus entre deux parois, les genoux remontés jusqu'aux clavicules, la tête entre les mains ? Rapide. Sournoise et indomptable. La chancelante morsure de la peur. Il s'était extirpé de l'évier avant de tituber en arrière. Lorsque son dos nu avait touché le mur froid, il s'était arrêté. L’œil écarquillé et injecté de sang avait fixé la projection de sa propre faiblesse, à mi-chemin entre la peur, la surprise et le scandale. Puis il s'était laissé glisser mollement, comme un somnambule retournant finalement à une phase plus paisible de sommeil... avant de se rétracter sur lui même. Combien de temps cela faisait-il ? Il n'en avait aucune idée. Tout cela avait-il encore seulement un sens ? Il l'ignorait résolument. Connaître la réponse à cette question ne l'aurait aidé en aucun cas : pourtant, il ne pouvait s'empêcher de la poser, frêle créature de chair et de pensées construites qu'il s'avérait être dans la finalité. Jamais sa condition de mortel ne l'avait autant frappée qu'en ce jour sordide, alors même qu'il constatait avec amertume que tout ce qu'il avait toujours représenté, tout ce qu'il avait toujours été et tout ce qu'il pourrait prétendre être étaient des concepts qui n'avaient plus aucun sens. Le prédateur qui habitait ses entrailles et régissait ses pulsions sauvages n'avait pas l'intention de le rendre à son ancienne existence. C'en était fini de la piraterie libre et scintillante. Rompues, les anciennes alliances et les amitiés qu'il pensait avoir construites. Ravagées, les promesses d'un avenir sous le soleil et la lumière. Était-ce la un abandon au pessimisme ? Une soumission à la fatalité terrible qui l'attendait peut-être là, au dehors, dans un monde qui ne voudrait pas de ce qu'il était devenu ? Ce courage qui l'avait autrefois poussé vers l'avant s'était-il finalement tari au profit de l'étreinte glacée d'un réalisme assourdissant et assommant tout à la fois ? Encore une fois, ces questionnements n'étaient pas foncièrement destinés à trouver les réponses qu'ils appelaient de leurs vœux... du moins, pas aussi tôt.

Pas alors même qu'il s'engageait sur ce chemin dangereux et inconnu qui s'offrait à lui, seule alternative à la simple névrose qui risquait immanquablement de happer son être tout entier s'il lui laissait l'accès à ses fondations même.

Silencieusement, il appuya son front contre ses genoux et forma une barrière au dessus de sa vision à l'aide de ses coudes. Il resta là encore un temps indéfini, laissant l'eau couler dans le vide tandis que son corps frissonnait doucement sous un coup de froid invisible. Sa respiration régulière et profonde n'en était pas moins fragile, comme tremblante. Sa sérénité se composait désormais d'autant d'éclats qu'il lui faudrait récupérer avec parcimonie et patience. Une patience qui elle même n'était plus que l'ombre de ce qu'elle avait autrefois plus être. Ce corps, ces pensées, ces envies... c'était comme jouer à l'équilibre avec une allumette au dessus d'un amas de poudre n'attendant qu'un contact malencontreux pour vous changer en carcasse carbonisée. Sa fatigue harassante et qui ne semblait pas connaître de remède venait en tout état de cause de ces instabilités dans son comportement. Chaque geste, chaque mot... chaque souffle. Lorsqu'il côtoyait d'autres formes de vie, tout semblait entrer en résonance. Depuis qu'il avait été forcé d'accueillir cet hôte incongru et indésirable au sein de son sang, de son corps et de sa tête, tout semblait prétexte à libérer la rage qui bouillonnait en lui. Cette colère qui se glissait et s'immisçait sous sa peau au moindre moment de déconcentration, à la moindre faille dans sa morale, à la moindre incartade à ses principes. Son éducation était certainement l'une des barrières les plus solides de sa psyché : celle que ses parents, aimants et respectueux, lui avaient inculquée au travers de longues années. Pourtant, même cette protection psychologique semblait bien ridicule face aux déluges les plus torrentiels de la haine viscérale qui logeait dans ses os et ses neurones.

Sans relever le regard, toujours prostré dans ce mutisme morbide, il palpa d'une main affaiblie par son chagrin le mur qui se tenait à sa droite. Il laissa son épiderme courir de manière incertaine sur les irrégularités dans la paroi. Du gré taillé grossièrement. Le bâtiment devait sans doute remonter à un bail : il lui semblait avoir observé des constructions au design bien plus moderne et aux matériaux plus actuels en arrivant dans ce patelin. Oui... se concentrer sur autre chose l'aidait parfois à reprendre un peu de consistance, à s'affirmer à nouveau. Le fait de se remémorer ses capacités d'analyse et de réflexion était salvateur : c'était ce qui se séparait de l'animal rongeant son frein au sein de ses organes. Cette humanité encore faiblarde et stupéfaite d'avoir été prise d'assaut aussi inlassablement et violemment, mais qui le dissociait toujours de la créature monstrueuse qu'il pouvait devenir sous l'effet de la rage. Lentement, il déplia son deuxième bras, puis entreprit de se relever, laissant son simple pantalon tâché de quelques gouttes d'eau hasardeuses décrire un mouvement paresseux en suivant les courbes de ses muscles. Habillé de ce seul bas, blafard, silencieux et peu avenant, le noiraud se présentait sous un visage fort inquiétant... dieu seul sait comment auraient pu réagir ses proches en le voyant dans cet état. Il déambula jusqu'au miroir à nouveau, s'y plantant comme un automate attendant un signe.

Finalement, il porta sa main droite sur les bandages recouvrant la partie correspondante de son visage. Ceux qui sous tendaient à une quelconque séquelle de son œil droit, possiblement endommagé lors de son combat contre son ancien capitaine, alors même qu'il ravageait tout dans ses accès de rage. Il soupira avant d'agripper une parcelle de tissu de son index et de son pouce. Il prit son souffle, se figea un instant. Une lueur inquiète dansait dans son iris gauche, un éclat d'appréhension qui s'était depuis longtemps changé en certitude. Puis, finalement, il tira. La bande glissa sur sa peau, autour de sa tête, se défit lentement alors qu'il la désolidarisait de son visage. Dans un petit bruit de tissu froissé, l'intégralité de l'écharpe rugueuse se sépara de sa chevelure d'ébène avant de venir racler le sol humide. Une mèche rebelle vint cacher de façon temporaire ce qui se cachait sous ce masque de lin usé. Un souffle profond, un déglutis, puis l'expression faciale du forban se figea dans une sorte de rictus de volonté passablement vacillant. Il devait affronter sa propre réalité... il devait surmonter ses peurs.

Il passa doucement le plat de sa main sous la masse chevelue qui cachait la partie supérieure droite de son faciès. Son nez se retroussa, sa pogne droit accentua sa prise sur le rebord en céramique sale de l'ensemble sanitaire. Puis, finalement, il souleva la crinière qui s'était installée là dans le but de se confronter à la triste vérité.

ⒸHeziel Coffe


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Dim 1 Avr - 1:20





Pourquoi ?


Le temps d'un souffle, qui s'étira sur des générations entières. Le silence absolu et inégalé d'un corps contraint à l'immobilité par la simple vision sordide de ce qu'il était devenu. Les jointures d'une main, blanchissantes, rendues visibles par la pression exacerbée exercée par les doigts avides d'une prise tangible. Contre le carrelage tâché et relativement sale, la seule barrière physique et visuelle lui permettant d'épargner au monde cette trace de sa contamination venait de s'écraser comme du coton. Il était désormais totalement obnubilé par ce qu'il voyait qu'aucun mouvement ne trahissait plus son désarroi. Il contempla la surface lisse et embuée du miroir pendant un long moment, sans frémir un seul instant. Finalement, ses muscles se mirent en action lorsque sa main réceptionna l'ordre de passer calmement sur le verre humide. Ses doigts inertes tracèrent mollement plusieurs lignes dans la buée accumulée alors qu'il laissait descendre son poignet sans un bruit, incrédule face à la vision qui s'offrait à lui. Comment avait-il pu en arriver là ? Il l'ignorait. C'était encore pire que la dernière fois... encore pire qu'après son dernier réveil. Comme si le temps qui passait lui infligeait un courroux supplémentaire. Comme si les minutes s'écoulant enracinaient le mal plus profondément dans son être.

L'image renvoyée n'était en aucun cas rassurante. Sous les cernes marqués qui commençaient à creuser ses traits depuis que le sommeil refusait de s'offrir à lui, tel une amante capricieuse titillant ses sens sans jamais lui donner pleine et entière satisfaction, des tracés luminescents saillaient sous sa peau blanchâtre. Des veinules qui semblaient animés par un fluide vivant de son propre fait, pulsant au travers du corps du pirate qui restait pantois devant ce spectacle. Autour de son œil droit, qu'il prenait le soin de cacher depuis qu'il avait remarqué son hétérochromie, Heziel apercevait une foultitude de ces petites stries sous-jacentes qui prenaient littéralement vie sous sa peau dans un phénomène aussi imprévisible qu'incompréhensible. Ses paupières s'écartèrent, son air s'aggrava, son regard sembla s'élargir et s'arrondir. Il ne comprenait pas ce qui se produisait en lui... il ne comprenait pas ce que tout cela voulait dire. Était-ce un signe avant-coureur ? Une mise en garde ? Il était persuadé que tout ceci était lié à la chose qui vivait désormais en son sein. Qu'elle lui faisait parvenir un message. Tu seras bientôt à moi, disait-elle peut-être... à moins qu'il ne fût celui en train d'abandonner, de céder aux avances ignobles de cet être de chaos et de massacre. En tout cas, quelle aurait pu être l'origine de ce phénomène si ce n'était l'existence de cet alter ego sans répit ?

Il ne pouvait pas accepter cette vision. C'était pour cela qu'il la cachait, malgré sa bravoure habituelle qui n'était clairement plus au beau fixe. Il la cachait de son entourage, des gens qui le croisaient dans la rue, des inconnus... des ennemis. Il obstruait cette vue peu engageante pour lui-même, craignant que cela ne lui rappelle outre mesure sa nouvelle condition, cette semi-vie teintée de colère qu'il devait gérer en continu comme le flux sauvage et sous pression d'un système à vapeur en train de dérailler. Il ne voulait pas attirer l'attention sur cet élément physique anormal qu'il considérait pour sa part comme le signe même de son échec, de son exil : ce souvenir de Klaus Clamely, qu'il avait tué sous la forme du Juggernaut, sans même pouvoir trouver un moyen de se soigner... ou à défaut, avoir eu l'occasion d'apprécier sa vengeance pleinement. S'il était bien un homme que le forban n'aurait pas hésité à tuer, c'était bien celui-là : pas après ce qu'il lui avait fait subir. Pourtant, ce simple geste lui avait également été refusé... il devait désormais vivre en sachant que la seule personne capable de réellement comprendre son mal, car en étant l'origine, n'était plus de ce monde. Il l'en avait extraite à coups de poing furieux... sans possibilité de revenir un jour en arrière.

Il s'était condamné lui-même. Cette partie de son visage était un rappel indéniable qui ne cessait de le tourmenter dès lors qu'il s'y confrontait. Pourtant, pour une raison inconnue, il ne se trouvait pas capable de s'en détourner de façon prolongée. Comme un blessé voulant vérifier l'état d'une plaie risquant l'infection, il continuait inlassablement d'y revenir, périodiquement... sans pour autant obtenir de bonne nouvelle. L'état de ce stigmate ne faisait qu'empirer, purement et simplement. Les jours passant exacerbaient les couleurs verdâtres qui dansaient sous son épiderme, comme des lueurs démoniaques ricanant sous la surface, attendant leur heure avec impatience et mesquinerie.

- Ce n'est pas... moi, tenta-t-il de se convaincre.

Il ne pouvait pas être le même individu que ce qui semblait prêt à bondir à la gorge de toute forme de vie, au fond de ses tripes. Lui et cette chose ne pouvaient décemment pas faire partie du même tout. Impensable... inconcevable. Il était hors de question qu'il puisse se convaincre d'une telle chose. Il le savait, cela signerait la fin de ce qu'il avait toujours été... cela annoncerait la mort d'un futur qu'il tentait encore de chérir.

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Mar 3 Avr - 10:54




Pourquoi ?


Pourtant, la sensation impétueuse de glisser un peu plus dans le néant à chaque instant ne cessait de le tourmenter. Heziel était fatigué. Pourtant, cela ne faisait que quelques temps qu'il avait commencé son périple en solitaire, son voyage en quête de réponses et de raison... mais jamais de sa vie ses forces n'avaient été aussi faibles, sa volonté vacillant comme la lueur timide d'une bougie en plein vent d'hiver. Il perdait du terrain... ou peut-être en abandonnait-il ? Après tout, céder lui procurait un bien fou. Il se souvint de l'extase malsaine qu'il avait pu ressentir en affrontant Belton sans se soucier de la force de ses coups, sans penser à se restreindre, sans imaginer les conséquences. Ce vent morbide d'une satisfaction tout aussi mauvaise qui était venu l'envelopper et le bercer alors qu'il s'apprêtait à régler son compte à Arnold Saylong, ses poings s'abattant sur son visage tuméfié avec violence et mépris mêlés, dans le simple but de finir par lui ôter la vie. La difficulté avec laquelle il s'était résolu, comme un homme sortant d'un mauvais rêve, à ne pas toucher un seul cheveu de la jeune Destiny Sutcliffe... oui. Dire qu'il n'avait en aucun cas apprécié ces moments aurait été mentir. Mais comme un homme ivre cédant à la désinhibition, il ignorait encore si ces dérapages étaient le signe de choses profondément enfouies en lui... ou s'ils ne représentaient qu'un amoncellement d'erreurs de parcours et de comportements erratiques.

Il doutait, cependant. Un doute qui s'insinuait dans ses veines comme du poison et engourdissait toute notion de jugement, de temps à autres. Après tout, la nature même de son existence se révélait hors de tous les standards... Klaus Clamely l'avait lui-même souligné : il n'était qu'un cobaye dans ses plans. Un cobaye prometteur, certes : mais un test malgré tout. Un test qui avait coûté la vie à celui qui le réalisait... un échantillon perdu dans la nature, destiné à ne jamais connaître la totale vérité de ce qu'il était destiné à devenir.

Pourquoi ?

Pourquoi lui et pas un autre ?

Il avait toujours tout fait pour le bien des autres... toujours sans penser à lui-même, sans penser aux retombées de ses actes sur sa propre personne, sans se mettre en avant. Naïvement, bénignement, il s'était toujours placé comme un support et un soutien. Il avait fait preuve d'abnégation, de courage, d'honnêteté et d'humilité, encaissant plus qu'il ne recevait sans pour autant broncher. Il avait appris à mettre les jérémiades et les pleurnichements de côté pour voir plus loin que la douleur et les sacrifices. Il avait vécu au travers de ce qu'il pouvait procurer aux autres, sans se dire un seul instant qu'un jour, il aurait lui-même besoin qu'on se tourne en sa direction pour lui apporter de l'aide ou du réconfort.

Le moment était venu et le constat glaçant de sa solitude laissait un goût amer dans sa bouche. Les Dokugan ? Non... comment auraient-ils pu l'aider ? Kain avait à peine réussi à vaincre un Juggernaut qui sortait tout droit de la table d'opération, encore bourré d'anesthésiants et de produits destinés à réduire sa dangerosité. Les autres ne seraient tout simplement pas parvenus à lui tenir tête. Un massacre unilatéral... c'était tout ce que Heziel pouvait actuellement offrir à ses anciens camarades et il était hors de question de mettre cela en application. Le même constat s'appliquait à sa famille, qu'il chérissait plus que tout au monde. La Marine ? Il était recherché pour ce qu'il avait fait... et à dire vrai, il ne doutait pas un seul instant que ce qu'il avait dans les veines n'y resterait pas longtemps s'il était appréhendé : la section scientifique du Gouvernement Mondial était fort certainement friande de bizarreries en son genre. Il préférait clairement éviter que la bête enterrée en lui ne fut utilisée d'une quelconque façon par les représentants du Gouvernement Mondial. C'était la porte ouverte à de nouvelles avancées militaires... bien meilleures que celle d'un docteur esseulé, aussi talentueux fût-il.

Nakata ? Non. Aux dernières nouvelles, il passait dans le nouveau monde et avait déjà les mains pleines avec les Décima, la Marine et ses futurs adversaires forbans. Il était peu probable que le Phoenix fut en mesure de l'aider, bien qu'il fût indéniablement l'une des rares personnes que le Coffe ne craignait pas de confronter au Juggernaut. Son équipage allié, c'était autre chose... du reste, le constat était identique du côté de la Révolution : Erwin n'aurait certainement pas pu lui apporter de soutien tangible. En réalité, il se retrouvait à nouveau seul car le monde tournait tout simplement sans lui. Les conflits éclataient, les alliances se brisaient, les inimitiés se changeaient en accords qui brûlaient dans les feux de combats incessants. Lui, au milieu de tout ça ? Il se retrouvait à combattre quelque chose qu'il ne pouvait même pas voir ou percuter. Parler de malchance aurait été un réel euphémisme.

Malchanceux et seul.

Laissé à l'abandon.

Un rictus mauvais se dessina sur son visage tandis qu'il fixait cette représentation macabre de lui-même en train de le toiser dans le miroir. Pourquoi les choses devaient-elles se dérouler ainsi ? Des dizaines de dizaines de centaines d'ordures parcouraient le globe sans que rien ne les inquiète... dans tous ces gens, les tissus de la destiné n'avaient pas su trouver d'hôte pour ce mal terrifiant qui le rongeait ? Avait-il fallu qu'il fut le réceptacle d'une telle horreur ? Les dieux, s'ils existaient, avaient un humour cruel et distordu. Cette grande farce dont il semblait être l'attraction principale, il ne pouvait pas la supporter. La colère monta en lui alors que son alter ego saisissait cette occasion pour s'exprimer, s'infiltrant dans la brèche comme l'eau au travers d'un vieux toit. Le cœur du Coffe accéléra alors qu'il respirait de plus en plus lourdement. Non ! Il ne serait pas la victime de cette histoire. La solitude était l'enseigne à laquelle il se retrouvait logé ? La honte était la seule chose à laquelle il pouvait se destiner ? Il le refusait ! Si l'univers se liguait contre lui, alors il combattrait... il combattrait comme il l'avait toujours fait. Il trouverait un remède, une médecine, un traitement. Quelque chose. Son cœur s'emballa, son souffle se fit court. La frustration monta d'un cran. Que ce fut scientifique ou mystique, il éradiquerait cette saloperie. Il la réduirait en miettes !

Un fracas explosa dans la pièce.

Interdit, il fixa le reflet brisé... ainsi que son poing qui y était enfoncé, dont de minces filets carmins s'échappaient désormais. Encore engourdi par la rage, il ne sentait même plus la douleur. Il resta fixé dans cette position, bras tendu vers l'avant, son autre main en train de broyer le rebord du lavabo... avant de finalement retirer sa main égratignée des éclats éparpillés de verre.

Un ronronnement de satisfaction guttural s'éleva au fond de sa psyché. Il plissa les yeux.

Il devait reprendre la route...

ⒸHeziel Coffe



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"Are you a man... or a monster ?"

Heziel Coffe
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