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Kari Crown
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Only Two Women
Le Nord  C'est BienOnly Two Women - Acte I
Don’t Bother None - The Seatbelts

Deux yeux jaunes fixaient un regard vairon. La tête dépassant à peine du sac à dos dans lequel il se trouvait, le chaton que l’on avait gracieusement confié à la chasseuse de primes ne cessait de la regarder. Et l’humaine en retour, faisait de même, offrant ainsi un beau duel silencieux.
Cet étrange duo était arrivé le matin même aux abords du Royaume de Luvneel, puis avait été forcé de débarquer, le navire marchand les transportant restant à quai un petit moment.

Le climat froid du Nord, Kari le connaissait depuis sa plus tendre enfance et il fallait bien avouer que… elle préférait le froid au climat nettement plus chaud, voire tropical des îles de South Blue. Lasse d’avoir les deux orbes dorés dans son champ de vision, elle finit par détourner le regard pour examiner la pièce dans laquelle elle se trouvait. C’était la salle maîtresse d’un petit bar de la capitale déjà bien rempli pour l’heure. Tous les habitués s’étaient assis à leur place, le barman leur apportant la même consommation que d’habitude. Un brouhaha ambiant emplissait l’air légèrement chaud mais ne réussissait pas à couvrir les sons des instruments et de la voix de la chanteuse du groupe qui se produisait dans le coin à l’opposé de la jeune femme. De temps à autre, un éclat de rire perçait, on entendait un raclement de chaise, deux verres qui s’entrechoquaient. On voyait des cartes à jouer glisser sur les tables en bois, l’argent passer de main en main pour faire monter la mise, les liquides ambrés contenus dans les verres dans lesquels flottaient des glaçons malgré le temps hivernal régnant au dehors.
C’était une ambiance tranquille et fort plaisante, pour une fois.
- Je vous sers ?
La chasseuse releva la tête vers l’homme qui s’était approché d’elle. Trop absorbée dans sa contemplation, elle ne l’avait même pas vu arriver. Détournant légèrement le regard pour continuer son inspection, ses yeux s’attardèrent sur les bouteilles trônant derrière le comptoir du barman. Non, elle n’allait quand même pas payer une fortune qu’elle n’avait pas pour s’offrir un verre.
- De l’eau. Ça me suffira amplement.

Une carafe pleine ainsi qu’un verre lui furent amenés. La fille aux yeux vairons paya son dû, pour le moins exorbitant au vu de la commande. Pourtant, la demoiselle ne broncha pas. Sa vie itinérante lui avait appris que rien n’était trop cher. Au contraire, il fallait plutôt qu’elle se réjouisse quand elle réussissait à avoir quelque chose à bas prix.
Un solo d’harmonica plus tard, la carafe fut retrouvée vide. Dardant de nouveau un regard sur l’animal qu’hébergeait gracieusement son sac à dos, la brune émit un long soupir. Pourquoi devait-elle se trimbaler une bestiole pareille ? S’en occuper et le nourrir allait lui coûter une véritable fortune. Remarque, elle pouvait toujours essayer de s’en débarrasser en le laissant dans un coin de la ville.
Un miaulement répondit à ses pensées et la tête recouverte de fourrure noire se pencha légèrement sur le côté. Voilà qu’il essayait de l’amadouer avec des singeries mignonnes de chaton mignon. Soufflant, la jeune femme le prit par la peau du cou avant de le porter à bout de bras devant elle.
- Vraiment, tu me sers à rien toi !
Leurs regards ne cessant de se fixer, la boule de poils remua sa queue. Cherchait-il à… ce chat était-il assez intelligent pour comprendre comment adoucir des humains ? Un nouveau miaulement intervint. Kari secoua la tête. Comment pouvait-elle avoir de telles pensées ? C’était un chat, pas… c’était un chat, point.
- Si je dois te garder, même cinq minutes, autant te donner un nom.
La chanson qui se jouait au même moment pris fin et une autre prit la suite.
- Tiens, j’ai trouvé. Folk Blues. Ce sera ton nom à partir de maintenant.
De nouveau, un cri animal lui répondit. A croire que ce chaton ne savait faire que miauler. Avec un soupir, la chasseuse le reposa dans son sac, lui laissant toutefois la tête en dehors. Avec un raclement de chaise, elle se leva, rajusta son manteau, prit son sac à dos à l’épaule, son petit compagnon poilu à l’intérieur et prit la direction de la sortie du bar.

Rester trop longtemps à l’intérieur du bâtiment lui rappela à quel point il faisait froid dehors. Lorsqu’elle ouvrit la porte, elle fut accueillie par les températures fraîches. Très fraîches même, avec un vent mordant capable de vous geler même avec des vêtements chauds. Pestant contre ce temps, la chasseuse de primes se mit à parcourir la rue. Oui, Kari Crown était de mauvaise humeur aujourd’hui, seulement il n’y avait aucune explication à cela. Ou si. Peut-être ce chaton qu’on lui avait refourgué sans son accord, tout ça parce qu’elle avait aidé quelques personnes. Non mais vraiment... quel cadeau !
Marchant d’un pas décidé mais sans aucune idée d’où aller, Kari suivait le flux de passants. Il y avait quand même pas mal de monde dans la rue et cela mettait un peu d’animation. Evitant habilement un vendeur de souvenirs, la fille aux yeux vairons sentait l’ennui pointer le bout de son nez. Elle n’avait pas vraiment envie de commencer une chasse à l’homme maintenant et aspirait plutôt à prendre quelques jours de repos, qu’ils soient mérités ou pas. On avait beau dire, la vie de chasseur de primes parfois, cela avait quelque chose de… fatiguant. Mais de là à n’avoir rien à faire, c’était une autre paire de manches.

Elle soupira. Il fallait qu’elle se trouve une occupation.

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Dim 24 Jan - 15:51
Only Two Women
Les Chiens ne Font
Pas des Chats
Only Two Women - Acte II
Cat Blues – Cowboy Bebop OST

Ses pas la menèrent à une place, très animée et bordée de commerces en tout genre. Et juste en face il y avait… un échafaud. Un instant, la chasseuse resta dubitative. Elle venait d’arriver sur la place du Menteur, sans aucun doute.

Montblanc Norland. Le Roi des menteurs. Appelé de la sorte parce que… il avait conduit une expédition sur Grandline pour laquelle il devait ramener de l’or provenant d’une certaine île nommée Jaya. Au final, il revint sans aucun gramme de métal précieux. Condamné à la mort, son exécution restait célèbre et était encore racontée aux plus jeunes générations de North Blue. Cela faisait en quelque sorte partie du patrimoine de la région, même si la chasseuse n’avait jamais compris pourquoi la mort de cet homme restait ainsi gravée dans l’Histoire. Ça remontait quand même à 400 ans. D’accord, on avait exécuté un soi-disant menteur sur la place publique. C’était un beau message de prévention envers les gamins. C’est bien connu : mentir, ce n’est pas bien.
La fille aux yeux vairons secoua la tête. C’était bien pour ça que tout le monde mentait. Ce n’était pas bien mais tout le monde le faisait. Aucune moralité donc. Kari laissa un doux soupir sortir de sa bouche. Elle avait à peu près réussi à échapper à cette histoire que l’on racontait aux enfants quand ils étaient petits. En même temps, ce n’était pas Aldero Crown qui allait lui conter quelque chose juste avant qu’elle ne dorme. Non vraiment, ce n’était pas le genre de cet homme.

Secouant la tête, la jeune femme jeta un coup d’œil circulaire. Il n’y avait rien d’intéressant ici. Posant une main sur son front et fermant les yeux, elle se mit à réfléchir. Où pouvait-elle bien aller pour s’occuper un peu ?
- Miaou.
Un éclat de surprise put se voir dans le regard de la fille aux yeux vairons avant que celle-ci ne dépose son sac à dos à ses pieds et ne toise l’animal à la fourrure noire qui s’y trouvait.
- Encore toi.
Elle l’avait presque oublié tant il était resté silencieux et calme durant sa petite promenade. Franchement, qu’est-ce que ce bébé chat allait lui apporter ? Rien. Rien du tout. Elle ferait mieux de le laisser quelque part. Elle n’avait ni le temps, ni l’envie, ni l’argent de s’en occuper. L’animal lui miaula une nouvelle fois au nez pour lui signifier sa présence.
- T’inquiète pas, je ne t’ai pas oublié.
Avisant une rue sur le côté, la demoiselle reprit ses affaires, le chat y compris, et s’y dirigea.

Plus étroite que celle qu’elle avait dû emprunter pour venir, l’allée semblait étrangement calme. Trop calme même, mais la chasseuse ne s’en formalisa pas. Continuant sa route, plongée dans ses pensées, elle ne vit même pas le petit être qui passa près d’elle, faisant virevolter les pans d’un kimono aux tons rosés.
En revanche, elle ne put pas louper cet homme qui se tenait au milieu du passage et qui venait de croiser les bras, interdisant le passage avec son corps. La fille aux yeux vairons haussa un sourcil. Elle n’était vraiment pas d’humeur.
- Si c’est pour vendre l’un de vos…
- Je ne comptais rien te vendre, ma jolie.

La dénomination la fit tiquer. Kari Crown n’aimait pas le genre de type qui appelait les inconnues de la sorte. Visiblement, le barreur de chemin en était un.
- Dans ce cas, si vous pouviez vous écartez, que je puisse passer.
Faisant mine d’avancer, la jeune femme eut tôt fait de s’arrêter. Son interlocuteur n’avait pas bougé d’un centimètre. Soufflant, elle croisa à son tour les bras et lui lança un regard noir.
- Allons bon, pourquoi tant de simagrées ?
L’autre se contenta d’étirer ses lèvres en un fin sourire et la demoiselle en profita pour l’étudier un peu plus. Des cheveux bruns très courts, à la limite du crâne rasé, deux yeux à la pupille dorée, qui n’étaient pas sans rappeler ceux du chaton qui logeait dans le sac à dos, un costume marron, porté en complément d’une chemise blanche et d’une cravate noire, cet homme possédait un certain charisme, il fallait bien l’avouer.  
- Tu me plais bien, toi.
Il décroisa les bras pour passer une main sur son menton, suivant du bout des doigts le contour assez anguleux de sa mâchoire.
- Que dirais-tu de venir passer un moment en ma compagnie ?
La chasseuse de primes en avala presque sa salive de travers. Il ne manquait pas de culot, celui-là. Un nouveau miaulement surgit, rendant presque la situation comique. Presque, oui, car elle ne l’était pas du tout.
- Non merci.
La brune faisait déjà demi-tour. Elle n’obtiendrait rien de lui tant qu’elle n’aurait pas accepté, elle le savait. Et elle n’accepterait jamais. Après quelques pas, une poigne ferme lui attrapa soudainement le bras.
- Pas si vite. Il ne faut pas être aussi pressée, voyons.
La demoiselle stoppa sa marche et se retourna vers lui.
- Qu’est-ce que vous me voulez ? J’ai dit non, point.
De son bras libre, elle passa la main sous son manteau et agrippa le manche de l’un de ses couteaux. Il n’allait pas tarder à se rendre compte à qui il avait affaire.

Son geste n’échappa pas à l’inconnu, qui lui fit la remarque :
- Oh… en voilà des façons. Ça mérite une petite correction ça.
Il leva son poing, comme pour la frapper, puis se figea à mi-chemin.
- J’ai une bien meilleure idée, finalement. Un combat dans les règles, cela te tente ? le vainqueur aura ce qu’il veut. Pour ma part, si je gagne tu seras mon trophée. Alors, qu’en dis-tu ?
Un silence succéda à ses brèves paroles. Un homme inconnu lui proposait un combat « dans les règles », tout ça pour avoir une chance de la « gagner » en récompense. Un petit rire sec sortit de la gorge de la fille aux yeux vairons. Si jamais elle perdait, sa liberté et sa vie seraient foutues. Mais la perspective de se défouler un peu était assez alléchante. Après quelques instants, la chasseuse rendit son verdict.
- Marché conclu. Si je gagne, je veux de l’argent. Et bien sûr, que personne n’entrave à mon séjour sur cette île.
Le regard de son curieux interlocuteur s’illumina tandis qu’il desserrait enfin sa prise sur le bras de la jeune femme.
- Parfait ! Le temps de préparer ça et de rameuter quelques spectateurs… Rendez-vous dans une heure !
- Mais… où ?
- Oh, on t’indiquera l’endroit, ne t’en fais pas. Demande juste aux bonnes personnes.

Dubitative, elle le vit pivoter sur ses talons. La voilà engagée dans un truc qui la dépassait. Enfin, même s’il venait à gagner, elle n’allait quand même pas le suivre docilement. Kari Crown n’appartenait à personne, et elle était bien placer pour le savoir.
- Hé ! Attendez ! Donnez-moi au moins votre nom !
- Ah suis-je bête !

Il se frappa le front avec sa main avant de se tourner vers elle et d’effectuer une petite courbette.
- Je me nomme Corleone Denaro. Mafieux pour vous servir, ma jolie tigresse. Et puis-je savoir à qui ai-je l’honneur ?


Corleone Denaro

La brune le fixa quelques secondes avant de répondre. Bah, cela ne servait à rien de garder ça secret.
- Kari Crown, chasseuse de primes prête à vous mettre une raclée.

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Fan Club & Fight ClubOnly Two Women - Acte III
The Egg And You – Cowboy Bebop OST

Mettre en jeu sa propre personne comme récompense d’un combat, cela avait des risques. Mais visiblement, cela n’effrayait pas la fille aux yeux vairons. Au contraire, il y avait ce petit air de défi, ce souffle d’adrénaline et de danger et c’était ce qui lui manquait en ce moment.  
Laissant son regard dériver sur Corleone qui partait dans la direction opposée, elle réfléchissait. Il semblait sûr de lui et faisait assez confiance à Kari pour savoir qu’elle tiendrait parole. Ce qu’elle ferait en allant faire ce combat, bien sûr. En revanche, lui laisser la victoire, hors de question.
La chasseuse de primes passa un doigt sur la cicatrice qu’elle avait sur le nez, vestige d’un lointain souvenir qui en rappelait d’autres, nettement plus récents. Elle avait donc une heure pour trouver ce fameux lieu de rendez-vous, que personne ne lui avait indiqué. Soit. Retournant sur ses pas, elle s’arrêta lorsqu’elle fut de nouveau sur la place. Ce fut seulement à ce moment-là qu’une petite voix toussota derrière elle. La jeune femme tourna la tête, intriguée, mais ne vit personne. Un nouveau toussotement s’en suivit. Lentement, le regard se baissa pour se poser presque au ras du sol. La surprise teinta le regard vairon. Qu’était-ce cette créature ?

Une femme. Jeune. Et minuscule. A vue de nez, aussi grande qu’une main. Des cheveux couleur lavande, des yeux de la même teinte, un kimono court rose richement décoré, retenu par un morceau de tissu noir et or noué autour de la taille. Ses mains tenaient fermement une aiguille en acier, du même genre que celles utilisées pour la couture. Qui était-elle ? Et surtout, que voulait-elle à Kari ?
Comme si elle avait lu dans ses pensées, le petit brin de femme engagea la conversation.
- Je m’appelle Hinami. J’aimerais que tu deviennes mon mentor.

Hinami
Un silence gênant s’installa. Plusieurs interrogations accaparaient le cerveau de la brune. Pourquoi ? Comment ? Que… qu’est-ce qu’elle avait fait pour se retrouver avec cette attention portée sur elle ?
- J’ai suivi votre discussion. Entre ce Corleone et toi. Tu vas vraiment aller te battre ? Tu n’as pas peur ?
Un sourire accueillit ces paroles. Craindre un type comme lui ? Et puis quoi encore ?  
- Je compte bien aller me battre, en effet. Simple question, pourquoi veux-tu que… je devienne ton mentor ?
Contre tout attente, la petite femme aux cheveux violets grimpa sur une caisse avant de sauter sur un bord de fenêtre, se mettant ainsi un peu plus à la hauteur de l’humaine. Mine de rien, elle était agile la petite.
- Parce que je veux devenir une femme forte ! Et que tu me sembles une femme courageuse et certainement bien plus forte et aguerrie au combat que la moyenne. Je me trompe ?
- Non, en effet. Je suis une chasseuse de primes, je traque des gens pour toucher la récompense de leur capture. Hinami, c’est ça ? Je ne prends pas de disciple. Maintenant tu m’excuseras mais j’ai un rendez-vous.

L’expression du visage de la plus petite se mua en une tristesse infinie. Ce refus ferme, elle ne s’y était pas attendue. Et pourquoi refusait-elle un élève, d’abord ? Trop tard. La femme courageuse partait déjà.
- Hé ! Mais attends ! Laisse-moi venir avec toi !
Avec un  soupir agacé, Kari Crown se retourna vers la jeune femme haute comme trois pommes. Et encore, trois pommes empilées étaient plus hautes qu’elle.
- Et pour quelles raisons devrais-je te laisser me suivre ?
- Parce que…
- C’est bien ce que je pensais. Bon, j’ai un dragon qui attend sa raclée.  
- C’est vrai ? Tu chasses les dragons ?

La brune se passa une main sur le visage. Alors là. Plus crédule tu meurs. La chasseuse ferma les yeux. Aujourd’hui, tout allait de travers. Il ne manquait plus que ce chat recommence à…
- Miaou.
Et voilà.
- Oh ! Tu as un chat dans ton sac ! Il est mignon ! Comment s’appelle-t-il ?
Cette fois, elle ne prit même pas le temps de répondre. Une vraie perte de temps. S’éloignant, elle réfléchissait au moyen de se rendre à son combat contre Denaro. Si l’on en croyait le mafieux, il suffisait de demander aux « bonnes personnes ». Bonnes pour lui. Donc des individus dans son genre.

Examinant du coin de l’œil la place sur laquelle elle était revenue, la fille aux yeux vairons soupira de nouveau. Ce n’était certainement pas ici qu’elle allait trouver ce qu’elle cherchait. Avisant une nouvelle rue inconnue, elle s’y engagea. Et puis si elle ne trouvait pas le lieu de rendez-vous, tant pis. Ce ne serait pas sa faute, puisqu’on n’avait pas voulu lui dire où aller. Bien. Maintenant elle allait devoir observer ce qui l’entourait pour trouver la personne adéquate qui pourrait lui indiquer son chemin. On ne lui laissa même pas cette peine puisqu’un individu l’interpella à un croisement.
- Vous, la fille aux yeux vairons ! J’ai une connaissance qui vous attend. Suivez-moi.
Un discret sourire s’afficha sur le visage de la dénommée « fille aux yeux vairons ». Corleone Denaro ne traînait pas. Elle acquiesça sans surprise avant de se mettre à suivre cet homme. Toute cette histoire allait lui permettre de se défouler un peu, chose qu’elle n’était pas amenée à faire si souvent, en fin de compte.

Une voix non méconnue se fit bientôt entendre à leurs oreilles.
- Attendez-moi ! Je veux venir voir !
Hinami. Décidément, elle tenait vraiment à accompagner la brune. Courant pour les rattraper, elle serrait fort son arme contre elle. Dommage, l’homme accompagnant ces deux demoiselles n’était pas très bavard. Sinon, cela aurait permis à Kari de ne pas entendre que la voix aigüe de sa camarade féminine tout le long du trajet.

Ils finirent par arriver devant une bâtisse dans un quartier silencieux et noirci par la crasse. Sur la devanture, seule l’inscription « Heaven’s Door » portée par un néon bleu permettait de savoir qu’il y avait potentiellement quelque chose à l’intérieur. Le reste de la rue semblait… fantomatique. Ou abandonné. Le guide leur fit signe d’entrer.
Leur balade ne s’arrêta pas pour autant. L’homme leur fit traverser la salle d’un bar ainsi qu’un couloir étroit et sombre. Ils durent passer par une cour intérieure avant enfin d’arriver devant une entrée au-dessus de laquelle un écriteau portait le titre « Fight Club ». Un endroit secret, vraiment caché à la vue des ignorants. Apparemment, le seul accès était celui qu’ils avaient emprunté. Le trio fit une courte pause devant la porte, pendant laquelle le guide s’excusa avant de disparaître. Les deux femmes se retrouvèrent ainsi seules. Bizarrement, Hinami s’était tue. Enfin un peu de silence. Toutes deux s’interrogèrent silencieusement du regard puis la chasseuse de primes décida de pousser le battant qui lui faisait face.

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Dim 24 Jan - 16:31
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Se Battre sansPrétentionsOnly Two Women - Acte IV
Live In Baghdad – Cowboy Bebop OST

L’odeur du tabac leur agressa les narines de plein fouet. Cette senteur que la brune connaissait si bien. Secouant la tête comme si cela allait chasser cet effluve de cigarette, elle avança, Hinami sur ses talons. Cette dernière, de par sa taille passait inaperçue et faillit même se faire écraser.

Il y avait du monde. Beaucoup même, en majorité des hommes à l’aspect peu recommandable. La dégaine type du mafieux, des cicatrices et des tatouages disséminés ça-et-là, la clope au bec ou la variante avec le cigare. Tous se retournèrent vers les nouvelles venues. Ou plutôt la nouvelle venue, vu que la plus petite était… vraiment petite et quasi invisible, se tenant derrière le pied gauche de la fille aux yeux vairons.
Une musique tapageuse hurlait en fond sonore, comme si le chanteur et les instruments essayaient de surpasser le volume des cris lancés de temps à autre dans la foule. Des bras se tendaient en l’air par moment, la main fermée sur une poignée de billets. Soudainement, la brune réalisa dans quelle galère elle s’était embarquée. Ce duel, c’était bien plus qu’un simple combat où elle-même misait sa liberté. L’argent passant de main en main, l’atmosphère qui se dégageait du lieu et la localisation de la pièce faisaient penser à quelque chose de vraiment illégal. Se pinçant l’arête du nez, la jeune femme ne put s’empêcher de lâcher un petit rire. La voilà qui allait se battre contre un mafieux dans un combat clandestin !
Elle n’eut pas le temps de pousser plus loin ses réflexions. Un passage lui fut créé, menant tout droit à l’espace de combat. Deux hommes venaient de finir de s’affronter, le premier gisait à terre, le nez et les lèvres en sang. Deux de ses camarades vinrent le récupérer et le faire sortir de la pièce. Ils passèrent juste à côté de la demoiselle, qui ne put que constater l’ampleur des dégâts subis. Ce n’était vraiment pas de la plaisanterie, ce petit jeu.

Elle arriva enfin à l’espace dégagé, en forme de cercle, qui servait d’aire de combat. Corleone Denaro était déjà présent, un léger sourire suspendu à ses lèvres.
- C’est à notre tour je crois. Je vais cependant rappeler les règles à tous.
Il commença alors un monologue, sûrement appris par cœur :
- La première règle du Fight Club est : il est interdit de parler du Fight Club. La seconde règle du Fight Club est : il est interdit de parler du Fight Club.
La chasseuse le toisa un instant. Il venait de répéter la même chose, là. Mais cela expliquait aussi pourquoi il avait été incapable de lui donner un lieu de rendez-vous.
- Troisième règle du Fight Club : quelqu’un crie stop, quelqu’un s’écroule ou n’en peut plus, le combat est terminé. Quatrième règle : seulement deux hommes par combat.
Hinami lança un petit cri offusqué depuis sa cachette.
- Deux adversaires, rectifia le mafieux. Deux adversaires par combat.
Reprenant son énumération, il continua avec la cinquième règle :
- Cinquième règle : un seul combat à la fois, messieurs… et mesdames, ajouta-t-il en jetant un coup d’œil à la petite compagne de sa future adversaire. Sixième règle : pas de chemises ni de chaussures.
La brune eut un bref haussement de sourcil. Pas de chemise ? Alors elle allait se retrouver en… Une idée lui vint, à son grand soulagement. Et en plus, ça lui donnerait un certain style.
- Septième règle : les combats continueront aussi longtemps que nécessaire. Et huitième et dernière règle : si c’est votre première soirée au Fight Club, vous devez vous battre !
Son regard doré coula sur la petite femme aux cheveux violets qui releva la tête, outrée par cette dernière règle. Puis il se tourna vers Kari, un fin sourire aux lèvres.
- Quand tu veux ma jolie.
La chasseuse de primes lui rendit son sourire, y intégrant une dose de provocation.
- 5000 sur la brunette !
- 8500 pour Denaro !

Les paris commençaient déjà. Avec un soupir, la femme aux yeux vairons se délesta de son sac à dos et de son manteau et les posa sur une caisse en bois à proximité. Fouillant dans ses affaires, écartant d’un coup de main le chaton qui tentait de sortir du sac, elle s’empara d’un rouleau de bandage, celui-là même dont elle se servait lorsqu’elle était blessée.
- Auriez-vous par hasard, un vestiaire ou un endroit plus tranquille, que je puisse respecter votre sixième règle dans l’art des choses ?
Avec un hochement de tête, il lui indiqua une direction, qu’elle eut tôt fait de prendre. Traversant la salle, elle ouvrit une porte menant sur un petit local. Là, elle enleva son haut et entreprit d’enrouler ce rouleau de bandage autour de sa poitrine mise à nue. Une fois qu’elle fut contente du résultat, ses seins légèrement compressés par la bande bien fixée pour ne pas qu’elle tombe en plein mouvement, elle reprit ses affaires et rejoint la zone de combat. Elle se déchaussa de ses bottes et les posa, comme les vêtements qu’elle tenait à la main, sur la caisse en bois. La chasseuse déposa aussi ses six couteaux et leurs fourreaux. Elle jeta un dernier coup d’œil à son nouvel animal domestique avant de chercher Hinami du regard et de la trouver juchée sur son manteau, l’encourageant de tout cœur.
Se retournant face à son adversaire, Kari fit craquer les jointures de ses doigts. Elle ferma ensuite ses poings et se positionna comme le lui avait appris son mentor, la jeune femme inspira profondément.
Entretemps, Corleone avait eu le temps d’enlever sa veste, sa chemise et sa cravate, dévoilant ainsi un torse musclé et un tatouage à l’emplacement du cœur qui disait « ce qui est à nous ».
- Je suis prête. Quand tu veux.
Son choix était de le laisser venir attaquer en premier. Ce qu’il fit en essayant un crochet du droit d’entrée de jeu. Le coup était bien trop lent et facilement évitable. La brune bloqua l’attaque avec son avant-bras avant de pivoter sur elle-même et de lui lancer un coup de coude en plein visage. Son adversaire recula, portant instinctivement ses mains là où elle l’avait frappé. Cela lui avait fait mal, visiblement, mais bon, c’était le but. Reprenant sa position de départ, la demoiselle attendit le nouvel assaut. Un enchaînement bras jambe fut lancé, et si le premier coup fut arrêté une nouvelle fois, le second la percuta au ventre. Sur le moment, cela lui coupa le souffle et dans un réflexe, elle se pencha vers l’avant. Et pourtant, son ennemi continua. Il tenait fermement à gagner, mais sans trop lui laisser de « graves » séquelles. Ça serait dommage de l’endommager alors qu’elle serait enfin à lui, comme leur petit engagement oral le précisait.
Profitant de sa position de faiblesse, le mafieux l’attrapa par une poignée de cheveux et la jeta au sol. Elle amortit sa chute de justesse avec ses mains, écarquillant les yeux sur la tache de sang séché se trouvant juste devant son nez. Son combat avait mal commencé. Et il semblerait qu’elle ait légèrement sous-estimé son adversaire.

Se relevant péniblement, la jeune combattante lui lança un regard farouche. Pourquoi lui avait-on toujours préconisé de réfléchir avant d’agir, hein ? Reprenant sa garde habituelle, elle exécuta les quelques pas qui lui permirent de se tenir suffisamment près de Corleone pour lui envoyer une nouvelle attaque au visage.
Les coups tombèrent, s’enchaînant dans un ballet sans nom au son de la musique balancée en fond. Un nez masculin se fit amoché, provoquant un discret saignement qui ne les arrêta pourtant pas.

Visiblement, aucun des deux n’allait en démordre.

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We are the warriors, who learned to love the pain
We come from different places but have the same name
'Cause we were born for this
We are the broken ones, who chose to spark a flame
Watch as our fire rages, our hearts are never tame


Il est temps d'accorder sa confiance aux autres.

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Kari Crown
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Kari Crown
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Dim 24 Jan - 16:43
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Le Pacte des  DiablessesOnly Two Women - Acte V
Papa Plastic – Cowboy Bebop OST

Kari encaissait les coups, en arrêtant certains, en esquivant d’autres et en donnant autant en retour. Quelques spectateurs avaient rejoint le clan de ses supporters, l’encourageant à pleins poumons. Le récent coup prit à l’épaule gauche lui faisait mal, d’autant plus qu’elle utilisait ce bras aujourd’hui pour pas mal de ses attaques. Elle fut mise à terre une nouvelle fois, Denaro ayant posé son pied sur son dos pour l’empêcher de se relever. La jeune femme tenta de pousser sur ses bras pour le déloger de là mais la force qu’il exerçait était plus forte.
Se résignant à laisser tomber cette solution en serrant les dents, la chasseuse chercha à agripper sa jambe de ses mains, mais dans sa position ce n’était guère aisé. Après une pause de quelques secondes, durant laquelle l’homme ne s’était pas privé de lui faire des remarques sous-entendues, elle leva une main et ferma les yeux.
A partir de maintenant, elle allait devoir agir rapidement et avec stratégie.
- Ok, c’est bon. Stop, cria-t-elle.
Aussitôt, Corleone cessa d’exercer sa pression sur le corps de son adversaire, un sourire radieux et fier sur son visage tuméfié et sanguinolent. Ce combat avait été un réel plaisir pour lui et remporter la victoire le ravit encore plus. Il contourna sa victime pour se placer devant elle et lui tendit une main.
Kari Crown le fixa de ses yeux bicolores. Après un instant d’hésitation, elle prit cette main qu’on lui tendait et s’en servit pour se relever, non sans lui lancer un regard noir. Elle avait perdu, après tout.
- Bien. Maintenant tu connais la suite, ma douce guerrière.
La chasseuse de primes hocha lentement la tête, coulant un regard vers l’autre femme présente. Hinami lui lança un regard mécontent.
- Ne te laisse pas faire ! lui hurla-t-elle. Montre-lui ce qu’est une vraie femme forte !
Un petit rire sortit de la gorge du Denaro.
- Ah oui, n’oublions pas la règle numéro huit ! Qui veut se battre contre cette charmante petite heu…
- Tontatta ! Je suis une tontatta et fière de l’être ! Et je ne vous laisserai pas emmener mon mentor aussi facilement.

Tontatta. Kari n’avait jamais entendu ce mot. Mais toujours est-il qu’elle n’avait pas vraiment le temps de penser à ça ici et maintenant. Se ressaisissant rapidement, elle lâcha la main du mafieux qu’elle tenait toujours et se dirigea vers ses affaires, remettant déjà sa chemise.
- Que fais-tu ? l’interrogea son ex-adversaire.
- Cela ne se voit pas ? Je remets mes vêtements avant d’attraper froid. Et puis… on ne va pas rester ici, non ?
- Effectivement.

Attachant ensuite ses couteaux à sa ceinture, devant l’œil surpris de la jeune tontatta, la fille aux yeux vairons passa son manteau sur ses épaules avant de l’ajuster et de prendre son sac à dos.
- Prête, indiqua-t-elle tandis que Corleone se rhabillait lui aussi.
- Bien. En route, ma jolie.

Il passa une main autour de sa taille. La jeune femme serra les dents. Il allait voir ce type… Ils sortirent tous deux, la foule s’effaçant sur leur passage, tel un roi et une reine paradant devant leurs sujets. Fronçant légèrement les sourcils, la chasseuse de primes réfléchissait. Décidément, Corleone Denaro avait un plus grand pouvoir sur cette assistance qu’elle ne l’imaginait. Ils eurent tôt fait de se retrouver dans la cour intérieure, juste devant le Fight Club, puis continuèrent jusqu’à se retrouver devant l’accès du premier bâtiment par lequel elle était entrée. Un rapide coup d’œil environnant informa la jeune femme que rien ne perturberait leur sortie. Personne. Désert. Même pas un miaulement de ce cher chaton, qui pourtant était bel et bien là, elle le sentait bouger dans son dos.
Bien. Malgré ses quelques bleus et la fatigue qui commençait à poindre, elle allait devoir agir rapidement. Passant doucement la main sous son manteau, elle agrippa le manche de l’un de ses précieux couteaux. Ce geste la rassurait en un sens. Quoi de mieux qu’on bon vieux couteau pour éliminer une menace ?

Doucement, elle lâcha sa prise. Maintenant. C’était grand temps de prendre la poudre d’escampette, comme son propre mentor avait si bien su faire il y a quelques temps. Se retournant rapidement vers le mafieux, elle se dégagea d’un coup sec de la main retenant sa hanche avant de lancer un uppercut au menton de l’homme. Surpris, celui-ci tomba au sol, légèrement sonné et incapable de comprendre ce qui lui arrivait.
Ne perdant pas de temps, Kari Crown courut droit devant elle, laissant le pauvre homme sur le pavé. Quoique, il l’avait amplement mérité après tout.
- Vous trois, rattrapez-la !
Ah. Visiblement il n’était pas aussi sonné qu’elle l’aurait souhaité. Tant pis. Se hâtant, ses talons résonnant dans les ruelles, elle fuyait à toute vitesse. Le plus important maintenant, était de se retrouver dans une zone passante, se mêler à la foule et fuir la ville au plus vite.
- La place, c’est par la rue à gauche, là ! lui indiqua une voix dans son sac.
Une voix. Dans son sac. Une voix qu’elle connaissait en plus.
- Merci Hinami. Mais je ne pense pas t’avoir autorisé à te réfugier là-dedans.
- Exact. Je vais sortir dans ce cas.

La brune leva les yeux au ciel.
- Reste pour l’instant si tu veux. De toute façon s’ils te retrouvent, je ne donne pas cher de ta peau.
- Alors, tu me prends comme disciple ?

A cet instant, elles débouchèrent sur la place du Menteur, grouillante de monde. Parfait. La chasseuse de primes se mêla à la foule avant de suivre le flux, tentant de calmer son souffle.
- Pourquoi tiens-tu tant à cette histoire ?
- Parce que… je veux devenir une femme forte et intelligente. Je suis persuadée que tu l’es. Et je souhaite aussi montrer qu’une femme peut entrer dans l’Histoire, peu importe son espèce.

Profitant de ce moment, Kari tourna la tête pour observer du coin de l’œil Hinami, assise sur son épaule droite. Elle arborait un regard ferme et décidé, contrastant avec la fragilité que lui conférait sa petite taille. Finalement, elle pouvait être utile à la chasseuse.
Petite, elle pouvait… espionner. Ecouter des conversations privées plus facilement que la majorité des humains. Et se glisser dans des endroits jusque-là inaccessibles.
Si elle tenait tant à devenir sa disciple, autant qu’elle serve à quelque chose en retour. Et visiblement, elle était assez naïve pour être manipulée aisément.
- C’est d’accord alors. Je m’engage à devenir ton mentor. En revanche, lorsque je te demanderai un service, tu devras le faire sans poser de question.
Aussitôt, la plus petite des deux hocha la tête avec un grand sourire.
- Oui !
Le contrat était signé. Un engagement commun entre une chasseuse de primes avare et une jeune tontatta bavarde et féministe sur les bords. Un pacte entre deux diablesses.

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